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mercredi 28 novembre 2012

AndiamoVive le réchauffement climatique !

Salut ! Alors ça chauffe ? Pas de panique, ça n'offre pas QUE des inconvénients...

Moi, ça m'a donné l'idée d'une chansonnette, il y a bien longtemps que l'on n'a pas chanté sur ce blog !

Sur une musique de ce vieux Léo (Chanson mécanisée)... Il ne m'en voudra pas, je l'espère !


Vive le réchauffement climatique
Y’a plus d’glace dans l’Arctique
Les pingouins font plus d’claquettes
Pour s’ réchauffer les roupettes
Qui gelaient sous l’tablier

Vive le réchauffement climatique
Y’a du pétrole dans l’Arctique
Ça f’ra ronfler nos mécaniques
Aux radars on f’ra la nique
Tant que l’on pourra rouler.

Y’a plus d’ours sur la banquise
Leurs peaux sont sur les marquises
Y’en a encore au zoo d’Vincennes
Tu veux les voir, viens je t’emmène
Papa paiera les billets.

Vive le réchauffement climatique
Je prends mes claques et mes cliques
J’pars bien loin de l'Armorique
Me baigner à Reykjavík
Et revenir tout bronzé.

Vive le réchauffement climatique
Au Qatar c’est la panique
Quand y’a plus d’nappe phréatique
Pour arroser la botanique
Il reste que les sabliers.

T’as écouté ma chansonnette
Sous la douche sans savonnette
Profite de ta douchette
Bientôt plus besoin d’serviette
Quand l’eau viendra à manquer.

La la la la la la la…..


Vive le réchauffement climatique !

par Andiamo


Un grand merci à TANT-BOURRIN qui s'est attelé à la technique

Alors à tous : le réchauffement climatique ? Cliquez sur le lien ci-dessous et regardez les TONNES de carburant qu'il faut emporter afin de soigner le confort des PÔÔÔVRES, obligés de voyager en first classe, car chaque kilo supplémentaire embarqué : ce sont des litres de kérosène qu'il faut brûler !

Et moi on m'emmerde avec ma p'tite auto qui ne brûle que 6 litres au 100 !!!

http://www.youtube.com/watch_popup?v=J1OqqQ8hBXk&vq=medium

dimanche 25 novembre 2012

Tant-BourrinUn vieux livre poussiéreux

Je le sais bien : je n'ai que trop remué la poussière du passé, trop provoqué ton ennui à essayer de faire revivre ce qui n'est plus, à vouloir rebâtir Resgaille, là-bas, entre Eauze et Gabarret, à rêver d'insuffler un souffle de chaleur là où ne règnent plus que délabrement et froide moisissure. Les portes du temps se sont à jamais refermées sur cette ruralité ancestrale, sur ces gestes millénaires rythmés par les saisons, sur cette terre oubliée où j'ai connu mes plus grands bonheurs d'enfant et l'on n'y peut plus rien.

Oh, je te devine bien qui souris à me voir m'enfoncer dans une vaine nostalgie, à imaginer que les souvenirs peuvent se transmettre par des mots. Non, rassure-toi, je continue à vivre ma vie sans marcher à reculons, à m'activer, à rire, à faire des projets, même englué dans la grisaille poussiéreuse de mes jours. Mais si j'ai un pied sur le bitume, Je conserve l'autre pied solidement planté dans la glaise, mon corps ici mais un peu de mon âme là-bas.

Cela te surprend, bien sûr, et tu as bien raison : malgré le magnétisme de ce coin de terre sur la moindre de mes cellules, je n'ai jamais vraiment été de là-bas et ne le serai jamais, moi, le cousin égaré de la ville, étranger à ce sol sur lequel tous mes ancêtres s'étaient escrimés, mais tout aussi étranger à la grand ville où je vivais en me sentant d'ailleurs. Finalement, tu sais, c'est dans l'anonymat de Paris qu'aujourd'hui j'ai trouvé un équilibre, étranger parmi des flots d'étrangers à cette ville ogresse qui n'est la terre nourricière de personne.

Dans cet univers minéral qui est aussi le tien, les hommes s'agitent dans une course effrénée, dans une vaine tentative de clamer leur caractère organique. Mais leurs yeux sont déjà morts de ne plus qu'entrapercevoir le soleil entre les buildings, leur sang se dessèche par manque d'humus. Et je suis des leurs désormais, tu sais.

