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samedi 7 octobre 2006

Saoul-FifreSouvenirs, souvenirs...

Comme un garçon, j'ai les cheveux longs
Comme un garçon, je porte un blouson...

Mon père m'emmenait chez le coiffeur avec lui tous les mois, j'en ressortais la boule à zéro, mes amis avaient tous la même tronche que moi, nous n'avions pas la télé, et cette chanson de Sylvie Vartan que j'entendais sur Radio Paris (non, je déconne), au poste, me jetait dans de tels abîmes de perplexité que je n'ai jamais osé en parler autour de moi.

Je me souviens de mon premier scopitone, à 5 ans, c'était Retiens la nuit , Johnny avait vraiment l'air de l'amoureux transi devant son décor en carton pâte avec sa lune recouverte de papier chocolat et sa guitare... Pas de nanas à poils, ça c'est sûr. Peut-être une, en incrustation dans un cœur, en train de faire les mimiques de celle qui hésite ? En tout cas, c'était pas "sexe" pour un sou. L'autre avait sa gueule de gendre idéal et montrait qu'il savait se tenir. Pourtant je sais pas, moi, mais "Retiens la nuit", comme titre, ça m'évoque des trucs assez salés. Bon, c'était une autre époque, d'accord, mais si les filles baissaient souvent les yeux, ça devait quand même être pour voir si elles faisaient de l'effet au garçon, non ?

Je me souviens aussi de la première fois que j'ai vu la télé. J'avais 4 ans, ça c'est du sûr vu que c'était lors de mon premier voyage à Paris en Caravelle pour aller soigner le cancer de la gorge à mon père, que ma sœur était jalouse car mes parents l'avaient laissée en Algérie à la garde de la grand-mère. Ma mère m'emmenait dans un jardin à côté de l'hôpital. Le Luxembourg ? Les Tuileries ? Y'avait des vendeurs de cornets de marrons chauds. Alors les parisiens ? Vous en avez encore, de ces petits métiers, ou alors vous vous tapez les marrons de chez Faugier, froids, à même la boite ? La télé, c'était chez mon oncle. On voyait une machine à faire des confettis qui tournait, ça me fascinait. Et la chanson derrière, c'était Le poinçonneur des Lilas . Ils mettaient pas beaucoup la gueule de Gainsbourg, pour pas faire peur aux rares téléspectateurs, encore fragiles. Mon oncle disait à ma mère : "Mais regarde-le, ton fils : on dirait qu'il est hypnotisé ! Qu'est-ce qu'il peut bien comprendre ?" Sans comprendre, lui, que c'était ma future passion qui était en train de se construire.

Je me souviens aussi, même année, de la chanson Dis-lui que je l'aime de Richard Anthony. Pareil, j'entendais ça à la radio, et confondant sans doute avec Bab-el-oued, je chantais "dèl oué que ze l'aime comme un fou, dèl oué que ze l'aime... " en dansant le twist. Ma famille était pliée de rire. En gros, quand je regarde en arrière, on m'a toujours encouragé à faire le con, pas étonnant que je ne sois jamais devenu sérieux. Faut dire aussi, on a vécu des trucs durs, on avait BESOIN de rire. C'est nerveux, comme on dit, faut faire chuchoter la soupape de temps en temps. J'avais mon public bien en main. Je me souviens d'une amie à ma sœur qui pleurait de rire en écoutant mes histoires. Et bien sur, si y'en a une qui pleure, ça ne rend pas les autres tristes. Je l'ai revue 25 ans plus tard, tous deux adultes, elles s'est remise à pleurer rien qu'en me voyant. À cet âge, je leur disais que le soleil devait manger un paquet d'ampoules, pour briller si fort. Ou bien qu'il devait y avoir des marais "De Gaulle", puisqu'il y avait des marais "Salan"... J'avais mon petit succès. Et je voyais bien qu'ils n'attendaient que ça, que je leur sorte des conneries. Destin mon cul : ils m'ont fabriqué comme ça.

On chantait beaucoup chez nous. On chantait en voiture, devant un paysage, en bossant... On chantait Marguerite , par exemple ? Et comme on était bien élevés, et bien personne ne rajoutait à la fin :

Si tu veux faire mon bonheur...
Marguerite, donne-moi ton cul !

