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jeudi 17 mars 2011

AndiamoLa comtoise

François Barroz, bien campé sur ses jambes musclées de montagnard endurci par les années de dur labeur, scrute l’horizon. Il voit monter derrière le pic de la Belle étoile de gros cumulonimbus annonciateurs d’orages, et ici, dans cette vallée du haut Bréda, ça n’est pas bon signe.

Dans le massif de Belledonne, quand l’orage éclate, ça ne fait pas semblant !

Les blés sont mûrs, songe-t-il, je devais moissonner demain avec Etienne, qui sera là avec son mulet… Cet orage va tout foutre en l’air ! Alors, lentement, il lève les bras vers le ciel, après s’être assuré que personne ne passait sur le chemin caillouteux en contrebas.

Ses yeux se révulsent, puis il marmonne une étrange litanie. Un éclair zèbre le ciel au dessus de « Roche noire », puis, lentement, comme aspirés par eux-mêmes, les nuages menaçants se résorbent et disparaissent tout à fait.

Un petit sourire satisfait au coin des lèvres, François rentre chez lui.

En ce début du vingtième siècle, le mobilier est modeste : une grande table, deux bancs, un bahut surmonté d’une crédence dans laquelle sont rangés la vaisselle et quelques ustensiles. Dans le fond de la pièce, une porte donnant sur la chambre, chichement meublée elle aussi.

Seul « luxe », près de la grande cheminée constamment alimentée, trône une horloge : une comtoise.

Ses flancs, en bois de châtaignier, sont généreux comme ceux d’une paysanne ayant mis au monde plusieurs enfants.

Elle est couronnée comme on dit, c'est-à-dire que le sommet n’est pas plat, mais comporte un chapiteau. La sculpture qui l’orne représente un bouc, cornes torsadées comme il se doit, et les pattes antérieures descendent de chaque coté de l’horloge.

Les lourds contrepoids, eux, sont en fonte, ils représentent une pomme de pin, et le joli balancier en bronze oscille au rythme des secondes qu’il égrène.

Ce qui surprend, c’est le silence ! Aucun tic-tac n’accompagne la danse régulière du disque doré.

Cette horloge ne varie pas d’une seconde, se plaît à dire François. L’horloger qui l’a fabriquée, voici plus d’un siècle, a eu les yeux crevés… afin qu’il ne puisse en faire une semblable. Cette horloge a appartenu aux Ducs de Savoie, ajoute-t-il avec un petit sourire narquois !

Bien sûr, aujourd’hui, on dirait : « encore une légende urbaine » ! La plupart des belles horloges présentes dans les grandes villes rapportent toutes la même légende !

Dans ce village blotti dans la vallée qui domine Allevard, on apprécie beaucoup François, un grand gaillard, costaud, toujours prêt à rendre service, souriant, et vaillant comme un mulet !

A son arrivée ici, il y a maintenant une quinzaine d’années, on se méfiait un peu.

Pensez donc ! Un bel homme dans la force de l’âge… Célibataire !

Quelques jeunes filles hardies avaient bien tenté de le séduire, lors des fêtes des moissons, ou de la Saint-Jean. Peine perdue ! Il dansait bien un peu, histoire de ne pas les vexer, mais il préférait s’attabler avec quelques bûcherons, ou paysans comme lui, et discuter de cette république qui décidément n’allait pas très fort, en éclusant quelques chopines d’un blanc de pays, fort âcre et piquant à souhait !

Quand, passant sur le chemin qui longeait sa maison, il apercevait un homme rentrant des champs situés plus haut, il ne manquait jamais de l’inviter à venir prendre un « canon ».

Une étrange impression de malaise saisissait l’invité dès qu’il entrait dans la grande pièce, et tout d’abord cette grande comtoise qui n’émettait aucun tic-tac !

C’est de la très grande précision, expliquait-il, les rouages sont si finement usinés qu’ils ne font aucun bruit, ce qui ne l’empêche nullement de bien fonctionner.

En effet, quand l’œil s’attardait un peu, on remarquait que la grande aiguille sautait d’un coup sur la minute suivante…. L’horloge fonctionnait parfaitement !

