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mercredi 8 octobre 2008

AndiamoNelly

"Bonsoir, je m'appelle Nelly". La voix chaude que Francis vient d'entendre, lui parvient au travers des écouteurs de son casque radio, il est animateur de l'émission "la nuit est à vous", sur radio 68 (en référence aux évènements de la même année).

Francis occupe bénévolement ce poste depuis juin 81. Les radios "libres" fleurissent sur les ondes FM, plus ou moins légales, elles ne sont pas moins présentes, et puis le ras-de-marée rose ayant tout balayé, chacun est en droit d'attendre un véritable changement, voire un bouleversement.

Toujours est-il qu'il est présent de 23 heures à 1 heure, un créneau qui réclame beaucoup de tact, de compassion, de psychologie.

"La nuit est à vous" permet à des auditeurs, insomniaques pour la grande majorité, de se confier sous couvert d'un anonymat absolu, un peu comme nos forums, ou nos blogs.

Il y a bien sûr des dérapages, des plaisantins, des noctambules un peu chargés, adorateurs de la dive, mais ces débordements restent assez confidentiels.

La grande majorité des intervenants est dans une véritable détresse. Francis est là pour laisser parler, ni conseils, ni jugements... L'écoute attentive.

La jolie voix est profonde, on y sent une émotion, un très léger tremblement trahissant les larmes toutes proches : "quel Dieu permet autant de solitude" ?

Puis le claquement sec du combiné que l'on raccroche, Francis reste coi, lève les sourcils en regardant Charlot dans son aquarium.

Charlot, c'est le technicien, celui qui est chargé d'envoyer sur les ondes. Cette station, ils l'ont bricolée eux-mêmes, un local dégoté à Aulnay, des matériaux de récup', Charlot travaille à la maison de la radio, deux ou trois copains électroniciens ou mécanos, tous animés du même désir : pouvoir s'exprimer librement, tout en respectant l'étique la plus élémentaire !

Reprenant ses esprits, Francis enchaîne : "un peu de nostalgie".

Sur la platine, Charlot à posé un 45 tours de Léo Ferré de 1952 : "l'île Saint-Louis".


L'île Saint-Louis en ayant marre
D'être à côté de la Cité...


Hors micro, Francis s'adresse à Charlot : "Non mais t'as entendu ça, mon pote ?"

Ouais, quelle détresse, ça me fait tout drôle !

Elle a raccroché très vite, je n'ai même pas eu le temps de dire un mot.

Bah ! De toutes façons, y'avait pas grand'chose à ajouter.


Quand on est une île
On reste tranquille
Au coeur de la ville
C'est ce que l'on dit
Pour les îles sages
Pas de grands voyages
Les livres d'images
Se font à Paris


La chanson terminée, Francis enchaîne l'émission, autres problèmes, autres détresses.

A une heure, Charlot et lui ferment "la boutique", poignée de mains sur le trottoir : "à demain". Puis l'animateur rentre chez lui, la vieille 4L rouge, cabossée, peinture délavée, démarre à la troisième sollicitation.

Le chemin du retour parcouru comme un automate jusqu'à La Courneuve. A cette heure, la circulation est plus que fluide.

Dans la tête de Francis, la même phrase revient en boucle : "quel Dieu permet autant de solitude ?"

Il habite un vieil immeuble, près de la gare, autrefois des maraîchers, aujourd'hui le béton, la brique, le bitume mouillé. Trois étages avalés vite fait, la porte palière bien écaillée, il ouvre.

L'appartement d'un célibataire, ou plutôt d'un divorcé (surtout ELLE qui a voulu divorcer), les chaussettes par terre dans la salle de bains, un reste de boîte de conserves dans la casserolle sur la gazinière. Il craque une allumette, une petite fringale. Il est deux heures, debout dans la cuisine, le cul appuyé contre la machine à laver, il trempe un morceau de pain rassis à même la casserole, et se "délecte" du reste de cassoulet de son dîner du soir.

Il se déshabille, toujours cette phrase qui tourne dans sa tête, couché il ne trouve pas le sommeil... Quel est le...

Enfin, alors que le jour commence à poindre à travers les lames des stores vénitiens, Francis s'endort enfin.

Une courte pause, car à sept heures le grelot du réveil le tire de sa torpeur, il faut aller au boulot.

En dehors de son bénévolat sur "radio 68", il est mécano de piste chez U.T.A. au Bourget. Une douche vite fait, pas le temps d'avaler un café, et le voilà parti, heureusement le boulot n'est pas très loin.

La journée s'écoule : intervention sur un DC 10 ou un Boeing 707, des petites choses, pour les réparations plus importantes, il convient d'immobiliser les appareils.

La journée terminée, Francis rentre chez lui, après avoir bu un demi avec son collègue André, au bar "La Caravelle" face à l'aéroport.

