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mardi 20 octobre 2009

AndiamoUne belle rencontre

Il y a parfois, au cours d’une vie, de jolies rencontres que vous faites. Rien ne vous destinait à rencontrer telle ou telle personne, et puis une passion ou un hobby commun ont fait que vous vous êtes trouvés.

C’est ainsi qu’à cinquante ans je me suis (re)pris de passion pour le modélisme aéronautique. Tout naturellement, je me suis inscrit dans un club afin de m’initier aux joies du pilotage….

C’est dans ce club que j’ai rencontré René Lombard. C’était il y a une vingtaine d’années, il était alors en retraite et construisait pour son fils Laurent de magnifiques MULTIS (avions réservés à la voltige aérienne, ainsi nommés car ils sont capables de "passer" toutes les figures de la voltige... Multis figures) et autres machines volantes. Laurent m’avouait dernièrement que son père avait sans doute construit cent cinquante avions au cours de sa vie !

Laurent a été durant de nombreuses années champion de France hélicos (F3C), il était autrefois en équipe de France voltige avions (F3 A) et il est passé avec maestria à l’hélico où il brille tout autant !

René un homme discret, ingénieur chez Citroën, capable de concevoir, dessiner puis exécuter des ensembles complexes. Un homme effacé, mais lorsque vous abordiez une discussion technique avec lui, vous vous rendiez compte immédiatement des compétences du Monsieur, et ceci sans fanfaronnade, naturellement. La précision, la technologie : sa tasse de thé !

René nous a quitté un triste matin, discrètement, sans bruit, sur la pointe des pieds oserais-je écrire, il ne s’est pas réveillé. Je ne dirai pas qu’il a eu une belle mort, la mort n’est jamais belle, mais il a eu une mort douce.

Quand la camarde ne prévient pas, c’est dur, très dur. Son épouse Monique et son fils Laurent ont eu beaucoup de courage.

Le voici en compagnie de son fils Laurent, il était son coach comme on dit de nos jours, c'est-à-dire qu’il lui annonçait par avance les figures du programme à exécuter. Il était également son conseiller et son soutien, il n’y a pas de hasard, un champion c’est avant tout un noyau familial solide.


AVION : EXTRA 350 S, Envergure 3 mètres, Poids 17Kgs, Motorisation 150cc. Flat-Twin 2 temps. Carburant : essence.


Sur cette photo, Laurent répétait un programme de voltige grands modèles car il était invité au T.O.C (Trophy Of Champions) une compétition qui se déroulait aux Etats- Unis et à laquelle étaient conviés les meilleurs pilotes mondiaux. Sur cette photo il exécute un : TORQUE ROLL. Laurent avait réalisé cette fois-là le meilleur programme libre, accompagné par la musique "unchained melody", un programme magnifique ! La descente en vol "tranche", c'est-à-dire les ailes à la verticale, et ce en spirale descendante parfaite… Une figure qui n’est pas à la portée de n’importe qui, surtout avec un avion de trois mètres d’envergure pesant dix-sept kilos.



Concevoir et construire des avions n’étaient pas les seuls talents de René. Deux ans avant de nous quitter il s’était pris de passion pour le modélisme ferroviaire !

Voici quelques photos des motrices qui avaient été réalisées par ses soins, il en avait tracé les plans, puis exécuté toutes les pièces. Les métaux employés : cuivre, laiton et bronze, c’est ce que nous appelons des métaux nobles. Certaines pièces ne mesurent qu'un millimètre de diamètre. Il m’avouait avoir été contraint d’en refaire plusieurs, car celles-ci parfois se perdaient, s’échappant du mandrin du tour !






La plus grande des motrices mesure : 340 millimètres.


Quelle patience ! Et quelle compétence aussi ! Ayant tâté de la machine-outil pour les besoins de mon métier, je vous assure qu’à ce niveau c’est du grand art.

Et pour conclure je dirai que ce fut vraiment une belle rencontre.

dimanche 11 octobre 2009

AndiamoLes moulins à vent



Ce sont les lapins qui ont été étonnés...

Depuis si longtemps qu'ils voyaient la porte du moulin fermée, les murs et la plate-forme envahis par les herbes, ils avaient fini par croire que la race des meuniers était éteinte, et, trouvant la place bonne, ils en avaient fait quelque chose comme un quartier général, un centre d'opérations stratégiques : le moulin de Jemmapes des lapins...

