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vendredi 4 mars 2011

AndiamoLe rapin (une enquête du commissaire Chauguise)

DRRRIIING ! La sonnerie aigrelette du biniou placé sur le bureau de Crafougnard vient de retentir. Rapide comme un crotale qui vient de jeûner six mois, Julien a saisi le manche noir du combiné.

- Allo ?

- C’est toi, Dugland ? questionne une voix enrouée à l’autre bout du fil.

Julien sait que son patron est au téléphone, non pas qu’il reconnait sa voix, car elle est trop enrouée, mais ce sobriquet « Dugland », il est le seul à le lui donner. Tout autre se ferait renvoyer dans les 22 mètres avec bourre-pif à l’appui !

- Oui patron, c’est moi…

- Bon, prend la quinze et viens me chercher, j’ai trop la crève pour prendre le bus.

- Oui patron j’arrive, mais où est-ce que vous créchez ?

- Au 40 de la rue du Mont Cenis, dans le XVIIIème, deuxième étage, porte droite… Et fait fissa... Understand, Dugland ?

- Oui patron, je connais le quartier, j’hab…

- J’m’en fous où tu crèches : rapplique dare-dare !

Toujours aussi aimable le Boss, songe Julien en embrayant un peu brutalement le six cylindres de la quinze chevaux Citroën.

Les deux étages avalés à lure-lure, Julien sonne à la porte palière de droite…

- Oui, répond une voix féminine, en même temps que s’ouvre la porte.

Julien est pétrifié ! Une adorable jeune fille le regarde. Lui reste planté dans l’encadrement.

- Entrez, Julien… Vous êtes bien Julien, n’est-ce pas ?

La jeune fille sourit : dix-huit ou dix-neuf ans, grande, brune, longs cheveux tombant sur ses épaules.

- Oui, balbutie ce dernier, je viens chercher le commissaire Chauguise.

- Papa ! Julien est là ! Vous prendrez bien un café ? Je viens justement d’en faire.

- Merci, avec plaisir.

Chauguise apparait à ce moment-là.

- Pas l’temps ! Allez Dugland, on file ! T’as cours ce matin, Juliette ?

- Oui, Papa.

- Bon, ne sois pas à la bourre… A c’soir

- A ce soir, Papa !

- C’est votre fille, patron ?

- Non ! C’est sœur Catherine Labouré, t’as pas vu la cornette ? Bon autant te mettre au parfum illico : et d’une, c’est pas du mouron pour ton s’rein ! Et deux, elle porte des robes en ardoise, afin que les crapauds dans ton genre ne puissent pas s’accrocher ! Et trois, si tu t’incrustes, on va te retrouver sous le pont au Change, avec les ribouis dans une bassine de béton ! Verstehen ?

- Ben patron, qu’est-ce qui vous prend ? Je suis correct…

- Moi aussi, j’suis correct, mais j’anticipe… Allez drive-nous au trente-six, et basta !

Tout au long du chemin Chauguise tousse et éternue !

- La vache, j’ai chopé une de ces crèves ! Habituellement, j’aime bien venir en bus, respirer la rue, regarder les gens, les p’tits métiers qui parcourent nos avenues, j’adore ça, tu comprends ? Toute cette vie, dans cette ville magnifique !

Putain le vieux devient bucolique, ce doit être la fièvre, songe Crafougnard.

Boulevard Ornano ; puis Barbès ; le Magenta ; le Sébasto… Point de sens interdits ou si peu, début années cinquante !

A fond, Crafougnard passe devant Le Châtelet, un grand calicot reproduisant le portrait de Luis Mariano dans : « le chanteur de Mexico ».

Julien entonne à tue-tête (sans le contre ut toutefois) : MEXI….IIIIIIIICOOOOOO !

- Mets-y un p’tit pain ! Tu vas affoler le bon peuple… Ils vont penser que tu viens de te coincer les joyeuses dans la portière !

Enfin le boulevard du Palais. Un « à droite » et Julien gare la quinze.

Une journée un peu morne…. Dix-sept heures.

- Hé, Dugland ! Tu m’ramènes chez moi, j’suis crevé ! J’vais aller me foutre au pieu avec quelques bons grogs et mon bada au pied du schlaff, quand j’en verrai trois : j’serai guéri… Le Docteur Négrita, y’a qu’ça d’vrai !

Guère de circulation (eh oui !) : vingt minutes plus tard, Julien gare la chignole juste au pied de l’immeuble de son patron.

- Monte, j’ai été un peu dur avec toi ce matin, tu vas boire un coup.

- Merci patron, c’est sympa.

- MMMHH….

Un peu essoufflé Chauguise arrive en tête sur le palier du second. La porte, SA porte est ouverte !

- Nom de Dieu, c’est quoi ce cirque ?

Il se précipite, entre et appelle :

- Juju, t’es là ? Allez, montre-toi !

Nos deux hommes ont fait le tour de l’appartement : une salle à manger, deux chambres, une minuscule cuisine et un cabinet de toilettes. Pas très grand le logement, mais coquet.

Chauguise d’un geste machinal a relevé son chapeau troué, reliquat d’une interpellation qui avait mal tournée !

Il est effondré… Méconnaissable.

- Il lui est arrivé quelque chose, Julien, je le sens, si je tenais le fumelard…

- Calmez-vous, patron, elle est peut-être sortie faire des courses ?

- Sans fermer la lourde ? Impossible Dugland… Impossible !

Il est là avachi sur une chaise, recroquevillé, lui, le grand Chauguise !

- Ma fillette, tu t’rends compte, Julien ? Je l’ai élevée seul ! Sa pauvre mère est morte après l’avoir mise au monde, j’me suis jamais remarié, je n’ai pas trop confiance en les gonzesses !

Le laissant geindre, Julien inspecte minutieusement les lieux. Dans la cuisine, il trouve un chiffon roulé en boule.

Il ramasse sa trouvaille, défroisse lentement le morceau de tissu qui a dû être blanc et qui maintenant est maculé de taches polychromes.

Regardez patron ! On va le porter à Couilllette… Pardon Monsieur Bourrieux, le responsable du labo. Il nous dira exactement la composition de ces taches, apparemment de peinture, mais faut voir.

- Ouais, t’as raison, Dugland !

D’un bond, Chauguise est debout !

Il va mieux, songe Julien.

- On va le secouer, afin qu’il se mette au turbin illico.

Chauguise a composé de mémoire le numéro de Bourrieux dit « Couillette » : BOTzaris 32 74….

