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dimanche 21 novembre 2010

AndiamoC'était il y a... PFIUUUUU !

Tout d’abord, mes parents étaient de grands danseurs… Surtout devant l’buffet ! Ils faisaient aussi de la musique, en se tapant sur le ventre.

Acrobates un peu parfois, réussissant très bien le grand écart, afin de joindre les deux bouts ! Nous, on a jamais rien remarqué, passeque on avait « touçakifô ».

Elle était comme ça, ma mère : un peu le pélican de Leconte de l’Isle, qui s’ouvre le cœur pour refiler à becqueter à ses chiares. Sauf que le pélican de l’histoire, il était un peu con, biscotte quand les morfales ont bouffé Maman, qui leur apportera la graille le lendemain ?

Moralité : mieux vaut crever la dalle une journée, plutôt que toute une année !

Non, mais là, j’déconne, ça n’était pas la misère. Certes il n’y avait pas de bagnole, pas de télé, encore moins de téléphone à la maison, j’ai dû apprendre à me servir d’un bigornot (les noirs en bakélite ) à 13 ans…

Ils étaient munis d’un cadran qu’il fallait tourner afin de composer le numéro à trois lettres et quatre chiffres. Exemple : MONtmartre 16 40, ou TRUdaine 21 29, encore BALzac 00 01 : celui ci c’était le numéro de l’agence de pub Jean Mineur, dont on nous rebattait les oreilles au cinéma… Mais oui, le p’tit mineur avec sa pioche, allons un p’tit effort de mémoire ! Je l’ai connu en noir et blanc et je m’en souviens encore.

Ça ne nous gênait pas de ne pas avoir de télé, ni de téléphone. La voiture ne nous manquait pas, les potes étaient logés à la même enseigne, alors tout était pour le mieux.

Au coin de chaque rue, il y avait des « tas ». C’est sur l’une de ces îles au trésor que nous avions trouvé un vélo ! Ces dépôts sauvages étaient flanqués d’un superbe écriteau : « défense de déposer des ordures sous peine d’amende ». Immanquablement tout le quartier venait y déposer les trucs VRAIMENT inutiles.

J’ai bien écrit vraiment, car on ne jetait pratiquement rien, tout servait, comme me le faisait remarquer Françoise, on ne faisait pas de l’écologie, on faisait des économies, ce qui revient exactement au même : point de gaspillage.

Un jour : bonheur ! Putain, là sous nos yeux… Des masques à gaz ! Pendant la guerre, pas celle de 1870, je vous vois venir, non, non, celle de 40-45, il avait été distribué aux familles des masques en caoutchouc couvrant tout le visage.

Sage précaution de nos autorités qui avaient TOUT prévu… Sauf que les doryphores passeraient par la Belgique !

Des fois que les verts de gris aient encore eu à disposition un vieux stock d’ypérite* et qu’il nous le refile, comme ça en loucedé, histoire de nous faire passer le goût du pain noir et des topinambours.

Quelle connerie ! Quand on sait que l’ypérite s’attaque aux muqueuses et que tu te retrouves avec le derche en lambeaux, en moins de temps qu’il en faut à ton percepteur pour t’envoyer la p’tite feuille bleue….

Devant les gobilles : deux ronds en mica et, pendant sous le masque, une cartouche contenant des « granulés », sortes de filtres qui devaient neutraliser les gaz mortels… TIN TIN TIN !

Certains portaient une cartouche en bandoulière, reliée au masque par un gros tuyau caoutchouté, genre « Verchuren » car il était plissé comme un accordéon.

Aussitôt on se colle les groins sur la tronche, ça schlinguait vachement le vieux caoutchouc, le moisi, la choucroute pas fraîche, le clodo négligé, et la jeune fille pubère !

Et voilà qu’on refait la guerre des mondes de l’excellent H.G Wells, les pionniers de l’espérance, de Raymond Poïvet pour les dessins et - tenez-vous bien - Roger Lécureux, le Papa de Rahan pour le scénario ! Une page par semaine dans l’excellent « illustré » VAILLANT (honnêtement je viens d’aller réviser dans Wikipedia).

On ne connaissait pas les lasers, mais les fusils à rayons verts, ça oui ! On a ouvert les cartouches, reniflé les granulés qui puaient vachement le renfermé. Tu penses, depuis le temps qu’ils attendaient le gaz moutarde ! Bagarre à coups de granulés que l’on avait rebaptisés pour la circonstance : les cachous de la mort…

Qui était touché, était mort. Je crois bien que tout le régiment des envahisseurs était sur le dos en moins de cinq minutes. Mais dans tous les jeux d’enfants au bout de quelques minutes : « debout les morts, on remet ça ! »

J’ai ramené ma trouvaille à la maison le soir, le frangin aussi. Quand ma mère, qui en avait vu d’autres, nous a aperçus avec nos trouvailles :

- Non, mais vous trouvez qu’il n’y a pas assez de fourbi comme ça ? Allez me remettre « ça » où vous l’avez ramassé !

