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mardi 25 septembre 2007

Tant-BourrinLe 25 septembre 1987

Le 25 septembre 1987 tomba un vendredi.

Le 25 septembre 1987, Sitiveni Rabuka déclencha un second coup de force aux îles Fidji.

Le 25 septembre 1987 fut publiée la Circulaire n°87-287 relative à l'éducation et à la sécurité routière dans les écoles maternelles et les écoles élémentaires.

Le 25 septembre 1987, Jacques Chirac était au Caire pour inaugurer, avec le Président égyptien Hosni Moubarak, la première ligne de métro de la capitale égyptienne.

Le 25 septembre 1987 fut publié en Belgique un Arrêté royal relatif aux locations, dans la Région bruxelloise, des habitations gérées par la Société nationale du Logement ou par les sociétés agréées par celle-ci.

Le 25 septembre 1987, l'actrice américaine Mary Astor nous quittait après une attaque cardiaque à l'âge de 81 ans.

Le 25 septembre 1987, Michael Jackson était n°1 dans les charts américains avec "I just can't stop loving you".

Le 25 septembre 1987, les cinq otages français au Liban n'avaient toujours pas été libérés.

Le 25 septembre 1987, le décret n°87-780 relatif au recrutement de professeurs certifiés parmi les professeurs techniques adjoints de lycée technique était voté.

Le 25 septembre 1987, les ouvriers du Syndicat du livre étaient en grève.

Le 25 septembre 1987, le journal télévisé d'Antenne2 ressemblait à ça.

Et puis surtout, surtout, le 25 septembre 1987, ma route croisa celle de Tant-Bourrine pour la première fois. Et tout le reste, dans le fond, je m'en fous royalement !... Bon anniversaire, my love ! :~x

C'était il y a vingt ans. C'était hier.


Berthe Sylva - On n'a pas tous les jours vingt ans



Et vous, que faisiez-vous le 25 septembre 1987 ? Avouez !

mercredi 19 septembre 2007

Saoul-FifreLe client est roi

Double plaisir, cette après-midi. J'étais dans ma librairie préférée, celle tenue par l'ours. Je l'appelle ainsi car il n'est pas du tout commercial et peu causant. Moi ça me convient tout à fait : je rentre, je lui fais un vague signe minimaliste de la main, il me grogne ou plutôt me murmure un bonjour inaudible, nous atteignons là le summum possible de nos manifestations en matière de politesse. Il me connaît, nous nous connaissons, nous savons que le livre est important et que tout le reste passe au second plan. Je survole des yeux les publications récentes qu'il est bien obligé de mettre en vue, son chiffre d'affaires est là et il faut bien vivre. Jamais il ne me viendrait à l'idée de mettre un € dans ces œuvres éphémères, ces mille-feuilles de saison. Je me tiens juste au courant, superficiellement...

Non, moi je file au fond du magasin, où il possède un fond de livres d'occasion impressionnant.

L'ours est à son bureau, avec un client, et ça discute ferme. Je comprends qu'il vient de lui faire une recherche sur internet et je sais d'expérience qu'il déteste se servir de cet engin moderne. Enfin, il a trouvé, et comme à son habitude, il demande des arrhes pour finaliser la commande. Le client refuse et là, mon ours pète un cable : il se met à gueuler au manque de confiance, au temps perdu à cause de connards qui vous prennent pour un con, qui vous font faire des recherches pendant des heures pour aller ensuite acheter dans les supermarchés, enfin il est très colère. Le client bégaye un truc, mais il lui coupe la parole : "On annule tout, rien à foutre, fichez-moi le camp !". Il déchire la fiche qu'il avait remplie et lui en jette les morceaux à la figure. Le gars cherche désespérément un truc pour ne pas partir comme un péteux et garder un semblant de dignité. Au lieu de se diriger vers la sortie comme il y a aimablement été invité, il fait un pas vers l'endroit où je suis. L'ours se déchaîne : "Non, mais vous m'avez pas bien compris ? Vous sortez de mon magasin et vous n'y remettez plus les pieds !!" L'autre tente un rappel à la loi. Il en est sûr, il l'a lu dans Que Choisir, un magasin est un lieu public et le refus de vente un délit ! Wo l'erreur ? L'ours, énervé comme si on lui piquait son miel, soulève l'homme à l'audition défaillante et le pousse jusqu'au trottoir en l'agonisant d'injures ursines.