- Couillette ? C’est Chauguise, rapplique tout d’suite au 36, ça urge !

- Mais patron, j’ai fini ma journ…

- Discute pas : il s’agit de MA fille, t’entends ? MA fille !

- Bon j’arrive.

Chemin en sens inverse, les virages sur les chapeaux de roues.

- Tu t’rends compte, Dugland : y’avait même un rapin d’la butte qui voulait qu’elle pose à loilpé pour lui ! Elle l’avait rencontré aux beaux arts : section peinture, là où elle suit des cours, elle veut « faire » dans la décoration.

- Un quoi ? A quoi ?

- Un rapin ! Un peintre, quoi ! Et à loilpé, c’est du louchébem : ça veut dire à poil ! Tu sors d’où ? De Bigounette sur Serpentine ou quoi ?

- Non patron, j’suis d’Limoges !

- Ouais, c’est du kif !

Un quart d’heure plus tard, ils sont quai des orfèvres.

Bourrieux les rejoint dix minutes plus tard. Chauguise lui tend le chiffon :

- Analyse-moi ça, Couillette, j’veux savoir exactement le genre de barbouille dont il s’agit !

Bourrieux a pris le linge, puis est entré dans son labo.

- Tout l’monde dehors ! J’veux personne dans mes mocassins quand j’bosse !

Chauguise et Crafougnard sont assis dans le couloir, le patron a allumé une « Boyard gros module » papier maïs, après avoir tendu le paquet à Julien.

- Non merci, a refusé Julien.

- Chochote, tu sais pas c’qu’est bon !

Une demi–heure et trois Boyards plus tard, « Couillette » sort de son labo, un feuillet à la main.

- Alors ? lâchent en cœur nos duettistes de la Rousse !

- Voilà : peinture « Lefranc-Bourjois », jaune de chrome ; bleu outre-mer ; vert Véronèse ; brun Van Dyck ; blanc de zinc ; et enfin : rouge vermillon ! De la barbouille à l’huile, utilisée généralement par les peintres. Pas les peintres aux balais à chiottes, non, ceux qui font des tableaux… J’peux rentrer m’pieuter, oui ?

- Oui, vas-y… Et merci, Couillette, j’te revaudrai ça !

Un chiftire de peintre ! Ben merde ! Dis donc, Dugland, après ce que je t’ai raconté dans la tire en venant, ça ne te donnerait pas des idées des fois ?

- Ben si, patron, vous pensez que le mec qui voulait peindre Juliet… votre fille, ce serait lui, qui…

- Exaquette ! Faut que je me creuse la tronche, comment il s’appelait ce connard ? Ah la vache ! Il était venu jusqu’à l’appart’ après avoir suivi Juliette, au prétexte : "je vais vous raccompagner Mademoiselle, on ne sait jamais" !... Elle est magnifique votre fille ! qu’il me disait : je voudrais la peindre Monsieur, laissez-la poser pour moi... Vous pourrez assister aux séances, si vous craignez…

Il était là geignant plus que parlant, il m’a raconté je ne sais trop quoi : son grand-père pompier, un nommé Poissonnier, je crois !

- Mais non, patron ! Excusez-moi, mais ce type a voulu vous dire que son grand-père était un peintre académique, un « pompier » comme on les nomme familièrement ! Et son nom n’est pas « Poissonnier » mais Meissonnier : Jean Louis Ernest Meissonnier !

- Ouais, c’est ça ! Chapeau, Dugland ! A Limoges, on jaspine p’têt pas l’jars, mais question barbouille t’es un costaud ! Allez on va l’retaper ce cinglé et on va l’cueillir !

- A cette heure ? C’est pas légal !

- Rien à s’couer ! Et lui, c’est légal : kidnapper une pauvre enfant ?

Chauguise a appelé Fernand son pote des RG, qui lui a communiqué l’adresse d’un certain Gérard Meissonnier. L’individu s’était fait mettre en salle de dégrisement un an auparavant, après avoir copieusement arrosé ses trente ans, et insulté une hirondelle ! (1)

- Il crèche au 17 rue Azaïs, au pied du Sactos quasiment.

C’est à fond les manivelles, que Chauguise et Crafougnard sont arrivés au pied du modeste immeuble un peu délabré, ils ont monté les trois étages menant à l’atelier de rapin, situé sous une verrière.

Sans ménagement, et d’un seul coup d’épaule, Julien a fait sauter la pauvre serrure de l’appartement. Endormie, droguée sans doute, Juliette est allongée sur un sofa miteux, drapée dans un tissu de velours grenat, et face à elle devant son chevalet : Gérard Meissonnier peignant un pot de géraniums posé sur une cimaise !

- Ah ! C’est vous, commissaire ? C’était pas la peine de défoncer la lourde : elle n’est jamais fermée ! Votre fille est une femme-fleur ! Regardez, je suis en train de la peindre.

Julien s’est précipité vers Juliette, elle dort paisiblement, sans doute le cinglé l’a t-il chloroformée ? Elle est habillée.

Dérangé certes, mais pas pervers le rapin, il ne l’a pas touchée, articule Julien qui lève les yeux vers son patron, au moment ou celui-ci décroche une droite magistrale au peintre qui s’écroule d’un coup !

- Tiens, c’est un acompte avant la douche froide qui t’attend à Charenton (2).




1) Les hirondelles étaient ce que nous appelons aujourd’hui des « ilotiers », ils roulaient sur des bicyclettes de marque « hirondelle » d’où leur surnom.

2) La ville de Charenton abritait à cette époque, un hôpital psychiatrique.

(cht'iot crobard Andiamo 2011)

jeudi 24 février 2011

Tant-BourrinLes Blogbobandes dessinées (4)

Ça faisait longtemps que je n'avais pas publié ici mes petits miquets (cf. les livraisons 1, 2 et 3).

Et puis, tout d'un coup, ça m'a démangé d'aller refaire un tour sur , le site qui aide les gros nuls en dessins comme moi à se la péter !

Blogbobander, ça vient comme une envie de pisser ! :~)




Tant-Bourrin : caca bouddha


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Mam'zelle Kesskadie : laisse-moi devenir l'ombre de ton chien


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Saoul-Fifre : mutants modernes


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Andiamo : la soupe à la grime-âge


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Tant-Bourrin : myope, la boum !


