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lundi 28 janvier 2008

AndiamoMa p'tite école

Huit heures moins le quart. Depuis le bas de l'escalier qui mène aux chambres, ma mère crie : "debout, c'est l'heure !" Je me lève, encore "ensuqué", descend, "b'jour m'man", bisou, le chocolat m'attend, bien chaud, le pain posé sur la table, je m'en coupe deux belles tranches dans le sens de la longueur, du beurre étalé généreusement, et je mâche consciencieusement, j'ai la dalle comme tous les matins.

Un coup de gant de toilette sur le museau, la brosse à dents pour le principe, je m'habille. Le vieux Godin ronfle bien, douce chaleur... Je lace mes galoches, laçage vite fait, pas d'oeillets dans ces pompes, des crochets ! J'enquille mon cartable, une "gibecière", pour avoir les mains libres.

Vachement esquintée cette gibecière ! Pourtant, chaque fin d'année, elle passait à la remise en état chez le "bouif", on ne gaspillait pas, ce sac c'était aussi un "de mon frère", la seule marque que j'ai eue étant mino.

"Au revoir m'man", re-bisou, je tire la porte d'entrée, le froid me pique le visage, la porte reste ouverte un petit moment. "Ferme vite, crie ma mère, je ne chauffe pas pour la rue !"

Après avoir descendu la volée de marches du perron, je me retrouve dehors. Le portillon ne ferme pas à clé, inutile à cette époque.

Je passe chercher un copain, histoire de jouer aux billes en chemin. Pour s'amuser tout en avançant, on faisait une partie de "tique et patte". Ce jeu consiste à lancer une bille, le copain lance la sienne, s'il touche la vôtre, il la gagne, par contre, s'il ne la touche pas, mais qu'entre sa bille et la tienne il y a une patte, c'est à dire la distance qui sépare l'extrémité de ton pouce de celle de ton auriculaire, c'est gagné !

J'peux te dire qu'on les a écarté les pattes, à s'en péter les jointures ! Ça permettait de jouer tout en marchant et de se distribuer quelques marrons quand y'avait contestation !

Nous arrivons devant l'école après être passés devant le déballage du brocanteur. Wah, tous ces trésors ! De la vis de trois en passant par le couteau Suisse un peu ébréché, le cheval à bascule tenant sur trois pattes, jusqu'au vieux vélo vachement bien rouillé, la caverne d'Ali Baba ! Plus loin, le charcutier. Chaque année, il édifiait un château de saindoux pour les fêtes de Noël, je trouvais ça vachement beau, le Michel-Ange de la charcutaille, le Rodin de la matière grasse, le Bourdelle de la cochonaille !

Un peu plus haut encore, la boulangerie, avec ses confiseries. J'vais pas parler des "mistrals gagnants" : à cette époque y'en avait pas encore ! Par contre, les rouleaux de "zan" avec la perle dragée au centre, rouge, verte, bleue, ou blanche, et les "couilles d'âne" - nous on les appelait ainsi -, c'était des confiseries à la noix de coco, une petite "chapelure" de sucre de différentes couleurs sur le dessus, elles se présentaient sous forme de boules de la grosseur d'une balle de ping-pong, vachement bon.

En face, l'herboristerie. Il n'y en a pratiquement plus. En entrant... le parfum : la réglisse, l'anis, le tilleul, la verveine... Quel bouquet ! Fascinants, tous ces bocaux en faïence, alignés, avec les plantes dessinées dessus, et le nom latin du contenu.

Nous, on achetait, rarement toutefois, un bâton de réglisse, c'était un morceau de bois de la taille d'un crayon, on suçait cette "racine", mélangée à la salive, la réglisse présente dans le bois, nous parfumait agréablement la bouche, ça n'était pas excellent, mais ça ne coûtait pas cher, et puis des petites esquilles se fichaient entre deux dents, alors à l'aide de la plume "Sergent-Major" on retirait l'intruse, puis on crachait copieusement.

Ecole JEAN JAURES, une petite pancarte, à droite de la porte, indique le nom de l'établissement. Deux corps de bâtiments : à droite, les filles, à gauche, les garçons, pas de mixité, années quarante obligent.

Une grande cour, plantée de platanes, toutes les classes en enfilade, pas d'étages. Pour accéder aux salles, un petit perron, quatre ou cinq marches. Au fond, le préau. En entrant, tout de suite à droite, le bureau de Monsieur le Directeur ! Ça ne plaisantait pas, t'aurais vu l'allure, kif-kif Basil Basaroff, le marchand d'armes dans Tintin "l'oreille cassée" tu veux la page ? Bon, la 33, feignasse !, copie conforme ormis le bada, mon Basil à moi portait un chapeau mou.

Tous les instituteurs possédaient un sifflet à roulette pour rappeler à l'ordre, au cours des récrés, le dirlo, lui, un sifflet en laiton, au son aigu et strident. Il sifflait le début et la fin des récrés, le début et la fin des classes, et ne laissait à personne cette prérogative. Quand il entrait en classe, debout, garde à vous ! Même l'instit n'en menait pas large : le patron c'était lui ! En cours d'année, il faisait même des contrôles de connaissances, histoire de voir si les enseignants faisaient bien leur boulot.

Fin de récré, coup de sifflet, tous les mômes STOP !, des clébards à l'arrêt, en rangs par deux, devant les classes, les distances, mais si, un bras entre toi et le voisin situé devant, un bras avec le voisin de gauche.

Avancez ! Nous montons les marches du perron et entrons en classe. L'odeur de la craie, du charbon. On se chauffait à l'aide d'un énorme poële, l'encre dans les petits encriers de faïence, inclus dans les pupitres à deux places, noirs, avec gravés au couteau, tous les noms des générations de cancres qui s'étaient succédés. A chaque extrémité de la salle, une porte vitrée ouvrant sur la classe voisine, en face, l'estrade, le grand bureau du maître, et derrière, le tableau noir.

Aux murs, des cartes immenses, les sympathiques, avec les noms des montagnes. C'est nous qu'on avait le plus haut sommet d'Europe na! 4807 mètres le Mont-Blanc (c'est nous qu'on : pas Français ? et alors...). Dans l'cul les autres pays avec leurs collines à la con ! Les fleuves et leurs affluents avec leurs jolis noms : Garonne, Loire, Rhône, Ardêche...

Et puis la carte vacharde, flippante, la MUETTE ! Plus rien, nada, le désert ! C'est où l'Allier ? Le Mont Gerbier des Joncs ? De quoi gerber, oui ! Ah putain, les engins de torture, j'le prenais quand il voulait aux osselets ou à tique et patte, ce con ! Il m'aurait d'mandé le blase du pote de Mandrake, illico j'répondais Lauthar ! L'ennemi juré de Pif le chien : Hercule ! Le traître dans Blake et Mortimer, sans hésitation : Olrik ! Ça j'savais, mais jamais d'interros sur des sujets intéressants !

La classe commençait par la leçon de "morale". Pas si con que ça, cette leçon, car l'instit lisait une petite histoire, de laquelle nous devions tirer une "morale", résumée en une phrase, que l'on écrivait sous la date du jour. Je pense que la journée commençait plutôt bien, une histoire, ça calmait les gamins, les assagissait, ensuite, arithmétique, dictée, les réjouissances...