Et revient à son bureau. Je réfléchis à toute allure. Le bonhomme a les boules et ce n'est pas très bon pour les négociations futures, ça, ne laissons pas de malaise s'installer. Je m'approche de lui comme si rien ne s'était passé et lui demande d'un ton neutre : "Et celui-ci, vous en voulez combien ?". Il jette un œil sur mon livre et son visage s'éclaire :

"Ha Raoul Ponchon ! Il est beau, hein ?"

"Oui, j'ai vu, il n'est pas encore coupé, ça se fait rare, dites donc, moi ça me va, j'adore couper les pages, j'aiguise impec mon Laguiole, c'est mon petit plaisir avant la lecture..."

"Vous avez vu qu'il y en a un autre ?"

"Oui, mais "La Muse au cabaret", je l'ai déjà, alors que celui-ci, c'est la première fois que je tombe dessus. Et dans un si bel état, en plus ?"

"Allez, puisque c'est vous, je vous le laisse à 10.

"Alors j'en prends 2, ha ha ! Merci, hein ?"

jeudi 13 septembre 2007

Saoul-FifreLa poire de Calune

J'étais inquiet depuis quelques jours, je fouillais partout sans trouver ce que je cherchais. Bon, rien d'antinomique avec le grand désordonnancement de notre univers, le big-bang nous a fichu un brave bordel et nous n'avons rien rangé depuis. Alors nous cherchons, en permanence. Les objets se déplacent en liberté chez nous, ils n'ont pas de place attitrée, ils se font prendre en stop par les humains qui les déposent au gré de leur pérégrinations dans la maison, pour les effacer de leurs souvenirs aussitôt.

Alors, solitaires nous poursuivons nos inquisitions. Solitaires car il est inutile de chercher à se faire aider. Chacun a assez de souci avec ses propres fouilles pour se hasarder hors de sa bulle, la motivation étant la condition sine qua non de l'hypothétique découverte.

En la présente occurrence, quand je me résignai à demander à Margotte si elle avait une idée, même vague, d'où pouvait bien se trouver la bouteille de Poire que m'avait offerte Calune, elle me fit expressément comprendre que son intérêt pour le liquide en question étant proche de zéro, il allait malheureusement falloir que je me débrouille sans elle. Tout en tentant cependant une fine stratégie tendant à me faire cesser de soulever SES affaires, voire de les déplacer : "Tu l'as sans doute oubliée en Limousin !" me hurla t-elle. Et elle ajouta, en une perfide allusion à ma mémoire de plus en plus défaillante avec le temps : "Ça ne serait pas la première fois."

"Ha je regrette" marmonai-je dans ma barbe, "s'il est vrai qu'il m'arrive de faire mon Petit Poucet en semant derrière moi les machins les plus divers, ce sont toujours des objets de peu, remplaçables et dispensables ! Je ne risquais pas de laisser moisir l'exquise Poire de Calune dans cette maison humide où le bouchon allait s'altérer, l'eau de vie perdre du degré et sa structure se troubler sous l'effet du gel ? ?"

Ben zut alors fichtre non ! Une Poire qui m'a réconcilié avec les Poires ? Oui, car à ma grande honte, je ne connaissais que l'odieuse "poire williams" qu'on trouve dans tout supermarché qui ne nous respecte pas. Oui, ce truc fait avec de l'alcool dénaturé auquel on rajoute un peu de sirop de poire pour camoufler le goût pharmaceutique ? Dingue qu'on laisse ce poison en vente libre, même pris avec modération ? Non, la Poire de Calune, c'est la vraie l'unique : celle que l'on distille amoureusement dans le Loiret, la reine des Poires, quoi. En plus, elle a pas mégotté, elle a choisi le modèle avec la poire à l'intérieur ! Bon, c'est un peu du folklore, la poire à l'intérieur, d'accord, c'est joli, c'est sympa, on a un chouette spectacle pendant la dégustation, mais je lui trouve quand même un ÉNORME défaut, à ce fruit faisant trempette dans la bouteille :

IL PREND DE LA PLACE À L'ALCOOL !!!!

