Par Oncle Dan,
dimanche 15 février 2015 à 00:00 ::La vraie vie
Nous étions le jeudi 14 janvier 1960. Oui, un souvenir de cinquante-cinq ans, à classer dans les inoubliables.
La nuit tombait, ainsi qu'elle a pris l'habitude de le faire depuis fort longtemps, et les poètes que nous étions déjà savouraient les subtiles transformations du ciel quittant sa tunique de lumière brodée d'or en se dissimulant derrière un voile aux teintes changeantes. La couleur paille fût d'abord gansée d'un fin ruban saumon qui dessinait l'horizon. Puis ces délicates nuances de roses laissèrent la place à des rouges plus intenses qui se violacèrent progressivement. D'ordinaire, cet immuable scénario se terminait dans un ultime trait de fusain qui marquait la fin du jour.
Mais ce soir-là, le charbon de la nuit paraissait avoir des difficultés à s'imposer. Le scintillement des étoiles restait imperceptible. Une lueur pourpre persistait à l'est, au dessus du bâtiment central. C'était inhabituel, inexplicable, inattendu. Enfin, c'était nouveau. A l'ouest, rien de tel, bien sûr.
Les esprits les plus perspicaces s'interrogeaient sur les débordements horaires de notre récréation. Les jeux avaient peu à peu cessé. Les plus folles suppositions commençaient à circuler entre les différents groupes qui s'étaient formés dans la cour. Bientôt, cette lueur suspecte s'intensifia. Sous la poussée d'une gerbe d'étincelles plus importante que les autres, elle prit une teinte rougeâtre qui ne laissait guère de doutes sur ses origines.
C'est alors que le pion siffla précipitamment la fin de la récréation et nous fit rapidement monter en salle d'études, sans chercher à imposer le silence dans les rangs où les commentaires allaient bon train.
L'étude de "travail" qui nous était imposée d'ordinaire à ce moment de la journée, se transforma rapidement en étude de "lecture", sous la pression de la nervosité ambiante. Mais c'était encore trop nous demander alors que l'incendie, qui faisait rage de l'autre coté de la cour, colorait la porte vitrée de notre salle d'études de taches rougeâtres qui dansaient sur le verre dépoli.
Lorsque notre étude fut déclarée "libre", c'était vraiment à titre de régularisation. Il n'y avait plus grand monde à sa place, chacun cherchant à obtenir des informations sur un événement que l'on voulait encore nous dissimuler par crainte de provoquer l'affolement. Pour ne pas ajouter à la confusion, ou par souci de discipline, quelques potaches trompaient difficilement leur émotion par une occupation sur laquelle ils avaient du mal à se concentrer. Au fil des minutes, la nervosité augmentait. Un, puis deux, puis trois élèves, s'enhardirent à sortir de la salle d'étude pour regarder le sinistre spectacle par une des fenêtres du couloir attenant. Cela leur fut d'autant plus facile que les pions avaient tous été réquisitionnés pour faire la chaîne avec des seaux d'eau.
L'incendie avait pris des proportions inimaginables. Le vent attisait un feu qui se nourrissait de poutres centenaires, et le poussait jusqu'à l'extrémité du bâtiment. Le lycée qui se trouvait de l'autre coté de la rue était sur le qui-vive, dans la crainte de voir ce brasier se propager sur ses propres toitures.
Les flammes claquaient derrière les vitres cassées qui vomissaient de gros nuages de fumée noire. De longues gerbes d'étincelles zébraient le ciel de leurs sinistres étoiles filantes. Les pompiers des casernes avoisinantes arrivaient en renfort dans la cour d'honneur du collège, car les températures exceptionnelles de cette nuit-là créaient des difficultés inattendues.
Soudés à leurs échelles par l'eau de leurs lances que le vent glacial gelait instantanément, ces courageux soldats du feu étaient aveuglés par d'épaisses nuées, farcies d'étincelles, qui s'abattaient sur eux au gré des bourrasques sibériennes. Vingt degrés en dessous de zéro les avaient transformés en statuts de glace.
