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dimanche 28 avril 2013

Saoul-FifreLa nostalgie n'est plus squelettée

Dans le billet du dessous nous avons été obligés de supporter le spectacle avilissant de deux vieux chevaux de trait piémontais sur le retour qui aimeraient bien retourner dans l'écurie neuve du temps de leur vingt ans, oui mais voilà, Madame Annie remplit toujours les verres, mais l'orthographe des susdits a changé.

De l'avis de tous les charognards de cimetière, elle restait, même en ayant changé de gastos, la reine de la tortore à travailleurs car ne vous y trompez pas, sous leurs dehors lymphatiques, les vers, iules et autres cloportes ne rechignent pas devant la tache. Le lombric, par exemple, que certains pharisiens (oui, j'ai choisi de rajouter une "H", aujourd'hui) essayent d'humilier par le diminutif de "vermisseau", peut faire transiter 20 à 30 fois son volume en terre par son tube digestif.

Par jour. Gros mangeur, le ver de terre.

Extrapolé à l'échelle de Depardieu, ça fait frémir le fournisseur.

Je taquine mes compagnons mais je suis comme eux. Je me suis pris de colère en tombant là-dessus ! C'est que je m'y suis régalé et léché les doigts des dizaines de fois dans ce temple de la cuisine saine et roborative. Un must ! Une ambiance et un sens de l'accueil extraordinaire, le patron, un petit bonhomme hyperactif qui devait lever les bras pour poser les plats sur les tables, y était pour beaucoup. Et la cuisine était l'antre d'un génie. Pour des clopinettes mais il se rattrapait sur le nombre car c'était toujours bondé. Pourtant, c'est au bout du trou du cul du monde, Réveillon, mais il fallait pas insister longtemps pour nous faire faire le détour.

Alors bon j'aime le Jazz, avec le bon vieux Blues rural c'est même ma musique préférée, mais là, voir LE Réveillon, MON Réveillon racheté par un anglophone qui bourre ses clients avec du décongelé yankee, il me monte une vieille envie de recommencer Trafalgar et, à part la mort de Nelson, la fin ne serait pas du tout la même ! Bullshit !

Combien de ces endroits honnêtes, humains, chaleureux, généreux ont-ils disparu ? Véritables anti-dépresseurs et briseurs de grêves, ils donnaient envie de se lever le matin :

- Ha, on est sur Mortagne-au-perche aujourd'hui, on va pouvoir manger AU Réveillon....

- Chouette !

- Troize !

- Super, ça faisait un bail !

Que sont mes amis devenus ? Que c'est triste, Mortagne... au temps des boudins-pommes... Me voici gai comme un week-end pluvieux sur le lac Rymal et pourtant, pas plus tard que Lundi dernier, on a trouvé par hasard le même genre d'endroit préservé du temps, des modes et des indexations tarifaires.

Je cuvais mon week-end passé avec Françoise et Blutch , conduisant d'instinct, le regard plus qu'à moitié occulté sur cette A75 dont nous aimons la gratuité et les paysages grandioses. Non mais comment peut-on descendre dans le midi par cette horrible A7 ? La nationale , passe encore, à l'époque de Trénet, elle était bordée de platanes, je la lui concède, mais se farcir le monotone canal rhodanien, le tunnel de Fourvière, non merci ou alors les péages seraient là pour me rembourser le désagrément ?

Où en étais-je ? Oui, un peu après Saint Flour, la faim se faisant remarquer, je prends la sortie "Saint Chély d'Apcher", à la frontière entre Aubrac et Margeride, ça sent le terroir profond, vous ne risquez pas d'y croiser Andiamo, une carence en CO ou en SO2 est si vite arrivée, c'est qu'il lui faut sa dose quotidienne et il est pas beau à voir en état de manque, notre Agecanonix !

Enfin, je me gare entre 3 restos et l'instinct, toujours lui, que j'ai re-aiguisé toute ma vie en le frottant à celui des bêtes, me fait choisir le plus minable d'aspect. Je passe devant les 2 autres en crachant sur leur paillasson, ne me demandez pas pourquoi, je ne les sentais pas. On pousse la porte de la gargotte élue, la petite salle est pleine, 2 longues tables remplies d'habitués, que des hommes d'un chantier d'à côté sans doute, et merde, on est en retard, les prolos se mettent à table à midi dix, l'heure du pastis, d'ailleurs, tout à l'heure, quand ils se lèveront pour retourner au turbin, les plaisanteries ne manqueront pas d'être lancées vers nous : "ah yen a qui ont de la chance d'être en vacances !" ou "Venez avec nous, on vous embauche...". On s'était fait remarquer.

La patronne est un peu apeurée à l'idée de recevoir de la clientèle de passage. Des citadins ? Pire : des parisiens, peut-être ? Est-ce que je sais ce que ça mange, ces bêtes-là ? Elle nous montre quand même du menton (elle est en train d'essuyer des verres, au fond du café) une table dressée pour deux personnes, okazou. Okazou mon œil, nous étions bel et bien attendus ! Je sais reconnaitre les signes, mézigue. On s'assoit, impressionnés d'avoir été admis dans ce club sélectif. Elle s'approche, nous demande d'un air dubitatif :

- Vous ne voulez pas de potage ?

