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lundi 25 mai 2009

Saoul-FifreJamais Dreux sans toits

Ce n'est sûrement qu'un hasard, mais j'ai comme l'impression que la mort me compte ses coups en base 3. En 69 (2x3 et 3x3) j'ai perdu un petit oisillon adopté, ça a bien dû me rendre inconsolable pendant au moins quelques heures, la mort de ce petit que je nourrissais à la pince épilée, et puis vint le départ de mon père, combiné avec l'arrêt de ses souffrances ici-bas, et puis le décès de "Mémère", la dernière de mes grands-parents encore en vie, que j'adorais.

3 descentes ou envolées, je ne sais. Je me souviens de la foi profonde de Mémère. La réalité du Paradis dépend peut-être de la force de la Foi en son existence ? Alors sa place l'y attendait, sûr sègur.

Parmi les amis garçons de mes années-lycée, souvent les plus importants, j'en ai perdu 3 également, jeunes, trop jeunes, mais pourquoi parler de morts injustes ? L'injustice ne serait-elle pas plutôt le fait d'une mort qui ne s'acharnerait que sur les faibles, les vieux, toujours les mêmes, quoi ?

Marc était beau, intelligent, drôle, sportif accompli. Je trouvais son attirance pour les sports extrêmes un peu suicidaire, mais baste, qui ne fait rien n'a rien. On peut toujours dire que le jour où une rafale de vent un peu traître a envoyé son delta-plane et lui s'exploser contre un balcon malencontreux, il aurait mieux fait de rester à l'hôtel sous son bonnet de nuit et dans ses pantoufles, mais la vie est là qui vous pousse. Serge, c'est son corps qui a lâché, sous la poussée de sa joie et de ses activités débordantes. 25 ans tous les 2, c'est jeune pour mourir, mais ça nous a quand même fait 10 ans de souvenirs en commun, du raide, du fidèle, du solide, du joyeux, du délirant. C'est toujours ça de pris. Bernard aussi était pressé, il savait peut-être aussi que ses jours étaient comptés. Je l'avais revu, lui et sa compagne, au faîte de sa carrière, simple, accessible, comme aux bons jours. Il s'est battu jusqu'à la fin.

Et puis la faucheuse, qui se faisait discrète, comme on l'aime, quoi, est revenue frapper dans mes parages ce mois d'Avril 2009. Encore un 9 (3x3) et je suis d'ailleurs né un 9/3, s'il y en a que ça intéresse.

Premier coup de faux, Francis, un proche, un habitué de l'eucharistie dominicale où je me rends plus souvent qu'à mon tour. 57 ans, pas vieux non plus, encore un qui n'aura pas profité de ses cotisations. Pas de messe mais une séance émotion difficilement supportable au crématorium. La veuve reste digne, mais les enfants hurlent, pleurent, se lamentent en s'accrochant au cercueil pour l'empêcher de rouler vers son flamboyant destin. Les croque-morts s'en rongent les ongles. Le macchabée suivant s'impatiente.

Deuxième traversée du Styx , celle de mon frère ainé. Là, je suis tenu au courant à l'avance de l'évolution, puis de l'inévitable échéance. J'ai la chance de le voir serein, conscient, confiant, peu de temps avant sa mort. Il connait la vérité : sa femme l'a enfin arrachée au médecin traitant. Après un bref sursaut de colère, il accepte sa fin. Il a un regard éperdu d'Amour pour son épouse, qui est comme une leçon pour nous tous. Il nous regarde, nous écoute très concentré, comme s'il y mettait les bouchées doubles. Il participe, il est encore vivant, il en profite. Nous nous séparons en disant hypocritement "à la prochaine". Quelques jours plus tard, sachant que la seule chose qui le retenait sur cette terre était l'angoisse de laisser sa moitié seule, celle-ci lui donne tendrement la permission de s'en aller.

C'est elle aussi qui enguirlandera les embaumeurs : "Ce n'est pas lui, qu'est-ce que c'est que ce boulot, je ne le reconnais pas...". C'est elle qui passera toute la journée à lui parler, cercueil ouvert, cercueil fermé, dans l'urne, à lui dire au revoir, à bientôt, que sais-je ? À qui va t-elle pouvoir parler ? Il est encore un peu là, à portée de main, d'oreille.

Troisième claque, la plus forte, bien sûr. Les autres n'étaient là que pour que je m'habitue. Ils ont déraciné mon chêne, le frère de ma mère , mon parrain, celui qui est toujours resté très proche de moi après la mort de mon père, "faisant office de", pour tout dire. Je lui dois énormément de choses, faut dire que dès que j'avais un moment, je filais dans sa ferme en vélo, j'y amenais mes amis qui ont toujours été bien accueillis. Il fourmillait d'idées, mais c'est lui qui m'a convaincu qu'un travail manuel était plus épanouissant qu'un autre. Et plus salissant et plus fatiguant aussi. Marié, avec enfants, je n'ai jamais cessé d'aller les voir, mais là, il y avait quelques années que je ne les avais plus vus. Je remettais à plus tard car je voulais y aller tous ensemble, ce qui posait des problèmes d'intendance.