Mais pas inquiète de savoir si, par hasard, le fait de s’être collé ces saloperies sur la tronche allait nous refiler la « gigite », le « gobu », ou pire encore ! Confiante dans nos anticorps, elle l’était.

Nous avons fait semblant d’aller les déposer sur le « tas », puis à la première occasion nous sommes allés les récupérer, afin de les planquer dans un recoin de la cave connu de nous SEULS !

C’est lorsque nous avons déménagé bien plus tard qu’elle m’a révélé que cette planque, elle la connaissait elle aussi ! Mais bon, elle avait laissé faire… Ainsi sont les Mamans.


*L’ypérite tire son nom de la ville d’Ypres en Belgique, où il fut utilisé pour la première fois le 22 avril 1915, faisant 5200 morts dans les heures qui suivirent cette attaque au gaz mortel !... On n’arrête pas le progrès.




P S : Je viens d'acheter un joli recueil de contes, afin de l'offrir à l'une de mes petites fillottes.
Ce sont des contes originaux, très bien écrits, agrémentés de dessins magnifiques.
Ce livre s'appelle HIM LI CO et je vous le recommande vivement ! (pub entièrement GRATOS).

mercredi 17 novembre 2010

Saoul-FifreQuand Matthieu ferrait Ferré

Notre lectorat évolue et les blogs apparaissent et disparaissent comme sous les doigts pleins de dextérité du Grand Magicien, tout là-haut.

Qui se souvient de Matthieu ? C'est un de ces nombreux disparus, et réapparu peut-être ailleurs, sous un autre nom. C'était une des plumes les plus brillantes de la blogosphère, acérée, provocatrice, inventive, originale comme nous les aimons. L'avantage avec Matthieu, c'est que ses écrits restent disponibles à la lecture : c'est le mien , le premier, je crois, et puis Tant-Bourrin l'avait retrouvé sur La semaine de... , et depuis, pas de nouvelles...

Mais Matthieu existait avant les blogs. À la grande époque des forums, il devait être vraiment jeunot, il était déjà un intervenant vif et musclé dans l'expression. Je n'ai pas connu, mais Tant-Bourrin m'a raconté par mail que "Marcellus 55" (pseudo de Matthieu sur les forums) était un habitué des démolitions brillantes de textes de chansons et qu'il s'était même attaqué à "Avec le temps", de Léo Ferré !

Je lui répond que "waw ! C'est bien la preuve que Matthieu est dans le second degré, non ?", et Tant bourrin me répond avec son flegme britannique et son air de ne pas y toucher : "Sûrement ! Quoi que..." et il m'envoie ce lien pour que je me fasse ma propre opinion.

Et effectivement, après lecture (le lien est un peu fouilli. Cliquer sur "1" pour lire les interventions de "1" à "10", puis sur "11", etc...) s'il y a de la dérision dans les propos de Matthieu, elle est soigneusement cachée et fortement pince sans rire ! Petit florilège (je rappelle que Matthieu parle de "Avec le temps", de Ferré) :

Ce texte est à l'émotion ce que s'arracher un poil de nez pour pleurer est aux larmes : du frelaté.
la platitude des paroles
ce n'est pas parce qu'un texte ne veut rien dire qu'il est poétique. Cette chanson est, à mon avis, un ensemble de mots, mis ensemble pour faire joli, mais qui n'ont aucune relation entre eux. De plus, je ne souhaite pas casser le rêve que certains trouvent dans cette poésie. Mais la poésie me semble cruellement absente de cette chanson, remplacée par une bouillie intellectuelle.

J'ai écrit quelque part sur ce blog "ma" définition de la poésie. Ce n'est que la mienne. En gros, la poésie est quelque chose qui "sort" du poète. Il n'y a pas de ratures, pas de censure, pas d'auto-analyse, pas de réflexion, pas de distance, pas de regrets. Le poète doit respecter et ne pas essayer de modifier la poésie qui sort de lui. Il n'en est que le truchement. Le poète est humble : la poésie ne lui appartient pas. Le poète est porté par la poésie, et non l'inverse. Il est inspiré.

Selon cette définition, je ne peux pas dire si "Avec le temps" est un poème. Seul Ferré le pourrait, et Ferré est mort. Selon Stan Cuesta (Léo Ferré, chez Librio) la chanson aurait été écrite en 2 heures. Si c'est exact, je lui donne son brevet de poésie. Un texte pareil écrit d'une seule traite est une poésie. Et là, je m'inscris en faux contre Matthieu : la poésie se moque des explications, des significations, de la syntaxe. Le poète se moque de la critique, il peut répondre "adressez-vous au génie de la lampe ! Allez vous plaindre au feu, au don, aux muses..." La poésie est au peuple. Le poète peut, après coup, une fois redescendu du nuage où il s'est laissé aller à l'écriture automatique, avoir un regard, une opinion sur ce qu'il a écrit, mais au même titre que n'importe qui, en simple spectateur. Le poète est un réceptacle de création, comme la mère, de son bébé. Elle dit, nous disons : mon bébé, son bébé... Mais en est-elle propriétaire ?

