Blogborygmes

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dimanche 18 septembre 2016

Oncle DanBonjour l'ambiance (7)

Voilà un an que je vous décris la vie d'un pensionnaire dans un collège de jésuites au milieu du XX° siècle. Vous avez tremblé, vous vous êtes révoltés, vous avez hurlé en vous arrachant les cheveux, doutant parfois de la sincérité de mes propos, tant mes descriptions étaient d'une violence inouïe. Certains – je devrais dire certaines – ont nourri des inquiétudes sur ma santé mentale, s'interrogeant à juste titre sur les dégâts provoqués par un tel régime pénitentiaire et les perversités qu'elles peuvent engendrer. Mais vous me connaissez, vous savez que je n'ai jamais été le complice d'une exagération malsaine et que, bien au contraire, j'ai toujours cherché à préserver la sensibilité d'un lectorat qui n'a connu que le confort douillet d'un foyer accueillant.

Ces préliminaires inutiles mais d'usage étant faits, permettez-moi à présent de vous livrer deux échantillons de professeurs qui sévissaient en ces lieux, mes deux premiers professeurs de latin, Brutus et Anet.

On m'avait prévenu qu'ils étaient méchants, mais déjà à l'époque je pratiquais sans le savoir la présomption d'innocence, jusqu'au jour où cela devint impossible.

Nous avions surnommé le premier Brutus (85-42 av. J.C. - Homme politique romain. Neveu de Caton d'Utique. Il prit part avec Cassius à la conspiration contre César. Vaincu par Octavien et Antoine, il se suicida) car il faisait penser à une brute.

Durant les interrogations, il faisait les cent pas dans l'étroite allée qui séparait les deux rangées d'écritoires qui nous servaient de bureaux. Il marchait comme un gorille dont il avait la morphologie et la couleur, portant invariablement une blouse anthracite que nous constellions de tâches d'encre dès qu'il avait le dos tourné, en nous servant de nos stylos comme de fléchettes. Il ponctuait chacune de ses phrases de grognements borborygmiques incompréhensibles qui accentuaient son expression naturelle de bougon perpétuellement mécontent.

Son "relief" cutané n'y était pas étranger. Le Michel Ange déclaré volontaire pour le sculpter n'avait pas lésiné sur le Chianti. Pour sûr que les rides de son visage caoutchouteux auraient été capables d'évacuer le déluge sans risque d'aquaplaning. Nous nous étions cependant habitués à cette tête simiesque, dont l'essentiel de la capillarité broussailleuse surplombait de profondes arcades sourcilières ou émergeait de ses oreilles. Un double lifting s'imposait mais notre primate n'en avait cure, ne sachant, depuis trente ans qu'il exerçait dans cet établissement, qu'ânonner inlassablement "rosa, la rose", pour planter cette fleur latine dans nos cervelles réfractaires.

Quant au second, Anet, il compensait les centimètres qui lui manquaient par la terreur. Il avait également remplacé les quelques kilogrammes qui lui faisaient défaut par un poids identique de machiavélisme. Le cou décharné de ce héron étique, qui surgissait d’un col de chemise amidonné toujours trop large, lui donnait des allures de Tryphon Tournesol. Nous le trouvions cependant beaucoup moins drôle et il nous faisait vivre dans la crainte permanente de la « petite récitance ».

La « petite récitance ».était une courte interrogation écrite, impromptue, aléatoire, improvisée et imprévue. Elle ne se faisait pas à main-levée mais au pied-levé.

Aussi, notre estomac se nouait lorsque la frêle silhouette se dessinait sur le chambranle de la porte, glissait le long du mur en montant les marches de l’estrade et disparaissait derrière le bureau dans un grincement d’os. Commençait alors une courte éternité d’anxiété.

Toute la classe attendait dans un silence polaire le verdict du jour.

-- « Ouvrez votre livre à la page 42 » et c’était un soulagement général, quelque soit, d’ailleurs, le numéro de la page. L’air redevenait respirable. Dans notre cour de récréation, les oiseaux se remettaient à chanter.

-- « Une petite récitance » énoncé sur un air méphistophélique, en détachant chaque syllabe, nous figeait le sang. Anet lâchait ces trois mots en balayant la classe de ses yeux vitreux qui, par la grâce de fentes palpébrales effilées comme des meurtrières, ne laissaient passer en guise de regard qu’une aveuglante intention de massacre.

