Blogborygmes

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jeudi 15 novembre 2007

AndiamoLes clopes

J’avais une dizaine d’années et parfois, le jeudi, avec quelques copains, on allait jouer au stade « des Italiens ». Ce stade était situé à la limite de Drancy et de Bobigny, des champs partout, la cambrousse, ça a bien changé, méconnaissable !

Ce stade, c’était pratiquement une ruine, il avait subi la guerre, la deuxième (j’chu pas un dinosaure quand même), et, pendant cette foutue occupation, il n’y avait rien à bouffer, alors les voisins avaient tout simplement « cultivé » le terrain. Poireaux et choux en milieu de terrain, topinambours et rutabagas dans la surface de réparation, persil et fines herbes dans les cages.

Enfin du foot utile ! (j’vais pô m’faire que des potes, c’est pour rire !)

Il n’y avait que les tribunes qui tenaient encore debout. Quel beau terrain de jeux ! On y apportait nos pauvres « armes » : lance-pierres, épées de bois, colts fabriqués à coups de morceaux de bois et de tringles à rideaux coupées pour faire le canon, deux demi-bouchons coupés dans le sens de la longueur et collés de part et d’autre remplaçaient avantageusement le barillet.

Ça peut faire rire mais, après la guerre, il n’y avait que dalle ! Pareil pour les fringues, aujourd’hui faut des marques ! Moi, j’ai porté des fringues de marque, c’étaient des « DE MON FRERE ». Ex : les frocs de mon frère, les pulls de mon frère, les pompes de mon frère et, plus tard, le vélo de mon frère. J’ai jamais eu hélas les gonzesses de mon frère ! Mais bon, on s’en foutait, tous logés à la même enseigne.

Et puis, un de ces beaux jeudis, un pote nous dit : « les mecs, j’ai des cibiches », un mot d’argot tombé en désuétude, et il sort de sa poche deux ou trois gauldos, tirées à son père au cours de la semaine, une par une pour ne pas que ça se remarque ! Courageux mais pas téméraire !

Il porte la clope à sa bouche et frotte une allumette sur le ciment, des allumettes soufrées, elles n’existent plus : trop dangereuses, il suffisait d’un support sec et un peu rugueux pour qu’en les frottant elles s’enflamment et puis le soufre !! Fallait surtout pas allumer la clope avant que tout ce putain de soufre soit consumé, sinon c’était l’asphyxie, la suffoc, la chiale, l’horreur... L’ypérite à côté, senteur d’été !

Claude, puisque c’est de lui dont il s’agit (parti trop tôt après avoir chopé une belle saloperie), allume la clope et tire une bouffée, en prenant l’air du mec qui sait, qu’a l’habitude, pas une tite quinte, pas une larmichette, il souffle la fumée par le pif ! Ah putain, la démo ! D’autres copains tirent sur la clope sans moufter, puis vient mon tour.

Tu penses, des éponges grosses comme des poings de nouveaux-nés, musclé comme un corbeau de course, roulé comme un pétard à deux ronds, je tire là-dessus comme un malade, fallait pas s’déballonner, plutôt crever ! Tout à coup, les éponges qui s’bloquent, elles me gueulent STOP ! Pas d’ça, recrache Eustache ! J’en peux plus, je suffoque, je tousse, je crache, j’éternue, bave d’escargot grande largeur, y’en a partout, les potes se marrent, se foutent de ma gueule, ah la honte !

Il faut dire qu’après la guerre, les cigarettes ne faisaient pas dans la dentelle, c’étaient plutôt des clopes d’hommes, comme aurait dit Michel Audiard : pas de filtres, du brut ! Y’avait même des bûches dans le tabac, pas question pour la Régie de perdre un gramme de perlot ! Plus tard, on se cotisait pour acheter des « ICHE-LIFE » : on ne parlait pas le patois, alors « HIGH-LIFE », on ne savait pas dire. Je les revois encore ces paquets, rouges avec high life écrit en lettres dorées. C’était du foin genre cigarettes Anglaises, un tabac tellement léger qu’en laissant tomber le paquet, pas sûr qu’il ait touché le sol !

Après, il fallait rentrer, en prenant bien soin de se rincer la bouche (pas de chewings-gums), alors la flotte à outrance, pas question de sentir le tabac, sinon c’était la trempe, pas méchante, une maman ça ne cogne pas bien fort.

J’ai arrêté de fumer il y a 27 ans et je peux vous assurer qu’un fumeur ça se sent de loin, et je me dis qu’elle a dû sentir plus d’une fois que j’avais fumé, mais elle n’a pas moufté. Qu’est-ce qu’elle était gentille cette maman-là !

mercredi 7 novembre 2007

Tant-BourrinTiens ?

