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mercredi 9 juillet 2014

AndiamoLe plat pays

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Avec de l'Italie qui descendrait l'Escaut....

Voilà une chanson magnifique : le plat pays.. Et puis Monsieur BREL, comment l'oublier ?

Un p'tit clin d'œil à ce grand bonhomme, pas un hommage, je pense que le mot lui aurait déplu, un p'tit clin d'œil, c'est mieux.

Je l'ai vu sur scène, il y a.. Ouais, tout juste Auguste, vous n'étiez pas nés pour la plupart d'entre vous ! Fabuleux, ce grand Jacques, il avait chanté : "quand j'étais ch'val" et je vous assure, ses gestes, ses mimiques un instant, un instant seulement, il fût cheval !

Alors, afin d'illustrer le plat pays, un ch'tiot crobard de MONSIEUR Brel, ainsi que quelques photos prises un jour de brume au Tréport, je les trouve assez fantomatiques et mélancoliques à souhait...

(Ch'tiot crobard et Daguerréotypes Andiamo)

vendredi 13 juin 2014

AndiamoC'est tout de même étrange

C'est tout de même étrange un homme, quand je dis un homme il faut bien entendu comprendre un être humain.

Ce matin, sur mon poste périphérique préféré, celui sur lequel on me distribue mon lot d'horreurs quotidien, j'ai entendu qu'en Irlande - pays que j'aime beaucoup au passage, et je ne suis pas le seul ! - donc dans ce pays magnifique, on a découvert dans un cul de basse fosse, ou plutôt dans une fosse septique, les squelettes de près de huit cents nouveaux-nés ! Ces évènements se seraient produits entre 1925 et 1960.

Cette horreur s'est déroulée dans un couvent de TUAM (y'a pas de hasard ! Un nom prédestiné en quelque sorte) tenu par les sœurs du "Bon secours" ! Dans l'Irlande très puritaine et très catholique de l'époque, lorsqu'une jeune fille était enceinte hors des liens très sacrés du mariage, elle était envoyée dans ce couvent afin d'y accoucher ! Elle abandonnait l'enfant aux chères sœurs afin qu'il soit adopté !

Les plus vigoureux le furent moyennant espèces sonnantes et trébuchantes, ceux qui n'avaient pas cette chance passaient à la trappe : "Money Drop" avant l'heure en quelque sorte...

Ah, Madame Courjault se la joue "petits bras" à côté ! La Voisin, les Landru, et autres Docteur Petiot, ne sont que des amateurs, des pousse-cailloux, des traîne patins, des timides, des réservés, et - oserais-je le dire ? - des pupazzi de pacotille !

Là il y a de l'ampleur, du lourd, du copieux, elles n'ont pas fait dans la demi-mesure, dans l'à peu près, pas d'amateurisme, du "pro" !

Quand je vous disais que j'étais un enfant de chœur avec mes histoires parfois un peu sordides, quand je vous disais que le quotidien était bien au-delà de ce que je pouvais parfois imaginer, huit cents bébés tués ! Mais que l'on se rassure ils ont été tous baptisés, tous... Les sœurs tiraient bien la chasse d'eau avant de les envoyer dans la fosse septique.

samedi 17 mai 2014

Mam'zelle KesskadiePermis moto (prise 3)

Devant l’immense succès des tomes un et deux de mes aventures en moto, mon éditrice m’a invitée à en écrire la suite rapidement. Je la soupçonne de craindre que j’arrête d’écrire pour cause de décès accidentel.

Bref, je me suis dit : Pourquoi ne pas me trouver un surnom matante (NDLR Matante au québec, désigne une dame d’un certain âge, qui aimerait Mireille Mathieu, ex…) pour mes récits, étant mes aptitudes, mon âge vénérable et mon intérêt pour les vidéoclips de chats sur Facebook? J’ai pensé à Claudette, mais elle, c’est le côté quétaine de fifille, Georgette me plaisait bien ainsi que Dolorès, mais je me suis dit qu’en fin de compte, Jocelyne était fort bien pour une matante. Assumons. Je vous ai laissé au cours 1 sur 3. Le cours deux s’est passé sans trop d’incidents, en fait je ne me rappelle pas du cours et pour dire la vraie vérité , en arrivant au cours 3 de trois, une semaine plus tard, je ne me souvenais plus de rien. En tout cas, j’en avais la très certaine impression.

Mais si ! je me suis souvenu que j’ai enfin compris comment freiner avec la moto ! Utile, vous n’avez pas idée !