Le poème est donc à lui-même et à tout le monde, comme un bébé de mots... et c'est particulièrement vrai pour "Avec le temps", que le public s'est approprié d'une manière compulsive. Ferré était d'ailleurs jaloux du succès de son enfant. Il aurait aimé se la garder pour lui tout seul, se la jouer le soir sur sa guitare, mais trop tard ! L'enfant avait pris son envol et son indépendance !

Le poème est à chacun. Il est aussi à Matthieu, qui a parfaitement le droit de le renier, pour plein de raisons complexes, parce qu'il ranime la mémoire triste d'une muse ou d'un museau ?

Contrairement à un autre débat sur "Fernand" de Brel, où une analyse a été menée, vers à vers, les échanges ont de suite viré aux insultes, pour discuter de "Avec le temps". Et pourtant, Matthieu demandait avec insistance qu'on lui "explique"... Comme je l'ai dit plus haut, il n'y a pas UN sens, mais autant de sens que d'auditeurs, et quelquefois même aucun sens C;-! ... Mais je veux bien parler de COMMENT je ressens ce texte.

Une petite vidéo d'illustration ? celle de l'Olympia 72 ?

Avec le temps...
avec le temps, va, tout s'en va

Moi je dis avec Matthieu que "c'est ben vrai" ! C'est d'ailleurs scientifique que la mémoire ne s'arrange pas en vieillissant. Nous avons d'ailleurs là un début d'explication du succès rencontré : 100 % des français sont d'accord et c'est même un de leur soucis principal.

on oublie le visage et l'on oublie la voix
le cœur, quand ça bat plus, c'est pas la peine d'aller
chercher plus loin, faut laisser faire et c'est très bien

Matthieu fait semblant de croire que le cœur s'est arrêté de battre réellement. Pas du tout, M. n'est pas si con ! Il connaît parfaitement la métaphore poétique de l'amoureux qui a le cœur qui bat. Là, donc, le poème dit l'inverse : l'amoureux a oublié le visage et la voix de l'être aimé, son cœur ne bat plus à son souvenir et le poème dit qu'il ne faut pas se rebeller contre cette déliquescence des sentiments. Il faut savoir faire son deuil, on ne peut pas être et avoir été, il faut passer à la page suivante. Moi je dis que c'est chiadément bien torché et que Ferré ne vole pas ses royalties.

l'autre qu'on adorait, qu'on cherchait sous la pluie

Là aussi, Matthieu cherche à se faire passer pour plus bête qu'il n'est (quoi que..., dirait Tant bourrin dB-). Au cours d'une dispute, Jules claque la porte et part sous la pluie en tee-shirt, et Matthieu enfile son manteau, sort la voiture du garage, attache sa ceinture de sécurité et démarre à sa recherche ??? Non non non, j'y crois pas. Matthieu, il sort en tee-shirt lui aussi. C'est un vrai sanguin, Matthieu.

l'autre qu'on devinait au détour d'un regard
entre les mots, entre les lignes et sous le fard
d'un serment maquillé qui s'en va faire sa nuit

Les 2 premiers vers trouvent grâce aux yeux de Matthieu. C'est vrai qu'ils ont de la gueule. Moi, pour écrire comme ça, je donnerais, je sais pas..., mes actions du blog, tiens ! En disant "Un serment de pute ? Je vois pas, là.", Matthieu n'était pas loin de comprendre, pourtant : oui, on peut dire que la nana se fait traiter de pute. Poétiquement, allusivement, mais l'idée est bien celle-ci : c'est une menteuse (son regard se détourne), mais l'autre, qui a oublié d'être con, il voit clair dans son jeu et il sait bien que ses promesses ne sont que des promesses et que ce n'est pas chez sa mère qu'elle va passer sa nuit (la salope).

avec le temps tout s'évanouit

Oui, avec le temps, tout (même moi, même Matthieu, même les anecdotes, les trahisons, les serments qui se sont révélés être mensongers...) s'évanouit dans la mémoire infidèle des êtres humains. Dans le sens "disparaît", bien sûr ! C'est un peu comme quand on dit "celui-ci, je le vomis...". Ça veut pas dire "je l'avale d'abord, et je le recrache ensuite". Les mots ont plusieurs sens, Matthieu ?

mêm' les plus chouett's souv'nirs ça t'a un' de ces gueules
à la gal'rie j'farfouille dans les rayons d'la mort

Alors, là, Matthieu, le jeu de mot avec "La foir' fouille", ça vient comme un cheveu sur la soupe ? Où elle est la démonstration que la poésie est absente de ce texte ? Tu dérapes, tu changes de sujet, la pente devient savonneuse ? La chaîne de magasins n'existait pas encore d'ailleurs, à l'époque, par contre, le verbe farfouiller, oui.. Ces 2 vers, je les trouve toujours aussi tip-top que les autres. Le poème essaye de faire ressentir que les souvenirs, avec le temps, se déforment comme se décharne un crâne ou un squelette. Le poète plonge dans ses souvenirs et ne trouve que des lambeaux, des traces... Le souvenir à moitié oublié de la plus belle des filles a indubitablement une sale gueule ! Des métaphores comme celle-ci, je tire mon chapeau.