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Mam'zelle Kesskadie : complètement pommée


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Saoul-Fifre : comme une boisson dans son bocage


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Andiamo : elle avait des faux-cils


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mercredi 16 février 2011

AndiamoLes magnans

Le plateau de Peyrebeille, le haut Vivarais. L’hiver a été rude, Mathilde a surveillé avec un soin jaloux les graines qui ne sont autres que les œufs du Bombyx du mûrier.

Pour les tenir au chaud, afin de favoriser l’éclosion, elle a disposé ces œufs dans un petit sac de toile fermé par un lacet : une coulisse, servant également de lanière, puis précautionneusement elle a glissé le petit sachet entre ses seins généreux. « Bien au chaud » comme elle dit, en riant aux éclats !

Quand les œufs écloront, donnant naissance à des vers blancs que l’on nomme ici : magnans (goinfres en Provençal), commencera le véritable travail. Il faudra les nourrir, car ils sont voraces, et leur nourriture c’est la feuille du mûrier. Il faut en cueillir énormément, à s’en arracher la peau des mains.

Quatre repas par jour, c’est leur ration !

Quand ils se nourrissent, leurs mandibules font un tel vacarme qu’on les entend dans toute la maison. Il est vrai que seul un plancher de châtaignier, sépare le grenier du reste de l’habitation.

Ce châtaignier, le bois dans lequel l’Ardéchois naît, le bois dans lequel l’Ardéchois meurt. Ce bois sert aussi bien à fabriquer les berceaux, que les cercueils ! Et entre deux, il les nourrit, c’est l’osmose parfaite entre l’homme et cet arbre.

Pourtant cette tâche est nécessaire, même vitale, dans ces régions désolées aux hivers si rudes, où la terre est peu généreuse.

Les « échamps » comme on les nomme par ici, ce sont les terrasses cultivées, taillées à flanc de montagne. Au moindre orage, il faut remonter la terre, à dos d’homme pour les plus pauvres, à l’aide d’un âne ou d’un mulet pour les plus nantis.

Lorsque les vers auront tissé leurs cocons, un long fil de soie, de huit cents à mille deux cents mètres de longueur ! Il faudra les ébouillanter, pour tuer la larve, et récupérer les cocons de soie, puis les envoyer à Lyon. Cette soie qui vêtira les bourgeoises de la « haute », après être passée entre les doigts habiles des canuts.

Ce travail épuisant, harassant, rapporte quelques sous. Cet argent sert à se procurer les choses que l’on ne produit pas soi-même, comme les outils ou un âne pour aider aux tâches. Pour le reste, c’est l’autarcie, quelques poules ou lapins, un cochon, sa pauvre terre pour les légumes. La vie des paysans à la fin du XIXème siècle, ça n’était pas celle des images toutes faites, dans l’esprit des gens d’aujourd’hui, qui pensent que c’était une vie « saine » au grand air à bouffer bio.

Que nenni, on ne bouffait pas à sa faim ! Les pommes et patates qui passaient mal l’hiver, et qu’il fallait manger, quand bien même elles étaient un peu moisies, sous peine de crever de faim ! La viande pas tous les jours… Loin s’en faut.

Les soirs d’hiver, on se serrait devant la cheminée, le ventre cuit, le dos glacé, les mêmes histoires ressassées cent fois, les mains toujours occupées, éplucher les châtaignes pour la soupe du lendemain ou le filage pour les femmes. Sur ces plateaux du haut Vivarais, il fait « un froid de loup » à la mauvaise saison, le reste de la maison n’est pas chauffé, alors on ne traîne pas pour aller au lit, récupérer un peu de chaleur.

Mathilde a surveillé les magnans avec un soin jaloux, après leur éclosion, aidée en cela par sa fille Cécile, la cadette Nicolette est encore trop jeune pour aider.

Un matin, alors qu’elle distribue les feuilles de mûrier récoltées dès potron-minet, elle aperçoit dans le grouillement blanchâtre, un magnan plus gros que les autres et légèrement orangé.

Il ne se nourrit pas de feuilles, mais attaque et mange les autres vers. Elle le prend délicatement, puis s’apprête à l’écraser d’un coup de talon, craignant une maladie quelconque, pouvant anéantir le reste de l’élevage.

Le magnan entre son pouce et son index, elle le porte à hauteur de ses yeux. Elle ressent une douce chaleur à l’extrémité des ses phalanges. Étonnant, car habituellement ils sont froids !

Elle renonce à le jeter à terre, elle est comme « vapée », des images multicolores s’enchevêtrent dans sa tête, un bien-être l’envahit. Délicatement, elle repose le ver parmi les autres.

Les magnans ont bien « profités », ils ont quasiment augmenté leur taille initiale de près de quatre-vingts fois ! Alors ils s’agrippent aux branches que l’on a arrimées, et commencent à tisser leur cocon de soie.

C’est la phase la plus délicate. Ils tissent leur cocon durant quarante-huit heures environ, et ce sans interruption. Un orage peut tout gâcher, le bruit les dérangent, ils peuvent interrompre leur tissage à tout moment.

Le magnan orangé lui continue de se nourrir, n’ayant plus de vers à sa disposition, il s’attaque aux cocons et dévore les larves présentes à l’intérieur. Mathilde l’a isolé dans un coin du grenier, c’est son petit secret, pourquoi fait-elle cela ?

Elle-même n’en a aucune idée, elle le fait : c’est tout !

Le « collecteur », comme on le nomme ici, est passé, il a pesé la récolte, cinquante kilos seulement, c’est une toute petite année ! Il a estimé la qualité, a donné quelques pièces, emporté les cocons…

Ce matin, Mathilde, comme à son habitude, se rend au grenier. Surprise ! SON magnan a commencé à tisser son cocon, une teinte orangée comme lui, il est énorme. Il faut dire que le vers était gros lui aussi, deux fois plus imposant que ses congénères !

Le soir avant de se coucher, Mathilde, prétextant un rangement, lampe à pétrole à la main, se rend au grenier. Le cocon est là, énorme, de la taille d’un bonnet de dentelle, comme ceux que l’on met aux nouveaux-nés.

Elle est comme fascinée. Sa main se porte vers l’étrange pelote, puis son geste s’arrête. Dans sa tête, les mêmes images qu’il y a un mois : kaléidoscope de couleurs enchevêtrées. Elle reste prostrée.

- Alors, qu’est-ce que tu fiches ? Tu vas descendre, oui ?

C’est la voix de Fernand, son mari, qui l’appelle depuis le bas de l’escalier.

