Blogborygmes

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mercredi 19 septembre 2012

AndiamoShocking !

A l'heure où la guerre fait rage en Afghanistan, à l'heure où la crise est mondiale, à l'heure des commémorations des attentats du 11 septembre, à l'heure où...

C'est quoi t'est-ce donc qui fait la UNE (et même la deux et la trois) des journaux ? Hein c'est quoi t'est-ce donc ?

Les doudounes princières ! Mais voui, les doudounes de Kate Middleton...

C'est William longues chailles qui n'est pas content, ah non ! Le monde entier a vu de quoi il se contentait !

Alors Blogbo qui n'est jamais en reste, afin de devancer l'actualité brûlante, publie les premières photos de l'intimité de la REINE, mais oui.

Et pour la première fois bien avant CLOSER, VOICI, VOILA, FRANCE-DIMANCHE et même GALA !

Blogbo présente :


L'ESSAIM DE LA REINE !


Allons Kate ne fais pas la gueule, tu es tellement plus jolie quand tu souris ))

(photos piquées sur le net, merci à eux)

mardi 4 septembre 2012

AndiamoLes claques

C’était tout de même une époque où l’on savait vivre, et bien vivre !

Le Chabanais ; le Sphinx ; le One two two… Des noms qui n’évoquent sans doute pas grand’chose pour vous : autres temps, autres mœurs !

La first classe, la crème s’y retrouvaient ! Madame veillait sur « ses filles », ne badinait pas avec l’hygiène, ni sur le langage, ah mais non ! Les mal-apprises, les harangères, les rapides du clapoir étaient mises à l’amende…

- Lisette, c’est quoi ce : « casse-toi pauv’con » ?

- Euh…

- Un franc cinquante d’amende !

- Mais Madame ?

- Tu renaudes Lucette ?... Deux francs ! Excusez-la, Monsieur Lucien, les bonnes manières se perdent. L’ invention du cinématographe, cette diablerie pour midinette en mal de Prince charmant, leur perturbe le cerveau, j’l’interdirai, moi, cette invention satanesque.

- Nique, Madame Germaine, nique.

- Oh Monsieur Lucien !

Ça n’étaient pas des vulgaires boxons pour bidasses aux glandes surchargées ou pour prolos venus arroser la paie de la semaine, que nenni.

Pas davantage pour des adjupètes de mes deux, encasernés à Sarreguemines ou à Hénin–Beaumont, ah mais non ! Du lupanar de haute volée, du trois étoiles dans le guide de la lubricité, les Panthéons de la gaudriolle, ils auraient mérités une fresque au sommet de l’Arc de triomphe.

Je la « vois », moi, la fresque : des Hétaïres en tenues vaporeuses, alanguies comme des modèles de ce bon Monsieur Ingres. Allongées sur des méridiennes de velours grenat, nonchalamment éventées par des négrillons en tenue de grand Vizir… Avouez que ça aurait eu une autre gueule que la fresque guerrière, fusse-t-elle de Rude. Bien plus enrichissantes pour les générations futures que ces bas-reliefs glorifiant les tueries passées ou à venir, les batailles d’amour, les seules qui vaillent !

Comme disait Luis de Gongora : « A batallas de amore, campo de plumas » !

Le Chabanais : situé dans la rue du même nom, au 12. Dans le très chic deuxième arrondissement, près du Palais Royal. Tu vois l’endroit ? Ce ne sont pas les puces de Clignancourt ni la rue Blondel !

Ce fabuleux établissement accueillit Edouard VII, qui fit fabriquer une baignoire en cuivre, que l’on remplissait de champagne. Il fit également fabriquer un fauteuil pourvu d’étriers métalliques…. Hue cocotte !

Pierre Louys et Guy de Maupassant ont honoré les lieux.

La chambre Japonaise, la chambre Louis XV, ainsi que la chambre Hindoue, sans omettre le cabinet Mauresque ont vus des ébats dignes du divin Marquis !

Finalement, la baignoire fut acquise en 1972 et offerte à Salvador Dali, puis installée dans sa chambre de l’hôtel Meurice, rue de Rivoli…

Le Sphinx : sans doute le plus luxueux lupanar des années trente, les propriétaires Paul Carbone et François Spirito associés à d’autres. Le haut du pavé de la pègre Parisienne de l’époque, la « femme » de Carbone n’était autre que « Manouche ».