Toujours est-il que j'ai ressenti comme un mauvais coup du sort. Je n'avais pas pu lui dire au revoir, je ne m'y attendais pas du tout et quelque part, je le pensais indestructible, il était si fort, si vivant. J'ai culpabilisé ma race. Nous nous sommes levés tôt pour arriver les premiers au salon funéraire. Il était toujours aussi beau, il avait même sa petite fossette ironique et ses yeux devaient être encore rieurs sous les paupières baissées. Je me suis bien tenu, mais quand ma tante est arrivée, j'ai fondu en larmes. Et elle, retrouvant le côté cheftaine de son enfance, qui organise une ronde, qui nous prend par la main, qui nous crie "il est heureux, il a eu la mort qu'il a voulu, il nous regarde de là-haut et il nous aidera !" "Faisons une prière ensemble !"

C'est vraiment chouette les secours de la religion, mais moi j'y crois pas à toutes ces conneries, je suis comme un petit garçon qui a perdu son modèle, je suis comme Brassens qui n'aurait pas dû "s'éloigner de son arbre". Des méchants viennent de l'abattre et je perds mes larmes comme il perd sa sève. Encore la famille. On se voit trop, ces temps-ci, va falloir freiner, moi je vous le dis. On suit tous le cortège jusqu'à une jolie petite église de plouc sans maisons autour. On me propose de pousser le cercueil à l'intérieur de l'église. Je dis oui, bêtement. Je me retrouve au second rang, juste derrière ma tante, au mépris de tout protocole. J'ai doublé les enfants de mon oncle. Quand l'église, bourrée à craquer d'amis, de voisins se met à défiler pour les condoléances, mes yeux recommencent à couler sans possibilité de leur dire d'arrêter, je n'ai pas de mouchoir et ma tante me rend fou. Son mari lui a dit de ne pas pleurer, et elle ne pleure pas. Elle sourit même à tous ces amis, pour les remercier, les réconforter. Comme tous ces gens l'aimaient.

On va casser une petite graine, se décrisper les zigomatiques trop sollicités, et puis il faut bien aller le brûler, puisque c'est la mode, on dirait. C'est dans un cimetière. J'aime bien l'ambiance, en principe, mais là, non, c'est bizarre. Comme ce poisson rouge frétillant dans son bocal, sur un caveau. On aura vu de tout, c'est bien. Ma cousine a trouvé un chêne encore debout. Elle l'enlace pour lui prendre un peu d'énergie, pour se redonner courage. C'est mon fourgon qui transporte les fleurs et les couronnes. Je n'aime pas les fleurs mais c'est surtout pour son volume que mon véhicule a été choisi. Le gag : personne de ma famille n'a pensé aux fleurs. On a tous tellement été saisis par la nouvelle. Même les membres "bien comme il faut", ceux qui savent ce qu'il faut faire et ne pas faire, ont complètement oublié les fleurs. Mon oncle part, dans son urne, et nous avec, dans le cortège, pour le petit cimetière adorable où sont rangés nos défunts. Mon oncle a été maire de ce petit village. Là aussi, des anciens amis viennent nous serrer la paluche. Le caveau est pas très entretenu car nous habitons tous loin, mais caché par les fleurs, ça fait illusion. Certains parlent de le recouvrir de marbre, qui ne demande pas d'entretien.

Il faudra qu'on en rediscute.

Au moment de prendre congé de toute la famille, je croise mon beauf' hypocondriaque, je lui fais la bise et la seule formule de politesse qui me vient à l'esprit c'est :

- Alors, il parait que c'est toi le prochain ?

Je sens toute une armada de regards sombres appartenant aux témoins auditifs de cette boutade anodine, se braquer méchamment sur moi.

Je ne bronche pas. Humour noir vaincra.

jeudi 30 avril 2009

Tant-BourrinA day in the life

La journée avait été parfaite, gorgée de soleil à souhait et paisible comme une émission de Michel Drucker. Une fin idéale de vacances, là-bas, dans la banlieue bordelaise, avant le retour prévu le lendemain matin dans les brumes parisiennes.

Nous avions emmené Tant-Bourriquet au parc, une vaste étendue de verdure boisée dans laquelle les bambins et les bambines peuvent déverser leur trop-plein d'énergie à loisir, avec le secret espoir parental qu'il en résulterait un sommeil plus profond et plus durable le lendemain matin. Tant-Bourriquet y avait fait sa énième conquête, une jolie petite blonde de cinq ans avec laquelle il avait galopé en riant tout l'après-midi.

