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dimanche 15 juillet 2007

Tant-BourrinLes écrits vains

N'ayant pas eu, avant mon départ en vacances, le temps de vous gratter quelque chose de valable, c'est mon fond de tiroir que j'ai gratté. J'en ai exhumé un vieux truc écrit il y a plusieurs années. Bof, je ne trouve pas ça terrible (trop mirliton pour être poète !), mais même si ça ne vous plaît pas, vous n'aurez rien d'autre, na ! :~)

Autrefois il fallait, pour écrire un beau livre,
Méditer sur la vie, vouloir briser des chaînes,
Célébrer la beauté, chanter son mal de vivre,
Inventer des histoires ou sonder l’âme humaine.

Parfois tout simplement, parfois avec emphase,
L’écrivain ciselait tel un humble artisan
Le moindre de ses mots, la moindre de ses phrases ;
Il voulait que son oeuvre survive au poids des ans.

Mais aujourd’hui, c’est sûr, autres moeurs, autres temps,
On se moque du style et de ces fioritures
Car, pour faire du chiffre, ce qui est important
N’est pas le contenu, mais bien la couverture.

A la littérature succède le show-bizness :
Passage à la télé, c’est dix mille assurés,
Ça peut faire le double si tu montres tes fesses,
Encore plus si t’écris sur une star décédée.

Au clair de la lune,
Mon ami Pierrot
Prête-moi ta plume
Que j’m’la foute au cul...

Aujourd’hui, faut coller à l’actualité,
Faut être prêt à gratter au moindre événement,
Un crime de sadique, une reine alitée,
Un drame humanitaire, un nouveau président...

Le signal est donné et les nègres s’activent,
Trois chapitres chacun, pas l’temps de peaufiner,
En deux jours, c’est bâclé, on lance les rotatives,
Aussitôt imprimé, dans un mois périmé !

Au clair de la lune,
Mon ami Pierrot
Prête-moi ta plume
Que j’m’la foute au cul...

Et ça fait de belles piles dans les supermarchés
Entre les petits pois, les barils de lessives...
"La mort d’une princesse", "la beauté sans tricher"
"Maigrir de dix kilos en mangeant des endives",

"L'horoscope de l'année", "le clonage des veaux",
"Confessions d’une star", "le drame d’Font’nay-aux-Roses"
Et "Comment j'ai vaincu le cancer du cerveau
En trempouillant mon cul dans de drôles de choses"...

Au clair de la lune,
Mon ami Pierrot
Prête-moi ta plume
Que j’m’la foute au cul...

Dis adieu aux Lumières et aux plaisirs d'esthètes :
La lecture fast-food règne partout en maître,
Où essaient de survivre quelques bouquins honnêtes,
Mais bien vite écrasés sous des livres à paillettes...

La lecture est à terre, c'est faute de Voltaire,
Le nez dans le ruisseau, c'est faute de Rousseau,
Mais c'est surtout du fait de margoulins vulgaires
Qui ne veul'nt qu'une chose : engranger du cash-flow.

Au clair de la lune,
Mon ami Pierrot
Prête-moi ta plume
Que j’m’la foute au cul...

vendredi 6 juillet 2007

Tant-BourrinAutomatismes

Les techniques médicales avaient connu une fantastique accélération au cours des premières décennies du XXIème siècle. Oui, qu'il paraissait déjà loin, le temps des premières télé-interventions chirurgicales, où un praticien de Melbourne opérait de l'appendicite un patient à Chicago !

Et pourtant, dieu sait que cela avait fait les gros titres des journaux de l'époque ! Mais, la chose devenant rapidement banale, on s'en était vite blasé pour s'intéresser à d'autres révolutions, déjà en marche.

C'est ainsi qu'il ne fallut guère plus d'une dizaine d'années pour que l'on annonce la première intervention chirurgicale entièrement automatisée, sans qu'aucun chirurgien n'ait à manipuler le moindre scalpel. L'humanité toute entière applaudit, émerveillé par la prouesse technique que cela représentait.

Et, après la première mondiale, il y eut la seconde, puis la troisième, et la technique se diffusa, s'affina, fut diversifiée sur les différents types d'interventions chirurgicales possibles.

Le saut technologique, en moins de cinq ans, fut considérable : on avait déjà atteint un stade industriel, fiable et relativement peu coûteux. La profession de chirurgien s'en trouva considérablement dévalorisée, et les facultés de médecine désemplirent, avant de fermer les unes après les autres.