Fernand, ça n’est pas un malin. Aujourd’hui, on dirait qu’il est brut de décoffrage, un peu rustre, primaire, mais courageux. A la tâche, il vaut deux hommes dans la force de l’âge.

Avec Mathilde, il est gentil, pas prévenant, ça n’est pas bien la coutume que les hommes se laissent aller à montrer leurs sentiments, mais il l’aime bien, Mathilde le ressent.

- Ho !

Elle se secoue.

- J’arrive ! lance-t-elle.

Les jours suivant, rien ne change, le cocon est là, figé, lente métamorphose...

Puis au matin du trente-deuxième jour, Mathilde comme à son habitude se rend au grenier. Le cocon orangé est éventré.

Dans la caisse, une chose bizarre : quinze centimètres de haut environ, un œil unique et noir comme le jais, qui la fixe. L’étrange kaléidoscope se remet en route dans sa tête, des images de sang, de viande, de nourriture, de sang frais : manger… Tout de suite…

Mathilde se rend au poulailler, elle est dans un état second, Fernand est aux champs, sa fille garde les trois malheureuses chèvres. Elle se saisit de l’une des poules.

La volaille tenue par les pattes, elle rejoint le grenier, dépose le poulet dans la caisse hébergeant la drôle de créature. D’un mouvement brutal et rapide, cette dernière a bondit sur la galline et l’a saignée comme le ferait une belette.

Mathilde est horrifiée, mais aussitôt des images colorées et apaisantes envahissent son esprit, elle se calme, se détend, et sourit même à l’étrange chose qui se délecte du sang de sa victime, que quelques soubresauts agitent encore.

Le lendemain, Mathilde occupée à « tremper » la soupe, ressent tout à coup l’impérieux besoin de se rendre dans la remise, là où sont alignés les clapiers. S’essuyant les mains sur son tablier, elle cesse son travail et, tel un automate, se dirige vers les petites cages. Elle ouvre l’une d’elles, saisit un beau lapin par les oreilles, puis entre dans la maison, toujours dans un état second, grimpe l’escalier menant au grenier et, devant la caisse de son magnan, elle pose le lapin devant la "chose" qui se précipite sur sa proie et la saigne immédiatement.

Deux jours se sont écoulés, Mathilde « entend » à nouveau l’appel de la bête. Lentement, elle gravit l’escalier, retrousse sa manche, s’approche de la caisse.

La bouche collée à la pliure de son avant bras, les dents aigües ont facilement trouvé la veine, la "chose" se repait du sang de la femme.

C’est alors que Nicolette, sa fille cadette surgit, sa tête est coiffée d’une casserole en cuivre, elle joue à la guerre, avec le Toine, le fils du voisin.

- Maman ! Qu’est-ce que tu fais ?

Mathilde ne répond pas, elle est dans un état second.

La chose veut prendre possession de l’esprit de la fillette, malgré ses efforts elle n’y parvient pas, le « casque » en cuivre fait obstacle ! Horrifiée, Nicolette s’approche…

- Laisse ma Maman ! hurle-t-elle. Puis se saisissant de l’un de ses esclops, elle commence à frapper l’horrible bestiole, qui lâche prise, se pelotonne sous les coups furieux de la fillette.

Un coup plus violent, le crâne éclate, un dernier soubresaut, la « chose » est enfin immobile.

Mathilde revient à elle…

- C’est quoi ça ? murmure-t-elle en regardant la bouillie informe allongée dans le fond de la caisse.

- J’sais pas M’man, mais elle te faisait bobo !

(ch'tiot crobard Andiamo 2011)

mardi 8 février 2011

Tant-BourrinMon prochain album (11)

Je sais, je sais : deux années de silence, ça vous a paru bien long. Peut-être imaginiez-vous même que j'avais renoncé à ma fabuleuse carrière artistique qui ne va pas tarder à décoller tel un pois sauteur du Mexique vers le sommet des hit-parades ? Tsss, ce serait mal me connaître ! Je crois en ma destinée et tous ceux qui m'ont mis des bâtons dans les roues en seront réduits un jour à me supplier de les laisser me lécher les orteils.

Non, en fait, au vu de votre réaction, aussi glaciale qu'un sourire de Poutine, lorsque que je vous ai présenté ma dernière maquette d'album pourtant vachement chiadée, j'ai décidé de bouder un peu. Na.

Et il faut dire qu'il y avait de quoi, merde ! Surtout que votre manque d'enthousiasme était déjà perceptible à l'écoute de mes maquettes précédentes (, , , , , , , et itou).

J'ai donc décidé que vous ne me méritiez pas. J'ai dit.

Mais après deux ans de réflexion intense, j'ai réalisé que sans acheteurs, j'aurais du mal à vendre mon prochain album de la mort qui déchire sa race.

Alors je reviens, mais soyez sympas cette fois, hein ?

D'autant que j'ai sous le bras une nouvelle maquette si puissante que j'ai l'impression de manipuler de la nitroglycérine. Un putain de concept-album qui laissera une trace brûlante dans l'histoire du rock !

Malheureusement, alors que j'avais eu une ligne de crédit illimitée pour ma maquette précédente (grâce à mon ami Bernard), j'ai dû cette fois faire avec les moyens du bord et partir à la chasse aux sponsors pour trouver le financement de mon projet. En particulier, il me fallait de quoi rémunérer les enfants de l'école primaire Hippolite Laganache pour leurs chœurs en leur offrant un goûter. C'est fou ce que le prix des BN a augmenté !

Au final, j'ai fini par trouver un fromager du Nord auquel j'ai réussi à vendre mon idée de concept-album chantant les louanges des produits de sa région. Il n'a certes pas accepté de financer mon projet en monnaie sonnante et trébuchante, mais il m'a fourni gratuitement cinq quintaux de Maroilles dont la date limite de consommation était légèrement dépassée.

Cela m'a permis d'offrir le goûter promis aux enfants (après tout, le Maroilles est meilleur pour la santé que les BN) et, en revendant quelques fromages sous le manteau, j'ai pu réunir de quoi payer la production de cette maquette que je vous propose d'écouter.

Attention, chef-d'œuvre ! Ça va décalaminer vos portugaises !




Cliquez sur l'image pour voir la pochette en grand

Tant-Bourrin - Un vieux débris de Maroilles


Dis donc Ninon, quelle infection !
Dis donc Ninon, ça pue, ça cogne !
Comme un parfum de troufignon...
Peuchère, ça sent la charogne !
Hé, peuchère, ça sent la charogne !

