Par Manou,
mercredi 3 octobre 2007 à 00:13 ::General
Blogborygmes 3 octobre 2027
Vous avez sans doute remarqué la nouvelle formule proposée par les banques pour ceux qui ne vibrent plus. Des distributeurs qui, moyennant finance, vous inonde la main et le corps entier d’une vague de plaisir, de plénitude, de bonheur indescriptible. Après un tel rechargement, le simple fait de sortir acheter un litre de lait à la supérette du coin devient l’aventure de votre vie.
Evidemment, des queues d’une ampleur sans précédent se déploient devant chaque distributeur. Des queue bien difficiles à juguler, car faire la queue est devenu un must.
Evidemment, le crédit vibratoire ne vous pompe que votre compte en banque. Vous avez donc tout le loisir de profiter avec qui vous l’entendez de cette soudaine énergie vitale.
Evidemment, vous aimez votre prochain plus que vous même. La boulangère, la caissière de super U, le collègue, l'enfant, l'araignée du soir. Bref, vous baignez dans l'inconscient collectif rassuré et rassurant.
Par Tant-Bourrin,
lundi 1 octobre 2007 à 00:11 ::Jus de cervelle
Bon résumons. Je suis toujours en studio en Californie pour produire mon prochain album afin de remplir mon compte en banque conquérir le coeur de tous mes fans. Mais voilà, j'ai du mal à trouver la bonne formule.
J'avais fait une première maquette. Vos réactions ont été mollassonnes.
J'avais corrigé le tir avec une deuxième maquette. Vos réactions sont restées très mitigées.
J'avais tout remis à plat et sorti une troisième mouture. La froideur de vos réactions a été quasi insultante.
J'avais changé de cap et produit une quatrième maquette que je pensais plus innovante. Vos réactions n'ont pas été aussi délirantes que ce à quoi je m'attendais.
Je m'étais alors arraché pour vous concocter une cinquième maquette de feu. Vos réactions ont été aussi chaleureuses qu'un bloc de banquise.
Bref, ça ne va pas. Si je veux espérer séduire le grand public, il faut que j'obtienne l'adhésion sans faille des gros boeufs fins amateurs de musique qui constituent mon lectorat. J'ai donc mis le feu à toutes les précédentes prises et ai décidé de tout reprendre à zéro.
Le souci, c'est que je me trouvais de nouveau sans producteur : j'avais autoproduit mon dernier projet d'album, mais j'avais fini par me fâcher avec moi-même et partir en claquant la porte. Mais bon, ce ne sont pas les producteurs qui manquent : j'ai mis Tant-Bourriquet derrière la console de mixage, et il a tout de suite vu le côté ludique de la chose en poussant les molettes dans tous les sens. Voilà qui m'allégeait d'un poids.
Alléger d'un poids ? Tiens, tiens, je me demandai s'il n'y avait pas une piste d'inspiration à creuser de ce côté-là. Je repensai à celui qui a voulu devenir un blogueur de poids dans la blogosphère, mais qui a pris le mot "poids" un peu trop au pied de la lettre.
Je me suis donc mis à composer fiévreusement et, cette fois, je suis sûr de tenir un hit interplanétaire, à même de séduire les grosses tâches auditeurs exigeants que vous êtes.
Voici donc, en exclusivité mondiale, la maquette de ce morceau qui constituera assurément la pierre angulaire de mon prochain album, dont voici le projet de pochette. Spéciale dédicace à Byby !
Ça pulse grave de la mort de sa race, non ?
Cliquez sur l'image pour voir la pochette en grand
Tant-Bourrin - Light, mon frère
T'as le look d'un Botero
Ton poids se mesure en quintaux
Une balance à bestiaux
Oui voilà ce qu'il te faut
Il faut manger light, mon frère
Il faut manger light, mon frère
Et puis faire du sport, frérot !
T'avales autant d'calories
Qu'un moteur de Ferrari
Mais niveau carrosserie
C'est poids lourd ton gabarit
Il faut manger light, mon frère
Il faut manger light, mon frère
Et puis faire du sport, frérot !
Laisse tomber la graisse d'oie
Le gratin, le Nutella
Ne me fais pas cet air-là
Mange donc ton petit pois
Il faut manger light, mon frère
Il faut manger light, mon frère
Et puis faire du sport, frérot !