Nous en avions déjà trop vu et ne verrions pas la suite. On nous rassembla pour nous conduire dans un autre collège et nous partîmes en rangs par deux.
Spectacle étrange que ces potaches déambulant dans les rues glacées, au milieu de la nuit, à la recherche d’un dortoir...
Par Andiamo,
mardi 10 février 2015 à 00:03 ::General
Douze jours que mon dernier billet est paru ! Et les BOSS yfonkoa ? Rien, nada, lapuche, que fife, y'aurait- t-y pas une glossine bien vicelarde qui les aurait piqués ?
Bon, on va les laisser comater à loisir, et le Doyen, l'ancêtre comme m'appelle Célestoche, s'y est remis.
Comment faire un ch'tiot crobard en quatre étapes, ouais je ne me suis pas foulé, mais je suis pris au dépourvu à l'insu de mon plein gré comme on dit dans les milieux cyclistes.
A diù siatz !
Etape N° 1 : trouver un modèle, moi c'est Marceline ma voisine !
Etape N° 2 : apporter un peu de relief au crayon gras.
Etape N° 3 mise en couleur du modèle... Laisser courir le pinceau... __RHAAAA LOVELY__'' (hommage discret)
''
Etape N° 4 : terminer en peignant le fond.
Pour les Dames et Demoiselles à l'âme sensible, n'y voyez aucun machisme de ma part, les bracelets sont en guimauve, et les chaînes des rouleaux de "ZAN" tressé.
Par Françoise,
mardi 3 février 2015 à 16:25 ::La vraie vie
Marcel Bozec s'asseyait à côté de moi à l’École nationale des Services du Trésor (ENST) où nous étions Inspecteurs stagiaires. Ce Breton pur beurre avait la particularité originale d'exhaler en permanence une forte odeur de cassoulet, agréable avant midi, légèrement écœurante à 15h, et la particularité plus répandue de lever le coude avec des alcools à plus de 40° qui le laissaient quelque peu H.S passé 22h. A tel point que lors d'une soirée arrosée, nous l'avions enfermé, endormi, dans un des sacs postaux transportant le courrier de l'ENST. Il s'était réveillé à l'aube sur un tapis roulant de tri postal devant les facteurs médusés!
Un jour, Marcel me dit : « Tu connais la bande à Charlie ? J'habite juste à côté. »
C'est ainsi que je pénétrai en 1973 au 10 rue des Trois-Portes, dans le 5ème et fis la connaissance de ces gaillards ô combien paillards, nettement plus vieux que moi mais plus potaches que des collégiens hyper pubères : Cavanna, Bernier dit Choron, Gébé, Reiser, Wolinski, Cabu, Willem ... Durant 5 ans, j'y allai très souvent les soirs de bouclage, posai pour des photos dans « Hara-Kiri mensuel » et finis par bosser trois ans pour « la Gueule Ouverte », hebdomadaire d'écologie politique où officiaient également Isabelle, première femme de Cabu et Fournier (mort à 35 ans).