Bon, je vous explique. La moto a deux roues, donc, deux freins. Oui, je sais, une auto a quatre roues et un seul frein, mais pour une moto, pensez en gars. Mettons que deux freins, ça permet des variations intéressantes dans la conduite imprudente, en plus d’avoir plus de bébelles à ajuster. Bon, le frein pour la roue avant est au guidon, comme nos bicyclettes, le frein pour la roue arrière est au pied droit. Idéalement, il faut freiner des deux freins. ( pourquoi ne pas avoir mis un seul contrôle si on doit freiner en même temps?, voir plus haut). Pour ajouter à mon énervement et à ma capacité d’intégrer les éléments de conduite de la conduite de la moto, il y a aussi la clotche ( manette d’embrayage) que l’on actionne à gauche de la même manière que nos freins de bicyclettes.

Vous voyez tout de suite que de passer de freiner des deux freins avec les mains, comme sur une bicyclette, à freiner avec un frein et un pied, ce n’est pas simple pour une matante. Ce qui fait que la première fois que j’ai voulu freiner, je ne savais plus quoi faire, j’ai pesé sur le bouton panique ( qui éteint le moteur automatiquement) et j’ai freiné avec mon pied. Je n’allais pas vite, une chance ! Bon, que je me suis dit, il y a sûrement moyen de ralentir sans arrêter le moteur à tous les coups et je ne vais pas aller demander à monsieur Macho : heu.. rappelle moi donc comment on breake déjà ?

Je me suis donc référée au manuel de moto que j’avais étudié de fonds en comble pour me souvenir que tout était à droite. Donc, après cinq ou six de départs et arrêts, j’avais coordonné les deux manettes et le frein. Ce qui m’inquiète un peu, quand même, c’est qu’à chaque fois que je dois freiner, faut que j’y pense Pied et main, pied et main. Même quand je conduis mon auto, maintenant, j’essaie de penser à serrer le volant quand je freine, question d’intégrer pied et main. Donc, si vous êtes mon passager et que je vous serre le bras à chaque stop, ne vous en faites pas, c’est pour le bien de la cause.

Avant le cours, j’ai eu quelques petites tâches à faire, dont, me trouver de vraies bottes de moto. Oui, je sais, vous voyez régulièrement des motards en espadrilles, mais c’est parce qu’ils sont habiles à freiner. Pas moi. J’aurais usé mes souliers dans les premières quinze minutes, ma technique n’étant pas très au point. Fait qu’à la dernière minute, c’est rien que ce temps là qu’il me restait de libre, je me suis précipitée chez le vendeur de bottes de travail et tout et tout pour achat rapide et bon marché. La vendeuse, gentille comme tout, a découvert le secret d’une longue vie : prendre son temps. Ne pas trop se poser de questions et attendre, pour bouger, d’avoir donné 30 secondes de silence à son interlocuteur au-cas-où il aurait quelque chose d’autre à dire.

Elle, elle n’a pas besoin de freiner.

Elle me recommande une jolie botte pour dame. Trois pouces de haut de talons. C’est vrai que je ne suis pas très grande pour embarquer sur la moto, mais avoir voulu des échasses, je serais allée ailleurs. La pauvre était désolée, il n’avait plus mon point pour les seules bottes de femme avec une bonne semelle. Coup donc, est-ce qu’ils prennent pour acquis qu’on va être sur le siège arrière, donc, on n’aura pas besoin de freiner? Bon, finalement, elle a accepté de me vendre des bottes d’homme, avec des semelles de gars. Non sans avoir attendu trente secondes après que je lui ai dit oki pour bouger, d’un coup que je changerais d’idée. Dans ces cas-là, ne rajouter pas un mot, c’est trente secondes après le dernier mot. Chut. Partez avant elle pour rejoindre la caisse, au-cas-où elle vous suive toute de suite.

Je pars donc équipée de mes plus belles bottes de moto à vie ( mes seules en fait) mon coat, mon casse ( j’ai compris que je devais enfiler mes gants APRÈS avoir attaché mon casque, ça va mieux pour les quick releases, non, mais, ça ne parait pas, mais la moto, c’est plein de ces petits détails…) et des recommandations de mon frérôt, motocyliste chevronné, la première apporter une bouteille d’eau pour quand je me sentirai fatiguée et la deuxième, tout est dans la clutche!!! Apprendre à la laisser glisser, parce qu’elle est conçue pour endurer les glissements et que c’est la clé du contrôle en basse vitesse.