Souvent, le soir, au coucher, après une journée de bruit et de stress, je songe à Resgaille, au silence seulement rompu par le craquement du bois ou le chant d'un grillon, j'imagine la cime des chênes ondulant sous la brise, je vois cette terre où plus personne ne veut vivre. Et je sais que cela ne sera plus. Toute chose est éphémère : les minutes, les journées, l'existence, les civilisations elles-mêmes. Nos vies ne sont rien d'autre qu'une infime tâche colorée sur une immense toile pointilliste : ma tâche sera juste dans des tons de gris et la tienne aussi, c'est tout.

Allez, c'est promis, je ne te rabâcherai plus ces vieilles histoires : il ne sera plus une fois Resgaille. Je vais laisser les morts, la Mamée, son Pierre et tous les autres, dormir tranquillement, là-bas, entre Eauze et Gabarret, refermer pour de bon ce vieux livre poussiéreux, puis j'irai le ranger soigneusement au grenier des souvenirs.

Oui : soigneusement.

Car qui sait ? Peut-être auras-tu un jour envie de le rouvrir pour savoir d'où tu viens, mon fils.

jeudi 22 novembre 2012

celestineChauguise et le fantôme


Il y a quelques jours j'ai envoyé un texte à Célestine, en lui disant :"Imaginez la suite, dans deux heures je ramasse les copies" ! J'avais envie de voir à quelle sauce elle accomoderait l'as du 36 ! Une demi-heure plus tard je recevais son texte avec en PLUS une fin alternative. Fortiche la Célestina !

Chauguise venait de dépasser l’avenue Gambetta, il arpentait à grands pas le Boulevard de Ménilmontant, le Ménilmuch’ comme le chantait Maurice Chevalier. En coupant la rue de Tlemcen, un triporteur faillit le bousculer. Au passage, Chauguise lui cloqua une mandale. Le conducteur du tri se retourna mais, devant la mine peu avenante de notre commissaire, il préféra mettre quelques hectomètres entre lui et le distributeur de pains.

A hauteur du gastos « à la mère Lachaise », une « cantine » qui ressemblait plus à un aquarium, avec sa terrasse vitrée ruisselante de condensation, qu’à l’entrée du Ritz, Chauguise marqua l’arrêt.

Il venait de voir un fantôme ! Mais quel fantôme ! Reconnaissable entre toutes… Célestine dite « belles chasses », une frangine gaulée comme une bagnole carrossée par Chapron*. Elle le savait, la garce, qu’elle avait des mirettes de compétition. Ses cheveux noirs, tombant de chaque coté de sa jolie petite gueule, et une frange qui lui arrivait juste au-dessus des sourcils. Tu risquais pas de te paumer dans les détails, tu avais ses quinquets juste dans la ligne de mire.

Autrefois elle était barmaid à la nouvelle Eve, une boîte à michetons de Pigalle. Elle servait, Célestine, mais c’est tout ! Bien sûr, elle mettait en avant ses arguments : un panorama pareil, ça fait consommer les gogos, mais toucher, jamais ! D’ailleurs, quand un client éméché voulait s’approcher un peu trop près, une droite bien ajustée remettait chacun à sa place !

Mais surtout Chauguise lui devait la vie : un jour qu’il était à la nouvelle Eve justement, Dédé dit « la couleuvre », que Chauguise avait fait coffrer cinq ans plus tôt pour le braquage du « Crédit Péquenot » du boulevard des Capucines, l’avait retapé.

Avait-il lichetronné un peu trop ? Sans doute, toujours est-il qu’il interpelle Chauguise et défourraille au même moment.

- Cinq berges, tu m’as fait plonger enflure ! J’vais t’plomber comme un scaphandrier…

Il lève son 357 magnum, c’est alors que Célestine s’interpose…. Pan ! Le coup part, elle s’écroule. La bastos lui a touché l’épaule.

« La couleuvre » reste comme un con, Chauguise bondit et lui flanque une gauche à lui décoller la tête. Crac ! fait la mâchoire en s’éclatant comme une figue trop mûre, alors qu’il s’écroule comme une vieille serpillère.