Alphonse Daudet (les lettres de mon moulin)

Combien de fois ai-je lu ce magnifique recueil de contes et nouvelles à mes enfants et petits enfants ?

Des trois messes basses, en passant par le curé de Cucugnan, sans oublier la cabro de Moussu Séguin : qué se battégue touto la neui... e piei lou matin lou loup la mangé !

Mais celle qu'ils préféraient, c’était incontestablement la mule du pape et son fabuleux coup de pied au cul donné (à juste titre) au Testin Vedet : "et l’on vit la fumée jusqu’à Pampérigouste !"

Et que dire de l’élixir du père Gaucher ! Brave père blanc qui se prenait chaque soir une murge afin de retrouver la recette d’une liqueur autrefois élaborée par sa grand-mère.

Les jolis moulins de Provence m’ont donné l’idée et l’envie d’en parler, de les sortir de leurs oubliettes, leur rendre leurs ailes afin qu’ils s’envolassent.

Le moulin de maître Cornille : je soupçonne Monsieur Daudet d’avoir connu et peut-être fréquenté un brave meunier, fier et meurtri, dont il s’était inspiré.

Ainsi je vous ai dessiné le joli moulin de Daudet à Fontvieille… Enfin ça n’est pas exactement le sien, puisqu’il est en ruines, mais son frère jumeau... Faisons comme si.

Savez vous qu’au début du XIXème siècle 3000 moulins à vent étaient en fonction dans le nord de la France ?

Aujourd’hui, beaucoup ont disparus ou sont en ruines, mais certains sont encore entretenus pour notre plus grand plaisir.



Quant aux moulins Hollandais, ils ont été construits en bois. Ils servaient surtout à rejeter l’eau en dehors des digues, grâce à des pompes actionnées par l’arbre rotatif des dits moulins, ceci afin d’obtenir plus de terres cultivables (les polders) et protéger les populations des inondations.

C’est ainsi qu’au XIIIème siècle naquit Amsterdam contraction de Amstelledamme (digue sur la rivière Amstel)



Les moulins de Grèce et du Portugal possèdent un système à "vergues enroulées".

Ce système possède au moins huit vergues. La forme triangulaire des voiles est caractéristique, on pouvait réduire ou augmenter la surface des toiles, c'est ce qu’on appelle dans la marine à voiles "les ris", selon la force plus ou moins grande du vent.

En Crète, ce système est toujours utilisé afin de pomper l’eau servant à irriguer les cultures.



Moulin Grec

Et voici son alter ego le moulin à vent Portugais. Comme quoi, mêmes problèmes, mêmes solutions !

Et enfin les moulins à vent du troisième millénaire, ceux qui ne brasseront pas de l'air pour rien, à l'inverse de nombre de nos politiciens.

Ces élégantes éoliennes géantes qui sans relâche nous fourniront (peut-être) l'énergie dont nous sommes tous si friands !

Fasse qu'Eole dans sa grande miséricorde nous accorde BON VENT.

Ch'tiots crobards : Andiamo 2009 pour blogbo.

vendredi 11 septembre 2009

Saoul-FifreLa fête à Nœud-nœud

Rentrée de collège 1970. Je rentre en 4ième. Je viens de faire le plus grand grand écart psychologique de ma vie . J'ai troqué la nature, sa rudesse, son calme, sa simplicité, contre la jungle urbaine dont je ne connais aucune règle. Ma mère est une veuve de guère (sic) : une fois ses dettes payées, les charognards de créanciers rassasiés, Crédit Agricole en tête, il n'est rien resté de la vente de la ferme.

Peu importe, il lui suffit de quitter cet endroit maudit où elle a été si malheureuse, et je la suis dans ce Bordeaux encore plus immense que mes grands bois périgourdins chéris.

La rentrée se passe sans anicroche. Juste effrayé par le nombre de lignes de bus, j'ai préféré aller au collège à pieds, en traversant le grand cimetière de la Chartreuse. Mes nouveaux camarades ne sont pas désagréables, seulement ils se connaissent de l'année dernière, le plan de classe est fait et je me retrouve relégué au fond de la classe, ce que je déteste. Je me fais remarquer en changeant de place plusieurs fois. Dès que je vois "un espace vide", je le squatte, tel un coucou sans gène. Les profs n'apprécient pas ces devoirs supplémentaires demandés à leur mémoire. Je finis par trouver mon nid dans "le coin des filles", je ne quitterai plus de toute l'année ce doux endroit.

