Blogborygmes

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mercredi 8 août 2007

Tant-BourrinLe code de la mauvaise route 2, le retour

Certains, à l'époque, avaient cru que je plaisantais dans ce billet.

Eh bien, non : il existe bel et bien un code de la route pour les gens normaux et civilisés (on va dire les citadins pour faire court) et un code de la route en zone rurale (c'est-à-dire chez les bouseux).

Oh certes, la conduite automobile en zone rurale n'est pas toujours aussi dangereuse qu'elle peut l'être dans les abords de la ferme de Saoul-Fifre (là, c'est le cas extrême), mais il n'empêche : dès que l'on dépasse les limites de nos lumineuses cités, on découvre des trucs zarbis...

Tenez, on va se mettre dans les conditions de l'examen du code de la route, mais au lieu de répondre à quarante questions, vous jouez tout sur la question qui suit. Répondez en votre âme et conscience, et ne lisez la suite de ce billet (qui contient la bonne réponse) qu'après...



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mercredi 11 juillet 2007

Saoul-FifreDeux petits lutins sont venus ce matin

Notre fille, c'est le désordre fait pré-ado. Elle représente une espèce de must dans le genre. Bon, nous, ses parents, nous ne sommes pas en situation de lui faire la morale à ce sujet. Le bordel, on connaît, la poussière est notre amie, l'araignée notre auxiliaire de démouchisation, et quand on passe l'aspirateur, la sécurité se met toutes les 3 minutes. Non aux cadences infernales, le droit de grève des avale-poils de chiens n'est pas négociable !

On n'est pas organisés, pas sérieux, pas obsédés de l'hygiène, mais sa chambre à elle ? Sa chambre !!! Même moi, je suis dégoûté quand j'y rentre. D'ailleurs, c'est pas évident d'y rentrer, on voit pas le sol, recouvert de cédés, de petites culottes, de dessins froissés, de peluches, de chaussettes, de sacs, de livres scolaires, enfin : une liste à la Prévert, mais par terre...

On voit pas les murs non plus, scotchés de filles et de garçons découpés dans les magazines ou les catalogues. On va me dire que c'est de son âge (j'attends de pied ferme le com' défenseur de l'enfance de Freefounette q:^) mais ça fait pitié, quand même ? Le paradoxe étant qu'elle est très attachée aux apparences, qu'elle nous squatte la salle de bain tellement qu'on dirait qu'elle l'a louée du lever au coucher du soleil, mais qu'elle ne fait aucun rapprochement avec le vomi-look de sa carrée.

L'autre jour je lui dis : "Mais quand tu reçois tes copines, t'as pas honte de les faire rentrer dans ce cloaque ?" (Oui, si elle n'a pas d'ordre, elle aura au moins du vocabulaire) et elle me répond : "Fais ièch, lâche-moi la grappe, tu m'casses les couilles, papa..." avec cette élégance si féminine que je lui envie si fort... Je me sens donc obligé de lui préciser que je ne lui ai pas demandé de philosopher en langage SMS sur le mal de vivre de la jeunesse rabrouée, et lui enjoins derechef d'aller ranger sa tanière, sous astreinte de nombreuses heures d'interdiction de se connecter à MSN.

Elle s'enferme dans son trou à ordure où chante une cafetière en claquant la porte de toutes ses forces sur le pauvre chambranle qui ne lui a rien fait. Potentiomètre à fond. Une heure plus tard, je jette courageusement un œil, il y a un léger mieux dans l'ordonnance générale, mais en me penchant, je découvre les anciennes strates d'objets simplement plissées sous les meubles. Je lui annonce qu'elle a échoué à son examen de bonne ménagère mais qu'elle est admise au repêchage.

C'est la fin de la matinée, ses amies débarquent comme d'hab pour un séjour à la durée aléatoire, et je range moi aussi mes velléités d'éducation. L'après-midi, je vois avec plaisir qu'un chantier fébrile a envahi la maison et que son foyer d'activité est concentré autour de la chambre de Zoé. L'aspirateur joue du hard, les sacs poubelles valsent et les balayettes ont la danse de Saint-Guy. Zoé me met d'autorité 4 gros sacs-poubelles dans le fourgon, à descendre au container : la pièce ressemble presque à un intérieur japonais, la zen-attitude a envahi l'espace.

Ce que je n'aurais jamais réussi à obtenir, les copines y sont arrivées. Et elles ont laissé en partant, punaisés au mur, à hauteur de regard :

les 11 commandements d'une chambre

Mais quelle est la durée de vie des bonnes résolutions ? En tout cas, les 2 lutins, là, elles sont invitées privilégiées à temps complet, si elles veulent !