Dans les plumiers en bois, vachement bien déglingués, tu penses, le porte-plumes et la "Sergent-Major", quelle saloperie ! Déjà, dans les encriers, on y trouvait des morceaux de buvard, des bouts de craie, etc. Quand tu f'sais pas gaffe, tu piquais l'un de ces morceaux indésirables, et PAN sur le cahier, putain le paté, l'engueulade ! Et puis, après la guerre, le papier des cahiers était pourri, des bûches dans le papelard, alors quand la plume refusait l'obstacle, une magnifique trainée, une rafale de taches. Moi je trouvais ça joli, mon côté artiste en somme, mais pas au goût du maître : réprimande, punition, je n'ai pas eu d'instits frappeurs, juste une grosse gomme qui volait parfois.

L'heure du déjeûner arrivait, je mangeais à la cantoche, il fallait apporter son pain et sa serviette, souvent le premier roulé dans la seconde et bouffé avant midi, dans la case, en loucedé, ne pas se faire gauler ! Des grandes tables, cinq d'un coté, cinq de l'autre, des bancs. Malheur au dernier, assis au bout, en "porte à faux", car parfois, avec un synchronisme parfait, quatre gamins se levaient d'un coup, et le malheureux assis en bout, basculait et se retrouvait le cul par terre !

Tous les jours : la soupe, vachement consistante, ça t'nait au corps, ça tenait la cuillère debout aussi ! Le meilleur jour, celui des petits suisses, les catapultes ! On plaçait le petit fromage sur le manche de la cuillère, creux de l'icelle tourné vers soi, s'écarter légèrement, baisser la tête, puis avec le poing, frapper vigoureusement : le suisse part comme un V2, magnifique parabole, avec un peu de bol il finit sa course sur la tronche du premier de la classe ! Aucun danger pour moi, j'étais peinard de ce côté-là !

L'été, quand tu avais soif, pas de robinets, ni de quoi s'abreuver dans la cour, alors on se rendait aux pissotières, c'était une grande ardoise, sans séparations, on se voyait pisser, on pouvait voir celle du voisin, on jouait à "qui pisse le plus haut", tous les garçons ont fait ça ! On voulait tellement être le plus haut, que parfois le jet te retombait dessus, mouillant le tablier, noir bien sûr, ou les godasses.

Au-dessus de la pissotière, une rigole en ardoise dans laquelle coulait en permanence de l'eau, comme nous étions trop petits pour atteindre la rigole avec notre bouche, nous mettions deux doigts dans "l'abreuvoir", l'eau coulait le long de notre main, puis du bras. Nous avions pris la précaution de retrousser une manche, alors nous pouvions boire, aspirant la flotte qui coulait sur nous. Fallait être blindé, parce que t'aurais vu la mousse bien verte qui poussait là-dedans, plus toutes les saloperies que les mômes balançaient !

Je ne sais pas vous, mais nous, à l'école, on s'appelait par nos patronymes, même les instits. Jamais à l'école on ne m'a appelé par mon prénom ! Dans la cour, quand on s'interpellait, c'étaient des : "Ho Durand ! Ho Dagonio ! Ferrand !" Ça a changé ?

A quatre heures trente, la classe s'achevait, je rentrais, parfois un peu inquiet, des lignes à faire signer, pour "bavardage" intempestif, AIE AIE AIE ! Les devoirs du soir, un p'tit exercice du "BLED", un p'tit problême, vite expédié tout ça, tu penses !

Le quatre heures dans une main, morceau de pain de deux livres, du beurre, quatre ou cinq morceaux de sucre ou du chocolat en poudre, parfois de la confiture "maison", ou encore, vachement bon, une banane écrasée sur le beurre, MMMHHH ! Dans l'autre main, des billes ou mon lance-pierres, des fois qu'un piaf suicidaire passe à proximité ! Rassure-toi, j'en ai pas beaucoup mouché !

On se retrouvait encore dans notre rue, pas bien longtemps, hélas, en semaine, ma mère ne me laissait pas trop traîner...

Ma p'tite école ? Rasée ! Laminée ! Seuls les platanes subsistent encore. En lieu et place... un jardin d'enfants. Les mômes occupent toujours le terrain !


Petit jeu Blogbo : Je figure sur cette photo, trouvez où !
Le premier qui enverra une bonne réponse se verra offrir un voyage TERRE-LUNE (aller)

mardi 8 janvier 2008

AndiamoChampionne du monde (et des environs)

La France est championne du monde par équipe ! Où c'est-y que ça s'est passé ? Dans quelle discipline ? Je ne vais pas vous faire languir plus longtemps, je vais vous affranchir, j'en vois qui roulent des gobilles comacks, qu'est-ce qui débigoise l'Andiam' ? Il a fumé quoi l'ancien ?

Je ne fume plus depuis bien longtemps, voilà : la France est championne du monde par équipe, en voltige F 3A.

C'est quoi le F 3A ? En modélisme, c'est la voltige aérienne, le 100 mètres hommes de l'athlétisme, la discipline reine.

A partir d'avions que l'on nomme "multis" car capables de réaliser toutes les figures de la voltige (multi-figures), ces appareils aux dimensions règlementées, chaque machine devant s'inscrire dans un carré de deux mètres de côté, depuis peu la motorisation est libre, toutefois ils sont généralement équipés de moteur 4 temps d'une cylindrée de 28 cc, fonctionnant au méthanol, nytrométhane et huile de synthèse.

Le poids de tels engins avoisine les 4kgs800, ce qui pour de tels modèles et compte tenu du poids du moteur, est très faible, le tissu de carbone, le tissu de verre, et autres matériaux de pointe, entrent dans la fabrication de tels engins. Depuis peu on voit apparaître la motorisation électrique, en progrès constant, grâce aux accus lithium polymère "lipos" et des moteurs "brushless" à cages tournantes.

Le bon vieux balsa n'y a plus sa place ! Quelques irréductibles, comme votre serviteur, l'utilisent encore abondamment pour construire leurs modèles, il est vrai que je ne fais pas de compétitions non plus !

Revenons à notre championnat, il s'est déroulé en Argentine, au mois de novembre dernier. Etaient présentes les "pointures" internationales, notamment les Japonais et les Américains.

Les équipes sont composées chacune de 3 concurrents, on retrouve les 3 Français aux 10 premières places, joli tir groupé, ce qui leur a permis d'accéder à la première place par équipe. Le "leader" de l'équipe, champion de France depuis de très nombreuses années, Christophe Paysant-Leroux, champion du monde voici 2 ans, son frère Benoît, et enfin le benjamin, mais très talentueux Stéphane Carlier.

Dans le club auquel j'appartiens, nous comptons parmi nos membres, Benoît Paysant-Leroux, le frère du vice-champion du monde. Benoît a terminé dans les 10 premiers, ce qui, compte tenu du niveau très relevé, est plus qu'honorable.

Il faut savoir que le programme de voltige est imposé, comme pour le patinage, puis en "fly off", réservé aux meilleurs, pour un ultime partage, le programme n'est connu qu'au tout dernier moment, rater une figure, et c'est tout l'enchaînement qui est compromis ! Sachez enfin que toutes les figures sont d'une difficulté maximum, et pas du tout à la portée des amateurs comme ma pomme !