De retour à la maison familiale qui a connu mes propres galopades d'enfant, je trouvai ma mère qui, dans la cuisine s'appliquait une poche de glace sur le menton. Elle marmonna entre ses dents quelque chose comme "heu huis hombée", remonta un peu sa jupe pour laisser apparaître un genou ensanglanté et, écartant la poche de glace, je découvris alors, une boule dans l'estomac, son visage quelque peu tuméfié.

Bon sang, elle était retombée ! L'âge avançant (80 ans), les pas se font moins sûrs, les réactions plus lentes, et ma mère avait déjà ces quelques dernières années chuté deux ou trois fois, sans trop de dégâts heureusement. Cette fois, son pied avait visiblement ripé sur le bord du trottoir et elle avait chu face la première. Et dans le combat trottoir contre menton, c'était le trottoir qui avait gagné.

Comme la douleur semblait forte et ne pas devoir passer, il n'y eut pas à tergiverser : j'amenai illico ma mère aux urgences qui, par chance, se trouvent à une portée de lance-pierre de là.

Une grande première pour moi : malgré un âge légèrement avancé, c'était la première fois de ma vie que je mettais les pieds dans un tel service. Et des pieds, il allait m'en falloir pour franchir la première étape : l'accueil administratif.

Après m'être assuré que ma mère était bien installée dans la salle d'attente, j'allai faire le piquet dans la file d'attente. Quatre personnes devant moi et, très rapidement, cinq ou six qui débarquèrent et prirent à leur tour leur place dans la queue.

Etrange, je m'imaginais trouver dans un service d'urgences des types avec une jambe à moitié arrachée, un couteau à viande planté dans la main ou avec un pitbull incrusté dans la chair de leurs fesses. Mais là, nib de chez nib : que des personnes sans la moindre gouttelette de sang, solidement campées sur leurs deux guiboles, patientant gentiment sans émettre un seul gémissement de douleur.

Heureusement, une ambulance s'arrêta bientôt dans le hall pour me confirmer que je n'étais pas en train de faire la queue devant un guichet SNCF. Deux brancardiers vinrent se planter devant l'accueil avec leur malade sur un lit roulant, faisant jouer leur priorité pour l'enregistrement. Je crus toutefois percevoir un petit soupir d'exaspération derrière moi, et je m'attendais presque à ce que quelqu'un s'écrie "à la queue, comme tout le monde !" Mais il faut croire que la dureté des couilles est inversement proportionnelle à celle de la connerie, et le cri ne vint pas.

Au bout d'un quart d'heure d'attente, un infirmier passa et demanda à chacun, dans la file d'attente, la raison de sa présence, peut-être pour essayer de désengorger ce qui pouvait l'être. Je pus alors constater que près de 80% des personnes présentes était venues pour une urgence dentaire.

Mon dieu ! L'époque était donc devenue bien chochotte pour rappliquer ainsi aux urgences au premier bobo quenottal venu ! Et je vous en parle en toute connaissance de cause, moi qui ai aujourd'hui plus de plomb que d'émail dans la bouche... Combien de fois ai-je passé des nuits légèrement inconfortables à me gaver d'aspirine, à me rincer régulièrement la bouche à l'eau froide pour évacuer un peu la douleur, à m'écraser la joue sur l'oreiller ? A l'époque, il n'était même pas envisageable d'aller encombrer les urgences pour un petit nerf endolori : on attendait tant bien que mal le lendemain pour chercher un dentiste à même de guérir le bobo. Mais autres temps, autres moeurs, je suppose...

Au bout de quarante minutes, enfin, l'enregistrement était fait. Je retournai m'asseoir auprès de ma pauvre mère qui se tenait toujours la mâchoire. Pourvu qu'elle ne soit pas fracturée...

Il était alors 19h30. Je me dis que l'attente ne serait peut-être pas trop longue, vu que c'étaient surtout les dentistes urgentistes qui devaient être débordés (oui, je sais, j'aurais pu dire "sur les dents", mais cela aurait été un peu trop facile). En effet, une demi-heure plus tard à peine, ma mère fut appelée. Je la laissai en bonnes mains et, plutôt que de poireauter dans la salle d'attente surchauffée, je décidai d'aller respirer la douceur de l'air extérieur : le hall étant vitré, je verrai bien quand ma mère ressortirait...

Devant l'entrée, une petite étendue de pelouse, fraîchement tondue, donnait au lieu un air bucolique. Je remarquai immédiatement, au milieu de celle-ci, des rectangle de terre retournée, visiblement en attente de plantations pour créer des massifs floraux : six rectangles parfaitement alignés, trois à gauche de l'entrée et trois à droite de celle-ci. Des rectangles de terre retournée d'environ deux mètres de long sur 80 cm de large.

Oui, vous avez compris la pensée qui me traversa alors fugacement l'esprit : il ne manquait plus qu'une croix plantée à la tête de chaque rectangle ! Un camouflage pour dégonfler les statistiques d'échec des urgences ? Tssssst... Je chassai bien vite cette image : je n'allai quand même pas faire du mauvais esprit en un moment pareil !

