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mercredi 1 juillet 2015

AndiamoLa Morgan

Avant propos :

Il y a deux jours, Petit Sucre m'a lancé un défi : sur son blog elle a posté la photo d'une "Morgan" en me demandant d'écrire un texte. Je me suis exécuté (je sais mon altruisme me perdra), elle a publié ce texte sur son blog.
Les BOSS bullent à donf, alors je me suis dit : tiens, tiens, ça ferait un p'tit billet... Pourquoi pas ?


Ah, la Morgan ! Elle en rêvait, la petite dactylo, modeste employée de chez GRATT'PLANCHES à La Courneuve !

Elle qui, au cours de ses soirées dans les p'tits guinches populaires de la banlieue parisienne, les sept îles à Montfermeil, ou chez Gègène à Nogent-sur-Marne, n'avait levé que des demi-sels, des marlous à la p'tite semaine, voire des Julots casse-croûtes !

Des michtons qui roulaient leurs caisses dans des similis Gordinis, ou des D.S rafistolées à la ficelle et au fil de fer.

Et puis, ce soir-là, avec sa copine Gigi, elles avaient décidé d'aller au "Royal Lieu", un dancing à rombières et à cousettes, situé sur le boulevard des Italiens.

Ambiance feutrée, roucoulade et patchouli, gomina à trois balles, fausses blondes et vrais maquereaux.

Une fausse brune, la bouche collée au micro qui en avait vu d'autres, sirupait (pas français ? M'en fous !) "ciao, ciao bambino" en tentant vainement d'imiter Dalida.

Nina (de son vrai blase Gilberte, personne n'est parfait) le vit arriver : grand, brun, la banane à la "Elvis Presley", la démarche chaloupée, une Marlboro, la clope des vrais cow-boys, collée à la lèvre supérieure. Au gargouillis qu'elle ressentit au plus profond de son ventre, elle sût qu'elle n'attendrait pas le deuxième soir pour lui dire "oui". Il y a des instants comme ça ou l'on voit en un éclair son avenir immédiat, et l'avenir immédiat de Nina, c'était une position à l'horizontale, dans le meilleur des cas !

Le beau ténébreux s'approcha, un sourire bref fit étinceler ses incisives comme dans les mauvaises pubs pour dentifrices bon marché, genre le mec qui s'éclate après un plongeon de trente mètres dans uns bassine, afin de plaire à une gonzesse qui porte une rose à la con entre ses quenottes.

- V'dansez ? murmura t-il en se penchant légèrement, ce qui lui permis d'admirer le panorama que son décolleté lui offrait.

Nina se leva d'un bond, elle qui d'habitude minaudait toujours un peu, afin de faire languir les mecs un peu trop pressés de vérifier si son décolleté était bidon ou pas !

La fausse brune avaleuse de micros attaqua "pour la dernière fois embrasse-moi", et le mec lui plaqua sa bouche sur la sienne...

Un "car wash", l'éléphant bleu, Karcher, patinage artistique, du grand art, un détartrage académique, les superlatifs s'entrechoquaient dans la pauvre tête de Nina, qui en moins de trente secondes avait ravagé sa petite culotte !

Sans un mot, le mec l'entraîna dehors, elle eût juste le temps de ramasser son manteau en vraie fausse fourrure, puis ils se retrouvèrent dehors dans les lumières vives du boulevard bondé comme tous les samedis soirs, à droite dans l'ombre, la vénérable façade de l'immeuble qui abritait à l'époque le journal "Le MONDE".

Elvis bis faisait tournoyer un petit porte-clés à l'effigie du symbole de l'Irlande : un trèfle à quatre feuilles.

Il s'approcha d'une petite voiture grise très basse, capot démesurément long, sièges en cuir rouges...

Nina ne pût s'empêcher de battre des mains : "une Morgan", s'écria t-elle !

Au sourire satisfait du mec, elle comprit que le "piège" avait fonctionné.

Alors, galant, il lui ouvrit la portière passager, puis s'installa au volant, petit sourire satisfait, premier tour de clé, la vaillant petit quatre cylindres hoquète, second tour de clé, le pot d'échappement émet un claquement sec.

Le faux Elvis se tourne vers Nina, sourire "Ulta Brite" signifiant : "t'inquiète, ça va le faire" !

Troisième tour de clé... TEUF, TEUF, TEUF, BANG !... suivi d'un bruit de métal tombant sur le sol, le mec sort précipitamment de la voiture se penche, se relève, livide...

- Putain le moteur est par terre !