Ma timidité maladive, la période un peu particulière que je traverse, avec ses efforts intenses d'adaptation, font que je reste très solitaire. J'ai des activités, je vais aux scouts , j'aide Frères des Hommes , je visite ma nouvelle ville, j'écume plusieurs bibliothèques, comme d'habe. Je fréquente plein de monde, mais personne ne vient chez moi et je ne vais pas chez eux. J'en déduis que ça se passe comme ça, à la ville.

Je lis le Sud-Ouest tous les jours et je tombe sur une info intéressante : il y a Fête foraine à Bordeaux ! Je sais pas si vous connaissez, mais la Foire aux plaisirs de Bordeaux, sur la grande place des quinconces, débarrassée pour l'occasion de ses voitures, c'était quelque chose ! Rien à voir avec les 2, 3 attractions que j'ai pu connaître dans ma petite ville de Dordogne. Là, il y a une grande roue, grande, immense, et puis toutes sortes de manèges, des circuits où les voitures peuvent se doubler, elles ne sont plus bêtement fixées sur leurs rails, et puis des chenilles, des combats de catcheurs, des monstres humains exhibés, on ne sait trop s'ils sont réels ou le résultat de trucages, enfin des baraques qui me font ouvrir de grands yeux.

Le hic c'est que je n'ai pas trop de sous, alors je déambule plus que je ne m'amuse, quand, chance, je me fais aborder par une espèce de titi bordelais de mon age, beaucoup plus déluré que moi. Il n'a cure de mes soucis pécuniaires, "Suis-moi !" me dit-il. Il me tire dans une auto tamponneuse, attend le coup de klaxon du départ de la partie, fait semblant de mettre un jeton dans la fente, et tape dessus avec beaucoup d'aplomb, tout en appelant un chef de piste qui, résigné, peu confiant dans la fiabilité de son matériel, sort un jeton de sa poche et fait démarrer la voiture.

Waw ! Je regarde mon héros avec admiration. Ça c'est du copain rentable et intéressant à connaître ! Nous nous amusons d'autant plus que ce goût d'interdit pimente notre plaisir. C'est l'avantage d'une grande foire : des autos tamponnantes comme celle-ci, il y en a une demi-douzaine, disséminées sur tout le périmètre, et nous remettons le couvert plusieurs fois, dans une impunité totale. Bon je sens bien que je lui suis redevable de notre bonne fortune et je lui paye quelques tours de manèges plus sophistiqués dont les tickets sont relevés juste avant le départ, interdisant toute arnaque.

Il connait les bons plans : à "La maison du rire", par exemple, il vaut mieux rester dehors que rentrer : il y a un balcon, tout en haut de la construction, spécial "filles en jupe". Quand le trajet intérieur les y mène, un assistant déclenche une soufflerie sous leurs pieds et nous reluquons pour pas un rond un remake de "7 ans de réflexion" avec des candidates à la succession de Marilyn Monroe. Ces stars-minutes sont bizarrement insensibles à la sincérité de nos applaudissements.

Il me fait aussi assister gratuit au "Combat des chefs". Devant la tente sont alignés une belle brochette de primates musclés. Il y a Brutus le gladiateur, il y a le bourreau de Tremblay-les-gonesses, cagoulé, Vauvert le diable, avec des petites cornes, l'Empereur des fortifs etc... Quand tous les spectateurs sont rentrés, il y a tellement de barouf qu'il nous est facile de nous glisser sans nous faire voir en soulevant un coin de bâche, par derrière. C'est rigolo, mais il ne faut pas longtemps pour comprendre que tous les combats sont truqués.

Comme toutes les fines choses ont du bon, nous nous serrâmes la main, mon nouvel ami et moi. Nous ne devions jamais nous revoir.

Et je restais là, encore étourdi par ces merveilles de la ville, le regard intériorisé, à digérer toutes ces nouveautés, quand je me sentis hélé par de grands fou-rires. Merde ! Des filles de ma classe ! Et pas la fine fleur. Des glousseuses, des trop maquillées, des groupies en plein age bête. On aurait été à Marseille, on aurait dit : "des cagoles". Elles m'ont apparemment catalogué dans la série des timides-bien élevés-pas dangereux, ce qui n'est somme toute pas faux.