Un autre type faisait également les cent pas (ou plutôt les dix mille pas, vu le temps que cela allait durer) pour patienter. Celui-là semblait ne pas savoir quoi faire pour passer le temps, commençant à cramer une cigarette, puis bidouillant son téléphone portable, allant à gauche, à droite.

Puis il se dirigea vers le parking quelques mètres plus loin et ouvrit la portière de sa voiture. Je pensai alors qu'il cherchait simplement à s'asseoir, mais non : il déverrouilla son coffre, sortit une boîte d'outils, et commença à s'activer sur sa voiture. La chose était fascinante : je ne sais pas ce qu'il pouvait bien faire à son véhicule, mais voir ce type qui, visiblement, avait un de ses proches en train d'être soigné aux urgences, fignoler le tuning de sa caisse sur le parking de l'hosto touchait au surréalisme. Un hyperactif qui chassait son stress dans le travail manuel, peut-être ?

Peu après, un homme, accompagné de deux enfants, sortit à son tour. Leur mère, comme je l'avais entendu tout à l'heure, était là pour une urgence dentaire. Il était près de neuf heures moins le quart. Le petit garçon s'amusait à marcher sur des gros cailloux décoratifs coulés dans le ciment, près de la porte vitrée. La petite fille parlait avec son père. L'air était doux, la pénombre peu à peu envahissait le ciel. Les gamins garderaient sûrement un excellent souvenir de cette soirée pas comme les autres, hors du rythme habituel de la cellule familiale. Leur mère un peu moins, sûrement.

Celle-ci finit d'ailleurs par sortir une bonne demi-heure plus tard, l'air visiblement soulagée, sous les vivats de sa progéniture. La cohorte des faiseurs de cent pas s'en trouva donc fort réduite. Seul mon ami le bricoleur fou m'accompagnait encore.

Le temps n'en finissait plus de ne pas en finir. Pourquoi était-ce si long ? Etait-ce bon signe ? Mauvais signe ? Des gens entraient. D'autres sortaient. La pénombre peu à peu gagnait.

Et d'ailleurs, à propos de gens qui sortaient, je vis bientôt une dame, la quarantaine, qui quittait les lieux et partait vers le fond du parking, là-bas, à droite, suivie par une autre dame plus âgée (sa mère ?). Ce qui attira mon attention était ce mouchoir qu'elle tenait pressé sur sa bouche. Encore une urgence dentaire ? Elle n'avait pas eu droit à une anesthésie locale ? Ou bien...

Je les regardai s'éloigner jusqu'à ce qui devait être leur voiture. Celle-ci démarra et prit le chemin de la sortie. Elle allai donc passer près de moi. Je ne pus m'empêcher de jeter un rapide coup d'oeil au passage. L'image fut fugace mais se planta ongles en avant dans mon cerveau : elle conduisait, le visage tordu par le chagrin, en larmes. Je compris alors que ce n'était pas elle la malade, et que les nouvelles d'un proche avaient dû être mauvaises. Très mauvaises.

Il fit soudain plus froid alors que la voiture s'éloignait déjà.

THCHIMM BOOOOM THCHIMM BOOOOM THCHIMM BOOOOM...

Moins de dix secondes s'étaient écoulées qu'une puissante musique techno s'éleva, faisant exploser en éclat l'émotion de l'instant.

Je me tournai et vis mon bricoleur fou qui paraissait lui-même un peu surpris se jeter sur le bouton de son auto-radio pour éteindre celui-ci. Une fausse manip de sa part au cours des réparations : tout frappadingue qu'il soit, il n'était visiblement pas du genre à organiser une rave-party au pied d'un établissement de soin.

Ce n'est que vers dix heures du soir que je vis enfin ma mère apparaître, là-bas, dans le hall, accompagnée d'une infirmière. Ouf ! Tout allait bien. Pas de fracture de la mâchoire ni d'autre chose, et un analgésique avait fait partir la douleur. Ma mère pouvait de nouveau parler et se sentait visiblement soulagée. Elle en serait quitte pour de belles traces de contusion sur son visage, notamment son menton qui avait viré carrément au violacé.

Je soupirai de soulagement, dans la nuit maintenant noire, en quittant les lieux avec elle.

Sans mouchoir sur mon visage.

mercredi 22 avril 2009

Tant-BourrinAllô, Tant-Bourrin ?

jeudi 9 avril 2009

AndiamoElle est là !

Depuis un bon moment, je voyais pousser sur les toits, ancrés aux cheminées, d’étranges râteaux, signes extérieurs de l’arrivée récente de la TELEVISION.