Cette bande n'était pas issue de milieux intellectuels, encore moins parisiens. Cavanna, rital fils de maçon, Gébé employé à la SNCF, Choron ancien légionnaire, Reiser élevé sans père dans un milieu de femmes dont il me disait: « Pour elles, se reposer c'était s'asseoir pour écosser les petits pois. », Wolinski pied-noir très tôt orphelin de son père juif polonais, tous avaient une vision lucide du monde parce qu'ils étaient passés de la pauvreté à l'aisance et voyaient la différence. Croquée dans une planche de Reiser sur « les riches et les pauvres » dont une phrase: « Les riches bronzent, les pauvres ont des coups de soleil » résume en un trait l'inégalité et l’humiliation…
Ce Charlie s'est arrêté en 1982, faute de sous et de lecteurs. Comme aurait pu s'arrêter bientôt celui d'aujourd'hui, faute de sous et de lecteurs. Si tout le monde est Charlie aujourd'hui, bien peu l'étaient il y a 6 mois, et ça souciait bien Charb, en ajoutant à l'atmosphère menaçante dans laquelle il vivait, des problèmes de gestion dont il se serait bien passé…
Entre les deux, il y eut la période Val, rue de Turbigo, où l'hebdo perdit beaucoup de son insouciance. Finis les « soirées bouclage » délirantes où les portes s'ouvraient dès la couverture trouvée pour laisser entrer qui voulait boire, manger et plus si affinités, les éclats de rire tonitruants firent place à des notes de service affichées dans la salle de rédaction…
Tout a été dit et écrit depuis le 7 janvier sur le Charlie actuel. Moins sur celui d'avant, de l'époque où ni les religions ni l'économie ne saturaient l'actualité, ce qui leur laissait du temps pour réfléchir à l'utilité du travail, de la consommation, aux conditionnements qui nous minent, à l'amour, bref à la vie... sans ligne politique autre que la lutte contre « la connerie » chère à Cavanna (La publicité nous prend pour des cons, la publicité nous rend cons ») et pour seule arme l'humour, politesse du désespoir qu'inspire parfois l'état du monde. Mais un humour brut, voire brutal et de mauvais goût : « L'humour est féroce, toujours. L'humour met à nu… L'humour est un coup de poing dans la gueule. L'allusion, l'ironie, la rosserie bien française nous semblaient pipi de chat. Rien n'est tabou, rien n'est sacré. Foutons dehors à coups de pied au cul les vieux interdits, à commencer par le bon goût. C'est du pire qu'il faut rire le plus fort, c'est là où ça fait le plus mal qu'il te faut gratter au sang. (Cavanna, « Bête et méchant, Belfond/ Livre de Poche).
Ce talent à être « bêtes et méchants » sur le papier ne les empêchait nullement d'être attachants dans la vie, parfois attachiants, c'est le propre des natures entières. Ils rêvaient d'une société plus ouverte et sans tabous, mais pas de prendre le pouvoir.
Je me souviens de Wolinski m'expliquant que son obsession des femmes venait de ses frustrations adolescentes : « Je suis juif né à Tunis, pied noir, ni très grand ni très beau. Ça cumule les handicaps pour plaire aux filles ! A présent que je publie mes dessins, elles se bousculent au portillon, alors je me rattrape. » Il n'en revenait d'ailleurs pas d'être aimé de sa blonde Maryse à qui il voulait offrir tout ce qu'elle souhaitait, « même toute la collection des valises Vuitton si ça lui fait plaisir ! »
Je me souviens de l'appartement de Reiser, dans le 14ème, éclairé à l'énergie solaire (un précurseur!). Nous avions parlé deux heures durant des femmes qu'il dessinait souvent plus grandes que les hommes parce qu'il les trouvait plus malignes. Il avait eu des mots intenses sur le chagrin d'amour, « le plus injuste qui soit, parce que tu n'as rien fait pour qu'on ne t'aime plus, tu souffres atrocement et tu ne peux pas obliger l'autre à t'aimer ». Je me souviens de son sourire lumineux la dernière fois qu'on s'est croisé sur un quai de métro : « Faut qu'on se voit vite, je t'appelle ». Il marchait bizarrement ce jour là, je me suis demandé pourquoi et j'ai compris quand peu de temps après j'ai appris qu'il était mort à 43 ans d'un cancer des os. Charlie-Hebdo avait titré : « Reiser va mieux, il est allé au cimetière à pied ». « Reiser : je ne serai jamais un vieux con ». Là encore, rire de tout, même au plus fort du chagrin.