le samedi soir quand la tendresse s'en va tout' seule

Là, Matthieu fait une allusion au film de cul de Canal +. Nonobstant le fait qu'à l'époque de la chanson, il n'y avait qu'une seule chaîne, je trouve cette lecture fine. Samedi soir après l'turbin, à l'époque, c'était la soirée libre : on picolait, on remplissait son devoir conjugal, et si on était solitaire, on fouillait dans les rayons d'la mort, à la recherche (bredouille) de chouettes souvenirs, et on finissait, en désespoir de cause (et non en des espèces de squares), par une bonne branlette. Alors, "quand la tendresse s'en va toute seule", ce serait la métaphore poétique du geyser de sperme ? Je laisse à Matthieu la responsabilité de ses intuitions-force...

l'autre à qui l'on croyait pour un rhume, pour un rien
l'autre à qui l'on donnait du vent et des bijoux
pour qui l'on eût vendu son âme pour quelques sous
devant quoi l'on s'traînait comme traînent les chiens

Le 1er vers ne m'évoque pas grand chose, Laurent B. avait l'air de bien le sentir, il y voyait une allusion à la médecine. On pourrait alors le comprendre comme ceci : l'autre est toujours l'ex, et elle le chouchoutait, le soignait. Elle avait des avis autorisés et définitifs sur la maladie. Nous en avons tous connu, de ces spécialistes des tisanes, des inhalations, des petites pilules homéo... Pris dans ce sens, la syntaxe ne me choque pas (je crois que c'était ce qui gênait Matthieu) : l'autre à qui l'on croyait (en qui l'on avait confiance), pour un rhume (lorsque l'on avait un rhume), pour un rien (des petits riens)... Le 2ième vers parle de bijoux (cadeaux bien palpables et monnayables) et de "vent", qui représente à mon avis tous les autres cadeaux immatériels (les mots doux, les sourires, les soupirs...). "Devant quoi" au lieu de "devant qui" pose un problème à Matthieu mais ne m'en pose personnellement pas : devant quoi se traînent les chiens ? Devant la déité, la déitude que nous représentons pour eux ? Est-ce qu'un chien s'arrête à de tels soucis de genre ? Un chien se traîne, rampe, devant "ÇA"...

on oublie les passions et l'on oublie les voix
qui vous disaient tout bas les mots des pauvres gens
ne rentre pas trop tard, surtout ne prends pas froid

Encore des conseils de santé qui confirment l'interprétation précédente : la dernière épouse de Ferré était du genre "mama italienne", on dira que c'était son style de femme et que l'ex dont il parle était aussi du genre "protectrice". En tout cas, tout ça est bien émouvant et visiblement vécu, la faim, le froid sont bien des soucis de pauvres, mais tout ça est bien loin, avec le temps, va, les ennuis d'argent s'éloignent...

et l'on se sent blanchi comme un cheval fourbu

Rien de bizarroïde là-dedans. L'escroquerie intellectuelle dont parle Matthieu, c'est juste celle de parler de chevaux alors qu'on a juste vu "Crin-blanc" à la télé ? Quelqu'un du forum dit qu'un cheval fourbu a de l'écume blanche sur la peau, et Matthieu le remercie car il a appris quelque chose aujourd'hui. En fait, si un des sens de fourbu est en effet "fatigué", quand on parle d'un cheval fourbu, il s'agit d'une vraie maladie des sabots, "la fourbure", qu'attrapent quasiment tous les vieux chevaux. Et si ses poils étaient foncés, en vieillissant, ils... blanchissent !

et l'on se sent glacé dans un lit de hasard

Ce vers également me semble évident et lumineux. Matthieu nous demande de le suivre aux Galeries Lafayette où on le voit avec stupéfaction acheter un lit et le ramener sur son dos dans un chez lui sans chauffage (alors que nous aurions plutôt acheté un radiateur électrique), mais on sent surtout qu'il rame à donf depuis quelques vers pour tenter de nous faire rigoler avec ce qui est sans doute LA chanson émouvante du siècle. Moi, rien que l'idée d'un "lit de hasard", ça me glace. Tout le monde a compris (sauf Matthieu ?) que le vers parle d'un coup sans lendemain, tiré vite fait-bien fait dans un hôtel, avec une inconnue (une groupie ?)... Faire l'amour sans Amour, sans sentiments, ça manque de chaleur, ça refroidit le poète, et moi, je comprend le poète.

et l'on se sent tout seul peut-être mais peinard
et l'on se sent floué par les années perdues- alors vraiment
avec le temps on n'aime plus

Matthieu n'a rien trouvé de précis à reprocher aux derniers vers, mais c'est juste que selon lui, la cause est entendue, vu qu'il a bien fait son boulot d'humoriste. Mais les définitions sont tenaces et elles sont précises : l'ironie IMPLIQUE que le lecteur sache qu'il s'agit bien d'ironie. Quand Desproges raconte que Brassens lui a téléphoné pour lui dire "J'aime bien ce que vous faites" et que Desproges affirme lui avoir répondu "Moi aussi, j'aime bien ce que je fais", il n'y a aucune ambiguïté. Tout le monde éclate de rire.

samedi 13 novembre 2010

Tant-BourrinDébarrassez-vous enfin des pigeons !