Nous sommes dans les années cinquante, dans ce quartier de Drancy dont je vous ai souvent parlé. Ça n’est pas encore une forêt d’antennes qui a envahi nos toits, non c’est un arbuste par ci, un autre par là. J’ai une douzaine d’années, les seuls écrans que j’aie jamais vus trônaient dans les vitrines des revendeurs en électroménager, ou marchands de radios comme nous les appelions, nous les mômes.

Il fallait nous voir agglutinés devant la vitrine du revendeur des six routes de Bobigny, le jeudi après-midi, vers seize heures, il y avait des petites émissions destinées aux enfants, une boutique fabuleuse ! LE poste de télévision, trônant au milieu des postes de radio "à lampes", des moulins à café électriques ou des premiers robots ménagers.

Par contre, les émissions commençaient assez tard dans la semaine, pas avant dix-huit heures !

Avant, cela s’affichait : "la mire" représentant un cavalier, et servant au réglage du téléviseur pour les professionnels, le quidam n’aurait jamais osé toucher à un quelconque réglage, hormis les énormes boutons mis à sa disposition au devant de l’appareil, les autres réservés aux techniciens bien à l’abri derrière un cache, pas touche !

J’ai inséré l’image de cette fameuse "mire" avec son sigle : RTF, radio télévision Française. Il faut vous l’imaginer avec les coins extrêmement arrondis et non pas à 90 degrés comme représentés.

Les parents de mon petit voisin Daniel, dont je vous ai très souvent parlé, ont eu la télé bien avant nous, alors parfois le jeudi après-midi, il m’arrivait d’aller regarder des émissions pour la jeunesse, seulement les jours de pluie ou de grands froids, parce que les journées de grand soleil, ou de temps supportable, je préférais, et de loin, la rue et mes copains.

Un truc me revient : un chien nommé tabac, assez facétieux sorte de grosse peluche, auquel il arrivait des aventures en compagnie d’enfants. Vous voyez ça aujourd’hui, appeler un chien TABAC à la téloche dans une émission destinée à la jeunesse ?

Eh bien ça ne nous faisait pas cloper précocement, une taf par ci par là, bien sûr, mais je n’ai fumé régulièrement qu’à dix-huit ans, quand j’ai commencé à travailler.

Et puis, aux environs de ma seizième année, la sœur de mon père, qui se trouvait par le plus grand des hasards être également ma tante, nous a offert une télévision !

Je le revois encore ce téléviseur : un Ducretet-Thomson, habillage en acajou, bandeau en matière plastique blanc sur le devant, des gros boutons moletés pour le réglage de l’image, point de télécommande bien sûr, c’est venu beaucoup, beaucoup plus tard, et puis à quoi bon ? Il n’y avait qu’une seule chaîne, la deuxième chaîne est arrivée en 1962 si ma mémoire est bonne.

Nous allumions le poste un peu à l'avance, le temps qu'il chauffe, il s'écoulait un bon moment avant qu'il ne s'allumât.

Je nous revois, mes parents, mon frère ma soeur et moi, fixant le rectangle tout noir, attendant que l'écran magique s'illumine...

Vous n’avez pas idée de l’évènement que c’était ! L’arrivée du cinéma chez soi ! Il faut dire que ces postes étaient extrêmement coûteux, le poste plus l’installation de l’antenne représentaient trois à quatre mois de salaire pour un ouvrier ! A l’époque.

Alors que dire d’un réfrigérateur, une voiture ou un lave-linge ? Nous n’y pensions même pas !

Le journal télévisé présenté par Claude Darget, Léon Zitrone, Georges Decaunes (le papa d’Antoine), mon père s’installait confortablement devant l’écran, sortait sa blague à tabac, remplie de "gris" ou, les jours fastes, de "scaferlati supérieur" appelé plus communément le bleu (en référence à la couleur du paquet).

Puis il tirait du cahier OCB, ou RIZ LA CROIX, une feuille de papier à cigarettes (ça remue des souvenirs !) et s’en roulait une calmement, posément, un coup de léchouille sur le mince filet de colle, petit pincement entre le pouce et l’index de chaque extrémité de la clope, il tirait de sa poche un briquet à essence en laiton, frottait la molette, la flamme jaillissait, accompagnée d’une volute de fumée bien noire, il tirait la première bouffée… Une quinte de toux, c’était la rançon du fumeur invétéré qu’il était. Mais bon, à cette époque, quasiment TOUS les hommes fumaient !

Ainsi on attendait avec une certaine impatience l'émission "trente-six chandelles", présentée par Jean Nohain et André Leclerc. J’y ai vu débuter Fernand Raynaud, Raymond Devos, Annie Cordy, et bien d’autres…

Des invités prestigieux : Maurice Chevalier, Tino Rossi ou encore Luis Mariano... TAIN c'est la rubrique "nécrologie" que je suis en train de vous faire !

