Blogborygmes

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dimanche 1 janvier 2012

AndiamoAu gui l'an neuf !

Ils sont partis... Abandonnant la boutique... Pas un p'tit bifton posté... J'ai honte !!!

Alors je m'y suis mis, malgré mes vieilles douleurs : le doyen au taf ! "Ils" me la font payer cher ma retraite...

Toujours soucieux de "coller" au plus près à l'actualité, j'ai voulu marquer la nouvelle année en évoquant le scandale des prothèses à mèmère... Pardon mammaires, les fameuses "P.I.P".

Encore une fois c'est tout en finesse et sous-entendus !


A toutes et à tous je vous souhaite une BONNE ANNEE (à la manière du chat)

jeudi 15 décembre 2011

Saoul-FifreBlanche

Saoul-Fifre

Blanche a passé l'âme à gauche ce 8 décembre 2011 et est redevenue poussière, selon sa demande, hier Mercredi.

Blanche, c'était notre Calune, commentatrice fidèle devenue billetiste puis amie. Nous lui devons, à elle et à son compagnon Billy, quelques billets et plein de chansons. Pour se rendre compte de son influence au sein de Blogbo, vous pouvez taper "Calune" dans notre fenêtre de recherche ou cliquer sur ce lien. Nous passions notre temps à la citer, à la prendre à partie, à la taquiner, à lui dédier des chansons, à elle ou à sa fille, la Calunette.

Et elle n'est plus là. Elle ne fera plus de recherches Google, elle n'écoutera plus Jean Ferrat, ne lira plus Aragon, ne crispera plus les poings en pensant à Sarko, ne regardera plus de films d'art et essai...

Elle s'appelait Blanche... Je me suis donc servi de cette mélodie pour lui faire un de ces pastiches où elle était passée maitresse. Même si Pierre Perret ne faisait pas du tout partie de son Panthéon personnel. Elle était plutôt Ferrat, Rezvani, Chelon, sans oublier les Poppies.


Blanche

(Téléchargeable directement ici)

Blanche, notre Blanche...
A peine es-tu venue
Que tu nous abandonnes
Sur un malentendu...

La confiance est de mise devant la jeunesse
Et nous comptions sur toi, question longévité
D'autant que tu n'avais rien d'une pècheresse
Ni en alcoolémie ni en trucs à fumer...
On dit : "les maladies aiment les malheureuses"
Mais là tu rayonnais, pouponnant ton bébé
Nageant dans le bonheur, tu étais amoureuse
Du papa du petit, qui lui aussi t'aimait.

Blanche, notre Blanche...
A peine es-tu venue
Que tu nous abandonnes
Sur un malentendu...

Tu m'as fait un sacré cadeau d'anniversaire
En m'annonçant, en Mars : "Le crabe m'a pincé
Les meilleurs professeurs savent pas trop quoi faire
Même l'ami Google, grimaçant, m'a glacé."
Quand la réalité devient inadmissible
On s'accroche, assommé, même au fil du hasard
Mais la flèche têtue n'a d'yeux que pour sa cible
Malgré les rémissions, la morphine et l'espoir.

Blanche, notre Blanche...
A peine es-tu venue
Que tu nous abandonnes
Sur un malentendu...

Tu as tenu le coup tant que ce fut possible
Ta fille et ton petiot, tu les a protégés
Difficile souvent de paraitre paisible
Mais tu nous régalais de ton humour léger
Un mot de toi, un rire, et puis c'était la fête
On savait, oui mais on préférait se leurrer
De nuit, tu as filé, un peu comme en cachette
Et nous restons ici, démunis, à pleurer.

Blanche, notre Blanche...
A peine es-tu venue
Que tu nous abandonnes
Va, Blanche... On te salue.


Tant-Bourrin

Il y a quelques jours, l'aube ne s'est pas levée. Ou plutôt, devrais-je dire, le simulateur d'aube, qui m'assure des réveils en douceur depuis bien des années sans jamais faillir, ne s'est pas déclenché, ce qui m'a valu un réveil tardif avec une heure de retard.

Etrange, me suis-je dit : après vérification, tout était bien réglé pour fonctionner et, d'ailleurs, le très infime grésillement de l'appareil indiquait bien qu'il était en phase de fonctionnement. Ampoule grillée ?

Toujours est-il que je partis ce jour-là bosser avec ce sombre pressentiment qui s'insinuait insidieusement en moi : Blanche n'était plus.

C'est presque sans surprise que j'en reçus la triste confirmation quelques heures plus tard via un mail de Saoul-Fifre.

Bien sûr on savait le dénouement inévitable, bien sûr ses chairs meurtries par le crabe la martyrisaient depuis des mois, bien sûr c'était sûrement mieux que cet océan de souffrance que les soins palliatifs peinaient à endiguer, bien sûr... Mais putain, qu'est-ce que ça a fait mal !

Blanche, c'est un vent d'énergie, de subtilité et d'humour qui s'est mis à souffler sur Blogbo en janvier 2007, lorsqu'elle a posé son premier commentaire sur ce billet. Quatre années ou presque d'une fidélité indéfectible, qui mit beaucoup d'essence dans le moteur poussif de notre créativité déclinante. Quatre années qui la virent se joindre à nous pour quelques billets que je ne peux aujourd'hui plus lire où écouter sans qu'un rideau mouillé ne tombe sur mes yeux...

