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mardi 28 février 2006

Saoul-FifreSketch ringard

J'écoutais Rires et Chansons sur l'auto-radio, et ils passaient un sketch de Pierre Palmade, je sais pas si vous voyez lequel, ça doit s'appeler "Les choix" ou alors "Qu'est-ce que tu préfères"... Et à un moment, Palmade dit :

"Qu'est-ce que tu préfères, attraper la grippe, mais à vie, hein, t'es malade, tu guéris plus jamais... ? Ou alors, à vie aussi, tu as trente canards qui te suivent partout où tu vas... ? Hein, qu'est-ce que tu choisis ?"

Ce sketch n'est pas une antiquité, il a quoi ? 10 ans ? Mais je trouve qu'il a pris un méchant coup de vieux. Aujourd'hui, t'as plus le choix : c'est la grippe ET les canards !!

lundi 27 février 2006

Tant-BourrinCourt-circuit

- Bonjour messieurs dames, contrôle des titres de transport !... Madame, votre billet, s'il vous plaît... Merci, bonne journée !... Monsieur, votre billet, s'il vous plaît... Merci, bonne journée !... Monsieur, votre billet, s'il vous plaît... Monsieur !... Monsieur ?!...
- Hmmmm ?
- Bonjour Monsieur, excusez-moi de vous réveiller, contrôle des billets ! Votre titre de transport, s'il vous plaît !
- Trans... port ?
- Monsieur, je vous demande simplement votre billet, s'il vous plaît !
- Bi... yé ?

Le jeune homme avachi sur le strapontin, semblait en bien piteux état, perdu, blême, au bord d'un gouffre d'hébétude. Roland, les sens aux aguets - 15 ans de contrôle des billets dans le métro, ça forge la prudence -, jaugeait ce freluquet hébété et balbutiant. Un fêtard ? Non, trop de tristesse sur cette face livide. Un alcoolo ? Aucune odeur de bière ou de vin. Un shooté ? Les regards se croisèrent un bref instant, l'un sur le qui-vive, l'autre sur le qui-meure, noyé de vague, immense et dilaté.

Oui, c'est bien ça, un drogué ! Une décharge frissonnante dans l'échine. Roland avait aussi côtoyé les rives glauques de la came dans sa jeunesse. Comme les côtoyait sûrement ce gamin qui ressemblait tant à son fils. Ce gamin qui s'écroula soudain sur le sol de la rame.

- Oh, putain ! Merde !

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dimanche 26 février 2006

Saoul-FifreMon cousin, ce héros

À la demande générale de Salomé , voici les aventures salaces, sales et salopes de ces *&%#!$? de Vénusiens et de mon cousin Roger. Et vous noterez que je n'ai pas dit "salomesques", même si je l'ai pensé très fort.

Je ne sais pas si vous savez, mais Mercure est la planète la plus proche du Soleil et sa température au sol monte jusqu'à 400 ° centigrades. Autant dire que le gigot est carbonisé. Vénus est un peu plus éloignée de la source de chaleur, possède une atmosphère, et un épais nuage l'entoure en permanence. Les vénusiennes sont donc chaudes et humides. Enfin, ce ne sont pas exactement des filles. Ou plutôt : pas seulement. L'Etre vénusien n'est pas restrictif ni spécialisé, en matière de sexualité. Parler de sexualité à son sujet est d'ailleurs dépourvu de fondement (excusez-moi, je n'ai pas pu m'en empêcher), puisqu'on ne peut pas dire que le sexe soit un domaine particulier de sa vie, ou une période spécifique à laquelle il consacrerait son énergie, ou une de ses activités parmi d'autres. Non, le vénusien n'est en fait qu'un gros sexe, et il ne pense qu'au sexe. Non, ce n'est pas encore ça, c'est vraiment difficile de parler de lui avec des mots terriens. Il ne pense pas puisqu'il n'a pas de cerveau. C'est un sexe, seulement un sexe, mais alors : complètement un sexe. Pas un sexe à moitié, quoi... Il a aussi des capacités de déplacement phénoménales, qui n'ont rien à voir avec les notres. En fait, il ne s'embarasse pas de technique. Quand il a envie de quelque chose, il y arrive. Naturellement. Comme si l'univers était obligé de lui obéir, tellement son désir était puissant. J'imagine que c'est comme ça que les 2... pieuvres, je ne sais pas comment dire autrement, sont arrivées à Drihac-Ipocon sur Vouivre, dans les Monts d'Amprozac, chez mon cousin Roger Jekyll, première étape dans leur périple d'érotisation globale de la galaxie.