Il est 19 heures 30, il prépare son dîner, vite fait le dîner : une tomate coupée en rondelles, sauce toute prête, boîte de raviolis au goût de ferraille garanti, un morceau de camembert durci par le séjour au frigo, pas bien ragoûtant tout ça !

Il a allumé la télé, un vieux poste Philips en noir et blanc, on y commente encore la victoire du PS : entre ici, François... Ta rose à la main !

Après le JT présenté par Jean-Claude Bourret, Francis va se coucher un peu, il lui faudra se relever à vingt-deux heures pour animer son émission quotidienne.

- Salut Charlot ! Salut mec, alors t'as l'jus ?

- Mmmh, pas trop, tu sais cette Nelly n'a pas arrêtée de me trotter dans la tête !

- Bon, n'y pense plus, si ça s'trouve son mec est rev'nu, elle s'est p'têt envoyée en l'air toute la nuit, elle aura eu un coup d'mou !

- AH ! AH ! AH ! Un coup d'mou, il ne devait pas être mou son mec par contre ! Et il rit de sa boutade.

L'émission reprend avec son lot quotidien de désespoirs, de solitudes, de ras-le-bol, et parfois aussi de coups de gueule.

- Bonsoir, je m'appelle Nelly...

- Oui ? répond Francis qui vient de se redresser, comme propulsé par un ressort. Bon... Bonsoir Nelly, je vous écoute, mais ne raccrochez pas brutalement comme hier soir !

- Quel Dieu permet autant de solitude ?

- Nelly, cela va peut-être vous sembler dérisoire, mais je vous écoute, vous n'êtes plus tout à fait seule.

Dans ses écouteurs, Francis perçoit un profond soupir, puis le claquement sec du combiné.

- Elle a remis ça ! T'as entendu Charlot ? Putain, j'aurais voulu lui parler, quelle détresse, ça m'fout des frissons partout !

- Mets une 'tite laine mon pote, ça va passer...

- Déconne pas, moi elle me bouleverse cette nana.

Le soleil de Nicoletta finit de mourir sur la platine, Francis et Charlot bouclent "la nuit est à vous", un "hasta luego" lancé sur le trottoir, la 4L qui ronronne au second coup de démarreur (un miracle) ! Le trajet retour, le reste de raviolis avalé adossé à la machine à laver, le sommeil qui vient mal.

Toute la journée, Francis n'a cessé de penser à Nelly, vivement ce soir, vivement ce soir... Entendre sa voix.

Nelly ne s'est pas manifestée, rien, aucun appel, il est rentré se coucher un peu triste, un peu inquiet ausssi, même nuit agitée... Une journée banale, la trappe du 727 qui ne se verrouille pas très bien, règlages, essais... Tout est O.K.

"Une lettre pour toi, Francis", crie Charlot en voyant entrer son copain dans le studio, l'enveloppe tenue au-dessus de sa tête. "Donne-la moi, déconne pas", hurle Francis. En se marrant, Charlot tend la lettre à son pote : "ben dis-donc, elle en a mis du temps c'te bafouille avant d'arriver ! elle a dû passer par les égouts ! Gaffe le timbre, c'est un Cérès de Mazelin, il date de 1945 ou 46 !

Mouais, répond un Francis dubitatif, puis il ouvre délicatement l'enveloppe après l'avoir sentie, un léger parfum de lavande imprègne cette dernière, une lettre écrite sur du papier à petits carreaux 5x5, une écriture fine, serrée, appliquée, avec des pleins et des déliés, comme l'écriture d'une petite fille, écrivant avec une "Sergent Major".


Cher Monsieur.

Parler dans un combiné, n'est pas commode, vous semblez tellement à l'écoute de vos auditeurs, que j'aimerais vous rencontrer, si toutefois vos obligations vous le permettent.

Vous voir après votre émission me serait d'un grand secours.

Je sais ce que ma requête a d'incongru, mais je vous en prie : venez !

J'habite au 12 avenue du président Wilson à la plaine Saint Denis, 6ème étage, porte droite.

Nelly.


Emu, interloqué, Francis tend la lettre à Charlot, ce dernier la lit, puis l'air goguenard : "ben dites-donc M'sieur Duss, vous allez conclure !", reprenant la réplique des "bronzés".

Ne dis pas d'conneries, Charlot, elle est complètement paumée cette femme !

Après l'émission et un "au revoir" précipité qui a fait sourire le technicien, l'animateur rejoint l'autoroute A1, sort à la porte de La Chapelle, puis emprunte l'avenue Wilson, ralentit devant le numéro douze, et enfin gare sa vieille 4L un peu plus loin.