- Et ta soirée aussi, lui murmure Nina, redevenue subitement Gilberte !


La Morgan (photo prise sur le web)

lundi 4 mai 2015

AndiamoHologramme

- Chérie ?

- Oui namour ?

- Ça y est, je l'ai enfin !

- L'holo... L'hologramme de Papa ?

- Oui ma chérie, regarde...

Bertrand extirpe de son petit sac en cuir marron une boîte de dimensions assez réduites, ouvre délicatement l'une des extrémités et en sort une clé U.S.B, les deux faces sont en nacre.

- Oh ! Comme elle est jolie, s'exclame Lucienne, vite, essayons-la !

Depuis une dizaine d'années, la "life and death consort limited" avait mis au point une technique permettant de restituer une image en 3D, un hologramme pour être plus précis, permettant à partir de photographies, de film vidéos, de restituer une image en relief d'une personne décédée.

On pouvait ainsi asseoir à la table familiale, et ce autant de fois qu'on le désirait, un être disparu et, comble de la technique, on pouvait à l'aide de l'écran tactile de l'émetteur recevant la clé, modifier ses attitudes.

Assis à une table, il faisait mine de manger, assis dans le canapé face à la télé, on pouvait le faire bâiller et même dormir ! Décidément, en 2050, on savait en faire des choses !

Pourquoi Lucienne avait-elle choisi de faire "holographier" son cher Papa plutôt que sa mère ? Cette dernière s'était tirée du domicile conjugal alors que Lucienne n'avait que deux ans pour suivre un mec qui avait participé à une émission de "télé réalité" du genre : "plus con que moi, tu meurs". Il avait gagné, mais n'était pas mort pour autant.

Alors c'était Georges son père qui l'avait élevée, fort bien du reste, se sacrifiant afin qu'elle ne manquât de rien. Elle se sentait un peu redevable, et c'est pourquoi, malgré le prix exorbitant du boîtier de téléchargement et de la petite clé nacrée, elle avait tenu à lui prolonger un peu la vie par le truchement de la technique.

Adeline et François, les enfants de Lucienne et Bertrand, s'amusaient parfois avec l'hologramme de l'ancêtre, ils lui collaient les doigts dans l'œil, faisaient mine de tirer sur sa moustache. Bien sûr, l'image étant virtuelle, les mains des enfants passaient au travers !

Un jour pourtant, François crut voir Papi Georges froncer les sourcils et lever la main comme pour frapper ! Et ce, sans que personne ne manipule l'écran ! Le gamin prit peur et ne recommença jamais ses facéties.

En ce matin de mai, un dimanche, le temps était superbe. Dans leur petit pavillon de la banlieue nord, Lucienne et Bertrand se reposent sur la terrasse face au jardinet très bien entretenu grâce aux soins de Madame. C'est pas trop son truc à Bertrand le jardin, il préfère construire des avions, des modèles réduits qu'il fait voler ensuite.

Pour l'heure, il prend l'apéro avec sa femme, un petit jaune pour lui, un Martini on the rock pour elle. Alors Lucienne se lève soudain :

- Je vais aller chercher Papa !

- Si tu veux ma chérie...

Deux minutes plus tard, elle installe le boîtier de lecture sur la table, introduit la jolie petite clé nacrée et effleure l'écran tactile. Georges, moustache lissée, apparaît dans le fauteuil de Bertrand.

- Ah non, pas MON fauteuil ! Allez coller vot'fion ailleurs !

Lucienne manipule l'écran, et Georges se retrouve assis un peu plus loin dans un fauteuil de jardin garanti "grofilex", et là Bertrand croit le voir bougonner...

Les enfants se balancent et rient, un portique avec différents accessoires avait été installé par le grand-père justement, et Bertrand le surprit encore regardant dans cette direction, sourire béat sur les lèvres.

Il se frotte les yeux, incrédule.

- Lu... Lucienne, t'as pas touché l'écran ?

- Ben non pourquoi ?

- J'ai vu ton père sourire, Lucienne, en regardant les enfants jouer !

- Bertrand arrête le jaune.

Les yeux mi-clos Bertrand somnole, la matinée est si douce, du coin de l'œil il observe son beau-père... Enfin ce qu'il en reste. Et là, très nettement, il voit le regard de Georges se tourner vers la bouteille de pastis, puis revenir vers lui, un clin d'œil, et un petit coup de menton signifiant : "je m'en jetterais bien un" !

Bertrand se lève d'un bond, à croire qu'un ressort lui a poussé au cul !