Roger, 50 ans, célibataire endurci, n'avait donc pas d'épouse pour l'astreindre à des ablutions insanes régulières. Il prenait son bain annuel en septembre, dans le tonneau disposé sous la descente de gouttière de sa ferme, et mettait quinze jours à s'en remettre. Il ne quittait jamais ses vêtements de labeur, exceptées ses bottes qu'il daignait retirer avant de se glisser sous la bache de camion qui recouvrait sa paillasse. En ce chaud matin d'aout, il se leva à 5 heures, à son accoutumée, sortit le fumier de la veille et de son étable, aida la Rosette à véler, et mit un doigt à quelques poules pour voir où en était leur œuf. Des cons finis les avaient confinées. Il se dirigeait vers ses pieds de patate (plante aimant beaucoup l'azote) afin d'y libérer le contenu matutinal de sa prostate quand ses deux visiteurs se matérialisèrent devant lui. Il parait que ça fout un choc, surtout à un vieux garçon à la verge vierge.

Comment dire ? Un vénérien en rut, c'est grand, c'est plein de protubérances, de ventouses, ça change tout le temps de forme avec des bruits de succions évocateurs, ses membres raccourcissent et s'allongent, grossissent et s'amenuisent, leurs terminaisons pointent, s'épanouissent en corolles, en doigts, en inflorescences hérissées, en bulles, en lèvres. L'image qui s'est imposée à Roger pour tenter de se raccrocher désespérément à quelque chose de familier, c'est l'escargot. La façon dont il déploie ses antennes, les fait onduler, les replie, les rétracte, donne une légère idée de comment fonctionnait les bestiaux extra-terrestres. Les formes phalliques s'inversaient, se retournaient comme des chaussettes pour se retrouver réceptacles, bouches, sphincters, puis à nouveau langues, couleuvres, manches... Les deux obsessionnels avaient pris Roger en tenaille. Ha pour une initiation, il eut droit à la totale. Ils étouffaient ses pauvres cris d'égorgé sous leurs baisers baveux et s'étaient mis en demeure de fouiller l'intégralité des orifices de leur hôte, dont ils espéraient des plaisirs inouïs et nouveaux. Des tentacules vermiculaires partaient à la découverte des conduits auriculaires, y dégustaient le cérumen, se gorgeaient de jus et s'éjectaient avec un Plop de bouchon de champagne, puis recommençaient. Des bouches voraces avaient déchiqueté et ingurgité les différentes couches de vêtements que portait Roger en permanence, comme un oignon ses pelures. Des muqueuses brûlantes ne laissaient pas un pouce de peau inexploré, puis se durcissaient pour les mordiller, racler, griffer, les noyer de jus de plaisir. Une grotte de chairs agitées de spasmes s'est refermée sur la tête à Roger qui souffle, s'agite, mord ces sources et avale cette liqueur toujours renouvelée. Un doigt, puis deux, puis trois s'insinuent dans un long couloir que jamais Roger n'aurait imaginé être un jour investi. Les doigts s'amusent, deviennent becs, aspirent, jets, crachent. Ils ramonent, ils avalent. Des bouches douces, profondes, le massent, le sucent, le pressent, le saucent, le rincent, le jouissent.

Les glands se font langues, les langues se font lêcheuses, mouilleuses, mangeuses, nettoyeuses, récureuses, et les lèvres et les dents. Roger a eu plus que son bain. Il a été briqué comme un sou neuf, sucé jusqu'à l'os, raclé jusqu'à la moelle. Et il a mis un sacré moment à s'en remettre. Mais deux qui ont eu du mal à digérer Roger, c'est les vénuzobs, là... Une grosse envie bien pressante les a renvoyés sur leur planète dans la foulée. Dégoûtés des voyages. Ha, ils sont pas prêts de refaire du tourisme !

Mon cousin Roger, ben il a sauvé la galaxie !

samedi 25 février 2006

Tant-BourrinUne étrange sensation...