Saoulfifre ! Tu tombes à pic ! On rêvait d'entrer là-dedans, mais toutes seules, tu comprends, on aurait jamais osé, tu vas nous protéger, toi. Je lève les yeux, nous étions devant "La maison hantée", un attrape-couillon dans lequel jamais je ne serais tombé de mon propre chef. Mais baste, prenons un ticket pour le temple des terreurs frelatées, je ne refuse jamais une expérience, même garantie minable sur facture.

Et nous voilà propulsés dans un tunnel noir comme l'enfer. J'ouvre le chemin, comme de bien entendu, et les 3 nanas entament un concours du plus beau cri hystérique, du plus conventionnel effet. Des ficelles censées imiter des toiles d'araignées nous glissent le long du visage, des rires démoniaques résonnent, avec un max de réverb', des spots verts ou violets flashent de grandes chauves souris qui remuent les ailes, agitées évidemment par des employés que l'on entend se déplacer dans des couloirs parallèles au notre. Les filles en rajoutent tant qu'elles peuvent, dans la peur feinte. Tout ça n'est qu'un alibi pour se coller à moi, me tripoter partout, me frotter leur poitrine dans le dos. Des squelettes font cliqueter leurs os, agitent leurs chaines et les filles se relaient pour me serrer dans leurs bras en me hurlant dans les oreilles : J'ai peeeeuuuurrr, Saoulfifre, sens comme mon cœur bat ?

Quel traquenard ! Voilà un escalier non prévenu, je me casse la margoulette, elles en profitent pour se coucher carrément sur moi, leurs gestes, soi-disant incontrôlés, se précisent, le viol, en cette époque lointaine, n'encourt pas encore la cour d'assises et elles en profitent, ces vierges folles ! Je me débats, me relève et essaye d'écourter le circuit des fantômes aux yeux verts étincelant sous le drap, des draculas aux dents rouges et des minettes à la sexualité surexcitée par l'obscurité et ses frissons.

Revenus à l'air libre, nous accélérons les adieux. Le lendemain au collège, j'aurai à supporter leurs sourires pervers, ces pucelles passeront l'année à ricaner sous cape en me lançant leurs œillades inopérantes car j'étais déjà irrémédiablement tombé amoureux ailleurs que dans leurs rets.

Tout ce que je peux vous affirmer sur cette "Maison Hantée", c'est que Satan l'habite !!!

lundi 24 août 2009

Saoul-FifreJe t'aime

Notre amie Cassandre a décidé de sponsoriser le blog de Java , sa chatte fidèle qui est un peu son Milou à elle "car Java, la brav' Java suit Cassandre partout...". Cette décision a réactivé chez moi des souvenirs personnels.

Je vous ai déjà raconté ici et comment nous avons trouvé, sauvé et recueilli cette petite boule noire de Zoulikha, mais celle-ci n'est pas restée l'avortonne mal aimée de ses débuts. Elle a poussé puis est devenue cette grande chatte aux yeux d'hypnotiseuse devant lesquels je redevenais un petit enfant.

En personne honnête et reconnaissante envers la gamelle et le toit que nous lui offrions, elle débarrassait la maison de ses souris. Probatoires, elle nous déposait ses proies sur le seuil , les torturait un peu en leur donnant de faux espoirs d'échappée belle puis les rapatriait au cœur de ses griffes si élégantes où elles mourraient de peur simple, généralement.

Ayant horreur du gaspillage, elle les dépeçait alors en mâchant consciencieusement.

Le reste du temps, elle vivait sa vie libre de chat, nous avions un assez grand jardin mais elle ne dédaignait pas explorer aussi ceux des autres. Elle regagnait ses pénates le soir généralement, miaulait pour qu'on lui ouvre et rejoignait le coin du feu, quelquefois pour se lover en ronronnant dans nos bras, quelquefois préférant un solitaire tête-à-tête avec les flammes.

Car le feu est un vrai frère pour le chat. Leurs yeux pétillent de la même force, ils ont en commun le calme et la vivacité, la douceur et la cruauté, la chaleur de la tendresse et le sadisme de la brûlure. Le chat accepte le feu dans sa famille, il le contemple, l'adule, semble échanger avec lui, s'y reconnait et un tremblement - de crainte ? - ébroue son habit de noirceurs.

