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jeudi 9 juillet 2009

Saoul-FifreLe comble de la jardinière

Calune possède un balcon bien garni, et entre autres choses par une vaste jardinière accueillante. Je la connais, elle va encore grincher que je dévoile sa vie privée, que je me mêle de ce qui ne me regarde pas, mais justement, elle aussi me maile souvent, alors on est quitte. Elle reste quitte au sujet de ma boîte. Dans cette jardinière elle a planté des tomates. Pourquoi des tomates ? Parce que c'est rouge. C'est essentiellement politique. L'amour est cerise et le braquemart turgescent est tomate aussi, voire aubergine, chez certains nobles à sang bleu. Mais la révolution a prospéré sur le fumier de l'ancien régime, et les profiteux, ces gourmands, faut leur couper la tête.

Puisque l'on en est aux usurpateurs, j'en suis un beau vu qu'elle me croit spécialiste en ces léguminacées gorgées de jus, moi qui me targue d'être un détaché cultural. Le jardin est mon alter ego. Nous nous observons mutuellement, je suis sa muse, il est mon inspirateur. Je me méfie des tropes trop normatives. Je ne suis pas le genre à obéir aux conseils d'Hubert le jardinier . Cette année, j'ai planté mes tomates sur un terrain fertilisé à donf pendant plusieurs années par le lama et les chevaux. J'ai donc estimé que le facteur limitant n'était pas la fumure et j'ai laissé mes plants se vautrer dans la luxuriance la plus décomplexée. J'arrose à la raie et les fruits murissent, gonflent, se remplissent, se saturent de senteurs saturnales. Leur peau se tend comme celle d'un tambour. La sève pulsée dans les veines bat son rythme lancinant et prometteur de dégustations juteuses. Je palpe des rondeurs molles à souhait sous la paume. Je me laisse alors aller à les cueillir sans remords. J'aime à penser que leur prédilection est d'être mordues à pleines dents, juste arrosées d'un filet d'huile d'olives, plutôt que la déréliction, oubliées, plissées, desséchées.

La solanine (petite fille seule, en castellano) est un poison violent présent dans la belladone, le tabac, le datura, la mandragore et ... la tomate. Quand Calune me dit qu'elle adore cette odeur forte, se renifler la main après en avoir touché les tiges, j'espère simplement qu'elle ne pousse pas la tendance morbide jusqu'à s'en lécher les doigts et les babines ?

Elle a eu beau chercher, lancer des appels au secours, elle n'a pas trouvé de tuteurs suffisamment rigides et longs. Résultat, la tige maîtresse de son plant, pourtant vigoureux, s'est pitoyablement pliée. La solution, pourtant simple, en pincer le bout, n'eut pas l'heur de lui sourire car elle répugne au gaspillage. Spectacle désolant que ce tronçon tristounet pendant lamentablement, languissant après un peu d'aide, quelques soins, de chauds encouragements ? De toute façon, il faut savoir raison garder et modérer ses espérances. Une belle plante d'1 m 50 de hauteur devrait pouvoir combler largement les attentes les plus gloutonnes. Alors, taillons, bloquons la montée de sève qui favorisera d'autant plus le gonflement des organes floraux encore juste initiés mais bientôt délicieusement fructifères.

Ah oui, j'oubliais ! Je dois à Ophise l'explication de mon titre ! Le comble de la jardinière, c'est de se mettre à poils devant ses tomates pour les faire rougir.

Tous les petits de maternelle le savent.

mercredi 1 juillet 2009

Tant-BourrinLe blogbodico (9)

Je le sens bien : à l'approche des vacances, lecteurs et lectrices abhorrés adorés, vous avez envie de vous changer les idées. Ne pouvant décidément rien vous refuser, j'ai donc décidé de vous offrir du neuf sur ce blog.

Oui, le tome neuf du Blogbodico, que j'avais un peu délaissé après les tomes 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 et 8.

