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dimanche 23 octobre 2005

Saoul-FifreLes cinq Wriggles qui étaient quatre

Un peu comme les mousquetaires, mais l'inverse, avec un de plus, enfin, vous me comprenez ? Oui, on a été voir les Wriggles, mais Antoine était malade. Hé ben vous me croirez si vous voulez, mais ils nous ont pas remboursé 1/5 ième de la place ! La déontologie, dans les métiers du spectacle, ils s'assoient dessus. Bon, c'est vrai que c'était sûrement aussi bien sans lui. Non, j'ai pas dit qu'il était nul, mais comme ils remuaient beaucoup et qu'on a pas des yeux à facettes comme les mouches, on arrive pas à regarder 5 personnes à la fois, donc 1 de plus ou de moins, hein ?

Blague à part, ces mecs sont hallucinants. Ils font tout bien. Leurs textes sont à tomber sur le cul et ils trouvent toujours un biais neuf pour aborder des sujets actuels incontournables. Ils brocardent le politiquement correct sans verser dans le convenu politiquement incorrect. Je ne sais pas comment ils font, je crois que ça s'appelle la poésie. Ils suivent leur instinct et nous pondent des petits bijoux gentils comme tout et incroyablement méchants. Comme ils sont 5, ils montent de petites saynètes où ils se moquent d'eux-mêmes à tour de rôle. Ils aiment bien le 4 contre 1, qui leur permet de décortiquer les rapports de pouvoir, les mises en minorité. Ils ont très peu de chansons monolithiques qui défendraient une position ou qui raconteraient une histoire.

Ils sont plutôt de l'école du théâtre, du jeu de rôles. Leurs chansons sont dialogues, débats, luttes, ils optimisent au maximum le fait qu'ils sont plusieurs, c'est le contraire d'une chorale, l'individualité de chacun est mise en évidence, portée par leurs voix vraiment belles, justes et très personnelles.Leurs mélodies sont charmeuses, emmènent en ballade, remplies de ces petits décalages qui est leur marque de fabrique, mais toujours avec cette sensation d'harmonie qui est vraiment le maître-mot de ce groupe. Les regards de connivence s'échangent, les sourires du plaisir d'être ensemble, l'occupation de l'espace qui se fait sans heurts, comme par magie vue la rapidité des gestes. Il faut souligner que la plupart sont d'excellents danseurs, très expressifs. Malgré la véritable performance physique, la salle étant très chaude, nous avons eu droit à 5 rappels.

Faut dire qu'ils ont compris qu'on serait allé les chercher par la peau du cou dans les coulisses !

samedi 22 octobre 2005

Tant-BourrinAllumer le feu...

L'employé de la morgue a d'étranges instincts
Nécrophiles. Mais pour qu'il y déverse son sperme,
Il faut que la défunte soit verdâtre de teint
Ou alors qu'elle soit recouverte de germes.

Moralité : Il faut qu'une morte soit toute verte ou germée

vendredi 21 octobre 2005

Saoul-FifreTrois gros foies gras d'oies

Répétez en articulant bien, le plus longtemps possible sans se tromper, et de plus en plus vite... Toi aussi, Twig q:-)

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jeudi 20 octobre 2005

Tant-BourrinLe départ

Sarah est partie.

Abandon.
Solitude.
Lassitude extrême.
Silence.

De pièce en pièce, je me traîne inutile : Sarah est partie.

Où es-tu à cette heure ? Dans quel univers nouveau commences-tu une nouvelle vie ? Sarah, ô ma Sarah ! Ma seule lueur, ma petite âme, mon dernier espoir, tu es partie...

Le train roule sans fin dans le noir, et toi, tu es dedans, assise sagement, et le train roule et roule encore.

La pendule rythme lentement le temps. Le temps s'égrène, long chapelet de prières. Le temps dégouline. Le temps est un triste suaire. Le temps est si long...

L'horloge tictaque comme un pauvre coeur solitaire. Te souviens-tu comme les nôtres battaient si bien ensemble ? Comme ils étaient forts? Comme rien ne semblait pouvoir leur résister ? Le monde était à nous, Sarah, et ma vie ne se réduisait pas alors au battement d'une horloge dans une maison vide.

