Blogborygmes

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

dimanche 8 novembre 2015

FrançoiseMONOTRÈME, POLYTRÈME OU EXTRÊME ?

En ces temps de débats permanents autour de la monogamie, le polyamour et les extrémistes de tout poils et de toutes plumes remplacées hélas par les touches d'un clavier qui, si on n'y prend garde, vous occasionne non plus la crampe de l'écrivain mais le trouble musculo-squelettique nettement moins romantique et sexy, il me semble indispensable de revenir aux origines, c'est-à-dire au Créateur et à son inépuisable imagination, Créateur écolo de surcroît- je suis en pleine actualité- puisqu'il répugnait au gaspillage et recyclait en animal ses déchets créatifs.

L'histoire commence ainsi:

Le bon Dieu s’énervait dans son atelier… Après avoir fait le ciel, les étoiles et les planètes, les animaux de la création puis l’Homme, puis la Femme, il regarda son soleil et se dit « il est temps de faire la sieste, juste un coup de balai dans l’atelier et je vais piquer un de ces roupillons… » Parole sage du dimanche, jour de repos et non des centres commerciaux…

Une fois le coup de balai donné, se penchant pour voir ce qu’il restait dans sa pelle, Le Créateur, qui n’aimait pas gâcher, se dit que c’était trop bête de ne pas inventer un nouvel animal avec tous ces détritus : un bec, une poignée de poils, des griffes, des palmes, c’était rien que du bazar, mais ça a tout de même donné L’ORNITHORYNQUE, bestiole amphibie que tout joueur de scrabble rêve de placer dans sa grille! Elle nage à toute vitesse mais sait aussi courir- avec des pattes griffues à l’avant, palmées à l’arrière, un corps de belette (ça devait être un reste de belette, à la réflexion), une queue de castor lui servant de gouvernail (encore un qui se laisse diriger par sa queue…) et, bien que pondant des œufs, mammifère allaitant ses petits.

Les scientifiques anglais qui reçurent d’Australie un exemplaire de l’animal empaillé crurent à une blague de leurs collègues. Il y avait de quoi y perdre son latin, faut dire ! Car l'ornithorynque allaite ses petits, c'est donc un mammifère. Mais pour tout savant naturaliste, le mammifère est doté de mamelles. Pas l’ornithorynque, y en avait pas dans la pelle (du 18 joint, fallait être total défoncé pour inventer une bestiole pareille, je suis allée en Australie rien que pour en voir en vrai, ainsi que des koalas). Alors y font comment les petits nornithorynques ? Ils lèchent les poils humides du ventre de leur maman, d’où dégouline du lait. Ça s’appelle « les champs mammaires » qui comme chacun sait sont les chants les plus beaux… Pas très ragoûtant si la maman transpire, mais bon…

L’ornithorynque possède aussi un aiguillon venimeux capable de tuer des petits animaux et de faire très mal aux gros, c’est un des rares mammifères venimeux, mais quand on fait une bête avec des restes, faut pas s’étonner. Sauf qu’une fois la pelle vide, on est bien ennuyé au moment de lui fabriquer un appareil génital, urinaire et excrétoire. C’est prosaïque, certes, mais bigrement important dans l’existence, ces fonctions là! Que croyez-vous que fit le Créateur ? Ne s’est pas cassé la tête. Il a mis au pauvre ornithorynque le même trou pour tout, appelé « cloaque »- ça excite le désir et la copulation, n’est-ce pas? - dans lequel le mâle ornithorynque range son pénis au repos. Cela dénote un tempérament certes ordonné mais donne à réfléchir sur ce qui se passe lorsqu’il a envie de faire pipi ou caca…

Et dans le grand débat « mono » ou « poly » qui agite si souvent la blogbofacebooksphère (le Monopoly n’ayant rien à voir et n’étant aucunement un compromis entre les deux options), avantage une fois de plus au « poly ». Car monotrème (ça veut dire un seul trou) comme elle l’est, au commissaire qui l’interroge: « Mademoiselle, votre agresseur vous a-t-il juste violée, ou également sodomisée? », la femelle ornithorynque ne peut que répondre « Les deux,

Monsieur le commissaire ». Ce qui est, convenons-en, doublement traumatisant.

Et c’est ainsi qu’Allah est grand, concluerait Vialatte l’Auvergnat dont je vais rejoindre de ce pas le pays, la cathédrale de pierre andésite non pas noire mais sombre violet améthyste, le parc des Volcans qui élève l'âme autant que les deltaplanes dans un silence ô combien reposant, et le Gour de Tazenat, lac de début du monde, où l’on s’attend à voir s’ébattre des dinosaures et où l’ornithorynque trouverait, j’en suis sûre, refuge dans ce monotrème volcano-aquatique… (=lac de cratère).

samedi 24 octobre 2015

Oncle DanUne liqueur de caractère

La pièce était calme, trop calme pour engager une conversation ou développer une pensée. Le silence était brûlant et épicé comme un cataplasme à la moutarde.