Chauguise est planté devant la vitrine, Célestine lève la tête, une larme coule sur sa joue. En reconnaissant le commissaire, un timide sourire se dessine sur ses lèvres à peine maquillées…


Laissons le clavier à Célestine...

Elle aussi a cru voir un fantôme… La dernière fois qu’elle a vu ce zigue en chapeau mou, elle venait de se prendre une bastos commac dans l’épaule, pour lui sauver la mise. Si elle avait pas été là, Dédé la Couleuvre le dégommait proprement. A c’te heure, y a longtemps qu’il n’aurait plus au menu que des pissenlits, et encore, pas par le bon bout ! C’est un peu grâce à elle s’il se tient droit devant cette vitrine.

Il faut dire que Chauguise, c’était pas un micheton ordinaire. Avec sa gueule d’amour à la Bogart, les gonzesses tombaient devant lui comme des quilles, il avait qu’à se baisser pour ramasser. Il avait ses ouvertures et ses tarifs spéciaux, et souvent même pour lui, c’était gratis. Mais Célestine mangeait pas de ce pain-là. Il lui fallait du sentiment, à la mioche, de la « poésie ». Elle avait jamais cédé à la facilité, même lorsqu’elle bossait dans cette boîte avenue Blanche, dans cette ambiance interlope aussi épaisse qu’une tranche de jambon à la coupe.

Les souvenirs reviennent à la vitesse d’un litre de rouge dans le gosier d’un maton au fond d’un commissariat de banlieue un soir de garde. Elle a pas oublié qu’elle en pinçait pour lui, au point de se faire gentiment trouer la carcasse, sans réfléchir. Elle a pas oublié son regard interloqué, au p’tit poulet, mi incrédule mi admiratif quand il l’a ramassée après avoir explosé le tarbouif et les ratiches à Dédé la Couleuvre, version Marcel Cerdan contre Tony Zale. Elle a pas oublié, surtout, le goût de ses lèvres quand il lui a roulé une gamelle pour la remercier, profitant honteusement de sa situation d’infériorité passagère due au calibre de la bastos qui lui labourait méchamment la chair.

Cette soupe de langue, ce fut son seul élan de poésie, à l’artiste. Elle a pas oublié comment il l’a plantée là, peu après, comme une vulgaire chaussette trouée, grimaçante, la main baignant dans son jus d’épaule. Comment elle a perdu son turbin à la Nouvelle Eve, à cause de son bras n’obéissant plus aux ordres et les années de mouise qui s’ensuivirent. Tout ça lui revient en un clin d’œil, en matant la silhouette du condé à travers la vitre opaque du bouge où elle s’est réfugiée pour écrire.

Oui car elle écrit, maintenant, elle taquine la plume. Elle raconte la vie des bas-fonds, ça fait pleurer les bobonnes dans les chaumières, et elle, ça la met à l’abri des fins de mois difficiles. Elle pense que de voir ses chasses embuées de larmes et son sourire en coin, ça va le faire partir… C’est drôle, il a dû piger que dalle, parce que le v’là qui rentre dans le rade plein à ras bord de sueur et de bruit, et qu’il se dirige vers elle.

Et là, tout à coup, en le voyant tel qu’en lui-même, le mégot joliment coincé dans la lippe, le galurin enfoncé jusqu’aux yeux, elle en a le palpitant tout ramolli. Voilà bien les nanas, aucune parole ! Au premier son de sa voix, qui n’a pas changé, elle oublie toutes ses résolutions et elle se dit qu’il y a peut être là, finalement, matière à écrire une histoire à peine entamée, un soir de juin, à Pigalle… En tous cas, elle essaierait bien, pour voir...


Fin alternative.

C’est drôle, il a dû piger que dalle, parce que le v’là qui rentre dans le rade plein à ras bord de sueur et de bruit, et qu’il se dirige vers elle. Il lui parle du passé avec un petit trémolo vocal, rapport à sa dette envers elle et patati et patata.

- Laisse donc, Chauguise, t’es pas gonflé de venir me relancer, après tout c’temps.

- Je m’disais qu’avec le temps, t’aurais p’t-être oublié…T’as toujours d’aussi belles chasses, faut reconnaître.

