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vendredi 9 janvier 2009

AndiamoLa dernière séance

On ne voulait pas ça, TANT-BOURRIN et votre serviteur, (un peu tout de même) faire chialer dans les chaumières…

On a réussi à arracher une larmichette, grâce ou à cause de notre petit billet "un peu de nostalgie" à certains (trop fiers pour l'avouer) et à certaines, qui nous ont confessé qu'elles avaient inondé leur clavier. Merci à elles de cet aveu.  

Il y avait autrefois à Drancy, la ville dans laquelle j'ai grandi, pas moins de six cinémas. Je vous ai parlé déjà de celui-ci : le moulin rouge, il fut l'objet du PREMIER billet que j'ai publié !

Les cinq autres portaient des noms ronflants : le PRADO, le REX, le TRIANON, le KURSAAL (que nous appelions : le cul sale bien sûr), et enfin le JAURES PALACE, situé près de la petite école communale dans laquelle je me rendais chaque jour, pas à reculons, mais presque !

T'aurais vu la gueule du "PALACE", le père Carlton et le père Négresco en seraient crevés de jalousie !

Ces petits cinoches de quartier, essentiellement fréquentés par les mômes grâce au prix des tickets vraiment bon marché, m'ont permis de découvrir John Wayne, Ava Gardner, Gary Cooper, Johnny Weissmuller, le seul et vrai Tarzan digne de ce nom, Maureen O' Sullivan, sa compagne... Qu'elle était belle !

Je n'oublie pas non plus la rousse Maureen O'Hara, Errol Flynn, Rita Hayworth, la fabuleuse Gilda...

Nous nous sommes bien marrés aussi avec Laurel et Hardy, j'en étais fan. Ados, avec un copain, nous allions souvent au  Studio universel, un cinoche situé avenue de l'Opéra (si ma mémoire est bonne). Dans cette salle fort modeste passaient des festivals Laurel et Hardy, des Tex Avery et son loup libidineux. J'y ai vu "graine de violence", avec Glenn Ford et la musique de Bill Haley, "Rock around the clock". Le rock, n'en déplaise aux jeunots, c'était NOTRE musique quand nous avions 17 ans ! (il y a plus de cinquante balais... déjà)

Eddy Mitchell, que j'aimais et aime beaucoup, de qui je suivais les déplacements autrefois - bien autrefois ! - a merveilleusement chanté ce temps béni des p'tits cinoches.

Ces endroits magiques, l'antre où tout est possible, ils sentaient un peu le renfermé, la pisse pour certains, les cacahuètes à décortiquer (ne cherchez pas, z'avez pas connu) qui étaient vendues à l'entr'acte, le petit sachet à un prix très abordable. On prenait un paquet pour quatre et nous partagions. Le boulot de l'ouvreuse pour balayer toutes ces coques vides !

Alors j'ai voulu illustrer toute cette magie. J'ai demandé (encore une fois) de l'aide à TANT-BOURRIN (la majuscule est une politesse calligraphiée) qui a accepté de faire le montage des petits crobards qui suivent. Si vous ne les reconnaissez pas, c'est que le dessin est maladroit (c'est que vous êtes des gros(ses) nazes ouais !).

Certain(e)s heureusement sont toujours là, les autres sont dans la cabine du projectionniste (il n'y en a même plus aujourd'hui) et ils nous regardent, un petit sourire aux coins des lèvres.

Alors, modestement, j'ai voulu leur rendre un petit hommage. Bien sûr, toutes et tous ne figurent pas, mais vous imaginez ? Il aurait fallu éxécuter (c'est toujours le terme qui convient) des dizaines de dessins, alors il y aura peut-être une suite...

Un grand merci à TANT-BOURRIN.

On clique : la musique crachotante d'un vieux soixante-dix-huit tours qui diffuse des chansons d'André Claveau, Luis Mariano, Edith Piaf ou autre, s'arrête dans un dernier craquement, la boîte à souvenirs s'ouvre, en même temps que se lève le rideau défraîchi des petites salles de mon quartier.

mercredi 7 janvier 2009

Tant-BourrinLes Blogbobandes dessinées

Le joli coup de crayon d'Andiamo a fini par faire des jaloux : j'ai décidé de me lancer dans la bande dessinée. Oui, mais voilà, comment faire quand on a autant de talent pour le dessin que Lorie pour la chanson à texte ?