Dans ce club du Val d'Oise, nous comptons également le champion de France "hélico", Laurent Lombard, un virtuose, autrefois vice-champion de France en F 3A. Il est passé à l'hélico, discipline totalement différente, avec une maestria déconcertante, et aussi beaucoup de travail !

Puis d'autres copains, constructeurs fabuleux, mécanos hors-pairs, fabriquant eux-mêmes des machines remarquables, des bi ou quadri moteurs (pouvant dépasser 100 kgs munies de freins à disques), faisant tout eux-mêmes, depuis la conception, en passant par les plans, l'usinage des différentes pièces, la construction, et enfin le pilotage !

Et tout ça dans la plus grande modestie, tous ces champions, je les côtoie, ils sont restés très simples, gentils, serviables, prêts et prompts à donner un coup de main, je crois que c'est d'abord cela être un champion : rester proche des autres.

Mesdames et Messieurs, responsables des émissions sportives, ne pourriez-vous pas prendre, ne serait-ce que dix secondes pour annoncer de si beaux résultats, je sais que ça n'intéresse qu'une minorité, mais dix secondes pour annoncer que notre pays est champion du monde, ça n'est pas tous les jours qu'il nous est offert pareil résultat !

Avec tout de même 25000 licenciés, près de 700 clubs, 10 secondes ça n'est pas cher payé. Le bonheur, quand après avoir travaillé des mois sur un modèle, vous le voyez décoller, le stress, la pétoche, un peu aussi, et puis le fagot (c'est ainsi que nous les nommons tant qu'ils n'ont pas volé) devient un avion.

C'est chouette un avion, c'est bath un avion, ça n'est pas n'importe quoi, pour qu'il vole,et vole bien, il faut appliquer des règles précises, le pilotage n'est pas inné, cela s'apprend, les clubs sont là pour ça, bienvenue aux jeunes et aux moins jeunes, la passion réunie des gens de tous âges et d'horizons différents.

Ce billet est bien différent de ceux que je vous inflige habituellement, j'avais envie de vous faire partager ma passion, pour les beaux avions, et puis, aussi et surtout, pour l'ambiance d'un club formidable, les parties de rigolade avec de très bons copains, car c'est surtout cela un club : les copains...

Pour ceux que ça intéresse, allez voir le site : F F A M

Pour aller sur celui de mon club : hobby-club Bellefontaine

Voici un "multi", le catalogue des 2 redoutables Belges donne l'échelle, le moteur un 15cc 2 temps, lui permet de voler à 100 km/h environ.

Je l'ai baptisé "YAKA"

samedi 29 décembre 2007

AndiamoJe suis malade !

Viens là, toi, tu m'as l'air tout bizarre ! Ma mère pose sa main fraîche sur mon front, après l'avoir essuyée d'un revers sur son tablier, elle est en train de rincer une salade pour le déjeuner, oh, mais c'est bien chaud là-dessous !

Elle m'entraîne dans le salon, me fait allonger sur le divan qui sert de lit à ma soeur, je baisse ma culotte courte (pas de pantalons avant treize ou quatorze ans, et oui !), puis elle se rend dans l'armoire à pharmacie et en revient avec LE thermomètre, en verre bien sûr, garni d'un produit hyper dangereux : LE MERCURE ! Qu'est-ce qu'on vivait dangereusement !

Ah putain, on buvait du lait même pas pasteurisé, servi dans des boîtes à lait en alu, toutes cabossées après avoir servies à beugner les copains sur le chemin de la "MAGGI". Z'avez pas connu ? C'étaient des magasins B.O.F (beurre, oeufs, fromage) faisant partie d'une chaîne de magasins genre "COOP" ou "CASINO". Le beurre, à la motte, avec le bon vieux fil à couper l'beurre, la motte quant à elle, recouverte d'un tulle blanc, à cause des mouches ! On prenait soin des bêtes, fallait pas qu'elles butinent trop de matière grasse, on surveillait leur cholestérol !

Donc ma mère m'introduit le thermomètre dans le fouine et déclare de façon péremptoire : "tu le gardes une minute !" C'était LA minute, pas plus ni moins, va savoir...

La minute écoulée, elle vient retirer le mortel engin, le fait tourner entre ses doigts afin de visualiser la colonne de mercure, elle fronce les sourcils et déclare : "39,2°", qu'est-ce que t'as encore chopé, à traîner sans rien sur le cul dans la rue ! T'es rentré l'autre jour trempé comme une soupe, tu m'auras chopé la crêve !"

Bernard ! Elle interpelle mon frère aîné (trois ans de plus que moi, et entre lui et moi, ma soeur ! Tir groupé !).

Tu vas aller chez le docteut "F", tu lui diras de passer voir ton frère. S'il n'est pas là, tu inscris notre nom et notre adresse sur le calepin. "Voui m'man !" répond le grand.

Alors là, j'explique : personne n'avait de téléphone, nous sommes dans les années quarante. Personnellement, je ne l'ai eu qu'en 1973, et encore j'avais une priorité "B". Donc, quand on se rendait chez le toubib pour le prier de passer, s'il était absent, on trouvait suspendu devant sa porte, un petit carnet "spirale", un crayon pendu au bout d'une ficelle, on inscrivait son nom, son adresse, et lorsque le carabin regagnait son cabinet, il n'avait plus qu'à arracher la feuille, ainsi il tenait la liste des malades à visiter, simple et efficace !

Le docteut "F", un p'tit bonhomme rondouillard, des lunettes de myope cerclées d'or et un putain d'accent toulousain "con" à couper au couteau !

Il n'y a presque plus d'accents aujourd'hui, ou bien c'est l'uniforme et horrible "patois des cités", ou alors ça jacte comme P.P.D.A.

Il pratiquait "à l'ancienne", pas de stéthoscope, une serviette "nid d'abeilles" jetée sur le dos, l'oreille collée contre l'icelui, il écoutait : ça rrramone durrr là-dedans, une bonne brrronchiteu ! Il réclamait ensuite une queuillèrrre à soupeu, et s'en servait d'abaisse-langue, si l'éclairage s'avérait insuffisant, il fallait lui fournir une lampe de poche.

Autrement dit, il venait avec sa bite et son couteau, et encore, dans le Rasurel il ne devait pas héberger le monstre du Loch-Ness, vue la brioche de l'Esculape de banlieue !

Alors, il s'installait sur la table de la salle à manger pour rédiger l'ORDONNANCE, tout en commentant ce qu'il écrivait.

Tout d'aborrrd, une queuillérrrée à soupeu, matin et soirrr, d'un sirrrop dont je vais vous donnerrr la composition. Il était la hantise des pharmacopes ! Des préparations magistrales, même à cette époque, ça ne se faisait plus ! Un toubib du dix-neuvième siècle, une résurgence, Diafoirus, un Triceratops ! Suivaient : un suppositoirrre d'Eucalyptus, le soirrr avant le coucherrr, un enveloppement à la farrrine de moutarrrde, deux fois parrr jourrr, ah la vache il ne l'avait pas oublié le cataplasme !

Pour préparer ces putains de cataplasmes, ma mère faisait bouillir de l'eau dans une casserole puis, lentement, tout en touillant à l'aide d'une spatule de bois, elle incorporait doucement la farine de moutarde, une poudre "vert épinard", ça piquait déjà les yeux, les prémices de délices futures !