Il était situé au 31 Boulevard Edgar Quinet, près de Montparnasse, dans le XIV ème. Il a compté jusqu’à 65 pensionnaires et pas moins de 5 sous-maîtresses !

Un monde, un reste d’Empire, poussières de grand siècle. .. Tout ce que Paris et ses environs comptaient comme personnalités s’y retrouvaient : Joseph Kessel, Blaise Cendrars, Francis Carco, Et même Marlène Dietrich ainsi que la grande Frehel, qui venait y pousser une goualante.

L’un des plus célèbres, dont le nom est encore sur toutes les lèvres (si j’ose dire) : le One two two.

Situé au 122 rue de Provence (d’où son nom) dans le VIIIème, près du magasin du Printemps et du boulevard Haussmann. Il s’élevait sur sept étages ! Volets blancs, toujours clos, bien sûr…

Il fut ouvert en 1924 par Monseur Jamet et sa femme Fernande, à qui je pense parfois (qui se faisait appeler Doriane), une ancienne prostipute du Chabanais. Ce magnifique établissement fut fermé en 1946 par les soins de Marthe Richard (puisse-t-elle brûler en enfer pour l’éternité).

Dans ce magnifique établissement de haute tenue, on pouvait au gré des passages dans les différentes chambres faire « le tour du monde » : une cabine de paquebot transatlantique, une cabine de l’Orient express reproduite à l’identique, le grenier à foin pour les nostalgiques de la ruralité, La chambre Egyptienne avec Cléopâtre (pas une momie je vous vois venir), la chambre Grecque aux colonnes doriques, et enfin la galerie des glaces avec miroirs pivotants…. Il y a de quoi rêver Messieurs !

Et même, pour les masos : la chambre des supplices avec, s’il vous plaît, mise en scène de la crucifixion !

Oh ! Bien sûr, tous les lupanars n’étaient pas aussi luxueux ! Loin s’en faut, et certains tenaient plus de l’abattage que des frivolités bon chic bon genre. Les pauvres filles qui y « travaillaient » n’avaient guère le choix, ni l’humeur primesautière : esclaves, voilà ce qu’elles étaient.

Savez-vous qu’au 22 de la rue Bayard, siège de R.T.L aujourd’hui, figurait le « Panier fleuri » un boxon ? Ce panier fleuri, ça n’était pas la first classe, je vous le concède.

Aujourd’hui, à Paris, les tapins fleurissent partout, du bois de Boulogne en passant par celui de Vincennes, et sans omettre les boulevards des Maréchaux avec les camping-cars garés à la queue leu leu (expression qui trouve ici toute sa valeur).

Etait-ce mieux, ? Devrais-je dire moins mal ? Je ne sais pas, mais ce qui est certain c’est que je regrette de ne pas les avoir connus…. Voilà c’est dit !



Pour vous et rien que pour vous j’ai inséré un lien.

Il s’agit d’un extrait du film de Gilles Grangier et Georges Lautner, dialogues Michel Audiard (excusez du peu) datant de 1965, intitulé : "un grand seigneur". C’est un film à skeches, que j’avais vu en son temps à Paris bien sûr.

L’extrait proposé est une scène de tribunal, et franchement cet extrait vaut son pesant de cacahuètes. Allez bonne rigolade. (regardez, même si c’est un peu long, ça en vaut VRAIMENT la peine)

http://kroulik.blogspot.com/2008/02/un-grand-seigneur.html

vendredi 31 août 2012

Saoul-FifreLe premier orage post aestivum

Il est taquin.

Il s'approche, l'air de rien, dégagé, faisant sa sainte n'y touche...

Le soleil brille, le regard porte jusqu'au Luberon mais en un rien de temps la vapeur d'eau invisible dans l'air se condense, la lumière s'éteint et ce farceur fait retentir à notre oreille un gros coup de tonnerre.

Hou ! T'as eu peur, hein ?

Ben c'tte blague ? Je cours en soufflant comme un phoque jusqu'à la maison pour débrancher le forage, deux cartes électroniques à trois cent euros l'une ça suffat comme ci, et je tourne sur moi-même pour dépister un éventuel départ de feu.