Eh bien, ne cherchez plus, j'ai trouvé la solution, elle s'appelle...

En cliquant sur l'image ci-dessus, vous arrivez sur le site de Pixton qui vous permet, avec beaucoup de souplesse et de possibilités de mise en scène, de construire vos personnages de BD et d'en tirer quelques chtites histoires sans jamais avoir à vous saisir d'un crayon. Un vrai régal pour ceux qui ont deux mains gauches comme moi !

Bien sûr, ça ne vaudra jamais le vrai coup de patte d'un vrai artiste, mais ça permet déjà de bien faire mumuse.

D'ailleurs, jugez plutôt, je vous ai concocté quelques strips ! :~)




Tant-Bourrin : les billets sont un cri qui vient de l'intérieur


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Saoul-Fifre : le grand air bête


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Andiamo : pratiquons le jeune !


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Mam'zelle Kesskadie : la loi de la pesanteur


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Tant-Bourrin : sex and drug and rock 'n' roll


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Saoul-Fifre : compte rendu


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Andiamo : pythie-Bee


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Mam'zelle Kesskadie : vivent les biotechnologies !


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lundi 5 janvier 2009

Saoul-FifreAutorité recouvrée

Je venais de m'évanouir devant la beauté de mon épouse en robe de soirée, ou plutôt était-ce dû aux divers spiritueux que j'avais engloutis cul-sec comme cela se fait couramment au cours de moments conviviaux et bien entendu, particulièrement aux alentours du solstice d'hiver, fête païenne honteusement récupérée par les papistes sous le nom de "Noël".

Oui je pencherais plutôt vers la deuxième hypothèse vu que je me réveillai couché dans le jardin, refoulant une très nette odeur de bol alimentaire en phase de début de fermentation.

Non-assistance à personne en danger. Et ça se dit des amis à moi ! Ils le savent, on le répète partout, que l'alcool est déconseillé pour la santé ! Et tu crois qu'ils me préviendraient, me retiendraient, me feraient bénéficier de leurs sages conseils ?

Ouallou.

Je suis bel et bien tombé dans un piège. Moi si prudent de nature. Me méfiant des mélanges, des alcools forts se laissant tomber comme parpaings au fond d'estomacs à jeun. Un vrai bleubite. Ho qu'il est dur à entendre, le rire sans pitié de tous les amis de mes gosses, et difficile à supporter, leur trogne épanouie de ravis de la crèche se délectant de ma déchéance momentanée.

Cette tâche douloureuse à mon amour-propre devait retrouver sa délébilité au plus vite.

Le réveillon du Nouvel An ne me sembla avoir été créé que dans ce but, prendre ma revanche. Je réunis le gang aux langues ironiques et aux sourires en coin supérieurs puis leur lançai un défi. Nous allions croiser le verre et rira bien qui ruera le dernier.

Je faisais entièrement confiance dans la qualité sanitaire de mes produits naturels pour vaincre leurs saloperies chimiques de djeuns sans repères. Je les regardai interloqué attaquer la soirée en se préparant des horreurs genre vodka 1er prix/ fraises tagadas/boisson énergisante raides boules (authentique), ou bien "gaz-oil", pastis/coca-cola (authentique itou), tandis que je me contentais de sécher consciencieusement quelques valeurs sûres comme du Mumm cordon rouge, de la téquila frappée selon la recette mythique de 37,2 le matin ou bien ma sangria "améliorée", une boisson avec laquelle je me suis toujours senti en parfaite osmose fusionnelle et qui ne m'a jamais causé le moindre désagrément.

Héhé, quelles que soient les musiques, la moyenne d'âge sur la piste de danse grimpait inexorablement et, vers les abords de l'aube, nous eûmes le fin plaisir, vieux singes et guenons rescapés, de voir la bande d'oisillons rejoindre pesamment leurs chambres, les ailes et les pattes cassées.