Ensuite, elle étalait cette pâte encore fumante sur une serviette "nid d'abeilles", repliait soigneusement de telle façon que la pâte ne puisse s'échapper, puis elle me l'appliquait sur la poitrine, je gueulais : "c'est trop chaud !" Si j'insistais trop, une mornifle sur le museau et le juke-box s'arrêtait miraculeusement ! Ensuite, pour empêcher le cataplasme de glisser, elle m'enveloppait la poitrine dans une grande serviette éponge, d'où l'appellation "enveloppement".

On devait garder ce carcan une demi-heure facile ! Je gueulais, pleurais, ça me brûle, j'en peux plus ! On habitait en pavillon. Si nous avions crêchés en appartement, je crois que les voisins auraient gueulé au charron... Enfin, passées ces interminables minutes, ma mère mettait fin au supplice, retirait l'objet de la torture, frottait vigoureusement ma poitrine rougie et déclarait doctement : ça va aller mieux !

Plus tard, on trouvait des cataplasmes "tout-prêt", ils portaient le doux nom de "RIGOLO", mais si, je ne sais pas quel est l'encaldossé qui avait trouvé ça, mais il aurait mérité qu'on lui carre dans l'fouine son truc, histoire qu'il apprécie le côté rigolo de l'affaire !

Dans les années quarante-cinquante, il y avait une médecine moderne certes, mais elle co-habitait encore avec des remèdes plus anciens, surtout administrés par les mamans pour soigner les petits bobos.

Les maux de gorge, badigeon au bleu de méthylène, ma mère prenait un porte-plume, entortillait soigneusement un morceau de coton hydrophile à l'extrémité de l'engin, assurait sa tenue par un fil de couturière fortement ligaturé sur le coton, puis elle trempait le tampon ainsi obtenu dans un petit flacon de verre, sur lequel était inscrit "bleu de méthylène", elle le retirait, me faisait ouvrir la bouche, plongeait le truc dans ma gorge, et badigeonnait vigoureusement. La langue, la gorge, la luette et peut-être même les amygdales (ce qu'il en restait !), tout y passait, nul endroit où les microbes malfaisants auraient pu se réfugier, rien n' échappait à la vigilance et l'efficacité maternelle !

J'avais des hauts de coeur, tu penses, des soulèvements de boyasse, des "AAARRRGGS !", des "BEURRKS !", j'appelais "RAAAOUL !", toujours miraculeusement apaisés par un : "j'vais t'coller une mornifle, si tu t'calmes pas, c'est pour ton bien !"

Alors, si c'était pour mon bien... Le plus marrant, c'est qu'après avoir été ainsi badigeonné, quand t'allais pisser, eh bien tu pissais bleu ! Une pissée de Schtroumpf ! Qu'est-ce-qu'on se marrait, on montrait ça aux potes, admiratifs qui z'étaient ! J'pissais p'têt pô le plus loin, mais j'pissais BLEU !

Quand t'avais mal aux jambes, c'était "passque" tu grandissais ! Le diagnostique était vite établit, ma mère me badigeonnait les tibias avec de la teinture d'iode, diluée toutefois, pour ne pas que ça brûle. Quand elle l'appliquait, ça sentait bizarre, une odeur un peu piquante, indéfinissable, et ça se voyait bien avec les culottes courtes, des longues zébrures marrons le long des guiboles.

Les genoux écorchés ? Le mercurochrome ! Ça devait être vachement dangereux, ça, du mercure plus du chrome ! Waouh, le mélange ! Hiroschima mon amour, j'me d'mande comment on f'sait pour ne pas crever moi ?

Alors imagine le têtard dans la strass : les guiboles de passereau, zébrées marron, les genoux couronnés, comme un pif de clown ! Pour peu que ce jour-là tu ais un p'tit mal de gorge, badigeon et tout le toutim, tu pisses bleu ! Alors là, t'es le KING, le quincailler du coin, avec ses pots d' peintures à la con, il peut aller s'faire coller, le mec "arc-en-ciel", c'est ma pomme !

Quant aux maux de tête, on disait pô céphalées tu penses, j'ai mal au crâne, c'est tout, le remède miracle, la panacée, le guérit-tout, c'était L'ASPIRINE, une boîte en carton parallélépipédique,vert clair, et dessinée dessus, une jeune infirmière "à l'ancienne", tablier blanc jusqu'aux chevilles, sur la tête un bonnet blanc également, et une superbe croix rouge, au milieu du front. Dans sa main, un petit comprimé qu'elle s'apprête à laisser tomber dans un verre d'eau.

C'était les aspirines "usine du Rhône", vous avez connu ? Les comprimés étaient emballés par vingt, à la façon des pièces de monnaie, dans du "papier à chocolat", on ne disait pas papier alu, cinq ou six de ces rouleaux garnissaient la boîte. Nous, pour rigoler, on disait :"l'aspirhone des bouches d'urine", on faisait des contrepèteries, comme Monsieur Jourdain de la prose, sans le savoir !

Mal au bide ? Des granulés, dans des boîtes en fer blanc, peintes, sur lesquelles étaient inscrit "charbon actif" puis la marque. Il s'agissait de charbon végétal, moi je pensais que c'était du "vrai" charbon, genre anthracite ! Une cuillérée à soupe, c'était la bonne dose, pas trop dégueu, un peu sucré, un étouffe Chrétien tout de même ! Du mal à les mâcher un peu secos, ils te faisaient la bouche et la langue toute noire, alors je poursuivais ma frangine pour l'embrasser, non pas un élan de tendresse, mais pour lui laisser une trace bien noire sur la joue !

Et les suppos à l'Eucalyptus ? Quand on toussait, ma mère nous allongeait, nous écartait les fesses, moi avec mes miches de rossignol, c'était vite fait, elle se paumait pas dans les fossettes, et PAN dans la lune disait-elle en riant !

Après ça, quand t'envoyais une caisse, c'était l'Australie, les forêts d'Eucalyptus, les gentils koalas qui s'invitaient dans la piaule, le frangin gueulait, on partageait le même grand lit, un ramponneau, un "espèce de dégueulasse, tu pues !", ça ne gênait même pas le chien qui dormait avec nous au pied du lit, mais attention, sous les draps ! Ma mère râlait bien un peu, mollement, comme ça pour la forme, le chien mouftait pas, il continuait sa roupille peinard !

Les cutis à l'école, j'craignais pas trop, mais les piqûres, AIE, AIE, AIE ! Quand par malheur il fallait y passer, on se rendait "au" pharmacien. Son assistant, un vendeur en pharmacie, était aussi infirmier, il se déplaçait sur un vieux clou, sa sacoche pendait au tube supérieur du cadre, le rabat passé autour de ce tube, les boucles refermées, et voilà ! Bien sûr, des pinces à vélo complétaient l'équipement.

Il sonnait, on le faisait entrer, tout le monde le connaissait, un familier. Ma mère préparait une casserole remplie d'eau, l'infirmier y déposait sa seringue ainsi que l'aiguille, avec embout en laiton. On attendait l'ébullition en parlant du temps, des prix qui montent, la baguette à quinze francs (des anciens ! deux centimes d'euro !). Quand l'eau bouillait, il attendait encore un peu, juste pour achever ces endoffés (re-belote Manou) de microbes récalcitrants !

