Blogborygmes

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

jeudi 19 novembre 2009

Tant-BourrinInstinct de survie

Zacharie Dantère n'avait jamais eu de chance dans la vie.

D'abord parce que, dès la naissance, ses parents avait eu la riche idée de lui donner un prénom qui, accolé à son nom, provoqua la joie de ses camarades de classe. Combien de fois avait-il eu droit à des "tu aimes jouer à la roulette ?", des "ramène pas ta fraise" ou des "t'es vraiment gâté" ironiques ?

Et puis, plus tard, après des études sans éclat, il trouva un poste d'expert-comptable dans un groupe industriel spécialisé dans les confiseries (ce qui ne fit que relancer la vague de quolibets sur son nom), groupe dans lequel sa carrière fut barrée par les pistonnés, les manipulateurs et autres jeunes loups aux dents longues.

Comme sa vie privée n'avait rien de plus reluisant - un mariage, suivi quelques années après d'un divorce, et puis le grand vide -, on comprend aisément que Zacharie ne présentait pas, à quarante-cinq ans, le profil de l'homme épanoui.

Mais voilà : la vie, parfois, alors qu'elle ne semble être qu'un morne ruisseau charriant des tombereaux de jours d'ennui en pleine décomposition, se transforme soudainement en chutes du Niagara. Et tout bascule alors.

Lire la suite

vendredi 13 novembre 2009

Saoul-FifreMatez ma tique

- Garçon, un demi-pression !

- Yen a plus.

- Bon, un quart de rouge, alors ?

- On en n'a pas.

- Un triple-sec ?

- Il y a division avec mon patron concernant ce produit. Il multiplie les remarques désagréables à son sujet.

- Ben, un double scotch, peut-être ? Non, c'est un peu tôt : un panaché-bouteille.

- Bien Monsieur.

- Et pas dans un quart d'heure, hein !

- Juste une fraction de seconde, Monsieur.

- N'en rajoutez pas non plus dans l'exagération !

- Préférez-vous voir arriver votre commande dans une quinzaine ?

- Je déteste votre façon de me prendre pour la moitié d'un con, garçon !

- Monsieur se laisse aller à couper les cheveux en quatre.

- Mon quotient intellectuel est dans la moyenne, demi-portion !

- Je suppute Monsieur sans calcul et ses mots dépassent sans doute sa pensée.

- Vous m'analysez de haut comme si j'étais un primate quadrumane !

- Cela tourne au monologue, Monsieur.

- Triple buse ! Quarteron duplice à vous tout seul !

- Vous m'estimez donc quantité négligeable ?

- Oui ! Et plutôt deux fois qu'une !

- Il va bien nous falloir résoudre ce problème. Nous formons un couple, partie d'un ensemble au sein duquel nous avons droit à une parité bilatérale et réciproque ?

- Je suis unique et n'ai rien de commun avec une virgule minable, un simple numéro tel que vous !

- Il est exact que je vous trouve bien singulier.

- Épargnez-moi vos neuvaines de Trinitaires !

- Minimisons ces facteurs de trouble en adoptant de bonnes résolutions, Monsieur. Mon respect pour Monsieur touche à l'infini. Je souhaitais uniquement vous amener de quoi réduire votre soif ainsi qu'une proposition de quote-part au dialogue.

- Oui, un peu de mesure dans les termes de nos rapports. Coupons là sans plus décupler la fréquence de nos échanges sans règles ni solution. Amenez-moi l'addition également, voulez-vous ? Il me faut malheureusement me soustraire de ce secteur et suivre ma ligne car mon dentiste m'attend pour une opération : il doit m'extraire une racine.

- Vous pouvez compter sur moi, Monsieur. J'ai un chiffre à réaliser, au nombre de mes obligations ...

mardi 10 novembre 2009

Tant-BourrinHécatombe amoureuse

Pour vous donner un peu d'entrain en ce mois de novembre pluvieux, voici une petite chansonnette toute guillerette qui fleure bon les beaux jours.