- Si si ! Avec plaisir !

Du coup elle revient, un peu rassérénée mais c'est pas encore le top et elle dépose devant nous une grosse gamelle, qu'elle nous laisse. Et puis elle essaye à nouveau :

- Et du vin, vous en voulez ?

- Ben oui, un peu, quoi...

Je me penche, je hume, putain le fumet ! On se sert largement, on goûte, c'est une soupe de patates (pour l'onctueux) avec plein d'herbes, je reconnais du pissenlit à la forme des feuilles mais ya aussi de l'ortie et peut-être de l'oseille (c'est la saison), en tout cas, ça appelle le rab'. J'empile nos deux assiettes et leurs cuillères en bout de table, comme à la cantine et elle rapplique avec un saladier de lentilles / tomates / oignons / vinaigrette. C'est frais, c'est sain, bon, quand ça sera la saison des tomates, ce sera encore meilleur, mais ne boudons pas notre plaisir, les lentilles sont vertes et viennent sans doute d'un voisin du Puy. Elle remballe nos assiettes à nouveau bien rangées au bout d...(voir plus haut) et elle rapplique avec une grosse et oblongue jatte en terre remplie d'endives braisées au jus de viande, plus 2 grosses côtelettes de porc grillées. Comment a-t-elle su que c'était mon plat préféré ? En plus elle sont parfaites, fondantes, colorées, ça c'est du mijoté au coin de la cuisinière ou je n'y connais rien. Là nous commençons à être bien calés. Le vin a un petit côté râpeux qui me ravit et qui s'harmonise parfaitement avec l'esthétique du lieu. Oui car quelqu'un de la famille est un adepte du puzzle et s'est occupé de la déco en suspendant ses œuvres au mur du bar. C'est totalement injuste mais j'ai déjà vu des enquêteurs du Michelin refuser une étoile pour moins que ça.

Le fromage arrive, non : "les" car elle nous laisse le plateau et repart, cela semble une règle intangible de la maison, tout est à volonté et elle file se cacher pour nous épargner la honte d'être regardés nous goinfrant. Cette élégance discrète dans le service, aucun grand chef primé ne la possède puisqu'ils nous flanquent de loufiats indiscrets zieutant le moindre de nos écarts de régime. Les frometons sont d'origine correcte, malheureusement le turn-over de l'endroit est tel qu'elle n'a pas le temps de les laisser vieillir autant qu'il le faudrait. Dommage, son Saint-Nectaire, son Cantal et son bleu venaient aussi de voisins sérieux. Le dessert suit, et de gros éclairs au café, à l'ancienne, arrivent dans notre assiette, loin de cette mode qui consiste à vendre plus cher ce qui pèse moins, avec une étiquette "gâteaux de soirée", "petits fours", "mini-bouchées" etc...

On demande la note : 12 € TTC par personne et tout compris.

Ça mérite bien une petite pub, non ?

Voilà, c'est ici

Vous demandez Ginette, de la part de Saoul-Fifre et de Margotte, Ginette risque de vous regarder bizarrement, mais elle vous servira comme elle nous a servis, comme des rois.

mardi 23 avril 2013

AndiamoMadame Annie

J’avais 23 ans, toutes mes dents (magnifiques au passage) et j’avais trouvé un boulot à Bagnolet, rue des Champeaux (quartier pourrave au passage)… Coup d’bol, elle existe encore, juste à côté de l’échangeur (monstrueux au passage) de la porte de Bagnolet, à côté des celle des Lilas (au passage).

C’était un quartier qui côtoyait la zone, cette frange de terrains vagues entre Pantruche et la banlieue, un no man’s land où vivotaient des marginaux, des manouches, des ferrailleurs, tout un petit peuple plus ou moins interlope : rapine, vol de matériaux sur les chantiers, etc. Un peu les gugus dans l’excellent film de Claude Sautet : « Max et les ferrailleurs » avec Romy Schneider, Michel Piccoli et Bernard Fresson… Tu te souviens ?

La boîte dans laquelle je travaillais fabriquait des embrayages hydrauliques pour bateaux et péniches. Beaucoup de déplacements, et forcément des heures sup’, des frais de déplacements à rallonge, ce qu’on appelle « la gratte », et du fric durement mais bien gagné. Heureux temps où, quand on te cassait les (couilles) pieds, tu traversais la rue et tu allais gratter en face !

Une petite boîte, une vingtaine d’employés pas plus, bureaux y compris, pas de cantine bien sûr… Alors nous allions nous sustenter dans un joli établissement (trois gerbes au guide Mi-Chemin), un gastos situé un peu plus loin…

Un rade craspouille tenue par une taulière qu’avait plus une chaille dans le clapoir, ou alors en regardant d’un peu près, deux ou trois sursitaires ! Pas grande, une gueule d’empeigne, la tignasse « tas d’rouille »… MADAME ANNIE !