Ah putain, l'asepsie ! Les mesures prophylactiques ! Tu t'rends compte, aujourd'hui, on sert les mômes dans les cantoches avec des gants ! Mais oui ! On avait peur de rien, rien ne nous faisait peur, la même aiguille pour tout le monde !

Il cassait l'ampoule, remplissait la seringue, tu t'allongeais sur le ventre, un p'tit coup de coton trempé dans l'alcool, à peine tu sentais la piqûouse, c'était fini ! Il était adroit le bougre, je le reconnais, plus de peur que de mal.

Un p'tit cor au pied ? Pommade "Cochon" ! Si,si, ça ne s'invente pas un truc pareil ! On achetait cette pommade sur le marché, elle était vendue dans une petite boîte ronde, en bois, du genre boîte de camembert, en beaucoup, beaucoup plus petit, on étalait un peu de cette pâte sur le cor, un petit sparadrap par-dessus, laisser agir, renouveler l'opération plusieurs fois et, miracle, le cor se ratatinait et finissait par disparaitre !

Un p'tit coup d'mou ? Une tite faiblesse ? Le remède miracle : l'huile de foie de morue, je vois vos tronches ! Vous avez connu vous aussi ? Il fallait me pincer l'pif, pour me faire avaler cette daube ! C'était huileux, ça renaudait le poiscaille, BEURK ! Après le chocolat du matin, tu parles d'une purge ! J'connais un putois, qui est crevé après avoir bu de cette saloperie !

Atchoum ! Un rhume, même carabiné ? Eh bien une "bonne inhalation", j'vais t'faire transpirer un bon coup, et demain il n'y paraîtra plus ! Ma mère sortait l'HINALATEUR, un engin en tôle émaillée, tout blanc, composé de deux parties : la partie inférieure destinée à recevoir l'eau bouillante, additionnée du produit "miracle", un liquide marron, dans un petit flacon de verre, on en versait très peu, dans l'eau frémissante, aussitôt une odeur de réglisse, caramel, anis, se répandait dans la pièce. Alors, très vite, on plaçait la partie supérieure, à son sommet, elle était rétrécie, et s'ajustait parfaitement au visage, fallait pas attendre, tout de suite "inhaler les bienfaisantes vapeurs" ! C'était très chaud, ça piquait le pif et les yeux ! Ça faisait tousser ! Ne pas se retirer de l'engin de torture, sinon l'engueulade !

Le supplice durait bien un quart d'heure, ensuite, au lit, couvert par les soins maternels comme t'imagines pas, gros pyjama, deux couvertures, édredon ! Tu transpirais comme une vache, mais ne pas bouger ! Et quand t'avais perdu pas mal de flotte, elle te déshabillait complètement, te sêchait, changeait le pyjama, un bisou, une bonne nuit, le lendemain ça allait beaucoup mieux, alors : ECOLE !

Ainsi passaient les jours, de p'tits bobos en p'tites toux, pas bien grave tout ça ! Un p'tit pansement, une tite tisane, un bisou, pour sêcher les larmes, et hop le sirop de la rue, celui qui guérit TOUT !


mercredi 19 décembre 2007

AndiamoPremier baiser

Vous souvenez-vous de votre première pelle, galoche, saucisse, gamelle, patin, etc., etc ? Moi, OUI !

Mais je soupçonne tout le monde de s'en souvenir, même ceux qui jouent les blasés, les repus, les "j'en ai rien à s'couer" !

La première fille que j'ai embrassée, vraiment j'veux dire (le palot quoi !), j'avais une quinzaine d'années. Pas en avance ? Dans les années cinquante, c'était pas si fastoche que ça, et puis t'as fait beaucoup mieux toi ?

Donc, ma première "fiancée", on l'appelait "Pépée", va savoir pourquoi. C'était la frangine du beau-frère d'un copain, pas très grande, moi non plus à l'époque, brunette, frisée, pas très expansive, tout le contraire de moi, mais les extrêmes... dit-on.

Un dimanche, on avait rencard au cinéma "Le Prado", LE ciné chicos de Drancy : fauteuils rembourrés partout et, surtout, le balcon !

Nous prenons nos places, on n'offrait pas l'entrée aux demoiselles, trop fauchés pour ça, juste de quoi casquer notre ticket, et encore...

Nous nous installons, au balcon, dernier rang, le dos contre la cabine du projectionniste. Au-dessus, les rais de lumière, changeants, tourbillonnants, s'enchevêtrants dans une symphonie de couleurs, le film non-décrypté avant qu'il devienne visible sur l'écran !

Je me place à côté de Pépée... Première partie, les actus, dessins animés, documentaire : la préparation des rameurs pour la course Oxford-Cambridge ! Hyper bandant pour une mise en condition !

De temps en temps, un regard furtif sur ma voisine, guettant un encouragement, un sourire, une invite, un "vas-y-donc grosse bête !", un p'tit quelque chose qui me fasse penser : "ça y est, ça va être le grand jour, ELLE veut bien que je tente" !

Mais rien, une statue, un marbre, pas un cillement de paupières, pas un p'tit coup d'cul qui l'aurait rapprochée de mon siège. Moi, je ne pouvais pas me serrer davantage : plus et je pétais l'accoudoir !

L'entracte.... Et je n'avais toujours rien fait ! Les potes, qui bien sûr nous mataient, se foutaient de ma gueule : "Ouais, tu t'déballonnes, tu flippes, les foies, et tout, et tout".

Moi, un peu gêné : "attendez, ça va s'faire". Une "HICHE-LIFE" - on ne disait toujours pas "HIGH-LIFE" - pour se donner du courage, sonnette aigrelette, début de la séance... "the film" ! J'me s'rais bien tiré, oh oui, tout abandonner, prétexter la chiasse du siècle, le dégueulis latent, la nausée tord-boyasse, le "j'ai oublié le lait sur le feu" si j'avais pu ! Vite, un bonbec à la menthe ! J'peux pas lui rouler une pelle comme ça, j'viens de fumer une taf ! Putain l'haleine de cow-boy, ça va fouetter grave ! Michel me tend une "Valda", c'est bien, sauvé, merci la sève des Vosges !

Je crois bien qu'il passait "Thérèse Raquin" de Marcel Carné, avec Simone Signoret, Raf Vallone (tu sais le mec qui ressemblait à Burt Lancaster,et non pas Brut Lancastré !), Jacques Duby, etc.

Le film commence, j'aurais bien voulu qu'il soit déjà terminé, je n'en menais pas large, pourquoi fallait-il que ce soit toujours les garçons qui prennent l'initiative ? Aujourd'hui, si un mec plaît à une nana, elle est capable de lui faire du rentre-dedans ! Autrefois, lapuche, nada, et elles qui nous croyaient vachement courageux, entreprenants même, tu crois qu'elles se rendaient compte que l'on pétochait grave ? Dis, tu crois ?

Je me rapproche, pas fier, j'en mène pas large, j'ai l'bigorneau qui frémit même pas ! Je sens bien que mes copains me guettent, j'entends leurs ricanements à la con, les coups d'coude, l'air faussement détaché du greffier qui vient de lâcher une pêche sous le buffet, et qui se tire en loucedé, innocent, faux-cul, sournois, et tout...