Y avait pas vraiment intérêt, non plus ? Car l'humour de papa avait ses limites.

vendredi 6 octobre 2006

ManouLes 3 mousquetaires

Un beau samedi. Tout va bien, j’ai le mal de crâne habituel des journées de week-end et je fais une queue d'enfer aux trois mousquetaires. Devant moi un type fait la même queue avec un chariot hyper plein. Entre le type et moi se trouve une vieille dame. Elle peine à tenir son litre de lait à la main. Le type dépose tranquillement sa centaine d’articles sur le tapis roulant. Je lui glisse « Vous pourriez laisser passer la dame, s’il vous plaît » ? La trentaine exaspérée, il me répond d’un oeil mauvais « Si elle peut pas attendre comme tout le monde, la vieille, elle n’a qu’à pas venir aux heures de pointe ». Et toc, il continue à déposer ses articles. J’en reste bouche bée quelques secondes. Très rapidement mon rythme cardiaque s’accélère, et je commence à expliquer au type, plutôt pas calmement, pourquoi il est un sale con. Juste avant qu’il ne s’énerve, la caissière voisine appelle la vieille dame et lui dit « Venez, madame, passez ici ». La dame, tremblante d’être le centre du problème, boitille jusqu’à la caissière miraculeuse. Mon type, lui, ne se prive pas de ranger très lentement son caddy. Il met bien dix minutes pour payer. Je ne dis rien, je ne change même pas de caisse, mais je déroule mentalement toutes les tortures que j’aimerais lui infliger. Il part en me lançant un nom d’oiseau que je me garderai bien de vous répéter. Voilà.

lundi 2 octobre 2006

Tant-BourrinLe monde selon Tant-Bourriquet

Bon.
Inutile de barguigner.
Il faut se rendre à l'évidence.
Nous avons engendré un monomaniaque.

Je vous ai déjà glissé quelques mots, ici et , sur le léger penchant de Tant-Bourriquet pour son héros Oui-Oui.

Eh bien, sachez que cela ne s'arrange pas.

J'ai renoncé à tenir l'inventaire exhaustif des livres, vêtements et jouets estampillés qui envahissent la maison. Oui-Oui est partout, tout est foutu. Même la rue ne constitue plus un havre de paix : depuis quelque temps fleurissent des affiches pour un spectacle musical à venir au Casino de Paris. Oui, oui, vous avez deviné : il s'agit de "Oui-Oui et ses amis" !

Bref, Oui-Oui everywhere !

Et inutile de vous interroger longuement sur la vision Tant-Bourriquesque du monde qui nous entoure...


L'équipe de France de football cherche un successeur à Zinédine Zidane ? Tant-Bourriquet l'a trouvé...


Oui-Oui il va marquer, Oui-Oui il va marquer,Oui-Oui il va marquer !


Quel Président pour la France en 2007 ? Tant-Bourriquet a déjà la réponse...


Oui-Oui, un nouvel élan pour la France.


On passe la Joconde aux rayons X pour en détecter les secrets ? Tant-Bourriquet les connaît déjà !...


Un sourire étrange venu d'ailleurs...


Vous vous demandez d'où sortira le prochain chef-d'oeuvre cinématographique ? Tant-Bourriquet peut vous répondre...


Je ferai un domaine où Oui-Oui sera roi...


Bref, que cela soit clair une fois pour toute : le XXIème siècle sera un siècle de béni- ou ne sera pas.

