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vendredi 14 juin 2013

Tant-BourrinAnselme Lagravelle (1) : le gang des post-it

Connaissez-vous une situation plus jouissive que de voir un connard, la bouche en cul de poule, toquer timidement à la porte de votre burlingue pour vous implorer de venir à son secours ? Non ? Moi si : c’est voir Martin Crogouillon agir ainsi. Parce que là, avec le Crogouillon (dit « le contrepet ambulant »), ce n’est pas à un connard que j’ai affaire, c’est à un champion toute catégorie du neurone valétudinaire ! Le parfait trouduc (contrairement au prince Phillip qui, lui, est un true duc), un emmerdeur en chie majeur, un emplâtre (de Paris), un morbaque en complet-veston, un abruti de troisième (il n’a jamais pu passer en seconde, en encore moins en première) doté d’un encéphalogramme si plat qu’il ferait passer Jane Birkin pour Lolo Ferrari (paix à son mamelon !), un adipeux gluant qui, alors que la Grèce est en crise économique, passe son temps à économiser sa graisse. Bref, vous aurez compris que je ne le porte pas particulièrement dans mon cœur, ne serait-ce que parce que mon palpitant n’a rien d’une grue de manutention.

Or donc, voilà que mon charmant voisin de bureau, responsable du service achats et fournitures, la mine penaude et déconfite d’un canard, vient me souhaiter le bonjour, lui qui d’ordinaire m’ignore avec morgue. Vous me direz, avoir de la morgue quand on bosse chez Charnier & Co., leader mondial des pompes funèbres, c’est avoir l'esprit d'entreprise !

- Heu… Salut, Lagravelle ! Tu vas bien ?

STOP !

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lundi 3 juin 2013

AndiamoL'ange (d'après une blagounette)

(ch'tiot crobard Andiamo)


Elle était là, face à la mer, sa brune chevelure flottant au vent, ses yeux d’un vert profond reflétaient la furie des vagues battant les falaises blanches.

Elle était nue et ne semblait nullement souffrir du froid accentué par le Noroît, ce vent qui comme son nom l’indique souffle du nord et quasiment en permanence sur cette côte de la Manche.

Je ne voyais aucun vêtements posés près d’elle.

- Vous n’avez pas froid ? demandais-je bêtement, histoire d’engager la conversation.

- Non, je suis habituée, je viens très souvent ici, me répondit-elle en me gratifiant d’un généreux sourire.

Le grain de sa peau était magnifique, je pensais qu’elle aurait eue la chair de poule à cause du froid. J’adore quand, sortant de la douche, une femme présente cette particularité, j’aimais avant l’amour faire prendre une douche à mes jolies fiancées afin de me régaler de leur peau ainsi légèrement granuleuse.

Elle suivait du regard, vert son regard… Ah ! Je vous l’ai déjà dit ? Pardon, je me répète, à mon âge rien d’étonnant ! Elle suivait, disais-je, le vol de deux goélands cendrés nombreux dans cette région. Ils s’amusaient, leurs ailes largement déployées, à suivre les courants ascendants dus à l’effet dynamique du souffle contre la falaise. Les vélivolistes et parapentistes connaissent bien ce phénomène.

Elle les regardait un léger sourire sur ses lèvres à peine rosées, les mains croisées sur ses genoux.

- Il est facile d’en faire autant, me dit-elle en se retournant et me fixant droit dans les yeux.

Par ce mouvement, elle fit bouger légèrement sa poitrine, ce qui eût pour effet de me mettre dans un état proche de l’Ohio !

- Car l’effet dynamique est tellement violent que quiconque peut planer un instant : il suffit de bien écarter les bras et les jambes !

En disant cela, elle rosit légèrement, ce qui ajouta à ma confusion.

- Vous avez l’air dubitatif ? m’interrogea-t-elle en secouant sa jolie tête, faisant virevolter son épaisse chevelure noire comme les abysses.

- Ben oui !

Lentement, elle se leva, dévoilant une partie de sa personne qui ne laissait aucun doute quant à la naturelle noirceur de sa chevelure !