Puis, hardi, je passe mon bras, le gauche, sur son épaule, elle ne moufte pas, mais ne tente pas un rapprochement non plus, faut que j'fasse tout, bordel, comme dans la vie (vont pas être contentes, tant pis !). Je me liquéfie, je transpire, je ruisselle, faut y aller, ne pas se dégonfler, je penche ma tête vers elle, elle ne tourne même pas la sienne ! Pas coopérative, c'est plus de la pudeur, c'est carrément la mise à l'épreuve, le parcours du combattant, les trois jours des anciens appelés du contingent, l'épreuve initiatique des tribus primitives !

Je me suis encore approché, je peux sentir son parfum, un truc léger, de la lavande peut-être ? Le genre "sent-bon" que l'on mettait aux bébés. Ça me fait tout drôle, je n'ai jamais ressenti ça auparavant, cette peur, et à la fois l'envie d'aller plus loin ! Un bisou furtif sur la joue, le baiser "papillon", comme sa peau est douce ! TOC, TOC, dans ma poitrine. Y'a dix minutes, j'roulais ma caisse devant les potes ! Putain, il est moins fier le garenne !

Alors je me penche davantage, incline la tête, nos bouches se touchent enfin...

Et, tout à coup, la fougue, nos dents se heurtent (ben oui, on savait pô, t'as été plus malin toi ?). A quinze ans, les dents sont solides ! Et puis, c'est la galoche, l'éléphant bleu, le car-wash, la douche haute-pression, la glotte karchérisée ! Putain, le détartrage ! Plus un morceau d'ragoût dans les chailles, les amygdales explorées à donf, c'est niagaresque ! On bave partout, on sait pas, ça dégouline, mais tellement merveilleux !

Ça y est, je l'ai fait, j'manque d'air, je suffoque, elle aussi sûrement, mais on ne veut pas lâcher le morceau, c'est trop bon, trop bon!. Et puis, tout en bas de moi, mon bonheur qui grandit, qui grandit...


Dessin Andiamo 2007

dimanche 9 décembre 2007

AndiamoMon petit monde

Mon quartier, c'était un quartier populaire, mais pas racaille. Il y avait bien des "arsouilles", pas plus qu'ailleurs ! Il y vivait des personnages assez cocasses, zarbis parfois, des travailleurs, des ouvriers d'usine, de ceux qui ont fait les trente "glorieuses", sans le savoir qu'elles étaient glorieuses. S'ils avaient su, je pense qu'ils auraient demandé avec plus d'insistance leur part de GLOIRE et de gâteau !

Tout d'abord MA voisine ! Une femme très forte, pour ne pas dire gravos, le mètre soixante, quatre-vingt-dix kilos à l'aise, et j'te compte pas les poignées d'amour ! La mère Dubout, texto ! Même dans son comportement, je crois bien que les premiers "gros mots" que j'ai appris, je les lui dois. Ça se retient mieux que la règle de trois ou les accords du participe passé !

Elle avait un ami qui, chaque matin, avant de partir bosser, passait la voir afin de l'aider à s'habiller. Elle était coquette. Ainsi, il lui laçait son corset.

Contenir quatre-vingt-dix kilos de graisse, endiguer les fuites de saindoux, emprisonner deux loloches de dix livres chacune, à l'aise, n'était pas une mince affaire.

Ah, comme j'aurais aimé le voir, s'arc-boutant sur le lacet, un pied calé dans le bas du dos de la sylphide, ahanant, soufflant, suant, s'épongeant le front d'un revers de la main, jurant, tempêtant, la bave aux commissures des lèvres !

Et quand, après tant d'efforts, la juste récompense arrivait sous forme d'une petite phrase de remerciement : "Ça-y-est ? Ben c'est pas trop tôt, feignasse !"

Ce brave bonhomme était Alsacien. Quasiment chaque jour, elle l'injuriait copieusement. Ça commençait toujours de la même façon, un rituel, la grand-messe en quelque sorte : "Tête de boche ! Fumier ! Ordure ! Vas donc la retrouver, ta morue ! (il était marié)... et enfin l'injure suprême : "COCU !"

Toute la famille vivait là, son fils et sa bru. un jour, un petit-fils est arrivé. La harpie s'est faite miel pour le bambin, la vraie mémé gâteau, elle l'appelait : "ma bézette", va savoir d'où elle sortait ça ! Il lui arrivait de l'engueuler, ça n'était pas bien méchant, jamais plus qu'un : "fumier de lapin !"

Mais attention, il faut y mettre l'accent - parisien bien sûr - bien traînant, une harengère, Madame Angot, Madame Sans-Gêne, Arletty dans "Hôtel du Nord". J'écoutais, ça me faisait marrer, jamais ma mère ne m'a bouché les oreilles ou fait rentrer quand les bordées d'injures volaient bas.

Bon, c'était comme ça, on allait pas en faire un cake. Les jours où elle ne gueulait pas, on s'inquiétait presque, qu'est-ce qu'elle nous couve la mémé ? Elle s'rait pas malade des fois ?

Le père Henri : un petit bonhomme, toujours en "bleus de chauffe". Il se déplaçait sur un Solex, le modèle antique, kif-kif celui des curés d'antan, le truc à l'ancienne, avec le levier pour débrayer le galet lorsqu'on était à l'arrêt.

Il faisait un de ces foins ! Quand il passait, t'aurais dit l'homme orchestre : ZIM ! KLANG ! POUT ! POUT ! (j'imite bien, hein ?)

Quand il partait au boulot le matin, de bonne heure, la musette sur le dos lui battait les miches. Dans les sacoches du cyclo, la gamelle, un demi-pain de deux livres, deux ou trois réservoirs supplémentaires, mais pas du kérosène, comme les zincs, du gros bleu, pas du genre fine-gueule, du treize degrés à la tireuse, du qui te laisse des traces sur les moustaches, du qui te fait secouer l'échine quand t'en descends un guindale cul-sec, le rouquin du prolo quoi ! Vingt ans de régime de ce nectar-là et tu voyais des gaspards en maillot de mataf dans tous les coins !

Parfois, quand il rentrait le soir, le Solex penchait dangereusement, la chopine traînait dans le caniveau. Bacchus veillait, respectueux des amoureux de la dive, chacun les siens, et l'ancien n'a jamais pris une gamelle !

Il portait une "fouillasse" qui marquait l'heure. J'explique : en partant le matin, sa casquette était bien droite, pile poil dans l'axe, mais au fur et à mesure que la journée avançait, la fouillasse changeait d'position, un coup sur le coté, plus tard, en avant, quasiment sur les yeux, et puis dans la soirée, complètement en arrière, sur la nuque, elle marquait l'heure j'te dis !

Un autre qui était bien folklo, c'était notre proprio. Il crêchait dans une petite baraque en bois et en toile goudronnée, au fond de notre jardin - mais non, c'est pas la cabane de Cabrel ! Il vivait là avec sa femme, adorable, toujours le sourire, énorme, deux cent vingt livres au bas mot, quasiment impotente, mais d'une gentillesse !

Lui, son mari, grand, sec, osseux, les muscles en long, comme les araignées !

Toujours attifé de la même façon, un froc sans âge, gris, des poches aux genoux, que t'aurais dit des sacoches de vélo. Une large ceinture de flanelle, crado, ses bretelles taillées dans de vieilles chambres à air - mais si, je n'invente pas ! -, et pour finir le portrait, une casquette de gazier, cradingue comme t'imagines pas !