C’était l’habitude des pièces que le Président Franz-Hubert Fandenschtrüükensheim des spiritueux Fandenschtrüükensheim et Fandenschtrüükensheim venait de quitter. Ses colères étaient toujours suivies d’une tempête de calme.

Il y avait de l’électricité dans l’air mais cette énergie ne semblait pas suffisante pour permettre à l’un d’entre nous de parler.

Moi-même, à part un ou deux ricanements affectés, je n’avais pas émis un seul son. Ah ! Si j’avais pu trouver quelque chose à dire, ils m’auraient entendu.

Et le responsable des ressources humaines qui restait planté là, comme un bénédictin aphasique ayant fait vœux de silence !

Il n’est pas facile d’enchainer derrière « Merde alors ! » et une porte qui claque. Personnellement, je ne trouvais rien de consistant malgré une intense réflexion. Peut-être une idée me serait-elle venue si j’avais pu faire quelques pas dans le corridor ou tourner autour de la table, la tête plongée dans les mains, mais les circonstances ne s’y prêtaient pas.

Toute cette gêne et ce mutisme risquaient fort, si l’on n’y prenait garde, de se transformer bientôt en chiendefaïencerie.

Alors, je fis « heu » pour débloquer la situation, mais le responsable des ventes fit également « heu » au même moment. Nos deux « heu » se heurtèrent avec un bruit sec avant de se briser par terre, et ce qui aurait pu être le début d’une phrase, s’évanouit dans l’atmosphère.

C’est alors que Georges, le Directeur financier, prit le verre de dégustation, l’assécha, et après avoir montré tous les signes d’un homme frappé par un éclair, dit « Aaaah ! ».

Celui qui n’était l’instant d’avant qu’une larve gluante d’excuses et transpirant par tous les pores était devenu une force de la nature et ressemblait à un gorille qui aurait eu un ulcère à l’estomac, si les gorilles ayant un ulcère à l’estomac sont bien ce que je pense.

Fandenschtrüükensheim avait raison : La commercialisation de cette liqueur aurait pu couler

dimanche 4 octobre 2015

BlutchAutour d'une petite chapelle

La toute petite chapelle de Célestine m’a donné l’idée d’un billet sérieux (pour une fois j’implore votre grande Clémence (si ce n’est pas son jour de congé)).

Pourquoi les églises nous provoquent-elles des émotions qu’on ne retrouve dans aucun autre bâtiment laïque, si grandiose peut-il être ?
Pour répondre à cette question, il faut faire un saut de 10 mille ans à peu près, c'est-à-dire aller au début du Néolithique.

Qu’est-il passé dans la tête de ces gens pour déplacer des pierres énormes comme par exemple le menhir de Lokmariaker avec ces 20 mètres de longueur et pesant 347 tonnes. Il y a peu de chance qu’il ait été dressé en guise de porte étendard ou comme borne géométrique…

Alors….

Il y a manifestement des raisons ésotériques pour l’avoir fait, puisque c’est bien connu que la foi déplace des montagnes…

Sous les menhirs isolés, on trouve (presque) toujours une faille géologique et un courant d’eau souterraine qui se croisent. En géobiologie, on remarque, à proximité des menhirs, des accidents dans les mailles du réseau Hartmann (réseau d’énergie qui quadrille la terre comme une grille géante de mots croisés), une énergie dans le lieu qui peut être forte, faible, négative ou positive, mais jamais « normale ».



C’est que ces menhirs ont été posés là dans des buts précis.

- Soit ils épinglent une énergie pathogène afin de circonscrire ses nuisances.

- Soit ils excitent l’énergie du lieu pour en augmenter l’amplitude.

- Soit ils sont des points sur une ligne géodésique qui traversent l’Europe et dont on n’a pas la moindre idée de leur méthode de calcul pour avoir ainsi tracé une ligne droite sur des centaines de km et toujours sur la même latitude.

- D’autres fonctions, dont on a perdu la trace, pouvant encore y être associée.

On ne s'approche pas d'un menhir comme d'une table de bistrot. Je connais un menhir vers Bevaix (Suisse) qui a une énergie très dévitalisante lorsqu'on l'approche sans précaution, mais lorsqu'on respecte un rituel, un chemin à parcourir, il nous donne une toute autre énergie.

Certains menhirs entraient dans les rituels du culte aux divinités de l’époque, dont Gaïa (ou Ge), la déesse mère de tous les dieux qui lui ont succédé. Certains pisse-froid des religions actuelles feraient bien de se rappeler que le Dieu primitif était une femme :-). Chez les catholiques, c’est Marie qui occupe la place de Gaïa au Panthéon chrétien.