Il faut dire que l'automatisation médicale avait atteint des sommets : n'importe quel type d'intervention était alors géré par l'appareil. Il suffisait d'installer le patient à l'intérieur du caisson, de saisir au clavier le type d'intervention souhaitée, et la machine y procédait avec une rigueur, une méticulosité et un niveau d'hygiène dépassant tout ce qui eût pu être obtenu manuellement par une équipe médicale humaine.

De fait, les dépenses de santé se réduisirent considérablement et le trou de la sécu ne fut vite plus qu'un lointain souvenir, la gestion des hôpitaux n'étant plus assurée que par des équipes extrêmement réduites et de moins en moins qualifiées.

C'est ainsi qu'un jour de 2033, un homme débarqua dans une de ces usines à santé, se plaignant d'éprouver une légère douleur au niveau d'un gros grain de beauté sur son abdomen.

Le soignant-homme de service-technicien de surface, comme à son habitude, ne chercha pas la complication.

- Tenez, installez-vous dans le caisson, s'il vous plaît. Ne vous inquiétez pas, je vais refermer le couvercle et la machine va vous faire automatiquement un petit prélèvement et l'analyser.

Une fois le couvercle hermétiquement refermé, le soignant-homme de service-technicien de surface s'installa au pupitre, sembla hésiter une fraction de seconde, puis tapota sur le clavier. Un ronronnement se fit entendre : l'automate initiait son intervention.

Sachant qu'il y en avait pour un petit quart d'heure, le soignant-homme de service-technicien de surface sortit de la pièce pour aller discuter avec un de ses collègues en sirotant une bière.

- Ouais, mon vieux Mathurin, j'te l'dis, je commence à en avoir plein le dos de ce boulot de merde !
- Je te comprends, j'ai aussi envie de tout lâcher. Je vais d'ailleurs pas tarder à le faire, vu que j'en perds le sommeil. Même mes gosses ont honte de dire ce que fait leur père !
- Ouais, c'est moche de chez moche. Moi, j'arrive plus à me concentrer sur rien et je ne retrouve souvent plus mes mots. Tiens, pas plus tard qu'il y a quelques minutes, j'arrivais plus à me souvenir de comment qu'on appelle les prélèvements pour analyse en langage machine.
- C'est "biopsie", non ?
- Heu... ah ouais, t'as raison !... Mais merde, qu'est-ce que j'ai bien pu taper, moi, alors ? J'ai un doute d'un seul coup...

A l'autre bout de l'usine à santé, la machine continuait à ronronner. Mais son ronronnement était couvert par d'atroces cris de douleurs qui sortaient du caisson. Des cris de souffrance qui faiblirent peu à peu et s'éteignirent totalement, avant que le ronronnement n'en fasse de même.

Sur l'écran de contrôle, un message clignotant s'afficha : "procédure d'autopsie terminée".

mercredi 27 juin 2007

Tant-BourrinLa voiture à pédales

- Une voiture à pédales ? Tu crois ? Ce... ce n'est pas un peu trop tôt pour lui ?
- Trop tôt ? Mais enfin, ouvre un peu les yeux : Jean-Steevy a quatre ans, il serait temps de t'en rendre compte ! Ce n'est pas à quarante ans qu'il jouera avec une voiture à pédales !
- Oui, je sais, mais... mais ça me paraît si... dangereux.
- Dangereux ? Mais quel danger veux-tu donc qu'il coure ? Il n'y jouera que dans les allées du square ; à la limite, ce sont plutôt les mémères qui auront à craindre pour leurs jambes et pour leur chien-chien !

Elle soupira. Les arguments lui faisaient défaut. Restait la manoeuvre de la dernière chance.

- Ça va peut-être te paraître ridicule, mais il y a des choses que seul le coeur d'une mère peut sentir. Imaginer notre Jean-Steevy dans une voiture à pédales me donne de véritables bouffées d'angoisse. Il est si petit et...
- Tututut ! Bon diagnostic, docteur : ça me paraît en effet ridicule ! Il y a des millions d'enfants qui ont déjà joué, qui jouent et qui joueront encore dans des voitures à pédales sans le moindre souci, alors on ne va pas brimer Jean-Steevy pour tes divagations de pythie de banlieue ! Allez, c'est dit : demain, je vais au magasin de jouets !

Ce qui fut fait.

Ce serait peu dire que Jean-Steevy fut heureux de son cadeau : il jubila, exulta, poussa des cris emmêlés de rires, fit des bonds en tous sens. Bien évidemment, il fallut se rendre au square immédiatement pour essayer sa belle voiture à pédales rouge.

Chemin faisant, la mère de Jean-Steevy se tordait les mains.