- Tout beau, mon prince, arrête un peu ton tir. Chuis pas celle que tu crois.. Tu croyais quoi ? Tu me roules une escalope et hop, tu disparais, envolé le beau merle, pendant vingt piges on voit plus la queue du loup… Vingt piges, c’est pas rien ! Et là, tout de go, tu reviens me chanter l’air des regrets ? Remballe ta marchandise, Chauguise, ton attirail de séducteur à deux balles, ça prend plus. J’ai passé l’âge du sirop, crois moi.

Sur ces belles paroles, qui laissent le commissaire un peu groggy, Celestine tourne les talons et disparaît, happée par la fumée grasse du troquet. Le plus célèbre poulet de France a l’impression soudaine d’avoir perdu ses plumes. Il remonte son col et sort dans l’ombre crépusculaire. Pour une fois, il est pas mécontent que la scène ait pas eu de témoins.


Non mais ? La gerce elle a envoyé Chauguise se faire reluire ailleurs ! Gonflée la chneck ! Allez HOP RE-RE-FIN ALTERNATIVE... Des fois !


Par ANDIAMO

Il savait bien lui Chauguise, pourquoi il s'était laissé envoyer se faire reluire l'autre jour, dans ce rade du Ménilmuch'. Il en était raide dingue de SA Célestine...

Seulement y avait-il une seule gisquette au monde capable de supporter sa vie ? Jamais là, toujours disponible pour le 36, c'est avec le quai qu'il aurait dû s'maquer LE commissaire. Il avait fière allure, seulabre comme un canard déplumé à la loterie des cocus, un laissé pour compte, un pousse-cailloux. Sa fille partie, sa Juju comme il l'appelait, il lui restait pour toute compagnie un vieil ouvre boîte vachement bien ébréché, et son doulos calibré 9 millimètres.

Il traînait toujours dans son larfouillet un portrait de "belles chasses" qu'un rapin de Montmartre lui avait griffonné un soir vite fait, sur un zinc de la rue Lepic, après que Chauguise et lui aient éclusé une bouteille de Mescal, cette boisson Mexicaine... Un alcool que l'on tire à partir de l'agave, juste bon à déboucher les cagoinsses. Ce soir là Célestine s'était fait tartir en les matant se pochtronner...

Sous la petite pluie qui fouettait le pavé parisien, Chauguise reprit le chemin de la rue du Mont Cenis.... Ce soir serait une soirée portrait et Mescal....

* Chapron célèbre carrossier Parisien, il "relookait" les tires des gens fortunés.

Ch'tiot crobard : Célestine par le rapin.

On peut retrouver Célestine sur :
http://celestinetroussecotte.blogspot.com/

lundi 19 novembre 2012

Saoul-FifreLe week-end du 12

Vous ne connaissez que lui : le jokariste au bronzage intégral, cet espèce de Kojak courant plus vite que son ombre, enfin, disons qu'il est toujours devant elle à condition de courir vers le soleil, mais elle lui colle au train sans lui concéder une seconde, la garce. Elle n'est que l'ombre de lui-même mais elle a de beaux restes. Souvent, et surtout quand il évite de courir aux heures chaudes de la journée, elle lui fait la jambe fine et le bras long. Elle n'a pas sa grosse tête, ce n'est qu'une ombre chinoise projetée sur un drap en 3D aux couleurs aléatoires, ce qui renforce son côté bizarre naturel un poil sautillant.

J'ai mis un poil mais pour en trouver un sur ce corps glabre au demeurant mais néanmoins soigneusement rasé, faut se lever tôt !

Pour tout vous dire, son ombre est plus chevelue que lui, voyez ?

On ne peut nier à ce corps lisse une meilleure pénétration dans l'air, surtout enduit de quelques giclées d'huile d'olive. Légèrement penché en avant, à la limite de la perte d'équilibre, l'homme-obus au crâne oblong écarte l'atmosphère devant lui. Du zéphir au Mistral, tous les mouvements d'air s'effacent devant son aérodynamisme, devant les formes épurées de son fuselage charnel. Nul frein, nul obstacle dorénavant à opposer à la force brute de ses manivelles inférieures, lubrifiées au liquide synovial et profilées façon Kate Moss. L'élastique de la ligne d'arrivée n'a plus qu'à bien se tenir.