Conscients de la justesse de la remarque, le producteur a prévu la parade en mettant en vente des "recharges". Oui, car elle est bien belle la poire, mais elle noircit dès qu'elle n'est plus recouverte d'alcool, et j'imagine que le goût n'est plus non plus tout à fait le même ? La contenance de la recharge a été judicieusement calculée pour refaire les niveaux dès que la poire émerge. Et sans vouloir me vanter, ma poire émerge, elle émerge même sacrément. Pas de stress : j'ai retourné la bouteille et la forme de la poire s'adaptant parfaitement au goulot, la poire n'émerge plus. Tant-Bourrin le matheux vous expliquera pourquoi bien mieux que moi... (hin hin, vas-y, c'est à toi, sors-nous la formule du volume de l'objet piriforme)

Alors, les effluves poiresques ayant tracé un profond sillon mémoriel dans mes palais, arrière-glotte, langue et muqueuses nasales, je me remis d'arrache-pied à déplacer des piles de coinstots, éventrer des matelas, dégivrer des frigos, glisser la main sous les tableaux... J'en profitai pour vidanger la fosse septique, c'était toujours ça de fait, faire la totale à ma chienne, y avait longtemps qu'on en avait envie, et vider à la pelle la caisse de personnages Warhammers du second fils, qui ne cracherait pas sur une bonne bouteille, tel que je le connais. Des chercheurs qui cherchent, on en trouve, mais des chercheurs qui trouvent, hein, je vous laisse finir, disait De Gaulle, qui n'avait pas tort, en ce qui me concerne, en tout cas...

Et puis, il suffit de n'y plus penser, d'abandonner la lutte, de se rendre disponible, ouvert à autre chose, et puis un jour, le hasard, l'étincelle qui fait déborder le vase : je vois ma valise vautrée un peu comme je l'ai lancée, de retour de vacances. En fait, c'est pas ma valise, et ce simple fait explique beaucoup de choses ! Ma valise, un de mes gosses me l'a piquée, et donc je me suis rabattu sur ce modèle inconnu qui, quand j'ai fait mes bagages de retour et que je cherchais un endroit où la Poire de Calune serait bien coincée, bien protégée, m'a fourni sa doublure. Doublure dont j'ai bien entendu complètement oublié l'existence dès le retour, n'en ayant eu connaissance que pendant les 2 mn nécessaires au rangement de la bouteille. C'est clair ? Car s'il y en a au fond qui n'ont pas suivi, je veux bien répéter pour ceux qui n'ont pas compris, pendant que ceux qui ont déjà compris s'ennuieront, OK ?

Donc je suis dans notre chambre, assis sur le bord du lit, effondré, en manque de Poire, quand mes yeux se posent sur ma valise et qu'un tilt se déclenche. Je la retourne, Hé Hé, elle est lourde, Hé Hé, je sens quelque chose à travers le tissu, Hé Hééééééé, j'ouvre et kikevla ? Ma poire !! Ma fille et sa copine sont dans la pièce à côté, entendent mes "Hé Hé" guillerets et ravis et commencent à ricaner : "Le padre qui parle tout seul, ça sent le sapin...". Et explosent de rire en me voyant sortir, berçant ma bouteille comme un bébé, lui faisant des bisous et gagatisant :

"C'est ma Poire, c'est ma Poire à moi, où t'étais passée, vilaine... ?

jeudi 6 septembre 2007

Saoul-FifreFranck Roussel

Poussez-vous, brave gens, voici le grand concours de la voiture la plus pourrave. Après La Poule , le deuxième compétiteur (mézigue) rentre en lice. Si d'autres veulent concourir, ils sont les bienvenus, mais Freefounette s'avoue vaincue d'avance. Ha c'est sûr, faut un minimum : si votre 4X4 passe au lavomatic toutes les semaines, avec aspirateur et shampoing lustrant à la clé, vous ne partez pas favori !

Tant qu'on parle de La Poule, elle nous a pondu l'autre jour un billet courageux . Elle l'a d'ailleurs placé dans sa rubrique "billets à retenir". Mais ce billet a d'autant plus de chances d'être efficace que nous lui ferons de la publicité. Elle donne dans son billet des détails qui permettent de reconnaître ce gus, Franck Roussel, car il a évidemment beaucoup d'homonymes. Le "bon" >:-( est né en 63, à un an près, il est roux, et, à l'âge de 21 ans, fut moniteur de plongée à l'île Sainte Marguerite, au large de Cannes. Ce qu'aimerait La poule, c'est qu'il lise son billet, qu'il prenne conscience du mal qu'il a fait...

Si vous reconnaissez ce Franck Roussel dans le portrait, votre rôle peut être immense. Faites en sorte qu'il lise le billet de La Poule, parlez-en avec lui... Je ne sais pas faire un trackback, c'est le premier que je fais, je vais recopier le lien pour faire un trackback ici , on va bien voir ce qui va se passer, si le blog explose, ou quoi, oui je suis une tâche en informatique !