Rrrrrrrrou... Rrrrrrrrou...

Allongé sur votre lit, cela fait un quart d'heure que vous essayez de vous concentrer sur votre livre, mais voilà : à trois mètres de votre tête, derrière la vitre, il y a ces putains de pigeons qui passent leur temps à roucouler comme des crétins tout en repeignant de leurs déjections votre rebord de fenêtre. Alors que vous étiez parfaitement zen en ce dimanche de glande méditation, cette foutue engeance ailée vous fout les nerfs en pelote. Mais comment se débarrasser de cette plaie ?

Pas de panique, Blogbo rapplique ! Ce ne sont pas les méthodes qui manquent pour éradiquer durablement les pigeons qui vous importunent !

Suivez le guide !

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mardi 9 novembre 2010

AndiamoDéfoulez-vous !

Vous souvenez vous Mesdames et Messieurs des dessins d’ASLAN, qui paraissaient dans :

le magazine de l’homme moderne ?

Comment Messieurs ?

Vous n’avez jamais regardé les créatures qui figuraient en double page dans des tenues minimalistes ?

Ouais, vous l’achetiez pour les articles politiques qui y figuraient… Bien sûr, tas de faux culs ! Quand j’ai fait ces ch’tiots crobards, mon épouse est arrivée derrière moi et a déclaré :

- KESTUFOUS ?
- Je travaille…
- Devant des femmes à poil ?
- Ben oui, j’essaye de les dessiner.
- C’est pour Blogbo ?
- EH OUI !
- Bon courage !... Tu ne fais pas un métier facile.
- Je sais…. Soupir !

Faut-il que je vous aime, Mesdames, pour vous dessiner sans cesse, même si je vous égratigne un peu, mais c’est pour mieux vous consoler ensuite.

Sous chaque dessin, j’ai écrit une petite légende, comme Aslan le faisait (en toute modestie, n'ayant ni son talent, ni sa maestria). Je vous propose d’en écrire d’autres, et là je compte sur vous, afin que l’on se marre un peu (beaucoup).

Je vous fais confiance, sachant que vous avez l’esprit suffisamment tordu pour cela !



1) Les femmes qui s'en balancent ne s'en foutent pas forcément.



2) J'ai parcouru vos romans d'un derrière distrait.



3) Entre ici, Jean Moulin !



4) Se déculotter, ça n'est pas toujours manquer d'audace.



5) Le plus intéressant quand on étudie le Q.I chez une femme : ça n'est pas le i .



6) L'une de mes préférées : quand la poitrine est menue... Les mains sont plus près du coeur.



7) Et bien sûr le corollaire de la précédente : abondance de biens ne nuit pas.

vendredi 5 novembre 2010

Saoul-FifreQuel joli temps

C'est fou l'élégance qu'on peut donner au mot "auto" en lui rajoutant "mne" à la fin. On pourrait évoquer aussi l'acronyme "HIV" qui a nettement plus de classe si on le fait terminer par "er".

J'aime l'hiver, je ne peux le nier, c'est une saison de dormance, de réflexion, de méditation où l'on a l'occasion de se restructurer dans un nouveau cadre. Après s'être astreint à tirer une synthèse de l'année passée, vient le temps de faire des projets, de tirer des plans sur la comète de l'année à venir. J'apprécie cette saison-bulle où l'on profite de ce qui a été engrangé, où le rythme s'alentit, laissant un peu plus de place au rêve, à la magie de la nuit. La moindre lueur y atteint des prix fous et les silences nous sont autant de friandises, caries en moins.

L'hiver m'est douceur mais ma saison préférée c'est l'automne. "Septembre, quel joli temps...", fredonnait l'irremplaçable Barbara à qui je reste fidèle, ne serait-ce que pour l'évidence de ce vers. Après la saison-feuille, puis la saison-fleur, vient la saison-fruit, qui est un aboutissement, une récompense, une plénitude. Tout labeur mérite salaire et les grappes désignées par nos sécateurs sont ravies de choir dans les paniers, puis dans le fouloir, puis dans la cuve où les normales saisonnières seront suffisantes pour lancer une transsubstantiation à gros bouillons du jus en vin. Cette après-midi, nous connûmes la consécration du cycle, avec le soutirage, le passage de la rafle dans le pressoir au doux cliquetis, la mise en cuve, en bonbonnes et en bouteilles. Un peu plus de 1000 litres. Ouf : nous sommes à l'abri de la soif pour l'année.

L'automne est aussi la saison des confitures. Margotte a repéré la charge des branches à l'avance, surveillé la maturité sans laisser pour autant le soin de la récolte aux prédateurs emplumés, et opéré la razzia. Figues à l'odeur de miel, mûres disputées aux épines, pâte de coings nous renvoyant direct en enfance, petites pommes sauvages à la saveur rare appréciée aussi, quel dommage, par nos amis les vers, raisins de la treille, délice de nos rouges gratte-culs si longs à préparer...