Un cœur d’or, une tortore magnifique, elle nous mijotait des p’tits plats, grande gueule, mais elle nous aimait bien. De plus, elle s’occupait de deux mémées du quartier, sans famille, avec des revenus « a minima ». Elle les nourrissait le midi gratos, sans faire de schkroum ni d’esbrouffe, c’était en 1962 ou 63, les restos du cœur avant l’heure en somme !

On avait une heure pour manger et, parfois, en arrivant, elle n’était pas là ! T’avais pas intérêt à la ramener quand elle arrivait à la bourre, elle jouait aux courses, une enragée du turf ! Et les courtines, c’était sacré, gare à l’imprudent qui lui aurait fait une réflexion !

Je pense que sa thune servait plus à gaver les gaïls qu’à engranger les bénèfs, biscotte elle n’a jamais décroché le gros lot, le tocasson qui rafle la mise !

Un jour, y’a un mec qui lui susurre :

- Madame Annie, j’ai un condé, j’ai un pote qui est lad à Chantilly, il paraît qu’on pourrait acheter un bourrin à plusieurs, et s’il gagne des courses, ça peut rapporter gros !

Elle lui répond du tac au tac :

- C’est ça, on va acheter un ch’val de bois et tu veux que je paie les roulettes ?

Il y avait une bande de ferrailleurs qui venaient à la graille dans son gastos le midi, des « durs », mais des durs qui bossaient. Pas un taf pour chochotes, remuer de la ferraille, pas pour faire de la gonflette : pour bouffer, c’est tout ! Ce qu’il y avait de chouette avec ces mecs, c’est que tu savais tout de suite quand il y avait eu litige, soit avec leur taulier, soit entre eux. Ils se ramenaient le midi avec une tronche au carré !!

J’ai connu un type qui avait eu une entreprise de récup’ de ferraille, il avait une tronche de boxeur ! Je lui avais demandé s’il avait pratiqué la boxe.

- Ouais, dans la rue, m’avait-il répondu. Tu sais, quand t’as une boîte avec une vingtaine de ferrailleurs, les conflits ils se règlent à coups de poings dans la gueule !

Donc mes ferrailleurs de la rue des Champeaux venaient tous les midis chez Madame Annie, respectueux, polis et tout, ils l’aimaient bien notre « Bocuse » à nous !

Mais le plus extraordinaire, c’était sa renommée à cette brave femme.

Au moment des vacances je lui demande son patronyme afin de lui envoyer une carte postale, elle me répond :

- Pourquoi faire ? Tu écris : Madame Annie.. Bagnolet... c’est tout !

Je l’ai fait et quand je suis rentré de vacances, ma carte ainsi que pas mal d’autres était punaisée sur le mur derrière le zinc !

jeudi 28 mars 2013

AndiamoChatou



Il existe à Chatou tout près de mon village que l'on nomme Paris, il existe disais-je une île qui porte un joli nom : L'île des Impressionnistes. Sur cette île tendrement enlacée par la Seine, car vous l'aviez deviné la Seine baigne cet îlot de verdure et de calme, ...


... il est le long de la berge une auberge très ancienne nommée "La Maison Fournaise". Elle date du XIXème siècle. C'est là, mais oui Madame, que furent peints de jolis tableaux par ... mais oui, Renoir, Caillebotte et bien d'autres.


Et le plus curieux, Madame, c'est ce poème écrit de la main de Guy de Maupassant lui-même, que l’on peut lire dans le hall d’entrée.

Bien sûr, les murs ont été repeints moult fois depuis, mais on a toujours préservé l'œuvre... je vous en livre le contenu ci-dessous. Cette photo fut prise il y a trois ans déjà lors d'un déjeuner fort agréable offert par nos enfants, à l'occasion de l'anniversaire de leur Maman.


Dans cet établissement d'un autre temps, d'un autre siècle, qui n'a cédé en rien à la modernité hormis quelques lustres et suspensions électriques, on peut encore sentir le parfum de Mimi Pinson, le musc des pensionnaires de la maison Tellier.

On peut aussi louer des yoles, canots ou autres voiliers, construits à l'ancienne dans un petit atelier artisanal tout proche installé sur l’île également. Ces merveilles d’un autre temps sont en acajou vernis, et non ces horribles matériaux composites, sans âme et sans noblesse.


Alors coiffé d'un canotier, le torse couvert d'un "Marcel" les moustaches lissées, pointes dressées vers le ciel, vous emmènerez votre belle promise pour une descente du fleuve Amazone, du Nil, du Yang Tsé Kiang, ou du canal de l’Ourcq, selon vos talents de conteur...

Puis les bras ruisselants de sueur, vous reviendrez, aiderez la belle à prendre pied sur le ponton de bois. La frayeur aura rosi ses joues, accentuant son teint de porcelaine, sagement abrité des ardeurs du soleil grâce à son ombrelle de dentelle blanche.