Si vous êtes de nos fidèles, vous avez sûrement reconnu le commentateur dont je vous parle au travers de mes fines allusions. Il s'agit de Pascal, le célèbre dératiseur de pelouses à coups de crampons . C'est son troisième Blog, dis donc ! On peut dire qu'il s'accroche et qu'il en veut. Les deux autres blogs ne sont plus disponibles que sous la forme papier. Oui Pascal sauvegarde ses blogs sur papier, on sent bien là le réactionnaire méfiant devant le progrès et je ne peux que le suivre dans son analyse pessimiste. La voiture électrique c'est super mais quelle belle œuvre d'art sur votre parking quand les centrales nucléaires auront fusionné. Un vrai film-catastrophe tout en fondu enchainé. On ne vous en parle plus pour ne pas vous lasser mais Fukushima a toujours les oreilles qui chauffent et un ordi est très efficace pour supprimer des informations.

Oui Pascal, cliquant au hasard dans la colonne de droite jusqu'à ce qu'il trouve mes coordonnées, voulait savoir si je pouvais lui procurer un morceau de quintaine qu'il subodorait apte à rendre ses poulettes plus ouvertes voire mieux participantes. Je lui répondis qu'il ne s'était pas trompé d'adresse mail mais qu'il se dépêche car je m'en servais pour allumer le feu et que l'hiver s'annonçait rigoureux.

Ni une, ni deux, sans GPS ni sens de l'orientation, il frappa chez nous avec 2 heures de retard sur l'horaire prévu, faut dire qu'on est dans un trou perdu de chez isolé, juste en face de l'Hôtel de ville. C'est quand même le gars qui, alors que je lui indiquais pour son jogging un itinéraire agréé par le Syndicat d'Initiative (Tu suis les flèches jaunes...), a trouvé moyen de se perdre. Glissons, moi, j'y aurais craché mes poumons.

Nous avons donc vu débarquer chez nous un type "caucasien", enfin ça c'est la case qu'ont coché ces cons de douaniers américains quand il a essayé d'immigrer chez eux en traversant la frontière en courant si vite qu'ils n'étaient pas sûrs d'avoir vu quelqu'un passer mais manque de chance, ils ont vérifié et les profileurs ont ricané en disant qu'ils le coinceraient au départ du Marathon de New-York. Ce qui fut fait mais Pascal accepta d'intégrer l'équipe nationale de coureurs de jupons, rapporta plein de médailles à sa nouvelle patrie et on lui rendit sa liberté.

Bon, moi, avec son crane rond et brillant, j'aurais plutôt coché la case "bocal à poissons rouges" mais ce n'sont pas des imbéciles puisqu'ils sont DOUANIERS...

Son séjour s'est très bien passé, il a beaucoup d'humour et il lui en a fallu pour supporter mes petites blagounettes genre : au lieu du régime sportif laitue-steak-revenu-dans-une-goutte-d'isio-quatre-pomme-couscoussier-de-spaghettis qui est son quotidien, je lui ai concocté de roboratifs repas périgourdins, kirounet cidre-sirop de fraise (renforcé subrepticement à la vodka) potée au saindoux flambée à la gnôle (puisqu'il refusait d'en boire), pommes sarladaises au confit de canard avec cèpes en option obligatoire marinés à la liqueur de châtaigne (puisqu'il ne touche à aucun alcool). J'obéissais en cela au proverbe maintes fois vérifié " Ne prends pas le risque de te lier d'amitié ou de te marier avec quiconque sans l'avoir vu bourré au moins une fois.".

Je dois à la vérité d'avouer n'avoir décelé aucune différence entre les deux états.

vendredi 16 novembre 2012

AndiamoUn baiser, mais à tout prendre qu'est-ce ?

Nicolas Serdonne, bel homme, la quarantaine grisonnante, occupait un emploi fort peu courant : il était premier embaumeur dans la très respectable entreprise « Thanatos and consort », la T.A.C pour faire plus simple. Leur devise était :


Mourez, nous nous occupons du reste

C’était lui qui était chargé de parer les corps des défunts qui lui étaient confiés, afin de les rendre présentables à la famille. Certains « clients » étaient plus faciles que d’autres, décédés dans la fleur de l’âge, peu de retouches ou de maquillage s’imposaient. Par contre, ce que Nicolas redoutait le plus, c’étaient les accidentés de la route… Inutile que je vous fasse un dessin (quoique) ou que je vous décrive par le menu l’état dans lequel arrivaient certains de ses clients.