Puis arrive le temps des olivades. Nous les ramassons à l'ancienne, au panier tressé, avec l'aide de chevalets, ces échelles si stables en forme de pyramides à trois pieds, pour les branches hautes. Là aussi, ce jus de l'olive qui va sourdre sous les meules de pierre, être récupéré naturellement par simple décantation, représente le chef-d'œuvre que l'arbre nous offre tous les ans à la même époque, huile aux couleurs fascinantes, mais toujours fraiche et lumineuse. Ardente ou douce au bout de la langue, selon son humeur.

Si elle est la saison par excellence des présents et de la générosité, l'automne se garde bien d'oublier que pour apprendre à donner, il convient de savoir recevoir. Le moment des labours est venu. La terre doit s'ouvrir, être travaillée, se rendre disponible au semis des graines. J'aime à sentir le soc rigide retourner et ameublir le sol, j'aime engager la roue de mon tracteur dans le sillon précédent. Je lâche alors le volant et laisse ma charrue exprimer sa créativité. J'ai remarqué qu'elle préférait suivre le chemin des écoliers. À mes débuts, me sachant sous l'œil braqué des voisins, je la forçais à tirer des raies impeccablement droites, aujourd'hui, plus philosophe, je prends plaisir à la voir dessiner sous mes yeux des courbes féminines.

Et je trouve une certaine logique dans le fait d'y enfouir ensuite ma semence.

"Septembre, quel joli temps", de Barbara

lundi 1 novembre 2010

Tant-BourrinBrouillon de culture (11)

Revoici "Brouillon de culture", l'émission bloguesque qui transforme la Vache qui rit cérébrale des internautes en livarot bien affiné, avec son lot habituel de perles culturelles à enfiler impérativement au collier de sa connaissance.

Les nouveaux arrivants sur ce blog dont le collier serait vide peuvent vite aller faire le plein en consultant les numéros précédents de cette chronique lue et appréciée jusqu'aux confins de l'univers : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 et 10.

Ce onzième numéro sera aujourd'hui consacré à la Littérature avec un grand L, et je suis allé pour cela quérir dans mon immense bibliothèque trois ouvrages majeurs que tout un chacun se doit impérativement d'avoir lus sous peine d'excommunication blogborygmique.





Happy Rôteur et les reliques de la Mort subite - J.K. Rowting

Happy Rôteur et les reliques de la Mort subite est le septième et dernier tome de la saga Happy Rôteur, qui narre les aventures d'un apprenti soûlaud et des ses amis Rond Videley et Chèregnôle Engrangée à l'académie de la bière Soûlard. Cet ultime épisode voit le dénouement de la confrontation entre Happy et Lord Fioledemort, qui ne rêve que de devenir le roi des soûlauds et qui, accessoirement, a tué les parents de Happy lors d'une biture mémorable dont ils ne se sont pas relevés.

Happy Rôteur, dont l'entraînement intensif à Soûlard a immunisé le foie, lance un ultime défi à Lord Fioledemort : une beuverie à la gueuze "Mort subite", jusqu'à ce que l'un des deux roule sous la table. Les pintes succèdent alors aux pintes, dans une atmosphère lourde chargée de bruyantes éructations. Hélas pour lui, Lord Fioledemort a commis une terrible erreur qui va lui coûter cher : il a cru bon de s'échauffer avant la compétition en s'enfilant l'équivalent d'une dizaine de fûts de bière. Pour le coup, sa contenance s'en trouve réduite et, après douze heures de beuverie non-stop, il s'effondre brutalement sur le sol, mort.

Happy Rôteur a vengé ses parents et délivré le monde des soûlauds de l'affreux Lord Fioledemort. Son exploit, tout de courage et de témérité, laissera une trace inextinguible dans la mémoire collective de Soûlard ainsi que sur les trottoirs alentours...





Inthello - William Jekesaspere

Cette tragédie, belle comme de l'antique, narre la triste destinée d'Inthello, dit le Maure, général germanopratin engagé sur de multiples fronts, du totalitarisme larvé des idéologies progressistes à la vision hégélienne de l'histoire, en passant par la défense du philosophe Jean-Baptiste Botul.

Hélas pour lui, le dénommé Iagloup manigance de sombres coups fourrés pour le discréditer, aidé en cela par un prétendant éconduit de l'épouse d'Inthello, la belle Kestéconne.

Ils montent ainsi une mise en scène invraisemblable à base de mouchoir volé pour faire croire à une infidélité de Kestéconne et rendre Inthello fou de jalousie, en espérant que, de rage, il étranglera son épouse. Leur plan se révèle complètement foireux : Kestéconne ayant l'habitude de se produire à poil sur scène sous l'oeil torve de touristes libidineux, il faudrait donc beaucoup plus qu'une vague histoire de tire-jus prêté à un autre homme pour faire sortir Inthello de ses gonds !