Douze étages plus bas, la vie des hommes continue. Grouillante, trépidante, définitivement absurde. Milliards d'insectes dérisoires rampant sans but sur une toupie folle. Chiures de mouche, epsilon dans l'univers, ils se traîneront dans la merde jusqu’au bout de la vanité de leur existence vide.

Je fus des leurs naguère et Sarah était ma force. Ma couleur dans la grisaille. Nous riions, nous chantions, nous faisions l'amour. Nous narguions la mort, nous clamions notre jeunesse. Avec elle à mes côtés, j'étais fier, j'étais debout, je crachais à la gueule de tous les dieux.

Mais Sarah est partie...

N'est-ce pas son soupir que j'entends ? Le souffle de sa vie ? N'est-ce pas son reflet que je crois voir encore dans le miroir ? Mais non, les miroirs réfléchissent, mais ils sont sans mémoire. Aucun bruit, aucune image, ne vient m'apaiser. Le silence est tombé sur la maison, et le dégoût sur ma vie.

Chaque objet me parle pourtant de toi, du temps si proche et si loin à la fois où nous étions l'un à l'autre. Un bâton de rouge à lèvres, une paire de ballerines, une vieille photo de toi, en noir et blanc... Sortir ! Sortir de cette pièce à défaut de pouvoir sortir de mes souvenirs !

Je reviens à la fenêtre, comme un poisson rouge à la paroi de son aquarium. La vie est dehors, la vie des autres, la vie grouillante. Mais je sens déjà que je n'en fais plus partie. Mon existence s'est achevée quand Sarah m'a quitté, et tout le reste n'est qu'illusion.

La nuit vient et je pense à ce train qui file dans le noir. Sarah, sur la banquette, est immobile. Son regard se perd au loin, bien au-delà des choses. Seule passagère de ce train qui s'enfonce toujours plus loin dans l'obscurité.

La nuit. L'interminable nuit. Essayer de dormir, d'oublier la vie. Sommeil-amnésie, mort provisoire. Mais impossible. Ton visage est là, que je devine dans le noir. Derrière ton visage, le néant. S'enfoncer. Inexorablement. Lentement. Irrémédiablement. Et nager. Surnager. Faire durer l'agonie. Je cherche ma mort dans tes yeux. Tu es ma belle solitude, mon goût de cendres, mon amertume finale. Mais la nuit t'engloutit et déchire ma mémoire.

Matin blafard. Krach boursier chez les neurones. S'arracher du lit. Draps froissés suant l'envie de dégueuler. Sarah est partie.

Seul, perdu parmi les bruits du silence, je lance ton nom contre les murs. Mais les mots ne veulent plus rien dire, la lumière titube, le temps s'écoule en une flaque grise sur le sol, la vie s'écroule à mes pieds.

Je n'en peux plus de ton absence, Sarah. Je t'aime. Je t'aime à l'imparfait du souvenir. Je t'appelle encore, et ton nom résonne dans les pièces vides comme une prière sans espoir.

Envie de casser tous les miroirs, de murer toutes les fenêtres, de crever mes yeux, mes tympans, de lacérer mon corps, mon âme, ma mémoire. Renier le passé. Se convaincre que des temps nouveaux arrivent, qu'un homme neuf avance, que je suis cet homme, que la vie m'appartient, que le bonheur m'attend !... Non, inutile : décidément, quelque chose est mort en moi. Quelque chose qui me faisait vivre. Le futur est mort quand tu m'as quitté. Le futur est un désert stérile qui ne m'intéresse plus. Les souvenirs sont mes dernières balises, le néant, mon but ultime.

Le train glisse dans le noir. Pas de contrôleur, pas de conducteur, pas de passagers, sinon ma Sarah, frêle, pâle, livide, silencieuse.

Pourquoi ? Pourquoi est-elle parti ? POURQUOI ? Le désespoir se dilue dans la haine du monde entier. Je me précipite à la fenêtre, l'ouvre : les insectes fourmillent toujours, douze étages plus bas. Et mon cri jaillit, inextinguible, douloureux. Hurlement inintelligible. Douleur. Je crache ma peine, mes larmes, mon fiel, qui se perdent dans le bruit des voitures. Et les insectes restent insectes, et gesticulent sans fin dans leur course qui les amène lentement mais sûrement à la mort.