dimanche 1 octobre 2006

Saoul-FifreCompte-rendu

Petite explication. Il est 1 h 15 du matin et je n'ai rien de prêt pour le blog et c'est mon tour de billet. On a été invité par des amis, pour tout vous dire, on était même invité à 2 endroits différents mais il a bien fallu choisir. Le repas fut particulièrement bien arrosé et j'espère que vous êtes sensibles à la graphie presque parfaite malgré mon état d'imprégnation avancé. J'ai un souvenir ému d'un armagnac de petit proprio de 1986, en particulier, mais les côtes de Blaye qui ont guidé notre repas, et le Lagavulin qui a initié le mien ne doivent pas être rejetés dans les tréfonds de l'oubli qui recouvre toutes choses. Bon. Ce titre ne veut pas dire que je vais me contenter d'un banal compte-rendu de repas. Non, vous méritez mieux et je ne mérite pas votre opprobe. D'accord, je ne sais pas écrire à l'avance et seul le premier jet, plein de sa naïve poésie, m'intéresse. Cette poésie a mis ce soir un genou en terre, elle a calé devant la vraie vie car, oui, il convient, même sur un blog, de ne pas oublier la vraie vie, et qu'est-ce qu'elle m'apprend, ce soir la vraie vie ? Et bien, elle s'impose à moi, à nous, car Margotte est là à côté de moi, qui pissons de rire à longs jets continus, à la lecture du mail de Bof...etc. Lui, vous le connaissez, c'est un commentateur de choc fidèle de notre blog, je lui fais depuis de longs mois des appels du pied pour qu'il rejoigne notre équipe de choc, mais là, j'en ai marre d'attendre sa réponse et j'ai sous les yeux un délicieux mail qui me parait tout à fait billetoïde et je ne fais ni une ni deux, et je le publie sans son autorisation. Sans craindre nullement d'éventuels cris de gorets. D'aucuns diront que son texte mériterait plus amples explications. Je ne suis pas d'accord : je trouve qu'il se tient debout tout seul.

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jeudi 28 septembre 2006

Saoul-FifreVinaï II

Ce soir j'ai pas plus d'idée de billet que de poils sous les bras et de valises sous les yeux le jour de ma naissance. Autant dire peu. Alors je vais foutre la frousse à Matthieu en vous racontant mon week-end dans un bled paumé de chez isolé. D'ailleurs la commune mitoyenne (mais il faut passer une frontière et changer de pays) s'appelle Isola, je n'invente rien. Isola, l'ami Georges a insisté pour nous y faire monter. On était dans un putain de brouillard, enfin, dans un brouillard, on y voit un peu mais là, on barbotait plutôt dans une soupe de pois cassés froide et Monsieur voulait en sortir par le haut, émerger du nuage, se la jouer Saint-Exupéry, le courrier meurt mais se rend à l'adresse indiquée... Résultat : trempés jusqu'aux os par le brouillard, t'as déjà vu ça ? On a rien vu. Sur un panneau touristique, il y avait un poème à la gloire de Fausto Copi. Il fallait se mettre à 10 cm pour le lire. À un moment, notre hôte, tout fier de nous faire visiter sa belle région d'origine, nous dit :

- Regardez le lac !

- Quel lac ?

Ha effectivement, en s'accroupissant, on pouvait entr'apercevoir qu'il y avait de l'eau juste à nos pieds. Heureusement qu'il nous a prévenu, on allait glisser dedans ! Ha la beauté surnaturelle d'un lac de montagne ourlé de sa brume diaphane... Bon, passons. Le retour en bagnole fut stressant. On ne savait pas si on était à droite ou à gauche de la route, mais on savait qu'elle était bordée de précipices. D'aucuns exprimaient avec force leur motivation à terminer les 30 bornes restantes à pied. Les phares d'un camion s'allumèrent brusquement droit devant. Il nous esquiva avec élégance sur notre droite. Nos repères spatiaux se précisaient : nous mordions légèrement beaucoup sur la voie adverse et le précipice était donc un poil supplémentaire à notre gauche puisque le camion n'était pas tombé dedans. Après ce bref instant de folie britannique, nous tînmes le plus possible notre droite. Nous dûmes guetter pendant 15 kilomètres "un chemin sur la gauche", pour aller rendre visite à un membre de la famille. Georges avait du mal à nous aider dans notre recherche car la dernière fois qu'il avait vu sa cousine remontait à 10 ans et il faisait nuit. Après être passé 3 fois devant, nous en primes un au hasard et il se trouva que c'était le bon. Le bon vrai gros bien dilaté trou du cul du monde. La ferme d'alpage estival du berger et de sa famille. La saison se terminait, d'ailleurs. Le troupeau de 200 vaches redescendait lundi dans la vallée pour prendre ses quartiers d'hiver, avant les premières neiges. Nous allions rater ce spectacle hallucinant que la cousine nous décrivait avec ses mots émouvants :

- Quand je leur accroche la cloche du retour, mes vaches, on dirait des personnes. Elles savent. Elles sont contentes de revenir au village...