Et surtout en 1963 l'émission de Jean-Christophe Averty : les raisins verts, sans doute la première émission qui s'est servie des "trucages" électroniques, MONSIEUR Averty faisait de la télé lui ! Et non pas du music-hall, ou du théatre en format réduit. Et lorsqu'il a passé des baigneurs en celluloïd à la moulinette... LE scandale ! Des bébés à la moulinette, ça grinçait des dents dans les chaumières, j'avais déjà lu mon premier Hara-Kiri, personnellement je me suis bien marré, il avait fichu un sacré coup d'plumeau ce Jean-Christophe là !

Les présentateurs en smoking, et même en "frac" avec la queue de pie ! On était bien loin des tenues décontractées, voire cradingues. Tout compte fait, c’était une façon d’aller au spectacle, s’endimancher comme on disait alors.

Sur le petit écran, l’étrange lucarne chère au canard enchaîné, c’était le grand chef cuisiner Raymond Oliver, flanqué de la speakrine Catherine Langeais, qui concoctaient des plats dignes des meilleures tables. Mon père notait scrupuleusement les recettes, mais quand ce cher Raymond commençait à émincer des truffes, ou à faire rissoler du foie gras, il abandonnait : trop cher pour moi, lâchait-il tristement.

Eh oui ! Nous avions des speakerines : Jacqueline Joubert ( la maman d’Antoine Decaunes), Jacqueline Caurat et Catherine Langeais. Les Huet, Fabre, Peysson, et autres sont arrivées bien plus tard, je vous ai cité les pionnières.

Des femmes "bustes", bien sagement assises, cadrées au niveau des épaules, jamais plus bas ! Ah la la ! Ça ne nichonnait, ni ne cul montrait en ce temps-là ! De la tenue, je me souviens de la gentille Anne-Marie Peysson, speakerine, enceinte, elle présentait "intervilles" avec Guy Lux et Simone, les producteurs l’avaient assise dans une sorte de guérite, on ne lui voyait QUE la tête !

Ah ben tu penses, montrer un joli ventre rond à la télé, quelle horreur ! Pourtant quoi de plus beau qu’une femme enceinte ? Tous les hommes craquent à la seule vue d’un bidon bien arrondi !

Les premiers polars écrits pour la télé, je pense aux "cinq dernières minutes", avec en vedette Raymond Souplex (qui se souvient de l’émission de radio : "sur le banc" avec le même Raymond Souplex et Jeanne Sourza , deux clodos qui à la manière des chansonniers commentaient l’actualité).

Souplex jouait l’inspecteur Bourrel, flanqué de son adjoint Dupuis, et le fameux "bon Dieu mais c’est bien sûr", quand notre inspecteur préféré, coiffé de son inséparable galurin, venait enfin de résoudre l’énigme.

La première histoire proposée, je la cite sans l’aide d’internet oui oui, s’intitulait "la boîte de pastilles", l’histoire d’un mec, qui pour se débarrasser de sa belle-mère lui prépare des pastilles très peu consommables, il a tout de même des facilités, puisqu’il travaille dans un labo pharmaceutique, (ne me demandez pas la recette : je ne l’ai pas !).

"La tête et les jambes", présentée par Gravillon jolie flaque, pardon Pierre Bellemare. Un concurrent devait répondre à un questionnaire (la tête) tandis que son co-équipier, un sportif (les jambes) connu ou non, à chaque chute de l’ intello, devait le repêcher en effectuant un exploit : saut en hauteur, la barre montant à chaque épreuve, tir à l’arc, ou encore levée de poids.

C’était aussi "l’homme du vingtième siècle" présenté par Pierre Sabbagh. Plusieurs concurrents confrontés à un questionnaire. C’était aussi "cinq colonnes à la une", un magazine d’actualités présenté par des "pointures" du journalisme : Pierre Dumayet, Pierre Desgraupes, Pierre Lazareff et Igor Barrère. On était bien loin de la star ac’ et des brebis goualeuses !

Dans une de ces émissions, j’ai vu un chien à deux têtes, la seconde lui avait été greffée sur le cou ! C’était une expérience menée par les soviétiques, chacune des têtes aboyait ! Ces images m’avaient choqué.

J’ai bien sûr vu débuter Michel Drucker en journaliste sportif, j’ai vu le bon et brave Roger Couderc et ses "petits", tu aurais vu Albaladejo et Spanghero ! Tu parles de colosses oui ! Le catch tous les vendredi, l’ange blanc, Guettier, Delaporte l’infâme. Le journaliste Claude Darget qui s’était pris un pain parce qu’il avait osé dire que c’était du chiqué !

Cette télévision-là, toute tremblotante, débutante, avec ses interruptions momentanées de l’image, que vous voudrez bien excuser.

Pour nous faire patienter sont venus les interludes : poissons dans un aquarium, moulins en Hollande, tournant incessamment, et plus tard le petit train rebus…

Cette télévision paraîtrait bien désuète de nos jours, les images se sont beaucoup améliorées, la qualité des programmes également, quoiqu’en pensent certains. Bien sûr, il faut choisir ses programmes, ne pas avaler les émissions du style : caca-prout ou la vie vue à travers le trou d’une serrure !