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Un vieux truc dessiné il y a près de vingt-cinq ans...

Une étrange sensation...

vendredi 24 février 2006

Saoul-FifreDivine tragédie

Je l'ai déjà dit, mais un bon slogan publicitaire doit être rabâché pour pénétrer dans les cervelles malléables : "Ma foi, connais pas...". J'ai l'esprit beaucoup trop pinailleur, critiquard, coupeur de poils de cul en quatre, pour aller croire en un barbu au sujet de l'existence duquel les témoignages manquent cruellement, sont le fait de personnes peu fiables et de mauvaise foi, ou bien décédées de si longue date que leur existence même s'en trouve controversée.

Ceci dit, le fait religieux est une constante chez l'être humain. Dans la plus petite île, la jungle la plus profonde, les Hommes, loin de toute influence missionnaire, se sont inventés des Dieux, des cultes autour de la Mort, des prières au ciel, aux astres.

La science a reculé les limites de la connaissance, la civilisation s'est affinée (?), les techniques nous ouvrent des portes sur l'onirisme le plus fou, et les religions sont toujours là. Plus que jamais. Les esprits forts parlent de forme primitive de l'intelligence, d'étape juvénile dans toute civilisation, de la pensée magique nécessaire dans la formation de l'enfant, et qu'il convient d'abandonner à l'âge adulte. Mais le rationnel et l'irrationnel ont toujours coexisté à l'intérieur d'un même cerveau. Mais ce n'est pas un enfant qui a inventé le Père Noël. Mais les grandes gueules donneurs de leçons de liberté de penser sont eux aussi capables de comportements irresponsables et illogiques.

Tant-Bourrin a raison quand il souligne que la Science n'a pas pour but de calmer nos angoisses métaphysiques. En bon Dupon D, je dirais même plus qu'elle les exacerbe en repoussant et en complexifiant de plus en plus les questions. Mais certains esprits simples se contentent de ces explications mécaniques à la "six-quatre-deux". La Science leur devient un objet consolant et sécurisant. La Science leur remplace Dieu.

Dans ces référentiels de compensation de la peur face au divin, règne bien sûr en maître, à c'tt' heure, le Veau d'Or, qui a bien du boulot sur la planche (à billets). Le Pouvoir, le Pèze, la Possession, le "toujours Plus", dont parlait finement François de Closets, peut effectivement donner une idée de l'Infini. "L'Homme ne se nourrit pas seulement de pain, mais de toute parole divine", tentait d'aphorismer un optimiste. Mais pour arriver à rassasier Bill Gates et ses dents longues, il faut pas lui en promettre ! Quand lui et ses semblables boivent, c'est au tonneau des Danaïdes...

Les gens qui se réclament de Dieu ne lui font pas forcément de la réclame. Ces sous-fifres (tout lien de parenté entre eux et mézigue est à exclure sans pitié) peuvent aussi avoir, par la mauvaise image qu'ils en donnent, une responsabilité dans la désaffection de certains spectateurs face à l'Idole Absolue. Le résumé de cette histoire qui fait beaucoup de bruit en ce moment, c'est un peu celui-là : Dieu est innocent. Moi, je te l'acquitte d'entrée, en première instance, sans prendre la peine de consulter les experts psychiatriques. Par contre je me méfie salement de ses missi dominici, qui lui font dire un peu ce qu'ils ont envie qu'Il dise. Dans la même religion, ils sont pas d'accord entre eux. Dieu leur a pas dit la même chose à chacun, dis donc ! C'est dingue, non ? Moi je crois surtout que quand tu les vois les yeux fermés et les mains jointes, ils disent qu'ils prient, qu'ils sont en liaison satellite simultanée avec le créateur de toutes choses, mais ils réfléchissent surtout à ce qu'ils vont dire aux crédules, pour renforcer leur influence sur eux.

J'ai rencontré de vrais croyants. On les reconnaît à leurs fruits, dit-on... Et c'est vrai que les fruits étaient beaux. Un en particulier, qui était très attaché au sens étymologique du mot religion, qui vient de religere, relier. Relier les hommes. Dit comme ça, cela ressemble à un gag. Il n'échappe à personne que la différence de religion est un facteur aggravant, pour ne pas dire suffisant, à une bonne guerre de derrière les fagots ? En tout cas, les dirigeants, les chefs, les rois, se sont très souvent servis de cet argument, souvent soufflé sur les braises de cette différence, pour galvaniser le moral de la chair à canon éternelle : le peuple. Sus à l'infidèle.