- On n'aurait pas dû... On n'aurait pas dû... J'ai un sale pressentiment...
- Mais enfin, c'est fini, oui ? Que veux-tu donc qu'il puisse lui arriver en faisant de la voiture à pédales dans les allées d'un square ?

Hélas, il y a en effet bien certaines choses que seul le coeur d'une mère peut sentir, et les faits allaient dramatiquement lui donner raison : il fallut plus de deux heures aux équipes de premiers secours pour désincarcérer le corps sans vie de Jean -Steevy de la carcasse de sa voiture à pédales rouge.

Sa voiture à pédales rouge encastrée, à l'intersection de deux allées du square, sous un gros 38 tonnes à pédales.

dimanche 24 juin 2007

Tant-BourrinProduits dérivés

Ce blog, vous l'aurez remarqué, ne sollicite de votre part - contrairement à d'autres que je ne nommerai pas - de participation financière.

Ce blog, vous l'aurez remarqué, n'est pas recouvert de bannières de pubs et ne reçoit donc aucune manne de la part d'annonceurs publicitaires.

Ce blog, par conséquent, est une lubie qui nous suce notre temps et notre sang sans rien nous donner en retour hormis les bravos admiratifs de quelques neuneus de nos chers lecteurs.

Il est grand temps que cela change.

Et pour cela, nous avons décidé de lancer une gamme de produits dérivés, reprenant les couleurs et les valeurs de notre blogs.

Le premier produit qui sera très prochainement mis en vente sur le marché est un dentifrice, le dentifrice Blogbodents.

Seulement, voilà, je manque d'idées pour trouver LE slogan-choc de la mort qui tue la race de sa mère. Aussi aurais-je besoin de votre aide (après tout, pas toujours aux mêmes de bosser, hein !) pour en trouver un...

Pour vous aider, je vous présente plus avant le produit et ses caractéristiques...


Issu de la recherche spatio-agronomique (et surtout d'une vieille recette en usage depuis des générations dans la famille de Saoul-Fifre), Blogodents est un dentifrice hors norme, totalement différents de ses concurrents. Tout d'abord, le packaging, comme vous pouvez le constater ci-dessous, a été voulu le plus sobre possible : le nom du dentifrice et un rappel du composant essentiel ("au lisier de porc actif"), le tout écrit dans le code couleurs de Blogborygmes (vert et orange), un petit carré vert juste pour faire joli, et c'est baste !




La texture, spongieuse et granuleuse à la fois, ainsi que la couleur, marronnasse, ont fait l'objet de gigantesques études marketing afin de coller au mieux aux goûts du public. Et, à propos de goût, comme nos valeurs - authenticité, franchise, respect de la nature - nous interdisaient le recours à des parfums artificiels pour masquer l'odeur de merde la légère fragrance du lisier de porc actif, nous avons préféré laisser le produit tel quel. Brut. Pas fait pour les petites natures.




Et, au fond, le plus bel argument publicitaire n'est-il pas simplement le sourire de Saoul-Fifre, qui utilise cette mixture pour se brosser les dents depuis qu'il est tout petit ? Hein ?




Voilà, je vous ai donné toutes les billes pour m'aider à pondre un slogan publicitaire percutant et efficace et j'attends vos propositions dans les commentaires...

Même s'il est vrai que les qualités intrinsèques de ce produits sont telles que, même sans pub, il se vendra forcément par millions !

samedi 23 juin 2007

Saoul-FifreLes iules

Au hasard de ma correspondance avec Tant Bourrin, je lui ai raconté un jour l'invasion de iules qui nous avait touché en Avril 1987. Dans mon esprit, je voulais lui citer un des rares "événements" vécu au bled, mais qui avait eu les honneurs de la presse et et de la télévision parisiennes, et qui avait pu arriver, peut-être, aux oreilles d'un parigot autiste à tout ce qui ne parigotte pas. Car ici, l'invasion des iules, on s'en souvient encore ! Ça rentrait par le moindre trou, il y en avait des millions , il ne fallait surtout pas les écraser vu l'odeur insupportable de leurs entrailles, alors on les ramassait précautionneusement "pelle et balayette" et puis on devait les brûler, je me rappelle pas... Mais le lendemain, une nouvelle salve d'éclosions obligeait à tout recommencer. Nul ne savait d'où ils sortaient, disons que l'Hiver avait été particulièrement iulogène et remplissait les conditions idéales d'un élevage florissant de mille-pattes, il était juste dommage que le marché ne soit pas porteur ce Printemps-là, ça nous aurait consolé.