Et puis vint cet été et le choc, quand je la revis au pique-nique Blogbo. Les ravages du mal étaient déjà visibles. Tout, d'un seul coup, se déchirait : les rires, les pensées, les cœurs...

Dans les semaines qui ont suivi, malgré la douleur, malgré ses secondes qui devenaient si précieuses, elle a tenu à continuer à échanger par mails, jusqu'au bout.

Elle m'y a conté la douleur, la nausée, l'horreur de la chimiothérapie et son refus final de poursuivre le traitement pour profiter du peu de temps qu'il lui restait.

Quand elle me parlait de Blogbo et que je lui confiais en retour que, pour le coup, je n'avais plus aucune envie d'écrire, elle me répondit :

Mais j'espère que ce que tu m'écris là, c'est seulement sous le coup de l'émotion. Quand je serai partie, ce sera pareil qu'avant, hein. Il y aura toujours des lecteurs, des gens qui seront heureux de passer sur blogbo et de s'y marrer, le matin au début de leur journée de boulot plus ou moins tristounette, enfin quoi, la vie continuera - comme dit Saoul-Fifre (et sûrement d'autres avant lui ;-)) : "la mort, c'est la vie !" C'est si vrai... Je fais tous les efforts possibles pour convaincre Billy de tout faire pour conserver sa bonne humeur, sa joie de vivre, et être heureux, même "après", pour que les enfants puissent grandir en ayant ce droit, pour que mon absence ne les empêche surtout pas de rigoler et de croquer la vie à belles dents ! Je sais bien que ce ne sera pas facile, mais j'ai besoin de penser qu'ils pourront continuer à vivre heureux, et le reste du monde avec - blogbo par exemple.
J'espère donc que, ne serait-ce que pour me faire plaisir, tu continueras à bloguer dans la légèreté, l'insouciance et la bonne humeur qui font le sel de Blogbo - sans déconner, si tu savais ce que mon arrivée par hasard sur votre blog m'a apporté... des amis comme une vraie famille, plein de belles choses, de chansons, de rires, de ce qui fait la vie belle ! Toutes ces journées de boulot pénibles que j'ai supportées grâce au billet du matin..."
[nb : j'ai remplacé les vrais prénoms par leur pseudo sur Blogbo]

Puis elle enchaînait sur des choses plus légères, demandait des nouvelles de la famille, du prochain billet, plaisantait sur tout (pour ne pas pleurer, je le crains).

Et puis vinrent ses tous derniers messages :

Un petit coup de mou qui s'accélère (non, s'il te plaît, ne me demande pas ce que c'est que du mou qui s'accélère... :-§)

Après avoir finement détecté que mon dernier billet lui était dédié ("Dis donc tu m'as gâtée, pour ce tour de billet ! On le croirait tricoté pour moi, sans blague..."), elle me conta l'arrivée prochaine du poêle dans la maison :

Je me demande si Gisèle ne pourrait pas faire un petit feu avec son ustensile, là, vu qu'il commence à faire frisquet ? Concours de circonstances, le gars mandaté par Leroy-Merlin pour nous installer un poêle arrive tout droit ici dans l'heure... quand je disais que je rêvais de le voir installé de mon vivant, misère, je ne pensais pas rater d'un cheveu, ce serait quand même dommage ! :-\

Et ce tout dernier message se concluait par ses quelques mots :

Allez, on croise les métacarpes et on y croit ! :-)

C'est toute Blanche qui est résumée dans cet ultime smiley final.

Aujourd'hui, je la pleure comme la pleurent tous ceux qui ont eu la chance de la connaître, et je pense très fort à Billy, à la Calunette et au petit Bilune...

Mais je ne peux m'empêcher d'imaginer, après avoir constaté, à mon retour, le soir, que l'ampoule n'était pas grillée et que le simulateur d'aube fonctionnait parfaitement, que Blanche a voulu m'adresser un ultime clin d’œil en mettant à mal mon esprit scientifique et qu'elle rirait bien de me voir aujourd'hui verser dans ces croyances, elle dont le rationalisme était à toute épreuve : "voyons, gros nigaud, tu savais que j'étais depuis peu dans le coma, que la fin était imminente, tu guettais juste le moindre incident pour y voir un signe, alors qu'en temps ordinaires tu n'y aurais même pas prêté attention !"

Oui, je sais, Blanche, c'est con. Mais punaise, qu'est-ce que j'ai envie d'y croire quand même !


Manou

Il m'a fallu lire plusieurs fois ton mail du 8 décembre, pour comprendre ton départ.

Plus tard, Saoul-Fifre m'a précisé que tu étais depuis un moment déjà en prise avec le crabe.


Il y a justement une dizaine de jours, je pensais à toi. Je me disais qu'il fallait que je t'écrive. Et tu vois, ce geste fut remis à plus tard, comme le sont tant de gestes destinés à ceux qui nous importent. Tu vois, c'est même toi qui as écrit la première...


La première image qui me vient, quand je pense à toi, est un ciel de nuit étoilé.

La seconde image, celle de ton visage au soleil, dans la cour d'une maison, chez Saoul-Fifre, à Saint Léo.

Je me souviens parfaitement de ce week-end que le Souf et Anne ont permis. Nous avons parlé photos et choses de la vie. Je me rappelle d'une jeune femme entière, naturelle, exigeante et curieuse.


Le dernier message que j'ai de toi, avant celui du 8 décembre, date de septembre 2011. Depuis nous n'avons plus échangé ni mots, ni photos.