Je voudrais que tout cela cesse. Je voudrais la mort, ma mort. Je voudrais retourner dans le ventre de ma mère, et qu'elle-même retourne dans le ventre de sa mère. Je voudrais que toute l'humanité retourne dans son propre ventre, redevienne la cellule de vie originelle. Je voudrais que cette cellule redevienne minérale, que la terre redevienne boue, magma, fusion. Je voudrais que l'univers se replie sur lui-même, jusqu'à n'être plus qu'un point infime. J'aimerais tant que ce point dérisoire jamais ne fût...

Mais ce point fut, et Sarah est partie.

Le train roule sans jamais s'arrêter. Il roule dans le froid glacial, dans des ténèbres sans fond. Il roule et emporte ma Sarah loin de cette vie misérable. Pas de gare, pas de terminus pour le train fantôme : il roule simplement dans le noir.

Je reviens dans la petite pièce bleue : ton corps y est toujours, Sarah. Il gît comme je l'ai laissé hier. Pourquoi m'as-tu quitté, Sarah ? Etendu, calme, ton corps pourrait sembler vivant sans cette pâleur et ce froid qui en ont pris possession. Ton corps est là, devant moi, et j'ai mal : ce n'est plus toi, Sarah, non, ce n'est plus toi. Ce n'est plus qu'une enveloppe vide, vide de tout notre amour, vide de tous nos souvenirs. Toi, tu es loin, dans un train pour nulle part.

Ton sang a déjà noirci, ton sang est partout, sur les draps, sur le sol, sur les murs, sur ton coeur, sur mes souvenirs. Ton sang noircit aussi sur cette valise que tu avais commencé à remplir. Et les mots d'hier me reviennent, cruels, cinglants. Ils me lacèrent le coeur comme ils l'ont fait hier. Pourquoi voulais-tu me quitter, ma Sarah ? Pourquoi ? Tu n'aurais pas dû, non, tu n'aurais pas dû.

J'étouffe. Un goût de charogne envahit ma bouche. L'air me manque. Je vais dégueuler dans la cuisine. J'y retrouve le couteau, maculé du sang de ma Sarah. Le lécher, faire entrer en moi un peu de ton sang, faire miennes tes dernières cellules. Ton sang a séché, ton corps s'est raidi, tu es partie.

Je ne peux plus lever mes yeux de ce couteau, ton billet de train. J'ai mal. L'espoir agonise. Oublier à tout prix. Boire. Se saouler la gueule. Perdre conscience.

Partir aussi.

Oui, maintenant, je le sais. Je dois partir aussi, prendre un autre train fantôme. Plus rien ne me retient sur cette terre que je hais, dans cette vie qui n'a plus aucun sens.

Et je reste là, à compter mes dernières secondes, en cherchant dans une bouteille d'alcool le courage de labourer mes propres tripes.

mercredi 19 octobre 2005

Saoul-FifreLa mort alitée de l'affable

Tant-Bourrin et moi, quand on fait nos fables-express, on pense à Gotlib, à Mandryka, à Goscinny... Mais ce ne sont pas ces grands piliers de la BD moderne qui en ont inventé le principe : ils ont eux-mêmes été influencés par de grands anciens qui avaient besoin de se décontracter les zygomatiques.

Maurice Donnay (de l'Académie Française, s'il vous plait) nous a laissé celle-ci:

Un jour un grand serpent, trouvant un cor de chasse,
Pénétra dans le pavillon,
Et comme il n'avait pas beaucoup de place,
Dans l'instrument, le reptile se tasse.
Mais, terrible punition :
Quand il voulut revoir le grand air et l'espace,
Et la vierge forêt au magique décor,
Il eut beau tenter maint effort,
Il ne pouvait sortir du cor,
le pauvre boa constrictor,
Et, pâle, il attendit la mort.

Moralité :
Dieu, comme le boa est triste au fond du cor !

Tristan Bernard, qui ne respectait rien, s'est permis de raccourcir une fable de La Fontaine :

Deux pigeons s'aimaient d'amour tendre.

Moralité : L'un d'eux s'ennuyait au logis.

Celle-ci est de Boris Vian :

Un cheval, mal ferré d'un fer plein de défauts,
Fit des trous dans la route en allant au galop.