- Lucienne ton père a bougé, je suis formel, il m'a fait un clin d'œil après avoir lorgné sur la bouteille de pastis, j'ai pas rêvé, et je n'ai bu qu'UN jaune nom de Dieu !

- En plus tu blasphèmes, mon pauv' Bertrand...

Bertrand a allumé le barbecue et fait griller quelques merguez, des steaks hachés pour les gamins, des tomates cuites sur la grille. Tout à l'heure, il fera chauffer des petits morceaux de camembert, étalés sur du pain frais, un régal !

La bouteille de rosé de Provence, au frais depuis le matin, accompagne bien les merguez.

Le chien "Titus" un corniaud bon teint garanti multi races plus une, rôde. Il s'approche de grand-père, renifle l'hologramme qui ne sent rien, juste une légère odeur d'ozone, lève la patte, et pisse sur ce qui devrait être la jambe de pantalon de Georges.

A ce moment-là, Lucienne et Bertrand entendent le chien pousser un gémissement et le voient projeté violemment en avant. Très nettement, ils aperçoivent le pied de Papi Georges revenir posément sous la chaise...

Ils se regardent incrédules, ni l'un ni l'autre ne mouftent, par crainte de passer pour fous.

Lucienne a essuyé la pisse du chien en maugréant, on a laissé Papi sur la terrasse, il prendra des couleurs a t-elle plaisanté. Bertrand est parti faire voler son "Space Walker", un avion de deux mètres vingt d'envergure, un 18 cc 2 temps pour la motorisation, cet avion il l'a construit cet hiver, bien au chaud dans le sous-sol.

- L'hiver, je construis, l'été, je casse, dit-il en plaisantant. Au terrain de modélisme, il retrouve une bande de copains, ils aiment bien les avions, mais encore plus la camaraderie.

Quand Bertrand rentre le soir à l'heure de l'apéro, il range son avion ainsi que tout le matériel au sous-sol, il est soigneux Bertrand, et puis les petits z'avions c'est fragile, balsa et film plastique pour le revêtement, ça ne supporte pas la maltraitance !

Lucienne est assise dans le grand canapé face à l'écran haute résolution de deux mètres de diagonale, les enfants jouent dans leur chambre, avec des consoles dernier cri, 3D.

Alors Bertrand regarde machinalement en direction de la terrasse.

- Merde t'as pas rentré ton père ! Il va s'enrhumer, ajoute t-il manière de plaisanter.

A cette seconde précise, venant de la terrasse, Lucienne et Bertrand entendent très distinctement :

AAAA...TCHOUM !



Ils aiment bien les avions, mais davantage la camaraderie.,

(Daguerréotype Andiamo)

Je rajoute ce poème de : Ugo Foscolo, que l'on m'a fait parvenir après publication. Je le trouve très beau et je vous en fait profiter, de plus il "colle" assez bien au texte.

............Ne vit il aussi sous la terre

Et alors que lui sera muette l'harmonie du jour

s'il peut la réveiller, objet de tendres soucis,

Dans la pensée des siens ?

Il est céleste

Ce commerce amoureux des sentiments,

Don céleste aux humains,

Et bien souvent il nous fait vivre avec l'ami défunt et le défunt avec nous...

Ugo Foscolo , I Sepolcri...

vendredi 10 avril 2015

BlutchL'art nouveau de l'école de Nancy

ou l’origine de l’art nouveau (aussi appelé « Jugenstyl » en germanophie).

La perte de l’Alsace-Lorraine par la France en 1870 a été, pour Nancy, une aubaine. Des riches familles ont quitté les territoires occupés pour s’y établir . Il s’en est suivi une émulation de la vie nancéenne, de nouvelles fortunes et la volonté de la montrer.

En conséquences, Depuis 1901 à Nancy un vent de folie a soufflé sur l’architecture et la décoration. Faut dire qu’un certain nombre de pointures se sont retrouvés autour de projets dont on peut dire qu’ils sortaient de l’ordinaire. Il fallait alors rivaliser d’audace dans l’originalité de ce que l’on peut appeler des œuvres d’art. Ca avait fait un peu comme maintenant avec le musée des Confluences et ses petits frère lyonnais,


Qui pourrait s’appeler aussi l’urinoir de lit.

Juste pour convaincre Célestoche que la comparaison n'est pas surfaite. Si tu demandes à Gogol des photos d'urinoir de lit, tu tombes sur ma photo du musée des Confluences, c'est bien la preuve...

mais ce qui change avec Nancy, c’est que c’est beau. C’est même magnifique de fantaisie et d’esthétisme. Faut dire aussi que ces constructions n’étaient pas sponsorisées par Arcelor-Mittal-Saint-Gobain. (quoi que… Il y a tout de même de belles oriels, vérandas et verrières en association verre-métal).