Il cultivait, près du canal de l'Ourcq, un petit jardin "ouvrier" comme il en existait tant autrefois. Ils ont presque tous disparus aujourd'hui, remplacés par les austères bâtiments de la préfecture de Bobigny. Amen !

Il s'en allait, chaque soir, dès l'arrivée du printemps, sur son vieux clou, la bêche, le râteau, une binette accrochés à l'aide de bouts de ficelle au cadre, devant lui, sur le porte-bagages, un seau rempli d'une partie du contenu de la tinette.

Imagine l'équipage, le vieux, dessous le vélo, les outils de jardinage et là, juste sous son pif, la tinette !

Ah, combien de fois n'ai-je rêvé qu'il se ramasse une tartine, pas méchante, sans plaies ni bosses, une main à terre, et s'étale le nez dans sa merde ! Après un dérapage pareil, à coup sûr, on l'aurait appelé : "le père la colique" ! Ça n'est jamais arrivé, comme quoi, même les prières les plus modestes ne sont pas toujours exaucées !

Voilà, c'était mon quartier, point de notaires, ni d'aristos, encore moins de ministres, habitaient ces banlieues, qui n'étaient plus la campagne mais pas encore la ville. Ça n'était plus des sentiers, pas encore des rues. Un copain, chaque soir faisait brouter ses deux chèvres sur les trottoirs garnis d'herbe, les gens élevaient encore quelques poules et lapins. La vie coulait, non pas sans soucis, car les habitants n'étaient pas bien riches, mais sans bruit, ni sonneries de téléphone, la téloche n'existait pas, nous écoutions Zappy Max sur "Radio Luxembourg".

Mon Prince, on a les voisins du temps jadis qu'on peut !


jeudi 29 novembre 2007

AndiamoEnfance

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, j'ai l'impression parfois, que l'enfance ne m'a jamais quittée, mais que c'est moi qui l'ai larguée, petit à petit.

Quand les garçons commencent à regarder le cul des filles (autrement que pour le botter !), les protubérances sous leurs pulls-overs, ils regardent avec de moins en moins d'intérêt leurs "Dinky-Toys", les trouvent même horribles, plutôt tartes avec leurs jantes nues, par manque de pneus, leurs peintures écaillées.

Le petit harmonica (le ruine-babines, comme disent nos chers Québécois), avec ses plaques sur le dessus, nickelées, gravées d'un "HOHNER" magique, qui nous rappelle les colonies de vacances à Doulaincourt, la colo de Drancy.

Elles ne nous émeuvent même pas, les traces de nos dents de lait, laissées juste au-dessus des ouvertures carrées, bien rangées, encore un peu de bave séchée, bien dure.

On fait une petite moue de dégoût, on ouvre le couvercle de la poubelle, et, dédaigneusement, entre le pouce et l'index, on laisse choir le petit instrument, KLONG !, quelques années de bonheur aux ordures.

Alors, on commence à se brosser les dents trois fois par jour. "Miracle !" s'écrie la Maman émerveillée, mon goret serait-il devenu propre ? Le père sourit, il a tout compris LUI, vu qu'il en a fait autant !

Et puis le garçon se coiffe, si, si, tout à coup, il découvre l'usage de cet instrument, qu'il croyait réservé uniquement à la grande soeur, il se mouille les cheveux, se colle même du "PENTO" !

C'était une crême blanche, "hair dresser" était imprimé sur le tube, il fallait se mouiller les tifs, puis on se mettait un peu de cette crême, dans le creux de la main, et on l'appliquait sur toute la chevelure, parfois on en mettait un peu trop, alors de longues rigoles blanches dégoulinaient sur le front, et là, soigneusement, on lissait nos cheveux, puis on se faisait un "cran" avec le plat de la main.

Vous marrez pas, les gamins, z'êtes pas mieux avec vos gels à la con et vos coiffures du genre "paquets de pétards" avec les mêches dans tous les sens ! Moi, avec mes cheveux frisés de Rital bon teint, bien emmerdé j'étais !

J'enfilais mon premier "black-jean", tout noirs ils étaient les jeans - eh oui, on a eu les blues-jeans bien après - si bien que les potes qui ne parlaient pas le patois, disaient "un black-jean bleu".

Plus question de porter les pulls tricotés main par la Maman, avec des motifs "chérubins", des nounours ou des biches à la queue leu leu, ça f'sait pô viril tu penses ! On sortait juste en chemise, avec un foulard en rayonne noué façon cravate, les pompes italiennes vachement serrées, si étroites, que j'en avais chopé des cors aux pieds. Moi qui avais des pieds de nouveau-né, j'me suis retrouvé avec des ribouis de facteur !

Alors on allait voir les filles, un peu godiches elles aussi. Mais attention, pas question de les appeler, ça ne se faisait pas, le Papa aurait renaudé vilain, pas touche à fifille ! Dans les années cinquante, les nanas ne sortaient pas ouvertement avec les garçons, surtout pas avant leurs dix-sept ans. Il fallait se faire transparent, vaporeux, furtif, tout en catimini. Pour les appeler, on sifflottait un air convenu à l'avance, et puis une copine un peu plus délurée arrivait à convaincre ses parents de la laisser sortir. Ça semble un peu concon, surrané, mais le changement s'est opéré dans les années soixante, c'était COMME ÇA !

Les filles commençaient à troquer leurs socquettes pour des bas bon marché, de marque "Tire-Bouchonné", du plus bel effet, ils plissaient forcément ces bas, étant donné qu'elles avaient encore des cannes de passereaux ! Les sandalettes se remplaçaient doucement par des escarpins à tout petits talons ou des trotteurs, leurs nattes se dénouaient, laissant flotter de longues chevelures, dans lesquelles j'aurais bien frotté mon nez, doux parfum d'eau de Cologne du "Mont St Michel"...

Tourné le coin de la rue, loin du regard des parents, elles sortaient de leur premier sac à main, un tube de rouge à lèvres, "Rouge Baiser", tu sais, la gonzesse, dessinée trois-quart face, un bandeau noir sur les yeux, et des lèvres d'un rouge ! (Ça existe encore ?) Le tube chourré à la grande soeur tenu d'une main, dans l'autre un petit miroir, elles suivaient minutieusement le contour de leurs jeunes lèvres, appliquant le rouge vermillon, qui les rendraient inaccessibles, GARBO la Divine !

Elles marchaient devant les garçons, feignant de les ignorer, eux, nous, deux ou trois mètres derrière, on roulait nos caisses, des biens p'tites caisses, juste des caissettes ! On les charriait gentiment, pas hardis dans le fond, puisqu'on attendait d'être au cinéma pour peut-être, peut-être, oser les embrasser.

J'en connaissais une qui me plaisait beaucoup, une blondinette, mignonne, jolie, mais elle en préféra un autre, ça commençait déjà !

On allait au cinéma, les garçons avaient jetés leurs billes, abandonné le vieux "MECCANO" rouillé, donné leurs "NOREV", et leurs "SOLIDO" à un jeune cousin, les filles abandonnaient définitivement leurs baigneurs "NOBEL", et leurs poupées "RAYNAL", "TARZAN" et la "SEMAINE DE SUZETTE" avaient servis à allumer le vieux GODIN.