Un éclair qui tombe sur la végétation complètement déshydratée de fin d'été, ya pas mieux, on touche au génie du barbecue, la colline s'embrase comme si on avait appuyé sur un bouton et c'est parti mon kiki. J'ai assisté deux fois au phénomène, un orage sec, c'est un pyromane à l'efficacité garantie, c'est un trucage dans "Les dix commandements", tu sais, quand Y. avec son carton en zig-zag recouvert de papier-chocolat il met le feu au buisson ardent ?

Bon, les deux fois, la pluie s'est mise doucement à tomber dix minutes plus tard et l'orage a éteint l'incendie qu'il avait allumé. Mais sans cette crise de remords in extrémis, zou maï c'était reparti pour le ballet rouge des pompiers et des canadairs.

Notre vie ne renouvellera-t-elle jamais son programme télé ?

Dans le feu récent, pas trop éloigné de chez nous, dont parle Bof, je n'y suis pour rien, l'orage non plus. C'est le fils du maire qui a craqué l'allumette, juste pour faire bisquer son père.

Oui mais un orage peut aussi amener l'eau espérée. Un éclair mieux positionné, plus finaud, a déchiré la poche d'eau céleste et les trombes s'écoulent. Ça ravine oui, mais ça mouille et c'est le principal.

Plus besoin d'arroser le potager.
Je vais pouvoir enfin déchaumer, rentrer de quelques centimètres dans ce sol dur comme de la pierre.
Les fruits d'automne vont finir de mûrir, les coings pouvoir se ramollir un peu, les olives se remplir les joues, les figues se gorger de jus, les grappes s'alourdir.

Et puis les sangliers cette nuit vont descendre de la colline. Ce sont bêtes d'habitudes. Leur première nuit d'après orage m'est réservée. Mes terres riches en matière organique abritent de gros vers de terre qui ont passé l'été enfouis à grande profondeur et qui remontent dès qu'ils sentent l'humide. C'est le dessert des suidés et la première pluie automnale leur est sacrée. Ils viennent fouir, fouiner, fouisser, s'en foutre jusque là, de la protéine tendre. Un ver, ça va, trois cent vers, quel bon jour les gars !

La pleine lune éclaire a giorno la campagne. Je me suis installé pénard sur l'Avto, face à un de leurs passages traditionnels. Ils arrivent en me faisant poireauter juste un peu, comme pour un rendez-vous amoureux. Il y a toute la smala, la femelle dominante, ses petits, là ils portent encore la livrée, ils sont curieux, ouverts, n'ont pas encore acquis la paranoïa de l'animal sauvage traqué. Les "accompagnants", oncles, tantes, cousins, tanguys, labourent tout ce qu'ils peuvent, reniflent, grognent sur une odeur peu ou trop connue. Les odeurs mécaniques du tracteur chaud camouflent la mienne, ils lui tournent autour, intéressés. C'est un spectacle intense, allez : j'allume les phares pour y voir mieux. Ça ne leur fait ni chaud ni froid, une partie engourdie de leur cerveau doit simplement leur souffler qu'il est un poil tôt pour le lever du soleil mais ils s'en branlent avec une branche, en fait.

Ils ont fini d'engloutir tout ce qui est comestible dans le coin. Ils s'éloignent tout en se grommelant leur contentement. Ils sortent d'une bonne douche sur ces poussières d'Eté collées de sueur et ces tonnes d'eau cadeau du ciel ont ramolli cette terre aride dure à leur groin.

Eux aussi adorent le premier orage.

mercredi 15 août 2012

AndiamoLe grand sommeil

RRR BZZZZ RRR BZZZZ...

Ah la vache ! Ca roupille ferme sur ce blog. Le Souf' parti je ne sais où essayer un nouvel "AVTO" . Pour les non-bouseux, c'est un tracteur Russe, avec tout le confort moderne des années quarante, y'a même un siège percé qui permet de ne pas perdre un temps précieux à.... Non vous ne voulez tout de même pas que je vous fasse un ch'tiot crobard ?

Si ? Une prochaine fois alors, car je n'ai plus mon PC habituel et je ne peux pas scanner des documents. Je l' ai flingué, voici quatre jours, et je le récupèrerai peut être à la fin du mois.

Tant-Bourrin, qui doit avoir un mal de chien à se remettre de son gain faramineux gagné à l'Euro million.