Que de la pierre taillée, des beaux bois, des pâtes de verre, des vitraux… et une folle inventivité. Parmi les pointures déjà évoquées, il y avait (sans autre ordre ou sélection que le fruit du hasard).

Les architectes : Jacques-René Hermant, Emile André, Charles-Désiré Bourgon, Lucien Weissenburger, Félicien et Fernand César, Paul Charbonnier, Alexandre Mienville, etc.

Les artistes : Bigot, Sauvage, Emile Gallé, Eugène Vallin, André... Jacques Gruber, Louis-Jean-Sylvestre Majorelle, Léopold Wolff 1863-1924, les ateliers des frères Daum, etc.

Quelques photos peut-être, juste histoire de rêver un brin… Ces photos ont été prises à la nuit déjà tombante, depuis la rue et sans recherche de références concernant les artistes et architectes. A déguster comme un promeneur nancéen.

Du « raisonnable » pour commencer ?


Peut-être les suites inattendues d’une pénurie d’équerres et de fil à plomb à Nancy ?


Du cossu classique.


Le toit semble avoir été déplacé par un vent trop violent, pourtant le Mistral ne passe pas par Nancy…


Vue de face


Et l’oriel du côté jardin.


L’architecte était-il un descendant de Numérobis ?
Quoi qu’il en soit, j’aurais bien voulu pouvoir visiter cette maison pour ressentir son énergie, car ça ne doit pas être anodin...


Vue latérale


Détail de la façade et des menuiseries


L’art nouveau transpirait aussi sur les maisons de ville


Un site qui en dit plus et mieux sur l’art nouveau de l’école de Nancy :

http://www.photos-alsace-lorraine.com/album/406/Art+nouveau

En bref, cet art nouveau là, j'aime...

Blutch

jeudi 18 décembre 2014

celestineLes couilles bleues

Comme vous avez pu le constater de visu, le vénérable tenancier principal de ce blog, qui en assure la maintenance avec une constance qui force le respect, est vert de désespoir devant l’amorphe manque de réaction de ses acolytes plumitifs.

Peut-on leur en vouloir, alors qu’ils ont peut-être tout simplement l’angoisse de la page blanche? Ou bien nulle envie de faire carburer leur matière grise? Qui sait ce qui se passe dans les arcanes fumeux des connexions neuronales d’un blogueur lambda…

Je suis peut-être une oie blanche, mais quand je vois mon prochain dans le caca (d’oie, donc) mon sang ne fait qu’un tour, et puis il faut vous dire que je ne sais rien refuser à Tonton Andiamo, notre vert patriarche…

Chauffée à blanc par un ou deux petits verre de rouge (pas de petit jaune, malgré mes pénates méridionaux, ça me rend patraque) non, simplement et à la bonne franquette, un peu de Saint Joseph grand crû (juste de quoi apercevoir le bout de l’extrémité de la queue d’un éléphant rose) je me suis sentie pleine d’une inspiration à faire pâlir Michel Well Bec, le grand philosophe du XXI° siècle. Et dans ce monde gris pluie, sous un ciel d’orage tout noir, dû sans doute à l'inexorable réchauffement de notre planète bleue, je me suis dit que quelques touches de couleur, ça ferait bigrement joli par ici. Ça égaierait. Comme un pot de géranium vermillon sur l’appui de la fenêtre d’un deux pièces dans la ZEP de Bécon les Bruyères. Et que ça donnerait bonne mine à mon crayon. Enfin à ma plume. Enfin quoi, à mon clavier, vous avez pigé, vous n’êtes pas des bleu-bites, que je sache.

Il faut avouer qu’allumer la TSF ou l’étrange lucarne au moment des nouvelles semblerait presque destiné, comme toujours, à nous faire broyer du noir. Partout de grises et sombres perspectives, travail au noir, gens verts de peur, les Jabes et les Aruifs qui se tirent dessus à boulets rouges…Moi je dis que depuis le temps qu'ils s’arrachent mutuellement la bande de Gazon, ils doivent être épilés à force, non ?