Moralité : Tel fer, tel piste.

Et celle-ci, de Willy, le mari de Colette :

Une caissière aimable, et souriante, et gaie,
D'un monsieur, certain jour, reçut un coup de poing,
Ayant pris son argent et gardé la monnaie.

Moralité :
Rien ne sert de sourire, il faut sortir l'appoint.

Le roi étant, encore dans ce domaine, Alphonse Allais, on ne le dira jamais assez :

Losque tu vois un chat, de sa patte légère,
Laver son nez rosé, lisser son poil si fin,
bien fraternellement, embrasse ce félin.

Moralité : S'il se nettoie, c'est donc ton frère.

Lorsque tu verras une bonne
d'enfants, et non autre personne,
Assise au milieu d'un tender
(ou wagon de chemin de fer)
Découvre-toi sur son passage,
Salut à son noble visage !

Moralité : À bonne en tender, Salut !

Et puis une bien courte, d'un anonyme, comme on les aime :

Un bébé, sur son pot, s'efforçait.

Moralité : Le petit poussait !

mardi 18 octobre 2005

Tant-BourrinShake, baby, Shakespeare !

Shakespeare écrivit l'indicible
Et reste un auteur d'exception :
L'interpréter est impossible
Sans marquer quelque hésitation

Moralité : On ne fait pas d'Hamlet sans caser des "heu"...

lundi 17 octobre 2005

Saoul-FifreDulcinée

Dulcinée, comme toute chèvre, a des chaleurs annuelles, pendant lesquelles elle est fécondable. Si elle les « rate », elle a le droit à un ou plusieurs repêchages, mais si elle ne « prend » pas, elle devient la honte du troupeau et l’ordre hiérarchique devient pour elle un toboggan ou elle glisse à vitesse grand V. Elle attend donc, et fait mariner et maronner le bouc Djédaï jusqu’au moment de son cycle menstruel où elle est le plus réceptive et où l’ovule, ou les ovules, c’est encore mieux, crient à qui mieux mieux :

« A table, les spermatos ! ! ! »

Quand Djédaï a un plan-cul en tête, il fait preuve de beaucoup de constance et ne se laisse pas distraire par la petite pisseuse d’en face, aguicheuse par jalousie. Il s’en tient à son idée première et quel est-il, ce leit-motiv ?

« Ya pas de Bon Dieu pour les chèvres : il faut qu’tu y passes ! »

Et il finit toujours par atteindre la zone d’acceptation corticale de Dulcinée puisque leurs motivations sont partagées : enfiler le hérisson dans la cheminée et la ramoner, faire jouer le piston dans la chemise, glisser le furet dans le terrier, tourner le pilon dans le mortier, engager la loco dans le tunnel, la flûte dans son étui, la flêche dans son carquois, la voiture au garage, le gigot au four, le CD dans la fente, la vis dans l’écrou, l’écouvillon dans la bouteille, le goupillon dans le bénitier, le sabre dans son fourreau, l’ours dans sa grotte, le brochet dans la nasse, le vers dans le fruit, le couteau à beurre dans la motte, Keanu Reeves dans la matrice, la clef dans la serrure, le tube de lait concentré sucré dans le mazagran de café …

Elle est consentante, le problème n’est pas là : je l’ai bien lu dans ses yeux . Mais quand j’avance, elle avance aussi… Comment voulez-vous, comment voulez-vous…que je ne sois pas ridicule ? Et je n’ai pas de MAINS ! ! Alors, je me débrouille avec les moyens du bord. Je la frotte, à babord, à tribord… Massage pas sage body-body. Je la mordille, avec douceur, d’abord, puis en y mettant un soupçon supplémentaire de persuasion, puis en y rajoutant une bonne louche d’un quelque chose d’un peu menaçant qui veut dire :

«Maintenant, c’est fini les amuse-gueules ! Je vais te servir le plat principal . Il mijote depuis un sacré moment, si tu attends encore, il aura goût de charbon . Mais là, il tient bien au corps, tu vas te régaler ! Tu-ne-bouges-plus ! »

Mais Madame n’a pas encore tout bien disposé dans la salle des fêtes. Capricieuse vient de « caprin », vous aviez remarqué ? Elle lui fait le célèbre « coup du démarrage en côte ». Frein à main bloqué, Dulcinée a tout de la chèvre résignée à passer à la casserole. Djédaï se pourlèche les babines. La vendange fermente à gros bouillons. Les spirales rouges et blanches de ses yeux se mettent à tourner et prennent de la vitesse.