Les paroles, la musique et les couinements sont de mézigue, même si, en ce qui concerne la musique, je me suis fait assister un chouia par ordinateur. Et, pour la première fois, j'ai ajouté un petit clip là-dessus (que je vous conseille, tant qu'à faire, de visionner en mode plein écran en cliquant sur le chtit dessin avec les quatre fléches devant "Vimeo") !

Elle est pas belle, la vie ? :~)



Et pour ceux qui se lassent des images, voici la version purement sonore... Les mauvaises langues peuvent se dispenser de faire remarquer qu'il eut mieux valu faire l'inverse : garder l'image et couper le son !



Hécatombe amoureuse

Paroles et musique de Tant-Bourrin


Téléchargeable directement ici

L’air de l’été était si lourd,
Presque aussi lourd que nos désirs,
Que les envies de nos contours,
Que notre appétit de plaisir.

Et à l’orée de la forêt,
De l’herbe on a fait une couche
Pour laisser nos sens colorer
De vert nos corps et nos bouches.

Sentir l’amour,
Sentir la mort,
La mort autour
De ton corps...

Mais de nos jeux peu innocents
Les fourmis furent les victimes,
Mil deux cent seize exactement
Périrent sous l’assaut ultime.

Outre celles qui furent broyées,
Certaines, trop aventureuses,
Ont fini par mourir noyées
Dans nos sécrétions amoureuses.

Donner l’amour,
Donner la mort,
La mort autour
De ton corps...

Et à ce funèbre inventaire,
Ajoutons une sauterelle,
Trois moucherons, un petit ver,
Six pucerons, deux coccinelles,

Et sans oublier, par ailleurs,
Un scarabée couleur de marbre
Ainsi qu’un malheureux voyeur
Qui chuta du haut de son arbre.

Semer l’amour,
Semer la mort,
La mort autour
De ton corps...

On a surtout tué le temps,
Ce maudit rouleau compresseur
Qui broie la passion des amants
Et rend l’amour plat, sans chaleur.

On a vraiment tué le temps,
En douceur, en catimini,
On l’a tué en le prenant
Et en caressant l’infini.

Rêver l’amour,
Rêver la mort,
La mort autour
De ton corps...

Rêver l’amour,
Rêver ma mort,
Ma mort autour
De ton corps...

dimanche 1 novembre 2009

Tant-BourrinUn petit éclat lumineux au milieu des herbes folles

Un petit éclat lumineux au milieu des herbes folles.

Quelques photons réfléchis par le métal avaient soudain attiré l'oeil d'Eustache Lamouillette. Il lâcha la tondeuse qu'il n'osait qualifier de tondeuse "à gazon", vue la végétation improbable à laquelle elle avait à faire face, se dirigea vers la source lumineuse et écarta le rideau végétal qui l'en séparait.

Lire la suite

jeudi 29 octobre 2009

AndiamoLe fécaloscope

- Où ça ?

- ………….

- 12 rue du ruisseau ?

- ........

- Oui, je sais que c’est dans le XVIIIème, j’suis pas né à la cambrousse Bérinelle, on y va !

- Crafougnard ! Prends ta fouillase, on sort !

- Oui patron, j’arrive…

Lire la suite

lundi 26 octobre 2009

Saoul-FifreLe gland

C'est l'histoire d'un gland qui est tombé par terre.

Une poignée de feuilles le recouvre, la pluie humidifie et ramollit le sol, le gland s'y enfonce de son propre poids, s'y fait son petit nid qui le protègera du froid. Il va s'y gonfler d'eau, les premiers beaux jours l'auront vu germer, lancer en premier vers les profondeurs du sol sa racine maitresse à la recherche de l'eau indispensable et des principaux éléments nutritifs, puis, quand le soleil sera assez fort, sa tige qui deviendra tronc, ses feuilles qui deviendront branches, dardant elles-mêmes d'autres feuilles faisant de l'ombre aux autres espèces voisines, les faisant même mourir de trop de ténèbres, devenant, sans plus avoir conscience d'être cruel, le roi de la forêt.