T'affole pas, c'est juste un vieux débris de Maroilles
T'affole pas, c'est juste un vieux débris de Maroilles

Dis donc Ninon, quelle infection !
Dis donc Ninon, ça pue, ça cogne !
Comme un parfum de troufignon...
Peuchère, ça sent la charogne !
Hé, peuchère, ça sent la charogne !

T'affole pas, c'est juste un vieux débris de Maroilles
T'affole pas, c'est juste un vieux débris de Maroilles

(Téléchargeable directement ici)


Alors ? Plutôt décoiffant, non ?

Un seul petit truc me chiffonne : mon mécène fromager, quand je lui ai fait écouter mon tube, a pris une drôle de couleur, dans des tons violacés, s'est tenu le cœur et est tombé à la renverse.

Bah, c'est sûrement l'émotion, le syndrome de Stendhal. Je le comprends : moi-même je me sens presque tomber en pâmoison quand je m'écoute.

En revanche, c'est plutôt au bord du nervous breakdown que je suis quand j'entends les mauvaises langues qui pérorent encore et laissent entendre qu'il y aurait peut-être un soupçon de début de commencement d'ébauche de ressemblance entre ma maquette et ça !

Pfff, je préfère ne pas répondre, il y en a qui ne manque pas d'air !

Heu... d'ailleurs, à propos d'air, je me demande si c'est une bonne idée d'avoir stocké les cinq quintaux de Maroilles dans mon salon. Je sens que je vais avoir du mal à tout écluser...

Un Maroilles en prime avec chacun de mes CD, ça serait peut-être une bonne idée ?

vendredi 4 février 2011

AndiamoLes solutions d'Onc Andiamo II

Il y a deux ans, je vous avais livré quelques solutions afin d’éviter :

- Les repas de réveillons onéreux,

- La belle mère envahissante,

- Des dépenses somptuaires en faveur d’adoléchiants boutonneux, et pas toujours méritants,

- Etc.

Devant l’immense succès (comment, j’exagère ?) remporté par ce billet, j’ai décidé de vous faire bénéficier de mon IMMENSE expérience dans le domaine du : comment emmerder ceux qui voudraient vous emmerder !

1) Les mômes des autres… Ils sont un peu comme les pets, il n’y a QUE les siens que l’on supporte !

Vos amis, sœurs, frères, etc., vont débouler avec leurs chiards, pour le sempiternel repas dominical.

Des modèles ! Studieux en classe, polis, ne parlant que si on les interroge. Alors que les vôtres n’en foutent pas une rame, doivent être rappelés à l’ordre pour dire bonjour, coupent la parole aux adultes, mangent comme des gorets : des mômes normaux en somme !

Quoi de plus énervant ? Les parents sont là, étalant les résultats scolaires, montrant comment leur dernière sait bien placer ses mains en couronne. Pensez ! Quinze jours qu’elle pratique la danse « classique » ! Elle est douée, nous a affirmé son PROFESSEUR, lâche l’autre conne de belle-sœur en faisant sa bouche en cul de poule !

Ah ! Ça agace, et il y a de quoi, je vous comprends, je suis passé par là !

Alors voilà, suivez LE conseil d’Onc’ Andiamo.

Laissez les parents étaler les prouesses de leur progéniture acnéique, les gamins jouent ensemble dans la chambre des enfants… Au docteur ? Peut-être !

Puis au bout d’une demi-heure, prenez l’air le plus détaché du monde et déclarez :

- Nous revenons d’un voyage dans les Caraïbes. Patrick et Charlène ne sont pas biens, nous avons pris rendez-vous avec le professeur Mollard, le spécialiste des maladies tropicales, car nous craignons beaucoup, surtout avec le choléra qui sévit dans ces régions en ce moment…

Et là, vous verrez la tronche des deux abrutis virer au vert. Ils prétexteront une casserole de lait oubliée sur le feu et appelleront leurs chers anges, leur intimant l’ordre de se rhabiller et de partir au plus vite !

- Vous ne voudriez pas que notre appartement parte en fumée ?

- Ben non !

- Alors on rentre ! N’embrassez pas vos cousins, et excusez-nous, une autre fois peut-être ? Et tenez nous au courant, ça n’est peut-être pas aussi grave !

Et hop ! Partis. Bien sûr vous n’aviez pas préparé un repas pour huit personnes, seulement pour vous quatre… On est si bien en famille !

La belle-doche qui rapplique à l’improviste ?

A l’improviste certes, mais curieusement toujours au moment du dîner !

- J’avais une tite course à faire dans l’quartier, alors j’chu v’nu faire un p’tit bécot à ma fillotte ! Hummmm, ça sent bon chez vous, c’est quoi dans le grand faitout, qui mijote et qui sent si bon ?

- Une soupe à la culotte Belle-Maman, et de la ragougnasse de tétons de négresses. Vous resterez bien avec nous pour dîner ?

- Euh… Une autre fois peut-être, j’ai un reste de tarte aux nouilles qui m’attend... Au revoir, vous embrasserez Véronique pour moi.

Et voilà, ça n’est pas compliqué, vous êtes resté poli, avenant, vous l’avez même invitée, mais elle n’est pas restée, ainsi votre épouse ne pourra pas vous faire l’ombre d’un reproche ! Le gendre i.dé.al !

Vous êtes invités chez une amie de votre épouse ?

Elle est moche, imbaisable, elle va encore vous bassiner avec « les feux de l’amour » ou l’élection de la dinde de l’année : une Bretonne ! Tu sais où elle peut se le foutre son menhir, la Bretonne ?

Pas de panique ! Voici le moyen de faire plaisir à tout le monde tout en échappant à la soirée...

Tout d’abord, allez chez le marchand de farces et attrapes du coin, achetez (ou volez-les) deux « boules puantes ».

Rentré chez vous, précipitez-vous aux toilettes : prétextez la chiasse du siècle !

- Tu sais Minou, si tu n’es pas bien, on peut rester, je vais téléphoner à Bertille afin de décommander, vous déclare votre épouse attentionnée.

- Non Bibiche ! J’aime trop ta copine et son mari (supporter du PSG) pour décliner l’invitation.

- T’es gentil Minou ! (et toc la bourgeoise dans la poche).

Vous arrivez chez la bonne copine, après avoir tourné une demi-heure avant de dégauchir une placarde, vous sonnez, tout en vous tenant le ventre et en sautant d’un pied sur l’autre.