C'est donc reparti pour une nouvelle livraison. Je vous souhaite à tous une bonne fournée ! :~)




Alcoolonie de vacances : (n.f.) Séjour organisé pour accueillir un groupe d'enfant et les initier à la beuverie. Cet été, je pars en alcoolonie de vacances dans le Beaujolais. C'est ce qui s'appelle passer ses vacances au verre !


Cahier-décharge : (n.m.) Cahier compilant un ensemble de textes et de photos à caractère érotique, propice à la pratique de l'onanisme. - Il est superbe, ton cahier-décharge, mais pourquoi as-tu passé du typex un peu partout ? - Ce n'est pas du typex.


Chattellite : (n.m.) Homme qui tourne autour d'une jolie femme et plus précisément de son sexe, ce dernier constituant le centre de gravité de toutes ses pensées lubriques. Un chatellite peut également être en orbite autour de la lune. Homonyme : chatte-élite (sexe d'une poule de luxe inaccessible au commun des mortels).


Cri-Eugénie : (n.m., en référence à l'impératrice Eugénie qui était coïtophobe) Hurlement de plaisir émis par une femme frigide en vue de simuler le plaisir. Le cri-Eugénie fait chaud au coeur des maris naïfs.


Croquis gnôlé : (n.m.) Technique de dessin relevant du cubicubisme (voir ce mot). J'ai fait ce croquis gnôlé après une trentaine de mignonnettes.


Cubicubisme : (n.m.) Mouvement artistique initié par des peintres tels que Pablo Picolo et Georges Branque consistant à peindre dans un état de conscience modifiée par l'absorption prélable et en grande quantité de vins de tables en provenance de différents pays européens. Le cubicubisme, c'est à gerber !


Grappe porcine : (n.f.) Paire de testicules particulièrement sales et peu ragoûtants. En cas de soupçon de grappe porcine, il est recommander de la lâcher.


Kaputalisme : (n.m.) Résidu, après effondrement sur ses propres bases, d'un système de production dont les fondements sont l'entreprise privée et la liberté du marché. Le kaputalisme peut être opposé au fossecommunisme.


Kréma-thorium : (n.m. inv.) Bonbon parfumé aux isotopes radioactifs d'un métal de la famille des actinides. Trop mortels, tes Kréma-thorium !


Macchabécédaire : (n.m.) Livre destiné à apprendre l'alphabet et la mort aux enfants. A comme abattu, B comme butté, C comme clamsé, D comme défunt... Quel magnifique macchabécédaire !


Parasétamoule : (n.m.) Produit pharmaceutique destiné à favoriser la pilosité pelvienne chez la femme et à faire monter la fièvre chez certains hommes. Après que sa compagne eût pris une dose de parasétamoule, René-Louis Lafforgue composa "Julie la brousse".


Velcrotte : (n.f.) Déjection canine possédant la propriété de rester fermement collée à la semelle du passant inattentif qui a marché dedans, en dépit de tous ses efforts pour s'en débarasser sur le bord du trottoir ou à l'aide d'un mouchoir en papier. La permanence de l'adhésivité des velcrottes est également appelée excrémanence.

dimanche 21 juin 2009

Tant-BourrinMille excuses !

... ou plutôt trente, c'est bien assez !

Autant l'avouer tout de suite : pas de billet aujourd'hui, je n'ai rien de prêt sous la main. En revanche, j'ai quelques justificatifs au choix, vous n'avez qu'à choisir celui que vous préférez.

Si je n'ai pas pu préparer de billet digne de ce nom, c'est parce que...

  1. ... j'ai complètement oublié, c'est ballot !
     
  2. ... halte aux cadences infernales !
     
  3. ... je suis un peu surchargé en ce moment : mon agenda est aussi plein que le Souf' un soir de cuite.
     
  4. ... ma frange me tombe sur les yeux, je n'y vois plus rien.
     
  5. ... je suis très fatigué en ce moment et je n'arrive pas à me concentrer sur ce que
     
  6. ... trop de billets tue les billets.
     