C'est bizarre : nous aurions dû avoir un billet du Souf' aujourd'hui (en tout cas, c'était son tour), mais nib. Nada. Queud.

Que pensez-vous qu'il faille faire ? Peut-être ne revient-il qu'aujourd'hui d'Algérie et se fout-il simplement de laisser son lectorat préféré en carafe ? Ou alors.......

Gosh ! Vous croyez qu'il faut téléphoner à l'Elysée pour que Sarkozy aille le chercher ?

mardi 30 octobre 2007

AndiamoLe Moulin rouge

J’ai entendu hier Patrick Bosso qui parlait du cinéma de quartier de son enfance "le Moulin rouge" dans ma tête ça a fait tilt !

C’est à Drancy de triste mémoire que j’ai passé mon enfance, et là, dans mon quartier, il y avait un cinéma "le Moulin rouge" ! La façade vermillon et un moulin en trompe-l’œil ornait sa façade.

Le jeudi, on s’y rendait avec quelques copains. Le patron : un p’tit bonhomme tout gentil, aussi large que haut, pas très haut, 1m52 environ, mais belle largeur !

L’entrée coûtait 12 balles, mais attention des anciens francs ! Soit 2 centimes d’euros ! Et encore, souvent on ne les avait pas, alors le gentil bonhomme nous laissait entrer à l’œil !

En pénétrant dans la salle, ce qui me saisissait, c’était l’ôdeur d’ammoniac, agressive, piquante, collante, innommable. Soyons clairs : en d’autres mots, ça puait la pisse ! Faut dire que les cagouinsses étaient situés au fond à gauche de la salle, la porte fermait mal et puis il n’y avait pas l’eau courante !

Mais bon, au bout d’un moment, on s’habituait, puis on oubliait…

Nous étions là dans l’antre où tout est possible. Un vieux 78 tours (vous connaissez ?) nous distillait toujours la même chanson : "Jumbalaya" - si, si ! - tellement usé qu’en le prenant par le trou de centrage, je suis certain qu’il se serait déroulé comme l’épluchure d’une pomme que l’on pèle en tournant sans la rompre !

Puis les pauvres ampoules s’éteignaient, l’ouvreuse tirait le rideau, un vieux machin tout poussiéreux, et l’écran apparaissait, carré blanc-jaune bordé de noir, un vrai faire-part de décès ! Nous avions d’abord droit aux actualités, un bien grand mot parce que celles-ci dataient fastoche d’un mois ! C’étaient les actus de la "Fox-Movietone" : on voyait un constellation, un paquebot genre le Normandie, un train vapeur vous fonçait dessus, et enfin toute une floppée de nanas en maillot une pièce qui sautaient d’une jambe sur l’autre. Alors on sifflait comme les voyous, langue repliée sur les incisives du haut, d’autres avec deux doigts dans la bouche, c’était strident, ça te crevait les tympans, mais ça nous faisait marrer, et puis il n’y avait que des mômes à la séance du jeudi aprèm.

Après les actus, on nous passait un dessin animé en noir et blanc, bien sûr, genre Popeye. Alors là, faut que j’raconte : dans la chanson en V.O, il est question de Popeye a sailor man, mais nous on jactait pas une broque d’angliche, alors on disait "Popeye et phénomène", ça ne vaut pas mais ça remplaçait, et puis fallait bien meubler.

Après ce chef-d’œuvre, nous avions le droit à un petit film genre polar (on disait policier). Je me souviens d’une série en particulier, avec pour acteurs Claude Dauphin et Louis Jourdan. C’était du genre "le crime ne paie pas". A l’époque, c’était très moral et les malfrats étaient toujours punis, na !

L’entracte arrivait, l’ouvreuse proposait ses friandises et esquimaux. Nous, tu penses, pas le rond pour acheter tout ça mais pas grave et puis son fils "Popol" (ça ne s’invente pas), un pote, s’égosillait dans l’allée en criant "la poignée". Il s’agissait d’une poignée d’illustrés, des bouillons, des invendus, achetés je ne sais où et vendus 10 ou 20 balles. On trouvait, en vrac, un Tarzan imprimé sur papier pelure format plus petit qu’un journal à l’ancienne - Tarzan, les beaux dessins de Hoggarth, le regard d’acier de l’homme singe, ses cheveux noirs et surtout les muscles saillants, réhaussés de traits de plume, moi qui étais gaulé comme une arbalette, ça me laissait rêveur, je m’voyais anéantir une tribu entière de vilains sauvages venus bouffer Jane ! Ah la la, j’avais le surin sanglant, l’eustache dévastateur, l’opinel vengeur ! Fallait pas faire chier Tarzan ! Mais je divague, il y avait aussi, dans cette fameuse "poignée", Hurrah, l’Intrépide, Coq Hardi. Ne cherchez pas : Mandrake, Lautard, le fantôme du Bengale Tarou, Placid et Muzo sont morts depuis longtemps !