L'immeuble est un peu vieillot, semblable à ses voisins, le hall est propre, les escaliers cirés, un immeuble bien entretenu, six étages montés en souplesse, Francis se retrouve face à la porte palière, un bristol épinglé, un seul mot : NELLY. Il frappe...

Le lendemain, Charlot attend vainement Francis, pour se faire pardonner auprès des auditeurs, il a prétexté un malaise passager de l'animateur, il leur passe des disques à la demande. Il a tenté plusieurs fois de le joindre... En vain.

Le lendemain, après avoir téléphoné sans recevoir de réponse, Charlot passe à La Courneuve, nous sommes samedi, il ne travaille pas, coups frappés à la porte : le silence.

Dimanche et lundi matin, idem, alors il se rend au commissariat, y fait une déposition, le jeune inspecteur l'interroge.

- Vous dites qu'il avait rendez-vous avenue Wilson au 12 ?

- Ben oui, il m'a fait lire sa lettre, même que cette Nelly habite au sixième étage.

- Bon écoutez, on va y aller, c'est à côté, vous venez ?

- Oh oui !

Sympa, ce jeune inspecteur, tout au long du trajet il tente de dédramatiser : allez, ils seront restés coincés ! Ne vous en faites pas !

La R18 banalisée est garée face au douze, les deux hommes descendent, le jeune inspecteur va pousser la porte de l'immeuble, quand surgit une dame âgée d'une soixantaine d'années, l'inspecteur s'efface, puis l'interpelle.

- Bonjour Madame, inspecteur Brochard, se présente-t-il en montrant sa carte, vous connaissez bien l'immeuble ?

- Ça oui ! J'y suis née en 1920 ! Et je ne l'ai jamais quitté !

- Bien, bien, alors vous devez connaître une locataire qui habite au sixième ?

- Mais il n'y a pas de sixième ! Ou plutôt il n'y en a plus ! Il a été touché par un obus en 1945, au moment des bombardements de "La Chapelle", tout l'étage avait été gravement endommagé. Alors plutôt que de le reconstruire, et refaire une toiture neuve, le proprio de l'époque a préféré faire raser ce qui restait de l'étage, et construire une terrasse, au lieu d'un bon vieux toit en zinc. Il paraît qu'au cinquième, il y a des fuites, ajoute-t-elle à mi-voix.

- Mais dites-voir, Madame, il n'y a pas une femme prénommée Nelly dans cet immeuble ?

La sexagénaire a pâli soudain.

- Ne... Nelly ? J'ai connu une Nelly autrefois, il y a bien longtemps, elle était née dans cet immeuble elle aussi, moi en Mars, elle en Mai de la même année. C'est horrible, elle habitait justement le sixième étage, quand l'obus a explosé. Sa petite fille ainsi que son mari ont été tués sur le coup, il était allé dans la chambre de la petite, car le bruit des bombes avait réveillé la petiote. Nelly s'en est miraculeusement sortie. Vous savez nous avions été élevées ensemble, nous étions vraiment comme deux soeurs, ça n'est pas un vain mot, même école, nous avions fait notre première communion ensemble.

Une larme coule sur la joue de la dame, puis deux, les sanglots l'agitent.

L'inspecteur a gentiment posé sa main sur l'épaule de la vieille dame.

- Remettez-vous Madame, nous comprenons...

- Ça n'est pas tout Monsieur, ça n'est pas tout, on a enterré sa fillette ainsi que son mari, elle avait les yeux secs Monsieur, très digne comme on dit... Le lendemain on a repêché son corps, dans le canal à Saint Denis.



Dessin Andiamo 2008

lundi 6 octobre 2008

Tant-BourrinLa vie souterraine de Pancrace Griffouillous

Tous les soirs de pleine lune, le corps de Pancrace Griffouillous subissait une bien étrange métamorphose : ses membres se repliaient sur eux-même, se ratatinaient jusqu'à disparaître entièrement, ses épaules rentraient en elles-même pendant que son cou s'épaississait, les traits de son visage s'effaçaient pour laisser place à une texture annelée, et tout son corps, au final, se muait en un long cylindre mou.

En une dizaine de minutes, il devenait ver de terre.

Car Pancrace Griffouillous était, chose rare, un lombric-garou.

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samedi 4 octobre 2008

Saoul-FifreLe café du pauvre

Le café du pauvre. Certains d'entre vous sont peut-être comme Monsieur Jourdain : ils y ont déjà goûté sans connaître la signification de cette expression ? Je souhaite qu'ils soient éclairés là dessus à la fin du billet. Je suis bien certain par exemple qu'Andiamo, notre titi parisien de service, sait de quoi je parle. Le préfères-tu "serré", "stretto", al italiano, ou bien capiteux, musqué, volubile, à l'arabica, mon cher ? Le bois-tu cul sec ou fais-tu durer le plaisir en rajoutant sur la fin une petite cuillerée de crème battue en chantilly ?