  7. ... je travaille plus pour gagner plus (mais ça ne marche pas trop d'ailleurs)
     
  8. ... j'avais une réunion des Champomiques Anonymes.
     
  9. ... je sors d'une séance de manucure et mon vernis à ongles n'est pas sec : je ne peux pas taper sur le clavier.
     
  10. ... j'essaie d'arrêter de fumer (la moquette).
     
  11. ... je n'ai pas été payé depuis deux mois : que Blogbo S.A. Inc. me paye mon salaire en retard et on en reparlera !
     
  12. ... il y a un temps pour tout : le temps de mon prochain billet devrait advenir aux alentours du 24 septembre 2037.
     
  13. ... j'aime flâner sur les grands boulevards, y'a tant de choses, tant de choses, tant de choses à voir...
     
  14. ... j'ai chopé la grippe porcine en lisant des revues cochonnes.
     
  15. ... la touch "" d mon clavir n march plus, c'st assz g^nant j trouv.
     
  16. ... je préfère faire des pièces de deux euros, c'est plus facile à écouler.
     
  17. ... un Airbus A330 s'est écrasé sur mon immeuble.
     
  18. ... j'ai passé plusieurs heures à parcourir l'intégralité de ce site.
     
  19. ... je n'ai pas fini de m'épiler les aisselles. Et après, il me reste les poils des oreilles à enlever.
     
  20. ... je m'autocensure : j'ai peur que Sarkozy et ses sbires surveillent ce que j'écris.
     
  21. ... j4appren,d à taper( abec tous le's doihgts sur l;e cklavier' maiqs jr ne suis paq encore au poi,nt;
     
  22. ... j'ai un puzzle de 14000 pièces à finir (une reproduction d'un monochrome bleu de Klein).
     
  23. ... mon clavier est parti en vacances dans sa villa corse.
     
  24. ... j'ai commencé mon entraînement de farniente en prévision de mes congés.
     
  25. ... j'avais de l'épandage de lisier à faire sur trois hectares de terrain (excuse aimablement prêtée par Saoul-Fifre)
     
  26. ... j'ai une tendinite des deux poignets compliquée d'une luxation de l'épaule trois-quarts vrillée avec coup de pied à la lune.
     
  27. ... mon *connasse* ordinateur a été *bordel* infecté par le virus informatique Gilles_de_la_Tourette et *grosse pute* je tiens à la tenue de mes billets *salope*
     
  28. ... vanité, tout est vanité ! A quoi bon ?
     
  29. ... j'ai passé trop de temps à écrire ces excuses.
     
  30. ... je n'avais pas envie et je me contrefous royalement des lecteurs.
     

dimanche 14 juin 2009

Tant-BourrinTourtanbrin ou le voyageur impatient

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samedi 6 juin 2009

Tant-BourrinLes p'tits jeunes

Bon, je le sens, cette nouvelle parodie ne va pas redorer mon blason déjà bien sali, mais tant pis... Et j'espère que les fans des Rolling Stones ne m'en voudront pas trop d'avoir touché à la sublime Lady Jane...

Allez, une petite gorgée d'hélium, et en avant la zizique !




Les p'tits jeunes

Paroles : Tant-Bourrin
Paroles originales et musique : Mick Jagger & Keith Richard


Téléchargeable directement ici

Depuis que mon Louis
Est rangé dans une urne
Je m'ennuie de lui
Et surtout de ses burnes
Voilà pourquoi, ma chère
Je laisse parler ma chair
Et je m'en vais voir les p'tits jeunes

Le beau Jean-Kevin
A un vrai corps de rêve
Et sa jolie pine
Grosse comme un Tupolev
M'envoie en l'air, ma chère
Mieux qu'un vibromasseur
Rien ne surpasse les p'tits jeunes

Pour quelques biftons
J'oublie mes varices
Ma retraite fond
Mais au diable l'avarice
Car rester en jachère
Ne me dit rien, ma chère
Je revis avec les p'tits jeunes

samedi 30 mai 2009

Mam'zelle KesskadieMarthe, Marthe ....