Et, et le film commençait, enfin…. C’était Zorro, contre Don del Oro. C’était aussi des Laurel et Hardi, je crois que je les ai tous vus. J’en ai racheté un ou deux, mais la magie n’opère plus, c’est comme les albums de Tintin, je les aime encore, mais je crois bien que ça n’est plus pareil, plus pareil ! On voyait aussi les deux nigauds Abott et Costello, un hersatz de Stan et Oliver ! Bien sûr des films de cape & d ‘épée.

La séance achevée, on rentrait avec les fesses tannées, parce que je ne vous l’ai pas dit, mais pour 12 balles, nous n’avions droit qu’aux banquettes des trois premiers rangs. En bois les banquettes, en bois ! Pour les fauteuils rembourrés, c’était plus cher.

A peine rentrés, on refaisait le Far–West ou les trois mousquetaires sans Milady - à cet âge-là rien à foutre des filles, surtout pas dans nos jeux ! On jouait jusque cinq ou six heures et puis nous rentrions, un peu tristounets : le lendemain, y’avait école, BEURK !!!!

dimanche 21 octobre 2007

Saoul-FifreVisages

Sept heures du matin. Autoroute du rove, entre chiens et loups. J'entame la plongée vers Marseille, la baie est féerique à cette heure là, avec ses milliards de lucioles montant à l'assaut des collines de la ville.

Contraste entre cette garrigue désertique des hauteurs de l'Estaque tant de fois brûlée que les chèvres n'y trouvent plus de quoi nous redonner ce goût corsé qu'avaient leurs brousses, entre ce paysage magnifique et désolé de blocs éboulés, gardiens inutiles de barres rocheuses imprenables, et cette baie civilisée à outrance que je domine pour l'instant, ces grands ensembles, cette Joliette qui fourmille de cargos, de grues, de hangars, cette ville aquatique dans laquelle je descends en apnée.

Je fais durer le plaisir de l'immersion. Ha les radars ne me flasheront pas. En face de moi la Bonne Mère, érigée comme un téton au bout d'un des seins les plus fiers de sa ville. À ma droite le prisme salé des vagues me renvoie la lueur de l'aube en milliers de clins d'yeux salaces. De grandes falaises se trempent le bout des pieds, des îles nagent au large.

La 4 voies aérienne glisse au niveau des fenêtres des bureaux dans les grands hangars rénovés de leur Euroméditerranée, paradoxe politique de béton. Wooff, une brève coulée sous un tunnel et la route émerge dans la lumière le long de la forêt de mâts du Vieux Port. Le collectionneur d'absinthes cuve encore sa nuit sous les arcades. Les poissardes font des vocalises en attendant le retour de la pêche de leurs pescadous. Le cœur de la ville bat sans tension avant l'ouverture des commerces. La rue de la Grande Synagogue est bien pratique pour me mener à destination : la rue Paradis est en sens unique, mais dans les 2 sens, tout un symbole ! Il faut avec doigté l'appréhender par le milieu et là seulement, en l'enfilant à la descente ou à la montée, atteindre enfin son but.

Le mien était le consulat, petit morceau de terre officiellement algérien dans ce port tellement porte du Maghreb. Je serrais contre moi un peu plus qu'il n'est décent la chemise qui contenait les précieux originaux demandés pour l'obtention de nos visas.

Le visa... Je te veux si tu veux de moi..., chantonne-je nerveusement.

Je ne suis sorti que 2 fois d'Europe, et les 2 fois c'était en Algérie. Cette fois-ci est particulière : Al Qaïda a appelé récemment à l'épuration des espagnols et des français persistant à rester impudemment en terre maghrébine, et j'y emmène pour faire bonne mesure mes 3 enfants curieux de voir de visu de visa l'écrin où est né leur perle de père.

La salle d'attente du consulat est le dernier endroit où l'on cause.