Une autre sorte de feu s'emparait épisodiquement de ses entrailles, elle disparaissait alors de longs jours. Des hurlements à la sauvagerie inouïe emplissaient nos nuits. De longs cris rauques pétris de douleur et de plaisir, saisissant nos âmes soi-disant civilisées d'une espèce de souvenance animale.

Elle revenait comblée de ses sabbats nocturnes sur les toits, son regard suivait une direction, une ligne identique à celle que ses semblables avaient suivie un jour, elle prenait des habitudes casanières, son rythme s'alentissait, on la vit fouiller les armoires, les recoins, à la recherche d'un nid possible, sécurisant, mais elle ne le trouva pas chez nous.

Enfant abandonnée par la faute des hommes, elle en gardait à leur égard une défiance insurmontable. Certaine de notre amour pour elle, elle avait moins de certitudes concernant notre acceptation de ses futurs petits, la chair de son sang, ce qui n'était pas bête du tout, pour une bête, si l'on me permet cette antanaclase.

Elle sortit et nous ne sûmes jamais où elle se cacha pour les mettre au monde. Elle nous les ramena, un par un, par la peau du cou, une fois bien démarrés, pour la présentation au reste de la famille, avec quand même une légère appréhension au fond des yeux, quand à notre réaction.

Celle-ci fut chaleureuse, enthousiaste, voyeuse, tripoteuse, mais la sélection naturelle frappa. Il y eut des morts, on nous demanda des chatons à adopter et il n'en resta plus qu'un avec Zoulikha, adorable et bien costaud.

Une chaude après-midi d'été, je les entendais jouer tous les deux dehors. La mère apprenait au petit à faire de l'équilibre sur mon échelle qui était couchée, appuyée contre le mur. Je sortis un peu plus tard, l'échelle au centre de gravité instable avait basculé sur le petit. Je soulevai l'échelle, il m'apparut bien écrasé et surtout bien immobile. Sa mère se mit à le lécher, à le lécher, à le lécher de partout, elle le retournait à grands coups de langue, de patte, de l'air de lui dire : "Ho, tu te réveilles ?".

Elle lécha ainsi son bébé pendant un long moment, avec tout son amour de mère, et puis quand elle sentit qu'il devenait froid, que malgré tous ses efforts la vie avait définitivement quitté ce petit corps, toujours aussi imperturbable, elle entreprit de le manger.

vendredi 31 juillet 2009

Saoul-FifreTu ne sais pas zéééméééé

J'ai une petite passion pour les chansons d'avant 1950, avec un petit coup au cœur supplémentaire pour les années folles, cette période compliquée d'entre-deux-guerres où l'ambiance voyagea du grand OUF de soulagement avec les débordements de liberté que cela a suscité, au serrage de fesses le plus musclé qui soit quand on comprit que la paix était un état instable.

L'époque était manichéenne à choix multiples et parallèles. Le café-concert avait cédé sa place au music-hall où l'on allait se gorger les oreilles de rêves, de rires et de pleurs. Certains spectateurs se spécialisent, préférant l'humour et la distance, la "superficialité", la détente, croient-ils, à une vision plus sombre, plus austère de la vie ; sans voir que la comédie et le drame sont les deux faces du même Janus, les masques qui, de toute éternité ont permis de mettre en scène l'angoisse existentielle et métaphysique commune à tout être humain.

En écoutant Constantin le rieur par exemple, on sent bien l'odeur de la poudre et de la guerre qui s'approche. Par la suite, Georgius et sa chanson sur Hitler , Ouvrard ou la phénoménale Elle était souriante ont bien exprimé le sérieux sous-jaçant le comique.

Mais j'aimais également les grandes lyriques nous racontant des histoires terribles, dramatiques, des sentiments passionnés. Et la reine du drame, bien sûr, c'est la Grande Damia. Aujourd'hui, nous dirions qu'elle se la pétait grave, mais la jeune génération ne respecte plus rien.

Moi je gobais ses attitudes grandiloquentes à la limite du ridicule comme un petit verre de bonne mirabelle. Et je faisais sa publicité autour de moi.