Il est British le gagnant ? Que nenni, c'est T-B qui leur a refilé un faux blase (Lord Kit ) et qui a empoché le pactole. C'est un afficionados du sport de haut niveau Tee Bee, il assistait à la finale du saut en largeur, quand il a appris la bonne nouvelle.

Heureux qu'il était notre Tant-Bourrin, tellement heureux qu'il a roulé une pelle au "Bobby" de service, et depuis ils se sont pacsés ! Le reverra-t-on jour ?

Le scout : entre les tapirs, les pécaris, les féroces Jivaros, les anacondas, les bagnards évadés... J'en passe et des meilleurs, pas moyen qu'il envoie un bifton...

Notre Poulette nous a fourni pas moins de trois planches voici un mois, je pense qu'elle se remettra au boulot d'ici Noël, et encore !

Alors il reste qui ? Le vieux schn... Je m'emmerde avec ce nouveau clavier, il me double pratiquement toutes les lettres que j'écris ! Comment ? C'est mon Parkinson qui me joue des tours ?

Faux ! Je m'iinnssuurrggee jjee nnee ttrreemmbbllee ppaass, ou si peu que pas !

Je sens que je vais faire une requête : au lieu de Blogborygmes, on devrait baptiser ce blog "Gobi" à cause du désert du même nom.

Et bien voilà, j'ai écrit quelques lignes pour ne rien dire, ce sont les vacances n'est-il pas ?

.

BLOGBO ressemble à ça n'est -ce pas ?

(ch'tiot crobard Andiamo)

samedi 7 juillet 2012

AndiamoLa Samar...

Parfois le jeudi, qui était autrefois le jour des mômes au lieu et place du mercredi , ma mère nous annonçait à mon frère, ma sœur et à moi :

-Bon ! On va manger de bonne heure, puis je vous emmène au magasin.

Magasin… Le mot magique ! Généralement c’était la Samaritaine, « la Samar » comme on l’appelait familièrement.

Mais avant le départ il y avait les recommandations, elle nous connaissait bien notre mère !

-Je vous préviens : pas de bagarres, je n’achète rien, hormis les vêtements dont vous avez besoin… Compris ?

Et dans un ensemble parfait digne des petits chanteurs à la croix de bois nous répondions :

-Oui M’man !

Pourquoi aller à la Samar acheter les vêtements ? Car ils étaient de bonne qualité et pas trop chers.

Tout compte fait elle achetait seulement les culottes courtes, pantalons, chemises, pour le reste c’était du « fait maison ». Les pulls, les jupes et robes de ma sœur, les blousons pour mon frère et moi, et même des capuchons en tissu caoutchouté. La vieille « Singer » à pédale unique reprenait régulièrement du service, et les aiguilles à tricoter ne chômaient pas.

En tout début d’après-midi nous partions, le bus 151 à plate-forme, un antique T4 nous emmenait jusqu’à la porte de Pantin, vingt minutes environ, puis le métro ligne 5 jusqu’à la gare de l’est dans une brinqueballante « Sprague Thomson » verte, changement ligne 7 jusqu’à la station Pont Neuf.

Nous comptions bien sûr les DUBO DUBON DUBONNET, ces affiches qui tapissaient les tunnels du métro entre deux stations, le remugle caractéristique du métro parisien. Ma mère qui sans cesse, nous recommandait de ne pas nous approcher du quai. Les « PSCCCHH « ! Des portes automatiques des voitures actionnées par des vérins pneumatiques. Toutes ces choses, ces senteurs, aujourd’hui disparues.

A peine sortis du métro, on la voyait, immense face à la Seine (le plus beau fleuve du monde, normal il abreuve la plus belle ville de l'univers). Non je ne suis pas chauvin, j'y suis né mais je suis resté modeste.

Que de monde ! On avait beau y aller assez souvent, tant à la Samar qu’aux galeries Lafayette ou encore à la Belle Jardinière (fermée depuis belle burette… Pardon lurette) nous nous tenions la main, de peur d’en perdre un en route. J’aurais dû les serrer tous un peu plus fort car ils sont partis.

Les étroits escaliers mécaniques…

-Regarde où tu mets les pieds, tu vas te faire coincer ! L’odeur de la cire qui envahissait tout, les parquets de bois joliment entretenus qui craquaient sous nos pieds , les stands avec pratiquement une vendeuse derrière chacun d’ eux, robe noire et col claudine blanc de rigueur.