Elle s’approcha au plus près du vide, je lui bredouillais quelque chose comme :

- Attention, vous pourriez glisser !

Elle se retourna, me dédia un sourire à faire fondre un Bouddhiste même endurci (sans allusion aucune), elle écarta ses bras et bascula en avant !

Je ne pus retenir un cri !

Précautionneusement, je m’approchais du bord de la falaise, prenant garde aux éboulis pouvant se produire à tous moments... Elle était là, deux ou trois mètres plus bas, bras et jambes écartés, puis elle remonta, profitant de l’effet de pente, et atterrit avec une grande maestria quatre ou cinq mètres derrière moi.

- Alors ? interrogea-t-elle.

- Incroyable ! Vous avez réellement volé !

- Oh, voleter plutôt, soyons modeste ! Mais vous pouvez en faire autant, vous savez ?

- Moi… Moi ? Vous plaisantez ?

- Pas du tout ! Allez-y, je vous accompagne afin de vous rassurer. Quoi qu’il arrive, je serai là.

Je m’approchais du bord de la falaise, au plus près même. Elle m’avait précédée : bras et jambes écartés, elle flottait en contrebas. Elle était vraiment splendide, et l’envie de la rejoindre et de flotter ainsi à ses côtés fut la plus forte…

Je m’élançais dans le vide, bras et jambes largement ouverts, et bien sûr je chutais ! Au passage, j’ai eu le temps de l’entendre dire :

- Je suis un ange… Mais une belle salope tout de même…

Depuis je suis assis à côté d’elle au bord de la falaise, et nous attendons des gogos !

mercredi 22 mai 2013

AndiamoGood luck (la suite par BLUTCH)

Préambule : Il y a quelques temps, Blutch m'a fait parvenir une suite à l'histoire que je vous avais contée ici même. L'ayant trouvé fort savoureuse j'ai pensé en accord avec les "Boss" qu'on pourrait la publier.... Voilà c'est fait.



- Non, Francis, on reste là. Ces Messieurs-Dames veulent du gibier, pas des bêtes d’abattoir. Ça ne va pas les intéresser de nous flinguer à bout portant. Ils veulent des sensations fortes, il y a moyen de leur en donner. On va être descendu, c’est certain. Comment pourraient-ils nous remettre dans la nature après ça. Ils auront leurs sensations fortes, mais ce sera selon mes règles du jeu. Messieurs-Dames, on va partir depuis le centre du parc, de façon à ce que vous non plus ne puissiez avoir une assistance, OK ? Maintenant qu’on est loin de tout, je veux au minimum une heure d’avance sur vous, OK ?

Se saisissant d’un fusil par surprise, Aline pose ses conditions :

- Soit, alors pour être certain d’avoir ce laps de temps, je vais démonter vos fusils. Vous êtes chasseurs, vous devriez savoir les remonter, non ? Alors où est le problème ? Francis, tiens le flingue s’il y en a un qui bouge tu tires. Bon, là, j’ai eu peu mélangé les pièces pour mettre un peu plus d’ambiance. Et pour les sensations fortes, je garde le dixième flingue. Un d’entre-vous va aussi caner aujourd’hui. Avouez qu’ainsi, ça met plus de suspens. Ceux qui en réchapperont ne pourront plus se passer de ce petit plus qui fait le sel de la mort… Francis, tu vides leurs sacs, tu bousilles les ravitaillements et les boissons, sauf deux rations qu’on embarque. Maintenant, Messieurs-Dames, que la chasse commence…. Si d’aventure vous envisagez de réclamer de l’assistance technique, vous risquez de trouver ce flingue en face de vous, alors vous vous démerdez en mode survie.

Aline et Francis sont partis d’un pas souple et rapide en direction de la partie haute de l’île.

- Putain, t’y va pas de main morte, mais tant qu’à faire, on aurait pu quitter le parc… Non, là, je crois que j’ai dit une connerie... On pourra jamais repartir de l’île, c’est ça ? Mais je ne sais pas si c’est vraiment mieux que la situation initiale. On a un flingue avec une balle, mais ils en ont encore neuf…

- Ouais, mais neuf flingues non-violents. Les axes des percuteurs sont là. Ils peuvent se douter qu’on va les attendre vers la porte s’ils y retournent, donc ils vont se démerder pour bricoler. Ça risque d’être long… Les mémères n’ont pas forcément les aiguilles à tricoter du bon diamètre. Tu sais qu’on va devoir en tuer un max… tous, ça serait génial, mais faut pas rêver ! En attendant, on prépare un piège.