… Et puis y’a la peste brune, la vague bleue marine, et en face la pitoyable valse des bonnets blancs et des blancs bonnets, la rose socialiste qui flétrit de jour en jour et Dany le rouge qui est devenu vert…Tout le monde se rend bien compte que nous sommes pris pour des bleus pour mieux être chocolat. La carte bleue, la carte orange, la carte verte font la farandole dans les larfeuilles, il y a de quoi s’emmêler les pinceaux. Surtout si on est dans le rouge. Etre à découvert à une époque où on nous demande constamment de sortir couverts, avouez que c’est une faute de goût. Ou de l'esprit de contradiction. Ou de la révolution permanente. Et le vote blanc qui compte toujours pour des prunes...

Bon, je m’emballe, là, moi qui voulais vous enluminer le moral, et tricoter des arcs-en-ciel à vos chaussettes…Je m’en vais éteindre la téloche, cultiver mon jardin, semer des roses blanches, des lys orangés et des lilas, tout plein de zolies fleurs multicolores, accrocher des ballons rouges à vos fenêtres, des guirlandes mauves, violettes et indigo …et couvrir vos corps d’or et de lumière…

…Hein ? j’ai oublié quelque chose ? ... Quoi les couilles bleues ? Ah, oui. Non, rien. Vous attendiez quoi? Quelle graveleuse idée vous étiez-vous grivoisement concoctée dans le citron à l'évocation improbable de ces pauvres valseuses cyanosées par les hydrocarbures ? Je voulais juste vous dire qu’en surfant sur internet, j’ai découvert qu'il existait une certaine race de singes affublés de parties génitales d’une seyante couleur azur ou même turquoise… J'en ai été passablement esbaudie. T’imagines, le macaque qui a un rencart, en train de chanter, en pensant à sa dulcinée, un bouquet de cacahuètes à la main … ♫Ce soir j’attends Méthylène♪♫… Cela dit, les couilles bleues c'est toujours plus joli que la bite au cirage, comme disait Confus Siusse. Allez bande de vous, à la revoyure.

Célestoche


mardi 11 novembre 2014

AndiamoCanaletto

Un dimanche matin pluvieux, frisquet, venteux, un jour d'automne normal à Paris, les feuilles des platanes qui ombragent les quais n'en finissent pas de tournoyer, saloperies gluantes qui collent aux semelles.

Ses pas l'entraînent rue de Rivoli, puis tout naturellement devant les guichets du Louvre. Un petit tour au musée, pourquoi pas ? Après tout, il n'y pleut pas, et puis aller admirer Francesco Guardi, ou Canaletto, c'est toujours un bonheur.

Il est moitié Rital, moitié Parigot, Rémy, est-ce pour cela que Venise le fascine tant ? Plusieurs fois déjà il y est allé, toujours cette bizarre impression d'y être "chez lui", à la fois tétanisé par tant de beauté et, paradoxalement, les venelles (calletti), les petits canaux (rii), ainsi que les petites places (campielli) lui semblent familiers.

Il se rend directement dans la salle où est exposé le tableau de Canaletto : "Le môle vu du bassin San Marco".

Il s'assied sur la banquette tendue de velours pourpre, une banquette sans dossier, et se plonge dans le décor du XVIIIème siècle, les yeux rivés sur la toile. Il entend toussoter, il n'y a pas prêté attention, mais à côté de lui une jeune femme très brune regarde également la peinture.

- Fascinant, n'est ce pas ? hasarde t-il en tournant la tête.

- C'est ce que je ressens également.

La voix est chaude et profonde à la fois, le visage fin, aux traits réguliers, et des yeux noirs comme le jais, contrastent avec sa peau étrangement pâle.

Ils restent là un moment sans parler, puis se lèvent ensemble.

- Je vais aller dire bonjour à Francesco Guardi, articule la jeune femme, sinon il va être jaloux, et sait-on jamais ? Un mauvais sort est si vite arrivé ! En disant cela elle sourit, dévoilant une dentition à rendre jaloux l'orthodontiste le plus confirmé !

- J'y allais aussi... Alors ça ! bredouille t-il.

Face à "Santa Maria de la Salute", ils restent muets un moment. Rémy s'aperçoit qu'une larme coule sur la joue de la jeune femme. Il fouille dans sa poche, sort un paquet de mouchoirs papier et lui en tend un.

- Merci...

Sa voix est devenue un murmure.

- Cette toile vous émeut visiblement.

- Des souvenirs...

Le son est imperceptible.

- Je vous offre un café ?

Rémy vient de prononcer cette invitation comme on lance une bouteille à la mer, il est fasciné, la grâce, la beauté de cette femme, son émoi devant la peinture l'ont perturbé, et puis elle est tellement étrange.

- Avec plaisir, sourit-elle, et toujours ce sourire désarmant.