Au XIXème, il n'y avait pas de télé, pas de disques, pas de SACEM, pas de MIDEM à Cannes, pas de starac, mais, vous allez en tomber sur le cul, les gens de tous milieux adoraient chanter à tue-tête et s'amuser. Les artistes, les chansonniers en étaient réduits à se produire le soir dans les cafés, et si leur chanson plaisait, le bouche à oreille fonctionnait et leur chanson devenait un tube ... sans leur rapporter autre chose que la reconnaissance appuyée du peuple. Alors ils vendaient leurs chansons : une feuille pliée en deux avec un dessin rococco, la partition de la mélodie et les paroles...

On chantait sur tout, tout le temps. Les comiques écrivaient des pamphlets politiques sur des musiques existantes. J'ai par exemple acheté chez un bouquiniste du Quartier Latin "La clef du Caveau", un épais volume relié contenant des partitions de mélodies connues à l'époque, un peu comme un psautier laïque. Les clients du Caveau n'avaient rien des spectateurs amorphes de la Staracadémie. Ils savaient lire une partition. Le chansonnier arrivait avec le texte qu'il venait d'écrire dans la journée sur un fait d'actualité et disait : "Prenez votre clef, je vais vous interpréter "Faire une pipe à Louis-Philippe" sur la musique n°213". Et les gens reprenaient en chœur le refrain, toujours facilement mémorisable à la première écoute. Si la chanson tapait dans l'œil, ou plutôt dans l'oreille, elle était bissée, trissée puis les gens achetaient le feuillet.

Et bien là je voudrais vous dire : "Prenez la mélodie du Piano du pauvre ", superbement écrite par Léo Ferré. Non, ne blêmissez pas, cette fois je ne vais pas vous imposer ma voix de casserole et mon absence de sens du rythme, je sais, la petite Calunette va m'en vouloir, mais elle va vite se consoler quand elle entendra la voix habitée déposée sur la parodie que je vous ai écrite. Car oui, après Patachou, Catherine Sauvage, Germaine Montero et bien d'autres, c'est La poule qui s'y colle. Et qui supporte haut la main la comparaison.

Un œuf de toute beauté, à mon humble avis. Une interprétation fraîche (oui, c'était un vrai challenge q;-) et réjouissante. Merci encore, et vraiment bravo.

Waw, La poule m'envoie une version encore meilleure, d'accord, il est entendu dans les hautes sphères philosophiques que la perfection n'est pas de ce monde, mais La poule n'en a que faire et elle envoie bouler les obstacles. C'est un morceau d'anthologie et je le rajoute, que chacun se fasse son opinion.

Le café du pauvre
Nos deux regards filous
Avant qu'on n'se sauve
Gagner nos pauvres sous
Fusion inouïe
Salade de fruits
Si dure et si douce
Qui met nos dessous
Sans dessus-dessous
Qui les éclabousse

Le café du pauvre
Le pouls qui devient fou
Pas besoin d'alcôve
Les voyeurs on s'en fout
On s'arrach' nos frocs
La pomme on y croque
D'une dent sauvage
On se prend debout
Et on se secoue
Le cœur à l'ouvrage

Le café du pauvre
Tango dans les remous
Un boa qui s'love
Dans un grand feu qui bout
Tous les diablotins
Nous goualent, mutins
Leurs chansons friponnes
Et nous reprenons
Les refrains cochons
Ah c'qu'on s'époumone

Le café du pauvre
Un fort coup de grisou
Des odeurs de fauves
Des zigouigouis partout
Pas d'nez délicat
Mais du robusta
Qui se mouch' du coude
Mais de la nitro
Du guerillero
Sentant bon la poudre.

Le café du pauvre
Ne coûte rien du tout
De plus il innove :
Il excite, il rend saoul
La tête enfumée
Dans la cheminée
Les tempes qui cognent
On se cramponnait
Devant le buffet
Comme deux ivrognes

Le café du pauvre
Du mou dans les genoux
Guiboles en guimauve
Les quinquets dans le flou
On cherche à tâtons
Soutif et cal'çons
Dans tout' la cuisine
Et on s' pass' un gant
Avant d' foutr' le camp
Rejoindre l'usine

mardi 30 septembre 2008

Tant-BourrinLe blogbodico (8)

C'est décidé : après des tomes 1, 2, 3, 4, 5, 6 et 7 aux allures de grand n'importe quoi, le tome 8 que voici sera thématique !

Toutes des définitions du jour, spécialement concoctées pour vous par mézigue, ont plus ou moins directement trait aux moyens de transport, sous toutes leurs formes.

Et maintenant, laissez-vous transporter, dico dico par-ci, dico dico par-là ! :~)




Autobuse : (n.m.) Véhicule dédié au transport en commun de personnes stupides. Le jour où tu voyageras en autobuse, y'a pas de risque que ce soit toi le chauffeur !