Vous vous installerez sous la jolie tonnelle, le serveur la taille ceinte d'un grand tablier blanc, vous apportera des rafraîchissements : une citronnade pour la demoiselle, un bock pour vous.


Et dans la douceur printanière peut-être, je dis bien peut-être, oserez vous d'un peu plus près déclarer votre amour à la belle, lui arracher un serment, lui voler un baiser à la dérobée, la faisant rougir comme il se doit à une jeune fille bien élevée.


Avant la tombée de la nuit, vous la raccompagnerez jusque devant chez elle. Vous accordera-t-elle un rendez-vous ?

Oh ! Mais il se fait tard… Je vous laisse, Madame, car m'attend un "sapin" qui me conduira en mon logis de la place des Vosges.

(Daguerréotypes Andiamo)



Alors t’as vu ? On ne fait pas que dans la gaudriole chez Blogbo, nous aussi on a un cœur… D’artichaut ? Ben oui et alors ?...

mercredi 13 mars 2013

AndiamoAch gross Paris !

Tant-Bourrin nous a bombardé les "Catchers", chacun ses idoles... Moi, c'est la MISS !


Une petite balade dans mon village, ça vous dit ? Pour les plus grincheux, collez-vous à votre fenêtre, respirez la bouse plutôt que le CO2, les particules… ta mère, et le monoxyde de carbone. Collez-vous-en plein les mirettes.

Début mars, il faisait un temps splendide, j’ai pris mon appareil photo, celui que mes petits enfants m’ont offert, entièrement fabriqué avec de la pâte à modeler, des nouilles et du papier crépon… Mais oui !

J’ai débarqué place Saint-Michel, sur le boulevard du même nom, en métro bien sûr ! Moi, j’aime bien le métro : on n’y attrape pas de coups de soleil, il y fait sombre, ça ne sent pas l’iode, ni les foins A..A… A.. TCHOUM ! Il n’y pleut pas, température constante, c’est i-dé-al ! Et puis que des gens souriants…


C’est beau une bouche de métro tout de même ! Derrière, on aperçoit l’un des dragons de la fontaine Saint-Michel.


Juste à côté : la place Saint-André-des-Arts, et la rue du même nom. Euh… Que vois-je ? Un pub Irlandais ! Super ! Je rentre. Sympa l’ambiance ! Les loufiats : des Australiens à peine dégrossis en français. Qu’à cela ne tienne, je jacte trois mots de British quand je suis bourré et quatre sous la torture : ça en fait sept tout de même ! Assez pour commander « una cervesa » ! Il me sert un jus de tomates. Ne voulant pas refaire Waterloo, je bois, je paie et je ferme ma gueule.


J’emmanche (en tout bien tout honneur) le quai Conti. Nous sommes rive gauche, je dis ça pour les ceusses de Boue-sur-Vase, ou de Bourre-la-Petite. Des bouquinistes sympas, des chalands qui ne le sont pas moins. Pas farouches les Parigots : tu dis bonjour, un sourire et t’attaques une jactance sur les bandes dessinées années cinquante, et hop, t’as passé vingt broquilles à discutailler… Au loin le Pont neuf (au passage, c’est le plus vieux pont de Paris).

Chouffe en face… Oui, là, j’ai vu un mec en gabardine et une quinze six cylindres… Non, c’est pas possible, il avait un vieux bada et il fumait des papiers maïs ! Putain, c’est bien le 36 quai des Orfèvres, alors ce serait... ?


J’ai bien marché depuis la dernière photo ! Dans le fond : le pont des Arts…


Si par hasard
Sur l'pont des Arts
Tu croises le vent
Le vent fripon
Prudenc' prends garde
A ton jupon



Je suis sur le pont des Arts… Et regardez tous ces cadenas, les amoureux y scellent leur amour… Bande de cocus ! L’amour doit être libre, ce ne sont pas des chaînes, s’il s’en va c’est que tu n’as pas su le garder, mais s’il reste, alors…


Je suis maintenant sur la rive droite, un quai au nom de Tonton… le quai François Mitterrand. L’a-t-il mérité ? Le pont des Arts en contre-jour, au fond l’Institut, là où se réunissent nos académie-chiens !


Quand les vieux barbus de l'Institut
Quittent leurs besicles
Pour entendre au loin
Le piano moulin
Qui leur fait l'article.
(Léo Ferré, le piano du pauvre)



En toile de fond, le Pont neuf et la Conciergerie. Pour les amoureux de la nature, j’ai pris un platane en premier plan.


Là, vous la voyez mieux, la Conciergerie ? Ce fut tout de même la première demeure des rois de France dans la capitale et … prison sous la révolution.


Et là, sous mes yeux étonnés, que vois-je ? De la barbaque qu’on livre chez « FINDUS » !


Et ça ? Hein ? Mais non, les mecs du sud, ce ne sont pas des poteaux de rugby ! La plus belle cathédrale du monde… Chauvin, moi ? Pas qu’un peu, mais j’assume totalement !