L'adorable chanson qui a inspiré le titre est

lundi 2 juillet 2007

Saoul-FifreLe petit dernier

Étant le plus jeune d'une famille de 6 enfants, 3 garçons/3 filles, j'ai eu droit à un statut un peu particulier : 1/3 couvé, 1/3 badé et 1/3 moqué.

Faut dire que d'entrée de jeu, j'ai attrapé toutes les maladies qui traînaient, le genre de problèmes qui font s'assombrir la gueule des docteurs, on voit clairement qu'ils pataugent complètement, on comprend qu'ils ont sauté tous leurs cours et qu'ils ont eu le diplôme par piston et là, sur ce cas précis, ben ils ont pas la plus petite idée de ce qu'il faut faire, donner comme médoc, couper comme organe inutile... Instinctivement, ils ont envie de prendre ce gosse par les pieds et de le secouer en espérant un bon choc psychologique qui remettrait tout en place, mais ils sont un peu inquiets de la réaction de la famille réunie en cercle, attendant le diagnostic. Alors ils disent d'une voix blanche :

"Attendons de voir comment ça va évoluer..."

Bon, vous le savez puisque vous êtes en train de lire un de mes billets, mais j'ai envie de vous rassurer sans plus attendre : je ne suis pas mort ce coup là. Mais pendant des années, j'ai fait flipper mes parents, et par voie de conséquence, mes frères et sœurs, et même ma santé une fois consolidée, je suis resté "le petit", "le fissou", et on me surveillait comme le lait sur le feu, j'allais faire une rechute, j'allais me casser en 2 comme une brindille, après tout le stress que j'avais provoqué à la famille, ce serait dommage et du vrai gachis que je leur claque entre les doigts, après toutes leurs attentions délicates, quelle ingratitude ce serait de ma part, il fallait continuer les efforts, les soins et la surveillance.

Oui, je suis un ingrat, oui, je me sentais profondément brimé de voir ma liberté encadrée, bornée ainsi. D'accord, comme ma sœur aînée me collait aux basques en permanence, ça lui a permis de me sauver la vie une fois que je me baignais dans l'étang sans savoir nager, et que ma bouée s'était dégonflée. D'accord. Mais elle me l'a fait payer cher, ce sauvetage, en me le rappelant systématiquement et à voix haute, debout sur une table et dans un micro si ça lui pétait, à toutes les fêtes de famille. Quand on s'est marié avec Margotte, elle a repéré la sono, l'a squattée pour nous narrer à nouveau l'anecdote, et a conclu son discours en disant qu'elle m'appelait "petit Saoulfifre" pour la dernière fois. J'avais trente ans, ça m'a fait plaisir.

Et tenez, je suis tombé sur un tas de cartes d'anniversaires de la famille. Oui chacun se fendait d'une carte personnalisée. Moi, je les fabriquais généralement, mais les nuls en Arts Plastiques ou les fiers achetaient des modèles du commerce. Voici un exemple de la prose pondue par cette sœur aînée, particulièrement "poule couveuse" (j'avais 12 ans, Toto était notre chien et Mémère, notre grand-mère) :

Cher petit Saoul-Fifre, Tu m'as souvent écrit des gentils mots qui m'ont fait très plaisir. C'est très gentil de me donner des nouvelles de Toto, mais je vois que tu es toujours méchant avec les animaux. Et tu dois être bien content que je ne suis plus derrière toi pour t'empêcher de les embêter.

Objection, votre honneur ! Ma sœur fait allusion aux tests de QI pour dindes que je mettais au point, dans ma soif de connaissance du monde animal. Rien que du scientifique éthique !

J'ai beaucoup apprécié ta façon de me souhaiter une meilleure année. Moi je te souhaite surtout une très bonne année scolaire. Tu as eu de bonnes notes ce 1er trimestre de 6ième. Mais tu peux certainement en avoir de meilleures encore. J'ai été très contente de savoir que dès le début, le lycée t'a plu et que tu t'es fait beaucoup de camarades. Je t'embrasse maintenant très fort. Continue à bien t'occuper de Mémère. C'est très bien.

Bon, j'avais quand même envie de hurler : "Mais de quoi, tu t'mèles, tu va m'lâcher la grappe, un jour". Ma seconde sœur a le ton plus naturel :

Cher petit Saoul-Fifre, (Encore !) Je te souhaite un très joyeux anniversaire pour tes 13 ans. J'espère que tu fais toujours des poésies aussi belles et je pense que tu as eu le journal du lycée où il y a ta première. Je t'embrasse bien fort.