Tu écrivais ceci : "J'espère qu'on aura l'occasion de se revoir un jour ! : ) ".

A bientôt, Blanche.


La Poule



Françoise

Pendant deux ans, je ne savais pas qui était Blanche, mais je lisais les commentaires de Calune sur Blogborygmes, comme un souffle de vie et d’humour. De tendresse aussi, transparaissant à travers les lignes. Pudique. Et puis il y a eu ce superbe billet , racontant comment, de Rezvani à Bilune, une série d’événements irrésistibles avaient conduit Calune vers Billy, et donné vie à leur magnifique petit garçon. Ce jour-là, sans l’avoir jamais vue, elle est devenue pour moi une fille réelle, débordant d’un tel bonheur que j’en avais été très émue, comme tous ceux qui ont lu ce billet, je crois.

L’été dernier à Meudon, lors du pique-nique Blogbo, Blanche était déjà malade, mais ni elle ni personne n’en a parlé. J’avoue m’être sentie tiraillée entre l’envie de la serrer dans mes bras et la discrétion qu’imposait son silence. J’ai admiré qu’elle ose affronter seule le cancer, à mains nues, en sachant qu’il finirait par gagner, tout en me demandant si j’avais bien fait de ne rien dire…

J’ai très souvent pensé à elle ces derniers mois. En lisant les commentaires qu’elle laissait sur tel ou tel billet, j’espérais un mieux, un répit dans la maladie. Ce n’était pas le cas, hélas… mais l’humour et l’énergie de ses derniers commentaires sont les mêmes que ceux qu’elle manifestait avant d’être malade. Le cancer a emporté Blanche trop tôt, bien trop tôt. Mais comme le sourire du chat de Cheshire, l’humour et la tendresse de Calune flotteront toujours dans l’air et dans nos cœurs.


Andiamo

Je viens de lire dans « l’interface » les jolis mots de : Françoise, Manou, La Poule, Saoul-Fifre, et Tant-Bourrin

Je ne voulais pas écrire, je ne sais pas bien faire ça, trop de pudeur sous des allures « d’affranchi ».

Je ne sais pas pleurer non plus, tant mieux ou tant pis, je ne sais. Mais, lorsque au cours du pique-nique « Blogbo », je t’ai vu, Blanche - Blanche la bien nommée hélas !

Pour la première fois depuis bien longtemps j’ai eu du mal à déglutir, la grosse boule au fond de ma gorge sans doute.

Et puis j’ai vu Billy et votre « Bilune », le premier bébé Blogbo, quel enfant magnifique ! Allons Blanche, tu laisses à ceux que tu aimes ce dernier et magnifique cadeau. Un petit garçon débordant d’énergie, que j’ai eu le plaisir de tenir par les mains pour lui faire faire quelques pas. Tu laisses aussi à ce petit garçon une "Calunette", sa grande sœur, et à ces deux enfants un Papa attentionné.

Blanche aimait la mer et les bateaux, elle me l’avait écrit dans un de ses commentaires en 2009.


Le lundi 4 mai 2009 à 09:30, par calune
Ah, tes bateaux ! Et cette façon que tu as de tracer les flots...
M'enfin c'est pas sympa de me redonner envie de vacances là tout de suite. :-s


Pour toi Blanche ces deux dessins :

- Le premier la mer que tu aimais tant !



- Le second, ce Clipper, le "CUTTY SARK", magnifique voilier. Qu'il t'accompagne au cours de ton long voyage...


(ch'tiots crobards Andiamo)

jeudi 24 novembre 2011

Scout toujoursBrazil

Saint-Laurent, Guyane, 1988.

Nous étions jeunes et insouciants, en quête d'aventures, recherchant le pays "où tout est luxe et volupté". Le Brésil nous paraissait tout indiqué. "Si tu vas à Riooooo", chantions-nous tous en chœur avant le départ. Sur la route du rêve, direction Cayenne, nous apercevons un cavalier. "C'est Ernest" me dit mon passager en rigolant. Ernest, c'est un réfugié tchécoslovaque, un marginal qui a fui son pays au printemps de Prague, pour s'établir seul en pleine forêt amazonienne. Il apparait, d'énormes santiags aux pieds, assis sur sa jument, arborant un large chapeau qui ferait pâlir d'envie Gary Cooper, le fusil Baikal enfourré dans sa selle, moustache et barbe de 30 cm à la sudiste, il rit de toute une dent et nous dit en roulant les R comme lui seul sait le faire : "Vous voulez de l'herrrbe les amis ?" (ah oui, j'oubliais, il est agriculteur). "Non, non merci, Ernest, on va au Brésil, tu sais le Brésil, le Carnaval".

Cayenne, l'avion, Macapa, Belem, le Brésil. Enfin on y est : d'abord le bar du Kiosko, on s'attable, bonne ambiance, on sympathise avec des jeunes qui nous jouent du Pink Floyd à la guitare. Des putes nous enlacent, mais je mange pas de ce pain là (ou du moins je le crois). Ivre-bourrée, l'une d'elle s'est mise en tête de casser tous les verres qu'elle trouve à sa portée. "Bling" encore un, et "Vlan" encore un autre, le serveur la supplie de se calmer (au Brésil un homme n'a pas le droit de toucher une femme en public sous peine de se faire lyncher), ce spectacle nous amuse. On prend le bus, c'est pas cher le bus, ça tombe bien on est fauchés. Nous arrivons dans un village en bord de mer. Je sens comme une effervescence, chacun y va de son commentaire...