En tirant d’un classeur à anneaux une feuille à gros carreaux qui nous servirait de copie, nous avions le baromètre de l’humeur en chute libre. Les « petites récitances ».étaient un condensé de pièges funèbres et de sinistres difficultés de la langue latine, plus morte que jamais. Anet avait fait de chacune de ces interrogations un instrument de torture, une dictée façon « Prosper Mérimée » qui nivelait la classe par le bas, rassurant le cancre et désespérant le bon élève.

La traduction de « La guerre des Gaules », œuvre de notre ennemi César, n’était pas davantage un exercice de tout repos. Il ne mettait toutefois au supplice que trois ou quatre élèves par séance, et nous gardions toujours l’espoir, naturellement, de ne pas en faire partie.

Anet était malingre et maladif. Pâle, le visage crispé, il quittait parfois la classe, plié en deux, un poing serré sur le ventre. Nous recevions ces interruptions de cours comme des oasis de tranquillité. Rien d’étonnant, après tout, à ce qu’un professeur de langue morte ait mauvaise haleine.

Cela est parfaitement monstrueux, mais aucun de nous ne souhaitait une amélioration de l’état de santé du professeur de latin.

samedi 16 juillet 2016

AndiamoNice Baie des Anges...

Jamais Nice n'aura autant méritée son nom : LA BAIE DES ANGES

ARME DE DESTRUCTION MASSIVE...

(Dessin Andiamo pour Blogbo)

vendredi 8 juillet 2016

FrançoiseMonologue désespéré de l'acheteur responsable.

Fruits et légumes, où sont les bios? Pommes bios, indispensables car 24 traitements sur les pommes classiques, ça fait beaucoup, même en les lavant, ça laisse des résidus. Mais zut! Elles viennent d'Argentine, ces pommes bios, c'est pas possible, ça, une empreinte carbone d'enfer, tant pis, j'achète des bananes bios de Martinique ou Guadeloupe, au moins ça aide ces îles sinistrées. Après les pommes, c'est la vigne qui reçoit le plus d’intrants, comme on dit pudiquement. Heureusement que "Le vert et le vin" ( http://www.levertetlevinbio.com/) nous fournit en vins exclusivement bios, car je subodore que peu de viticulteurs lavent soigneusement les grappes avant de les presser, et que le plus savoureux des Pomerol contient sa dose bien tassée de pesticides...

Envie d'avocats: en salade avec des concombres et des tomates, c'est top, mais pas d'avocats d'Israël, because la colonisation, ni du Pérou, viennent de trop loin. Avocats d'Espagne, donc, avec le dérèglement climatique l'Espagne se spécialise en légumes des tropiques... Les tomates cerises sont délicieuses cette année, mais putain de chères, optons pour des cœurs de boeuf, goûteuses aussi, sauf qu'elles sont aujourd'hui neuf fois sur dix de fausses coeur-de-boeuf, je l'ai lu dans un magazine. Celles qu'on a plantées dans le jardin mûriront en juillet... pendant nos vacances. Penser à dire aux voisins de les arroser, puis de les manger :(

A propos de potager, acheter de la bière pour éliminer les limaces qui ont dévasté le carré de roquette! Mourir alcoolisées, ça reste plus humain qu'un veau à l'abattoir...

Poisson: pas de thon, en voie d'extinction avec la mode des sushis. Pas de saumon d'élevage, sont nourris n'importe comment. Pas de sabre, poisson des profondeurs trop prédaté, ni de tilapia, parfois OGM et nourri avec des aliments qui font 4000 km avant d'être déversés dans les élevages. Va pour des sardines et des maquereaux, c'est bon et on ne risque que la brouille avec les voisins à cause de l'odeur de la sardine au barbecue. Réflexion faite, pas de barbeuque, c'est cancérigène, je les ferais au four avec des légumes et du jus de citron.

Acheter de la farine pour faire du pain, mais vérifier "qu'ils" n'y ont pas ajouté du gluten. C'est pas nocif, le gluten, mais l'excès de gluten, si, et maintenant y en a partout, ça augmente le volume pour pas cher. Lire la composition sur tous les emballages, en constatant qu'il ne faut pas être presbyte pour déchiffrer la liste complète des ingrédients qui laisse parfois perplexe: pourquoi de la farine de riz dans des chips en sachets, ou du sucre dans la moutarde? Lire sur un sachet de chips "composition: pommes de terre sélectionnées, huile de tournesol, sel" procure un état proche de la béatitude. Tant de simplicité a quelque chose de beau, de simple, quasiment de sacré! Vérifier aussi les additifs, pas seulement les E... quelque chose, mais les trucs anodins, même le lactose, depuis que les copains sont tous intolérants au gluten, au lactose, aux noix de pécan, aux fruits de mer... les nourrir devient un casse-tête.