Nous n’étions pas un public difficile, nous étions peu habitués à recevoir des images, dans le meilleur des cas, nous allions au cinoche une fois par semaine, je parle pour les jeunes, car je n’ai guère vu mes parents se rendre dans une salle obscure, ils n’en avaient pas les moyens.

Alors l’arrivée du cinéma chez soi a été une énorme joie, qui a tout de même permis à bon nombre de gens de découvrir le monde, et je ne crache pas sur ce que j’ai beaucoup aimé.

Voici ce à quoi ressemblaient nos téléviseurs dans les années cinquante, ne vous marrez pas, les écrans mesuraient déjà 42 cms, alors que la génération précédente possédait des écrans de 36 cms seulement ! Et les images en noir et blanc... Bien sûr.

Pour les cinéphiles (et les autres) : quelle image d'un film qui connu un certain succès à son époque est présente sur l'écran ?

-Un p'tit coup d'pouce : le film est sorti en : 1959... J'avais tout juste 20 berges !

-Qui a dit : "quel vieux c.." ?

mercredi 1 avril 2009

CaluneC'est trop bien

Enchanté par son premier passage sur blogbo, Juju m'avait confié qu'il souhaitait poursuivre sa participation au grand oeuvre blogborygmique (et blogborythmique), la question étant : après avoir déclamé en exclusivité sa passion pour Chelon, quel sujet allait-il bien pouvoir aborder à présent ?!

Il fallait trouver quelque chose à la hauteur de sa première intervention : ça n'était pas de la tarte, et il s'en alla les poings dans ses poches crevées (c'est une image) chercher l'inspiration dans un lieu bien connu des penseurs torturés : le musée Rodin. Et voici ce qu'il vit (après avoir salué le saint-patron des penseurs torturés) :

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samedi 28 mars 2009

Saoul-FifreMirjam

La bruine nationale faisait reluire chaque pavé, chaque poignée de porte. Les feuilles des grands arbres le long des canaux faisaient un brin de toilette. Les nuages esquissés à la mine de plomb se mélangeaient à la lumière rasante pour nous brosser une dernière matinée à Amsterdam d'un classicisme flamboyant. Nous commencions à appréhender le clair-obscur des grands maîtres.

Nul besoin d'équipements anti-pluie, un bonnet suffit, mais nous sommes étrangers et nous supportons stoïquement les quelques gouttelettes piégées par nos cheveux. Un simple bonnet tricoté, comme en portait Mirjam ce matin là.

Nous menions nos pas rendus guillerets par ce temps si vraiment amstellodamois vers le marché aux puces de Waterlooplein mais l'ambiance était à la morosité chez les rares commerçants.

Excepté chez les vendeurs de parapluies et autres cirés, dont le sourire jovial faisait plaisir à voir, le malheur des uns, n'est-ce pas ... ?

Nous le traversâmes donc assez rapidement, sans rien voir de bien enthousiasmant, et c'est arrivé à son extrémité que je l'aperçus, la statue. Par delà l'avenue, à coté d'une zone de travaux, au milieu d'une place déserte.

Regarde, Margotte : la statue du docker ! Nous l'avons oubliée et nous tombons dessus par hasard !

Deux jours avant, nous avions prévu d'aller à la grande cérémonie consensuelle qui réunit autour de ce bonhomme de bronze tous les amis de la liberté de penser et de vivre en paix quelle que soit sa religion, sa couleur ou sa sexualité. Et puis, peur de la foule ou mauvaise organisation, nous avions raté ce RV et fait autre chose.

Notre train est dans deux heures mais nous sommes là devant ce sacré docker, tout émus.

Ha tiens, la place n'est pas complètement déserte, il y a là une dame sans âge, mise très simplement, qui se balance d'un pied sur l'autre, qui s'avance pour lire les rubans sur les couronnes de fleurs déposées là en hommage, qui grommelle, qui parle dans sa moustache. Nous, vous nous connaissez, on se fait tout petits, on respecte, on essaye de faire oublier qu'on est des touristes, malgré nos appareils photos.

Elle en a visiblement gros sur la patate, il faut qu'elle s'exprime. Comme tout le monde à Amsterdam, elle nous aborde en anglais : Did you know what happened here...? Notre réponse coassée de froggies lui annonce notre nationalité et elle se met à nous parler un français de haut niveau qui nous époustoufle.

Elle a les boules de voir les partis politiques de tous bords venir lécher consciencieusement le cul du docker. Nous comprenons à demi-mot qu'elle en veut surtout au parti communiste du pacte de non-intervention germano-russe. Et puis aussi un peu de l'attitude des soviétiques envers leurs juifs. Enfin, elle voit surtout beaucoup d'hypocrisie dans cette récupération politique à peu de frais : présence, bouquet de fleurs, mots-valises.