La clutche, la bouteille d’eau et mes bottes, ça devrait aller.

Nous en sommes donc au cours trois de trois. L’entraînement se déroule dans un stationnement et les exercices sont balisés avec des cônes oranges. Le groupe suit le moniteur qui nous explique en quoi consistent nos quatre exercices d’aujourd’hui. J’ai beau avoir pris mon concerta ( médoc pour le déficit d’attention), mais après trois explications, je ne sais plus lequel je dois ne pas varier de vitesse, tout ce dont je me souviens, faut arrêter dans les carrés et faire semblant de regarder notre angle mort ( 3points à l’examen).

Ma copine et moi regardons, sidérées, les cônes éparpillés qui forment en serpentin et on essaie de retenir par où en suivant les directives du moniteur. Et là, le mécréant ajoute : ceux qui seront habiles, faites-le à l’envers et il décrit un autre serpentin. (D’un seul mouvement, on s’est caché les yeux, non, mais, on est assez mélangées de même!)

On commence. On essaie des motos différentes pour s’habituer à conduites. Je suis pairée avec Bertha. Kawasaki 550. Bertha, parce qu’elle est pesante, pis elle a du caractère. Bon, faut démarrer ça. J’ai presque tout fait comme il le fallait, enlever la béquille, tourner la clé à On, mettre le bouton panique à On, ( celui qui nous sert quand on ne se souvient pas quoi faire), pas besoin du tchoque (étrangleur), mettre le pied sur le frein, la moto en première, on tient la clotche, pis…. Un blanc. Sais plus quoi faire pour qu’elle fasse vroum vroum.

Le moniteur passe à côté et pèse sur le bouton démarrer. Bertha a râlé tout de suite, la saloooope. Moi, je me suis contentée d’un sourire niaiseux.

Allons gaiement et en n’étouffant pas trop souvent au premier exercice. Il s’agit d’accélérer en ligne droite jusqu’à ce que le moniteur, droit devant nous, en plein milieu du trottoir qu’il faut emprunter, lève la main pour simuler la lumière rouge qui s’allumera à l’examen afin que nous fassions un arrêt d’urgence. Oki. Important, ne pas ralentir, avoir une accélération constante. Oki.

Je me mets en position, go ! Là, je vais être bonne, et j’étouffe le moteur en partant. P’tite gêne. On remet ça. Bertha et moi, on décolle bien, j’accélère, je pense frein=main droite, pied droit, main droite , pied droit, envoye Bertha on accélère et … L’inconscient de prof tourne la tête pour regarder l’exercice à côté du mien. Je fonce droit sur lui.

Panique. Je fonce droit sur un homme qui regarde ailleurs!!!!

Whoooooo Bertha! !!!! Clotche, décélère. Main droite, pied droit Heille, le prof, prépare toé prêt à jumper hors de ma route! J’ai beau avoir des bonnes bottes, Bertha est dure à arrêter une fois partie!!! Et bin, il se détourne, calme et lève sa tite main..

Il m’a fait la remarque que j’ai anticipé en ralentissant, mauvaise note. Mets-en que j’anticipais!!! Il a beau me dire qu’il me voyait du coin de l’œil, je connais ça les gars qui disent être capables de faire deux choses en même temps. Cré moé y a pas assez de cerveau mâle pour sauter hors de mon chemin tout en reluquant la tite demoiselle de l’autre exercice. M’enfin.

Autre exercice, tourner à 90 ◦. Départ, après une distance longue comme mettons trois mètres il faut tourner serré et pour faire le trajet en 8,4 sec et entre deux lignes. Ok. Bonne nouvelle ! J’ai réussi à le faire dans les temps ! Reste juste à le faire dans les lignes. Là j’ai dit : coup donc, pour cet exercice là, la vitesse doit –tu être constante ?

Le moniteur a secoué la tête.

J’imagine qu’il ne voulait pas dire : non mais, quelle cruche, mais plutôt, non, non, la vitesse peut varier. Laissez-moi mes illusions.

Bref, trois heures de péripéties, de l’Advil en arrivant avec de l’antiphlagestine pour les courbatures, et merci Marco pour le truc de la bouteille d’eau. Elle m’a donné une excuse pour prendre un break et du courage en pensant à toi.