Je me souviens du jour de bouclage tombant un 21 janvier où ils m'avaient fait la surprise d'une énorme tarte aux fraises pour mon anniversaire sur laquelle Wolinski m'avait assise comme la cerise sur le gâteau. Mon éclat de rire quand Choron trouvait que je buvais trop, et sa réplique : « Ça fait 30 ans que je bois, c'est foutu pour moi, mais toi, tu es jeune, ne te gâche pas. »
Je me souviens de deux journalistes venues l'interviewer. Nu comme un ver, excepté son fume-cigarette, comme souvent après le bouclage, Choron s'était avancé pour leur serrer la main et les avait vues reculer, effarées. « Ben qu'est-ce qu'elles ont ? » - T'es à poil, avait commenté sobrement Cavanna tandis que Reiser et Cabu se tordaient de rire comme des gamins qui jouent à « caca-boudin ». Les féministes les trouvaient machos et vulgaires, ils étaient juste paillards, sans une once de mépris pour les femmes. J'appréciais leur gourmandise joyeuse pour le sexe quand partout ailleurs on le culpabilisait comme un vice ou une violence.
Je me souviens de Cabu croquant fébrilement des scènes de rue aussi rapidement que s'il les avait filmées, avec un sens du détail qui échappe parfois aux caméras. Son œil enregistrait tout avec une clairvoyance subjective.
Et puis Gébé, mon préféré, caricaturé par Gotlib dans la Rubrique-à-Brac (le commissaire Bougret, c'est lui), son univers insolite, surréaliste, ses mots d'une précision de scalpel, sa sensibilité affûtée, son sourire ravageur. Une nuit entière passée à bavarder en bord de Seine... Nos déjeuners rituels pendant 30 ans d'amitié. Fin janvier 2004, il espérait qu'on puisse se voir début février. « Je ne te promets rien, tu sais. Se sentir mieux avec un cancer, ça veut juste dire qu'on a moins mal ou qu'on a pu manger normalement. » Il est mort en avril 2004. Son livre « l'An 01 » lu et relu a fondé mes désirs de société solidaire, chaleureuse et joyeuse, surtout, joyeuse.
En mars 2004, au Salon du Livre, j'avais parlé de Gébé avec Cavanna: « Pauvre petit Gébé, avait-il dit, si discret que les gens n'ont pas assez vu son immense talent. » C'est aussi lors d'un Salon du Livre, plus tard, que Cavanna m'a fait ce si subtil compliment: « Le temps est galant avec toi .»
Je me souviens que Charb et Cabu, retrouvés en 2012 sur France-Inter dans le « Bazar organisé » par Laurence Garcia ne cessaient de dessiner des grivoiseries sur les assiettes en carton du petit déjeuner et proposaient à Laurence d'aller les afficher dans le bureau de Philippe Val. Cabu n'avait pas changé de tête, de sourire et de tenue. Il a réussi cette prouesse Brelienne de devenir vieux sans être adulte : « Une heureuse nature, Cabu. Son rire est toujours là, pas bien loin, prêt à fuser… Il trimballe une dégaine escogriffe qui use les fringues du grand frère, superpose les pull-overs tricotés par la tante restée demoiselle, une tignasse de chien briard taillée au bol… Cabu est resté le môme qui traîne son cartable sur le chemin de la communale… fendu jusqu'aux oreilles aux cochonneries que lui débite un copain.(Cavanna, opus cité)
Ils auraient bien ri d'être traités en héros et en militants, eux qui refusaient les étiquettes, le pouvoir, la guerre et les dogmes et voulaient simplement vivre libres et heureux.
Par Andiamo,
jeudi 29 janvier 2015 à 00:03 ::Tu me play ?
J'ai choisi cette chanson parmi les centaines qu'Edith Piaf a chanté, parce qu' elle est très peu connue, et que la mélodie est sublime à mes oreilles, pour le moins.