Ils coupent la rue de Rivoli, rue de Valois, les colonnes de Buren sont là tout à côté, dit la jeune femme.

- Ah non merci ! C'est l'autre illuminé en col Mao, l'attardé soixante-huitard qui a fait coller ces horreurs, ah non merci !

- Vous ne les aimez pas ? Moi non plus !

Ils se regardent et éclatent de rire.

- Je me présente, dit Rémy en se pliant en deux et faisant mine de balayer le sol d'un chapeau imaginaire, singeant D'Artagnan : "Rémy de la Musardière, de l'étau du fond de l'atelier"

- Et moi c'est Simone de Beau Lavoir !

Devant son air étonné, elle se fend d'un sourire.

- Mais non, je m'appelle Capucine !

- Waouh joli et pas commun !

- Merci mon Prince.

Ils arrivent dans une brasserie, commandent deux cafés. C'est alors que Capucine sort de son sac un genre de rouleau , le pose au creux de sa main, le rouleau se détend, apparaît une sorte d'écran, d'étranges signes se dessinent, la jeune femme regarde, un sourire naît sur ses lèvres.

- C'est quoi ce truc ? demande Rémy.

- Un nouvel "IPHONE", il sera commercialisé d'ici six mois, j'ai été choisie avec quelques autres, afin de le tester au quotidien, c'est révolutionnaire, vous verrez plus tard.

- Et ces signes bizarres ?

- Signes bizarres ? Mes amis de Calcutta vont être ravis, quand je leur dirai que le sanskrit ce ne sont que des signes bizarres !

- Vous parlez et écrivez le sanskrit ?

- Non, en fait je fais ça pour épater mes copains.

- Excusez-moi, je suis idiot !

- Mais non !

En disant cela, elle pose sa main sur celle de Rémy, leurs têtes se rapprochent pour un long et doux baiser.

Ensuite c'est la promenade main dans la main, quai du Louvre, le Pont Neuf, la Fontaine Saint Michel...

- Vite, jetons une pièce, ça porte bonheur !

- Regarde Capucine, elle est à sec cette fontaine, et puis c'est pas la fontaine de Trévi !

- Dommage, j'aurais bien fait comme Anita Ekberg !

- Tu es bien plus belle qu'Anita Ekberg, lui dit-il en l'embrassant devant les deux dragons médusés.

Ils flânent un peu chez Gibert jeune, cherchant des souvenirs dans les vieux bouquins scolaires, puis chez Boulinier, des milliers de B.D !

- J'adore la B.D, déclare Rémy, et toi ?

- Ouais, comme ça...

La nuit tombe tôt en ce mois d'octobre, ils se regardent, s'embrassent encore. Ce qu'il y a de chouette à Paris, c'est que personne ne fait gaffe à toi ! De plus, tu as vraiment peu de chance de rencontrer une connaissance, l'anonymat complet, et ça c'est chouette !

- On va manger quelque part ? propose Rémy.

Un bistrot rue Saint-Benoît près de Saint-Germain-des-prés.

- Il ne paye pas de mine comme ça, mais la cuisine est excellente, j'y viens souvent, déclare Rémy, c'est un peu ma cantine en quelque sorte !

La nuit magnifique dans le studio de Rémy, rue Saint-Jacques.

Ils ne se quittent pratiquement plus, elle lui a dit faire des photos de mode pour différents magazines..

- Des photos de charme ? a demandé Rémy.

- Bien sûr, afin d'exciter des vieux cochons comme toi, ils ont ri et roulé sur le lit...

Tu aimerais aller à Venise ? A demandé Rémy un dimanche matin, après le petit déjeuner préparé par ses soins. Capucine a levé la tête de son Iphone bizarre, toujours couvert de signes cabalistiques.

- Tu dis vrai ?

- Oui, bien sûr namour...

Elle a passé ses bras autour de son cou, et puis...

Rémy est passé à sa banque, a soldé son compte épargne logement, quelques milliers d'euros, puis a retenu sur internet une jolie chambre avec vue sur le canal Grande, un superbe hôtel. Le voyage, l'hôtel, les repas, bien sûr ça coûte un œil, mais à quoi serviraient ses yeux s'il ne voyait plus sa Capucine ?

Ils ont embarqué à Roissy, le survol des Alpes autrichiennes en avril, la neige sur les sommets, puis la plongée sur Venise. Un taxi jusqu'à Tronchetto, un joli canot automobile "Riva" en acajou, l'arrivée devant l'hôtel "Rialto Venezia", entre deux colonnes peintes en torsades à la mode vénitienne, vue imprenable sur le ponte Rialto...