- Aline, fais comme moi, enlève tes fringues.

- Tu crois que c’est le moment pour la bagatelle ?

- T’as vu les panneaux de signalisation qu’on a sur le dos ? Orange fluo, il ne manque plus que de dessiner la cible… A loilpé et badigeon de boue pour faire couleur locale. J’ai vu un arbre impec, j’y accroche mes fringues et un bâton pour faire croire que je suis en position de tir. J’ai fait de la déco de théâtre, ça devrait faire illusion. Mais explique-moi ce putain de pari que tu as fait.

- Soit : mon père est complètement ravagé du citron, Il était militaire de carrière dans les commandos. Ses dimanches de perm. On les passait à faire du biribi dans les bois. Sa fierté était de pouvoir démonter et remonter son flingue les yeux bandés, alors je t’explique pas les maniements d’armes le soir à la veillée pendant que je rêvais de pouvoir jouer avec mes barbies… Un ravagé pire qu’un beauf ricain. Ça m’a fait acquérir quelques compétences particulières, même si ça va pas nous sauver la mise pour autant, on va tout de même pouvoir s’amuser la moindre. Crever d’accord, puisqu’il semble que ce soit l’heure, mais pas comme des perdreaux d’élevage. Dans l’arène, le taureau a des cornes, même si ce n’est pas souvent lui qui gagne…

Aline se cache dans la faille d’un rocher à proximité de l’arbre où Francis a accroché son mannequin. Avec une liane, il peut l’agiter ou faire tomber une pierre pour attirer l’attention.

Après deux heures d’attente, une femme arrive, attentive, regardant partout. Elle a vu le tireur, elle épaule son fusil et se fait éclater la tête par un vigoureux gourdin. Francis la déshabille rapidement et cache son corps sous des fourrés. Il récupère la balle du fusil en admirant le bricolage sur le percuteur avec une épingle à cheveu.

Le temps pour Aline de s’habiller et des bruits de voix se font entendre. Ils sont deux, marchant de conserve. La femme n’a pas de fusil.

Sans la chute d’une pierre, Ils n’auraient pas vu le tireur embusqué dans son arbre.

Tournant le dos à Aline, l’homme épaule et - PAN ! - sa tête éclate. La femme a juste le temps d’apercevoir un homme de cromagnon nu comme un ver qui lui éclate la tête d’un moulinet avec son gourdin. Il prend les habits de la femme qui sont plus dans son gabarit et il cache aussi son corps. Il laisse l’homme là, bien visible.

- Donne-moi son flingue, que je lui remette l’axe d’origine du percuteur, on sera ainsi armés les deux. Leurs bricolages à la con leur donnait une chance sur dix de toucher l’amorce. On n’a pas grand risque avec leurs pétoires.

Ce premier tir d’Aline avait recentré les recherches dans ce petit secteur. Le premier arrivé, voyant l’homme à terre et la tronche éclatée avait juste eu le temps de dire à mi-voix :

- Bien content que ce ne soit pas moi, maintenant qu’ils ont tiré leur cartouche, la chasse va changer de style.

Un coup de feu a ponctué sa phrase.

A la tombée de la nuit, Aline et Francis en étaient à cinq partout. Plus de chasseurs et encore cinq balles de rab.

- Les dix petits nègres d’Agatha… Je n’imaginais pas la chose possible, notre cote remonte, il ne reste plus qu’une formalité : quitter l’île.

Leur chapeau enfoncé sur la tête, ils ont été résolument vers la porte cadenassée. Au coup de sonnette, un loufiat est venu leur ouvrir, croyant à l’arrivée de deux chasseurs.

- Les autres sont déjà arrivés ? Le directeur est encore là ? Mais qui reste-t-il donc ici ?