J'avais 19 ans, j'étais timide, pas très sûr de moi et je dormais ce soir là chez mon oncle et ma tante de Sceaux qui avaient justement un invité-surprise. La conversation vint sur les lignes de la main et j'avouai que je tâtais de cette sorte de jeu de société. L'invité se montra intéressé et je me retrouvai dans sa chambre après le repas pour une lecture approfondie des plis de sa paume. Comme souvent et comme d'autres , il fut étonné par ce que j'ai pu dire sur lui sans le connaitre, il me posa des questions précises auxquelles je répondis du mieux que je pus et commença à me parler de lui plus intimement. L'ambigüité de la position, main dans la main tard dans la nuit avec un grand bel homme aux cheveux grisonnants commença à m'apparaitre. Nous étions en été, sous les toits, et de grosses gouttes me coulaient sur le front. Je lui parlai de ma passion pour Damia. Comme il ne connaissait rien d'elle, je lui ai fredonné le refrain de "Tu ne sais pas aimer". Je ne crois pas que quelqu'un d'autre m'ait depuis regardé avec un regard si ouvert, si respectueux, si ébloui.

Son interprétation à elle est ici

Je regagnai ma chambre.

Et le lendemain, le monsieur parti, comme je racontais à ma tante ma soirée, elle me regarda avec un drôle d'air et m'apprit qu'il était effectivement homosexuel.

mardi 28 juillet 2009

AndiamoSeptante

Je ne vais pas vous la jouer façon Gabin : JE SAIS QU’ON NE SAIT JAMAIS !

D’abord parce que c’est vrai et puis où serait la surprise, hein ?

Alors je préfère la jouer façon nostalgie, tout en douceur, j’ai choisi une bien jolie musique, signée Monsieur GAINSBOURG, et interprétée par une bien jolie personne, c’est vrai que JANE BIRKIN était magnifique !

Je les entends déjà les amateurs de bien nichonnées : elle est comme les cathédrales, ses saints sont à l’intérieur !

Quel vilain jeu de mots ! Quelle horreur, je leur réponds aux ceusses en manque de mamelles maternelles : quand la poitrine est menue, nous sommes plus près du cœur.

Et puis quand elles sont plutôt gâtées, je leur dis : abondance de biens ne nuit pas !

Je fayote ? Bien sûr, Mesdames je vous aime toutes… ou presque.

Ch'tiot crobard : Andiamo 2009


Cette chanson me rappelle si bien les chanteurs des années soixante, les années "vingtaine" pour moi, alors bien sûr il est toujours joli le temps passé !

Quand j’avais dix ans, je ne savais pas ce que ça représentait dix ans, j’étais un môme et je resterais toujours un môme.

Tout au long de sa vie, on a l’impression de vivre des moments figés, on n’a pas l’impression qu’un jour on sera grand, encore moins que l’on sera papa, quant à grand-père, alors là carrément de la science-fiction !

Et puis, et puis, on est arrière-grand-père sans savoir pourquoi (j’ai bien une petite idée tout de même).

Vingt ans…

Pour tout bagage on a vingt ans
On a l’expérience des parents
On se fout du tiers comme du quart
On prend la vie toujours en r’tard…. ETC

LÉO FERRÉ bien entendu !

Alors là ! On a tout vu tout connu, si, si je vous assure, on a vu : le triangle d’or, les bas jetés sur un fauteuil, une fille sans son soutif, on l’a envoyée en l’air (du moins le croit-on), on sait tout, vous dis-je !

On a le cul sur une Vespa ou une moto, on est le roi, quelques sacotins dans les glaudes pour te payer une placarde dans un guinche à rombières, le tango, la rumba, les slows, les mimis humides, la roucoulade à trois thunes, et c’est le grand amour d’une soirée ou deux, les virons aux halles, la tronche embuée par le muscadet sur lie, l’haleine de cow-boy après la soupe à l’oignon et les gauldos, un « WRIGLEYS » à suçailler, et tu retrouves ton souffle de bébé !

La vie est belle, Pimprenelle !

Soixante-huit, personne ne s’y attendait, surtout pas moi, Paris désert, sans voitures, les gens à pied ou à vélo, on parle à des inconnus… Etrange : serait-on devenus civilisés ?

Bref interlude, puis le coup de génie : on réapprovisionne les pompes à essence, et HOP tout l’monde à la campagne, un Grenelle pagaille, un p’tit coup de rallonge pour tout le monde, vite rattrapée par l’inflation la rallonge !