Enfin le rayon « enfants », essayage de culottes courtes bien entendu, pour mon frère et moi.

-Tu comprends, la peau des genoux ça repousse, les trous dans les pantalons ils ne se bouchent pas tout seuls, et puis avec des « brise fer » comme vous…

Pour nous faire rire, ma mère allait toujours faire un petit tour au rayon chapeaux. Elle en esssayait quelques uns, histoire de nous faire rire. Pourtant elle les portait bien, mais elle s’arrangeait pour faire des grimaces, provoquant notre hilarité.

A la sortie, lorsque c’était la saison, elle achetait un ou deux cornets de marrons. Les marchands étaient là, le coin est bon pour la vente, gros chaudrons noirs, les braises bien rouges et la bonne odeur de la châtaigne cuite.

Quelques châtaignes dans un cornet fait d’un papier journal entortillé. Les fruits brûlants qu’il faut décortiquer, avant de les croquer tout chauds, bien trop chauds, notre impatience nous faisait faire des : ouh la la ! Hu hu hu ! En ouvrant grand la bouche, et soufflant tout ce qu’on pouvait afin d’évacuer le trop de chaleur qui nous brûlait la langue et le palais.

Enfin nous rentrions, commentant bruyamment l’après-midi, et annonçant les prochaines stations sans consulter les cartes placardées au-dessus des portes.

Les « ouais t’as triché » ponctuaient les : Stalingrad ; Jaurès ; Laumière et autre Ourcq. Vociférations vite calmées par l’appel au calme maternel.

C’était hier et loin pourtant, où sont tous mes repères ? Les ampoules remplacées par des néons, le crieur de journaux à la sortie des bouches de métro. Le père d’un copain vendait même des saucissons à la sortie de la porte de Pantin ! Les cartes aux tracés constellés de petites loupotes qui vous indiquaient la ligne à parcourir lorsque vous appuyiez sur le bouton de la station où vous désiriez vous rendre. Les portillons automatiques qui se fermaient à l’approche d’une rame, interdisant l’accès aux quais, et les gros distributeurs de friandises, peints en bleu avec écrit en relief, brut de fonderie : « chocolat Menier ».

Et surtout cette odeur si caractéristique qui a disparue elle aussi, comme toutes les choses et les êtres qui m’ont accompagné.


Voici une photo de la SAMAR, fermée depuis quelques années au motif : "mise aux normes" réouverture... ? Leur slogan était, souvenez-vous : ON TROUVE TOUT A LA SAMARITAINE.

mardi 29 mai 2012

Saoul-FifreMonsieur Laroza

Si j'ai toujours su vivre avec très peu d'argent, il m'en fallait néanmoins, je m'excuse de cette faiblesse auprès de la compagnie esgourdante. Vint un jour où, mes poches ne contenant plus que de la menue monnaie, je dus rendre visite à cette bonne vieille ANPE, ce repaire d'esclavagistes, ces pirates recruteurs ne reculant devant aucun moyen pour vous amener à signer des contrats d'embauche à vil prix. Ces laquais à la solde du patronat n'ont pas leur pareil pour vous embobiner en vous poussant à la consommation alcoolisée. Vous me connaissez, ils n'eurent pas à beaucoup insister et me firent miroiter des avantages imaginaires et des salaires mirobolants. Des étoiles lançaient des étincelles dans leurs yeux cupides et cruels et je me retrouvai nanti, au sortir des serres de leur verbiage mensonger, d'une adresse de patron potentiel, sis en la bonne ville de Bruges, pas la Venise Belge, mais la commune en périphérie de Bordeaux.

Monsieur Laroza était maraicher. Bien sûr, dès que je trouvais une maison à louer avec un terrain, j'y aménageais aussitôt un potager, par plaisir, mais je n'avais jamais fait ça en professionnel. Je le prévins avec honnêteté mais il ne tordit pas le nez sur l'info. Monsieur Laroza aimait transmettre son savoir. Et moi j'aime apprendre. Oh mon dieu le nombre de techniques, d'outils et de tours de main géniaux que j'ai pu emmagasiner en six mois passés chez ce gars là !