À suivre…..

lundi 12 mai 2014

BlutchDu temps ou j'étais bouèbe

Putain, ça m'inquiète, depuis quelques temps, je me mets souvent à faire de la marche arrière.

Un des chintoques de service disait que l'expérience est une lampe que l'on a dans le dos pour éclairer le chemin parcouru... J'ai comme l'impression que je vais devoir envisager des phares à longue-portée...


Ma famille n’a jamais milité dans quoi que ce soit, mais les informations coulaient naturellement. Ma mère avait cette sagesse naturelle qui lui faisait chercher ailleurs ce que la propagan…Rheum !  

L’information officielle voulait se faire passer comme vérité toute nue et virginale. Il faut dire qu’elle avait une confiance assez limitée dans le monde politique, peut-être depuis qu’elle avait entendu « sur le poste » le conseiller fédéral (ministre) Pillet-Golaz dire, lors d’un banquet pantagruélique, que l’ouvrier peut dîner avec une tranche de pain et un cervelas (charcuterie infâme surnommée la raclure de plot). Il avait beaucoup fait, ce jour-là, pour assurer sa non-réélection à la législature suivante.

Je ne sais pas comment elle faisait, mais durant la guerre 36-45, elle savait ce que tout le monde voulait ignorer. Elle savait pour la déportation des juifs, elle savait qu’ils n’en reviendraient pas. Elle savait que les « erreurs » de bombardements alliés (sur la Suisse) étaient des mises en garde pour ne pas (trop) collaborer avec le Reich.

Elle a gardé très longtemps ce recul avec l’actualité et ses fils en ont hérité.

A la maison, on écoutait Sottens.  Sottens : Petit village vaudois sans histoire, hormis que c’est là que Radio-Lausanne avait établi son antenne et que les radios étaient alors identifiées par le nom de l’émetteur.

Donc sur Sottens, nous avions le droit d’écouter quelques émissions, malgré l’heure tardive (pour l’époque !). Parmi elles l’incontournable "Enigmes et aventures" le lundi soir avec le commissaire Gallois, le détective Durtal et son aide à tout faire, Picoche. Une sorte de Chauguise en trio, d’avant mio Cugino.
Un petit coup de nostalgie à partager ...

Alors que Radio-Paris en était encore à : « Bonsoir chers zôditeurs » avec la bouche en cul de poule pour le dire… Heu oui, ça, c’était après 45, parce que je vais vous parler de 1943 comme le début d’une radio différente : espiègle, râleuse, moqueuse, revendicatrice. Et dans ce temps-là sur Radio-Paris, c’était encore : Guten Abend liebe Hörer que la valletaille à Pétain ânonnait dans le poste. Donc en 1943 Radio-Lausanne ouvre son micro à l’humoriste et pamphlétaire Jack Rollan pour ses « Bonjour ». C’est lui qui dénoncera le coup du cervelas de Pillet-Golaz. Terreur des magouilleurs et des politocards véreux (pléonasme), il était bien souvent l’ultime recours des petites gens écrasés par des procédures malhonnêtes.

A l’époque des ballets roses en France, la Suisse avait aussi connu ce genre de divertissement pour grandes personnes. Comme il était convenu dans la presse d’en parler le moins possible, Jack Rollan ne manquait pas une occasion d’assurer le suivi de l’enquête. Les protagonistes de l’affaire avaient pu ainsi passer à côté d’une amnésie judiciaire… 

Comme on l’a vu avec Coluche et ses restos, il faut toujours des gugusses pour faire les travaux sérieux, c’est lui qui fonda la Chaîne-du-Bonheur en 1946 avec un autre animateur de la Radio. Le concept était nouveau,  les besoins étaient énormes. Durant des années, c’était une émission hebdomadaire d’appels de fonds, d’informations et de divertissements.  Les Téléthon, Sidaction et consort ont repris le système…(le compteur de pognon, les objectifs à heures fixes, les fiches de promesses lues à l’antenne, la surenchère des entreprises, tout était déjà inventé en 1946…) Actuellement, elle fonctionne sur des événements ciblés.  

Trublion de la morale, le parcours médiatique de Jack Rollan fut (forcément) chaotique. La radio veut le contrôler, il part et fonde son journal « le Bonjour de Jack Rollan » (bien sûr). Pour vous situer le journal, c’était un peu comme un Canard enchaîné qui se serait marié avec l’Os à moelle.

Les médias et lui, c’était je te haime. Je pars – reviens… mais oui - mais non… jamais pour toujours.