Mais ne brûlons pas les étapes, au temps du Néolithique, Marie n’avait pas encore reçu sa maison de poupées des mains d’Andiamo, c’est dire si elle était encore loin de pouvoir tourmenter Bernadette Scoubidou.

C’est pas le tout des choux, mais parler d’énergie tellurique, cosmique et pire encore, cosmo-tellurique sans la moindre explication, c’est parler chinois à un inuit sourd-muet sans le Larousse des signes adéquat.

Leçon de géologie (là, je marche sur les plates-bandes d’Allègre, mais c’est lui qui a commencé à marcher sur les miennes pour y dire des conneries). La terre n’est pas une sphère homogène.

photo du net

Elle est formée de :

- un noyau central métallique et solide.

- un noyau extérieur métallique et liquide

- le manteau de magma, pâteux et agité de mouvements du centre vers la surface et de la surface vers le centre, au gré des échanges de températures.

- De la croûte terrestre (découpées en diverses plaques tectoniques), qui à l’échelle d’un œuf, n’est pas plus épaisse que sa coquille.

Depuis que la Terre n’est plus ce plateau immobile qui voit tourner l'Univers autour de lui on s'aperçoit qu'elle remue passablement : un humain immobile sur Terre se déplace dans l’espace à la vitesse de 1674 km/h pour ce qui est de la rotation de la Terre, et de 107'218 km/h pour la vitesse orbitale, tout ça, sans se faire décoiffer... En plus, la Terre se paie le luxe d’avoir une oscillation circulaire de son axe de rotation. C’est vous dire à quel point on vit sur un shaker agité par un parkinsonien.

Tous les éléments formants la Terre sont mobiles entre eux : les mouvements entre les deux composants du noyau induisent le champ magnétique terrestre et le brassage du manteau dégage vers la surface une quantité d’énergie dont une petite partie s’évacue par les volcans, une autre part sert à réchauffer la croûte terrestre, et le reste est ce que l'on nomme l’énergie tellurique qui se traduit par les réseaux telluriques (Hartmann et Cury).. Le seul instrument de mesure apte à évaluer cette énergie est le corps humain (pour qui a le mode d'emploi).

Pour l’énergie cosmique, je crois qu’en regardant les marées on se fait une idée assez juste de l’existence de cette énergie. La géobiologie ne fait pas de discrimination entre les planètes, astres ou satellites. C’est un mixte d’énergies qui arrivent sur Terre, il est traité comme tel dans l’énergie cosmique. Ce qui vit sur Terre étant pris en sandwich entre l’énergie tellurique et l’énergie cosmique, on parle alors d’énergie cosmo-tellurique. C’est l’équilibre de ce mélange qui crée les conditions de vie sur Terre.

Cette énergie cosmo-tellurique (CT) a un taux vibratoire qui varie avec le lieu. Quelques chiffres dont l'unité de mesure est le Bovis. On peut joyeusement se foutre de son origine et son mode de calcul, puisque sa seule utilité ici est de servir d'échelle comparative. Donc une énergie CT favorable à l'humain dans sa vie courante est à 7000 unités Bovis (uB), ce qui, le hasard faisant bien les choses, est le taux vibratoire moyen de la Terre. Un taux plus faible dévitalise et peut rendre malade. Pour les taux plus élevés: à 8000, on est dynamisé pour agir, 9000, on arrive dans le mental et la méditation. A partir de 13000 uB on atteint le spirituel.

On ne peut pas l’influencer l'énergie cosmique, hormis de faire des sortes de parapluies. Par contre, ce qui a intéressé l’homme depuis le début du Néolithique, c’est l’énergie tellurique car elle fluctue au gré de la composition du sol et qu’ils ont su la manipuler pour en dégager la substantifique moelle. Ils ont découvert des lieux de haute énergie dont ils ont fait des lieux de culte (hauts-lieux cosmo-telluriques (plus de 12000 uB)). Plus le taux vibratoire d’un lieu est élevé, plus il stimule les stades élevés de l’esprit. Ils savaient renforcer ces énergies en plaçant des menhirs là où il faut.

Mais l'énergie d'un lieu peut être négative, elle favorise alors les problèmes de santé et peut même être très "corrosive" si son taux vibratoire est élevé.

Le site de Carnac a été corrompu en perdant plus de 1000 menhirs, il est dès lors impossible de savoir à quoi il servait exactement. Tout porte à croire que c’était comme une gigantesque pile énergétique. Pour Stonehenge, C’est un truc hyper complexe, puisque ce site devait servir de calendrier perpétuel, de lieu de culte, de sépulture aussi (mais sans savoir pour quelles raisons). Bref, la culture celte étant exclusivement orale, on ne peut que supputer ce qu’elle fut. Parce que c'est pas pour dire, mais les écrits de Jules ne sont pas forcément parole d'évangiles...

photo du net

Mais qu’est-ce que tout ça vient faire dans l’histoire d’une toute petite chapelle ? Patienza, j’y viens.