La précipitation juvénile venait de mettre le genoux en terre devant l'expérience et le respect des traditions.

samedi 3 janvier 2009

Mam'zelle KesskadieLe droit acquis

Non seulement il tombe de plus en plus rarement, mais encore, faut-il qu’il tombe mal.

Ce soir, c’est la finale de Star Academy. Entre Jason et Mélinda, qui l’emportera ? Comment peut-il téléphoner pour dire qu’il passera ce soir, soirée sacrée entre toutes ?

Bon, il est vrai qu’il est tombé pile une fois ou deux depuis les derniers… mois ?

Il se fait fidèle à sa femme depuis le temps ou je me fais vieille, se dit-elle.

Ou il se fait susceptible. Les visites rarissimes étant de plus en plus rapides, merci à son diabète nouvellement acquis qui fait en sorte que les érections se raccourcissent sensiblement.

Suzanne a bien regretté la première fois que les symptômes érectiles se sont manifestés. Elle avait blagué après la courte performance : « Ah, un souvenir de jeunesse ? »

Il n’était pas revenu avant quelques semaines.

Et peut-être bien que même avoir voulu, il n’aurait pas pu.

Bon, alors, faisons contre mauvaise fortune bon cœur, il y a longtemps que je n’ai pas été baisée, se dit-elle, c’est probablement pour ça que j’ai le vague à l’âme en ce temps de Noël.

Alors, premièrement, faire le ménage. Dieu sait pourquoi, puisque le casting n’est pas d’être ménagère, les hommes aiment que le comptoir de cuisine soit quand même propre quand ils vont voir leur maîtresse. Surtout quand ils ont passé l’âge de faire grimper la dite dame sur le comptoir pour atteindre le septième ciel.

Tout en frottant énergiquement, la préoccupation vestimentaire se profila. L’homme avait défait au moins douze fois chaque dessous, et il en était au stade où il se rappelait de les avoir enlevés sans que le souvenir refasse surface là où il l’aurait fallu.

On verra après la douche décide-t-elle. Cherchant son rasoir, elle pensa avec mélancolie à sa douce jeunesse où le poil était encore permis à certains endroits. Les hommes jubilaient d’explorer la forêt alors que maintenant, ils ne visitent que les collines dénudées. Effet de l’exploitation industrielle des sites patrimoniaux ?

Évidement, les femmes mariées n’ont pas ce souci du détail. Un mari pouvant se compter chanceux si sa légitime épouse lui permet le devoir conjugal, il n’a cure du poil ni sur le tapis, ni sur le comptoir, ni sur l’épouse.

Ah! Le privilège du droit acquis, soupire Suzanne en appliquant un diachylon sur la coupure faite à l’arrière de la jambe droite. La souplesse n’est plus au rendez-vous ni de la préparation, ni de l’exécution.

Elle regarde sa montre, encore un peu de temps, mais elle fait vite pour programmer le vidéo qui enregistrera Star Academy.

Ah non ! Lui aussi se faisant vieux, refuse de démarrer sous commande. La machine refuse même d’avaler la cassette.

Écoute, maugréa-t-elle, recracher n’est pas un privilège quand on est occasionnelle, tu m’entends ?

Bon, v’là qu’en plus de faire des manières, elle est sourde. Peuh, pense Suzanne avec une certaine amertume, elle aussi pense qu’elle peut avoir mal à la tête quand elle le veut bien. Si les machines vidéo-cassettes se mettent à faire des manières de femme mariée, où s’en va-t-on ?

Et moi, han, si je faisais des manières de femme mariée, han ? Qu’est-ce qui m’arriverait, han ?

Assise sur le bord du sofa, la poitrine aussi basse que son moral, elle regarda tour à tour la télécommande, l’aspirateur, la vaisselle en train de sécher sur le comptoir, le diachylon sur sa jambe égratignée.