Touche-à-tout, il a eu un cirque, il a monté des spectacles seul ou avec toute une troupe. Il a eu aussi de nombreuses occasions de faire faillite  avec ses productions. Il collabora longtemps avec le quotidien genevois « la Suisse », jusqu’au jour où le Cardinal Daniélou eut la bonne idée de passer l’arme à gauche en escaladant le Mont de Vénus d’une prostipute…

Le papier (introuvable) était drôle, mais le red en chef l’avait trouvé raide d’ironiser sur l’ecclésiastique macchabée. Le billet fut censuré, Jack est parti.

Quelques liens en cascades


Cet homme, connu du monde entier de la Suisse romande est parti sur la pointe des pieds.

Il tire sa révérence un jour de mai 2007, après une ultime consigne à ses amis :
«Je ne veux ni église, ni cathédrale, ni télévision, presse ou radio; je veux le Léman et surtout pas de faux-culs, ni d'emmerdeurs. Alors ne parlez pas de ma mort avant l'adieu final.»

Dans sa vie, il a tout fait et fait de tout : photo, journalisme, musique, chanson, mise en scène, comédie musicale, conférences, tout jvoudis ! Finalement, j’aurais pu aussi le caser parmi mes poètes de légende…

vendredi 2 mai 2014

Mam'zelle KesskadiePermis moto... Prise 2.

Comme je vous l’ai annoncé, publié, pancardé, mon activité printanière est de prendre des cours de moto. Pour ce faire, on suit un cours et on passe des examens.

J’ai un aveu à vous faire. J’ai la phobie des examens. Je tremble à la pensée d’un examen chez le dentiste. Je ne vous raconte pas mon examen gynécologique annuel. Je me demande quand mon doc va se décider à me prescrire un calmant avant l’examen. Je pense qu’il espère qu’un jour, je ne me rappelle plus que je déteste les examens. Mais c’est comme la tartine qui tombe du côté de la confiture, les souvenirs s’effacent aussi sur ce qu’il y a de bon avant.

J’ai donc fait mon examen théorique de conduite moto. 32 ou 36 questions, je ne me souviens plus, mais je me souviens qu’il ne faut pas faire plus de cinq erreurs, parce qu’à la sixième, nous échouons.

L’examen se passe à l’ordinateur. Un ordinateur, c’est neutre, mais neutre dans le sens que ça se fout assez de ton énervement. Donc,, il donne, sans s’énerver, le score au fur et à mesure. Après quatre questions, deux bonnes réponses et deux erreurs. Hiiiiiiiii que les statistiques étaient en ma défaveur pour le reste de l’examen. Mais les statistiques, c’est comme les sondages dans les élections, faut attendre le résultat final pour se prononcer. Donc, j’ai fait une remontée spectaculaire jusqu’à la question qui demandait : Vous stationnez votre moto à cinq mètres : d’un arrêt stop, d’une borne fontaine, ou d’un débarcadère.

C’est parce que je ne sais pas moi, où je vais stationner ma moto ?

Cinq mètres d’un arrêt stop, c’est cinq mètres entre ma moto et le panneau, ou la moto et le début du poteau qui tient le panneau? Cinq mètre à partir du tiers gauche de la route, ou du bord du trottoir? (J’’aurais quand même dû me méfier, on ne stationne pas une moto à un arrêt stop, on l’arrête. Oui, je sais, on peut faire un stationnement près d’un arrêt stop, mais là, le verbe était stationner à …. Tsé, quand tu veux faire échouer quelqu’un??)

La borne fontaine, elle est sur un parterre? Proche de la rue? Bof, peu importe, la réponse était cinq mètres du débarcadère. Avoir su que j’allais faire débarquer quelqu’un, je l’aurais stationné là, mais il me semble qu’ils auraient pu le mentionner dans la question. Une troisième erreur.

Pas grave, j’ai quand même répondu correctement à toutes les autres, ayant presqu’appris le livre par cœur. Je me suis dépêchée à tout oublier en sortant, parce que selon mon prof, si je conduis comme dans le livre, je me tue. Si je deviens suicidaire, je n’aurai qu’à réétudier. Le temps que je fasse ça, je serai peut-être de meilleure humeur.