J'interroge les gens en Portugnol (mélange de Portugais et d'Espagnol) et j'apprends que la veille, la population vient de faire griller vif un pédophile sur la place du village ; saine ambiance, me dis-je...

Enfin la plage, le soleil, les filles. Les brésiliennes ont des corps de rêve, de grands yeux noirs, et prennent plaisir à vous déshabiller du regard, surtout si vous êtes Français. Je fais la connaissance d'un auvergnat. Pas le temps de trainer, le carnaval approche, nous nous donnons rendez-vous à Olinda, banlieue de Recife, j'arrive seul la bas. J'arpente les rues d'Olinda, en quête d'un logement. Rien, tout est pris, déjà loué. Pendant le carnaval, les brésiliens louent jusqu'au plus petit hangar dans leur jardin, mais là, j'arrive bien trop tard. Je visite un vieil hôtel de passe, le portier monte prévenir Donna Ana "la patronne", je le suis. Il frappe à la porte, il re-frappe . Une vieille négresse de 65 ans passés sort complètement nue, ses cheveux blancs en pétard, la serviette à la main, une grosse bouée de graisse lui tombe jusqu'à mi-cuisses. "J'avais dit de ne pas me déranger", visiblement je la surprends en plein travail, faut bien gagner sa vie, le Brésil est un pays difficile...

Toujours pas de chambre, si ! On m'annonce qu'un hangar de dix places vient d'être loué à neuf personnes, je pourrais faire le dixième. Un hangar pour dix personnes !! J'y vais quand même et m'aperçois que les neuf occupants sont des travestis. "Viens, viens avec nous, petit Français, y a de la place, on va se serrer". Je m'enfuis, pas envie de me réveiller avec mal aux fesses, les travestis sont des farceurs et j'ai pas trop d'humour. Je rentre bredouille à Recife. Là je trouve enfin un hôtel dans le quartier du marché, il est temps car le soir tombe et le Brésil est dangereux la nuit. Chambre sans fenêtre, cadre sordide, odeur nauséabonde, chaleur accablante. J'entends des cris, des femmes montent les escaliers, les lits couinent, c'est un hôtel de passe, j'aurais dû m'en douter...

Vers 9 heures, je tente une sortie, mes travellers-chèques sont cachés dans mes jambes, sous un revers de mon jean, je m'attends à tout. Dès la sortie de l'hôtel, j'enjambe un corps, ça commence bien, mais je continue dans la nuit d'un pas décidé, de grands énergumènes noirs déguenillés, les cheveux en bataille, sont à l'affut juste à ma gauche, ils ont vraiment des gueules d'assassins, il y en a partout. Certains armés de gourdins surveillent, d'autres ont même des armes à feu, je suis dans un coupe-gorge. Je ne peux reculer, je suis déjà trop loin de mon hôtel. Lesquels sont les vigiles, lesquels sont les assassins ? Je n'en sais foutre rien, ils ont tous de sales bobines. Je continue ma marche, prenant l'air rassuré, surtout ne pas les regarder (avant de vous tuer, les brésiliens commencent toujours par vous parler, c'est leur point faible, ils sont lents, le tout est de ne pas s'arrêter, j'ai su cela plus tard) mais là, sans rien savoir, j'ai pressenti d'instinct qu'il fallait marcher vite. Je sors enfin de ce maudit quartier.

Rien de bien intéressant à Recife ce soir-là, je ne dois pas être au bon endroit, allez on se rattrapera demain à Olinda, mais il me faut rentrer. Je me perds, je demande mon chemin : l'hôtel est dans la rua Santa Rita, dis-je." La rua Santa Rita, non, non Monsieur, n'allez pas là-bas, vous allez vous faire tuer" me répondent tous les passants que j'interroge. Il me faut pourtant bien rentrer, je retraverse donc les mêmes rues du même pas, croisant les mêmes coupeurs de gorge, et miracle, je passe, enfin sauvé...