J'ai eu un jour la chance de croiser Edith Piaf, c'était un soir à Juan-les-Pins (Rouane les Pines avec l'accent ibère), je dînais à la terrasse de "l'oustaou" (pub gratos mais une bouteille de Nuits-Saint-Georges, je ne suis pas contre).
Nous l'avons vu passer, ma jolie fiancée (de l'époque) et moi. Madame Piaf, petite chose, maigre, courbée en deux, chancelante, les traits tirés, elle n'avait QUE 47 ans ! Et pourtant dès qu'elle entrait sur scène, dès qu'elle chantait... Elle avait un nom d'oiseau et chantait comme dix mille (chanson de Léo Ferré)...
La précédant, grand, athlétique, le tif bouclé et noir, Théo Sarapo, amoureux d'Edith Piaf, il ne s'est jamais remis de la mort d'Edith, aussi incroyable que cela paraisse il en était vraiment amoureux.
Jean Cocteau aimait beaucoup Edith Piaf, tous deux entretenaient une correspondance régulière. Il dira d'elle juste avant de mourir, ne lui ayant survécu qu'une journée : "Je n'ai jamais connu d'être moins économe de son âme. Elle ne la dépensait pas, elle la prodiguait, elle en jetait l'or par les fenêtres".
Par Oncle Dan,
samedi 24 janvier 2015 à 00:03 ::La vraie vie
Dans mon collège de jésuites, au début des années soixante, tout était spartiate, sauf les WC qui étaient turcs et où on allait plus par besoin que par envie, tant ils évoquaient la campagne automnale au moment de l'épandage fertilisateur.
Les salles de classe, les salles d’études, les réfectoires et les dortoirs étaient empreints d'une austérité ascétique.
Cette règle de pauvreté souffrait cependant quelques entorses, comme toute règle qui se respecte. Le paradoxe trouvait certainement son apogée avec la piscine qui fut longtemps la seule de tout le canton. Mais l'exception la plus courante était l'incroyable quantité de pianos, qui conférait à ce prestigieux instrument une banalité déconcertante en ces lieux. En outre, le professeur de piano du collège avait la réputation d’être l’un des plus grands organistes de France.
Je me souviens de ce dimanche d’été où j’entendis à travers une porte l’interprétation magistrale d’un morceau de musique classique. Je ne pus résister à l’envie de connaître celui qui déployait tant de virtuosité.
Il s’agissait d’un élève de ma classe, particulièrement doué en musique, et qui savait jouer de plusieurs instruments : Christian Dingler, connu aujourd'hui sous le pseudo de Cookie Dingler.
Par Blutch,
lundi 19 janvier 2015 à 00:00 ::General
C’est pas bientôt fini de me taper dessus comme ça !
Ça fait 3 500 ans que les humains se foutent de ma gueule en dénaturant tout ce que j’ai voulu faire pour eux.
A peine je prends Moïse en tête à tête quelques secondes d’éternité pour essayer de discipliner les Sémites que les voilà à se faire une statue en or représentant un veau.
J’vous demande un peu, un veau !… S’ils se prennent pour de Gaulle, je n’en suis pas pour autant un jeune bovin.
Eh bien voyez-vous, déjà à cette époque-là, j’aurais du me méfier de leur fascination pour l’or et tout ce qui brille. J’étais trop naïf et je ne pensais pas que Lulu si fier pouvait être aussi convainquant pour leur faire tant aimer les biens matériels, parce que depuis, à chaque siècle qui passe, ils me font deux fois plus honte. En 35 doublements, ça commence à faire un sacré cumul.
Un peu échaudé avec le fond de la Méditerranée, j’ai été voir à l’est pour mettre un peu de tolérance et de zénitude dans le cœur des hommes. Je leur envoie Bouddha, un philosophe, juste histoire de leur faire prendre du recul et réfléchir sur les tenants et aboutissants de la vie et voilà-t-y pas que ces cons en font une nouvelle religion avec mausolée, statues en or et tout le toutim. Putain, moi qui n’aime que les vertes collines…
Célestine, tu ne sais peut-être pas que lorsque tu poses ton fondement dans l’herbe tendre de ta colline fétiche, je suis assis à côté de toi à admirer avec le même ravissement le spectacle du ciel et des montagnes.