Ce matin-là, le fourgon couleur bordeaux portant en lettres d’argent le bandeau de la société « Thanatos and consort » s’arrêta devant la lourde porte de chêne. Deux hommes en descendirent, ouvrirent la porte arrière du fourgon, puis extirpèrent une longue boîte grise en matériau synthétique, dans laquelle se trouvait un corps prêt pour embaumement.

Après avoir fait signer le bon de livraison (si j’ose dire) et déposé le corps sur la longue table en inox de la pièce réfrigérée servant de laboratoire, les deux hommes prirent congé.

Resté seul, Nicolas entre dans la salle. Sur les murs, de la faïence, des carreaux au ton légèrement verdâtre, céladon pour être précis. Le corps, celui d’une jeune femme d’après la fiche qu’il tient entre ses mains, est recouvert d’un drap.

Précautionneusement, Nicolas soulève le linceul, découvrant le visage d’une très jeune femme. Botticelli, c’est le nom qui lui vient immédiatement à l’esprit, « la naissance de Vénus », il revoit le tableau du maître de Florence à la galerie des offices de cette ville. Deux ans plus tôt, en compagnie de son épouse et pour fêter leurs dix années de mariage, ils s’étaient offert un joli voyage à Firenze.

Il est là, médusé, ne pouvant détacher son regard des traits finement ciselés de la jeune femme, morte par overdose, indique la fiche. Quel malheur ! songe Nicolas, une si belle jeune fille…

Alors, doucement, sa main caresse le visage. Le froid de la mort, Nicolas le sent au bout de ses doigts. Il se penche et dépose un baiser sur les lèvres de la morte. Jamais il n’a fait cela, alors pourquoi ? L’étrange beauté sans doute.

Oh, ça n’est pas un baiser appuyé, non, un simple effleurement tout au plus, un dernier hommage en quelque sorte. Sur ses lèvres, il ressent comme un petit choc.

- Voilà que tu te fais peur tout seul, dit-il à voix haute !

Après avoir remis le drap en place, Nicolas sort de la pièce et va se servir un café. Le froid du baiser persiste sur ses lèvres.

Bah ! C’est suggestif, songe-t-il. Une tasse de kawa me réchauffera.

La chaleur de la tasse puis celle du café n’y ont rien fait : le froid persiste, il s’est même accentué, lui semble-t-il. Il retourne dans son laboratoire, commence le maquillage puis l’habillage grâce aux vêtements fournis par la famille.

Trois heures plus tard, la jeune femme est « prête ». Nicolas admire son travail, elle est vraiment très belle, légèrement maquillée, un peu de rose aux joues, elle se réveillerait qu’il n’en serait pas étonné. Toujours ce froid qui maintenant lui a pris tout le bas du visage, et le cou qui commence à se refroidir. J’ai dû rester un peu trop longtemps dans le labo, songe-t-il, il faut en sortir de temps en temps, mais là j’étais tellement accaparé par cette femme que je n’ai pas vu le temps passer.

La famille est venue, la mère en larmes, le père plus digne. Ils ont remercié longuement Nicolas pour le travail accompli, vous êtes vraiment très doué Monsieur, a ajouté le père.

A dix-sept heures, Nicolas est rentré chez lui, le chauffage à fond dans la Clio en plein mois de juin, température extérieure vingt-cinq degrés.

- Putain, je suis gelé murmure-t-il tout en claquant des dents, j’ai dû choper une saloperie, je dois avoir une fièvre carabinée.

Tant bien que mal, il gare sa voiture dans la cour du pavillon qu’il occupe avec sa femme et leurs deux enfants. Un joli village au nord de Paris, Survilliers pour ne pas le nommer.

- Christine ! C’est moi, dit-il en entrant, prépare-moi quelque chose de chaud s’il te plaît, et appelle le Docteur Marceau, je grelotte comme un chimpanzé sur la banquise !

Christine s’est approchée…

- Ouh lala ! Tu n’as pas l’air bien, tu n’es pas chaud pour quelqu’un de fiévreux, tu es glacé ! Tu as fait quoi ? Tu as travaillé en slip dans ton labo ? ajoute-t-elle avec un sourire en coin.

- Ne dis pas de conneries, appelle plutôt le toubib.

Une heure plus tard, le Docteur Marceau est là.