Se réapprovisionner en chocolat et constater, dépitée, que si le Côte d'or noir ou au lait reste acceptable, les versions plus complexes, avec noisettes, grains de sel ou éclats de caramel contiennent de l'huile de palme, pas terrible pour la santé et pour l'environnement (ça ruine aussi les planteurs de cacao). Chercher les tablettes avec juste du cacao, du beurre de cacao et du sucre demande un temps de lecture non négligeable. Certains ont troqué l'huile de palme pour l'huile de tournesol: c'est mieux, mais pourquoi de l'huile plutôt que du beurre de cacao? Bientôt on ne trouvera de beurre de cacao que dans les suppositoires, mais qui en utilise encore?

A propos de suppositoires, rayon PQ: comment acheter responsable quand on sait que le PQ classique détruit les forêts, mais que le PQ recyclé est blanchi avec des produits chimiques responsables de démangeaisons anales, voire de fissures du même nom, quelle horreur! Depuis qu'on a installé un "kit propreté", à savoir un robinet relié à la chasse d'eau, ma vie a changé, mais certains détestent se doucher les fesses à l'eau froide...

Détergents: vinaigre blanc et bicarbonate de soude nettoient à peu près tout, mais c'est compter sans la revendication des femmes de ménage qui exigent la crème à récurer X, le rénovateur parquet Y ou le produit à vaisselle Z. Je soupçonne les annonceurs de leur offrir des bons de réduction si elles arrivent à persuader leurs employeurs/ses d'acheter telle ou telle marque.

La caisse, enfin! Dernier dilemme: caisse autonome, je scanne mes produits et je paie par carte, c'est rapide et évite de faire la queue, mais ce faisant je menace l'emploi des caissiers et caissières. Mais en passant à la caisse, je perpétue cet esclavage des temps modernes: "Bonjour, sourire, "avez-vous la carte du magasin?", merci, au revoir".

Dimanche, j'irai au marché, le vendeur m'appellera "ma gazelle", me fera goûter des cerises et m'offrira un bouquet de persil. Enfin de l'humanité! Sauf qu'il ne vend rien de "bio", il dit que "c'est des conneries pour les parisiens".

mardi 28 juin 2016

Oncle DanBonjour l'ambiance (6)

On se plaint qu'il n'y a plus de discipline, et de la capitulation générale des parents, des enseignants, etc. Il me reste à vous décrire quelque chose de totalement surréaliste aujourd'hui : la discipline chez les Jésuites.

Au collège, c'était avec beaucoup de mal que nous composions à grands renforts de compositions notre bagage intellectuel, et que nous le chargions sur une diligence qu'il nous fallait mener jusqu'au pays de la liberté.

Il n'est pas question ici de western. je veux parler des contrôles périodiques de nos fraîches connaissances dont les résultats étaient consignés dans un bulletin de notes mensuel appelé "Diligence" en langage jésuite. Ces contrôles étaient donc sanctionnés par des "notes de diligence", lourdes de conséquences pour nos perspectives d'évasion qui se limitaient, ainsi que je l'ai dit dans les épisodes précédents, à une seule sortie par mois, dans sa famille ou chez un correspondant en ville. Mais attention, votre assiduité à la tâche, cultivée à l'engrais de votre exceptionnelle intelligence pouvait être anéantie par une seule note de discipline, symbolisée par une lettre.

Prenez de suite une aspirine, car nous allons rentrer dans l'infernale spirale des notes de discipline. Une mauvaise conduite pouvait provoquer l'attribution d'un "ae" ("ae" souligné), d'un "e" ou d'un "e". Insuffisant, MAL !, TRES MAL !! Mais soyons précis et reportons nous ensemble page 15 de notre inséparable petit éphéméride.

"ae" : Note d'avertissement. Suppose beaucoup trop de négligences, sans fait absolument grave en soi. Résultat d'un manque permanent d'efforts après les remarques répétées du surveillant ou du professeur. Trois ae consécutifs se traduiront par un "e" la semaine suivante si aucune amélioration ne se manifeste chez l'élève. Le "ae" peut aussi sanctionner une négligence grave accidentelle.

"e" : Sanctionne une mauvaise volonté notoire, une paresse habituelle ou un fait grave (désobéissance, insolence, manquement important au règlement)...