Toute guillerette, je m’en vais donc voir la dame au guichet. J’ai un autre aveu à vous faire. Bien que je sois obèse (non pas enrobée, obèse, en dehors des chartes, même le site internet special K ne veut pas enregistrer mes progrès, il dit qu’il faut que j’aille consulter mon médecin) donc, bien que j’en sois une, j’ai horreur des obèses. La dame qui m’a servi au guichet de la SAAQ était obèse et avait les cheveux teints en blond, mais blond, pas beau. En plus, elle ne souriait pas. Je pense qu’elle avait les hémorroïdes ou les dents jaunes, mais elle parlait les lèvres presque fermées et le regard hautain. ( je me demande si elle avait vu que je n’avais pas stationné ma moto au débarcadère dans l’examen et qu’elle me jugeait pour ça..) (à moins qu’elle n’aime pas les obèses non plus).

En tout cas, c’est à cause d’elle que ma carte guichet ne voulait pas fonctionner. Le fait que je n’ai pas vérifié le solde avant de m’aventurer à dépenser n’est qu’un événement accessoire. Je suis certaine qu’elle lançait des ondes négatives qui ont gelé tout le crédit que je pouvais avoir. Pas grave, j’ai fait un chèque. Le temps que je m’éloigne de ces mauvaises vibrations, je suis certaine que mon compte bancaire va avoir les fonds suffisants.

Étape suivante, je téléphone donc à l’école de conduite pour m’inscrire au cours pratique, youpi, c’est samedi! Samedi, c’est après demain! Youpi! Heu… c’est parce que pour le cours pratique, ça prend un casque, pis un coat pis des gants pis des bottes pis en plus, ça prend qu’il faut s’asseoir sur la moto et la faire partir et, accessoirement, ne pas se tuer.

Ciel! Qu’ai-je fait ?

Trop tard, me dis-je, buvons la coupe, et procédons à la première chose : Téléphonons au magasin. Pourquoi téléphoner au magasin? Parce que je suis obèse, ne l’oublions pas. Donc, est-ce que pour une dame enrobée, ils vendent des manteaux qui pourraient être assez enrobants? Oui, qu’elle me dit.

Parfait. Je me présente donc, et elle me reconnait tout de suite : ah! C’est vous qui avez téléphoné!

Soyons humble. Je réponds : J’imagine que vous n’avez pas eu d’autre grosse madame aujourd’hui.

Diplomate, la vendeuse, : Non, je vous ai reconnue au timbre de votre voix. Me semble.

Elle s’en va donc chercher un manteau haut perché sur une pôle à manteaux avec l’étiquette qui comprend plusieurs X. Je l’enfile, mais hélas, il ne ferme pas. Il couvre à peine les côtés de ma poitrine.

Oh. Défi. Bref, Dieu merci, après trois manteaux qui refusaient de me couvrir, on trouve un manteau qui arrive à fermer complètement sur le devant en relâchant les bandes velcro sur le côté. J’ai pu aussi relâcher mon souffle. Et ma carte de crédit a relâché aussi le peu de lousse que j’avais.

Là, on passe au casque. Un full face, c’est une coque très rigide. Aucune d’elle n’arrivait à passer le dessus de ma calotte. J’avais l’air de Caliméro.

On change. Le spécialiste me regarde essayer un casque avec comme étiquette de grandeur beaucoup de X, et il dit : "ben non, c’est trop grand pour vous". Il sort son gallon à mesurer, l’enroule autour de ma tête, mesure. Heu… ça se peut. Humilité, quand tu nous tiens, tu nous en mets par-dessus la tête… M’enfin.

J’essaie donc d’attacher le casque devant le miroir. Pas capable, il faut même un cours pour attacher son casque!!! La dame dit : investissez donc un tit $15.00 pour une attache quick release. Le spécialiste approuve. Me l’installe. Je n’arrive toujours pas à la détacher en moins de trois minutes, mais mon chrono s’améliore. Il y a de l’espoir !

Bref, ainsi vêtue et ficelée, je me rends à mon premier cours.

Bonne nouvelle! Marianne, une collègue de travail est là aussi! Marianne est le type même de la fille de moto. Blonde, souriante, mince. Même le casque lui va bien, c’est tout dire. Pas grave, elle a aussi peur que moi. Je lui avoue que j’ai pensé à prendre des Ativan, elle, a pensé à prendre de la Valériane. On a toutes les deux renoncé à la médoc, il parait que conduire droguée ralentit les réflexes, déjà qu’on avait comme seul réflexe actif celui de vouloir s’évanouir, on a bien fait de rester sobres.