On déverrouille les turnes à chagrin, les salopards en casquette : AU TAF !

Trente berges : le poil dru, les cheveux coupe « afro » les moustaches style Jean Ferrat, la barbe, du poil partout, un abomifreux homme des neiges, cols « pelles à tarte », pat’ d’eph’, CLARKS aux pieds, il n'a pas encore neigé sur yesterday, sur mes ronces ça commence ! Marié, deux mômes, j’suis responsable moi, Môssieur.

Quarante balais : on recommence, autre vie, j’suis tout neuf ou presque, j’ai rasé ma moustache, plus de barbe, une coupe de douilles "raisonnable", non mais je ne vais pas jouer les soixante-huitards attardés, des fois !

Cinquante, j’en ai pris un coup, un demi-siècle !

Ca fout la pétoche ! Les premiers copains de mon âge qui s’en vont, trop tôt, trop vite, des précurseurs, des pionniers en quelque sorte.

Peut–être, en tout cas ça me fait prendre vraiment conscience de ma précarité, un funambule qui a paumé son balancier, un mort à crédit comme l’a écrit Céline.

Soixante ?

Alors on maquille le problème.
On s' dit qu'y'a pas d'âge pour qui s'aime.
Et en cherchant son coeur d'enfant.
On dit qu'on a toujours vingt ans !

Et toujours LÉO.

J’ai eu beau chercher mon cœur d’enfant, le mien était bien nase déjà ! Je me suis rendu compte que je n’aurais plus jamais vingt berges…. Et puis merde !

Des petits enfants tout megnons megnons, qui te font oublier que tu n’as plus l’âge de jouer aux osselets, ou au jeu des sept familles.

Dans la famille Petits Pois je voudrais…

Encore une décennie, non, non j'voulais pas ça !

Alors maintenant : I AM THE SURVIVOR !

J’ai un copain qui, afin de me rassurer, sort un mètre à ruban de sa poche, l’étire, pose l’ongle de son pouce gauche sur soixante dix, pose l’ongle de son pouce droit sur soixante dix sept (moyenne de vie pour un homme) et déclare : t’as vu ce qu’il te reste ?

Entre les deux ça ne fait pas lourd, faites-le, surtout pour les anciens, vous verrez c’est impressionnant !

Il a dépassé les soixante-dix sept, il fait du rab mon Pierrot, et tant mieux.

Mais bon, c’est comme ça, la camarde, je l’emmerde, elle est la plus costaud, elle le sait, moi aussi, elle sait que je le sais, si elle pouvait rater un train ou deux avant de venir me cueillir, je ne m’en porterais pas plus mal, et elle non plus !

Allez une dernière poilade, à soixante balais on se dit : TAMALOU ?

A soixante dix : TUSAIKICÉKÈMORT ?

NON NON NON, Andiamo n’est pas mort
Car il déconne encore !

Bon anniversaire à TANT-BOURRIN : ^@}%¤¤!!/;? ans aujourd'hui (ou presque)

samedi 25 juillet 2009

Mam'zelle KesskadieDes résolutions qui ne sont pas au point

Les bonnes résolutions se ramassent-à-la pelle, disait la chanson.

À moins que ça soit les feuilles d'automne.

Mais c'est pas encore la saison, donc, faut se contenter des bonnes résolutions. Entre autres, je me suis promis de maigrir pour mes cinquante ans. J'ai un peu de retard sur le calendrier, mais c'est quand même pas ma faute si les jours filent plus vite que mes efforts, n'est-il pas ?

Et je me suis également promis, cette année, de faire un effort pour l'environnement. À commencer, les fameux sacs de plastique. J'apporte mon sac recyclable partout, chez Jean Coutu, partout, je vous dis. Quand j'oublie, eh bien je refuse le sac.

Dommage collatéral : pour l'auto, n'est-ce pas, rien de plus pratique que le sac de plastique. J'en manque. Alors, il y a quelques petites choses qui traînent dans le fond de l'auto, dont les bouteilles d'eau en plastique que je veux mettre dans le bac de récupération à mon arrivée.

Or, à mon arrivée, je dois aussi emporter ma sacoche, les sacs d'épicerie recyclables, et autre menus objets. En général, je sors vite de l'auto parce qu'il est cinq heures (17:00 pour les européens, ici, le soir, on mange tôt. Ceux qui prennent le repas du soir à 20"00, on dit qu'ils mangent à l'heure des français. c'est tout vous dire). Et qu'il faut faire le souper. Vous voyez le topo ?