Du néolithique on passe au celtisme (bien que je ne sois pas convaincu qu’il s’agisse de deux cultures différentes).

Non! les Celtes ne viennent pas d’Irlande, mais de l’Inde. Ils ont profité de leur transhumance pour répandre, au passage, leur savoir sur le tellurisme en Egypte et on en retrouve des traces dans leurs temples. Ils ont investi toute l’Europe, l’Angleterre et ont fini leur périple en Irlande. Le savoir de ces hommes du Néolithique s’est donc transmis aux Druides celtes qui ont continué d’utiliser ces hauts-lieux et ont perfectionné l’art de manipuler les énergies telluriques.

Une religion chasse l’autre, les Romains ont investi ces lieux de cultes pour y établir les leurs, sans toute fois atteindre l’Irlande, mais en épargnant la culture des celtes, tant et aussi longtemps que celle-ci ne nuisait pas aux intérêts de Rome.

Les chrétiens ont fait pareil et le savoir druidique est passé dans les mains d’initiés de l’Eglise catholique. Outre l'Irlande qui n'a jamais connu la sandale romaine, un haut-lieu celte est passé directement des druides au curés: Chartres (plus connue dans les BD d'Astérix sous le nom de lieu secret dans la forêt des Carnutes.) Chose pratiquement unique, Chartres se revendique de son passé druidique.

En construisant sur des hauts-lieux cosmo-telluriques les Francs-Maçons initiés par les Druides ont manipulés avec tant de finesse les énergies de certaines églises qu’il est possible de retrouver le rite spécifique et la dédicace de celles-ci en étudiant ses énergies (pour autant que cette église soit restée « vivante ». (l’homme a maintenant un génie assez prononcé pour casser l’énergie des églises en les modifiant (ou en les restaurant))). Et c’est là qu’on rejoint la petite chapelle de Célestine. Vous prenez un Haut-lieu cosmo-tellurique celte, vous y construisez une chapelle en stimulant l’énergie du lieu et Célestine se retrouve dans un endroit paisible et régénérant…

Cette science tellurique est morte maintenant, tuée par le pape Paul III, qui bien que chef de l’Eglise n’avait pas été intronisé chez les initiés. Ne pouvant contrôler à son profit les connaissances ésotériques de l’Eglise, il décida de toutes les détruire, d’où l’Inquisition. Nostradamus sorti alors l’astrologie des monastères pour la diffuser dans le peuple. Dans l’Eglise, l’astrologie était un cadeau de Dieu, devenant laïque, elle est devenue satanique. La défiance presque superstitieuse de la société actuelle à l’encontre de l’astrologie date de cette condamnation papale.

La toute petite chapelle de Célestine fait probablement partie de ces lieux de culte anciens et préservés. Comme elle garde jalousement le secret de sa position GPS, je ne peux pas dire en quoi, ni pourquoi il s’y dégage un sentiment de sérénité, mais à l’origine, les lieux de cultes étaient faits pour ça.

Promis juré, lorsque j'aurai visité cette chapelle avec Célestine, on en fera un billet commun (heu........ oui, bien sûr, si elle est d'accord).

Blutch

lundi 28 septembre 2015

Oncle DanLe passé pas si simple

Avant propos par Andiamo :

Ou l'art de recycler un commentaire en billet jouissif... (Tonton Dan avait posté ce commentaire, je le publie, ce sera un chouette billet) !


- J’ai bien fait le tour de la question. Je l’ai examinée sous toutes les coutures.

Dans le petit commissariat de quartier, tous les inspecteurs étaient là et entouraient le commissaire en retenant leur souffle.

- Je ne sais pas qui l’a posée sur le tapis, mais ce qui est certain, c’est que plusieurs réponses sont possibles, parmi lesquelles l’une d’entre elles me paraît être la bonne.

- Si je procède par élimination, ajouta-t-il, après un temps de réflexion.

Le pouvoir de déduction du commissaire était reconnu de tous, et il ne faisait plus de doute que cette énigme qui les avait tenus en échec depuis des mois, allait enfin être résolue.

- Vous avez trouvé Madame Jeanine Romanet à coté du cadavre, les mains pleines de sang, un rictus énigmatique au coin des lèvres, commença-t-il, et vous en avez déduit qu'elle était l'auteure du crime.

- Ben ouais, dit Robert pour réaffirmer cette évidence.

- Elle a juste dit "J'aime le passé simple", poursuivit le commissaire sans faire cas de cette approbation. Vous avez tous entendu ? "J'aime le passé simple".