Autoquard : (n.m.) Véhicule destiné au transport en commun de mauvais chevaux de course. Si ce canasson perd encore une fois, c'est l'autoquard, direction la boucherie chevaline !


Axel-orateur : (n.m.) Personne qui parle en public en faisant des sauts avec rotation du corps, histoire de détourner l'attention du public du contenu de son discours. Nicolas S. agrémenta son discours de politique générale d'un magnifique triple axel qui lui valut une salve d'applaudissements nourris. Assurément un grand axel-orateur que rien ne freine !


Bigiclette : (n.f.) Confrontation bilatérale destinée à savoir celui qui pisse le plus loin. - Eh, Kevin, je te prends à la bigiclette ! - Ouais, okay, mais y'a Steevy qui veut aussi me défier, on n'a qu'à faire du trigicle !


Froufrou de secours : (n.m.) Pièce de vêtement typiquement féminine destinée à pallier une panne typiquement masculine. - Hier, au lit, mon Roger était complètement à plat, j'ai dû sortir mon froufrou de secours pour l'aider à repartir. - T'as de la chance : moi, mon Raymond, il n'a jamais voulu se remettre en route, à croire qu'il aurait aimé faire appel à une dépanneuse !


Gyrofard : (n.m.) Produit de maquillage particulièrement voyant, permettant de traverser les foules à pleine vitesse sans être importunée. - Oh, punaise, mate celle qui arrive, elle est maquillée comme une voiture volée ! Vite, écarte-toi ! - T'as raison, elle a même mis son gyrofard pour faire croire qu'elle a la peau lisse !


Misèrati : (n.f.) Véhicule automobile peu reluisant destiné aux classes populaires les plus démunies. - Moi, depuis que je suis au RMI, je roule en Misèrati, et toi ? - Moi, je roule en Rouille Royce...


Mobile-homme : (n.m.) Homme volage dont la fidélité n'est pas le point fort. Partir en vacances avec un mobile-homme, ce n'est pas une sinécure. L'an prochain, je partirai plutôt avec ma tante !


Motte-au-cycle : (n.f.) Organes génitaux féminin en phase de cycle menstruel - Pas mal, la meuf ! Je te parie que je couche avec elle dès ce soir ! - Tu peux toujours courir, elle a sa motte-au-cycle !


Randomée : (n.f., dérivé de l'anglais random) Promenade assez longue sous la conduite d'un guide manquant cruellement de sens de l'orientation. - Dis donc, j'ai l'impression qu'on tourne en rond depuis trois heures et que notre treck se transforme en randomée. Qu'est-ce que c'est que ce foutu guide ? - D'après ce que je sais, c'est un ancien chef de gare à Saint-le-Hasard... (voir ce mot)


Saint-le-Hasard : (n.propre) Gare parisienne dans laquelle les départs et arrivées de trains décrivent un processus stochastique. L'autre jour, à la gare Saint-le-Hasard, mon train a été annulé au dernier moment et le contrôleur a été infoutu de me dire l'heure et le quai du train suivant. Résultat : j'ai pris un train au hasard et, pas de bol, je suis allé à Thouars.


Taxi d'érémiste : (n.m.) Véhicule automobile destiné au transport payant de personnes bénéficiaires du Revenu Minimum d'Insertion. Les taxis d'érémistes, c'est bon pour ceux qui sont sur la paille !


Transpire en commun : (n.m.) Mode de transport collectif particulièrement bondé qui provoque de nombreuses suées. L'autre soir, je me suis fait traité de vieux pore dans les transpire en commun !


Véhicule biliaire : (n.m.) Engin de transport motorisé dont l'usage génère fréquemment des humeurs noires. Hier, j'ai insulté une mémère qui n'arrivait pas à faire son créneau et me barrait la route, et idem avec une pétasse trois cent mètres plus loin ! Bref, j'ai piqué ma crise deux fois dans mon véhicule biliaire !

jeudi 18 septembre 2008

Tant-BourrinTu finiras sur l'échafaud !

"Petit voyou ! Tu finiras sur l'échafaud !"

Eusèbe a six ans. Bien caché sous la paille dans la vieille fenière de bois, il pouffe en écoutant les invectives rageuses de son grand-père, qui vient de surgir, sa blague à tabac à la main, de la vieille ferme en torchis.

Eusèbe sait très bien pourquoi le papet vocifère ainsi : il vient de trouver une souris crevée au milieu de son précieux tabac. Et s'il accuse Eusèbe de cette forfaiture, c'est certes sans preuve, mais non sans raison : son vaurien de petit-fils est coutumier de ce genre de mauvaises plaisanteries, à croire qu'il a du sang de Malin qui lui court dans les veines...