Le raclet. Je l'ai retrouvé sur internet sous le nom de binette provençale mais "raclet" semble bien une appellation locale médoquine. Monsieur Laroza en possédait de toutes sortes et de toutes largeurs, du petiot pour l'ail, qui ne faisait guère plus de deux centimètres de large, au gros de vingt ou trente, pour faire les interlignes. L'important était que la lame soit bien aiguisée, devant et derrière. En la faisant glisser, bien parallèle à la surface, à un ou deux centimètres de profondeur, avec un mouvement de va-et-vient, la lame coupe aisément toutes les mauvaises herbes, même celles avec une grosse racine pivotante. Le collet coupé, la racine pourrit dans le sol et ne repousse plus. Le raclet possède un manche suffisamment long pour que le maraicher ne se baisse jamais. Il se tient très droit, son geste est précis, la lame virevolte entre les plants sans en abimer un seul mais ce travail ne nécessite aucun effort : si le raclet est bien aiguisé (et il convient de vérifier son fil régulièrement) le bras ne ressent aucune secousse, aucune résistance. Encore faut-il que la terre soit parfaite pour le maraichage, sableuse, légère et sans cailloux ? Celle de Monsieur Laroza l'était, zone d'alluvions de la Jalle et de la Garonne, qui plus est amendée, améliorée par des générations d'ancêtres.

Dans ma doulce Provence, je ne pourrai me servir du raclet qu'après avoir fait appel au gros broyeur de rochers. J'y songe avec force.

Monsieur Laroza, qui ne laissait pas souvent ses neurones inactifs, avait imaginé une adaptation du système du raclet pour le tracteur. Un artisan ferronnier du coin lui avait bricolé sur ses indications une lame d'acier taillée en biseau, lui aussi soigneusement aiguisé. La lame, de la largeur du tracteur, était montée sur un bâti à l'arrière de celui-ci. Dès que nous avions fini de récolter une planche, il convenait de la désherber "en plein" pour la rendre propre à la culture suivante. Monsieur Laroza sonnait alors le ban et l'arrière-ban de sa petite entreprise pour venir faire "poids" afin que la lame s'enfonce d'au moins dix centimètres dans la terre et remplisse son office désherbant. Il s'installait dignement sur l'unique siège du tracteur et nous autres grimpions à l'arrière sur le bâti en nous agrippant (sacripants) les uns aux autres et où nous pouvions. Il y avait là dessus Madame Laroza, les deux ouvrières de l'emballage, mézigue et l'autre ouvrier, le portugais. Jamais les deux filles des patrons, toujours tirées à quatre épingles, élevées comme des demoiselles de la légion d'honneur pour leur faire oublier leurs origines bassement terriennes. Enfin on rigolait bien, à servir de poids pour que la lame arrive à s'enfoncer, c'était pas fatiguant, ça nous faisait une pause conviviale en milieu de journée. Du coup, puisque tout le monde était sur place, chacun prenait une fourche et, par des mouvements croisés en forme de X, on extirpait tous les végétaux dont la racine venait d'être tranchée. Hop hop, on chargeait les petits tas sur une remorque et hop : au compost. Tous ensemble, en une demi-heure, la planche était nettoyée.

Je vous parle de compost, de désherbage manuel, mais Monsieur Laroza n'était pas en bio. Il travaillait tout simplement par choix comme le faisaient ses parents avant lui, à une époque où les poisons chimiques n'existaient pas. S'il apercevait, dans son domaine si bien entretenu, une mauvaise herbe en train de fleurir ou pire, de grainer, la salope, son sang ne faisait qu'un tour, il se jetait sur elle et l'arrachait. Comme il travaillait comme il faut, sans cultiver deux fois la même famille de légume au même endroit, il ne connaissait pas trop la maladie.

Monsieur Laroza était d'une méticulosité extrême. Les gestes qu'il m'apprenait avaient la précision du rasoir, on sentait qu'ils se transmettaient avec ferveur d'une génération à l'autre, qu'ils avaient été testés et re-vérifiés et je me devais de les reproduire à l'identique, par respect pour le génie des anciens maraichers de Bruges. Quand il évoquait la rectitude de la marque laissée sur la terre par le cordeau, ce n'était pas une expression en l'air à traiter par dessus la jambe. Il convenait que ce soit droit, Nom de dju ! Les écarts des raies n'étaient pas non plus calculés au pif. Il possédait toute une série de gabarits-traceurs pour marquer les repères précis où nous devions placer notre cordeau, le tendre puis lui imprimer un mouvement régulier de va-et-vient, sans dévier d'un poil, avant de passer à la ligne suivante. Quand les lignes étaient tracées, un autre gabarit, ou le même, servait à indiquer l'endroit où le plant allait être repiqué sur la ligne.