- Le directeur est au bureau, Monsieur Dangleau est déjà reparti car il ne pensait pas que la chasse serait si longue. Il reste encore le personnel de l’hôtel et moi. C’est prévu que je vous ramène avec le bateau dès que les autres seront là.

- Les clefs du bateau sont où ? Discute pas, y a personne qui ressortira de cet enclos, ils sont morts et toi aussi, tiens….

Dans son bureau, le directeur s’est un peu fait prié avant de se montrer coopératif. Une balle dans le genou lui a fait retrouver la combinaison du coffre où il y avait 500 000 dollars, prix de la chasse pour ces 10 hôtes de marque…. Une magnifique navaja incrustée de nacre qui traînait là en guise de coupe-papier se retrouva entre les côtes du directeur de l’hôtel.

- Putain, ça fait du bien de se poser. Sur ce rafiot, j’ai une chanson de Philippe Lavil qui me trotte en tête, t’es pour ?

Deux mois plus tard, au deuxième droite du 16 boulevard Haussmann, un quinquagénaire finit de se vider de son sang, victime de 52 coups de couteau, tous mortels… Une liste de 50 « disparus sans laisser de traces » est en évidence sur le bureau. La feuille est coupée, comme si on avait voulu enlever deux noms.

Ça fait maintenant trois plombes que le commissaire Julien Dugland tourne et retourne les paperasses étalées sur le bureau. L’identité judiciaire est repartie et il est perplexe.

Merde, il aurait fait quoi, beau-papa, avec ça ?

mardi 14 mai 2013

AndiamoGood luck

Francis a répondu à la petite annonce parue dans le très sérieux journal « les Echos » :

Recrutons homme jeune, célibataire (25-35 ans), trilingue : Anglais, Allemand, Français, très bonne présentation, pour accueillir personnes de haut rang.

Lieu de travail Pacifique sud.

De son côté, Aline a lu une annonce similaire dans ce même journal. Bien entendu, il s’agissait de recruter une jeune femme célibataire, sur les mêmes critères.

Ce matin d’avril, un mardi pour être précis, ils sont une cinquantaine, hommes et femmes, à se présenter à l’adresse indiquée. Une grande pièce nue, sans photos ni quoi que ce soit sur les murs et, bizarrement,… aucun siège !

Ils sont là, qui dansant d’un pied sur l’autre, qui arpentant la pièce en d’interminables aller-retour, ou encore d’autres sont appuyés au mur, ne retenant plus leurs bâillements. Certains ont même engagé la conversation et s’esclaffent bruyamment.

Une bonne heure s’est écoulée quand soudain la porte du fond s’ouvre. Un homme, la cinquantaine, apparaît et, du bout du doigt, désigne cinq filles et cinq garçons :

- Vous, suivez-moi… Les autres vous pouvez partir.

A peine « les autres » ont-ils commencé à élever la voix, un claquement sec : la porte se referme.

Un par un, ils ont été reçus par Monsieur Dangleau, un interrogatoire digne d’un commissariat sous l’occupation !

- On vous écrira, a-t-on dit à chacun.

Huit jours plus tard, Francis et Aline ont reçu une convocation. La lettre à en-tête portait le nom suivant : PACIFIC GUN CLUB.

Prière de vous présenter le 17 avril à neuf heures précises, 16 Boulevard Haussmann, deuxième étage, porte droite.

A huit heures cinquante, Francis se présente au 16 du boulevard du baron Haussmann. Une volée de noms à droite avec, face à chaque étiquette, un petit bouton. Francis repère celui de la PACIFIC GUN CLUB et sonne.

Un déclic : la porte s’ouvre. Négligeant l’ascenseur, Francis avale les deux étages en un temps record. A droite, la porte est entrebâillée, il entre. Aline est déjà là, elle lui sourit timidement. Il lui rend son sourire, puis s’assied deux sièges plus loin.

Le même Monsieur Dangleau les a fait pénétrer dans son bureau, ils sont là, Francis et Aline, chacun debout, un peu décontenancés.