Les moniteurs nous expliquent tout de l’art de démarrer. Chacune son tour, le moniteur vient nous chercher pour faire nos débuts. Le beau grand jeune homme me demande : ai-je déjà fait de la moto? Non. De cyclo moteur? Non. Quelle est ma motivation à prendre un cours de moto? Ben, ma fille voulait faire une activité mère-fille. Entre jongler ou cracher du feu, j’ai opté pour le cours de moto.

Il a dit : Je vois.

Et rien d’autre.

La première étape, le gars pousse la moto et nous, on manipule les manettes. Pour de vrai, le moteur ne tourne pas, mais on aide un peu le prof, la moto est au neutre. Je regarde le pauvre petit pit qui va devoir pousser ma moto. J’ai cru l’entendre soupirer de soulagement quand j’ai réussi tout de suite à bien manipuler l’embrayage et le frein, il s’est dit qu’il devrait conserver l’usage de son dos encore quelques années.

Bref, non seulement j'ai réussi les exercices, mais j’ai adoré ça. On remet ça demain.

Demain, on apprend à changer les vitesses. Aujourd’hui, ils ne nous ont pas permis de rouler plus vite que la première vitesse. Mon objectif personnel ?  Défaire la courroie quick release de mon casque en trente secondes chrono.

dimanche 27 avril 2014

Saoul-FifreChacha

Tout le monde l'appelle Chacha. Il déteste son vrai prénom, Alexandre, trop péteux plus haut que son cul, empereur de quoi, bon dieu, de mes fesses ? Alexandre le gland, oui... non, ce coup là, il est pas près de le pardonner à sa brave femme de mère. C'est vrai qu'on demande rarement au bébé de se choisir un prénom, c'est dégueulasse, ça le concerne au premier chef, non, on ne consulte jamais les principaux intéressés, non mais quel monde de merde ?

Alors, de temps en temps, il part en vadrouille, il se prépare à la fête, il s'immerge dans des festivals de théâtre de rue en électron libre, il débarque dans des teufs organisées sous les étoiles, il s'arrache surtout du carcan de notre monde doux aux dominants et dur aux différents, il désenfile sa camisole quotidienne pour se glisser avec bonheur dans sa plus jolie robe rouge, brosser longuement sa perruque blonde, se couvrir de décorations, se maquiller avec soin tout en fredonnant "Ce soir je serai la plus belle pour aller danser, hé hé hé ...".

Oui il est né garçon mais ce soir il est sapin de Noël, feu d'artifices, défilé de mode à lui tout seul, boule à facettes, palette de peintre impressionniste, vitrine de la place Vendôme... Oui, il fait un peu pute, il le reconnait, mais pas plus que la plupart des filles "de sortie", mêmes accessoires, nœuds, pompons, résilles, talons-stylos, châles, paillettes, chouchous-cerises, il faut savoir lancer des messages clairs si l'on veut pêcho dès le premier soir.

La nuit tombe, Charlotte est enfin elle-même, excitée comme une puce, le rouge aux joues et elle est fin chaude pour s'éclater à donf. Tout à l'heure, elle va rencontrer son prince charmant à l'arrière d'une camionnette, elle en est sûre, elle le sait, il aura les couilles comme des citrouilles et lui murmurera des mots bleus pastels. C'est son souhait le plus cher depuis toujours, les muscles lui font mal tellement ils sont tendus vers ce but, combien de fois a t-elle composé le numéro de sa marraine la fée, pour toujours et encore tomber sur la nana-robot d'un répondeur impersonnel ? Mais où sont les hommes qui préfèrent les hommes ? Ha bien sûr, à la capitale, il suffit de se baisser ramasser une pièce pour se faire tâter le paquet mais en province ? Si tu manques de discrétion, ou si tu fais courageusement ton "comment-goutte", les "braves gens", les "épiciers" ou les "croquants" fustigés par Brassens transformeront ta vie en un tel calvaire que l'évidente solution te semblera d'aller te pendre à la branche de l'un d'eux, au croisement des destins impitoyables.