Personne ne se doutait que notre enfance se terminait, pour les yeux d'une petite blonde, ou pour un grand brun, qui fumait des "WEEK-END".

mercredi 21 novembre 2007

AndiamoLe parfum des saisons

Ma banlieue, vous commencez à la connaître, celle du Nord-Est de Paris, elle avait une couleur : le gris, "gris souris effrayée", une jolie teinte, genre "ciments Lambert".

Les baraques n'étaient pas peintes, il n'y avait pas assez de sous pour ça ! Alors elles étaient toutes un peu tristounettes, parfois l'une d'elles se distinguait, faite de briques (et de broc diront les mauvaises langues), il y en avait même en bois, recouvertes d'un genre de linoléum goudronné, tout noir, tenu par des liteaux de bois, du plus bel effet, mais si monseigneur !

Pas de jolis murs en "claustra" genre "moucharabieh" ou encore faux style Provençal, comme si les vieux paysans provençaux s'échinaient à ériger des murs "super-classe", ils avaient autre chose à foutre !

Les clôtures, c'étaient des haies, des haies à la con, pas taillées du tout, genre coupe de cheveux à la Gainsbourg, il y poussait des petites baies rouges, qu'il ne fallait surtout pas manger "passque" c'était du poison !

Ah la vache ! Hyper dangereuses les haies ! On en a bouffé bien sûr, amers, dégueux, toujours pour ne pas se déballonner ! Et surtout, truffées d'araignées, des balèzes, de l'épeire, grises et blanches, TERRIFIANTES ! On les prenait au bout d'un bâton, puis on coursait les filles, elles détalaient en courant !

Mais dès que les bestioles remontaient le long de la trique, on lâchait le tout, et PAN, un coup de talon et les monstres s'éclataient contre un caillou, ils étaient courageux les Tarzans de banlieue !

La rue, même pas goudronnée, de la caillasse, des trous commacks, une dinde aurait pu y faire son nid, c'est dire.

On s'en foutait vu que personne n'avait de voiture. Les seules qui osaient s'aventurer dans cette rue défoncée étaient celles qui livraient l'épicier du quartier : le laitier, le livreur de pains de glace que l'on suivait l'été pour récupérer les éclats de glace, qui jaillissaient lorsque, en quelques coups de poinçon, le livreur coupait un pain en deux. On récupérait ces petits éclats d'eau gelée puis on les suçait, tout contents, le sorbet ! Il n'y avait pas de réfrigérateurs chez nous, ni ailleurs du reste !

Et puis, rarement heureusement, le corbillard, ce sont les dernières voitures à chevaux que j'ai connues, ainsi que celle d'un vieux boulanger qui vendait son pain au porte-à-porte. Il était très âgé, son bourrin aussi.

Un jour, le canasson a pété un brancard de la carriole. Attroupement, les mômes autour rigolaient, mais pas le vieux ! Après ça, on ne l'a plus revu, enterré avec son brancard ?

Avec l'été revenaient les odeurs. Pas de tout-à-l'égout, des fosses septiques pour les mieux nantis, les autres fosses d'aisance, et quand Richier (le vidangeur) se ramenait pour vider les cuves, j'vous décris pas la fragrance ! Ça fouettait vilain dans la strass !

Alors on se mettait à côté du camion, et tous en choeur, rythmé par le bruit de la pompe, on entonnait le : "pompons la merde, pompons la gaiement, etc." Bien sûr, les vieux à la fenêtre nous engueulaient en nous traitant de "p'tits cons !"

Les plus économes avaient la sacrée sainte "tinette", vidée consciencieusement dans le jardin, ça en faisaient des beaux légumes, pas d' OGM à la con, que d'la nature, bien grasse, fallait pas être délicat, quand t'avais vu le vieux d'à côté déverser sa merde dans les plates-bandes et qu'après il te proposait un chou bien gras ou des tomates bien juteuses, en guise d'amitié, eh bien on était tout content, merci voisin ! Et puis "à ch'val donné, on ne regarde pas la bride !"

Pour les eaux usées, on avait un "tout-au-caniveau", les eaux de pluie, les eaux de vaisselles, les eaux de la toilette.

L'hiver, quand il gelait, c'était chouette, des superbes glissades dans les rigoles, les casse-gueules aussi quand les galoches accrochaient un caillou.

Ah oui, les galoches, en bois les semelles, mon père y clouait des semelles de caoutchouc, il achetait sur le marché des plaques d'un caoutchouc très noir, avec écrit dessus dans des petits ovales "Wood-Milne". Z'avez connu vous ?

D'autres copains portaient, sous leurs semelles, des rangées de clous à têtes hémisphériques, plantés à touche-touche, ça faisait un foin quand ils marchaient ! Et quand, prenant son élan, un de ces "ferrés" s'élançait sur une dalle de ciment et se laissait glisser, ça faisait des étincelles sous ses galoches !

Ah putain, la classe, Spiderman et Batman pouvaient aller se faire coller, le plus fortiche c'était not' pote ! Des pompes lance-flammes, même les Ricains y z'avaient pas !

Le printemps arrivait, le linge à sécher était moins raide sur les cordes tendues dans les petits jardins, il ne gelait plus, on observait si la voisine faisait sécher "ses serviettes du mois", dès fois qu'elle soit encore enceinte !

Les pêchers, cerisiers et autres abricotiers en fleurs commençaient à répandre un doux parfum, les hannetons revenaient en masse, des escadrilles ! J'avais un copain qui disait des espadrilles, ça nous faisait marrer !

Il n'y en a plus des hannetons, décanillés, ratatinés, merci DDT ! Des hirondelles aussi, il y en avait partout, leurs cris aigus perçaient le silence des soirs d'été (c'est beau comme du Delly !).

La chaleur venant, flottait dans l'air le parfum enchanteur de l'eau croupissant dans les caniveaux. En un mot, ça renaudait méchant, ça schmoutait grave dans le coin, j'avais un copain un peu poète qui disait : "je sens venir l'été", il n'y avait pas besoin d'être nez chez Chanel, pour apprécier les relents de la flotte stagnant dans les caniveaux.

Dormir la fenêtre ouverte relevait des coulisses de l'exploit, Paris-Berlin sans pisser, pour éprouver la satisfaction de s'épancher sur ce putain de mur avant qu'il tombe, de la gnognotte, de la roupette de chansonnier comme dirait Alexandre-Benoît.

Et ces endoffées de larves de moustiques qui grouillaient là-dedans, t'en serais pas venu à bout avec ton Baygon à la con ! Vaccinées, immunisées, mithridatisées qu'elles étaient les fumelardes. Vivre dans une daube pareille, c'est pas ta p'tite bombe à la con qui les auraient inquiétées ! Revigorées, oui, du peps, une chienlit, ces mosquitos-là !

Tu penses, leurs vieux avaient résistés aux bombardements, au napalm, à l'ypérite, à Hiroschima et même au troisième reich, alors ta bombinette...

Tout compte fait, ça ne gênait pas trop, on était habitués, et puis l'hiver était bien loin encore, l'école aussi, les magasins n'étalaient pas les fournitures de la rentrée dès les grandes vacances commencées.

Marchands du Temple, grevures, de quoi démoraliser des générations d'écoliers ! On jouait dans notre chère rue jusqu'à.... très tard, puis on rentrait pour se coucher, la tête encore pleine des conneries de la journée !

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