- Asseyez-vous, a prié Monsieur Dangleau. Autant que vous fassiez connaissance tout de suite, car vous serez appelés à travailler ensemble. Voilà : il s’agit de réceptionner et d’accompagner des « V .I.P ». Le décor ? Une île paradisiaque comme on dit dans les brochures !

Il accompagne cette remarque d’un petit sourire ayant pour effet de détendre l’atmosphère.

- La durée de votre contrat est de un mois. Le salaire : 5000 € pour le mois, tous frais payés. Je pense qu’il est inutile de vous préciser que j’attends de vous le plus grand professionnalisme.

- Bien entendu, ont répondu en chœur Aline et Francis.

Un sourire éclaire la face de nos deux postulants, on serait content à moins quand à vingt-cinq ans on vous propose un job pareil.

Consultant sa montre, Monsieur Dangleau ajoute :

- Nous sommes mercredi. Samedi, vous embarquerez au Bourget, un jet privé vous emmènera. Soyez à l’accueil à 9 heures 30 précises. En attendant, voici une petite avance.

Et il tend à chacun une enveloppe.

Samedi 9 heures, Aline arrive la première, elle est un peu en avance. Dix minutes plus tard, elle aperçoit Francis descendant du bus en provenance de la porte de la Chapelle.

- Bonjour Aline, je peux vous appeler Aline ?

- Bien sûr Francis, on peut même se tutoyer !

- D’accord ! Nous sommes un peu en avance, je vous… Je t’offre un café ?

- Avec plaisir.

Le temps de traverser la route de Flandres, ils sont debout au comptoir savourant un bon café.

- Tu parles d’un coup de pot, décrocher un job pareil, surtout en ce moment !

- Tu as raison, répond Aline, c’est incroyable.

- Dis voir Aline, tu fais du sport sans aucun doute, vue ton allure sportive…

- Oui, course à pied : fond et demi-fond, et toi ?

- Pareil ! Course à pied, mais plutôt 100 et 200 mètres. Bon, c’est pas le tout, mais quand faut y aller…

- Faut y aller ! termine Aline.

A neuf heures trente précises, Monsieur Dangleau se présente à l’accueil et les prie de monter dans sa Velsatis, puis les conduit après avoir montré son laisser-passer au pied de la passerelle du Falcon 7 X, un tri-réacteur Dassault capable de couvrir de très longues distances sans escales.

Après une escale à Buenos Aires, le Falcon a repris son vol, direction : le paradis !

Aline et Francis, se sont approchés des hublots lorsque l’appareil a amorcé sa descente. Un atoll avec son lagon vert émeraude, une île volcanique, comme dans les films « nanan, et tartine de miel » !

La piste apparaît, elle semble minuscule, le pilote est un « as », il pose l’appareil comme une fleur : « un kiss landing » comme on dit dans le jargon aéronautique.

Un peu fatigués par le long voyage nos deux jeunes gens débarquent, accueillis par un petit bonhomme au sourire jovial qui les conduit aussitôt à l’hôtel caché dans la verdure.

Grand luxe, l’hôtel ! A peine installés dans leur chambre respective et après une douche rapide, ils se sont allongés et… rideau !

Quelques heures plus tard, ils se sont retrouvés dans le grand hall, le directeur les y attendait.

- Bien reposés ?

- Oui, merci, ont répondu les nouveaux arrivants, que devons-nous faire ?

- Le groupe arrivera demain matin, vous serez là pour les accueillir, une dizaine de personnes en tout. Il y aura six hommes et quatre femmes, Anglais et Allemands, je sais que ça ne vous pose aucun problèmes, vous maîtrisez ces deux langues parfaitement. En attendant, promenez vous, imprégnez vous des lieux, vous pouvez même profiter du lagon ou de la piscine, évitez la pleine mer because les requins, et je ne dis pas ça pour vous effrayer, ils sont bien réels !

Aline et Francis sont partis explorer leur nouvel environnement. L’île est largement plus grande qu’ils ne le pensaient, six kilomètres de long environ pour trois de large. Après dix minutes de marche, ils se retrouvent face à un très haut grillage aux mailles très résistantes, en longeant cette clôture ils découvrent une porte fermée par une serrure, dite de sécurité.