- Oui, oui, répondit l’inspecteur Marfau, avec la mine tragique d'un personnage d'Edgar Poe, elle a dit "J'aime le passé simple". On a tous entendu. "J'aime le passé simple", mais vous savez, commissaire, elle n'était pas dans son état normal. Elle était sous le choc.

Comme sourd à toute objection, le commissaire ajouta : Elle n'a pas dit "J'aime le futur" ou "J'aime l'imparfait". Ah, si elle avait dit "J'aime l'imparfait", elle aurait signé son crime, mais elle a dit "J'aime le passé simple"

- Oui, oui, elle a dit "J'aime le passé simple", répondit encore l’inspecteur sur un ton légèrement agacé. Où voulez-vous en venir, commissaire ?

- Au fait que vous pouvez supprimer immédiatement Madame Jeanine Romanet de la liste de vos suspects. Madame Jeanine Romanet est innocente.

Cette affirmation, et Dieu sait que le commissaire n’affirmait jamais à la légère, fit l’effet d’une bombe dans le petit commissariat. Madame Jeanine Romanet, innocente ? C'était une plaisanterie. Les mains pleines de sang, le coffre-fort ouvert, le rictus, c'était pas les conjugaisons qui allaient y changer quelque chose.

- Mais commissaire, osa le petit Robert, c'est ennuyeux, elle est seule sur notre liste de suspects.

- Je me fous de votre liste, hurla le commissaire, en tapant violemment des deux poings sur son bureau.

Au bout d’un moment la poussière se redéposa, le plâtre cessa de tomber du plafond et il poursuivit en détachant chaque mot : Pourquoi voudriez-vous qu'une personne qui aime le passé simple pourrisse le reste de son existence en volant et assassinant un écrivain médiocre et sans le sou ?

Cela n'a aucun sens. Non, Madame Jeanine Romanet est une personne intègre et rigoureuse, dont même les textes tapés à la machine doivent être justifiés.

L'inspecteur Marfau se demandait où voulait en venir le boss et regardait sa montre avec impatience. Le commissaire avait tout à fait le droit d’agiter tous les poings qu’il désirait agiter, mais pour quelqu'un qui n'avait pas l’habitude de dire des bêtises, il fallait reconnaître que pour un débutant, il se débrouillait rudement bien.

On plaça Madame Jeanine Romanet en détention provisoire.

Peu de jours après, on enferma le commissaire dans un établissement spécialisé pour personnes surmenées. Il n’était plus que l’ombre de lui-même.

L'enquête révéla que la victime était son propre assassin. En proie à une violente crise d'angoisse devant la page blanche – le mobile – elle se suicida avec un stylo à pompe – l'arme – On retrouva son téléphone - le mobile - où il exposait en pleurant les raisons de son geste - larmes -. Son tricot de corps lui donnait des démangeaisons. Aussi, avait-il décidé d'en finir avec la vie. C'était un mensonge, évidemment. Il ne pouvait avouer son manque d'inspiration.

Madame Jeanine Romanet put reprendre sans délai ses exercices d'écriture dans lesquels régnait en maître le passé simple.

A l'heure où ces lignes sont écrites, le commissaire est toujours sous tranquillisants. Toutes les imbécillités qu’il aurait dû sortir petit à petit au cours de sa carrière avaient certainement été comprimées trop longtemps et jaillissaient brusquement.

Toute ressemblance avec des personnes, des noms ou des événements existants ou ayant existé ne serait que pure coïncidence.

vendredi 18 septembre 2015

FrançoiseLa disparition du passé simple

Dans les années 80/90, j'ai adoré les "Chroniques de San Francisco" de Armistead Maupin. Plaisir addictif car au fur et à mesure des volumes, je m'attachais aux personnages, avec une affection toute particulière pour Michaël Tolliver, le gay qui a plein d'amies femmes. Pourtant, dès cette époque, je constatai que certains titres me scotchaient à la lecture tandis que j'avais du mal à persévérer avec d'autres. Rien à voir avec le fond, avec l'histoire, mais avec la forme: certaines traductions étaient parfaites, d'autres maladroites pour ne pas dire suprêmement agaçantes quand le traducteur ne se foulait pas les neurones et traduisait "How are you?" he says par "Comment vas-tu", il dit. Dit-il eut nécessité un effort intellectuel trop considérable sans doute...

Des années ont passé, plus de titres nouveaux. Jusqu'à ce que la manie des séries survienne et que d'avisés producteurs décident d'adapter les Chroniques pour la TV et de les rééditer sous forme de "saisons". Du coup, nous eûmes droit à des épisodes complémentaires "Michaël Tolliver est vivant" qui me rassura sur la santé de ce gentil garçon séropo mais solide, "Mary-Ann en automne", poétique et plein de nostalgie qui fait du bien.