Pourquoi ces mots si doux, prononcés par le maître, résonnaient-ils encore comme un glaive au plus profond de sa chair ?

Marie avait toujours été si délicate. Et puis les parents de Marthe avaient demandé tôt à la petite fille d’être grande. Va chercher de l’eau au puit du village, pétris le pain pour maman qui est fatiguée, va chercher l’huile chez le marchand, balaie ce plancher.

Et puis Marie, le bébé, cette chose rose et souriante : Marthe, surveille la petite jusqu’à mon retour. Marthe, il y a les noces de la cousine Judith, garde bien Marie, surtout veille à ce qu’elle mange toute sa part. Marie refusait le pain, cherchait le miel, et Marthe, indulgente, ne savait rien lui refuser. Marie, le rayon de soleil de sa mère, la petite chatte assise sur les genoux du père, Marie dont il fallait couvrir les bévues, cacher les morceaux de la cruche cassée, Marie si jeune quand les parents moururent. Marie, la revanche de Marthe sur la vie trop grande pour les petits bras de sa sœur.

Et puis il y avait eu cette histoire de dot qui avait mal tourné. Marie n’avait pas pu épouser Jacob. Marthe avait pleuré en silence pendant que sa sœur avait sangloté des nuits entières. Devant l’injustice, Marthe n’avait que le recours des orphelines, la prière et le labeur de chaque jour. Il est vrai qu’elles auraient pu être plus dépourvues, il leur restait leur frère Lazare, mais plus d’espoir de mariage.

Puis il était venu. Jésus de Nazareth était passé dans leur vie. Une lumière sur la grisaille de l’occupation romaine, un baume sur son cœur de femme qui n’avait rien d’autre à faire qu’aimer sa sœur et Yahvé et servir son frère

Un homme qui répondait à sa soif de femme qui ne pouvait aimer un époux. Marthe ne se souvenait pas d’avoir ressenti quelque chose de si doux, si suave et si douloureux à la fois.

Jésus. Ce nom la remuait, la transportait, l’enflammait.

Jésus, murmurait-elle quelquefois pour elle même, comme une caresse secrète.

Voici que Jésus était dans leur demeure. Près d’elle, à côté de la place que tenait leur père, touchant la nappe tissée par la mère. Elle respirait le même air, goûtait au même pain.

Jésus... Jésus... mais il y avait les autres, douze, sans compter Marie et Lazare et le voisin qui s’était invité pour voir le maître. Alors, Marthe, qui voulait voir, qui voulait entendre, se mortifiait à chaque fois qu’elle devait s’éloigner pour aller chercher la corbeille, le vin, celui-là veut de l’eau, celui-là a échappé quelque chose sur sa tunique, celui-là lui parle de la fissure sur le mur arrière, celui-là, mais que dit encore le maître, Marthe avait peine et misère à saisir. Un ouvrier, une vigne, qu’est-ce que cette histoire ?

Et Marie, belle et fragile comme elle avait toujours sû l’être, était à ses pieds. Inutile et belle comme une orchidée au matin. Marthe, les joues rougies par la sueur, pour la première fois s’impatienta. Elle avait faim de son Dieu, réclama sa part de pitance.

« Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur me laisse servir toute seule ? Dis-lui donc de m’aider. »

Elle voulait aussi dire : « Maître, j’ai besoin de toi tout entier. Je voudrais être près de toi, remplir mes yeux de ton visage, remplir mon cœur de tes paroles, soûler mon être tout entier de ta présence, m’abandonner à toi... Je veux te donner le meilleur de moi-même. Je veux le service parfait pour le roi des rois, je veux que tu sois mis sur un trône dans cette maison, que tes moindre désirs à toi et tes amis soient comblés, Seigneur, je voudrais être toute-puissante et toute présente, Seigneur, viens à mon aide ! »

Et que dit le maître ?