- C’est assez inhabituel en effet, je vais vous prescrire des antibiotiques à large spectre, et si demain ça ne va pas mieux, j’aviserai.

Christine a rapporté les médicaments, Nicolas a bu un grand bol de tisane bien chaud, puis il s’est couché, la couette remisée durant l’été, a été ressortie.

Deux heures plus tard, il peut à peine parler, sa mâchoire claque, tremble comme les jours de grand froid, son corps est glacé !

- J’appelle le SAMU, déclare Christine, ça ne va pas du tout, mais alors pas du tout !

Sirène hurlante, la voiture fonce sur l’autoroute A1 direction porte de la chapelle, puis Bichat.

Deux heures plus tard, malgré l’équipe réunie de toute urgence, Nicolas décède.

Hypothermie ! Les médecins aussi incroyable que cela paraisse ont conclu à une mort par hypothermie, en plein mois de juin par vingt-cinq degrés !

Le lendemain, Christine est venue, elle a confié la garde des enfants à sa sœur. On la conduit à la morgue de l’hôpital, l’aide soignante qui l’accompagne la console du mieux qu’elle peut.

Une double porte à battants, un hublot circulaire dans la partie haute des portes, un éclairage néon très cru, une rangée de tiroirs, sur deux d’entre eux, un nom.

Les yeux de Christine accrochent celui de Nicolas Serdonne. L’aide soignante amène le tiroir à elle, puis soulève délicatement le linceul, découvrant le visage de Nicolas.

Christine se penche et dépose un baiser sur les lèvres de son mari. En même temps que le froid, elle ressent un petit choc…


(Ch'tiot crobard Sandro Botticelli 1485) Ce qui me scie : c'est la "modernité" du trait, et ça a plus de cinq cents berges !

lundi 12 novembre 2012

Tant-BourrinFourmystique

Ant-N ne connaissait rien d'autre du vaste monde que sa fourmilière et ses abords, de simples miettes insignifiantes au regard de ses aspirations profondes.

Car Ant-N était une fourmi différente des autres fourmis. Elle rêvait de l'au-delà. De l'au-delà de la fourmilière, de l'au-delà des frontières matérielles de son existence régentée au sein de la colonie grouillante, de l'au-delà de la vie même : Ant-N était une fourmi mystique.

Partir, abandonner derrière elle sa vie répétitive et laborieuse, parcourir les chemins, découvrir d'autres paysages, méditer, accueillir Dieu en soi. Ant-N n'avait jusque-là jamais oser franchir le pas, mais sa langueur devenait si insupportable... Il faudrait bien un jour déchirer le conditionnement qui lui collait à la peau et oser dire oui à ses rêves !

Mille fois elle avait bâti des plans de fuite, mille fois elle avait renoncé. Ce fut finalement le hasard qui prit les rênes de son existence pour lui faire quitter l'ornière de son existence.

Un jour qu'elle s'était aventurée à plusieurs dizaines de mètres de la fourmilière, en quête de nourriture pour les larves, un subit orage éclata qui décima l'essentiel des ouvrières de sortie comme elle. Elle ne fut sauvée des flots boueux qui ravinèrent bientôt la terre que par la chance d'être juchée sur la racine proéminente d'un chêne, à l'abri d'une épaisse fougère.

Quand les éléments se calmèrent, elle était seule dans les parages et l'eau tombée du ciel avait lavé toute les traces de phéromone qui auraient pu lui permettre de regagner la colonie.

C'était un signe divin, assurément ! Elle hésitait depuis si longtemps, et voilà que Dame Nature lui disait : viens !

Elle partit donc à l'aventure, le coeur léger et prêt à accueillir Dieu qui, à n'en pas douter, lui viendrait bientôt.

Elle chemina ainsi des jours et des jours, parcourant des étendues immenses de pluseiurs centaines de mètres. Régulièrement, Ant-N levait les yeux au ciel, mais rien ne venait : nulle manifestation divine sinon quelques nuages dans l'azur.

Alors elle priait encore et encore, jusqu'à entrer en ascèse.

Ce fut précisément quand le doute commençait à filtrer en elle, quand elle se demandait si, finalement, il y avait bien quelqu'un là-haut qui veillait sur le destin des fourmis, que tout arriva.

Alors qu'elle levait une dernière fois les yeux au ciel, elle ne vit plus de nuages. La lumière semblait partie, le ciel avait changé de couleur et, au milieu, le soleil lui-même était devenu sombre.