Le lendemain, sac sur l'épaule, retour à Olinda, cet après-midi il y a un défilé. Je vois passer le dernier bus tellement bondé que d'énormes grappes humaines pendent aux deux portes, faisant pencher dangereusement le véhicule, de plus la route s'incline du même côté. Le chauffeur roule à fond. S'il ne ralentit pas dans le virage, le bus va se coucher, "Oh le con, il accélère encore", le bus se penche, se penche, chancelle, les pantalons frottent sur la chaussée, mais, miracle, il passe... Eh oui, le Brésil c'est aussi le pays des miracles. Sur place, l'ambiance est surchauffée, le Trio Electrico est un défilé où les orchestres jouent perchés en haut d'un bus à étages tapissé de haut-parleurs, la foule en liesse danse autour, l'ambiance est euphorique. Après le défilé, j'arpente à nouveau les rues et là, de loin, j'aperçois une grosse silhouette qui marche en se dandinant, "mais ça serait-y pas le gros ?" (le gros c'est un copain de Saint Laurent, sorte de Coluche semblant sorti d'une BD de Moerell, moitié menuisier, moitié déjanté, grand amateur de Kronembourg et de cigarettes hilarantes, mais aussi philosophe à ses heures). Mais ce jour-là, le gros pour moi c'est Jésus Christ, le sauveur de l'humanité, enfin mon sauveur à moi, puisqu'il a trouvé un logement. Je lui saute au cou, retrouvailles euphoriques. Le lendemain, je rencontre l'auvergnat, maintenant nous sommes à trois dans le hangar du gros. Les choses sérieuses commencent, Olinda s'embrase, chaque maison met sa musique, les haut-parleurs résonnent des rythmes endiablés : une foule multicolore et déguisée sort dans les rues, ici des enfants masqués, costumés de la tête aux pieds font tourner des crécelles, là des amazones en string dansent à corps perdu, leurs fesses pailletées rythment les percussion au son de la samba. Pour tous les brésiliens, le Carnaval n'est qu'un rêve, mais durant ces quatre jours ce rêve doit devenir réalité, les pires folies sont possibles, et les économies de toute une année sont dépensées. L'euphorie est générale et l'ambiance est magique, Il faut avoir vécu un carnaval au Brésil pour se la figurer : tout est couleurs, soleil, beauté et musique mélangés, un véritable enchantement pour les oreilles et pour les yeux (la musique brésilienne est d"une richesse inouïe). En allant vers la plage, nous tombons sur des filles dont la beauté nous éblouit. Le soleil baigne leurs décolletés fluos et donne à leur apparence une luminosité enchanteresse, impossible de ne pas s'arrêter. Elles sont étudiantes et nous invitent à rentrer dans leur maison. Nous sommes deux blancs-becs attablés, entourés de vingt princesses qui nous dévorent du regard, c'est trop...Nous les invitons dans notre bar favori. Six d'entre elles nous suivent. Notre arrivée dans ce troquet est digne des plus grands triomphes de Georges Clooney : des play-boys bronzés et musclés sont tous galamment accompagnés, mais dès notre entrée ces pauvres malheureux n'existent plus, leurs dulcinées n'ont plus d'yeux que pour nous, j'en suis gêné pour eux. Qu'avons-nous de si beau, lui, l'auvergnat, blanc comme un cul, avec sa coupe à la Jeanne-d'Arc, et moi, crâne déjà dégarni, jean et maillot de corps troués ? Une splendide mulâtresse portant le string se met en tête de danser pour nous. Son corps ondule, virevolte, et ses fesses frétillantes nous effleurent au passage. Une autre, assise auprès de moi, me fait une démonstration de séduction par le regard. "Les brésiliennes font l'amour avec les yeux" m'avait-on dit, et là je constate que l'expression n'est pas exagérée : tout près de moi, la belle lionne me dévore du regard comme une friandise. Son sourire amoureux et ses grand yeux luisant dans les miens, elle restera là, plus de dix minutes, à me dévisager, j'en reste tout émoustillé. Dans la nuit, je rencontre une adorable diablesse au regard enjôleur, qui m'offrira cinq fois son corps dans la même soirée, la coke du gros m'a redonné des forces... Le carnaval étant très court, chaque heure est comptée, la fête bat son plein de 8 heures du matin jusqu'au lendemain 6 heures. Pour tenir à ce rythme (deux ou trois heures de sommeil), les Brésiliens sont tous à l'affut de stimulants, alcool, cocaïne, poppers, tisanes ou même amphétamines, qui pourraient leur procurer quelques heures de fête en plus. Je fais donc comme eux et m'accorde un rail par soirée, rien de plus.

Deuxième soir, des capoeiristes s'adonnent à leur sport sous nos yeux ébahis : les coups volent, frôlent, sifflent faisant voler leurs cheveux. Le moindre de ces coups serait fatal pour eux, mais pas un ne porte, ils sont tous évités, hallucinant... Nous suivons un orchestre ambulant, je prends un bain de foule, la masse des gens danse par vague de droite à gauche, nous sommes séparés, je suis soulevé du sol, la masse se comprime, se déprime au rythme du frevo, je suis ballotté comme un paquet, à nouveau soulevé, et à l'arrêt de la musique, m'affale sur le pavé. Je finis la nuit avec une autre belle, eh oui, durant le carnaval, les femmes ont toutes quartier libre, y compris les femmes mariées.

Troisième soir, je suis chaud, je commence la soirée avec une brunette rencontrée sur la plage, nous dansons mais vers minuit, fatiguée, elle rentre chez elle. Sur le trottoir d'en face j'en aperçois une autre d'une incroyable beauté : le visage de Claudia Cardinale, short noir au ras des fesses, bas à résilles et bottines à talons effilés, une bombe. Je bondis, impossible de résister. Je lui dis simplement qu'elle est tellement belle que je dois l'embrasser, et... elle accepte... Quand je vous dis qu'il y a des miracles au Brésil, allez faire ça en France...Quelques minutes après, j'apprends que son amie voudrait elle aussi m'embrasser, et moi... eh bien je ne fais rien. Résultat, elles se fondent dans la foule, je les perds, quel idiot, j'aurais dû accepter... Mais qu'importe, un groupe de percussionnistes joue une Samba d'enfer. Les tambours battent à rompre les caisses, à réveiller un mort. La musique me prend, je suis porté par elle, ce soir, je deviens brésilien : je danse, je danse, je rentre en transe. Chacune de mes articulations, chacune de mes extrémités rythment les percussions, un attroupement se forme autour de moi, l'orchestre se rapproche, je deviens l'attraction. La musique est tellement en moi, je la sens tellement que j'arrive à la devancer, j'ai même la sensation de la commander. Je fais couple avec une Naïade qui danse divinement. Nous dansons plusieurs heures jusqu'à épuisement et finissons la nuit dans les bras l'un de l'autre.