De retour à l’hôtel, tous deux interrogent le directeur.

- C’est quoi cette clôture que nous avons aperçue ?

- Ah oui ! C’est une sorte d’enclos, une réserve naturelle, extrêmement protégée. Et justement votre travail consistera à accompagner le groupe, afin qu’il puisse examiner la flore protégée de cette île. Il s’agit de savants venus du monde entier. Dans cette mini réserve vivent également une espèce endémique de lézard extrêmement rare et typique, qui a évolué ici à l’abri de prédateurs, sans compter la flore extrêmement riche et variée, que l’on trouve exclusivement à cet endroit.

Le lendemain, après un copieux petit déjeuner, ils sont allés accueillir les arrivants sur le petit aérodrome. Dix personnes : six hommes, quatre femmes, leurs bagages ont été débarqués avec le plus grand soin dans le 4x4 et convoyés jusqu’à l’hôtel. Pour les passagers le minibus a parfaitement rempli son office.

Une journée pour faire connaissance avec les clients, des citoyens américains, anglais et allemands, repas quatre étoiles et tout le monde au lit !

Le lendemain, Aline et Francis sont à pied d’œuvre. Ils ont revêtu des tenues décontractées, à la demande du directeur : short et polo, mini short pour Aline cela va de soi.

Tout le groupe est dans le hall, chacun des clients porte un sac en bandoulière. En colonne, Francis et Aline ouvrent la marche, arrivé devant la porte de l’enclos, le directeur a sorti une clé, ouvert la porte, tout le monde est entré, puis étant resté à l’extérieur, il a refermé l’icelle.

Alors posément, calmement, les dix « savants » ont posé leur sac à terre, en ont sorti un fusil, armé la culasse, puis le plus âgé s’est adressé aux deux jeunes gens :

– Vous êtes le gibier, nous sommes les chasseurs. Bons princes, nous vous laissons dix minutes avant de vous traquer, nous n’avons qu’une seule cartouche par fusil, et point de lunettes de visée… GOOD LUCK !

jeudi 18 avril 2013

Tant-BourrinL'écoulement du temps



Il sentit la chaleur dorée du soleil inonder tout son corps.

Enfin ! Il y a si longtemps qu'il attendait le Printemps. Cet hiver gris et venteux avait duré à n'en plus finir, depuis de si long mois qu'il lui semblait n'avoir jamais rien connu d'autre. Sa mémoire, toute recroquevillée de froid, n'avait pu retenir aucun souvenir des beaux jours passés.

Mais peu importait désormais puisque les nuages avaient enfin déserté le ciel, emportant frimas et bise glacée dans leurs bagages. Il huma l'air du jardin, emplit ses poumons des effluves de la vie, cette vie mi-végétale, mi-animale qui reprenait le cours oublié des choses tout alentours.

Il se sentait bien. Sa peau, si pâle - blanchâtre même - après cette longue privation de soleil, absorbait goulument les photons par chacun de ses pores, se gorgeait de chaleur jusqu'à en devenir moite.

Une jeune femme passa de l'autre côté de la haie. Comme elle était belle dans sa tenue légère, une courte robe de coton qui n'avait dû quitter l'étagère où elle hibernait depuis des mois que le matin même.

Que de merveilles l'hiver avait enveloppées de son linceul, qui renaissaient enfin à la lumière !

Tout son être était en osmose avec le monde, il avait des envies de se fondre dans la terre pour mieux en humer les fragrances retrouvées.

Détendu, relaxé, il se laissa aller au farniente, se baissa un peu, et puis encore un peu plus, pour mieux s'approcher du sol. Il finit par s’affaisser complètement, laissa sa tête basculer en arrière, pour se gaver de ciel bleu. Il sentait l'herbe sous son corps amolli, savourant cette sensation oubliée. Il se laissa aller jusqu'à n'être plus qu'un avec la nature, à se fondre dans la terre, à s'envoler dans les airs.