« C’est le moment, c’est l’instant ! Amusez-vous, prenez du plaisir… Vous n’avez qu’une jeunesse et c’est aujourd’hui ! ! »

Djédaï prend son élan lourdement : debout sur ses pattes arrières n’est quand même pas une figure facile, il n’est pas né dans un cirque. Et quand il est bien dressé, la coquine accélère à fond, et synchronise parfaitement son lâchage de manette de frein et son embrayage un peu sec. Travail de pro : la petite part comme un boulet de canon en laissant sur le rocher un peu de corne et une légère odeur de brûlé. Et Djédaï s’écrase au sol telle la première bouse d’un éléphant après 15 jours de constipation.

La SA-LOOOOPE ! Elle m’attend un peu plus loin, pas rancunière… Message reçu. Va falloir sortir l’arme secrète. J’ai toujours eu la langue bien pendue. La voie est libre. L’affaire se précise : elle a complètement relevé sa coué-couette qui gênait le passage, elle m’offre le visage de sa vulve souriante, ses pommettes rondes et rouges, ses fossettes, ses risettes, son sourire est éclatant, accueillant, je lui embrasse les lèvres, je lèche sa sueur, sa salive, tous ces liquides qui jaillissent de partout comme des sources de vie, je me pourlèche, j’y retourne, je passe, je rapace bien partout, je remonte vers le haut en lents coups de langue et je m ‘attarde sous la queue, là ou la peau est si douce. Sa queue se cambre encore plus vers l’avant et semble tétanisée. Je redescends, insiste un moment et il est clair que je lui fais mon petit effet : elle se met à m’uriner dessus, à petits jets, en bêlant comme si elle avait mal. Ha, c’est bon … : cela coule de ma bien-aimée, je mets ma langue en forme de gouttière pour recueillir la précieuse rosée et j’aspire avec délices… Je sens qu’elle ne tient plus en place, son chevrotement devient de plus en plus plaintif, je darde ma langue en pointe et fais une incursion à l’intérieur de cette bouche qui se presse, haletante contre mon museau. Des phéromones d’une intensité phénoménale envahissent mes narines et me donnent le signal du départ de la chevauchée fantastique. Papa va épuiser la bonne : je me dresse et, d’un seul coup de rein, sans rencontrer aucune résistance, je m’enfonce dans un nuage rempli à ras bord d’angelots versés dans la chose amoureuse et je m’applique à leur faciliter les choses… Les sensations ont l’air d’avoir l’heur de plaire à Dulcinée autant qu’à moi et j’agrippe ses épaules à l’aide de mes pattes avant pour nous maintenir encore plus soudés. Nous balançons nos hanches en rythme, notre unisson est total mais le métronome, déréglé par quelque cupidon facétieux, s’emballe et nous emmène en un crescendo débridé vers des mélodies nécessitant sextuples croches pour les transcrire.

Nous bramons de concert, des bulles explosent avec force, comme des soleils, et j’ai le très net sentiment de lui refaire en blanc tout le crépi de son hall d’entrée.

Mais moi, ELLE, quoi : Dulcinée ? Lorsque je sens que les soubresauts ralentissent, puis s’éteignent, que la dernière glomérule de ce délicieux dessert lacté a été éjectée, je me désenclenche d’un coup de cul. Je lui rends son bout de bouc. Ça m’arrache un petit bêlement de nostalgie, hé oui , mais , se supporter un sac à dos de 80 kg, ma mère m’a pas élevée dans ce but ! Par contre, elle peut être fière de moi : ma mission est accomplie, cette fois, je suis sûre que c’est « dans la boîte » !

« In ze box , ma belle ! 10 contre un que c’est des jumeaux ! En plein dans le mille ! Et comme je dis toujours : Avant l’heure, c’est pas l’heure ! Après, c’est pas la peine de s’attarder, ni d’avoir des regrets , mais pendant, waw… c’est passionnant ! »

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