"e" : Cette mauvaise note est donnée en cas de mépris des avertissements, de mauvais esprit, de manquements graves récidivés...etc. Trois e entraînent un "ei".

Tournons la page... ae : C'est la première des mauvaises notes. Elle entraîne pour l'élève interne:

- la suppression de la sortie du jeudi,
- la présence aux études du matin et du soir du dimanche.
e : Entraîne pour les internes la suppression de sortie du jeudi et du dimanche.
ei : Ajoute aux sanctions précédentes une retenue de deux heures le dimanche matin.

Une heure de colle, deux heures de colle, quatre heures de colle ! Adieu veaux, vaches, grands jeux, cinémas, sorties, liberté. Bonjour tristesse. Cent lignes, deux cents lignes, cinq cents lignes pour ces grands pêcheurs. Avertissements pour ces déments. Blâmes pour ces infâmes.

Ces maudits qui n'avaient rien compris aux règles sacrées de ce grand monopoly jésuite, et croulaient sous des sanctions en cascade et cumulatives, n'avaient pour se consoler que la maigre satisfaction d'avoir échappé au "ei". Le "ei", c'était le conseil de discipline. Dans tous les cas, des semaines de colle et des mois sans sortie, parfois le renvoi temporaire ou définitif.

"ei" : Très mauvaise note donnée pour un motif grave : insubordination répétée, déloyauté, copiage, vol, immoralité... Deux ou trois "ei" peuvent entraîner le renvoi. Il ajoute aux sanctions précédentes une seconde retenue de deux heures le dimanche après-midi. Il prive en plus d'un jour de vacances.

... et au paragraphe "Conseil de discipline" :

Les sanctions importantes relèvent de la décision du Conseil de discipline.

- Le "Petit Conseil" réunit le Préfet et les surveillants de l'élève.
- Le "Grand Conseil" réunit le Père Supérieur, le Préfet, les Professeurs et les surveillants de l'élève.

C'est au Grand Conseil de Discipline que revient la décision du renvoi définitif d'un élève.

A l'opposé, planait au dessus des nuages le "Grand A". Une espèce de disque d'or pour l'excellent élève qui s'est distingué 500.000 fois par l'exemplarité de son comportement studieux et zélé, persévérance de chaque instant que le règlement traduisait laconiquement par :

A :Note donnée exceptionnellement et soulignant une très bonne volonté.

Le nécessairement odieux fayot honoré de cet inaccessible hommage se voyait remettre un "Témoignage Très Bien", sorte de bon point au format 9 cm x 12 cm, qu'il aurait la possibilité de "monnayer" en cas de défaillance ou de coup dur.

Le "A" rachète d'un degré toute autre mauvaise note de la semaine (ou de la quinzaine) en cours (sauf un e ou un ei qui exige pour être réparé un ensemble de bonnes notes). Peut racheter une colle pendant le mois qui suit.

D'autres cartes "Chance" récompensaient également les places de premier (témoignage très bien) et de second (témoignage bien) aux compositions.

De la même façon, des "Témoignages Bien" étaient remis aux bûcheurs appliqués qui recevaient la note de discipline "petit a", mais nous étions déjà loin de la perfection.

a : Note donnée à l'élève à qui on ne peut reprocher que quelques légères négligences. Quand un élève la mérite habituellement, c'est un élève appliqué. Ce "a" peut aussi récompenser l'effort constant d'un garçon, malgré ses négligences encore trop nombreuses.

Point d'honneur, en revanche, pour la majorité, la fade populace. Pour elle, des notes tièdes et sans conséquence qui ne traduisent aucun mérite particulier : celles des apprentis jésuites que nous étions, avec une variante toutefois, selon que nous avions plutôt bien ou plutôt moins bien enfariné nos boulangers ou dupé nos censeurs qui ne trouvaient rien à signaler mais se doutaient bien qu'ils étaient abusés quelque part. Dans le premier cas, il s'agissait du "a" (a souligné) qui signifiait "assez bien" et dans le second cas, du "ae" qui correspondait à l'appréciation "passable" et donnait lieu à un avertissement de principe.

"a" : Note correspondant à une certaine suite de négligences. Toute note soulignée est donnée à titre d'avertissement. Un garçon qui aura eu trois a consécutifs méritera un "ae" la semaine suivante, si le même manque d'effort se manifeste.