Pour nettoyer les écuries d’Augiérusalem, je leur envoie Jésus (mais non Pablo, pas le facteur sanguin, Jésus, le Jésus de la belle histoire qu’on raconte aux enfants pour les faire obéir…). Il a tout fait pour se faire entendre…
- Il a produit plus de pinard que tout le Beaujolais et transformé d’honnêtes fêtards en ivrognes.
- Il s’est baguenaudé dans le désert durant 960 heures sans manger ni boire. (Depuis, son record a été battu par Bobby Sands et ses copains irlandais depuis un cul-de-basse-fosse de la perfide Albion.)
- Il réclamait qu’on laisse venir vers lui les petits enfants et des curés se sont crus encouragés à la pédophilie.
- Il multipliait les pains et les poissons, ce qui a fortement accru les cas de boulimie et d’obésité.
- Il avait réveillé Lazare de son coma éthylique consécutif à l’abus de pinard ci dessus cité.
- Le para Litique n’avait rien d’autre à foutre que rester au plumard jusqu’à passé 16 heures. « Prends ton lit et marche ! » Le soldat discipliné a obéi, débarrassant son lit de là, parce qu’il encombrait.
Au final, il s’est fait décaper à la pierre Ponce et des salauds se sont empressés de récupérer le concept en le dénaturant pour idolâtrer un vieillard sénile déjà revêtu de son linceul et qui est prêt à raconter n’importe quoi pour se rendre intéressant.
Le concept du messager ou du prophète étant porteur, voilà qu’il est repris par un type bourré de bonnes intentions, mais entouré d’autant de malfaisants que Jésus (non Pablo…). C’est vrai Allah fin, si vous saviez ce que je dois endurer avec ces escrocs de tous bords qui font des promesses en mon nom sans même me consulter…
Maintenant c’est : Allez vous faire exploser la gueule pour la grandeur d’Allah.
Mais bordel, je leur ai rien demandé à ces cons. T’imagines pas que je vais les asseoir à ma droite… Ça me couperait l’appétit pour de bon !
« Les martyrs auront droit à 72 vierges » qu’ils disent… Et qui devrait se casser le cul pour les trouver ces 72 pucelles… ? ? ?
Ils n’ont tout de même pas tous la prétention de vouloir sauter la bergère… Déjà que Jean-Marie squatte odieusement son cadavre…
Ben tiens, j’y pense : Comme les anges n’ont pas de sexe, ils auraient l’air malin avec 72 vierges à honorer…
Juste pour leur apprendre à bien être mort, à ceux qui les veulent leurs 72 jouvencelles, je leur donne autant de verges de diablotins bien membrés et ils l’ont dans le cul avec leur connerie de martyrologie…
J’en ai tellement eu raz le bonbon des religions que j’avais confié à Karl le soin de prêcher une parole de solidarité et de grandeur humaine. Même ça qu’ils ont réussi à dévoyer...
Je dois vous avouer que je suis un peu refroidi par ces expériences et que je repense avec nostalgie à la douce période du polythéisme grec. J’y avais eu quelques succès et je me suis rarement autant amusé….
Certes, j’y étais toujours moi, mais dans des rôles différents. C’est alors que mon messager m’a parlé de vous…
Une belle brochette d’iconoclastes, de pourfendeurs de dogmes, de bouffeurs de mythes, de répulseurs de la connerie, de soudards, de paillards-braillards, de faignants parfois, de colériques juste ce qu’il faut, mais généreux sans mesure…
A votre Panthéblog, j’ai retrouvé :
- Zeus, père de tous les Dieux régnant sur l’Olympe. Avec des calembours qui fusent comme l’éclair. Un Zeus devenu distrait parce que pour retrouver IO, il ne devait pas se transformer en cheval, mais en bovin. Tant Taurin, c’est joli aussi.