Mais la même m'écrivait sans façons, l'année suivante :

À notre cher œuf, de grosses bises pour son anniversaire !

Sur la même carte, ma mère m'écrivait :

Heureux anniversaire à mon grand fils (Ha, quand même !?) pour ses 14 ans, avec tout de même, en réserve, un billet pour récompenser de bonnes notes... Gros baisers, Maman

Là, je sais pas si vous avez capté la carotte, mais je n'ai pas eu de billet. J'avais des notes catastrophiques, c'est l'année où j'ai redoublé, je venais de perdre mon père et Mémère coup sur coup... Le billet dont ma mère parle, "en réserve", c'est le billet qu'elle me donnerait si ma moyenne remontait. Un billet virtuel, en l'occurrence... Et ma 3ième sœur, 3 ans de plus que moi, brillante élève, toujours à m'asticoter, et sans doute ravie de l'engueulo qu'elle espérait me voir prendre, qui rajoute :

Gare au tape-cul à la maison !

Je n'ai pas retrouvé de cartes de mon frère aîné, mais j'en recevais, toujours dans le ton "travaille bien à l'école". Sarkozy n'a rien inventé. Et mon 2ième frère s'essayait à un ton un peu distancé, mais toujours avec cette obsession des études, alors que je n'ai jamais été scolaire pour 2 sous.

Cher Saoul-Fifre, je te souhaite un joyeux anniversaire pour tes 16 ans. Tu sais que ta lettre et tes cadeaux m'ont fait énormément plaisir. Je souhaite que tu gardes longtemps cette manière de voir les choses. D'après ce que me dit Maman, tu as beaucoup d'activités. C'est très bien. J'espère que tu continues à très bien travailler en classe, que tu fais du sport (notamment de la natation) et que tu es gentil à la maison. Je n'ai pas encore utilisé le pétard, mais je n'y manquerai pas. Je t'embrasse très fort.

C'était un pétard à faire exploser, que je lui avais envoyé, soyons bien d'accord, hein ?

Cher Saoul-Fifre, Je viens te souhaiter un joyeux anniversaire pour tes 17 ans. Et puisque j'y suis, je te présente mes Meilleurs Vœux (il faut bien liquider les vieux stocks) (c'était une carte de Nouvel An) J'espère que quand je ne suis pas là, tu t'arranges pour mettre de l'animation dans la maison, raconter des bêtises, faire des calembours toujours bien venus, mettre le sourire sur toutes les lèvres et qu'en plus tu travailles un peu (ne force pas trop si tu veux vivre vieux) J'espère que Maman ne te fait pas trop de remontrances (je ne voudrais pas que tu nous fasses un gros complexe). Pour te remercier d'être présent sur cette terre depuis tant d'années, je t'offre une raquette de ping-pong avec 6 balles qui se trouve quelque part sur un meuble dans la maison. Puis tu demandera à Maman de te donner 50 F sur mon compte. Je t'embrasse sur les 2 oreilles (ou joues, au choix)

Bon, c'est bien mignon, c'est gentil, tout ce qu'on veut, mais la famille, j'ai toujours trouvé ça assez lourd, trop présent. Alors par opposition, mes gosses, je leur ai peut-être un peu trop laissé la bride sur le cou ? On verra bien. Ça n'a pas l'air la cata, pour le moment...

dimanche 20 mai 2007

Saoul-FifreElle chantait avec une voix...

Valérie a débarqué ce matin avec ses bras pleins de mains, ses jambes pleines de pieds et sa bouche pleine d'exclamations, dans notre univers. Il y avait bien 2 ans que sa voix tonitruante n'avait pas secoué nos murs. Ma relation avec Valérie s'est toujours jouée sur ce tempo cyclothymique. Elle fonçait beaucoup trop vite pour moi, alors elle prenait de l'avance, se lançait à corps perdu dans des projets baroques, et puis, au détour d'une de mes pérégrinations lentes et philosophes, je la rattrapais : elle s'était arrêtée un moment pour reprendre son souffle, arrondir un peu sa bourse ou rechercher le Graal : un homme capable d'apprivoiser la jument sauvage qu'elle était, qu'elle reste et restera.