Mais Iagloup a un plan B, plus fruste mais nettement plus efficace : en de multiples occasions, il surgit sur le passage d'Inthello et lui entarte le visage. Ce faisant, il touche un point faible du Maure : son sens de l'humour atrophié. Mais Iagloup n'a pas assez travaillé sa pointe de vitesse : lors du quatorzième entartage, Inthello arrive à l'agripper et l'étrangle. En rendant son dernier soupir, Iagloup se demande s'il n'aurait pas un peu merdé son plan quelque part...





Le Club des seins - Eniq Bitons

Le Club des seins est une série de romans pour la jeunesse, contant les aventures de quatre péripatéticiennes - Françoise, Michèle, Annie, Claude (un transsexuel) - et de leur chienne Dagoberte (qui s'occupe des clients zoophiles). Chaque épisode est, pour nos cinq tapineuses, l'occasion de tester de nouvelles spécialités tout en faisant du chiffre d'affaires.

Liste des romans de la série :

  • Le Club des seins et le passage secret
  • Le Club des seins et le tabouret japonais
  • Du beurre pour le Club des seins
  • Le Club des seins et le nœud de l'affaire
  • Le Club des seins et le pousse-pousse thaïlandais
  • Le Club des seins cueille des glands
  • Le Club des seins fait de la haute voltige
  • Mauvaise passe pour le Club des seins
  • Le Club des seins et l'entrée des artistes
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A noter qu'Eniq Bitons a également créé une autre série à succès, Le Clan des sexes, sur une thématique relativement proche. Un crossover entre ces deux séries est en projet, baptisé Seins + sexes = partouse.

jeudi 28 octobre 2010

AndiamoSur les dents

Le commissaire Chauguise est sur les dents.

- Quelle grevure ! Tu t’rends compte, Crafougnard, ce salingue a remis ça !

- Euh… oui patron, c’est déjà la quatrième !

- Tu comptes bien, Dugland ! J’te d’mande pas un relevé d’comptes, mais tu pourrais te masturber un peu la matière grise, au lieu de chancetiquer d’un pied sur l’autre, comme une gnasse qu’a envie de lancebruquer !

Toujours aussi aimable avec son adjoint fraîchement sorti de l’école de police, notre commissaire divisionnaire Chauguise !

On se souvient de quelle manière, il avait résolu l’affaire de l’étrangleur du XVIIIème, et ce grâce au fécaloscope.

Il faut dire que depuis quatre mois, et ce tous les douze du mois, une femme est égorgée dans le IXème arrondissement, quartier Madeleine.

Et pas n’importe quelle femme : que des prostiputes de luxe !

Des putes en astrakan ou en vison, qui tapinent au volant de leur « Buick roadster » ou de leur « Facel Véga », souvent garées en double file rue Gaudot de Mauroy, rue Vignot, ou encore rue Tronchet… la bien nommée !

Les flics chargés de contrôler le stationnement sont coulants, moyennant une petite gâterie de temps en temps, sous la pèlerine, en cachette de Clémenceau, vite fait, bien fait ! Un furtif de portière en quelque sorte…

Ces Dames sont toujours exécutées de la même façon : la gorge tranchée au rasoir « coupe-choux », de l’oreille droite à l’oreille gauche façon « sourire Kabyle ». C’est ainsi que l’on nommait cette façon d’égorger au moment de la guerre d’Algérie !

- Tu vois, Dugland, de la manière dont il égorge ses victimes, je peux te dire que notre maniaque est un gaucher ! C’est le légiste qui ma l’a confirmé.

- Ah ! « Couillette » !

- Dis donc, Dugland, pour toi c’est « Monsieur Bourrieux » ! Non mais, en voilà des familiarités !

Crafougnard bredouille un : « s’cusez-moi, patron », puis regarde ses pompes.

- On a monté des « planques », reprend le divisionnaire, rien n’y a fait. Il est rusé le garenne ! Toutes les gagneuses du coin sont averties. Leur chiffre d’affaires est en baisse, m’a avoué Dédé la cerise, mon indic : un Julot casse-croûte qui drive trois gisquettes. Elles ne veulent plus « monter », elles ont le traczire de se faire égorger, les pauvrettes ! Sans compter que ça gâcherait leur lardeuss !

Content de sa boutade, Chauguise se fend d’un petit gloussement.

- Et puis là, sentant qu’on le surveillait, il a opéré rue de Tracy, dans le IIème, près de la porte Saint-Denis. C’est un malin c’t’enflure ! T’entends, Dugland ? Va falloir se r’muer l’fion, au lieu de garder tes pognes dans tes glaudes, à jouer au ping-pong de poche* !

- Oui, patron, justement j’ai un peu de paperasserie à la bourre, je vais y aller !

Crafougnard s’est éclipsé. Au passage, il a récupéré une liasse de paperasses.

Dans les années cinquante, il n’y avait pas encore d’appareils réduisant en filoche les documents devenus inutiles. Aussi c’est au massicot qu’on les coupaient en bandes.

Le timide adjoint s’installe sur un tabouret, puis commence à couper consciencieusement les documents.

Soudain, le commissaire entend un hurlement ! Il se précipite… Dans la pièce réservée au massicot, il aperçoit son adjoint, la main gauche en sang !