Les plants se préparent à l'avance. Avec une fourche-bêche, on soulève précautionneusement un semis déjà bien levé et on rafraichit les plants, on ne garde que ceux de la bonne taille. Avec le plantoir, on fait un beau trou lisse, on lisse les racines du plant de façon à ce que tous les brins tombent verticalement, on maintient le plan à la bonne profondeur de la main gauche tandis que la droite fait avec le plantoir un nouveau trou à côté du premier et le bouche d'un mouvement de levier. La terre doit surtout être rabattue en contact étroit avec les racines. La parcelle repiquée sera arrosée mais ce serait très gênant qu'il reste un trou d'air sous les racines ! Pour le repiquage, il faut être souple. Les jambes restent droites, écartées de chaque côté de la ligne, et c'est tout le haut du corps qui se plie en avant et les mains qui travaillent au ras du sol.

L'année où j'étais chez lui, Monsieur Laroza me sembla titillé par le démon de la modernité. Nous avons fait des essais avec un presse-motte qu'il s'était fait prêter (un mélange terreau/écorce de pins) et aussi avec une planteuse Super-Prefer, que ses ancêtres ont dû faire un double salto dans leur cercueil !

Je m'étais inscrit à une formation agricole débouchant sur un BEPA (formation où s'était également inscrite Margotte, tiens quel hasard !) et lorsque le centre m'appela pour être "incorporé", je donnai mon congé à Monsieur Laroza. Ce n'est pas pour me vanter, mais ils avaient tous l'air triste de me voir partir vers un autre destin.

dimanche 20 mai 2012

AndiamoJe ne sais pas

J’entends, je lis aussi souvent :

C’ETAIT MIEUX AVANT !

Je ne sais pas si c’était mieux ou plus mal, mais ce dont je suis à peu près sûr, c’est que cette vie ne vous plairait sûrement pas !

Imaginez un peu : de la bouffe au compte gouttes, après la guerre tout était rationné.

Pas de télé bien entendu, à la maison la téloche est arrivé quand j’avais seize ans. Mais notre télé on allait la chercher dans la rue avec les copains.

La rue justement, pas de revêtement, de la caillasse, pour le vélo pas terrible ! Le vélo je vais vous en parler : nous n’en avions pas, j’ai donc appris très tard à monter sur un deux roues, celui de p’tit Claude, un copain de quartier. T’aurais vu la gueule du spad ! En guise de pneus, des bouchons mis bout à bout dans la jante. Chaque bouchon tenu à l’aide d’un fil de fer entortillé vaille que vaille autour de la jante !

Pas de freins bien entendu, tu arrêtais l’engin en appuyant ton pied sur la roue avant, gare quand la galoche passait dans les rayons ! Terminus tout l’monde descend, et sur la caillasse… Merci les rotules.

Pas de téléphone, j’ai eu le biniou à la maison en 1973 seulement !

Auparavant quand il fallait téléphoner : direction la poste, un sacré bout de chemin. C’était très rare que l’on téléphone, primo personne ou pas grand monde n’avait cet engin chez lui, et lorsque c’était urgent on envoyait un télégramme.

Quand le télégraphiste t’apportait un de ces petits plis bleu, tu n’en menais pas large, car onze fois sur dix : c’était une mauvaise nouvelle.

L’école…Le grand folklore, j’y suis allé en 1945, juste à la libération, directement en C.P, car à l’époque il n’y avait pas de maternelle dans ma pauvre banlieue. Des classes surchargées, 45 mômes par classe, j’aime autant te dire que ça ne mouftait pas ! Bras croisés, tête droite, lever la main pour poser une question, et ne répondre que lorsqu’on t’interrogeait.

Et puis une chose qui me turlupine : comment se fait-il que nous allions à l’école 5 jours par semaine, samedi toute la journée, repos le jeudi. La classe commençait à 9 heures, et se terminait à 16 heures 30 avec 1 heure ½ pour déjeûner. Et pas plus de vacances qu’aujourd’hui, les grandes vacances commençaient aux alentours du 13 juillet, et la rentrée sa faisait aux environs du premier octobre.