Bon, pour le concours, voici mon obole :

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samedi 1 septembre 2007

Tant-BourrinUn été 1971

Alors que tire peu à peu à sa fin un été glacé et pluvieux, quoi de plus naturel que de laisser sa mémoire remonter la pente du passé vers les étés d'antan, vers ces mois d'août qui réchauffent encore la peau tout au fond de nos boîtes crâniennes ? Chacun a son été au coeur, celui qu'on n'oublie pas, celui au cours duquel on a effleuré l'infini de la pulpe des doigts. Son été à jamais.

Le mien fut l'été 1971.

Oui, je sais, je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, comme dirait Charles. Et pourtant, je n'ai qu'à tirer le rideau de mes paupières pour revoir les images, retrouver les senteurs, ressentir les émois en écho.

J'ai huit, neuf ans. Huit au début de l'été, neuf à sa fin, par la grâce d'un anniversaire estival.

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vendredi 17 août 2007

Tant-BourrinHistoire vécue

Samedi 4 aout 2007

- Pfff, enfin de retour chez nous, je suis crevé
- Oui, drôles de vacances ! Ça aura été la première fois de ma vie que j'allume une chaudière début août !
- Bon, bin moi, deux heures de conduite, ça m'a crevé, et j'ai un peu mal au crâne. Je vais m'allonger un peu avant de manger si ça ne te dérange pas.
- C'est vrai que tu as l'air fatigué. Prends peut-être ta température ?
- Mm ? Mouais...

(temps réel trois minutes)

- Hé, mais oui, j'ai de la fièvre : 39°C ! Pas étonnant que je ne me sentais pas bien !
- Tu veux que je fasse venir un docteur ?
- Non, non, laisse, ce n'est rien, un peu de fatigue, c'est tout, ça va passer...


Dimanche 5 août 2007

- Ça va mieux ? T'as pris ta température ce matin ?
- Bof, pareil qu'hier... Et j'ai toujours 39°C...
- Bon, j'appelle un docteur, alors...
- Non, non, ce n'est rien... On va pas faire venir un docteur un dimanche. Et puis, de toute façon, je ne reprends le boulot que mardi, je serai guéri d'ici là...


Lundi 6 août

- Alors, ça s'arrange ?
- 38,4°C ! Tu vois ça baisse ! Même si ce n'est pas encore la grande forme...
- Il faudrait peut-être prendre rendez-vous chez le docteur, non ?
- Non, non, ce n'est rien, ça va passer tout seul, je suis sûr que ça sera fini demain...


Mardi 7 août

- Pfffff, quelle journée ! Je me suis traîné du matin au soir... Dure, la reprise !
- Et t'as pris ta température ?
- 38°C... Ça se tire, ça se tire...
- N'empêche que t'aurais peut-être dû prendre un rendez-vous chez le docteur, non ?
- Meuh non, ce n'est rien du tout...


Mercredi 8 août

- Est-ce que tu pourrais m'acheter des pastilles pour la gorge, ça commence à me piquoter un peu ?
- T'as encore de la fièvre ?
- Presque plus ! Qui c'est qui avait raison ?


Vendredi 10 août

- J'ai vraiment la gorge en feu, là, elle valent rien, tes pastilles...
- Si t'avais pris un rendez-vous chez le docteur, tu serais déjà guéri !
- Mais c'est rien, je te dis, je sens que c'est bientôt fini...


Dimanche 12 août

- On n'avait pas un reste de sirop pour les bronches dans l'armoire à pharmacie ? Parce que là, je le trouve pas...
- T'as les bronches prises maintenant ?
- Meuuuh non, juste un tout petit peu, trois fois...keuf...keuf... rien !
- Si t'avais été voir un docteur, tu n'en serais pas là...
- Rhôôô, mais puisque je te dis que ce n'est rien !


Mardi 14 août

- Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit, tu n'as pas arrêté de tousser...
- Ce n'est rien, c'est un peu plus long que prévu, mais je sens que ça se tire...
- Bon, écoute, ça suffit maintenant, je vais appeler le docteur et...
- Non, non, pas question, je te dis que... kof... kof... je me sens beaucoup mieux ! Demain, il n'y paraîtra plus !