Insolite, ce petit établissement sur le quai Montebello, juste à côté de la place Saint-Michel, un vrai p’tit coin de village !

Et voilà, la visite est terminée, je vous ai baladé dans mon village, qui est le plus beau du monde !

samedi 2 février 2013

celestineLe plus grand amour de ma vie

A quatorze ans, j’ai rencontré le plus grand amour de ma vie. Mon père, ce héros, venait de m’offrir mon premier vinyle de Georges Brassens. Un beau « trente-trois tours » ocre brun, avec un atelier de luthier en couverture.

Mon paternel, anar dans l’âme, avait dû penser que j’étais assez grande pour écouter des chansons sulfureuses ou considérées comme telles par les bigotes et les pisse-vinaigre… Ce fut un éblouissement. Si si, je vous assure ! Quelque chose de tellement impérieux, de tellement juste et évident que cet amour ne s’est jamais démenti depuis… un certain nombre d’années.

Je vais vous étonner sans doute, mais je crois qu’il ne se passe pas une seule journée sans que je pense à lui, soit que je le fredonne, soit que je cite un de ses bons mots. Brassens, comment vous dire ? C’est ma seconde nature. C’est ma référence, mon viatique, ma consolation par temps agité.

Brassens, c’est une écriture. Une éthique. Un regard. Une poésie. Et aussi une musique incroyablement universelle. Un peu jazz, un peu swing, un peu blues. Et pas si binaire que ça. A dix-sept ans, je me suis mise à la guitare, pour pouvoir jouer Brassens, me l’approprier. La tête de mon père la première fois que je lui ai chanté la mauvaise réputation ! Trois accords, la mineur, mi, fa… et toute la magie de l’univers de Brassens dans cet inénarrable façon de marquer le rythme en opposant le pouce aux quatre autres doigts : POUM PAPOUM PAPOUM… Après j’ai diversifié les accords et varié les arpèges… Tiens, rien que de vous en parler, là, j’ai des fourmis dans les doigts.

Brassens, quand j’étais encore pucelle, c’est lui qui m’a délurée en m’apprenant tout un tas de mots que je ne connaissais pas… Ne vous moquez pas, je suis allée chercher souvent dans le dictionnaire, à cette époque-là. Tout un florilège de vocables étranges qui éloignaient l’enfance que je perdais peu à peu comme un manteau trop petit. Les filles de joie, les proxénètes, les claques et les tapins, la bandaison (papa, ça ne se commande pas !), l’ultime érection de l’Ancêtre, faire la bête à deux dos, les pensées interlopes de Pénélope, et les trompes de Fallope de Mélanie, qui se faisait reluire la pastille avec un cierge consacré ; et bien avant de passer à la pratique, j’ai fait tranquillement mon éducation sexuelle de chanson en chanson, tandis que ma mère, cette sainte femme, me croyait sagement occupée à faire mes devoirs.

Son petit théâtre m’enchantait par ses personnages hauts en couleur. Je découvrais que son monde était rempli de voyous au grand cœur, de filles accortes et pas chiches de leurs charmes, de femmes mariées à la recherche du grand frisson, de cocus sympathiques et de flics débonnaires ou très cons. Je m’émerveillais de ces petites fables au décor si bien campé en quelques mots, l’Orage, la Fessée, le Mouton de Panurge…

Je pleurais sur les Passantes, et Jeanne, la taulière au grand cœur, qui n’a pas eu d’enfants, mais qui a tous les enfants de la terre de la mer et du ciel….

En arrivant à Paname, la première fois, quel ne fut pas mon émerveillement de découvrir les noms de rues mythiques (pour moi) qui avaient bercé mes jeunes années. La rue de Vanves, la Porte des lilas, la rue Froidevaux, la rue Didot, le Père Lachaise, Champerret, Charonne…

Comme je le disais récemment à Blutch, Brassens m’a aidée à apprivoiser la camarde, en semant des fleurs dans les trous de son nez… L’autodérision, l’humour noir, la tendresse, la liberté, l’irrévérence, la modestie, tellement de valeurs que ce père spirituel m’a apprises pour toujours.

Un été, à une terrasse de café, un chanteur de rue chantait Brassens. Voyant sur mes lèvres que je reprenais toutes les paroles, il s’approcha de moi à la fin du concert, et me dit qu’il avait apprécié que je sois « bon public ». Il ne pensait pas si bien dire. Il faut dire que nombre de spectateurs étaient hollandais ce soir-là, allez donc traduire « pour donner la gougoutte à son chat » dans la langue d’Erasme… Je lui répondis que je connaissais par cœur tous les textes de Brassens. Je vis à son air goguenard qu’il ne me croyait pas. S’asseyant alors à notre table, il dut vite se rendre à l’évidence : je les connaissais toutes, y compris les plus méconnues. Nous nous livrâmes à un bœuf mémorable.