T'as le look d'un Botero
Ton poids se mesure en quintaux
Une balance à bestiaux
Oui voilà ce qu'il te faut
Il faut manger light, mon frère
Il faut manger light, mon frère
Et puis faire du sport, frérot !
Et puis faire du sport, frérot !
Et puis faire du sport, frérot !
Et puis faire du sport, frérot !
Hem... je crains que l'histoire ne se répète encore.
De méchantes langues (pour ne pas dire des langues de péripatéticiennes) répandent la rumeur selon laquelle mon nouveau projet d'album ressemblerait un petit peu trop à ceci...
Ça sent vraiment le complot alimenté par toutes les jalousies et les rancoeurs que mon succès ne manque pas de faire naître. Parce que franchement, les ressemblances me paraissent vraiment très très minces, faut pas charrier ! Et, en sus, le fait que cet autre album soit sorti il y a quarante ans suffit-il à prouver son antériorité, hein ?
Par Bof,
dimanche 30 septembre 2007 à 00:09 ::General
Non, je m'appelle pas Georges. Je suis dans le pétrin. Profond.
Dans un accès de démesure insensée, j'ai accepté le poste de pigiste intérimaire chez les blogbos. J'aurais pas dû.
Comme commentateur j'avais mes aises: une vanne d'occasion, une réminiscence, et hop, le truc était commenté. Mais là, c'est moi qui suis comme hanté par l'ampleur de la tache, tout un billet, misère..... Et va te trouver un créneau à toi dans cette boutique: musique, enfance, sculpture, maladie, nostalgie, rugby, littérature, travail, vacances et j'en passe, tout est déjà passé à la moulinette blogbo.
Jusqu'à la vie sexuelle des chèvres dans le sud profond qu'ils ont déjà disséqué.
Pour te dire l'ampleur de la tache si je veux faire un tantinet original. Alors pour un premier passage en ces lieux, je m’attellerais donc à la défense d’une espèce trop souvent malmenée, caricaturée, moquée et vilipendée:
le supporter
Car sous l’apparente consternante image d’une beaufitude houblonnée se cache et se cache bien je le reconnais une armée de doux poètes, faisant assaut entre phalanges rivales d’un esprit sans limites. Après avoir tâté du quatrain et de l’alexandrin nos doux descendants de Ronsard et de Lamartine se sont finalement dirigés vers une forme d’expression poétique plus adaptée aux travées, une forme d’expression poétique courte, percutante, venue en droite ligne du soleil levant:
le haïku
Bien sur, le haïku des stades s’est un peu affranchi des canons ancestraux, mais l’esprit demeure, et c’est le principal:
Eh le nain Tu Marches sur ton short
Ou alors:
Bouge Ton gros cul Feignant
Mais attention, le supporter est très attentionné à la qualité du haïku, au point qu’un haïku raté soit devenu synonyme d’insulte, et comme de juste, souvent réservé à l’arbitre,
cet espèce d’haïku laid.
Ps: Si l’on entend souvent dans les travées bretonnes une clameur semblable phonétiquement parlant, notons, mes biens chers frères, que l’ankou laid n’a rien à voir avec la poésie.
Par Saoul-Fifre,
samedi 29 septembre 2007 à 00:07 ::General
Évidemment nous avions "Il était un piano noir", ses belles mémoires inachevées, mais justement, elles laissaient un goût, délicieux sans doute, mais de trop peu... Pour les rédiger, elle avait pris la peine de retéléphoner à tous les complices qu'elle avait rejetés sur le bas-côté de la route, dans sa course en ligne droite inspirée. Ha le nettoyage par le vide autour d'elle, dès qu'elle se sentait contrariée, ça y allait à la manœuvre ! Ses amis, ses employés, ses hommes, hop là, à la porte ! Ya que nous, son public chéri, qu'elle n'a jamais abandonné. Même malade, un pied dans la tombe, elle s'échappait de l'hôpital, elle signait des décharges, et elle venait nous chanter ses merveilles. La voix éraillée, "cassée", dirait Brice de Nice (oui je sais, je viens de foutre en l'air irrémédiablement le peu de magie que j'essayais d'instiller dans ce billet), elle a tenu le coup jusqu'au bout. Elle avait besoin de nous, et nous d'elle. Il n'y eut aucune défection, nous sommes restés jusqu'à la fin, à nous meurtrir les paumes, à beugler Dis, quand reviendras-tu devant le rideau baissé, à risquer la mort dehors, attendant devant la porte de fer, la sortie de l'artiste.