Un jour, alors qu'il avait déjà connu bien des saisons dans son havre de paix, des êtres bruyants et malodorants envahirent son domaine, armés d'outils faits pour mordre sa chair. L'un deux s'attaqua à lui, il essaya de se durcir mais la lame s'enfonçait profondément en lui sans faiblir, copeau après copeau. Lui qui était la force, la stabilité, l'équilibre absolu, qui avait résisté aux plus gros orages et aux vents les plus impétueux, il ressentit pour la première fois cette horrible sensation de ne plus s'appuyer à rien, de ne plus pouvoir se retenir à ce sol si solide qui lui avait toujours été fidèle compagnon.

Il sentait qu'il allait, dans quelques secondes, être le jouet d'un souffle, avoir à obéir à une grande force païenne qui le mettrait à bas, oui, lui, le roi de la forêt, avachi par terre avec sa sève, son eau de vie se répandant au sol sans rémission possible.

Au moment précis où cette aberration, ce déséquilibre à l'odeur menaçante et inconnue s'empara de lui, il fit appel aux ultimes forces de ses fibres, se dressa, se vrilla sur lui-même et s'effondra dans un grand fracas de branches fracturées, droit sur cet hommoncule, son petit tortionnaire qui essayait en vain de lui échapper, de sauver sa vie.

Il arrive que l'arbre se rebelle, et ne tombe pas où la hache du bucheron lui dit de tomber. En ces temps reculés, l'usage était de scier aussitôt dans l'arbre coupable les planches du cercueil, pour l'ouvrier maladroit, malchanceux ou trop lent à la course.

C'est l'histoire d'un gland que l'on a mis en terre.

Sur ce : une petite bière, mes neveux ! Vous dire cette histoire m'a asséché la glotte.

vendredi 23 octobre 2009

Tant-BourrinDétritus (à la décharge)

Un petit mouchoir en papier
Avec des fleurs bleues imprimées
A côté d’un vieux pneu crevé
Tout crevé d’avoir trop roulé
Vieux nounours, oreille déchirée
Enfants grandis, plus de bébé
Canette de bière écrasée
Bouts de plastiqu’ cassés, craqués

Un bouquet de roses, tout fané
Amour fini, tout oublier
Un vieux paquet de clop’ vidé
Une boîte de conserve éventrée
Une carcass’ d’auto, toute rouillée
Fin du voyage, fini d’rouler
Des papiers gras éparpillés
Désolation et saleté

Moi aussi j’suis crevé
Déchiré, écrasé
Cassé, craqué, fané
Tout rouillé, oublié
Je n’me sens bien qu’ici
Quand j’serai mort, amis
Enterrez-moi à la décharge
A la décharge

Vieux habits troués, tout usés
Chiffons démodés, trop portés
Un poste d’radio détraqué
Plus d’antenn’, boutons arrachés
Un pauvr’ vélo rouillé, coincé
Mêm’ plus de chaîne au pédalier
Une télé démantibulée
Fin du programme, écran crevé

Moi aussi j’suis usé
Démodé, trop porté
Détraqué, arraché
Rouillé, coincé, crevé
Je n’me sens bien qu’ici
Quand j’serai mort, amis
Enterrez-moi à la décharge
A la décharge

Un petit mouchoir en papier
Avec des fleurs bleues imprimées
A côté d’un vieux pneu crevé
Tout crevé d’avoir trop roulé
Vieux nounours, oreille déchirée
Enfants grandis, plus de bébé
Canette de bière écrasée
Bouts de plastiqu’ cassés, craqués

Moi aussi j’suis crevé
Déchiré, écrasé
Cassé, craqué, fané
Tout rouillé, oublié
Je n’me sens bien qu’ici
Quand j’serai mort, amis
Enterrez-moi à la décharge
A la décharge




Les lecteurs les plus perspicaces l'auront déjà deviné : je suis encore allé gratté mes fonds de tiroir pour pallier un manque d'idée et de temps pour alimenter le blog. C'est donc une vieillerie que je vous ai servie, datant du temps où j'étais un adolescent plein d'allant et d'optimisme ! :~)

< 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 >