Lanza del Vasto, catholique "critique", dirais-je, est allé prendre des leçons de non-violence auprès d'un hindouiste, Gandhi. Il a considéré qu'un hindou était le plus à même de lui enseigner à approfondir le message de paix et de pauvreté du Christ. Ce en quoi il n'avait pas tout à fait tort, les cardinaux aux dorures chamarrées du Vatican étant assez nuls en la matière. Quand il a fondé sa, puis ses communautés de vie, il a écrit de très beaux textes : "Les prières pour ceux qui prient autrement". Chacun des jours de la semaine est consacré à une religion, et la prière correspondante est dite par tous les présents. Comme ils reçoivent des visiteurs de toutes confessions, cet œcuménisme vécu quotidiennement est la meilleure carte de visite de leurs convictions de paix.

Le lundi, prière pour les hindous.
Le mardi, pour les musulmans.
Le mercredi, pour les hermétiques.
Le jeudi, pour les boudhiques.
Le vendredi, pour les églises séparées.
Le samedi, pour Israël.
et le dimanche, jour du Seigneur, on mange des patates au beurre q:^) !

L'introduction a été un peu longuette, mais je voulais juste partager avec vous le plus beau poème que je connaisse, c'est de Lanza, bien sûr, Gilles, un ami, nous l'a lu dans l'église, le jour de notre mariage. Je sais pas si c'est ce texte qui lui a fait de l'effet, mais quelques années plus tard, il a trouvé la Foi. Plus calotin que lui, tu meurs ! Et depuis, il nous emmerde avec ses histoires de la Sainte Vierge et de ses saints...

LE VITRAIL

Nous verrons brûler l'être et l'apparence tels
Que leur étreinte brûle en cette rose ronde,
Quand morts et revêtus de nos corps immortels
Nous remonterons blancs comme un prêtre à l'autel
Les degrés de ce monde,

Quand nos corps décantés, nos corps de verre
Frappés de ciel et de splendeur sévère
Trahiront la couleur dont notre âme est chargée,
Quand nous verrons la vie en un cercle figée,
Et la matière hors d'elle-même sortie,
Et la terre allégée
Comme le pain transparent d'une hostie,

Quand le vide se peuplera de ponts et d'ailes,
Quand nous déchiffrerons le vol de l'hirondelle,
Quand nous saurons par cœur la mer, verbe de marbre,
Et quels longs souvenirs persuadent les arbres
De mener, par d'ambigus rameaux, jusqu'au bout,
Vers l'impassible ciel leurs fleurs fidèles,
Quand nous saurons pourquoi les saints poussent debout
Selon la loi des blés et la ligne des lis,
Et ce qui lie
Les vierges folles aux filets de leur folie,
Quand s'illuminera toute similitude
Comme lumière prise aux rayons de la pluie,
Comme l'étoile à la nuit se dénude,

Quand nous saurons le chat, le serpent et l'ibis,
Comment les rocs profonds méditent leurs rubis,
Ce que cherche le porc dans l'entonnoir du groin,
Et le jour que la limace crée avec sa bave,
Quand se détacheront, colombes dans le loin,
Du bord du dernier ciel des spirales, des cônes,
Trois triangles, un cube et deux dodécagones,
Pour choir et se résoudre en musiques suaves,

Quand tous nos pas portés çà et là, et leur route
Soudée derrière nous par le plomb de l'oubli
Se dresseront soudain dans nos yeux avec toutes
Nos tristesses, tous nos désirs et tous nos doutes
Perdus, et l'entrelac des actes accomplis,
Quand nous saurons pourquoi notre destin
Fut coupé par un autre, ou le coupe,
D'où vint le vin qui réjouit nos coupes,
Miracle inaperçu dans le bruit du festin,

Que le joug qui nous courbe le cou,
Que l'erreur qui nous roula si loin,
Que les deuils endurés coup sur coup
Ouvraient un trèfle et le bouclaient à point,

Quand s'épanouira notre passé
Lumineux de douleur et brodé de désastres,
Quoiqu'un rire distrait, au centre, l'ait cassé,

Quand notre esprit saura, comme ce vitrail sait,
Pourquoi l'éternité tourne en usant les astres,
Pourquoi Dieu, débordant de sa forme parfaite,
A fait ce monde et voulu nos défaites.

jeudi 23 février 2006

Tant-BourrinLe label est cahin-caha

Le label musical "duck records" périclite.
Il est lourd à gérer, et Daisy est bien seule
Car son Donald est mort et les créanciers gueulent :
Chaque paiement de plus la mène à la faillite !