Dernier soir, le gros est malade, il me suit vaille que vaille. Un orchestre de cent musiciens joue impétueusement sur une estrade, les chanteurs s'égosillent, une véritable armée danse autour d'eux. Le rythme ralentit et chacun s'accroupit. Soudain, les trompettes claironnent dans un rythme infernal, et l'armée saute en l'air d'un même bond m'emportant avec elle. Le rythme frénétique m'emporte à nouveau, je vais danser près de l'orchestre où l'ambiance est plus folle. Autour de moi, que des noirs loqueteux, ce sont les gens des favelas. En temps normal j'aurais peur, mais ici je fais corps avec eux, je crois même qu'ils m'adoptent : certains me font du vent avec des éventails, craignant que je ne tombe d'épuisement. C'est ça aussi la magie du Carnaval. Subitement, les gens s'écartent, un bull-dozzer fonce dans la foule. T'inquiète, ils sont habitués, pour eux c'est un jeu ; drôle de jeu quand même ; pas de blessés, encore un miracle... 4 heures du matin, j'ai perdu mon tee-shirt, j'arpente la grand-rue qui monte à la Plaza da Sé. Elle est entièrement garnie de filles plus magnifiques les unes que les autres qui n'ont pas trouvé l'âme-sœur (la population brésilienne compte un homme pour six femmes). Je me risque à en aborder quelques unes mais je suis refoulé. Je lis la peur dans leurs yeux, l'une d'elles s'enfuit en me voyant. Je dois avoir une bien sale gueule pour arriver à les faire fuir... La rue débouche dans le quartier homosexuel. Une blonde platine dans un fourreau d'argent enlace une brune en bustier noir, quel spectacle... Je marche encore, je cherche à me désaltérer, et là, un enchantement, un éclair, Elle est là !

C'est Elle, la seule, l'unique, celle que j'attendais, telle un ange descendu du ciel : ses grands yeux noirs de biche effarouchée entourés de jolies boucles brunes, ses joyeux pendentifs brillant à ses oreilles, tout est divin chez elle. Son regard est empreint de tant de pureté, de ma vie je n'ai jamais vu tant de beauté. Mais que fait-elle ici, et comment l'aborder, torse-nu, avec mes yeux de déterré ? Je la contemple, je l'admire, impossible de décrire l'effet qu'elle me fait. Je ne sais qu'une chose : si je passe devant elle sans oser lui parler, je n'y survivrai pas ou m'en voudrai jusqu'à ma mort. Je me risque, m'assois à côté d'elle et - ô divine réciprocité - j'apprends qu'elle aussi m'observait.

Le rêve devient réalité, je sens l'amour monter en moi comme un parfum de volupté, nous nous embrassons tendrement, je l'aime, oui je l'aime de toute mon âme, je la serre, mon cœur bat la chamade, je regarde ses yeux langoureux, elle me regarde aussi, je sens son odeur, je la serre à nouveau en respirant profondément, et je pense à l'autre, celle qui m'attend là-bas, toute aussi belle et que j'aime aussi, et je me dis en fermant les yeux :

"Oui, tout ceci est bien réel... Mais comment imaginer tant de bonheur ?"


dimanche 9 octobre 2011

Saoul-FifreMenorca

Plus jamais çà. Non n'insistez pas, je vous dis que ce voyage à Minorque fut exécrable et que je ne suis pas près de recommencer la même erreur. Comment ça, je suis difficile ? Ça se voit que vous ne connaissez pas mon beauf et ma beauffe, enfin, ma sœur, quoi ?

Quand ils font bloc, ils sont capables de vous dégoûter du Taj Mahal ou de Saint Petersbourg. Ya ci, ya pas ça, ma piscine est plus chaude, la baguette est plus craquante chez mon boulanger, tu vas voir qu'ils vont pas nous rendre la caution et à l'allure où la Bourse s'effondre, s'il nous reste un slip au retour, faudra qu'on s'estime heureux.

C'est pas compliqué : tu les emmènes à Venise, lui il va tirer la gueule et la jambe à chaque canal car ya une côte pour grimper sur les ponts et elle, elle va flipper sa mère de tomber dans l'eau croupie, d'y attraper une maladie vénitienne ou qu'un pigeon lui chie dessus. Ils insisteront pour s'installer à la terrasse du Florian et, profitant que l'on fait caisse commune, ils passeront leur commande en dernier. Ce qu'il y a de plus cher sur la carte.

Pour que vous compreniez bien tout, je suis le petit dernier de la famille. Mais j'ai beau être proche de la retraite, peser deux fois son poids, ma sœur me voit encore comme le jour où elle m'a découvert pour la première fois à la maternité. Alors dans sa grandeur d'âme et sa large ouverture d'esprit, elle a accepté que je prenne le volant de la voiture louée, malgré mon jeune âge et attendu que j'étais le seul candidat. Mais les consignes étaient strictes : ne pas dépasser les cinquante kilomètres à l'heure et lui remettre les clefs du véhicule dès l'arrêt de celui-ci. J'étais bien capable de les perdre, avec mon irresponsabilité native. Et qui qui se retrouverait dans la mouise, hein ? Hein ? En attendant, elle me rejoue sur la banquette arrière Philippe le Hardy à la bataille de Poitiers (1356) : "Saoul-Fifre, une voiture à droite... Saoul-Fifre, une voiture à gauche..." tout en poussant de petits cris terrifiés censés me rendre apte à une conduite sereine.