« Marthe, Marthe… ta sœur a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. »

Une gifle au visage, une humiliation telle que le cœur se change en pierre pour ne pas souffrir, une volée de flèches telles que tous les boucliers de son âme se levèrent en même temps et lui firent reprendre le service sans un mot, mais en serrant les lèvres pour ne pas laisser passer ni chagrin, ni remords, ni reproches.

Il fallait tenir la tête haute, il fallait tenir sa place et si elle était au service, elle servirait.

Puis Jésus partit.

Marie, insouciante et repue de cette rencontre s’endormit un sourire aux lèvres. Lazare dormait de son sommeil de juste. Lui, on ressusciterait un mort avant qu’il ne se réveille.

Marthe cherchait le repos, mais ses membres étaient de plomb et refusaient d’abdiquer à la détente. Les trompettes de son humiliation retentissaient encore et encore : Marthe, Marthe, tu t’agites… Marthe, Marthe, tu te soucies de beaucoup de choses… Marthe, Marthe… une seule suffit…. Marthe, Marthe…

Du coup, elle aurait voulu se nommer Judith, Esther, même Jézabel, n’importe qui, ne plus être celle qui portait ce reproche d’avoir choisi le travail épuisant.

« Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » gémit-elle.

Et puis le matin revint. Elle marcha jusqu’à la fontaine, sourit à la veuve d’Isaïe, lui glissant son morceau de pain quotidien.

Marie s’éveilla un peu tard comme à son habitude et , comme à son habitude, chantonnait en faisant sa toilette matinale, adaptant la prière rituelle à son humeur du jour. Marie, Marie.. celle qui a choisi la meilleure part.


Et puis le temps passa.

Il y eut ce drame terrible de la crucifixion du maître. Marthe ne pleura pas, elle n’en était plus capable. Elle dormait peu la nuit, revivant les tourments de la géhenne à entendre Jésus lui dire Marthe, Marthe…

Mais elle consola Marie, soigna Lazare qui avait prit une cuite du tonnerre à cette épouvantable nouvelle.

Quand sa sœur se fut endormie de chagrin et son frère de boisson, elle essaya de s’assoupir à son tour. Mais elle n’y arrivait pas, comme de coutume.

« Marthe, Marthe… » cette fois, l’appel semblait différent. Il ne ressemblait pas à son souvenir, mais à une demande de quelqu’un présent à côté d’elle.

Inquiète de ce sentiment, elle s’assied sur sa couche. Tendit la main pour prendre son voile et sursauta mais ne put crier, aucun son ne sortait de sa bouche.

Jésus était là.

« Maître, que fais-tu ici ? » s’entendit-elle penser.

« Je suis venu te visiter dans ton enfer. »

« Maître, maître, tu es couvert de sang. »

« Je souffre ce que tu souffres, répondit-il sans reproches.

« Maître, maître, dis-moi comment te délivrer de ma souffrance. »

« Le veux-tu réellement Marthe ? »

Si elle le voulait ? De tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit, elle le désirait plus que sa vie. Elle n’avait plus souvenir de ce souper, elle n’avait que l’envie de souffrir seule sans que le maître n’en pâtisse.

« Alors, laisse moi passer à travers toi. »

« Maître, tu parles sans que je comprenne. »

« Laisse moi passer par l’amour que tu as ! »

Marthe se concentra sur le visage de Marie, sur Lazare, sur le souvenir de ses parents, elle essaya de trouver tous les souvenirs tendres de son enfance. Elle entendit la voix du maître, ressentit à nouveau la brûlure qui la consumait à chacune de ses visites.

Rien ne semblait bouger. Le maître était toujours devant elle, plaies ouvertes, visage crispé.