A peine la porte ouverte, vous vous précipitez aux cagoinsses (deuxième porte à droite, suivez les mouches !) et là vous émettez quelques borborygmes destinés à imiter le bruit d’un intestin en surcharge, puis vous écrasez une boule puante.

Retour vers le salon, la télé est allumée : tu penses ! C’est la retransmission du match de la demi-finale de la ligue des clubs non vainqueurs de la coupe départementale, des clubs engagés… Vachement crucial !

Bien sûr, vous trainez l’odeur de la boule puante… La gueule de vos hôtes !

Prenez votre air crétin (même pas à se forcer) et bredouillez un : s’cusez moi, j’ai la boyasse en charpie, ça me prend tous les quarts d’heure…

La copine qui hume, tord le nez, retient un haut de cœur.

- Ben dis donc, ça m’a l’air sérieux ! On SENT bien que tu n’es pas dans ton état normal, t’as bouffé un putois ? Ça te prend tous les quarts d’heure dis-tu ? Tu devrais rentrer chez toi, c’est peut-être dangereux… Marcel, n’allume pas ta cigarette… On ne sait jamais !

- Ecoute, je suis désolé, mais effectivement, je pense qu’il serait plus raisonnable que nous rentrions… Une autre fois peut-être ?

Et voilà, et vu l’état de l’atmosphère après votre passage, ils ne sont pas prêts de renouveler l’invitation !

C’est marrant, vous avez remarqué ? Vous possédez une petite bicoque à la cambrousse, quand vous l’avez achetée, il y avait pas mal de travaux à effectuer. Pas l’ombre d’un copain, tout le temps qu’ont duré les travaux !

Maintenant qu’elle est pimpante, fraîche et accueillante, tout le monde rapplique les week-ends ainsi qu’aux grandes vacances !

Pas de panique ! J’ai la clef qui leur fermera définitivement la porte de votre charmante villégiature.

Avant l’arrivée des importuns, ne tondez pas la pelouse, cueillez les haricots verts, allez acheter une dizaine de kilos d’abricots, videz quelques seaux d’eau additionnés de brou de noix dans le sous-sol.

Quand vos amis arrivent, discrètement allez écraser la seconde boule puante (je vous avais bien dit d’en acheter deux !) dans le sous-sol.

Auparavant, vous aurez chaussé vos bottes. En entendant la voiture, sortez en prenant l’air affolé :

- T’arrives bien Robert : y’a la fosse septique qui a débordée, prends une paire de bottes dans la remise, et viens m’aider s’il te plait, il va falloir écoper ! T’es pas trop dégoûté au moins, Robert ?

- BEEEUUUU non… SLUUUUURP ! Le voilà qui appelle RAOOOUUUUL !

Au même instant, votre charmante épouse se précipite vers sa « bonne » copine :

- Thérèse (celle qui rit souvent), comme tu me fais plaisir, je ne m’y attendais pas ! Mais si tu veux manger ce soir, il y a les haricots verts à préparer, puis nous allons faire des confitures, car il ne faudrait pas perdre tous ces bons abricots que le voisin nous a donnés.

Faites-moi confiance : en voilà deux que vous n’êtes pas près de revoir !

Et enfin, le réveillon GORE !

C’est koitesse ? allez-vous me dire.

Rien de plus simple, marre des faux derches qui viennent s’empiffrer au moment du réveillon ? Ceux qui vous disent :

- Tiens Gaston, on pourrait réveillonner chez toi : la fosse septique fonctionne à nouveau, et puis tu as un grand séjour dans ta cambrousse, ce serait formidable ! Lucette et moi nous apporterons la bûche….

Ben tiens !

La veille du réveillon, rendez-vous chez votre poissonnier préféré, achetez : des huitres, des oursins, des pinces de crabes (bien grosses ce sont les plus dures), des bigorneaux, et enfin des amandes de mer.

Avant que vos invités arrivent, disposez dans de grandes assiettes, aux emplacements des convives : les pinces de crabes, les huîtres, les oursins, les amandes de mer et… les bigorneaux.

Vous aurez auparavant prévu d’acheter une pince genre casse-noix, et un couteau à huîtres, PAR COUPLE.

Après l’apéro (pas de champagne… Trop cher !) On passe dans la salle à manger…

- OH ! Des fruits de mer ! Quelle bonne idée ! entament dans un chœur parfait vos invités.

Et vous, à ce moment-là, prenez votre voix la plus suave et déclarez :

- A la guerre comme à la guerre… Chacun se débrouille (oui, j’ai écrit débrouille).

Un détail encore : mettez sur la table plusieurs rouleaux de "sopalin".

Et maintenant : que le spectacle commence !

Les couteaux à huîtres qui ripent… AÏE ! OUILLE ! Les oursins (une bestiole qui adore la viande) Putain ! Ça pique ! Les casse-noix qui pincent la peau des mains quand ils ripent sur les grosses pinces de crabes…OUH LA LA !

Et les amandes de mer… T’as déjà ouvert des amandes de mer ? Pas fastoche !

Alors on assiste au ballet des feuilles de sopalin, qui rougissent à vue d’œil, à la jolie toile cirée (surtout pas de nappe en tissu elle serait gâchée) qui se constelle de points rouges, aux jolis pinçons qui prennent une teinte bleuâtre.

Quelle belle harmonie de couleurs, quel doux concert de gémissements… Un bonheur !

Et je vous assure que plus jamais on ne vous cassera les pieds (oui j’ai écrit pieds) à venir réveillonner chez vous !

En conclusion : on dit merci QUI ?

samedi 18 décembre 2010

Tant-BourrinLe Blogbodico (13)

Vous le savez bien, fidèles de ce blog que vous êtes : chez Blogbo, on gâte-pourrit nos lecteurs.

En voici une nouvelle illustration : avant même que ne résonnent les chants de Noël, voici, déposé avec amour dans vos petits souliers (les gros sabots en ce qui concerne Saoul-Fifre), le treizième tome du Blogbodico. Et, en prime, je vous donne même les liens des douze tomes précédents, histoire de compléter éventuellement votre collec' : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11 et 12.

Alors, qui a dit que le Père Noël n'existait pas ? Pas moi !... (heu, si finalement)


Cash-misère : (n.m.) Paye dérisoire ne permettant pas d'assurer un niveau de vie convenable. Après avoir touché son cash-misère, il fit rapidement ses comptes : une fois le loyer payé, il ne lui resterait même pas de quoi s'offrir un peu de cash-sexe avec des filles de joie.