Il y a une chanson de Brassens pour chaque situation de la vie. Tiens, vous avez remarqué que lorsqu’on annonce la mort d’Untel dans les journaux, tout à coup le voilà paré de toutes les qualités… C’était un homme exceptionnel, et patati, et patata… Moi je fredonne automatiquement la chanson du Temps Passé « Les morts sont tous des braves types… » Vous étonnerai-je si je vous dis que j’ai donné à ma fille le doux prénom de Margot ?

Et pour ceux qui auraient encore des doutes sur cet amour ravageur et inconditionnel, je vous invite à aller lire (ou relire) mon texte marathon construit à partir de ses titres… http://celestinetroussecotte.blogspot.fr/2012/02/la-lettre-n.html

Après ce tour d’horizon des mille et une raisons que j’ai de l’aimer, je vais, en bonne maîtresse d’école, vous rouler un patin à chacun, (euh, les filles c’est seulement si vous y tenez absolument…je sais bien que c’est à la mode mais bon, moi, je serais plutôt une hétéroïne de roman). C’est pour moi une façon de lui rendre hommage en appliquant par là un de ses plus jolis conseils:


Des grands aux p'tits en allant jusqu'aux Lilliputiens, embrasse-les tous, Dieu reconnaîtra le sien

jeudi 17 janvier 2013

AndiamoJacquot

Tu sais, dans mon quartier, quand j’avais huit ou neuf ans, t’étais vachement peinard… Pas une tire, pas de biniou, pas de téloche, mais la rue et les copains, ça oui ! Les Mamans nous foutaient une paix royale, on jouait dehors toute la journée. Je ne sais pas pour vous, mais nous, on n’avait jamais entendu parler d’enlèvements à part le fils Lindbergh, mais bon, c’était chez les Ricains et c’était vachement loin l’Amérique, là où j’irai quand je serai grand.

J’étais pas bien épais, des cannes de flamant rose, même mes chaussettes tricotées main ne restaient pas en place, elles tirebouchonnaient vachement bien. Pas gros certes, mais pour les conneries je ne donnais pas ma part aux matous.

J’les aimais pas trop, les greffiers, surtout celui d’la mère Maheu, avec son œil chassieux et son poil rouquemoute : une teigne, c’t’endoffé, toujours à cracher quand j’passais, un coup d’saton il l’aurait pas volé, tiens !

Et puis y’avait not’pote Jacquot, le dernier d’une belle famille. Il avait un frelot, déjà grand, j’l’avais jamais vu aller au chagrin ! Alors, un jour, j’lui ai demandé pourquoi son frelot y grattait pas ?

- C’est passqu’il est malade !

- Ben il a quoi ?

- J’ai un peu honte de l’dire, qui m’a répondu, en r’nouchant ses galoches.

Moi j’me suis dit : ça y est, son frangin, il a une maladie honteuse ! J’en avais entendu jacter des maladies honteuses, mais à 8 ou 9 ans , tu vois pas bien c’que c’est. T’as beau être né à Pantruche et habiter des banlieues populaires, t’es pas plus malin qu’un autre…

Alors Jacquot il a laché l’morceau :

- Mon frangin, il a une cirrhose « sympathique » !

Moi j’trouvais ça rigolo, une cirrhose j’avais entendu parler : c’était en somme le disciple du vieux à Ti’Pote, qui en avait une de cirrhose, c’est dingue ce que ça fleurissait bien dans mon quartier, c’truc là ! Mais puisqu’elle était sympathique, celle du frangin à Jacquot, ça ne devait pas être si grave !

J’avais un oncle, il était louchébem’ à la Villette, les abattoirs (z’avez pas connu vous êtes trop petits), j’ lui avais demandé à Tonton :

- C’est quoi une cirrhose ?

- C’est quand l’ loific d’un mec y s’ratatine, biscotte il a trop lichtronné. Tu vois, môme, faut y’aller molo sur l’pif ! Et si tu tiens pas le treize degrés, tu restes au Guigoz !

Il expliquait bien mon Tonton, fallait avoir fait argot première langue pour le comprendre, mais il expliquait bien. D’ailleurs, tous les gus qui entravaient que dalle, il les appelait des « oies d’cour » et ça n’était pas un compliment. Il était gentil et souvent il ramenait de la barback comme il disait à sa frangine (ma mère), des fois des cervelles d’agneau ou des amourettes… Vous n’en trouverez plus, cherchez pas, depuis la vache frappadingue y’en a plus : c’était de la moelle épinière. De toutes façons, les mômes, corn flakes, coca cola et burger de mes deux, ils n’en voudraient pas !

On l’charriait un peu, le môme Jacquot, on lui disait que ça aurait dû être son frelot qui s’appelle Jacquot, biscotte en argot un « jacquot » c’est un litre de rouge. Tu sais, pas les boutanches de maintenant, on s’est fait entuber une fois de plus : t’as plus que 75 centilitres de bibine à lichtronner, alors qu’ avec un « jacquot » t’avais 1 litre certifié 5 étoiles sur la boutanche, consignée la boutanche en plus !