Enfin, toujours est-il que je n'ai pas regretté d'avoir abordé le sujet, car le mot "iule" fit Tilt dans la cervelle garantie 100 % de matière grise de mon bourrin favori, et, un mot induisant le suivant, voici la short-short-story adorable et impeccablement écrite, et drôle, qu'il m'envoya ce jour-là.

Et que vous n'auriez aucune chance de lire si je n'étais pas là, conservateur minutieux, perfectionniste, de notre correspondance, gardien de cette mémoire équine qui a tout à envier à celle de l'éléphant, protecteur jaloux de ce talent stocké que je souhaite voir diffuser au plus grand nombre, surtout si ça peut m'éviter d'écrire un billet digne de ce nom...

Fatigué de sentir sur sa nuque le froid et l'humidité de cette putain de bruine qui n'en finirait donc jamais, Frank Shuyard releva le col rapiécé de son pardessus, si usé que même une datation au carbone 14 serait impuissante à en estimer la date de fabrication. Décidément, sale affaire que celle-là. Il repassait sans cesse en revue dans sa tête les éléments de cette étrange invasion de mille-pattes. Des jours et des jours à se torturer les méninges jusqu'à s'en claquer les synapses, mais nada. Et pourtant, Frank sentait la clé de l'énigme toute proche, là, à portée de main, si seulement le shit et le bourbon n'avaient pas fini par transformer sa matière grise en vieille bouse de yack desséchée.

Arrivé dans son bureau, seule l'attendait une pile de factures aux allures pisanes. Les pépées, belles à vous couper le souffle et tout en rotondités, qui viennent vous supplier de les aider, ça n'existe que dans les romans policiers à trente cents. Lui, sa seule affaire depuis deux mois, c'était une délégation de bouseux de Plouc-Ville qui étaient venus la lui soumettre, achevant de flinguer la moquette pisseuse avec leurs bottes encrottées de fumier. Et bientôt, ce serait son compte en banque qui serait à son tour flingué s'il n'arrivait pas à résoudre fissa cette affaire de mille-pattes. Damned ! Fallait-il qu'il soit tombé bien bas pour accepter ce genre d'enquêtes animalières !

Désemparé, Frank Shuyard ne trouvait pas la motivation pour se mettre au boulot. Il préféra penser à la soirée minable qui l'attendait, seul à siroter de la bière tiède devant son poste de télévision. N'importe quoi pour se gaver l'esprit de conneries, plutôt que de rester à gamberger sur son existence de sous-sous-merde : la tentation de prendre son flingue pour se composter la boîte crânienne serait trop forte. Il sortit le Télé Z de sa poche, commença à feuilleter, allant même, dans son blues, jusqu'à lire les blagues éculées envoyées par les lecteurs.

Quand tout à coup, au détour d'une page, il eut le flash : "les iules ! les iules ! Bloody Hell, mais c'est bien sûr !" (il avait beaucoup regardé "les cinq dernières minutes" dans sa jeunesse). Vite, il n'était pas trop tard. Il ramassa son flingue et sortit précipitamment. Chemin faisant, il maudissait sa lenteur d'esprit, la solution crevait pourtant les yeux. "Les iules ! Les iules !" grommelait-il encore chemin faisant.

C'était la grille de mots croisés de son programme de télévision qui lui avait asséné brutalement la vérité. "Vieille vache" en deux lettres, c'était "Io", bien sûr. Et verticalement, "mille-pattes" en quatre lettres, avec le "i" de "Io", c'était "iule" !!! Depuis le début, il avait oublié de se poser cette question pourtant essentielle : "à qui profite le crime ?" Et s'il y avait des personnes à qui profitait cette mystérieuse invasion d'iules, c'était bien le gang des cruciverbistes, ceux-là mêmes qui avaient détourné le cours de l'Aa dans l'Oô six mois plus tôt.

Il n'eut aucun mal à convaincre le commissaire de district. L'opération fut rondement menée : le soir même, les chefs du gang, Guy Brouty et Robert Scipion, dormaient derrière les grilles. Et ces grilles-là avaient beaucoup de cases noires.

vendredi 22 juin 2007

ManouMoulefritx III (d'un don à l'autre)





Souvenez-vous, Mioulefritx ubique compulsivement tandis que ses parents s’embrassent sous une couche de confit d’oie. Le mage Hiii assiste à la scène. Un goéland posé sur la rambarde de la fenêtre est également témoin involontaire de ces ébats. Il se prénomme Biquet. L’oiseau souffre d’un mal incurable : une propension à se prendre pour une couche culotte, il cherche la merde. Comme si cette tare n’était pas suffisante, Biquet la conjugue avec un sens de l’orientation totalement déficient. Voilà pourquoi le majestueux volatile s’écrase 3 étages plus bas, sur le trottoir, au lieu de se coller aux fesses de Moulefritx.