Un vieux chibani de 66 ans défend les vertus du système de retraites français : ça fait 50 ans que je suis en France, j'ai travaillé plus de trimestres qu'il en fallait et je touche plus à la retraite que quand je travaillais. Ceux qui vous disent qu'il y a des abattages (abattements ?) pour les immigrés, il faut pas les écouter, ils ont que de la bouche. Ma femme est française, moi j'ai jamais fait la demande. D'accord je peux pas voter. Et après ?

Deux jeunes veulent se marier. Il manque au fiancé 2 témoins pour certifier qu'il est bien célibataire. Deux inconnus (dont un barbu à robe blanche) recrutés au rez-de-chaussée feront l'affaire.

Un couple mixte, d'un certain âge, part en vacances à Alger, ville du mari. Il la regarde d'un air concentré remplir les demandes. Je devine du respect dans son regard.

Une beurette l'air effronté rentre dans le bureau alors que c'était mon tour (avec ticket probatoire et tout) et me lance : C'est juste pour un renseignement !. Elle ressortira un 1/4 d'heure après.

L'employée est très consensulaire. Elle me tend une des fiches et me dit : Votre fils n'a pas signé. Je blêmis, je le sais foutre bien : il n'est pas encore de retour, son passeport non plus n'est pas signé. Je saisis la feuille, gribouille ses initiales au culot et elle la reprend, imperturbable, pour l'agrafer à sa liasse. La France elle est dehors, sur le trottoir. À ce comptoir, je suis déjà en Algérie. Il ne manque plus que quelques photocopies et la machine est en bas. 20 cts la feuille, c'est cool, non ? Mon dossier est complet, j'aurai nos visas demain. Rue Paradis, je vérifie mes papiers. Nom de dieu, j'ai laissé le Livret de Famille dans la photocopieuse ! Je cours, mais un barbu et sa femme en burkha (ce sera la seule que je verrai ainsi, avec la vraie burkha afghane) me barre l'accès au sas d'entrée. Je tente une manœuvre de contournement du fantôme marron en m'excusant et en rentrant le ventre pour ne surtout surtout pas l'effleurer. Le portier m'enfonce d'un Monsieur, ces personnes sont avant vous !. Je pleurniche : Mais j'ai oublié mon Livret de Famille dans la photocopieuse. Le fond est atteint. Un garde qui m'a à la bonne depuis mon entrée ici, qui m'a guidé plusieurs fois, me pousse : Vous pouvez y aller, Monsieur. L'autre s'écrase et j'accélère pour récupérer mon bien déjà dans les mains d'un candidat photocopieur.

Je crois bien que ceci est à moi. Tous les présents sourient gentiment.

Si je perds le Livret de Famille, ma femme m'arrache les yeux !. Les rires explosent.

jeudi 18 octobre 2007

Tant-BourrinLa couleur de l'amour

Petit jeu : ami(e) lecteur(trice), toi qui es si perspicace, sauras-tu deviner lequel de ces Oui-Oui est le vrai, le seul, l'unique doudou adoré de Tant-Bourriquet ?

samedi 13 octobre 2007

Saoul-FifreDeuxième famille

Nam' nous a fait monter les larmes aux yeux avec cette belle fiction si peu fictive qu'elle a publié sur son propre Skyblog. Nam' est une des amies "à la vie à la mort" de notre fille Zoé et à ce titre, fourrée assez souvent à la maison. La vraie famille de Nam' est une tout ce qu'il y a de chouette famille mais l'enfance exige de grandes ailes pour planer sur sa liberté.

Alors Nam', qui a rencontré un Tahitien, rêve d'un grand voyage de l'autre côté de la Terre. Elle a 14 ans et s'imagine à l'âge de 18 ans, majeure, à la veille de la belle envolée...

Je n'ai rien lu de plus beau depuis un sacré moment alors je lui ai demandé la permission de publier ici son poème en prose, pour vous en faire profiter, même si certains rustres auxquels je pense ne méritent pas autant de finesse et de pureté.

Ce texte se trouve catégorisé dans "La vraie vie" car le rêve fait partie intégrante de la Vie.

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vendredi 5 octobre 2007

Saoul-Fifrelorent le magnifique

À chaque fois qu'un nouveau gibier tombe dans les rets de Blogborygmes, le processus est le même : envoi de photos pour que Zoé fasse l'avatar qui s'affiche en haut du billet pour indiquer qui est la ou le rédactrice/teur, explications techniques pour la rédaction du dit billet dans l'interface Dotclear , comment mettre en ligne les photos, les MP3, enfin quoi : apprivoiser la bête.

Cette fois-ci, Zoé était de mauvais poil (non, pas possible ?) et la procédure fut légèrement revisitée.

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