"Un soleil noir, se dit-elle, c'est Dieu ! Enfin !"

Elle se prosterna dans l'attente de la parole divine.

Le soleil noir ne dit rien, mais il laissa bientôt apparaître une excroissance, une sorte langue, tout aussi sombre que lui. Une langue qui s'allongeait vers Ant-N.

"Merci Dieu, songea Ant-N, merci de laisser choir sur moi votre bénédiction !"

Mais la sombre bénédiction se détacha soudain du soleil noir et engloutit Ant-N, qui mourut étouffée.



- Alors Roger, tu as fini ?
- Oui Biquette, j'arrive ! Désolé, mais je pouvais plus tenir... Ah putain, ça fait du bien de chier quand on a envie !

vendredi 9 novembre 2012

celestineMon rencard avec Chauguise

L'autre jour, profitant de mon passage à Paname, je me suis dit comme ça.

« Et si j'en profitais pour passer un coup de biniou à Andiamo ? Je me suis laissé dire qu'il créchait dans le coin. »

Vous emballez pas, hein, bande de décapsulés, je vois déjà vos petits yeux égrillards se plisser à l'évocation de je ne sais quelle idée salace...C'était juste pour boire un caoua, et taper la discute avec le concepteur du commissaire Chauguise himself et en personne. Eh non, je ne résiste pas, quand j'ai l'occase, j'aime bien mettre des visages sur les blazes. C'est comme qui dirait une manie chez moi, ce passage du virtuel au réel.

Bref, on se file rencard dans un p'tit troquet boulevard de Ménilmontant, mais oui madame...et j'avoue que j'ai les guitares en coton, les mains moites et les pieds poites en attendant l'arrivée du poulet le plus célèbre de la blogo.

Bon le vlà, et tout de suite, le courant passe. Continu et alternatif. On sent qu'on est en phase quoi ! On fait les présentations, on se tape la bise et en avant Guingamp ! Je vous apprends rien, à vous les tauliers de ce blog jubilatoire et intempestif, votre pote est un joyeux drille. Mais en plus, il connaît plein de trucs sur tout. Avec son accent titi des faubourgs populaires qu'il fait reluire depuis la septième génération, me vlà plongée tout droit dans un film de Lautner, dialogué par Audiard. Du petit Jésus en culotte de satin.

Tout y passe, bourgeois, patrons, la gauche, la droite, même le bon Dieu, comme dans la chanson... Mais aussi Brassens, Coluche, et pi, hé, rigolez pas, Duclos et Marchais, des gonzes que j'avais même oublié qu'ils existaient à une époque, et pi la famille, le turbin, les rapports zhumains en général et en particulier. Moi j'ai les mirettes qui pétillent et le clapoir ouvert comme un poiscaille qui a avalé trop d'air. J'esgourde, je biche.

C'est qu'il sait parler, le dabe ! Pas étonnant qu'il ait la plume alerte. Et avec les frangines, il est encore plus loquace. Que voulez-vous ? C 'est son p'tit talon d'Achille à lui, il aime beaucoup les personnes du sexe opposé. Opposé à quoi, on se le demande...

Moi chuis pas opposée à me laisser gentiment causer fleurette par un zigue qui m'appelle « belles chasses » , et qui a encore un esprit et des manières d'hommes, les vrais, qui refusent que les gonzesses paient les consommations. Pas comme ces homoncules de maintenant, qui se passent des pognes et se sucent la pomme au lieu de se serrer la pince, de toutes façons, je risque pas grand-chose pour mon honneur, avec le loufiat qui nous lorgne le regard en coin, et les chalands qui passent devant le rade.

A cinq plombes de l'après-midi, le boulevard de Ménilmontant c'est pas franchement le désert des Tartares, sans compter mes deux fistons qui chaperonnent de loin en loin, leur maternelle avec le zèle d'un James Bond en service commandé. (rapport au film que j'ai vu au cinoche avant-hier)

Enfin voilà, l'heure passe, il faut trop vite prendre congé, presqu'au milieu d'une phrase, et l'on se quitte comme deux potos, sous la petite pluie qui sert de manteau aux Parigots.

Arrivederci, bello. Et vous, faisez pas les jalminces, si ça se trouve, votre tour viendra...

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