Nous sommes un tantinet déçus et nous le lui disons. Voilà notre beau symbole de solidarité par delà les communautarismes et les corporatismes, trainé dans la boue ? Elle redémarre, attaque la famille royale, traite le Prince Bernhartd d'ami des nazis, le reste de pétochards.

Je lui demande d'où lui vient la perfection de son français. Elle répond que c'est une longue histoire de famille, que ses parents ont habité Nice, dont ils ont dû partir suite à des revers de fortune lors du Krach de 29. Que chez elle, à table, on parlait français. Elle se met à nous réciter une ode à nos hommes politiques si brillants, aux discours si lyriques, dont l'art oratoire est si plein d'éloquence, comparés aux élus néerlandais si rustauds, si brutaux dans leur expression.

Mais mais mais, nos politicards parisiens nous bourrent le mou, ils n'arrêtent pas de mentir, ils nous promettent le lendemain l'inverse de ce qu'ils nous ont promis la veille ! On préfèrerait peut-être un langage plus direct, sans tourner autour du pot ?

Ouais, bof, on ne va pas non plus lui détruire son rêve d'une douce France, à cette marrante Mirjam ?

Elle nous raconte sa vie, et ses morts, restés dans les camps d'extermination. Elle se méfie d'internet, du téléphone, vous savez, avec mes idées révolutionnaires, ils me surveillent !

Elle se moque d'elle même : ma paranoïa s'explique aisément par mon histoire, je pense ? Elle se méfie un peu de nous, aussi : vous êtes bien des touristes, hein ?

Elle nous a définitivement adopté car elle nous parle de sa compagne. Mirjam est artiste peintre. Elle s'inquiète de nos horaires, s'excuse d'être bavarde, mais c'est qu'elle est si contente de pouvoir utiliser notre langue ? Je lui demande si elle voyage et, sur sa réponse affirmative, l'invite chez nous. Nous échangeons nos adresses. Je connais la route mais elle tient absolument à nous accompagner. Nous sommes dans son quartier, elle connait chaque magasin, nous raconte plein d'anecdotes. Nous montre la maison de Pinto, celle de Rembrandt... S'excuse presque de nous faire traverser le quartier rouge, mais c'est le chemin le plus court.

Elle accepte de nous quitter quand je lui jure que je sais précisément où nous sommes (au bout de cette rue, il y a un poste de police).

Chouette nous nous sommes dégottés la guide absolue, idéale.

Mais la loco de notre Thalys est déjà sur le départ, en train de chauffer, c'est ballot ?

jeudi 26 mars 2009

Tant-BourrinClasse de neige

Dernière image. La frimousse de Tant-Bourriquet, un bonnet bleu enfoncé sur les oreilles, qui nous fait un bisou volant à travers la vitre de l'autobus, juste avant que celui-ci ne démarre. Le bus tourne au coin de la rue. Coup de klaxon du chauffeur comme un ultime adieu. Les gorges sont serrées. Des larmes coulent encore sur les joues de quelques mamans. Tant-bourriquet, comme ses camarades de classe, vient de nous quitter pour deux semaines de classe de neige.

Deux longues semaines pour un tout petit bonhomme de cinq ans à peine, loin, si loin de nous, là-bas, en Haute-Savoie.

Retour dans l'appartement, si silencieux soudain, comme privé subitement de vie.

Reprendre le cours normal des choses, chasser les questions de sa tête, se dire que tout se passera bien.

Mais tout dans l'appartement me parle de lui.

Sa chambre. Le petit lit qu'il aime tant. Les draps à l'effigie des héros de Cars, son film préféré.




Et puis, passant dans la salle de bain, trois regards me scrutent, comme chargés de reproches : ceux de trois petites voitures qu'il avait alignées hier avec soin sur le bord du lavabo et qui sont restées là.




Sur l'ordinateur, je revisionne les petits fragments de sa vie passés dans l'oeil du caméscope : du nourisson si fragile sur je tenais hier encore dans mes bras au petit bonhomme qui, l'été dernier, nous avait donné un mémorable concert sur le piano de sa mamie dans un yaourth japonisant.

Tant-Bourriquet - Impromptu

Téléchargeable directement ici



Et là, sur le bord du bureau, le petit dessin qu'il m'a fait, le matin même, en écrivant amoureusement "papa" dessus...



Ma gorge se serre.

J'écoute de nouveau le calme silence qui flotte alentours. Ce silence assourdissant.

Et alors monte soudain en moi le cri.

Le cri instinctif. Primal. Venu des noires profondeurs de mon âme. Pétri d'émotion trop lourde. Le cri du sang. Le cri d'un père loin de son fils...







YEEPEEEEEEEEH

YAAAAAH !!!



Heu....... Excusez-moi, je me suis un peu oublié... mais ça fait tellement de bien : c'est pas tous les jours qu'on a quinze jours de vacances, hein ! :~)

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