« Si la maîtresse clandestine avait des privilèges de la légale partie…. »

Son cerveau passa d’objet en amertume en soupir dans une ronde bien connue et déjà indifférente.

Suzanne tend lentement la main vers son téléphone.

« Allo, puis-je parler à monsieur Dupont ?

Ah, Bonjour madame Dupont. Pouvez-vous lui faire un message ? Vous seriez bien aimable.

Oui, dites-lui que la réunion est annulée pour ce soir.

Ah ? Il avait planifié rejoindre un vieux copain ? Eh ben, le vieux copain a mal à la tête, il n’ira pas le rejoindre.

Comment je le sais ?

Je vous rappelle pour vous expliquer, je dois raccrocher, Star Academy est sur le point de débuter.

Moi ? mais Jason ! Vous aussi, et bien, quelle coïncidence ! Nous avons probablement beaucoup en commun.

Au revoir madame, et merci pour tout. »

mercredi 31 décembre 2008

AndiamoAu gui l'an neuf

Je viens de lire le billet de T-B, quoi ajouter ou retirer ? Rien tout est dit... ITE MISSA EST !

Mais bon, même si c'est con, pourquoi ne pas "optimiser" (Oh ! Très peu), essayer une dernière fois d'y croire, j'ai assurément moins de jours devant moi que vous tous, et pourtant je voudrais ENCORE vous apporter un petit sourire, pas pour vous, blasés, découragés (il y a de quoi) que vous êtes, mais pour vos gamines et gamins, vos petits enfants (égoïstement, je pense aux miens) !

Au gui l’an neuf !

Au gui l'an neuf ! Les bises qui claquent sous les branches pendues au plafond de l’entrée.

Au gui l’an neuf !

Les bisous « chocolatés » des petits enfants, à l’haleine fleurant bon le miel, la pistache et la framboise, parfums des sucreries dont ils se goinfrent depuis le matin.

Au gui l'an neuf ! Les bisous claqués de bon coeur sur les joues de ceux que l'on aime vraiment (les autres je ne les invite pas !). 

Au gui l’an neuf ! Les bisous que l’on ne donnera plus à ceux que l’on aimait et que l’on ne reverra plus jamais.

Au gui l’an neuf ! Deux mille neuf ! La belle rime riche….

Alors peut-être, peut-être… Plus de bombes, seulement des bombages de guérite !

Plus d’attentats meurtriers, que des attentats à la pudeur : tout le monde à poil, DEDIEU ! (pas en ce moment : trop froid) !

Du boulot pour tous.

-Comment Doumé ?

-Pas trop pour les Corses ? OK !

Plus de bande de Gaza, des bandes de gazon, pour que jouent les enfants.

De la place dans les hôpitaux, car je vous souhaite une santé insolente !

Si vous ne voulez pas de cette (toute) petite lueur d'espoir, faites sauter le bouchon d'une boutanche de rouille, torchez-vous, et bonne neuill' !

Un petit sourire, un petit crobard, un souhait, un voeu pieux pour l'AN NEUF : BONNE  BOURRE !!!

J'avais sollicité tous les BLOGBOTEURS afin qu'ils se joignent à ce petit billet (le premier de l'année), mais ils sont "en pointillé", seule Miss Keskadie, m'a fait parvenir ce petit texte, nous l'en remerçions (les autres aussi, pour leur persévérance). Plus de trois ans tout de même ! CHAPEAU...

Voici donc, un sourire depuis : LA BELLE PROVINCE

Les temps changent, je le sens dans l'eau.

Surtout l'eau de pluie, dans laquelle je barbote en plein janvier. 

Les temps changent, je le sens en moi, particulièrement dans les os, et dans la mollesse de mon anatomie. 

Les temps changent, Mussollini, aimait se montrer torse nu, Sarkosy a engagé Carla, pour la chose.

Avant, on gâtait l'oeil des femmes, maintenant, on fait jaillir l'enthousiasme des voteurs masculins. 

Les temps changent, 2008 se retire en ayant engrossé 2009 d'une crise économique.

La crise des années trente, les richissimes devenaient pauvres, en 2008, les richissimes demeurent riches, parce que les pauvres payent pour eux. 