Il était bien. Il aimait la vie. Il s




- Maman ! Maman ! Viens voir ! Il a disparu ! Où est-ce qu'il est passé ?
- Pauvre petit ! Tu vois pas qu'on a pris dix degrés en vingt-quatre heures ? Où veux-tu donc qu'il soit passé ? Té, il a fondu, ton bonhomme de neige !

dimanche 7 avril 2013

AndiamoRien que pour tes yeux

- Entrez, Madame Fontane, entrez !

Géraldine Fontane, jolie jeune femme, la quarantaine épanouie, entre dans le cabinet de consultations du Docteur Georges Nantais, le célèbre neurochirurgien.

A peine entrée, Georges se penche sur elle et l’embrasse fougueusement.

- Enfin toi, ma chérie… Enfin ! Comment vont tes yeux ?

- Ça empire, Georges ! D’ici un mois ou deux, ce sera la canne blanche…

- Ne dis pas de bêtises, ma chérie, je vais te soigner, tu vas guérir, aie confiance !

Géraldine est atteinte de dégénérescence maculaire aiguë, malgré son jeune âge. La rétine est très sérieusement atteinte, elle se nécrose sans que l’on puisse arrêter le processus. Georges en est conscient, n’est-il pas le meilleur chirurgien ophtalmologiste de Paris ? Il rassure sa patiente qui est également sa maîtresse.

Ils se sont connus il y a tout juste un an. Elle était venue consulter pour des troubles de la vision. Au début, Georges pensait qu’à la quarantaine, des petits problèmes de presbytie pouvaient en être la cause. Leur goût commun pour le cinéma ancien les avait rapproché. Ainsi, chaque fois qu’ils le pouvaient, ils se rendaient dans le quartier latin, rue Champollion. Là, dans les petits cinémas, ils revoyaient pour la énième fois les films de Luis Bunuel ou de Losey. De films en terrasses de cafés, l’amour était né, violent, passionné.

Pourtant, Georges avait dû se rendre à l’évidence, la vue de sa bien aimée baissait de façon inquiétante. Des examens plus approfondis avaient révélé l’affreuse vérité : Géraldine devenait aveugle !

- Tu sais, ma chérie, nous avons encore un recours : la transplantation.

- Tu veux dire une greffe à partie d’un donneur compatible ?

- Oui ! J’y travaille depuis de nombreuses années. J’ai réussi plusieurs fois avec des chimpanzés et, sans vouloir t’offenser, ça a parfaitement fonctionné. Serais-tu prête le cas échéant à tenter l’expérience ?

- Avec toi, mon amour, tout ce que tu voudras…



- Bonsoir Madeleine ! Comment se sent ma petite femme aujourd’hui ?

- Mal, très mal ! Ces migraines ophtalmiques qui ne cessent d’empirer, c’est à devenir folle, et malgré le traitement que tu me donnes ça ne cesse de s’aggraver. Tu sais, Georges, tu ne serais pas le meilleur spécialiste européen, il y a longtemps que j’aurais consulté quelqu’un d’autre !

- Allons, ne dis pas de sottises, tu es en bonnes mains, et je vais m’occuper encore longtemps de ces jolis yeux verts. Je vais t’instiller un nouveau produit, c’est nouveau, ça nous vient des États-Unis, ce produit n’est pas encore sur le marché en France, tu connais la lenteur des procédures. Il fait paraît-il des petits miracles sur des cas semblables au tien.

De gouttes en pommades, il a fallu se rendre à l’évidence, le glaucome diagnostiqué par Georges empirait… L’énucléation était inévitable.



Les semaines puis les mois ont passés. En ce beau jour de juin, Georges Nantais est debout dans la cour d’honneur de Élysée. Il va être fait « commandeur » de la légion d’honneur par Monsieur le président de la République en personne ! Georges est le premier chirurgien a avoir tenté et réussi une transplantation des deux yeux.

Géraldine, l’heureuse bénéficiaire de l’acte chirurgical sans précédent, est là, très fière et heureuse à la fois. C’est son amant qui va être décoré, et elle assistera à la cérémonie avec des yeux tout neufs ! De jolis yeux verts, comme toutes les femmes en rêvent.

Près de Georges, Madeleine son épouse, les paupières closes sur des orbites vides, cachées par de grosses lunettes noires, une jolie canne blanche finement travaillée à la main….