Personnellement, je ne m'y suis jamais risqué. Son hyper activité m'impressionnait trop, mais, à petites doses, aléatoirement, j'adorais la laisser secouer ma timidité, faire les choix à ma place et me laisser porter par cette vague puissante venue des grands fonds, à qui peu de choses résistaient.

Nous nous sommes donc rencontrés en 4 ième. Contact uniquement auditif la 1ère fois, où elle administrait à sa classe (contiguë à la mienne), sans y avoir été invitée par son professeur, la preuve a capella qu'elle prenait des cours de chant lyrique et que ceux-ci étaient efficaces. Mes camarades se poussaient du coude en gloussant : "C'est Valérie M., c'est Valérie M..." pour répondre à mon regard questionneur et ébahi. Cette fille était le culot personnifié et faisait le désespoir des profs dont elle rendait inopérante la moindre velléité de reprise en main autoritaire d'une classe. Il fallait faire avec, d'autant plus qu'au delà de son extravagance, c'était une excellente élève. L'année suivante nous vit côte à côte, en cours de latin, en totale complicité, à nous bidonner pour un rien. La pauvre prof, une vieille fille, noble de surcroît, était persuadée qu'elle était l'unique cause de nos fous rires incontrôlables, ce qui était péché d'orgueil de sa part. Elle convoqua ma mère pour la mettre en garde contre "mes mauvaises fréquentations".

Valérie me prit sous son aile de pasionaria de l'indépendance, et me fit partager ses vadrouilles fantasques. Ses parents et elle habitaient dans un sous-sol sombre, une véritable caverne d'Ali Baba, un magasin d'antiquités, un monde qui m'était extraordinaire, à moi qui débarquais de mon modeste Plouc-sur-Lidoire. Son père, un journaliste d'origine gitane qui avait fréquenté à Paris les milieux intellectuels, et sa mère, un petit bout de femme hindoue magnifique, de caste brahmane, m'accueillirent avec affection. Je crois même qu'ils caressaient le secret espoir que je "calme" leur boucan de fille, ce qui n'était pas vraiment mon but, fasciné que j'étais par sa liberté lancée au grand galop.

Plus que délurée pour son âge, elle employait un langage rien moins que châtié, cherchant peut-être à me choquer, tester les limites de mes défenses. Elle "sortait" avec des garçons plus âgés qu'elle, draguait les pions, mais quand elle avait besoin d'un accompagnant sécurisant pour ses plans délires, c'est vers moi qu'elle se tournait, sachant que j'étais toujours partant. Elle s'était acoquinée avec un couple d'éleveur de chèvres pour "apprendre le métier" (elle fut effectivement productrice de fromages quelques années plus tard), mais comme le mari "voulait la sauter", comme elle me disait, elle me proposa de venir avec elle. En effet le mec tordit le nez en voyant débarquer cet empêcheur de coucher en rond, cherchant à savoir quels étaient nos rapports.

Je lui aurais dit qu'ils étaient pétris d'admiration, de connivence, d'anarchie partagée, d'ouverture à tous les possibles, qu'il n'en aurait pas été plus renseigné pour autant. Non, entre Valérie et moi, ce ne fut jamais sexuel, sans doute parce que j'avais besoin qu'un projet global, d'un but à atteindre, d'une stabilité affective... Un sentiment amical, si fort soit-il, était insuffisant. Valérie était trop instinctive, trop fonceuse, trop envahissante, trop théâtrale... Nos 2 libertés se seraient entrechoquées.

Nous sommes d'ailleurs tombés d'accord d'avoir fait le bon choix, le choix de l'Amitié éternelle.

Elle assuma avec beaucoup de courage et de détermination son destin de montagnes russes, plein à craquer de drames, de rebondissements, d'accidents, de voyages, de déménagements en catastrophe... Elle accumule, son énergie vorace avale, assimile tout sur son passage. Elle fugua, fut rattrapée par ses parents, connut un mariage blanc arrangé qui dura 3 mois, telle une gentille mante religieuse, elle choisissait ses amours pour les jeter dès qu'ils "la faisaient chier", elle fut éleveuse de chèvres, potière, danseuse chez Béjart, prof de toutes les matières du monde, travailleuse sociale, artiste de cirque et j'en oublie, en Allemagne, en Italie, toujours avec générosité, montrant l'exemple de l'entraide partout où elle passait.

On ne s'est jamais perdu de vue. Certaines fois, l'enquête pour retrouver la bonne adresse, avec ces déménagements incessants, était longue. Mais une lettre arrivait, un coup de fil, et l'un ou l'autre traversait la France pour renouer le lien, redonner un coup de manivelle à l'Amitié.