« Maître je ne peux pas ! Aide moi, je ne peux pas porter plus d’amour que j’en ai ! » supplia-t-elle intérieurement. « Je vous aime tant ! »

Jésus continua à la regarder avec ces yeux si doux : « Aime-toi comme tu m’aimes et que tu aimes ton prochain. Nous sortirons de l’enfer. »

« Mais tu m’as dit que je n’avais pas la meilleure place. »

Jésus lui sourit : « Ta place non plus ne te sera pas enlevée. Nous sommes à la même table. Tu seras rassasiée. »

Puis il disparut.

Puis la rumeur se répandit. Il était ressuscité. Incroyable, disait la rumeur du village, mais plusieurs se souvenaient qu’il avait sorti Lazare de son tombeau. D’aucuns prétendaient que Lazare n’était pas vraiment mort et que tout était supercherie.

D’autres, comme Marie. portaient à nouveau l’espoir en eux. Marthe souriait en lavant les coupes de vin du souper de voir sa sœur revivre.

Bien entendu, elle n’avait parlé à personne de son apparition nocturne, déjà qu’ils passaient pour un peu fous dans la famille.

Mais après avoir fini de ranger les coupes, elle en ressortit une, se versa à boire.

Devant Lazare et Marie ébahis par cette soudaine licence, elle leva sa coupe :

« Même avec un peu de vin, je ne serai pas déplacée… »

mercredi 27 mai 2009

Tant-BourrinLe gang des Pistoches

- Mounillon, la proie approche de ton secteur. Est-ce que tu confirmes ?
- Je crois que ça se précise, Commissaire : j'aperçois deux véhicules au bout de la rue... Oui, confirmation : ce sont bien une Kangoo grise et un Trafic blanc.
- Parfait ! Tiens-nous au courant de leurs faits et gestes...
- Ils se garent devant la bijouterie, Commissaire... Et ils commencent à décharger du matos sur le trottoir...
- Mounillon, est-ce que la bande est au complet ?
- Je vérifie... Apparemment, oui, j'ai dénombré sept individus.
- Cette fois, leur compte est bon !... Duriflard, tu m'entends ?
- Oui, Commissaire !
- Tenez-vous prêts, toi et Duglahoui, début de l'opération imminent. Je donnerai le top départ.
- Bien reçu, Commissaire !
- Rechignous, tu m'entends ?
- Oui, Commissaire !
- Même topo : tiens-toi prêt avec Kozwinsky et Vandefes, on y va bientôt !
- Bien reçu, Commissaire !
- Mounillon, préviens-moi dès qu'ils auront pénétré dans la bijouterie !
- Ça ne saurait tarder, Commissaire... Ça y est, ils ont réussi à ouvrir la porte. Et apparemment, ils ont bien désactivé l'alarme au préalable.
- Des pros, comme d'habitude...

Le Commissaire Paillancroix se frotta les mains de satisfaction. Cette fois, il tenait le gang des Pistoches. Trente ans qu'il attendait ça ! Trente ans passés à leur courir après, et voilà qu'arrivait enfin, après des mois de filature, de planque, de chasse aux tuyaux, le moment où il allait leur passer les menottes aux poignets !

- Commissaire !
- Oui, Mounillon ?
- Ça y est, ils sont tous dans la place, à part l'un d'entre eux qui fait le guet sur le trottoir.
- Celui-là, il est pour toi, Mounillon ! Rechignous, ils sont dans la pièce à côté de votre planque, à mon top, vous jaillissez pour cueillir tout ce joli petit monde ! Duriflard, tu prends l'entrée avec Duglahoui pour choper ceux qui auraient des velléités de prendre la poudre d'escampette !...
- OK, Commissaire !
- Attention... Go ! C'est parti !


Une demi-heure plus tard, le Commissaire Paillancroix savourait le succès total de l'opération en contemplant les visages hébétés des malfrats, menottés et solidement encadrés par des agents, assis sur les bancs du Commissariat.

Son regard allait de l'un à l'autre, illuminé d'un éclat de jouissance manifeste.