Chacha est un poète maudit, Chacha est un architecte fou, Lewis Caroll aurait sans problème rajouté quelques pages à la gloire de Chacha, un rôle peaufiné pour lui dans "De l'autre côté du miroir", s'ils avaient été contemporains. Chacha est notre enfant "cadeau-bonux", surprise, non-programmé et je reconnais la patte évidente, lumineuse de ma nièce Delphine dans l'atterrissage de Chacha ici. Nos enfants bios n'auraient pas l'esprit aussi ouvert et respectueux sans Chacha et son décapsuleur à mentalités. Chacha a le vin tendre et sentimental, Chacha est compatissant aux animaux, Chacha est amoureux des poussins et des canetons, il est le joyeux chevalier de son château de sable éphémère , il se réfugie dans d'héroïques fantaisies, il rassure et calme son cœur au rythme de l'eau qui douche les dytiques, les libellules et les poissons rouges, il joue à Copain des bois avec ma fille, il installe des roues à aubes en bois de cagette sur les rigoles d'arrosage du potager...

Surtout il a pris en charge ce que nous ne savons pas faire : il trie, il range, il jette, il répare, il nettoie, il brûle.

Son rôle ici est on ne peut plus clair : il nous décore la vie. Encore merci d'être ce que tu es.

mardi 15 avril 2014

Mam'zelle KesskadiePremier cours de moto


Premier cours de moto

par Miss Kesskadie


Pour conduire une moto, il faut d’abord prendre un cours théorique. 9 heures dans une salle de classe, 20 gars, 5 filles, un prof, macho. Il faut bien, sinon, il ne serait pas crédible. Imaginez une dame de 50 ans, tailleur Chanel, collier de perles, souliers escarpins. Les gars n’écouteraient même pas son avis sur l’arrêt stop.

Ceci étant dit, je me suis inscrite parce que fifille chérie voulait faire une activité mère-fille. Oui, je le concède, nous aurions pu nous inscrire à un cours de tricot, de l’aquarelle, mais fifille chérie a des idées, style : elle jongle, s’est initiée au crachat (déjà c’est pas féminin) du feu (c’est encore plus cool, han ?). Le cours de moto ou jongler avec des torches, savez-vous, j’aime encore mieux les cours de moto.

Ça fait qu’on se retrouve en classe, avec un livre qui explique la conduite de la dite chose. Mise en garde du prof : « Apprenez ce qui est dans le livre pour l’examen, mais ne conduisez pas comme c’est écrit, vous aller vous tuer. »

Femme de 54 ans ici, présente, a des problèmes de mémoire. Me semble, oui, que lorsque mon pneu arrière va éclater (parce que c’est toujours à moi que ça arrive) que je vais me dire : coup donc, freiner avec un ou deux freins ? Laquelle des directives déjà était celle du prof ou celle du livre ?

J’anticipe donc la pratique avec un rien d’appréhension. Heureusement, les cours supplémentaires sont gratuits. Au pire, je graduerai en 2025, à temps pour ma retraite.

Discussion fort importante : que pense le professeur des motos à trois roues, genre deux roues à l’arrière un roue à l’avant, ou l’inverse. Ah! Mais c’est que le prof, petite barbe proprette, yeux bleus, jeans juste assez ajustés, musicien dans un band (vous voyez le genre) est un adepte inconditionnel de deux roues seulement. (J’imagine que les trios sont réservés à d’autres fins).

Bref, il nous décrit une sortie, assis sur une moto. Ben oui, il y a une moto dans la classe pour nous démontrer les différentes parties et leurs dénominations respectives.. «  Au printemps, quand tu prends la courbe, que tu te couches avec la moto dans un virage prononcé, pis que là, tu lui redonnes du gaz… pis tu l’entends râler de plaisir… ah ! c’est pas comparable. »

Pas un mot , pas une question, silence de testostérone dans la classe.

Silence d’œstrogène pour certaines.

Fifille chérie et moi, ce matin, nous nous motivons l’une et l’autre à nous rendre aux aurores pour la suite du cours en nous rappelant les hauts-faits de la veille. Quand elle me dit qu’elle trouve ça dur d’être dans une classe plein de mâles, je renchéris, pis le prof qui nous parle de faire râler la moto.

Fous rires.

Donc, évidement, dans le cours, à tout bout de champs, une rappelait à l’autre : « c’est tu le moment de râler là ? »

Quand le prof, alerté par nos fous-rires très discrets, veut savoir de quoi il retourne, je lui dis :

« Comment appelle-t-on un steak derrière un arbre? » Il hausse les épaules.

« Un steak haché. »

Je ne comprends pas pourquoi, il s’en est retourné dré là, et fifille et moi avons presque fait pipi dans nos culottes tellement on riait.

Pour ma part, j’aime mieux faire pipi de rire que de peur, j’en profite tant que je suis assise sur une chaise et non pas sur la moto, dite « La Râleuse ».

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