Une trattoria sympa dans une stradina, entre un Maschera negozio (magasin de masques), et une panetteria.

La longue promenade le long du canal grande, les somptueuses façades des palaci vénitiens, les fresques mondialement connues, une Marie Brizard rafraîchie à la glace pilée, sirotée à une terrasse. La soirée est extraordinairement douce pour un mois d'avril, quand le vent ne souffle pas du nord, ce vent qui se gèle sur les Dolomiti, avant de fondre sur Vénézia.

Le retour à l'hôtel, le "buona notte" du réceptionniste, et la folie de leurs corps enfin dénudés.

Capucine s'est approchée du balcon, elle est nue accoudée à la balustrade. Venise ne dort jamais. Il est certain que quelques passants éméchés vont se rincer l'œil songe Rémy, mais bah ! Après tout "ils" verront ce que je touche !

Capucine est splendide. Nue, elle n'est pas impudique, sa beauté lui sert de parure.

Sur les draps froissés Rémy avise le petit rouleau que Capucine consulte régulièrement, il le saisit, plus par curiosité que pour espionner son aimée.

Le rouleau se détend et l'écran apparaît, toujours ces mêmes signes bizarres, du sanskrit a-t-elle dit, pourtant il se souvient avoir vu des textes en sanskrit sur internet, alors qu'un jour la curiosité l'avait piqué. Et ces signes là ne ressemble aucunement à du sanskrit, machinalement il effleure l'écran du bout de l'index, il ressent un léger picotement.

- NOOON ! Capucine a hurlé ! Ne touche pas, NOOOon ! C'est le dernier mot que Capucine a crié, tandis qu'elle disparaît, se volatilisant en des milliers de bulles multicolores, laissant derrière elle le parfum un peu âcre de la capucine...


(ch'tiot crobard Andiamo)

mardi 7 octobre 2014

AndiamoMassacrons la mythologie

HEP ! DRRRRIIING ! ça va peut-être les réveiller mes coblogueurs ? Sait-on jamais ? C'est la fumette ou le gardénal qui les rend léthargiques ?...

Alors je m'y suis collé un ch'tiot crobard en rapport avec la bitologie... Pardon la mythologie, quoique très souvent l'une rejoint l'autre, pas faignasses les Circé, Calypso, Aphrodite, et autres sirènes en rut ! Une jolie source d'inspiration... Tiens tiens.

(ch'tiot crobard Andiamo)

mercredi 1 octobre 2014

AndiamoLa bougie

AVANT PROPOS :

Mes collègues, les "BOSS" bénéficient d'une retraite anticipée... Si, si je vous assure, alors pris de court, j'ai ressorti une petite histoire, une charmante bluette écrite il y a six ans... Déjà...


Chloé sortit sur le pas de la porte, et regarda dans le jardin. Didou, son petit Didou, se balançait vigoureusement sur la balançoire du portique vert planté au milieu de la pelouse : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, le petit garçon sauta à terre. Chloé sursauta, mais non, il ne pouvait rien lui arriver, pas encore...

L'enfant, âgé de quatre ans environ, courut vers sa mère, bras tendus, et se jeta dans ses jambes en criant : "Maman" ! Chloé se baissa, lui caressa les cheveux. Il leva la tête, un grand sourire, et repartit vers sa balançoire : 1, 2, 3, 4, 5, un grand rire, un nouveau saut, puis, en courant, il tenta de rattraper le chat, mais celui-ci escalada prestement la clôture et s'enfuit en miaulant.

Chloé consulta sa montre. Vingt et une heures.

- Didou ! Rentre, mon chéri, il est l'heure d'aller faire dodo. Didou, un peu boudeur, quitta à regrets la clôture et rentra. Allez, Maman va te déshabiller, mettre le beau pyjama "Snoopy", un gros bisou-câlin, et dodo. Bien sûr, je te lirai "OUI-OUI".

Après avoir refermé l'album, donné le bisou-câlin, Chloé s'éloigna sur la pointe des pieds, un dernier regard sur SON petit garçon qui dormait déjà, puis, délicatement, elle referma la porte.

Sur le coin du joli bureau "Chippendale", la flamme de la petite bougie bleue commençait à vaciller. Avec un gros soupir, Chloé ouvrit le tiroir et en sortit une autre bougie, bleue comme la précédente. La dernière, songea-t-elle tristement. Une larme coula sur sa joue. Avant que la bougie ne s'éteigne, la jeune femme pencha la mèche vers la flamme (surtout allumer la bougie nouvelle à la flamme de la précédente). Puis elle déposa la bougie neuve au même endroit, s'installa dans le grand fauteuil "Voltaire", son préféré, alluma une cigarette. Le cancer ? Tout cela avait si peu d'importance en ce moment précis. Le sommeil la surprit au moment où elle revoyait la scène : elle entre dans la chambre, Didou dort...