J'attaquai donc "Anna Madrigal, saison 9" avec l'enthousiasme de la petite-nièce qui retrouve sa grand tante comme si c'était la veille et là, impossible de lire. J'avais l'impression de buter sur des phrases mal foutues, et j'en compris la raison quand mon cerveau, spontanément et sans rien me demander, remplaça systématiquement le passé composé de certaines phrases par le passé simple, rendant à l'action une souplesse et une fluidité que le passé composé heurtait. Le même phénomène de substitution du passé composé au passé simple s'est d'ailleurs produit avec les "Club des Cinq" revus et corrigés par des éditeurs et des traducteurs condescendants, persuadés que nos chères têtes brunes (j'en ai marre des têtes toujours blondes) ne peuvent pas lire du passé simple, comme si simple était forcément compliqué, paradoxe moderne qui complique tout et d'ailleurs parle aujourd'hui de complexifier et non pas de compliquer.

Quelle importance? diront certains.

L'importance du passé simple versus le passé composé est que ce n'est pas du tout le même temps.

"Il l'embrassa passionnément": il est en train de l'embrasser, on visualise le baiser, on est en pleine action. "Il l'a embrassée passionnément": zut, on arrive trop tard, le baiser est déjà terminé, peut-être l'amoureux est-il déjà rentré chez lui.

Il visa l'homme et fit feu. On est là, témoin du crime, le cœur battant de ce qu'on voit...

Il a visé l'homme et a fait feu: rapport de police après coup, plus d'action, on est dans un bureau poussiéreux où un fonctionnaire tape laborieusement sur son clavier.

Anna Madrigal aspira voluptueusement la fumée: la vieille dame est en plein plaisir, on y participe et on se réjouit de sa vitalité octogénaire.

Anna Madrigal a aspiré voluptueusement la fumée: ben ça y est, elle a fini, peut-être même s'est-elle endormie...

Vous saisissez la différence? Avec le passé simple, on participe à l'action, on est dedans à fond. Avec le passé composé, on nous la raconte après coup, on arrive comme les carabiniers, raison pour laquelle il est difficile de se passionner pour un roman au passé composé où on a l'impression de lire un rapport fastidieux.

L'emploi du temps juste est un des soucis permanent de l'écriture, un outil merveilleux pour lui donner du rythme, rythme au moins aussi important que l'histoire elle-même. Un chapitre peut se dynamiser en étant rédigé au présent, on peut ralentir l'action ou créer un climat d'angoisse avec l'imparfait, susciter la surprise avec des subjonctifs bien venus... Frédéric Dard alias San Antonio, était un virtuose de l'emploi des temps- à ne pas confondre avec l'emploi du temps- et j'ai beaucoup appris en le lisant, sous son vrai nom ou son pseudo.

Alors, traducteurs, ne soyez pas traître à la langue française, gardez lui les nuances qui en font la richesse et ne confondez plus le mouvement en train de s'accomplir du passé simple (un peu comme la forme progressive anglaise) et le mouvement achevé, l'irrémédiable accompli du passé composé.

Ainsi parla Zarathoustra...

(ch'tiot crobard Andiamo)

mardi 18 août 2015

AndiamoFernand

- Tu prends les patins hein ?

- Oui, oui Simone.

- Et tu mets ton pébroque dans le bidule de l'entrée, que j'retrouve pas une goutte d'eau sur MON parquet ...

- Oui Simone.

Le bidule de l'entrée c'est le porte parapluie, elle est comme ça Simone, ses phrases sont ponctuées de "trucs", de "machins", de "bidules", et même de "bazars". Elle est bien loin la petite Simone rencontrée un Dimanche de juin au moulin de la galette rue Lepic.

Ce jour là c'était en 1958, il faisait beau, Fernand, "endimanché" était allé sur sa belle Vespa d'occasion, au moulin de la galette, des potes lui avaient chaudement recommandé l'endroit !

-Tu verras le dimanche y'a plein de bonniches qui viennent là pour se faire reluire !

L'expression était un peu triviale certes, mais elle avait le mérite d'être explicite !

Il avait repéré la petite blondinette sagement assise à une table, accompagnée d'une grande bringue aux cheveux "carotte" la face constellée de taches de rousseur... Elle a pris un coup d'fusil chargé à la merde, aurait dit Bébert un vieux compagnon de l'atelier où travaillait Fernand.

L'orchestre attaquait une série de Tangos... Adios muchachos, companeros de mi vida...

- Vous dansez Mad'moiselle ?

La blondinette s'est levée, et a gratifié Fernand d'un large sourire, trois tangos plus tard, ça n'est plus de la danse, mais du patinage artistique ! Le coup de foudre, tant pour Fernand que pour Simone.

Simone est assise en "amazone" sur la Vespa, Fernand s'arrête place des Abbesses, une petite terrasse avant de raccompagner sa belle rue Rambuteau dans le quartier des halles. Des baisers, encore des baisers, puis c'est à regret qu'ils se quittent avec la promesse d'un rendez vous dimanche prochain.