Ce petit manège n’échappe pas à Hiii. Il décide de n’attacher aucune importance à la chose et de se concentrer sur Moulefritx. De mauvaise grâce, un fluide énergétique entoure la petite fille tandis qu’Hiii lui crie : « Que signifie cette volonté de vouloir se perdre dans quelque chose ou dans quelqu’un ? L’amour ? Un besoin d’absolu, de fusion ? ». Moulefritx perd brusquement son don d’ubiquité. Elle reste compulsivement plantée sur le tapis du salon. Hiii, Foutrix et Mioule n’en croient pas leurs yeux.

« La conscience est un produit social » articule posément Moulefritx. Non seulement elle parle, mais elle cite Karl Marx. Mioule désapprouve bruyamment le choix de Marx en cette période d'ouverture au centre. « Ne vous inquiétez pas, répond le mage, votre fille devenue anthologie vivante de philosophie vous citera compulsivement tous les philosophes, mais plus particulièrement Leibniz dans sa période pessimiste. Cependant ne lui demandez jamais pourquoi. Jamais ».

Tout cela vaut mieux qu’un don d’ubiquité épuisant convient mentalement Foutrix en se léchant le bras gauche.

jeudi 21 juin 2007

Tant-BourrinQuand j'étais modèle (3)

Je vous ai certes raconté avec force détails comment j'avais posé pour Léonard de Vincennes et pour Yves Klein, mais je m'aperçois (la malepeste soit de mon effroyable étourderie !) que j'ai omis de vous narrer ma séance de pose pour Botticelli.

Mais peut-être s'agit-il au fond d'un acte manqué : je n'ai pas gardé un excellent souvenir de cette séance, et c'est une douce litote que de dire cela ! C'est même à ce jour une de mes expériences les plus cuisantes dans le monde de l'art pictural. Mais reprenons l'histoire au début.

Je me baladais tranquillement dans les rues de Florence quand un type m'est tombé sur le paletot. C'était Botticelli qui, ému par la beauté sculpturale de mes formes, me suppliait de poser pour lui : il avait en tête un tableau gigantesque représentant la naissance de Vénus et, disait-il, j'avais tout ce qu'il fallait pour lui servir de modèle.

Vous me connaissez : je suis toujours prêt à rendre service aux petits jeunots qui débutent, j'acceptai donc.

Mais j'allais vite le regretter : Botticelli s'était mis en tête de me faire poser à l'intérieur d'un gros coquillage pas très frais qui sentait encore la marée.

Beuuuuuuh, je n'ai jamais pu supporter les fruits de mer ! La séance de pose fut donc un véritable calvaire pour moi, car je devais m'efforcer de ne pas bouger tout en essayant de contenir des envies de dégobiller mon petit déjeûner.

Mais mon amour de l'Art étant ce qu'il est, je tins bon jusqu'au jour où Botticelli m'annonça enfin que sa Naissance de Vénus était finie.

Il dit alors : "Ma qué maintenant qué yé fini, yé vais mettre les miennes binoculars. Yé préfère ne pas les mettre parce que yé souis coqueto, mais quand yé fini oun tableau, y'aime bene voir précisamente ce qué ça donne !"

Et c'est là que tout a merdé. Car il a vu ça :

... et il s'est exclamé : "Ma qué ! Ma tou es oun cheval !!!!"

Je lui ai répondu que oui et lui ai demandé si ça le défrisait. Ce à quoi il a répondu que oui et qu'on ne pouvait pas imaginer Vénus sous la forme d'un bourrin et qu'il faudrait peut-être qu'il se résolve à porter ses lunettes en permanence.

Profondément vexé, je suis parti en claquant la porte.

Botticelli trouva par la suite une greluche insipide pour poser déguisée en Vénus (c'est-à-dire à poil !) et repeint par dessus le chef-d'oeuvre que vous pouvez admirer ci-dessus.

Maintenant, vous savez tout. La prochaine fois que vous passerez devant ce tableau aux Offices de Florence, munissez-vous d'un grattoir et allez attaquer la couche supérieure de peinture pour faire renaître au grand jour la vraie Vénus chevaline qui se cache dessous.

Les vrais amateurs d'Art vous en seront à jamais reconnaissants, soyez-en certains !

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