Jeudi 16 août

- Ce n'est pas possible ! Tu t'arraches la gorge tellement tu tousses ! T'es en train de faire une bronchite au troisième degré !
- Meuh non !... kof... kof... ce n'est rien, je te dis... Je suis sur la bonne pente... keuf... keuf... la guérison est proche !


Vendredi 17 août

jeudi 16 août 2007

Saoul-FifreJe me souviens

Je me souviens que la maison que mes parents louaient à Hennaya se trouvait à gauche à la sortie du village, sur la route de Tlemcen. J'avais 2 ans quand nous l'avons quittée, mais quand nous y sommes revenus avec ma sœur de 3 ans mon aînée, 20 ans plus tard, c'est moi qui la lui ai montrée. La maison était si grande dans ma mémoire et si riquiqui devant mes yeux de vingtenaire ! Sans avoir changé. Je me souviens que nous nous baignions dans un bassin à droite de l'entrée. Je l'ai retrouvé, caché sous les herbes.

Je me souviens que la même sœur m'installait sur un tabouret, dans la cuisine de l'appartement de Tlemcen, et qu'elle cherchait à me terroriser en me montrant une prise électrique gros modèle, au mur. "Tu vois les 2 trous du dessus ? Ce sont les yeux du monstre. Tu vois le trait dessous ? C'est la bouche du monstre. Elle va s'ouvrir grande, grande, et le monstre va venir te manger !!" C'est la même qui menaçait ses 2 sœurs aînées de leur crever les yeux avec une aiguille à tricoter. Cris aigus. Angoisse. Ambiance gore. Je me souviens qu'elle trouva rapidement sa voie professionnelle : elle est psychologue et redonne la joie et le goût de vivre aux gens tristes. Quand elle y arrive.

Je me souviens que nous collectionnions des cartes à jouer dont les figures étaient des acteurs et des actrices, mais j'ai un trou concernant la marque qui les offrait. Malabar ? Si quelqu'un peut m'aider ? Elles étaient plus ou moins bien imprimées. Nous avions un Eddy Constantine trop rouge, et l'autre, trop rose, très difficiles à échanger avec les copains.

Je me souviens du prestige qui dégoulinait sur moi quand j'emmenais les poteaux dans le bar de mon père et qu'il nous offrait une tournée de menthe à l'eau.

Je me souviens que la famille Marciano habitait dans la même cour que nous et que je m'amusais avec un des fils. Et que sa mère, à l'heure du repas, se penchait au balcon et hurlait : "Daaviiiiiiid ! R'monte tout d'suite ou j'te glisse dans la toooombe !!

Toujours dans la même cour, je me souviens qu'il y avait une drôle de type qui s'était trouvé un job : il montait dans les grandes poubelles et les tassait avec ses chaussures, pour en faire rentrer plus. Et il se donnait le rythme en chantant à tue-tête un truc de sa composition, toujours le même, que je n'oublierai jamais pour l'avoir si souvent entendu : "Il a perdu son parapluie, tant pis pour lui !". Ad libitum.

Je me souviens d'être allé picniquer aux cascades de Tlemcen et d'y avoir touché ma première neige.

Je me souviens de Rashgoun. Mon oncle Claude m'y a fait grimper, sur ce haut-lieu d'un ancien royaume berbère, juché sur ses épaules, tout en me racontant l'histoire de l'aigle et du roitelet. Vue émouvante sur la plage, sur l'île, sur l'horizon, approche de la notion d'infini...

Je me souviens qu'en maternelle, on nous faisait faire la sieste assis à nos bureaux, la tête reposant sur nos bras croisés. Depuis, je peux dormir n'importe où, dans n'importe quelle position.

Je me souviens que le boucher d'Aïn Youssef n'avait que des filles et voulait en donner à ma mère. "J'ai confiance en toi. Tu les emmènes en France et elles te font le ménage, tout...". Ma mère, qui avait déjà 6 enfants, n'était pas trop chaude, alors le boucher abattit l'argument absolu après lequel il n'y aurait plus qu'à tirer l'échelle et faire "tope là" : "J'te donne toutes les cervelles de mouton que tu voudras, mais prends-moi au moins une !". Nous aimions beaucoup la cervelle, et il le savait, le bougre !

En fait, c'est Calune qui m'a donné l'idée de ce billet en m'envoyant l'intégrale de "Je me souviens", de Georges Perec, joué par Sami Frey. Un must. En voici un bout :

On a déjà commis ce genre de billet. et

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