Fernand à dix neuf ans, Simone autant, ils se sont donnés comme on dit dans les romans, lui est parti 28 mois dans les Aurès, elle l'a attendu en prenant soin de leur bébé, ils avaient mis la charrue avant les bœufs selon l'expression consacrée de l'époque !

Ils se sont mariés à Saint Eustache, Fernand avait obtenu une permission exceptionnelle.

Un petit Francis est né, Fernand démobilisé, un petit pavillon acheté en banlieue, un crédit sur vingt berges, lui tourneur fraiseur, elle dactylo, la vie simple, les trente glorieuses, qui filent comme trente jours.

Francis est parti, il vit à Montréal, c'est loin le Canada, Fernand et Simone n 'y vont jamais, Francis ne revient pas en France non plus, il a fait de Fernand et Simone des grands parents qui voient leurs deux petites filles grandir... Sur photos seulement ! On téléphone parfois, parfois seulement, c'est si cher ! C'est d'une banalité déconcertante !

Les années ont filé vite, Fernand et Simone sont retraités, pas facile de se supporter tous les jours ! Quand ils bossaient, entre les courses, le ménage, les devoirs du gamin, ils se croisaient. Un ou deux p'tits coups par semaine, histoire d'entretenir la libido. Elles étaient loin les chevauchées fantastiques du début ! Les galipettes infernales... A bataille d'amour, champ de plumes ... Le champ de plumes était plutôt déplumé depuis pas mal de temps.

Fernand avait rêvé de voyages, pas l'aventure non, mais des petites escapades, les Antilles, l'Irlande, L'Italie, Venise surtout ! Il en rêvait d'une soirée à la Fénice... La Traviata... Libiamo, libiamo ne' lieti calci che la bellelleza inflora...

''-T'es pas fou ? Tu sais combien ça nous coûterait ? NAN Fernand on ira chez ma sœur Suzanne à Avallon, comme d'habitude, ça ne nous coûte pas cher, on partage les frais, on les invite au restaurant un soir, et ça fait la rue Michel ! Tu t'entends bien avec Roger en plus, vous allez pécher dans l'Yonne tous les deux, boire des p'tits coups, tu t'entends bien avec ton beau frère ?

- Mouais.

L'écureuil était gavé de noisettes, livret "A", livret "B" pleins à craquer, plus des "CODEVI", et toujours la même robe de chambre délavée, les charentaises percées, faut surtout pas "dépenser" !

- M'sieur Fenand ça fait un bout d'temps qu'on n'a pas vu M'Dame Simone ! Interroge Lilliane Boulard la voisine, alors que Fernand revient du marché un cabas à chaque main.

- Euh... Elle est allée voir sa sœur dans l'Yonne, elle était pas bien, vous savez à nos âges !

- A qui l'dites vous M'Sieur Fernand ? Tenez pas plus tard qu'hier... S'en suivait une pénible description par le menu d'une chiasse carabinée consécutive à un "coup d' froid" attrapé en faisant la queue au marché dimanche dernier !!

- Ah ben M'sieur Fernand elle revient plus vot' Simone ! Elle serait pas barrée par hasard ? Avait demandé la mère Boulard quelques semaines plus tard.

- Ben si Madame Boulard, elle a trouvé "quelqu'un" à son âge ! Vous vous rendez compte ? Le démon de midi comme on dit !

- Chez elle ce serait plutôt le démon de minuit, vu qu'elle a déroulé pas mal de câble M'sieur Fernand, vot' régulière.!

Fernand a esquissé un pâle sourire, et a recommandé à la mère Boulard de ne pas ébruiter l'affaire, connaissant la bignole, autant pisser dans un Stradivarius !

Installé devant la paillasse de l'évier, Fernand prépare de la viande, il détache les bons morceaux de la belle tranche de joue de bœuf achetée le matin même chez monsieur Sanzot, le boucher bien connu !

Chaque morceau est placé dans une jolie assiette en faïence, dernière rescapée du service offert lors de leur mariage par Suzanne et Roger. Les déchets, gras, nerfs etc... Sont déposés dans une écuelle en tôle émaillée vachement bien amochée !

Le travail terminé, Fernand saisit l'assiette en faîence et la dépose devant Vanille son chat angora.

-Tiens régale toi mon pèpère...

Puis il saisit l'écuelle et se dirige vers la porte de la cave, ouvre cette dernière à l'aide d'une grosse clef à l'ancienne, allume la lumière qui dispense une chiche clarté dans l'escalier assez raide, une ampoule de 25 watts seulement, toujours par souci d'économie !

Au fond de la pièce humide, au sol en terre battue, Simone n'a jamais voulu que l'on bétonne au motif : "ça va coûter combien c'te connerie" ?