- Putain, j’me suis tranché le doigt !

Gardant son sang froid, Chauguise a sorti son mouchoir immaculé, puis a entrepris de comprimer fortement, le bout du doigt ensanglanté.

- Bordel ! Préparez tout de suite la « 15 », je l’emmène à l’hôtel Dieu, c’est l’hosto le plus proche.

A peine deux minutes plus tard, Chauguise embraye brutalement. La traction avant 15 chevaux six cylindres démarre dans un crissement de pneus, remontant le quai des Orfèvres, puis la rue de la Cité à gauche. A pleine vitesse, il entre dans la cour pavée de l’hôtel Dieu.

Le planton se précipite : Chauguise lui exhibe sa carte rayée bleu, blanc, rouge, sous le pif.

- Conduis nous aux urgences, Ducon, et fissa !

Chauguise est nerveux, bien sûr il rabroue un peu (beaucoup) son adjoint, mais il l’aime bien dans le fond.

Il tourne en rond, allumant ses clopes « boyards » papier maïs, l’une au mégot de la précédente. Il n’a même pas songé à retirer son vieux bada, sur le sommet duquel on voit nettement les deux trous, résultat d’un tir de « parabellum » neuf millimètres. Ce jour-là, il l’avait échappé belle, et depuis, ce vieux bitos, c’est son porte-bonheur.

Au bout de deux heures apparaît le chirurgien, grand tablier blanc maculé de sang, petit calot rejeté en arrière.

- Vous êtes de la famille ?

- Non, c’est mon adjoint, Docteur : je suis le commissaire divisionnaire Chauguise.

- Je vous connais, commissaire : l’affaire de l’étrangleur, c’était vous ?

- Oui, oui, balbutie Chauguise.

- Rassurez-vous, il s’en est bien tiré, juste deux phalanges de l’annulaire gauche que j’ai dû amputer, ça l’empêchera peut-être de faire une connerie ?

- ???

- Eh bien, oui : il sera un peu emmerdé pour mettre son alliance !

Les deux hommes se marrent.

Deux jours ont passés. Chauguise malgré son air bougon, est allé rendre visite à Crafougnard.

- Alors Julien, tu t’la coules douce ?

C’est bien la première fois qu’il m’appelle par mon prénom, songe Julien tout ému !

- Vous savez, patron, je préfèrerais être au trente-six !

- Je sais, môme, j’te charrie. Tiens, je t’ai apporté des clopes.

- J’fume pas, patron !

- Ouvre, Dugland.

- Oh ! Des chocolats… Merci ! Vous savez dans mon malheur j’ai eu de la chance, j’ai été opéré par le grand patron en personne le professeur Spéculos ! Les internes l’appellent : Docteur Frankenstein !

- Pourquoi ?

- C’est depuis qu’il a recousu un mec qui s’était fait trancher la gorge par une pute, alors qu’il voulait la troncher façon : j’passe par la p’tite porte ! Ça n’avait pas plu à la mesquine, le micheton s'était montré violent, alors elle a sorti un « coupe-choux » et COUIC, le sourire Kabyle ! Il paraît que le professeur Spéculos l’a recousu d’une façon si parfaite, qu’il n’y paraît plus. Mais il n’empêche que les internes l’ont baptisé du nom du Docteur Frankenstein, rapport à Boris Karloff qui ressemblait plus à un rosbif ficelé, qu’à un être humain !

Chauguise a laissé Crafougnard terminer son récit.

- Ça ne te met pas la puce à l’oreille, toi, c’t’histoire ?

Crafougnard fronce les sourcils.

- Non !... Patron, vous voulez dire que…

- Ben tiens, ça lui ferait un sacré mobile à c’t’endoffé, un p’tit air de vengeance, à ce désaxé !

Chauguise a foncé littéralement dans le bureau des administratifs. On lui a fourni le nom et l’adresse du miraculé, opéré par le professeur Spéculos il y a huit mois, le douze juillet exactement.

Le commissaire divisionnaire flanqué de Crafougnard, sorti prématurément au motif : « pour rien au monde je ne voudrais rater ça ! », roulent à tombeau ouvert, en direction de la rue Laffitte. Sans prendre le temps d’admirer, la magnifique affiche du tout nouveau film de Jacques Becker, sur laquelle figurent Jean Gabin et Jeanne Moreau : « touchez pas au grisbi », au fronton du cinéma le REX.

Car, dans le fond, c’est un peu grâce à Julien et à sa maladresse qu’en ce matin du vingt-trois mars 1954, à six heures du matin, au 14 de la rue Laffitte, le très efficace commissaire divisionnaire Chauguise, flanqué de son amputé d’adjoint et d’une escouade de flics en kébourre, frappait au domicile de Lucien Merchaud, dit le gaucher, en gueulant :

- POLICE ! Au nom de la loi, OUVREZ !



Je vous ai dégoté l'affiche... On est comme ça chez BLOGBO.


*PING-PONG de poche, pour les ceusses qui ne savent pas : c’est quand un gonze se tripote les joyeuses, et ce…. avec les mains dans les poches !

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