(ch'tiot crobard Andiamo)

samedi 23 mars 2013

Tant-BourrinLe Blogbodico (17)

C'est le printemps ! Tout dans la nature respire la joie de vivre et l'énergie !

L'énergie ? Tiens, une idée : et si j'en faisais la thématique d'une fournée du Blogbodico ? Car il y a bien longtemps que je n'ai point complété cette œuvre colossale destinée à être publiée en 200 tomes vers l'an 2098... Pour l'heure, contentez-vous des 16 livraisons précédentes : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15 et 16.

Le Blogbodico, le beau dico qui vous redonne de l'énergie !




Chauvage électrique : (loc.) Perruque munie d'une résistance intégrée permettant aux personnes souffrant d'allopécie de conserver leur cuir chevelu au chaud en période hivernale. Aux beaux jours,.le chauve avisé délaissera son chauvage électrique au profit d'une élégante moumaoût (voir ce mot). Technologies alternatives : chauvière à condensation, poils à mazout (voir ces mots).

Chauvière à condensation : (loc.) Perruque munie d'une système performant de chauffage basé sur la combustion d'une énergie fossile, généralement du de gaz naturel, et la récupération de la chaleur latente de condensation de la vapeur d'eau émise. Moi, je suis un chauve respectueux de l'environnement : ce tuyau derrière moi permet d'alimenter directement ma chauvière à condensation avec mes flatulences. Technologies alternatives : chauvage électrique, poils à mazout (voir ces mots).

Gaz de shit : (loc.) Gaz issu de la combustion du haschich et dont le pouvoir calorifique peut être valorisé. Les opposants au gaz de shit mettent généralement en avant la nocivité des techniques de fracturation (de portes, de fenêtres, etc.) utilisées par les producteurs pour se procurer leur dose.

Hure-à-gnons : (n.f.) Visage antipathique donnant une irrépressible envie de le frapper violemment. Quand la réciproque est vraie, on est face à une situation iso-tape pouvant provoquer une réaction en chaîne. Tu vas voir, ta sale hure-à-gnons, je vais l'énucléer !

Ma-raie-motrice : (adj.) Qualifie une énergie basée sur la force de réaction des flatulences. Ça se sent quand un piéton décide d'avancer plus vite grâce à l'énergie ma-raie-motrice. Ça se sent vraiment !

Mégaouate : (n.f.) Unité de mesure de la puissance de sommeil. - J'ai bien dormi cette nuit, ma chérie, un sommeil d'au moins 20 mégaouates ! - Eh bien moi pas ! Car tes ronflements, eux, faisaient au moins 130 décibels, sans parler de tes flatulences de force 9 sur l'échelle de Beaufort !

Moumaoût : (n.f.) Coiffure de cheveux postiches légère et aérée, destinée à être portée pendant les mois de forte chaleur. En été, on porte généralement la moumaoût sans sous-tifs, afin de laisser le cuir chevelu respirer.

Panneaux salaires : (loc.) Panneaux d'affichage sur lesquels sont exposés, dans certaines entreprises, les salaires des employés pour les inciter à découpler leur énergie au travail. - Pfff, je suis crevé ! Je bosse comme un âne depuis un mois pour prouver que je mérite de gagner ce qu'il y a sur le panneau salaires. - Eh bien, moi, ce n'est plus le cas ! Je prépare mes cartons : mon nom figure sur le panneau radiant !

Poils à mazout : (loc.) Perruque muni d'un système de chauffage intégré basé sur la combustion de mazout. - Ouah ! Qu'est-ce que tu as bonne mine ! Tu es drôlement bronzé, dis donc ! Tu es parti en vacances sous les tropiques ? - Non, c'est juste de la suie : le brûleur de mes poils à mazout est encrassé. Technologies alternatives : chauvage électrique, chauvière à condensation (voir ces mots).

Pompes à chaleur : (loc.) Chaussures équipées d'un système de chauffage intégré, destinées à éviter les engelures en période hivernale. Grâce à un astucieux système de valorisation thermique des déjections canines, j'ai transformé mes pompes à merde en pompes à chaleur.

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