Mon beauf lui, avait pris soin de se munir d'une attestation d'un docteur ne répondant plus de sa vie en cas de participation aux tâches domestiques. Nous nous agitions donc tous telles de diligentes abeilles autour de ce faux-bourdon (mais vrai couill..) affalé sur le divan qui zappait en permanence sur les chaînes espingouines dans l'espoir de tomber sur un match de foot ou de rugby. Le matin, il ne se levait qu'après avoir eu les narines chatouillées par la bonne odeur du café chaud et il nous faisait même tire-déboucher les flacons de pinard qu'il contribuait pourtant à vider aussi souvent qu'à son tour. "Mes pieds sous la table et mon cœur pour ma belle", soupirait-il d'aise en la contemplant s'activer à la desserte et à la vaisselle. A sa décharge (peuchère, à son âge ?), il nous avait prévenus avec franchise : "Pour compenser ma non-participation, ma douce travaillera double !"

S'il arrivait sur une plage premier d'entre nous, il choisissait pour s'asseoir le coin "naturiste" et la petite flaque entre ses genoux prouvait qu'il salivait plus vite que le sable n'était capable d'absorber sa bave. Des baigneuses s'éloignaient, dégoûtées, à la recherche de sable vierge de tout vieillard libidineux. Il les suivait à la jumelle tandis que ma sœur, sa femme, s'esclaffait de son niveau d'humour "pipi-lolos-quéquette". C'est rafraichissant de se trouver temporo-transporté dans une cour de récréation de petits sixièmes.

Sans doute la magie de Minorque qui opérait.

Cette magie qui m'y fera sûrement revenir, mais sans les deux autres bizarres, là.

Bon je vous envoie trois cartes postales, il parait que ça se fait.

Ça ne donne pas envie d'aller y plonger ?

La cathédrale de Ciutadella. Jamais vu une ville dont les pierres négocient aussi bien la lumière avec le soleil.

Cet endroit magique, un vallon cultivable bifide, descend en pente douce vers la mer, mais n'arrive pas jusqu'à l'eau. Il se termine par une falaise/éboulis difficilement franchissable. Il se nomme "Chez Saoul-Fifre", enfin, je me comprends : "Chez mon-vrai-nom-dans-la-vraie-vie".

jeudi 29 septembre 2011

AndiamoLa crique

Le Souf' est aux abonnés absents, point de ch'tiot billet en magasin...

Tant-Bourrin est sans doute épuisé par la reprise, les devoirs du gamin, les peintures/papiers peints à refaire avant l'hiver, les tuyaux du vieux Godin à ramoner puis à passer au chrome polonais (la peinture "alu" bien dégueu, qui jaunit au premier coup de chauffe), etc... Etc.

Alors le doyen s'y est collé : quelques photos prises il n'y a pas si longtemps, à bord d'un joli bateau à moteur, dont un couple d'amis a fait l'acquisition il y a peu.

Ils nous avaient gentiment emmenés dans une jolie crique, bordée d'une petite plage, où la verdure ajoute à la beauté de la grande bleue.

Pique-nique et rosé de Provence au menu. Le pastis ? Bien sûr ! Mais pour qui tu m'prends ?

Je vous ai posté quelques photos, juste histoire de vous faire regretter les vacances ! Consolez-vous : les prochaines n'ont JAMAIS été si proches !

Et merci à eux pour ces moments...HUUUMMMM!



Il suffit de passer le port.
Voguons guilleret, guillerette.
Il suffit de passer le port...



Le sillage du moteur de 200 chevaux ! Plus jeune ou moins vieux si tu préfères, j'aurais bien tâté du ski nautique)



Penché à l'avant de sa blanche caravelle, mon ami regarde monter des étoiles nouvelles !



Un ancien petit village de pêcheurs blotti au fond de la crique... Pauvres habitants ! Contraints de supporter une vue pareille... Y'a d'la misère tout d'même ma bonne Dame !



Et enfin : LA CRIQUE ! Il y a des journées pas faciles !

mercredi 29 juin 2011

AndiamoDes ports qui travaillent

Il y a des ports comme ça qui sont devenus des « parkings » pour friqués, des "as-tu vu mon gros barlu ?"... Des ports qui abritent d’énoooormes fers à repasser, munis de moteurs plus que surdimensionnés.

Pour faire quoi ? Rien justement ! Clapoter au rythme des vaguelettes bien noires des ports méditerranéens !

Et puis parfois on appareille…. Mais oui, on se risque jusqu’aux îles de Lérins pour une « partie » ou une partouse, je ne sais pas, je n’ai jamais été invité… Hélas !

Et puis il y a les autres : les ports qui travaillent, ceux qui abritent des chalutiers. Des petits chalutiers, qui pratiquent la pêche côtière, le cabotage, au rythme des marées. Point d’énormes filets de plusieurs kilomètres qui ravagent tout !

Cette pêche « artisanale » n’épuise pas puisque, aux dires de pêcheurs eux-mêmes, le poisson n’est pas rare !

De bons et braves bateaux, qui sortent par tous les temps… Il faut bien manger !