Les temps changent.

Oh ! Pis merde qu'ils changent ou pas, je redeviens optimiste, pareil pour la nouvelle année !

C'est pas un climat politique pourri, la pollution, et autres gentillesse de l'humanité, qui me  feront oublier que l'amour existe encore, et pas seulement parce que Céline le chante.  

Mais aussi parce que vous êtes là, et que si deux ou trois sont réunis au nom de textes percutants, alors, c'est qu'il y a espoir contre l'imbécilité dans le monde.  

Bonne année! Santé, bonheur, propérité! Humour, vin et bonne chère , en tout cas : amusez-vous bien ! 

Mamzelle Kesskadie

Je venais de terminer la mise en place du billet de Miss Keskadie, quand j'ai reçu ceci :

Je n'ai pas résisté à l'envie de partager cet énième message d'espoir...

C'est un peu (beaucoup) con con, mais il faut bien meubler.

lundi 29 décembre 2008

Tant-BourrinA voeux et à chiant

Je me suis laissé dire que la période actuelle serait vaguement propice à une coutume que d'aucuns qualifieraient de charmante (mais je connais d'aucun depuis longtemps : ce n'est qu'un gros con), à une tradition si passéiste et poussiéreuse qu'elle ferait passer Giscard pour un ovule à peine fécondé, à un fatras de niaiseries nimbé de superstitions mal dégrossies, à savoir les vœux de bonne année.

Eh oui, inutile de barguigner, il ne sert à rien de se tordre les mains et de se couvrir la tête de cendres : l’heure approche, les soldes annuels de la plus vile faux-culterie vont commencer.

Car, en vérité, quoi de plus chiant, au sens premier du terme, après avoir passé plusieurs semaines à éviter les contacts douteux et à se laver très méticuleusement les mains une dizaine de fois par jour, que de devoir subir aux premiers jours de janvier les miasmes répugnants de dizaines de cousins, tantes, grands-oncles et collègues de bureau empressés de répandre sur vos joues des traînées baveuses ainsi que l’assurance d’une belle gastro-entérite à venir ? Sans compter que les dits épanchements salivaires s’accompagnent invariablement de vœux convenus et plein d’inanité dont l’effet laxatif n’est plus à démontrer.

Hélas, la pression sociale (terme élégant désignant l’esprit grégaire du troupeau de bœufs) est telle qu’il est difficile d’y couper sauf à passer pour un rustre asocial doublé d’un goujat semi-psychopathe.

Certes, ne le nions pas, il peut parfois y avoir quelque intérêt supérieur à suivre le chemin boueux des conventions.

En effet, quel espoir pourrait avoir le jeune adolescent acnéique d’aller soutirer un ultime billet de cinquante euros à sa vieille mère-grand arthritique, à laquelle il n’a pas une seule fois rendu visite de toute l’année écoulée alors qu’elle habite à deux cents mètres de chez lui, s’il ne se pliait, le moment venu, c’est-à-dire le 1er janvier, à l’exercice des vœux, à savoir un « bOnané mémÉ » essèmessisé, car faut quand même pas déconner, il va pas se pourrir deux heures chez la vioque, elle peut se fendre d’un timbre pour lui envoyer le fric, hein ?

De même, comment l’homme attentionné pourrait-il se tenir informé de l’état de santé de sa chère grand-tante s’il n’allait une fois l’an lui souhaiter une bonne santé, avec une sincérité d’autant plus remarquable qu’il espère lors de chaque visite annuelle détecter les petits signes annonciateurs d’une maladie qui emporterait enfin cette vieille peau qui ne sait plus quoi faire de son fric et dont il est l’unique héritier ?

Citons enfin l’homme politique dont le destin présidentiel s’est accompli et qui, une fois l’an, ne saurait déroger, sous peine de sévère correction dans les sondages d’opinion, à la plaisante coutume des vœux télévisés, au cours de laquelle un accessoiriste doit lui chatouiller, hors cadre, les orteils pour qu’il puisse arborer une ébauche de sourire patelin en lieu et place du rictus chargé de morgue qui lui vient naturellement au visage dès qu’il s’agit de s’adresser à la populace.