"ae": Indique un certain laisser-aller dans la conduite ou le travail. Aucun fait grave, mais négligence trop coutumière par insuffisance d'efforts.

Très économe de ma bonne volonté que je réservais à de plus grands desseins, je faisais partie des collectionneurs de "ae" qui se mettaient ainsi à l'abri des sanctions les plus graves mais limitaient toutefois leurs possibilités d'évasions, ne disposant pas de ces indispensables visas que constituaient les témoignages "Bien" et "Très Bien". Car pour mériter ces jokers, il ne fallait pas avoir dépassé quatre "a" et n'avoir eu aucun "ae". Aussi, les parents qui désiraient faire sortir leurs enfants devaient-ils s'assurer auprès du Père Préfet (et au préalable) que ceux-ci avaient bien les notes suffisantes ou une sortie "en réserve". Une carte Chance restant valable durant toute l'année scolaire, il était en effet possible de l'exhiber à tout moment si le besoin s'en faisait sentir. A défaut d'avoir encore des atouts dans son jeu, il ne restait plus qu'à regarder jouer les autres depuis sa case "prison" sans passer, naturellement, par la case "départ"! Pas de "sortie de témoignage" ! Ni même de "demie-sortie", cette invention 100 % jésuite induite par la complexité d'un règlement dont certaines subtilités nous échappaient parfois. Attendez vous à savoir, comme eut dit Geneviève, que donnait droit à une sortie de témoignage :

1 - Un témoignage Très Bien ou deux témoignages Bien,
2 - Une place de premier ou de second à la composition d'Instruction religieuse,
3 - Une place de premier ou de second à l'examen trimestriel.

Sans cela point de sortie de témoignage. Toutefois, si vous étiez le meilleur de tous et aviez obtenu de ce fait la place de premier en excellence ou en diligence, il vous était consenti une demie-sortie de témoignage. Celle-ci vous était également accordée en échange d'un témoignage Bien. Tout cela ne s'invente pas et je sens que la migraine vous gagne. Je vais donc conclure. Si vous aviez écopé d'un "e" récemment, vous restiez à la case "prison" avec vos témoignages ou vos places de premier dans la poche…

Je sais, je vous agace. Vous n'en pouvez plus et vous demandez toujours en quoi peut bien consister une demie-sortie. Vous vous demandez si vous n'êtes autorisé à sortir qu'avec un seul de vos parents ou bien que vous ne pouvez mettre qu'un pied dehors… Non, bien sûr… Une demie-sortie est bien la moitié d'une sortie. Une sortie de témoignage se prend du samedi soir 19 h 15 au dimanche soir 20 h 15, alors que la demie-sortie de témoignage se prend du dimanche matin, après la messe, au dimanche soir, même heure.

L'avantage de la sortie complète saute aux yeux puisqu'elle permet de sucrer la messe du dimanche matin et d'amorcer ainsi un début de désintoxication.

Sous mon apparence de "ae" je cachais une âme de "ei".

jeudi 23 juin 2016

BlutchLe Cul des Roches

C'était bien avant l'arrivée de la sorcière Electricité....

L'homme ayant toujours été un faignant par nature depuis qu'il a découvert qu'il ne fallait pas traîner sa femme par les cheveux sur le sol, mais la laisser sur ses pattes pour qu'elle puisse porter sa part de fardeau, depuis donc ce temps béni qui marque pour la femme son droit à l'indépendance laborieuse, l'homme a toujours cherché à en faire le moins possible.

De cette idée générale, il a développé la traction animale et l'utilisation des forces de la nature; le vent et l'eau.

Deux cas de figure qui font l'essentiel des possibilités: Si c'est plat, il y a du vent. Si c'est pentu, il y a des rivières en eaux vives.

Et puis, il y a la plaine du Locle. C'est plat comme la main, mais entouré de montagnes, donc pas un pet de vent. Un seul cours d'eau, exploitable au bas du Crêt du Locle. Après, il se repend en zone semi marécageuse, donc pas question d'y mettre une roue. Le lieu est déjà squatté par la Scierie des Enfers, et le meunier du coin est salement dans la mouise pour mécaniser son boulot. Au bout de cette plaine fermée, il y a "le Cul des Roches" une barrière naturelle infranchissable avant les pentes escarpées s'affalant sur un coin de la France comme un beauf dans son canapé, avec une saucisse (de Morteau) dans une main et un verre d'absinthe dans l'autre (ben oui, il faut être local...).

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samedi 18 juin 2016

FrançoiseParis l'été.