"Espèce de cochon et de voleur ! Tu finiras sur l'échafaud !"

Eusèbe a onze ans. Bien caché dans les buis et les fougères, il glousse en écoutant les hurlements de Radegonde. Il ne fait pas qu'écouter d'ailleurs : son oeil se délecte avec lubricité des formes généreuses de celle-ci qui, nue sur la rive du cours d'eau dans lequel elle se baignait, cherche désespérément ses frusques.

Ses frusques disparues pour tout le monde, mais pas pour Eusèbe qui sait très bien où elles sont. Radegonde a juste entrevue une silhouette, mais elle n'a pas à chercher loin pour savoir qu'il ne peut s'agir que de ce fourbe d'Eusèbe : il n'y a que lui au village pour jouer ainsi des tours aussi pendables. Et il n'a que onze ans ! En voilà un qui promet !


"Sale petit voleur ! Tu finiras sur l'échafaud !"

Eusèbe a quinze ans. Bien caché dans un recoin au fond d'une petite sente, Eusèbe ricane en reprenant son souffle. Il sort la poularde de sa chemise. La poularde qu'il vient de dérober sur l'étal d'un marchand, là-bas, sur la place où se tient la foire du village.

Le marchand en question, un gratte-glaise du coin, a juste eu le temps d'apercevoir un quidam, de dos, qui s'enfuyait à toutes jambes. Il est convaincu qu'il s'agissait de ce mauvais jean-foutre d'Eusèbe, mais qu'y faire ? Ce gredin est coutumier du fait mais parvient à ne jamais être pris la main dans le sac. Que le diable l'emporte !


"Espèce de malfrat ! Tu finiras sur l'échafaud !"

Eusèbe a dix-neuf ans. Bien caché dans une arrière-salle d'une taverne mal-famée, il se fend d'une risée en comptant son butin, une bourse qu'il vient de dérober à un croquant à l'autre bout de la grand' ville.

La grand' ville où il est finalement venu s'installer : il était trop connu au village et il ne pouvait plus aisément y laisser libre cours à ses méchants instincts. Ici, au moins, il a le loisir de détrousser qui bon lui semble sans crainte d'être reconnu. Sa victime peut bien hurler au maraud tout son soûl, Eusèbe ne risque rien, à lui la grand vie ! Tavernier, une autre piche de vin !


"Assassin ! Tu finiras sur l'échaf...aaaaah !"

Eusèbe a vingt-trois ans. Bien caché dans la chambre pouilleuse qu'il loue depuis quelques mois, il a un sourire crispé en repensant à la face du père Lacroutz, toute pâle au spectacle de l'eustache bien affûté qu'Eusèbe lui avait brandi sous le nez. Quel mauvais hasard, quand même ! Venir s'installer à la grand' ville pour détrousser les bourgeois en toute quiétude, et tomber sur un pays de passage.

Eusèbe n'avait eu d'autre choix que celui de lui planter son couteau dans la poitrine pour le faire taire à jamais. Bah, il fallait bien que ça arrive un jour.


"A mort ! A mort, l'assassin ! A mort !"

Eusèbe à vingt-six ans. Au regard de tous, debout sur l'échafaud, il contemple la foule grouillante alentours qui éructe sa haine. Et il se souvient, il se souvient de toutes ces invectives qui, depuis sa prime enfance, le vouaient à l'échafaud.

La potence. La corde. Les pieds qui ne touchent plus le sol. L'air qui manque. Et puis plus rien. C'est fini. La foule rugit de plaisir.

Le bourreau range son matériel et repart vers sa demeure. Il enleve sa cagoule en route, à l'abri des regards dans une petite sente, et s'éponge le front.

Trois mois qu'il officie ainsi en tant que bourreau. Oubliés, tous les mauvais coups, heureusement impunis, qu'il avait commis dans ses jeunes années, jusqu'au meurtre du père Lacroutz qui l'avait amené à réfléchir sur ses actes et à s'amender.

Bien caché derrière les murs de sa chambre, Eusèbe sourit. Tous ceux qui l'avaient voué à l'échafaud avaient finalement eu raison : il y avait en effet fini.

Mais du bon côté de la corde.

vendredi 12 septembre 2008

Tant-BourrinComme dans un film d'error

Autant vous prévenir tout de suite : si vous continuez la lecture de ce billet, vous ne regarderez plus jamais, comme moi, votre ordinateur du même oeil. Il est donc encore temps pour vous de rebroussez chemin...

Vous persistez ? Eh bien, soit ! Tant pis pour vous, vous l'aurez voulu, je vais vous racontez ce qu'il m'est arrivé l'autre soir...