Ils rentrent à marée haute, après dix heures en mer, débarquent leur poisson, les coquilles et autres « dormeurs », puis, comme si cela ne suffisait pas, ils aident encore à la vente, soit directement sur le port, soit dans la belle halle récemment rénovée.

Ce port, que je commence à connaître, se situe sur la côte d’albâtre, ainsi nommée grâce à ses magnifiques falaises de craie blanche, les plus hautes d’Europe (plus de 100 mètres).

Ce joli port s’appelle : le Tréport, le bien nommé !

Là, point d’hôtels avec un grand « H », des petits restaurants bien sympas, à l’image des habitants. Le petit marché, et là, sous vos yeux, une charcutière vous prépare dans un grand récipient, façon plat à paella, une spécialité du crû : les andouillettes cuites au cidre, avec oignons et tout ça qui faut ! Accompagnées d’un joli Sancerre… Pas dégueu !

Flâner sur la digue ou le long de l’immense plage, entendre le ressac roulant les galets… La Manche qui change de couleur au gré des nuages et des marées, passant du gris au vert émeraude, puis un grand coup de bleu quand le ciel se déchire.

Emprunter le funiculaire (gratos au passage) qui vous conduit sur le chemin des douaniers surplombant la mer d’une centaine de mètres. On y aperçoit Criel et ses falaises qui se courbent jusqu’à toucher la mer.

Là-haut, un restaurant abrité derrière des buttes artificielles qui vous mettront à l’abri du vent, car ici quand ça souffle, il vaut tenir ton chapeau !

Dans ce petit restau on vous servira des gaufres, avec un coup de cidre normand…. MMMMH, je ne vous dis que ça !

Pour nous, ça n’est pas bien loin : deux heures et quart de route. Des départementales qui serpentent à travers le pays Picard, en traversant l’Oise et la Seine Maritime.

De jolis paysages verdoyants et vallonnés, des villages aux maisons de briques ou à colombages, toitures d’ardoises ou de tuiles, s’étirent en longueur, c’est le pays Picard….

Autrefois pavées et boueuses, ces routes sont maintenant magnifiques, pittoresques, pas très larges, mais qu’importe, nous avons le temps de savourer et nous le faisons !

Sur les collines, des éoliennes commencent à pousser, leurs pales immenses tournent gracieusement, et il est vrai que c’est moins laid que des pylônes électriques, comme me le faisait justement remarquer Françoise.

J’ai encore dans ma tête les cris des goélands argentés qui suivent le sillage des bateaux, en quête de nourriture facilement pêchée ! Et j’ai dans les yeux la douce lumière de cette côte Picarde.

Ch'tiot crobard Andiamo

Les contemplatifs (en Rital : les desoccuppati)

En balade sur le chemin des douaniers.

(Photos Andiamo 2011)

mercredi 15 juin 2011

BofPermis, prise deux

Si l'immersion en biotope adolescent présente un intérêt certain du point de vue ethnologique, les effets secondaires ne sont pas négligeables. C'est ce qui vous pousse, par une assiduité sans faille, une concentration de chaque instant et la pensée que la satisfaction passagère d'en étrangler un ne vaut pas la peine encourue, à abréger le pensum.....

Nanti donc d'une connaissance quasi parfaite du panneautage et des situations à même d'être rencontrées le long des voies de circulation routière, direction un matin la salle d'examen.

Ce jour là, deux possibilités.

La routine : un examinateur (trice) connaissant bien les lieux, le matériel, doté de sang froid, d'un zeste de détachement voire même d'un peu d'humour.

Ou l'inverse.

Ce fut l'inverse.

Toi tu te mets là, toi t'enlèves ta casquette, toi tu te mets pas là, toi tu vires ta capuche, toi si t'es trop loin de l'écran c'est ton problème, t'as qu'à porter des lunettes. Houlà....

- Euh madame, pourquoi l'écran il est tout flou, tout petit, et en forme de trapèze ?
- Ça j'y peux rien, et de toute façon on voit très bien comme ça. Taisez vous, on commence.

La j'ai commencé à regarder partout pour trouver les caméras cachés, y en avait pas, elle était sérieuse.

On a commencé. Mon voisin était plié de rire : "C'est mon patron qui paie et c'est sur les heures de travail, l'ai raté deux fois, ça fera trois."

Y en a d'autres qui trouvaient pas ça drôle, d'où les cris. Cinquième question elle a craqué, mis le truc sur pause.

- Bon, puisque vous y mettez de la mauvaise volonté, tout le monde se rapproche, et y aura plus d'excuses.

Fini la belle disposition en quinconce, bonjour les têtes qui s'agitent à droite et gauche pour voir autre chose que les nuques des collègues. C'est plus l'examinateur qui donne les résultats, et c'est très bien ainsi : je suis sûr que quelques lascars auraient trouvé logique de lui faire avaler une casquette ou deux.

A la sortie c'était l'émeute, les parents, les moniteurs, la révolte grondait. En tant qu'adulte, donc moins sujet à l'exagération on m'a demandé mon avis sur la séance :

- "Folklorique"....et j'ai éclaté de rire.

Parait que ça a été le plus faible taux de réussite dans l'histoire du code local, ce qui a conduit les autorités compétentes à organiser une séance de rattrapage gratuite en compensation.

Je suis passé voir le moniteur, pour savoir la date :
- Non toi tu l'as. Et lundi tu attaques le stage moto.

Je suis un héros.

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