Souvent on nous faisait déchausser afin de voir si on avait les pieds propres ! Mais oui ne faites pas votre bouche en cul de poule, c’était comme ça ! Et de plus passage des cheveux au peigne fin, pour la détection des poux, les totos comme nous les appelions. Avec mes cheveux frisés comme un Rital, le peigne fin... AÏE, AÏE, AÏE...

Le soir nous écoutions la radio avant d’aller coucher. J’aimais bien la radio, les émissions présentées par Zappy Max ou Marcel Fort, sans oublier « Jaboune » Monsieur Jean Nohain.

Une émission que nous aimions particulièrement : 100 francs (des anciens) par seconde,

Un concurrent devait répondre à des questions, chaque seconde écoulée lui rapportait 100 francs, quand il chutait, le jeu s’arrêtait, et de plus ce que l’on appelait l’évènement extérieur, pouvait interrompre le jeu à tout moment.

Cet évènement pouvait être par exemple : l’arrivée d’un train voie numéro sept à la gare d’Austerlitz, ou bien le départ d’un bateau-mouche de son quai d’embarquement.

C’est à ce jeu je crois que l’abbé Pierre avait gagné une somme rondelette pour l’époque, au début des années cinquante !

En ce qui concerne le logement, nous étions privilégiés, mes parents louaient un pavillon. Ils avaient leur chambre, mon frère et moi partagions la seconde à l’étage, et ma sœur dormait en bas dans le salon transformé en piaule pour elle.

J’avais des copains qui s’entassaient à cinq dans un logement comportant une chambre et une cuisine !

Vous vous doutez bien qu’il n’y avait pas de voitures, pas une bagnole dans les rues, le panard pour les mômes. Aujourd’hui il m’arrive d’y repasser dans cette rue, plus une place le long du trottoir ! A tel point c’est qu’ils ont été obligés de les mettre en sens unique, car les autos ne pouvaient plus se croiser ! Et ce en soixante ans, soixante ans seulement !

Je ne vais pas refaire le monde bien sûr, mais enfin, tout se méritait, ainsi tu allais en sixième sur concours, aujourd’hui on monte à l’ancienneté.

Quand j’ai voulu entrer en école de comptabilité, concours également afin d’accéder à l’école de la rue Martel dans le Xème arrondisement. Plus tard comme la compta me gavait , ou bien c’est plutôt elle que je gavais, je suis entré dans une école afin d’y apprendre le noble métier (ne rigole pas) d’ajusteur, et bien re-concours !

Et oui tout se méritait ! Les dictées 5 fautes = O, les accents ½ point ! Le roi de la bulle c’était mécolle !!! A ce train j’ai été poursuivi par les études : ah ! Que n’ai-je étudié !

Et les fringues…Alors là vite fait, je l’ai déjà écrit je portais la marque : « de mon frère »

Les culottes courtes de mon frère

Les pulls de mon frère

Plus tard le vélo de mon frère, et comme je l’ai déjà dit : pas ses copines hélas !

Alors un jour je me suis offert une moto…Il n’en avait jamais eu !

Quant à l'adolescence... Les adoléchiants ne l'étaient pas longtemps. Pour beaucoup après le certif' : le boulot à quatorze ans, tu ne faisais pas le mariole quand tu étais plongé dans le monde du travail, au milieu d'adultes pères de familles, et même grand'pères pour certains.

Personnellement j'ai commencé à travailler à dix-huit ans, pour cette époque j'étais assez privilégié. Mes oncles me racontaient qu'à treize ans ils avaient été placés chez un boucher afin d'y apprendre UN METIER. Tu parles le louchébem les faisait gratter comme des malades oui. Les halles à trois heures du mat', quand tu as treize ans c'est dur, très dur !

Mais bon nous n’étions pas malheureux, tout le monde était logé à la même enseigne. La rue, les p’tits cinoches de quartier à trois francs six sous la place le jeudi après-midi, faisaient notre bonheur. La mare aux grenouilles, les hannetons, les tritons, que nous martirisions, on ne parlait pas d’écologie alors. Les lance-pierres et les cerfs volants de papier, occupaient sans doute bien mieux nos jeudis que la téloche fut-elle plate en z’en couleurs !

(Ma p'tite école 41 élèves sur la photo, forcément il y a des absents. Par contre votre serviteur est présent !)

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