Catchédrale : (n.f.) Église principale d'un diocèse, où se pratiquent des combats de catch. Au cours d'une soirée sportive mémorable dans la catchédrale, White Bishop est venu à bout de l'Ange du Mal grâce à une superbe clé de bras, qui fit pousser au vaincu un immense cri de douleur : "ouaille !".

Duo des gnomes : (loc.) Chant à deux voix exécuté par un couple de personnes de petite taille et difformes. Le duo des gnomes a merdé, suite à des querelles intestines.

E-berné : (adj.) victime d'une fraude sur Internet. Comprenant qu'il ne recevrai jamais le congélateur commandé et qu'il avait été e-berné, il perdit son sang-froid et se mit à bouillir. Homonyme : ibere-né (voir ce mot).

Fuck simulé : (loc.) Simulacre de copulation. Le fuck simulé ne favorise pas la reproduction.

Gibiais : (n.m.) Personne dégageant un fort attrait, observée discrètement d'un regard en coin. Comme il était timide, il guettait le gibiais à défaut de le tirer.

Ibère nation : (loc.) Espagne. L'Ibère nation pâtit souvent de la canicule.

Ibère-né : (adj.) natif de Espagne. Homonyme : e-berné (voir ce mot).

Marabouse : (n.f.) Excrément sur lequel on vient de marcher et donnant à penser que l'on est victime d'un mauvais sort. Syn. : malchiance.

Masturbaniste : (n.m.) Technicien spécialisé dans l'ordonnancement des espaces urbains qui songe avant tout à se faire plaisir dans ses travaux. - Tas vu l'aménagement du nouveau quartier ? C'est tape-à-l'oeil mais je n'aimerais vraiment pas y vivre ! - Sûr ! Le côté pratique de leurs réalistions, les masturbanistes n'en ont rien à branler !

Noeud tatillon : (loc.) Membre viril particulièrement soigné, dont le propriétaire est extrêmement minutieux et attaché aux moindres détails. Elle écarta ses jambes pour lui offrir son utérus mais, découvrant l'aspect peu soigné du col ouvert, il refusa d'y mettre son noeud tatillon.

Pastagada : (n.m.) Boisson anisée agrémentée de friandises parfumées à la fraise. Un pastagada ? Et pourquoi pas un ricarambar tant que t'y es ? (voir ce mot)

Réglycémie : (n.f.) Présence physiologique du glucose dans le sang provoquée par un abus de friandises. Pastagada et Ricarambar peuvent engendrer une réglycémie (voir ces mots).

Ricarambar : (n.m.) Boisson anisée agrémentée de friandises au caramel. Un ricarambar ? Et pourquoi pas un pastagada tant que t'y es ? (voir ce mot)

mardi 14 décembre 2010

AndiamoComa

Le buzzer insiste… BZZZZ BZZZZZ BZZZZZ !

- Déjà ? Oh non ! Allez, encore une petite minute…. Merde, un quart d’heure ! Je me suis rendormie un quart d’heure !

Mireille est debout, bien réveillée cette fois, les pieds dans ses petites mules bordeaux, un peu usées mais tellement confortables !

Après le passage obligé aux toilettes, qui fait cesser le balancement d’un pied sur l’autre, Mireille est dans la cuisine, l’eau dans la cafetière, le café moulu dans le filtre, le bouton sur : « ON ». Elle sort deux bols, deux cuillers à café de « Nesquick », les petits pains au lait bien en évidence, le gros pot de Nutella, les biscottes pour elle.

Régis est déjà parti : aujourd’hui, il avait rendez-vous à Marseille. Un contrat très important pour sa société, un nouveau logiciel de gestion « ré-vo-lu-ti-on-nai-REU » lui a-t-il dit hier soir, en souriant. « Je devrais prendre le T.G.V à sept heures, gare de Lyon, je me lèverai de bonne heure ».

- Dors tranquillement, mets ton réveil, je partirai sur la pointe des pieds.

Mireille est sous la douche, tiède d’abord, puis… trois secondes d’eau glacée : c’est long trois secondes parfois…

Habillée à la hâte d’un pantalon gris clair et d’un col roulé en jersey bordeaux, elle entre doucement dans la chambre de Roselyne, se penche sur le lit de la fillette :

- Debout mon ange, il est l’heure !

- MMMHHH…

- Allons, debout Princesse, nous sommes déjà en retard !

- B’jour M’man.

- Bonjour mon cœur.

Un gros poutou qui claque, Roselyne est debout.

Une jolie fillette de sept ans, longs cheveux châtains, un joli visage : copié-collé sa Maman, leur dit-on chaque fois qu’elles sont ensemble !

Mireille a laissé Roselyne s’habiller, puis elle est allée dans la chambre contiguë.

- Bonjour mon Pierre ! On se lève, on quitte son joli rêve : le chocolat t’attend !

Une tête frisée sort de la couette imprimée d’un énorme OUI-OUI.

- Bonzou Manman !

- Bonjour mon chéri, bien dodo ?

- Voui.

Le café est passé, Mireille porte dans ses bras le petit Pierre, âgé de trois ans, le pouce dans la bouche, sa main libre « tournicote » une boucle de ses jolis cheveux blonds.

Elle l’assied devant la table, puis verse le lait chaud dans les bols, « touille » afin de dissoudre le chocolat.

Elle reste debout, sa tasse de café dans une main, dans l’autre une biscotte qui craque sous la dent.

Son petit déjeuner avalé, elle houspille un peu les enfants : le déjeuner traîne trop, ils vont être en retard !

Le chemin de l’école : trois feux rouges, dix minutes, arrêt devant la porte, les klaxons des automobilistes bloqués derrière, la bise à Roselyne.

- A ce soir ma chérie !

- A ce soir M’man !

Le rouquin arrêté derrière la Twingo rouge, rouspète.

Mireille hausse les épaules, embraye, puis deuxième à droite, deux cents mètres, se gare : moitié rue moitié trottoir, descend, détache petit Pierre, le conduit jusque dans la cour de la maternelle.

- Bonjour Mademoiselle Caron, je vous laisse mon petit Pierre, je suis pressée ! A ce soir Mademoiselle !

- A ce soir Madame Fournier !

Rapide coup de volant, démarrage à cinq euros, les roues patinent, le train avant « cire » un peu. Combien de fois Régis a-t-il rouspété, quand elle démarrait de la sorte ?

- Ça ne sert à rien : tu bouffes du pneu, tu flingues l’embrayage, ainsi que les cardans ! Mais va faire un cours de mécanique à une bonne femme…

Mireille souriait, le regardait, clin d’œil prometteur… Régis fondait… Comment résister ?