- Dionysos au tour de taille toujours aussi généreux. Aimant faire ripaille et bombance. Dieu de la vigne, de l’ivresse et de la folie, Saoul Fifre lui fait honneur, lui si alerte du godet comme il est nécessaire pour saluer les fruits de sa terre.
- Un peu du Grand Pan, frisé comme Eros, Je les ai aussi retrouvé dans votre bande à inventer des histoires monstrueuses en regardant la vie avec un cœur d’enfant. Petit, il était timide et un peu rêveur. A force d’entendre : Allez allez, Andiamo ! Ça lui est resté (Andiamo et le rêve, car pour la timidité, il s’est bien soigné…).
- Déesse de l'Intelligence, de l'Habileté et de la Stratégie guerrière, qui d’autre que la journaliste Françoise pourrait mieux incarner la belle Athéna.
- Héra, la Reine des Cieux, s’est trouvée une Céleste incarnation.
- J’ai retrouvé Hermès le messager des Dieux, Dieu du voyage, du commerce et des voleurs en Blutch ; celui qui sait parler à l’oreille des Dieux.
Alors Nom de Moi !
N’allez pas vous dire athées, vous qui croyez en l’amour, en la fraternité comme personne. Vous qui êtes des gentils comme j’aimerais voir le reste des humains. C’est pas le moment de me lâcher, je voulais vous exposer comme apparhumain témoin.
N’allez surtout pas imaginer que je vois tout, je sais tout et je peux tout. Putaing. Déjà que je m’occupe de l’intendance des dons et opportunités, que les hommes fassent aussi leur part de boulot, merde !
Je suis là et las, assis, le cul par terre, ne sachant pas comment détruire ces religions qui ont perverti mon image. Je ne me suis pas reconnu dans le billet de Célestine, (Pourtant c’est la mieux placée pour être au courant des nouvelles du ciel) mais j'y ai vu des images dépit mal colportées par les propagandes cléricales. Ça me laisse voir à quel point l’humanité est encore imbibée des sornettes que des corbeaux colportent sur mon compte. Si je dois régler tout ce fatras, je ne suis pas encore sorti de l'auberge...
Mais savent-ils seulement qui je suis, ce gens qui se gargarisent de moi ?
Je suis juste la somme des parcelles de sacré qu’il y a en chacun de vous et les autres humanistes.
Chers Dieux (Ne vous méprenez pas, ce n’est qu’une formule de politesse)
Chers Dieux, donc, disais-je, laissez-moi vous poser une question subsidiaire et néanmoins pertinente, qui me taquine gravement la coloquinte depuis pas mal de temps. Pour ne pas dire d’ailleurs depuis toujours, depuis que l’on m’obligea un beau matin à aller user mes culottes Petit Bateau au catéchisme, et que l'on essaya de me fourrer dans la susdite courge l’idée saugrenue que vous n’étiez qu’Amour.
Amour mon cul, oui.
Donc cette question qui me brûle les lèvres et celle de mes sémillants lecteurs et trices, c’est : « Mais qu’est-ce que vous branlez, bordel ? ! ? ! ? »
Non mais c’est vrai à la fin ! Qu’est-ce que vous foutez, là-haut, toute la sainte journée à regarder d’un œil torve s’étriper vos ouailles, vos sbires, vos diacres, vos moines, vos fous et vos émissaires depuis des millénaires ? Vous jouez à la belote coinchée ? au tric-trac ? ou bien vous faites des mots fléchés ? Ou encore vous vous tripotez la nouille en reluquant la photo de Choron coincé entre les cuisses d'une nymphette, dans un vieux numéro d’Hara Kiri un peu moisi, datant d’avant l’interdiction de publier, suite à un certain bal tragique à Colonglisse les deux Zobis...