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lundi 8 septembre 2008

AndiamoLa jettatura


Hue ! Le vieux cheval s'arc-boute, bande ses pauvres muscles, ses flancs maigres se soulèvent au rythme de sa respiration rapide, les naseaux fument. L'homme près de lui, c'est Mattéo. Il est également attelé à la verdine, un harnais de cuir passé en travers de la poitrine, il tire de toutes ses pauvres forces, la côte n'est pas bien raide, mais homme et bête sont épuisés.

Ils n'ont pas mangé grand-chose depuis deux jours, les paniers se vendent mal, et puis la petite Sarah ne peut plus danser au son du tambourin tenu par sa mère.

Ça ne rapporte pas grand-chose, le soir sur les places de villages, quelques sous, parfois certains apportent un peu d'avoine pour le cheval Rossinante, Mattéo lui a appris à remercier en pliant la jambe antérieure droite, et en inclinant la tête, ça fait rire l'assistance, et rapporte des pièces supplémentaires.

Il a appelé son cheval Rossinante, comme celui de Don Quichotte. Mattéo sait lire, chose rare pour un Rom, c'est un instituteur autrefois qui lui a appris, ils étaient restés lui et ses parents plusieurs semaines au même endroit, en peu de temps il lisait couramment.

C'est bien dommage que tu partes aussi vite, mon petit, avait déclaré l'instit : tu es doué !

Mattéo sourit, ils sont un peu comme Don Quichotte : toujours sur les routes. Le soir avant de coucher la petite, il lui lisait un passage, elle riait, Sancho Pança l'amusait beaucoup, Conchita la maman, écoutait aussi, et souriait devant le bonheur de sa fillette.

Depuis trois jours Sarah est malade, son front est brûlant de fièvre, les tisanes préparées par sa mère n'y ont rien fait, le mal est trop grave, la nourriture peu abondante, la fillette est très faible.

Peut-être dans ce village ? Perché à flanc de côteau, dominé par les sommets de la Chartreuse, cerné par les vignes, le chasselas qui, avec d'autres cépages, servira à élaborer le vin de Savoie.

Peut-être trouveront-ils de l'aide ? Un médecin, une pièce chauffée pour la petite, en ce jour de veille de Noël. Il fait froid, un froid humide et pénétrant. En altitude, il neige déjà depuis plusieurs jours. En bas dans la vallée, c'est une pluie glacée qui tombe, transperçant les vêtements, glaçant les os.

Dans la verdine, il fait à peine moins froid, Matéo entend la petite quand elle tousse, chaque quinte déchire les poumons de l'enfant et le coeur de l'homme.

Après un ultime effort, ils arrivent enfin sur la place du village, quelques curieux écartent les rideaux, regardent l'étrange et dérangeant attelage avec une moue de dégoût.

Matéo a retiré le harnais qui l'entravait, puis se dirige vers le bistrot du village.

La porte à peine poussée, une douce chaleur l'envahit, un gros poêle ronronne doucement au milieu de la grande salle. On prépare le réveillon, une bonne odeur de volailles rôties flotte dans la pièce, peu de buveurs sont attablés, chacun est "chez soi", en famille. Derrière le comptoir, un gros homme, large béret, mouchoir à carreaux noué autour de son cou de taureau, essuie les verres, souffle dessus, puis les fait briller en lustrant la buée.

D'un oeil méfiant, il regarde l'homme au visage basané s'approcher de lui. Il pose le verre, serre les poings le long de ses cuisses, prêt à envoyer un pain au moindre geste suspect de la part du métèque !

Bonsoir Monsieur, articule lentement Mattéo, s'il vous plaît, pourriez-vous m'indiquer l'adresse d'un médecin ? Ma fillette est très malade, il nous faut de l'aide.

Ah ben ça ! Tu t'crois où mon gars ? C'est pas Chambéry ici ! Y'a pas d'toubib, on l'appelle quand on a besoin de lui, c'est pas comme toi : personne t'a appelé, et pourtant t'es là ! Les trois clients présents dans la salle se marrent.

Et puis même s' il montait, faudrait aller chercher les médicaments, en bas, au bourg, et avec ton carrosse, il me semble que tu n'irais pas bien loin !

Allez, casse-toi Cendrillon, avant que ta charrette ne redevienne citrouille ! Les abrutis attablés se marrent à nouveau.

Sans se démonter Mattéo insiste : "ne pourriez-vous pas garder ma petite Sarah pour la nuit dans votre salle ? Il fait très froid, un peu de chaleur lui fera du bien, on ne vous dérangera pas, ma femme restera auprès d'elle, moi je dormirai dans la roulotte pour ne pas déranger".

Et puis quoi encore (la voix est montée d'un ton), tu veux pas que j't'invite à mon réveillon des fois ? Allez, ça suffit, casse-toi, j'veux pas d'emmerdes.

S'adressant aux trois ventouses : "il s'rait capable de m'chourrer le perco, ce gniaque" !