La banque, une petite agence de la rue de Paradis, dans le Xème arrondissement, un parking privé pour les employés, une véritable aubaine !

« Bonjour ! », lance-t-elle à la cantonade en pénétrant dans « l’arrière-boutique », là où se trouvent les vestiaires. Trois employés plus le directeur, sympas, ils se connaissent depuis pas mal d’années et n’échangeraient leur place pour rien au monde, même un poste un peu plus rémunéré !

Une bonne entente entre collègues, ça vaut toutes les rallonges, se plaisent-ils à répéter… Et c’est vrai !

Dix heures trente. Dans le sas, une femme portant un enfant dans les bras, demande l’ouverture. Mireille lève la tête et appuie sur le bouton vert commandant la porte : cette dernière s’ouvre…

Alors, brusquement, un homme emboîte le pas de la jeune femme, il est armé d’un pistolet apparemment de gros calibre. La jeune femme jette à terre ce qui semblait être un bébé : ça n’est qu’un baigneur emmitouflé. A son tour, elle brandit une arme. « Les mains en l’air, connasses », hurle-t-elle !

Mireille et Liliane, sa collègue, ont lentement levé les mains. Toutes deux lisent la peur dans le regard de la femme qui les braquent.

L’homme s’est approché de Liliane et lui pose le canon de son révolver sur la tempe, puis hurle à l’adresse du directeur de la petite agence :

- Toi, le dirlo, ouvre le coffre ou j’ la bute !

Mains levées, Patrick s’est avancé :

- Mais nous ne contrôlons pas l’ouverture, elle se fait à distance, justement afin d’éviter les vols.

- Ta gueule, démerde-toi ! J’veux du fric ou je la bute !

Ce disant, il a appuyé un peu plus fort le canon de son arme conte la tempe de Liliane.

- Lui faite pas d’mal, hurle Mireille !

Alors la femme qui tient l’arme se tourne brusquement vers elle :

- Ta gueule la meuf !

PAN ! Le coup est parti… La détente trop sensible ou la nervosité de la femme ? Mireille s’écroule, un filet de sang coule de son temporal gauche.

- T’es conne ! hurle l’homme, qu’est-ce que t’as fait ?

Hébétée, la femme articule : je… je….

- Allez, on s’casse ! Les keufs vont rappliquer… Dégage, nom de Dieu ! Dégage !

Le Samu, l’hôpital Saint Louis, tout proche, les urgences.

On a prévenu Régis, il a tout abandonné puis est rentré par le premier T.G.V, sa sœur est allée chercher les enfants.

Il est là, il attend dans la salle près du bloc, des heures… Enfin le chirurgien apparaît, l’air fatigué, plus de cinq heures d’intervention.

- Votre femme est vivante, mais je vous dois la vérité : le cerveau a été touché, il y aura au mieux de graves séquelles. Au pire, elle restera dans le coma !


Six mois ont passés, au début Régis venait chaque jour, puis tous les deux jours. Depuis un mois, il ne vient qu’une fois par semaine.

Ce dimanche, il regarde « sa » Mireille : mon pauvre cœur, tu ne m’entends pas, je te vois, mais où es-tu ?...

Le buzzer insiste… BZZZZ BZZZZZ BZZZZZ !

Déjà ? Oh non ! Allez, encore une petite minute…

Merde, un quart d’heure ! Je me suis rendormie un quart d’heure !

Je suis debout, bien réveillée cette fois, les pieds dans mes petites mules bordeaux, un peu usées mais tellement confortables !

Après……………..toilettes, qui fait cesser le balancement d’un pied sur l’autre ! Je suis dans la cui………………………………….. filtre, bouton sur : « ON », je sors deux bols, deux cuillers à café de Nesquick, les petits pains au lait………………….. pot de Nutella, les biscottes pour moi…

………………………..

- Debout mon ange, il est l’heure !

……………………………………

- Ta gueule la meuf ! PAN !

Tu ne m’entends pas Mireille… Tu ne penses plus à rien, ton pauvre cerveau en bouillie est mort… Que faire ? Mon Dieu que faire ?

Le buzzer insiste… BZZZZ BZZZZZ BZZZZZ !

Déjà, oh non ! Allez enc………………………..ite minute….

Merde, un quart d’heure ! Je me s……………………………..rt d’heure !

Je suis debout, bien réveillée cette fois, les pieds dans mes peti……….ules bordeaux, un peu usées mais telle………..ortables !

Après le passage obligé aux toil…………………………….. d’un pied sur l’autre ! Je suis dans la cuisine, l’ea…………………………….oulu dans le filtre, bouton sur : « ON », je sors deux bols, deux cuill……………………………………… au lait bien en évidence, le gros pot de Nutella, les bis……….. moi…

………………………..

- Debout mon ange, il est l’heure !

……………………………………

- Ta gueule la meuf ! PAN !

- Monsieur Fournier…. Voilà, je… Nous voulions mon équipe et moi vous suggérer de mettre fin à cet état. Son cerveau est mort, nous la maintenons en vie artificiellement depuis dix jours… C’est sans espoir, sa tête est vide, Monsieur Fournier. L’encéphalogramme est plat : elle est morte !

Morte ? Je suis morte ?

Le buzzer insiste… BZZZZ BZZZZZ BZZZZZ !

Déjà ? Oh non ! Allez……………e petite minute….

Merde, un quart d’heure ! Je m………….ormie un quart d’heure !

Je suis debout, bien réveillée cette fois, l………………………. mules bordeaux, un peu usées mais tellement confortables !

Après le pass……………………lettes, qui fait cesser le balancement d’un pied sur l’autre !

Je suis ………., l’eau dans la caf..re, le café moulu dans le filtre, bouton sur : « ON », je……….s, deux cuillers à café de Nesq………………ins au lait bien en évidence, le gros pot de Nut…………………..our moi… '' ………………………..

- Debout mon ange, il est l’heure !

……………………………………

- Ta gueule la meuf ! PAN !

- Débranchez-la, Docteur !

- NON, Régis ! NOOOON !

Le buzzer insiste… BZZZZ BZZZZZ BZZZZZ !

Déjà, oh non ! Allez encore un………. minute….

Merde, un quart d’he… ! Je me suis rendo…..uart d’heure !

Je suis debout, bien réve………tte fois, les pieds dans mes petites mu……..eaux, un peu us. …

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