Vous n’entendez pas comme un léger bruit ? Il ne vous parvient pas comme une infime rumeur au fond des esgourdes, comme quoi qu’il y aurait comme un schisme au royaume d’en bas ? Un truc qui tourne pas rond. Des gens dont à propos desquels on dit qu’ils se réclament de vous, pour pouvoir s’adonner aux pires exactions ?
Quoi qu’il en soit, on ne m’ôtera pas de l’idée que vous n’en avez strictement rien à secouer de ce qui se passe ici-bas, dans cette vallée de l’arme. Je parie que dans votre claque cinq étoiles pour divinités séniles, vous n’avez même pas un smartphone potable, histoire de vous envoyer des hashtags ou des mails pour vous tenir au jus des derniers buzz sur le net. C’est quand même bizarre qu’en étant prétendument omnipotents, on ait surtout l’impression que vous soyez complètement impotents…
Nonobstant, en toute logique, vous qui Pouvez tout, vous ne devriez pas rester les bras ballants. Enfin quoi, un peu de cojones, caramba ! qu’est-ce que vous attendez pour intervenir ? Vous qui n'êtes qu'Amour ? Non ?
Bon, d’accord, toi Dieu, et toi Jehotruc, (ou Yahvchose, enfin Geronimo Cohen) vous êtes vraiment croulants, vous deux, si ça se trouve vous avez les portugaises ensablées, et la sono cassée. Depuis le temps que vous vous faites passer la brosse à reluire sur le petit jesus, sans rien foutre, par vos adorateurs, vous êtes devenus mous du genou, vous pouvez plus arquer, vous devez être clafis de rhumatismes et d’arthrose galopante.
Toi Bouddha, tu te contentes de compter tes followers par milliards en faisant du gras sur ton sofa, astiqué par une déesse à dix bras à défaut de celle à cent bouches…T’es pas hargneux, t’es plutôt non-violent, mais tu laisses faire…Tu pourrais -y dire, toi, aux autres, qu'ils se gourrent grave.
Quant à toi Allah, le grand, le miséricordieux, je sais bien que t’en as marre de vider les corbeilles à papier ou de faire le mort au bridge, mais tu ferais bien de surveiller un peu ton prophète, il n’a que treize siècles, le galopin, et il est en train de nous faire sa crise d’ado, je ne vous dis pas. M’est avis que l’eau de rose, ça va pas suffire pour soigner ses boutons d’acné. Ça tourne doucettement au furoncle surinfecté, c’t’affaire…
En attendant, je vous ferai dire que j’ai vraiment pas envie de faire les frais de votre inconséquence et de votre gâtisme avancé. Parce que moi, je fais partie d’un groupe à part, qui n’a jamais eu très bonne presse (si j’ose dire en ce moment). Celui des ceusses qui n’ont pas besoin de vous. Non, c'est vrai, sans façon, on se débrouille, allez. Les athées, on nous appelle.
Les plus frileux se disent agnostiques, ils ne veulent pas se mouiller. Des fois que quand même, au final, il y aurait une infime portion de (mal)chance que vous existiez. Moi je me dis athée, et fière de l’être. Ça ne m’empêche pas d’aimer mon semblable et de respecter mon différent. On a de la moralité, quand même, faut pas croire qu’en croyant pas à vous, on croie à rien.
On croit au pinard, à la musique, aux étoiles, à l’amour, longtemps, souvent et même tout le temps. On croit aux fleurs et aux oiseaux. On croit à nos livres sulfureux et nos chansons subversives. On croit au plaisir d’être ensemble. A la Liberté, surtout. A la Vie. Aux amis.
Au bonheur, tout de suite et sur terre, et pas dans deux mille ans au jugement dernier. On n'est pas méchant. On veut juste avoir la paix.
Bref, contrairement à vous, qui nous avez soi-disant créés à votre image pour ensuite vous contre-foutre de ce que nous sommes devenus, nous croyons à Nous.