Au fond une lourde porte de bois fermée par un cadenas, entre le bas de la porte et le sol, un espace asse grand, permettant le passage de l'écuelle sans que Fernand ait à ouvrir la porte. L'homme dépose le plat devant la porte cadenassée.

Fernand fait demi tour remonte l'escalier, verrouille la porte...

Une main décharnée sort lentement sous la porte cadenassée, saisit l'écuelle, et la ramène doucement à l 'intérieur...

(Cette histoire m'a été inspirée par un court métrage vu au cinoche il y a bien longtemps) !

jeudi 9 juillet 2015

Oncle DanUn brin de muguet

Nous étions le 1er mai et, avec ma petite sœur Chloé, j'avais demandé à grand-père où nous pourrions trouver un brin de muguet pour maman.

Ah ! Petits facétieux ! s'exclama-t-il, on ne peut pas en trouver comme ça ! Une fois, j'en ai vu un. Je vais vous raconter. C'était en 1897, ou peut-être 1907, rectifia-t-il après un temps de réflexion, je ne me souviens plus très bien, mais cela n'a pas d'importance.

Nous nous approchâmes de son rocking-chair, car les histoires de grand-père étaient pleines de rebondissements et nous faisaient toujours emmagasiner de l'extase en grande quantité.

Nous étions partis d'Alexandrie, commenta-t-il, bien équipés, avec une dizaine de porteurs. J'étais accompagné de deux vieux briscards de l'exploration et de mon neveu Paul. Après plusieurs semaines d'une marche harassante sur les traces des pharaons, nous luttions à grands coups de machettes contre un inextricable enchevêtrement de lianes pour nous frayer un chemin au cœur de la forêt vierge. Nous étions, une fois encore, à la recherche des sources du Nil. C'est alors que mon neveu me dit : "Mon oncle, savez-vous pourquoi je n'irai jamais en Afrique ?".

"Jamais en Afrique", "jamais en Afrique", ânonna plusieurs fois grand père, pensivement . Et d'ajouter : Je me disais bien qu'il y avait quelque chose qui clochait dans cette histoire. Nous n'étions pas en Afrique et ce n'était pas le Nil. Peut-être le Brésil et l'Amazone, grogna-t-il dans un grincement de rocking-chair. Ah, mais ça, la forêt vierge, j'en suis sûr. La terrifiante et fabuleuse forêt. Ce n'était pas celle d'Afrique puisque mon neveu n'est jamais allé en Afrique.

Bien sûr! Suis-je bête ! Je lui ai même demandé pourquoi il n'irait jamais en Afrique, et il m'a répondu : "parce qu'il y a là-bas des Fermeurs d'Yeux".

- Des Fermeurs d'Yeux ? répétai-je en le regardant comme un chiffre premier qui s'afficherait avec une virgule. Et lui d'insister : "Oui, mon oncle, des Fermeurs d'Yeux".

Nous aurions pu ainsi répéter chacun à notre tour "des Fermeurs d'Yeux" encore une bonne douzaine de fois, lui avec une assurance granitique, et moi en me débattant dans le baquet du vif étonnement, lorsque s'apercevant que je haussais une épaule ou deux, il jugea utile d'expliquer : "certaines tribus africaines, particulièrement cruelles et superstitieuses, n'osent pas fermer les yeux de leurs morts, et font appel à des Fermeurs d'Yeux".

La nouvelle me transforma en grenouille empaillée atteinte de laryngite. Ah ça ! Je connaissais beaucoup de métiers de par le vaste monde que j'avais parcouru en long et en large, mais c'était bien la première fois que j'entendais parler de "Fermeurs d'Yeux".

Et pour accroitre l'écarquillement des miens, Paul ajouta : "un tueur professionnel aux narines incandescentes ferait figure d'enfant de cœur à côté de ces sauvages entièrement nus dont l'unique occupation est de fermer les yeux des autres, au point qu'ils sombrent rapidement dans l'accoutumance et la maniaquerie. Bien sûr ils effraient les femmes et, ne pouvant les approcher, ils sont tous homosexuels".

Paul termina sa phrase, la tête séparée de son corps, car il venait d'être coupé en deux par une antique épée récupérée par le chef d'une de ces communautés sanguinaires, postée là en embuscade.

Grâce à nos armes à feu, nous réussîmes à les faire tous prisonniers. On les enchaina, et on les mis dans un train en partance pour la prison la plus proche.

Ils étaient semblables en tous points aux Fermeurs d'yeux, et prétendaient que cette épée avait appartenu à Alexandre le Grand et avait servi à trancher le nœud gordien.

Pauvre Paul, c'est moi qui lui ai fermé les yeux, conclut grand-père en essuyant une larme.

Il était dur de la feuille et avait confondu "brin de muguet" avec "train de nus gays", mais il avait, en toutes circonstances, de belles histoires à nous raconter.

< 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 >