Moralité : Le label décati à Daisy, veuve, est lourd
(c'est que d'chèque en chèque... aïe, aïe, aïe !)

mercredi 22 février 2006

Saoul-FifreLe romancier

Pour nos 10 ans de mariage, un couple d'amis "de mon côté", sachant que j'aimais les vieilles choses, m'a offert un adorable Romancier, très beau, qui m'a donné beaucoup de plaisir. Je sens un frémissement de la foule, et des murmures, là-bas sur la gauche, dans le coin des anti-esclagistes, mais je vous jure qu'ils n'ont pas lieu d'être. Le propriétaire initial de ce "Romancier" ne lui donnait pas le même sens que vous. Son Romancier est un carnet de format A5, à la couverture cartonnée et joliment relié. Ses feuillets étaient vierges, sans carreaux, et il y fut écrit sur la page de garde, dans une police bigrement bizzaroïde, sans doute de son cru :

ROMANCIER
DU
SIEUR LESTANG

Le dit Sieur Lestang y ayant copié à la plume, jour après jour, les paroles des "romances" qui lui plaisaient ou qu'il avait l'habitude de fredonner, et dont il trouvait pratique de conserver le texte à portée d'œil. La calligraphie en est classique, telle que toute personne un peu éduquée la pratiquait à cette époque, mais les enluminures qui décorent chaque texte dénotent un sens esthétique certain. Le bougre avait un bon coup de crayon de couleur.

Chose qui m'a fait tiquer dès l'abord : aucun auteur n'est cité. Ce monsieur Lestang serait-il poète à ses heures, et ces "romances" seraient-elles ses œuvres ? Certaines inélégances, des naïvetés, un lyrisme outrancier dans la facture me l'ont fait croire au début, jusqu'à ce que j'identifie formellement un des textes : "La légende de la nonne", du grand Hugo. Une romance, assurément, mais que venait faire cette belle histoire racontée de main de maître, au milieu de ce fatras d'envolées patriotiques, de bouts-rimés gnangnans, et de cantilènes bien-pensantes ? Car si les dessins prouvent une application sympathique et non dénuée de talent, les textes, remplis de poncifs et de sentiments à l'eau de rose, sont clairement datés "14-18" !

Une certitude, néanmoins : Lestang, l'ami des poètes, a eu une note déplorable, en dictée, à son certificat d'études !

Fleur des champs, brune moissonneuse
aimait le fils d'un laboureur.
Par malheur, la pauvre glaneuse
n'avait à donner que son cœur.
Elle pleurait. Un jour, le père
lui dit : "Fauche ce pré pour moi.
Si dans trois jours, il est par terre,
dans trois jours, mon fils est à toi !"

Refrain
Le doux récit que je vous chante
est un simple récit de cœur,
ou une histoire bien touchante
que m'apprit un moissonneur.

En l'écoutant, la pauvre fille,
crut mourir de joie et d'Amour.
À l'instant, prenant sa faucille,
elle travaille nuit et jour,
prête à défaillir à l'ouvrage,
elle priait avec ferveur.
Dans la prière, du courage,
la prière donne du cœur.

Sur ses pas, une marguerite
jette des regards attendris.
Il faut tomber, pauvre petite,
car mon bonheur est à ce prix.
Prête à tomber, la fleur naissante
jette des regards si touchants
qu'elle fit pleurer l'innocente
comme une simple fleur des champs.

Le troisième jour dans la plaine,
parait le riche laboureur.
La pauvre fille, pâle, hors d'haleine,
ses yeux respirent le bonheur.
"Je t'ai trompé, dit-il, ma fille,
mais pour toi, voilà dix écus...

Et le soir, sous la faucille,
Expirait une fleur de plus.

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