Et pis à force de le mettre en boîte, un jour, on l’a suivie, la boîte, jusqu’au cimetière de Drancy. C’est là que j’ai gambergé que son frangin à Jacquot, il avait dévissé à cause d’une cyrrhose hépatique.

Il avait un cousin Jacquot, il s’appelait Julot, oh la vache ! Qu’est-ce qu’il s’est fait charrier avec son blase ! C’était plus du tout à la mode un truc pareil, aujourd’hui c’est revenu, comme quoi ce Julot-là il était soit à la bourre, soit en avance… Mais pas dans l’bon créneau, c’est sûr !

En plus, il avait un œil qui cuisait l’poisson et l’autre qui surveillait l’ chat ! Il était plus vieux que nous et plus grand. Des fois, il venait nous chourrer nos billes, on la fermait biscotte il avoinait bien, ce con. J’ l’aimais pas biglousse, mais on l’appelait pas biglousse devant lui : courageux mais pas téméraires ! Y’en a qu’un qu’il a jamais emmerdé, c’est Ti’pote, parce que tout grand qu’il était, Ti’Pote, il lui aurait volé dans les plumes à ce con, hardi comme un chat maigre, Ti’Pote !

Plus tard, je le croisais des fois : en fait, il n’était pas grand, il s’était arrêté de pousser un peu trop tôt ! On se serrait la louche, c’est marrant d’avoir vécu notre enfance ensemble, ça nous avait rapprochés et les vieilles querelles devenaient des bons souvenirs.

Y’avait aussi Lulu, un bon pote, ce Lulu. Ils créchaient à six dans un deux pièces cuisine. Un grand frangin que mon frère dérouillait souvent, il pouvait pas l’encadrer suite à une histoire de boule de neige dans la tronche, de lait renversé (au moment des restrictions après la guerre), de lunettes fracassées. Tout ça avait valu une trempe à mon frangin, alors, depuis, dès que l’occase se présentait, le frangin il lui faisait une courette !

Donc Lulu par contre il était sympa, et puis un jour il nous annonce que sa mère, elle attendait encore un gnare ! Il avait treize ans environ, et nous kif-kif, putain ton vieux il a un lance-flammes mortel ! qu’on lui dit au Lulu…

Lui, un peu gêné, il nous répond qu’en fait chez les femmes arrivé à un certain âge, ça peut arriver comme ça ! Moi j’crois que sa mère avait dû expliquer à mots couverts qu’ils s’étaient fait baiser, ils se croyaient à l’abri biscotte la ménopause à Manman, et j’t’en fous y’avait encore un ovule bien vicelard planqué, comme qui dirait en embuscade, qui n’attendait que sa p’tite ration de têtards bien gesticulants !

Moi, j’en avais connu une à qui s’était arrivé comme ça, par l’opération du pigeon saint, mais c’était arrivé il y a deux mille ans ! Sa mère à Lulu, elle s’appelait pas Marie et son vieux c’était pas Joseph. Alors on lui a dit que son père avait dû avoir un retour de manivelle, et que sa mère elle avait pas le carburateur bouché. Y f’sait la gueule, Lulu, mais y’a des moments ou il faut esssspliquer sinon on crève idiot !

Il avait une frangine, Lulu : Marie. Jeune, elle était un peu comme moi : les muscles en long comme les araignées ! Mais quand ça a commencé à s’arrondir sous le pull et que la jupe, au lieu de tomber bien droit dans le prolongement du dos, a commencé à faire une jolie bosse, je l’ai regardée différemment ! Elle était devenue jolie, Marie. Tu peux me dire pourquoi on va toujours chercher bien loin ce qu’on a à notre porte ?

Nous sommes sortis une fois ou deux ensemble, je ne l’ai même pas embrassée, trop de souvenirs de gamins ensemble sans doute, on ne seraient pas pris au sérieux… C’est con !

mardi 8 janvier 2013

Saoul-FifreIls nous sucent l'os jusqu'à la moëlle

'tain, fait ièche ! J'étais tranquillement en train de déguster mon café stretto (la cuillère elle doit tenir droit au centre de la tasse, combien de fois il va falloir lui dire, merde ?) quand j'entendis un cri étranglé poussé par Margotte qui revenait d'aller chercher le courrier. "C'est les impôts sur le revenu qui nous réclament 36 € !! Saloperies !", qu'elle m'explique... "Les impôts sur le revenu ? T'es sûre ??", que je lui demande, vu que pour la taxe d'habitation ils nous avaient fait un rabais faut dire qu'on les faisait tellement chier au téléphone qu'ils avaient dû embaucher un intérimaire rien que pour nous répondre. Hé ? Depuis qu'on a l'ADSL gratuit vers les fixes, on se gène plus, hého on a pas marqué "contribuable" sur le front, non plus, alors du coup on avait demandé aussi un échéancier de paiement, pour ne pas attraper une hernie fiscale, ça les avait pas du tout fait rire, "hernie fiscale", bon c'était sûrement pas la première fois qu'ils l'entendaient sans doute mais merde, ils auraient pu faire semblant.