Elle est toujours aussi allumée, elle ne sait toujours pas après quoi elle court, mais je la trouve apaisée, elle est avec le même homme depuis 16 ans (un gars sacrément valeureux, çui-ci q:^) !), s'entend bien avec sa fille...

Le temps et le courage ont rattrapé le bonheur. Je vous embrasse très fort.

lundi 14 mai 2007

Saoul-FifreOverdose

J'ai perdu mon père assez jeune, vers 13 ans. Je n'en ai pas fait une maladie car la situation présentait des avantages, dont je ne ne me suis pas rendu compte tout de suite d'ailleurs, et des inconvénients aussi, certainement, dont je n'ai pas plus pris conscience. J'en ai juste profité pour redoubler ma 4 ième, sautant sur cette opportunité et ce mot d'excuses tout trouvés. J'avais 1 an d'avance , ça ne prêtait pas à conséquence.

L'aspect positif d'une longue et cruelle maladie émerge surtout quand elle prend fin. Tout le monde pousse, ou ne pousse pas, se retient, un grand ouf de soulagement. Ha ben si, je regrette : la phase terminale d'un cancer généralisé n'est agréable pour personne. Surtout à l'époque, où l'espoir de guérison était strictement égal à zéro. Je dis bien zéro car les miracles, je sais pas si vous avez remarqué, les cancers généralisés n'y ont jamais droit.

D'ailleurs, mon père n'avait droit à pas grand chose : la thérapeuthique, en 69, c'était la morphine, et on attendait qu'il meure. L'hôpital l'avait renvoyé dans ses foyers, et c'est ma mère qui lui faisait les piqures. Bon, le malade, à moins de beaucoup aimer la morphine, et adorer souffrir énormément, j'imagine qu'il est pressé que tout ça s'arrête ? Les docteurs, au téléphone, je suppute qu'ils avaient légèrement honte, eux dont le boulot est de guérir, et qui ne pouvaient que soulager, et si mal ? Augmentez les doses, si vous voyez qu'il ne peut plus supporter la douleur.

Euphémisme.

Les râles, les plaintes, comment peut-on les supporter, alors que les docteurs ne laissent pas le plus petit espoir ? Quand ? Jusqu'à quand cette vie va t-elle s'accrocher, qui se résume à des sursauts de lucidité de plus en plus courts, à des tensions dans un corps pantelant ? Peut-on appeler ça une vie ?

Hypocrisie.

Lâcheté de l'Homme face à sa mort et à celle des autres. Le débat actuel sur l'euthanasie ne ressemble à rien. Le comité éthique est bourré de religieux, évidemment, ils gagnent leur paradis avec la souffrance des autres, le martyre, ils en reprennent 2 fois au dessert, c'est leur pêché mignon.

Ce serait notre klebs qui se répandrait sous lui sur une serpillière, incapable de bouger, abandonné par le véto, avec son regard fiévreux, suppliant du fond de son enfer, le premier visiteur venu nous crierait :

- " Mais vous n'avez pas honte de lui laisser vivre ce calvaire, achevez-le, faites quelque chose, faites-le piquer, c'est atroce, vous n'avez pas une once d'humanité ?"

Mais si c'est un être humain, niet. Même s'il supplie, s'il demande la mort, s'il écrit un livre pour exiger la mort, le rappel à la loi tombe, sans subtilité, comme une lettre circulaire :

- "Votre mort ne vous appartient pas, en fait vous n'avez pas vraiment, profondément, envie de mourir. Vous souffrez juste d'un déficit momentané d'envie de vivre que notre spécialiste en bonheur va vous combler en 2 temps, 3 mouvements."

Ma mémoire me ramène à la surface des images, des visages, depuis très loin en arrière, jusqu'à mes 2 ans. Mais j'ai complètement occulté cette période où mon père était grabataire, mourant, chez nous, avec nous. J'imagine que c'était une situation un peu too much pour mon jeune âge. Il m'en revient des bribes : Maman l'avait installé dans ma chambre, mais je ne peux dire où on m'avait mis. Dans la leur ? Il ne fallait pas faire de bruit, "pour qu'il se repose".

Avec le recul, et me rappelant son intransigeance et son perfectionnisme, son esprit de famille et ses exigences morales, plus que la douleur qui progressait dans ses os, c'était de nous abandonner derrière lui, d'abdiquer ainsi ses responsabilités de chef de famille, qui lui devait être atroce.

vendredi 11 mai 2007

Saoul-FifreHumeurs

J'étais raviravi que Manou propose une journée de congé blogborygmeux vu que j'étais sec de chez poussière du désert, à pas pouvoir aligner 2 mots. J'ai commencé à écrire "Il..." mais sans pouvoir aller plus loin.