Mais pour ces quelques exemples où les mièvreries mielleuses proférées trouvent une justification dont on ne saurait contester la robustesse, combien de vœux niaiseux bramés sur les douze coups de minuit, juste pour se fondre dans le tiède moule de la médiocrité, avec autant d’empathie pour leurs destinataires que pour les canards dont les foies cirrhotiques parfument encore les haleines entre deux relents de mauvais vin mousseux ?

Oui, ne nous leurrons pas : les souhaiteurs de bonne année sont une engeance dont la nocuité n’est plus à démontrer. Essayez simplement de dénombrer les personnes à qui vous avez un jour adressé vos vœux de bonne santé et qui sont mortes au cours de l’année qui a suivi dans d’atroces souffrances !

Alors, pas nuisibles, les vœux ? Généralisons : si l’on considère qu'environ 0,9% de la population meurt chaque année et que, dans l’immense majorité des cas, les défunts s’étaient vu souhaiter une bonne année le 1er janvier, on peut conclure sans hésiter que les vœux pas frais tuent bien plus que les listeria et les salmonelles réunies.

Considérons maintenant le contexte actuel. C’est la crise. Attention, pas la petite crisounette de rien du tout que l’on soigne en deux temps, trois mouvements avec une bonne dose de libéralisme et deux de vaseline ! Non, la crise, la grosse crise, celle que les têtes à CAC du Palais Brognard seront les derniers à vous annoncer, vu qu’il leur faut vite refourguer toute la merde aux petits porteurs avant que ça ne plonge pour de bon. Oui, LA crise, die grosse Krise mit un K majuscule, comme dans Kaputt ! Du genre de celles qu’on ne voit qu’une fois par siècle et dont on n’émerge difficilement qu’au bout d’une vingtaine d’années et de quelques millions de morts.

Bref, si vous espérez vous en tirer en réduisant légèrement votre train de vie (remplacer le beurre par de la margarine, échanger votre portable contre deux pots de yaourts reliés par une ficelle, aller en vacances à la Petite Moule plutôt qu’à la Grande Motte, etc.), vous êtes bien loin du compte ! Commencez donc plutôt par vous constituer des stocks de graines de topinambours et, si vous désirez apporter quelques protéines animales à votre alimentation, pensez également à vous équiper de pièges à rats.

Toute cette longue introduction (alors, heureuse ?) pour bien vous faire comprendre la situation dans laquelle je me trouve embourbé :

1°) les vœux niaiseux et consensuels, ce n’est pas vraiment ma tasse de Darjeeling avec une feuille de menthe et un nuage de lait, merci ;

2°) oui mais les impératifs de la bonne tenue de blog m’imposent de ménager les neuneus décérébrés qui me lisent en les caressant dans le sens du poil et en leur souhaitant la bonne année (les doigts croisés derrière mon dos, je vous rassure) ;

3°) re-oui mais, ce faisant, je m’identifierais trop au quidam agitant son mouchoir sur les quais de Southampton en 1912 et criant bon voyage à ses cousins embarqués pour une croisière de rêve à bord du Titanic.

Car, sachez-le, l’hypocrisie et le souci de préserver l’audience de ce blog ont des limites : celle de ma déontologie (mot élégant servant généralement à exprimer l’idée qu’il faut allonger quelques biftons supplémentaires). Faux-cul peut-être, mais avec un vrai fond !

Ne pouvant par ailleurs me résoudre, par souci d’originalité, à recourir au même subterfuge que l’an dernier, à savoir laisser à un algorithme le soin de faire à ma place le sale boulot des vœux, je vais donc me livrer avec quelques jours d'avance, quand bien même cela me laissera un goût de rance dans la bouche, à ce labeur que je honnis tant… Allez, je me concentre, je prends ma respiration, et c'est parti...


Bonne chance pour 2009, tous mes vœux de survie !