Bien qu'avec ce brouillard opaque à la con, le spectacle eut été surtout olfactif et auditif ? Enfin, à un jour près, nous sommes passé à côté de cette déshumance bovine. Pour nous consoler, nous lui avons vidé son stock de fromages et de saucissons, à des tarifs carrément tiers-mondistes d'avant-guerre, et l'avons écouté nous raconter sa vie ici, dans un français lettré et sans accent. C'est une turbine branchée sur une canalisation forcée, alimentée par une source, qui leur fournit l'électricité qui fait trembloter la lumière de l'ampoule, tourner le compresseur du frigo et la machine à traire. Elle est la seule femme ici, à s'occuper de son mari, de toute l'équipe de bergers, de la fabrication des fromages, des cochons, de la vente aux touristes, et comme cela lui laisse visiblement un max de temps libre, elle fait gîte rural et reçoit des bandes de 10, 12 enfants citadins ! Farniente est un mot d'origine italienne.

Le matin également, avec les bancs de brume au fond des vallées, il fallait aiguiser son regard pour voir les cèpes pointer sous les feuilles. La température frisquette, en revanche, rendait la montée vers le fort, fort agréable. J'ai déjà parlé de la beauté de l'utile. La richesse végétale de ce vallon me comblait de ses fruits : châtaignes, noix, noisettes, les plus gros cynhorodons que j'ai jamais vu, et des champignons, bien sûr. Cerise sur le gâteau : nul insecte et son cortège d'agaceries car le coin regorgeait de belles amanites tue-mouches, dans leurs robes rouges à pois blancs.

Une éclaircie inattendue me permit de prendre quelques photos non sépias, et nous pique-niquâmes en tout bien tout honneur sous l'église dédiée à Santa Anna dont la spécialité est la protection rapprochée des gros bourrins à la vue basse et à la vitesse excessive. Efficacité corroborée et prouvée statistiquement par les 2 murs d'abside de l'église couverts d'ex-votos jusqu'au plafond. Le fait qu'on ressorte indemne d'un accident de vélo contre un arbre ne me subjugue pas vraiment, ça m'est arrivé plus d'une fois, mais cela montre simplement que toute l'aide que nous prodigue Santa-Anna n'est pas encore répertoriée de manière exhaustive.

En attendant les filles (comment venir en Italie sans prendre le temps de renouveler bottes et bottines de ce cuir inégalé ?) nous préparons les braises avec un fagot de mort-bois glané en faisant les champignons, faisons chauffer la fine lauze et y faisons griller diverses saucisses. Salades, gros rouge qui tache pour nous, Champagne pour les filles, puis petite sieste bien méritée, le tout en se repassant les jumelles pour regarder et entendre les marmottes s'amuser, siffler et se goinfrer avant de plonger dans leur long sommeil hibernal.

Le soir, après cette sombre et désastreuse virée au cœur du gigantesque cumulo-nimbus qui englobait tous les sommets des Alpes du Sud, nos guides agréés nous emmenèrent dans un resto tenu par 2 frères guides de chasse en montagne. Onze plats. Sans compter le café-Fernet-Branca de Georges, ni mon café-génépi. Avec une soupe d'un autre monde, des herbes de montagne, du cerf, des cèpes en papillotes, de la polenta avec des tas de viandes, de sauces, des fromages qui cherchaient à s'échapper, des gâteaux qui croulaient sous la crême...

Et pour faire glisser tout ça, des cascades de leur vin pétillant juste ce qu'il faut...

mardi 26 septembre 2006

Tant-BourrinUn bien étrange colis

Jeudi dernier, il m'est arrivé une bien étrange aventure. Un gros paquet a été livré chez moi. Avec un nom d'expéditeur que je ne connaissais pas.

Photo prise au téléobjectif à l'abri d'un épais mur de béton

Bon, vous commencez à me cerner et vous savez que je ne suis pas homme à me laisser impressionner par la peur de l'inconnu. C'est pourquoi, après avoir mobilisé les pompiers, la police, l'armée, les services du contre-espionnage et provoqué l'évacuation de 20000 personnes dans un périmètre de 800 mètres autour de mon logement, j'ouvrais sans ciller ledit paquet.

Et là, je fis de grands yeux tout ronds. C'était en fait la caverne d'Ali Baba que je venais d'ouvrir : devant moi s'étalait une foison de merveilles.