Mattéo est sortit. Cueilli par le froid, il relève le col de sa veste. A cinq ou six pas de la verdine, il entend la petite tousser, une toux effroyable, propre à lui "arracher" les poumons.

La nuit est tombée, le froid s'insinue partout, Matéo est allé cogner à la porte du presbytère, Adèle la vieille bonne a entrouvert la porte.

- C'est pour quoi ?

- Bonsoir Madame, pourriez-vous héberger ma petite Sarah et ma femme pour la nuit ? Il fait très froid, la petite est malade, un peu de chaleur...

- Non, non, pas ce soir, Monsieur le curé doit dire sa messe de minuit, c'est Noël vous savez, enfin vous les mécréants, vous ignorez les choses de la religion.

- Pas du tout Madame, mon peuple est très croyant, au contraire, je suis baptisé, et nous vénérons par-dessus tout la vierge Marie, ainsi que Sainte Sarah.

- Oui, bon, peut-être, mais Monsieur le curé a autre chose à faire ce soir, passez votre chemin, et dites vos prières, si toutefois vous les connaissez !

Mattéo a encore frappé à deux ou trois portes, toujours le même refus, l'une ne s'est pas ouverte, pourtant l'homme a entendu des chuchotements à l'intérieur de la maison.

Les cloches ont sonné appelant les fidèles pour la messe de minuit : en cette nuit de Noël et de partage, nous allons célébrer la naissance de l'enfant Jésus.

IN NOMINE PATRIS,ET FILIS, ET SPIRITUS SANCTIS... AMEN.

Rossinante est resté debout, une pauvre couverture jetée sur ses côtes saillantes, Mattéo a rejoint Conchita et sa petite Sarah, ils ont essayé de lui faire avaler le reste de soupe aux pois cassés, elle a hoché la tête en signe de refus, une horrible quinte, un petit filet de sang entre ses lèvres serrées, puis le calme, le grand silence.

KYRIE ELEISON.

Conchita a pleuré en silence. Mattéo, le regard vide, a regardé la petite.

ET IN TERRA PAX HOMINIBUS BONAE VOLUNTATIS.

Le sermon rappelant combien les habitants de Bethléem furent cruels et sans coeur, pensez donc : refuser l'hospitalité à celle qui portait l'enfant Jésus, le rédempteur, le sauveur... Honte à eux !

AGNUS DEI QUI TOLLIS PECCATA MUNDI, MISERERE NOBIS.

Puis en pleine nuit, la roulotte s'est remise en route, redescendant le chemin qu'elle avait eu tant de mal à gravir.

A l'abri d'un petit bois, l'homme a creusé un grand trou, puis Conchita a cousu son plus beau drap, celui qu'elle avait brodé pour sa nuit de noces, elle en a fait un linceul, tous deux y ont glissé Sarah, ils ont embrassé une dernière fois l'enfant, la femme a surfilé le drap, le fermant à jamais.

La dernière pelletée de terre jetée, ils se sont signés, puis recueillis.

ITE MISSA EST.

DEO GRACIAS !

Avant de repartir, tous deux se sont tournés vers le village, noyé là haut dans le brouillard, ils ont tendu leur bras gauche, écarté l'index et le majeur, pour former une fourche : "la jettatura" comme l'appellent les Italiens. Ils ont marmonné quelques mots, et sont repartis.

Ce geste venu de l'antiquité, ce geste qui veut dire "je vous maudis", ce geste qui appelle à la punition divine.

Quand les "fidèles" sont sortis de l'église, la neige avait remplacé la pluie et tombait en abondance. Chacun est rentré chez soi afin de ripailler, en passant sur le pont, quelques uns ont bien remarqué que le torrent ne coulait guère, étonnant avec toute cette pluie qui est tombée, et maintenant la neige, mais bon...

La pluie, la neige ont détrempé les flancs de la montagne, un glissement de terrain s'est produit, barrant le torrent en amont, un lac artificiel s'est formé suite à l'éboulis.

Sous la terrible poussée de l'eau, le barrage formé par la terre, les arbres, les rochers, s'est soudain rompu, libérant des tonnes d'eau et de boue, le terrifiant torrent a dévalé à une vitesse folle.

Quand les habitants encore attablés ont entendu le grondement, il était trop tard. Le vieux pont est parti, emporté comme une tuile par la bourrasque, les maisons ont éclaté, l'église s'est couchée, on a entendu la cloche lorsque le clocher a basculé.

Plus bas, beaucoup plus loin, une pauvre verdine, tirée par un cheval maigre, a fait halte au bord d'un chemin.

Plus tard, bien plus tard, ils apprendront au hasard d'un village que Dieu n'est pas bien juste : faire mourir de si cruelle façon de si bons chrétiens, qui avaient assisté à la messe de minuit !


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