- Alors Duraffia, comme on se retrouve !... Et Breloussous !... Et Jépalunic !... Tiens, Dimitriescu, tu t'es laissé poussé la barbe ?... Et Moineau !... Et mon vieil ami Frimairland !... Toute la fine équipe est là ! Cette fois, c'est fait, on a gagné !

Oui, le Commissaire Paillancroix et ses hommes avaient gagné. Ils avaient gagné une partie de gendarmes et de voleurs commencée trente ans plus tôt dans la cours d'école, alors qu'ils étaient tous en classe primaire. Ils étaient les gendarmes, et les Pistoches, qu'on appelait comme ça car ils habitaient tous le quartier de la piscine municipale, jouait le rôle des voleurs.

Il était vite apparu que lui et ses gendarmes, récréation après récréation, peinaient à arrêter tous les voleurs. Ils en attrapaient un en lui tapant trois fois dans le dos, le mettait en prison près de la gouttière dans le coin de la cours, en attrapaient un deuxième, puis un troisième... Mais venait toujours un moment où l'un des voleurs encore en cavale parvenait à quitter son refuge (le petit abri des lavabos), à slalomer dans la cours entre les gendarmes et les autres élèves qui ne participaient pas au jeu, et à venir taper sur la main tendue d'un des voleurs prisonniers, les libérant ainsi tous de leur entrave virtuelle... Et tout était à recommencer.

Et cela recommença, encore et encore. La partie se prolongea de mois en mois, puis de classe en classe, puis de l'école primaire au collège, du collège au lycée...

La partie de gendarmes et de voleurs fit-elle naître des vocations ? Sûrement. Le jeu se poursuivit alors qu'ils étaient tous devenus des adultes : lui et ses copains intégrèrent naturellement la Gendarmerie nationale, alors que les Pistoches devinrent un vrai gang de voleurs, multipliant les pillages de banques et de bijouteries.

Trente ans de traque, cantonné au rôle de gendarme, qui s'achevaient enfin ce soir-là. Trente de frustration aussi : combien de fois avaient-ils réussi à emprisonner six des voleurs près de la gouttière avant que le septième et dernier membre des Pistoches ne surgisse et, d'un cadrage-débordement magistral, n'évite les mains des gendarmes pour aller libérer d'une tape ses complices en ruinant tous les efforts accomplis jusque-là ? C'était surtout Gonzales qui leur avait fait souvent mal : celui-là avait de sacrées cannes, il aurait pu faire un satané trois-quart aile dans une équipe de rugby !

Tout à coup, le visage du Commissaire blêmit.

- Nom de Dieu ! Gonzales ! Où est Gonzales ? Il nous manque Gonzales !!!... Mounillon, tu nous avais dit que la bande était au complet !?
- Heu... Bin, il me semblait bien avoir dénombré sept personnes, mais... heu... il faisait très sombre et leur camionnette me gênait un peu pour bien voir et...

Le Commissaire Paillancroix se frappa le front du plat de la main.

- Bon sang ! On n'a pas cueilli Gonzales ! Il se promène toujours dans la nature !
- Dans la nature tu dis, Paillancroix ? Non, non, je suis là !

Gonzales venait de surgir dans la pièce et se tenait à proximité de ses aclytes menottés.

- La porte du Commissariat était ouverte, alors je me suis permis de vous rendre une petite visite de courtoisie !

Et avant que quiconque ait pu esquisser le moindre geste, il claqua la paume de sa main contre celle de Duraffia.

- On dirait que t'as encore perdu, Paillancroix !
- Eh merde !... Rechignous, c'est bon, enlève-leur les menottes, c'est pas pour cette fois... Et vous, les Pistoches, maintenant, filez !

Les larmes aux yeux devant le gang qui quittait la pièce en fanfaronnant, il ajouta en trépignant presque :

- Vous avez eu du pot cette fois encore, mais je vous jure qu'on finira par vous avoir ! Oui, on vous aura un jour et, après, ça sera à nous de faire les voleurs, na !

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