Mon oeil fut attiré par une carte postale "Portes ouvertes au Conseil de l'Europe" qui trônait sur le tout. Je la retournai et... je compris tout !

Je me remémorai soudain cette faiblesse, quelques mois plus tôt : après des années de résistance forcenée, j'avais fini, un soir de désespoir où j'avais bu un verre de Champomy de trop, par céder à l'appel des sirènes du filet garni et donné mes coordonnées. Le temps avait depuis passé, chassant dans les couches neurologiques profondes ces souvenirs honteux.

Et voilà que sur cette carte que je tenais entre mes doigts désormais tremblants, j'avais une authentique dédicace du Maréchal-Président à Vie, Anténor himself ! Le nom inconnu sur le paquet était son vrai nom de la vraie vie, et toutes ces splendeurs entassées dans le paquet constituaient un véritable filet garni maréchal-présidentiel !

C'est Byzance !

Une énorme boule d'émotion dans la gorge, j'en dressai l'inventaire pour l'édification des générations futures :

  • un sachet de levure chimique Alsa
  • un sachet de sucre vanilliné Alsa
  • un sachet de Riewele Supp à l'alsacienne
  • un paquet de spätzle d'Alsace
  • un paquet de pates alphabet Hochzeit Nudeln
  • une flasque de Cognac
  • 6 bougies père Noël
  • un poivron
  • une éponge grattante
  • un livre de Marc Lévy
  • un gros smiley jaune qui produit de la chaleur quand on tord la petite pastille à l'intérieur
  • un vache verseuse pour servir le lait
  • une attache pour feuilles perforées
  • un petit pot de confiture de coing
  • un petit pot de confiture de quetsche
  • deux pastilles d'Omo
  • un filet pour lessive
  • deux coquetiers
  • un dépliant "10 questions réponses sur le don d'organes"
  • un dépliant touristique sur le Fort Carré
  • un pot de sel au gingembre et au thé vert
  • un gant de plastique
  • 7 mini-Mars

Voilà. Je laisse le soin aux exégètes de trouver les messages subliminaux cachés dans ce filet garni confectionné avec tant de délicatesse. Pour ma part, je me contenterai de lancer un énorme...

"Merci Anténor !" :~)

dimanche 24 septembre 2006

ManouAcceptation et Paic



Dans la mesure du possible, j’avais préparé un billet humoristique. Ce soir je ne suis pas d’humeur. La santé chancelante de mes parents me rapproche de leur fin. Comme de la mienne. Je me sens dépassée, inutile face aux études de mes enfants. Je n’ai plus les connaissances. Au mieux, je leur donne des techniques d’analyse, de synthèse. Je relis.

Ni la démarche de ma mère, ni la respiration de mon père ne s’amélioreront. Ma peau s'adoucira. Mon corps suivra de plus en plus péniblement le rythme des entraînements sportifs. Signe d’acceptation, je me foutrai de ne pas arriver où j’arrivais hier. On dit, travaillons la précision au lieu de la vitesse. On dit que la compréhension remplace l'instinct. On triche. Evidemment. On ment. On dit : maturité, sagesse. On dit ça. Et ce soir je me dis résignation.

Enfant, je comparais mes souvenirs à des diamants intacts, impérissables, purs. L’impermanence de la pensée, les recompositions subjectives des évènements me semblent tellement naturelles à présent. Rien n’est vrai. Rien ne dure. Nous ne sommes ni ange ni démon. Il n’y a que la vie. Dans une centaine d’années mes yeux et ceux de tous les miens seront fermés.

Pourtant demain j’aurais encore envie de me lever, de laver la salade, de toucher, d’écrire, de marcher. Demain, j’aurais encore envie de vivre. Peut-être davantage. De toute façon, demain il faudra racheter du Paic.



Du coq à l'âne, je vous fais profiter d'une citation qui avait ébranlé mes diamants d'enfance. Les dernières phrases du livre de Jacques MONOD - Le hasard et la nécessité - :

L'ancienne alliance est rompue; L'homme sait enfin qu'il est seul dans l'immensité indifférente de l'univers d'où il a émergé par hasard. Non plus que son destin, son devoir n'est écrit nulle part. A lui de choisir entre le Royaume et les ténèbres.

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