Ben non, c'étaient vraiment les impôts sur le revenu ! En principe dans la famille, ya que moi qu'ai le droit de gueuler mais là j'ai rien moufté parce que c'était vraiment un coup bas qu'on s'y attendait pas et Margotte a pas pu se retenir et je la comprends. Des impôts on en a jamais payé alors voyez c'est dur à nos âges de changer ses habitudes, ils pourraient avoir le doigté un peu plus précautionneux, y mettre un peu de vaseline administrative, on est pas des chiens ? Moi je travaille depuis l'âge de 18 ans mais comme je n'ai jamais gagné plus que le SMIC, moralement je voyais pas pourquoi l'Etat viendrait en plus me faire les poches alors j'ai jamais rempli de déclaration. Et comme j'ai beaucoup changé de régions et que tout leur système a l'air assez cloisonné, ben je n'ai pas été ratissé avec les autres glands. En plus à l'époque une bonne part de l'impôt allait au budget de l'armée et ça m'aurait vraiment fait mal au coût du truc d'aller leur subventionner leurs petites barettes, leurs étoiles et leurs médailles, à ces assassins légaux.

Et puis quand on s'est mis à la colle avec la Margotte, je lui ai, du haut de ma longue expérience, glissé le sage conseil de faire comme mézigue et comme avec les douaniers : "Rien à déclarer !"

Je me rappellerai toujours pourquoi, des années plus tard, on a été forcé de transgresser cette sacro-sainte règle pourtant bien sympathique. On voulait retaper une ruine ou bien se construire une maison bien à nous, on avait pas encore décidé mais, bien évidemment, on allait avoir besoin d'un prêt. Je me fais une douce violence, malgré mon aversion naturelle pour ces suceurs d'espèces et je prends rendez-vous avec le directeur de l'agence pour "tâter le terrain", dirons-nous. Je me rase, je me peigne avé la raie, je renfile avec un peu de mal le costume du mariage et je vais voir mon con de banquier. Vous le croyez si vous voulez mais l'entretien se passe on ne peut mieux, on se repasse la rhubarbe et le séné, je lui raconte des anecdotes de ploucs, on rigole, vous savez comme les bureaucrates s'ennuient ? Il suffit de leur faire miroiter des bribes de la vraie vie et leurs yeux brillent comme ceux des enfants. On est maintenant de vrais pôtes, on en est au stade où l'un des deux va incessamment proposer à l'autre "Alors, on se la montre ?" quand je repense à mes intérêts et juge que le moment est venu de poser la question de confiance "Et de quels papiers avez-vous besoin pour finaliser le dossier ?", et l'autre Paye-ta-frime qui me répond : "Ho pas grand chose, votre certificat d'imposition, bien sûr...". "Ah oui mais là on en a pas." que je lui sors avec un grand sourire...

Le gars, je le reconnais plus, j'ai dû avoir un moment d'inattention et un autre employé a pris sa place, un vrai tour de prestidigitation ! Il grimace, il me regarde comme si j'étais le diable, il fait deux pas en arrière, il en bégaye "Mais depuis quand, maismais mais vous ne faites pas de déclaration, maismais vous n'avez même pas de certificat de non-imposition, mais monsieur, comment voulez-vous ?". Il m'a poussé jusqu'au sas en me dégoisant ses reproches d'un air mi-ahuri mi-dégoûté.

J'ai fini par saisir, par delà ses mots manquant de précision, que ma demande de prêt était repoussée sine die.

Bon ben nous avons plié devant la force publique liguée comme d'habitude contre le petit épargnant économe. J'ai été chercher un dossier de déclaration vierge à la mairie et je l'ai rempli bien proprement tout comme il faut. On l'a posté dans les temps et, c'est le cas de le dire, c'est passé comme une lettre à la poste. On nous a pas demandé de quelle planète on débarquait ni même de quelle ancienne Recette Publique nous dépendions et quelques mois plus tard, petit salaire, petit forfait agricole, 3 enfants à charge, nous recevions le sésame tant attendu : un magnifique certificat de non-imposition en bonnet haut-de-forme, tamponné, paraphé de frais, nous ouvrant un avenir immobilier radieux, l'accession au prêt à taux zéro et, renouvelées régulièrement depuis, aux bourses d'études de nos enfants. Plusse un chèque de crédit d'impôt, rapport à la Prime pour l'Emploi, non, sans dèc', ils ont été fair-play sur ce coup.

Mais 36 € ?? Où veulent-ils donc qu'on les prenne ? Et c'est la gauche qui nous fait ce coup-là ! Ho que j'ai mal à mon vote pour Hollande... Ah mais ça ne va pas se passer comme ça ! Je vais faire intervenir mes relations dans le milieu, Françoise , Oncle Dan , ça va aller très très haut !

Et s'il le faut, nous ferons comme Gérard Depardieu, nous claironnerons partout que les Pussy Riot ne sont que de grosses branleuses de tchétchènes, pour que Poutine nous accorde la nationalité russe !!

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