Bref, il devrait y avoir un drive-in pour les trucs à recycler. Ça serait chouette, han ?

Autre considération pour l'environnement, les cordes à linge reviennent à la mode. Ça tombe mal, j'en ai une. J'haguis étendre le linge. Ouiiiiiii, je sais, ça sent siiiiiiiiiiiii bon et tralalallllaaaaaaa. Moi, je trouve que la marque en vente d'assouplissant fait aussi bien l'odeur, mais c'est pas bon chic bon genre de dire ça.

Alors, j'ai décidé d'au moins commencer par les draps. J'ai donc étendu mon couvre-matelas, qui prend du temps à sécher dans le sèche-linge (c'est le français de France pour sécheuse). Après trois semaines, j'ai conclu qu'il avait eu le temps de sécher, de se faire relaver à l'eau de pluie (il parait que c'est très doux) et de ressécher. Bref, je suis allée le récupérer et diantre... il me semblait un peu gris. Je l'ai donc repassé à la laveuse et, comme il pleuvait, mis dans la sécheuse. Il me semble ici que pour l'environnement, je n'avais pas très progressé.

Mais perdre une bataille, ce n'est pas perdre la guerre ! Donc, je lave les draps de mon lit. Mes beaux draps rouge sang. sont assez beaux ! Et ils restent beaux. je vous dis les filles, pas une tache ne parait sur cette qualité de couleur. ok, les gars, faites pas cette tête là, de toute façon, c'est pas vous qui lavez. Donc, ça ne me fait rien de les montrer aux voisins. Mais je m'abstiens encore pour mes soutiens gorges, j'ai peur que le vent qui s'engouffrerait dans les bonnets DDD vainquisse les écrous qui retiennent vaillamment la dite corde à linge.

Eh bien, au bout de quatre jours, j'ai pris mon courage à quatre mains, et je suis allée ramasser le drap contour qui était tombé, la tête d'oreiller qui l'avait suivi, le drap plat qui avait résisté et j'ai tout remis dans la laveuse. Comme j'étions songeuse sur ma capacité de gérer les draps et la corde à linge en même temps, j'ai mis le savon dans le même récipient que l'assouplisseur. Pas grave, j'ai mis la laveuse à deux cycles de rinçage au lieu d'un seul.

Le doute m'assaille. Devrais-je choisir une autre bataille pour l'environnement ?

Heu, pour les sacs de plastique, ça va assez bien sauf quand ils proviennent du frigo. C'est qu'ils servent de suaire à des aliments, qui fussent jadis vivants, mais là, l'état de décomposition des végétaux me fait douter de la vie après la mort. N'osant troubler le repos de ces êtres, je n'ouvre pas leur tombeau. Donc, tout à la poubelle.

Le compost ? Ah ! j'y songe aussi ! Surtout que je pourrais faire un beau compost à l'aubergine. Oui, oui, j'ai une fixation. j'achète régulièrement des aubergines, c'est si joli. Et je les jette aussi régulièrement. Je ne douterais point qu'à la fin, ce soit un compost auvergnat.

Mais nooooooooonnnnn, j'en ai déjà fait du compost, vous saurez ! D'ailleurs, il est dans le fond de la cour, en arrière du jardin dont les mauvaises herbes témoignent de la fertilité indubitable de la terre. J'oserais pas y ajouter le compost, de peur de faire pousser une espèce végétale mutante qui envahirait la planète. Et comme dans les films, le mutant écrase la première maison venue parce que le héros sauveur est pas encore mis au courant qu'il a quelque chose à sauver, soyons précautionneux.

Avez-vous vu le film, Men in black ? la Coquerellet géante envahit le corps du fermier propriétaire du champ dans lequel il atterrit . Il se promène donc, comme s'il était le fermier, mais en réalité, c'est pas lui. Vous suivez ? Donc, si vous me rencontrez et que je vous parle d'autre chose que de mes malheurs, que je vous annonce que j'ai réussi à faire des économies, que je suis bien dans ma peau de célibataire, n'hésitez pas, flinguez-moi !

Par contre, si j'ai des trucs dans un sac de plastique, attendez un peu, c'est peut-être une mini-bataille perdue pour l'environnement.

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