Et maintenant, veuillez me laisser seul, s’il vous plaît, je vais me retirer dans mes appartements pour récupérer, je me sens si las…

samedi 27 décembre 2008

Saoul-FifreCe qui brille, brûle

J'ai passé la 6ième, la 5ième et la 4ième dans la même classe que Lionel et puis nous nous sommes perdus de vue. C'était un garçon sympathique, pas agressif ni faiseur d'embarras. Il était sombre et plutôt taciturne. Nous savions que sa mère était seule pour l'élever et le fait qu'il n'avait jamais précisé qu'elle était veuve nous faisait envisager une histoire d'abandon ou de divorce. Son perpétuel air de chien battu permettait de fantasmer à son sujet les histoires les plus tristes.

Je l'avais raccompagné chez lui pour une histoire de devoir manquant mais il m'avait laissé sur le trottoir, le temps de rentrer le chercher. La maison était correcte, dans un beau quartier, mais peut-être n'en louaient-ils qu'une pièce ? C'est bien simple, Lionel ne répondait jamais aux questions. Son éducation avait été visiblement très stricte, il ne traînait jamais dehors, était toujours poli. Il faisait partie des rares qui venaient au lycée en costume cravate, comme Guy, le fils du notaire, mais c'était toujours le même, un peu élimé. On sentait la famille pauvre mais fière, qui refuse de déchoir, malgré des vents contraires.

Scolairement, il n'était ni mauvais, ni bon, on sentait juste qu'il était "poussé", que réussir dans la vie était un concept qu'on essayait de lui inculquer. Je ne connais rien de son histoire, c'était un garçon secret et nous n'avons jamais su les raisons de ce silence. J'ai juste compris plus tard qu'il devait avoir une revanche à prendre sur la vie.

Mais il la prenait avec simplicité et convivialité.

Je réentendis parler de Lionel Cassan en 1981. J'habitais en Ariège et le transistor était bloqué en permanence sur Sud Radio, dont l'émetteur était en Andorre. Il y animait la matinale, et en particulier une émission qui s'appelait "Parlez-nous de vous". J'appelai au numéro que l'on nous donnait à l'antenne et je tombai directement sur lui, en lui proposant, s'il était d'accord, de témoigner sur nos années-lycée.

- Heu, Saoul-fifre, ne va pas raconter n'importe quoi sur moi, hein ? dit-il un tantinet inquiet.

- Mais non, pas du tout que vas-tu imaginer là, tu me connais, d'ailleurs, tu sais, je ne tiens pas plus que ça à passer à l'antenne si ça doit te gêner, par contre, si je passe en Andorre, j'aimerais bien te revoir.

- OK, quand tu veux, mais je bosse beaucoup, je n'aurai pas trop de temps.

Je n'ai jamais trouvé l'occasion de monter en Andorre. Il continua sa belle carrière, qu'il avait d'ailleurs initiée à Radio-Andorre, puis monta à la capitale, attiré par les reflets hypnotiques de la petite lucarne. Antenne 2 lui confia l'animation de "Matin Bonheur", une émission qu'il tint à bout de bras pendant 5 ans avec succès. On disait de lui que c'était le futur Drucker , il en avait la gentillesse, le sérieux, mais Jean-Pierre Elkabach en décida autrement. Malgré une audience excellente, il le vira et le remplaça par Olivier Minne. Cet extrait , tourné peu avant son départ, est révélateur de l'ambiance.

Il s'accrocha, anima de nombreuses émissions, présenta l'Eurovision, fut un des "speakerins", retourna à la radio, puis s'échoua sur Canal Téléachat. Dans sa longue "traversée du désert", Michou fut un des seuls à lui tendre la main, en l'embauchant comme animateur dans son cabaret.

Mais quand on s'est approché du soleil, enfin, des lumières clinquantes des animateurs vedettes, on renâcle à ne plus faire partie des happy fews.

Alors tu es reparti à l'assaut des gros spots à incandescence, des lumières de la rampe.

Et, tel un Icare moderne, à défaut de t'y fondre les ailes, Lionel, tu t'y es brûlé la cervelle.

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