Barbara et son public, c'était une communauté d'âmes. Elle a su mettre en mots et en notes sa souffrance, et ses cris d'écorchée vive ont trouvé un écho chez le plus grand nombre. Bien sûr, tout le monde n'a pas été violé par son père à 10 ans 1/2, n'a pas, juive, été traquée pendant 4 ans par les nazis, n'a pas subi comme elle d'opération lui interdisant à jamais d'avoir un enfant, n'a pas été à 2 doigts, poussée par la faim et le désespoir, de se prostituer ? Mais il n'y a pas de grands ou de petits malheurs. Il n'y a que du malheur. Elle étant arrivée à transcender le sien, à en exprimer le jus génial grâce à son art, à tout nous donner pour recevoir de l'Amour en retour, elle fut comme un exemple pour nous. Le bonheur de l'écouter, la beauté intérieure de son combat fut comme un baume à nos plaies.
S'il y a un message que Valérie Lehoux a fait passer dans son livre indispensable, c'est celui-ci : Barbara est une championne de résilience sous velours noir. Cyrulnik la cite dans "Les vilains petits canards" comme exemplaire avec ses rebonds créatifs de toute beauté. La capacité d'aller de l'avant, de s'en sortir par le haut. Un humour à couper au couteau, tous les témoignages concordent : il n'y avait pas plus drôle qu'elle, si ses chansons ne suffisent pas à convaincre :
Y aura du monde
Si la photo est bonne
Les insomnies
J'ai troqué
Hop là
Les mignons
Le temps du lilas
Le zinzin
Gueule de nuit
Les rapaces
La gare de Lyon...
Le livre regorge de ses traits d'esprit, mais, comme dit le proverbe, c'est au pied de la mort qu'on voit l'humour. Le vrai.
Nous sommes fin Septembre 1997, Barbara pète la forme, elle bavarde gaiement avec son producteur qui est venu la voir à Précy. Elle lui demande à brûle-pourpoing : "Au fait, tu as prévu quoi, comme plan marketing, pour la sortie du disque d'Or ?" Jean-Yves Billet tique un peu, car il sait que Barbara déteste le mot "marketing". Il répond : "Oh, classique : un partenariat avec une radio nationale, un spot télé, des annonces dans la presse..."
Barbara le regarde avec son air pince-sans-rire et lui lance : "Oublie tout ça, j'ai une meilleure idée..."
"Ha bon ?!"
"Oui : je meurs !"
Deux mois plus tard, le matin du 24 Novembre 1997, Barbara nous quittait. Moi je dis Chapeau bas !
Par Tant-Bourrin,
jeudi 27 septembre 2007 à 00:11 ::Jus de cervelle
Cela faisait des mois que Jean-Paul Grotachon avait fait la connaissance de la belle et douce Marie-Aglaé, des mois à échanger des sourires polis, à se saluer sobrement dans le couloir, à échanger quelques mots anodins à la machine à café, à manger une ou deux fois ensemble à la cafétéria.
Mais, depuis quelques jours, il était excité et angoissé tout à la fois : Marie-Aglaé avait enfin accepté son invitation à venir dîner chez lui. Il avait dû pour cela passer outre sa grande timidité et déployer des trésors de tact et de diplomatie : c'était une jeune fille de bonne famille, et la perspective d'aller manger chez un inconnu, célibataire de surcroît, avait dû terriblement l'effrayer de prime abord. Mais Jean-Paul Grotachon était si bien élevé, si prévenant, si réservé et timide que les digues de ses dernières réticences avaient fini par céder. Elle avait dit oui.
Et Jean-Paul n'en dormait quasiment plus : il craignait de balbutier, de rater ses plats, de ne pas faire montre de suffisamment de savoir-vivre, bref de ne pas être à la hauteur.