Ça m'arrangeait, donc.

Mais ça ne changeait rien à mon gros problème : le foin ne s'est pas vendu cette année. Mon hangar est encore à moitié plein et le foin nouveau débarque. Je dois pouvoir faire de la place pour la première coupe, mais ensuite la situation est bloquée.

Oui mais mon amie la plus ancienne, ou l'une des, on se connaît depuis la 4 ième, s'est annoncée avec son copain pour le week-end de l'Ascension ! Et ça, c'est une bonne nouvelle, et rare, car elle mène une vie speedée d'hyperactive et travaille même pendant ses vacances, alors je prends ça comme un honneur.

Par contre, c'est dingue Calune a essayé de m'affubler d'un surnom ridicule en insistant lourdement pendant 2 ou 3 mails, et de la voir s'offusquer de "la Calune", comme l'appelle Bof, ça me fait tout drôle. 2 poids, 2 mesures q:^) ? Bon, c'est vrai que "la Marrrie", en roulant les R et en les mouillant, ce n'est pas trop valorisant, mais faut voir le contexte : "la Jeanne" de Brassens, ne rabaisse pas du tout son héroïne, "la Marie-Jeanne s'est jetée du haut du pont de la Garonne", c'est émouvant, prenant ? "L'Aziza", c'est mignon, aussi ?

Bon, d'accord, notre chèvre Aziza, on se permettrait pas de l'appeler "L'Aziza", nos animaux, on les respecte q:^) !

Mais ensuite on a eu la visite d'un voisin chargé de cartons bourrés de vieux Inrockuptibles et de vieux Raggas ! Sympa le cadeau. Et puis aussi un livre de De Caunes et Algoud, ça ne se refuse pas, c'est cool.

Ce qui fout les boules, en revanche, c'est que j'ai pas retrouvé mon mâle canard en revenant de congé. J'en avais plein, tant, que j'en ai donné, qu'on s'est goinfré avec, et puis l'erreur : t'en gardes qu'un et un chien te le bouffe.

À l'inverse, j'ai désormais le sourire car j'ai modifié le branchement électrique du forage. Désormais, pour ne pas qu'il prenne la foudre, je le débranche de l'intérieur de la maison, alors qu'avant, il fallait que je sorte de nuit, sous la pluie torrentielle, les éclairs et les coups de tonnerre. Ya du mieux.

Mais les glandes, les vraies, les grosses glandes, probable que l'aut' Zébulon à ressort , l'aut' nain de cour monté sur trampoline (Merci Loïc) ou celui qui est prèze à la place du prèze , ne soit pas innocent de leur ampleur...

En Mai, chante ce qui te plaît, ben là, c'est du blues.

lundi 7 mai 2007

Saoul-FifreVue de mes chiottes

Vous savez comme c'est dur de trouver régulièrement un sujet de billet, ou si vous ne le savez pas, vous vous en doutez. À part Bof, qui trouve des idées comme d'autres trouvent des billets par terre, heu non, c'est l'inverse, le tout-un-chacun de base sue sang et eau devant la page glabre de son mot initial. Aujourd'hui, je ne me suis pas cassé la gargoulette, je me suis juste contenté de rebondir sur le billet de Manou, et je parle d'ailleurs sous son contrôle, puisqu'elle les a utilisés, nos chiottes.

Et après s'être dégagé les intestins, je suis sûr que, comme nous, elle a jeté un coup d'œil par le fenestron, et que cette vue dégagée a renforcé chez elle un sentiment de paix intérieure, de contingence accomplie et d'harmonie, d'appartenance au grand Cycle de la Vie.

Au centre de la photo, qui n'est pas très claire car le mistral fait trembler l'air, aujourd'hui, on aperçoit un château. Il se trouve que Margotte et moi avons mangé 2 fois "au château". Nous étions sur la grande terrasse, encombrée de bronzes monumentaux exprimant avec évidence une mégalomanie assumée, accoudés à la balustrade, et je dis au maître de maison :

- "Tu as une chouette vue, mais tu vois, on habite juste en face et la notre est plus belle car nous, nous voyons ton château..."

Il haussa les sourcils et me regarda d'un air mi-chou mi-raisin.

Il se demande sans doute encore si je me foutais de sa gueule.

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