La ville somnole derrière des stores baissés tandis que sous les portes cochères s’étalent des lambeaux de fraîcheur. Je marche lentement, disponible. Chaque angle de rue est une image endormie. Ici, le petit restaurant italien où… avec qui… peu importe. Avec Toi.

L’enseigne d’entreprise, la rue Française, six étages à gravir après une nuit blanche, j’avais une jupe longue de velours noir et une blouse de dentelle, tenue du soir incongrue parmi les grues immobiles. Le trou des Halles tenait lieu de grand Canyon, Marco Ferreri y tournait un western. Et sous ma jupe, sur la peau de mes cuisses, ta main impérieuse remontait. Je riais en m’agrippant à la rampe : « Arrête, tu vas me faire tomber », mais j’étais tombée depuis longtemps. Dans tes bras, dans la spirale du désir...

Rue Montorgueil, errance de mes premiers pas parisiens, peurs, découvertes, émerveillement. Un frisson court le long de ma nuque tandis que je croise un balcon de fer forgé. Il a dû se passer quelque chose, là. Les lieux gardent en mémoire de lascives secondes que je prends en pleine poire. Jamais rien ne s’oublie.

Paris torpeur. Ici j’errais triste, il y a longtemps, devant un manège qui me rappelait ta façon de me faire tourner dans tes bras jusqu’à ce que j’en perde l’équilibre et le souffle. A vingt ans, on croit que la vie s’arrête quand cesse de tourner le manège, plus tard on sait qu’il repart. Le propriétaire du manège agite au-dessus des enfants une peluche, il faut en saisir la queue pour gagner un tour gratuit. Petite, j’étais experte à ce jeu là. Pour le prix d’un ticket, je faisais dix tours. Je criais : « J’suis forte pour attraper la queue ! » Ce talent là ne s’oublie pas…

Paris bistrot. Le skaï vert collait à mes fesses, je te le confiais à l’oreille, tu répondais « Il en a de la chance, le skaï », tandis qu’un maître d’hôtel au délicieux accent nous préparait d’étranges cocktails. Bord de Seine où j’ouvris ta chemise. Tu avais des yeux dorés, des tourments pleins la tête que je me faisais fort d’effacer, ma bouche a le pouvoir d’aspirer les pensées tristes. Ce jour là, nous sommes passés à deux doigts de l’outrage public à la pudeur.

Du bout de ces deux doigts, j’ai effleuré ton gland. Frisson électrique. Ce jour là nous avons frôlé l’électrocution. Palais-Royal si tendre et théâtre d’Orsay. Je me souviens avoir trinqué avec vous sur un vin du Poitou, je me souviens m’être noyée dans vos prunelles si vertes, si myopes, comme un étang glacé un matin d’hiver. Vous aviez la perfection d’un désir idéal, d’une attente éternelle…

Goût d’alcool dans la bouche, sourires, fous rires. D’une boîte à l’autre, d’une musique « caliente, caliente » à l’autre, nous testons toutes les couleurs du rhum, feuille verte du Mojito, soleil couchant du Sosua Mama, traîtrise laiteuse du punch coco, sensualité de la salsa, « Etes-vous content de me voir, ou est-ce votre trousseau de clés ? » C’est l’heure où l’on dit des bêtises, l’heure on l’on rit de tout.

Paris, l’été. Soleil sur les miroirs des tours du Front de Seine, lumière fragmentée. Paris, ville kaléidoscope, je secouerai tes immeubles, j’agiterai tes murs pour créer de nouveaux rêves. Paris, ville puzzle de ma mémoire, je t’éparpillerai dans les os de mon crâne, remue-méninges pour te reconstituer pièce à pièce, recommencer le jeu, te voler au temps et vivre en trois minutes les vibrations de quarante ans.



Je riais en m'agrippant à la rampe : "arrête tu vas me faire tomber" !

(Ch'tiot crobard Andiamo, pour Françoise)

dimanche 29 mai 2016

AndiamoN'oubliez pas les Mamans.

Pour ceux qui ont toujours leur Maman, ne l'oubliez pas !!

Je n'oublie certes pas les jolies Mômans de ce blog, et même celles à venir !

Bises à toutes (vous pouvez me rendre le bisou hein) ?



.Lorsque l'enfant paraît, le cercle de famille
Applaudit à grands cris.
Son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux,
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
Se dérident soudain à voir l'enfant paraître,
Innocent et joyeux.
(Victor Hugo)

(ch'tiot crobard Andiamo)

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