Maman ! Réveil en sursaut. Vite, elle regarde la bougie. Ouf de soulagement, elle brûle encore, sa flamme claire ne tremble pas. Oui mon chéri, Maman arrive. Chloé monte les marches, pousse la porte de la petite chambre, Didou est debout, une moue boudeuse en guise de sourire.

Bébé a mal dormi, il a fait plein de rêves méchants, des couche-mares. Cauchemars, mon chéri. Allez, viens, Maman va préparer le petit déjeuner, oui, du Nutella avec de la brioche, dessus et dessous le Nutella ! Oui, bébé.

Didou s'et approché du bureau :

- Elle pue ta bougie, et puis elle n'est pas belle ! Didou n'en veut plus !

- Ne la touche pas ! Chloé a hurlé, puis a violemment repoussé l'enfant.

- Tu m'as fait mal, Maman est méchante, la bougie elle est vilaine et pis, et pis, elle pue mauvais, na !

Une journée de plus, une journée encore, la bougie bleue, les jeux de Didou, ces dix derniers jours semblables, "copiés collés" ou presque.

1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, voilà, un de plus qu'hier... Le même saut à pieds joints, sursaut de Chloé, c'est idiot songe-t-elle, je devrais y être habituée maintenant. Didou lui enserre les jambes. Caresse sur les cheveux bouclés. 1, 2, 3, 4, 5, le saut, la cavalcade poursuite avec le chat...

Vingt et une heures, le câlin, dodo après "OUI-OUI". Un peu plus long que les jours précédents, le câlin. Les yeux de Chloé s'embuent de larmes, la porte refermée doucement.

La flamme de la bougie éclaire faiblement le coin du bureau. Chloé s'affale dans le fauteuil, allume sa cigarette, elle revoit ce matin, il y a dix jours, il y a dix siècles.

- Bonjour Didou ! Didou dort encore, il n'a même pas bougé, Chloé tire les rideaux s'approche du petit lit.

- Debout paresseux ! L'enfant ne bouge pas, Maman pose sa main sur le front de bébé, il est glacé, elle tire prestement la couverture, inerte, bébé est inerte, la peur lui tord le ventre. Elle soulève son Didou, les bras pendent, les jambes aussi, c'est une poupée de chiffon qu'elle tient dans ses bras. Un cri de bête jaillit de sa poitrine, NON pas lui, mon bébé n'est pas mort, pas LUI ! Tous mais pas LUI !

Elle a appellé Camille, son amie, sa presque soeur, celle qui ne l'a jamais abandonnée, quand Fred est parti, elle était là, Camille mon autre moi. J'arrive, a-t-elle simplement dit, ne touche à rien tu m'entends... A rien, ne préviens personne, j'arrive...

Elles sont allées voir Matéo, le vieux Manouche, un Rom. Il vit à l'écart à la limite du village, il habite toujours sa vieille "verdine", trop vieux pour suivre la tribu, ses yeux ne voient presque plus. Tu me donneras tout ce que tu possèdes, ton argent, tes bijoux, ta maison. Chloé a tout donné, tout signé. Pas pour moi, a dit Matéo, pour ma petite fille, moi j'vais bientôt crever, alors...

Chloé est repartie avec dix bougies bleues. Tu devras allumer la première à 22 heures, ensuite, chaque jour quand la bougie sera prête de s'éteindre, tu allumeras la suivante à sa flamme, et ainsi de suite.

Le soir même, à 22 heures, Chloé a allumé la bougie. A l'étage, la voix de Didou a crié :

- Tu ne m'as pas fait mon bisou-câlin, et pis t'as pas lu OUI-OUI. Maman est montée comme une folle, a serré Bébé très fort. Tu m'fais mal, a-t-il protesté.

Et voilà, la dixième bougie est là, sa flamme commence à vaciller. Alors Chloé se lève. D'un geste las, elle ouvre le tiroir du joli bureau "Chippendale", sa main plonge, et ressort armée d'un Lüger. Ce pistolet, elle le tient de son grand-père, ramassé sans doute sur le cadavre d'un officier Allemand.

La bouche grande ouverte, le canon glisse lentement entre ses dents.



(ch'tiot crobard Andiamo)

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