Un joli matin de mai, nul ne vit François. C’était un dimanche et, chaque dimanche matin à la sortie de la messe, François rappliquait dans l’unique café du village, s’attablait, alors en compagnie de Joseph, de Pierre, de Félix ou autre, il commandait une bouteille de vin bouché, c’était toujours lui qui régalait.

- Bah ! J’n’ai point d’bonne femme qui m’bouffe mes sous, alors j’peux ben vous en faire profiter, disait-il immanquablement !

On riait de bon cœur, puis on trinquait à la bonne santé.

Donc ce dimanche-là : point de François !

On s’interroge ; on s’inquiète ; on se met en route pour son logis.

La grande pièce est meublée, rien n’y manque, le balancier de la belle comtoise oscille comme à son habitude… Dans le silence.

Les jours ont passés, François n’est jamais reparu. Les gendarmes sont « montés » depuis Allevard, ils ont interrogé les habitants, nul n’a su dire ce que François était devenu.

L’enquête a conclu à un accident.

- Bah ! Il aura voulu aller taquiner la truite, aura glissé, puis se sera noyé dans le Bréda !

Le Bréda c’est le torrent qui descend la vallée à laquelle il a donné son nom, puis va se jeter dans l’Isère, à proximité de Pontcharra, dans la riante vallée du Grésivaudan. Cette généreuse vallée circule entre les massifs de Belledonne, Chartreuse et Vercors.

Certes la mairie n’est pas bien grande, a déclaré Antoine Ruaz le maire, mais ce serait bien de récupérer l’horloge, puisque ça fait maintenant deux ans que François a disparu, ainsi elle servirait à tout le monde ! Et puis, si par hasard un héritier se présentait, on la lui rendrait !

Cette proposition fit l’unanimité. Sans perdre de temps, deux hommes forts de la commune partirent chercher la comtoise.

Ils la soulevèrent, encouragés en cela par quelques curieux venus assister au spectacle.

Bien que personne ne s’en occupât depuis deux ans, elle fonctionnait toujours !

Charles et Félix soulèvent à grand peine la belle horloge, puis la portent comme on le ferait pour un cercueil. Charles descend le perron à reculons… Soudain son pied manque une marche, il titube, perd pied, part à la renverse, n’a que le temps de s’agripper à la rambarde pour ne pas s’affaler !

La comtoise choit lourdement, le bois éclate, le balancier se décroche, émet un bruit cristallin en heurtant une marche, le boîtier contenant le mécanisme s’ouvre…

Il est vide ! Aucun rouage, aucun ressort, nulle trace de pivots ou d’axes… Rien !


Mars deux mille onze, tout en haut d’une tour de la Défense, François Barroz, P.D.G de la « Time box corporation Ltd. » regarde Paris qui s’embrase dans le couchant, un spectacle qui l’enchante, et dont il ne se lasse pas.

Dans son dos, une pendule « design », comme on dit aujourd’hui, affiche l’heure d’une manière très « digitale ». Au-dessus, juste au-dessus, une tête de bouc très stylisée, en inox brossé du plus bel effet….




Marie de cabardouche avait publié, il y a un petit moment, un billet relatif aux comtoises. Ce billet m’a inspiré cette petite histoire.

samedi 12 mars 2011

Tant-BourrinLes Blogbobandes dessinées (5)

Quand on a la main, on ne lâche pas l'affaire : voici déjà la suite des aventures de nos petits miquets de service ! Pour les retardataires, le début des aventures peut être lu , , et itou...

Le tout, je le rappelle, est réalisé sous assistance respiratoire informatique sur

Allez, on se fait un petit strip !




Saoul-Fifre : tout ça, c'est que du vent !


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Tant-Bourrin : des vers de mille étrons


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Andiamo : gagnant de l'auto


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Mam'zelle Kesskadie : intérêt à long terme


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Saoul-Fifre : Râ pas lovely


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Tant-Bourrin : c'est la chute finale


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Andiamo : rabbit ? rap it !


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Mam'zelle Kesskadie : sleeping beautyron


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mardi 8 mars 2011

Saoul-FifreÉcrire pour ne pas mollir

Il est vingt et une heures soixante huit. J'attaque ce billet sans la queue d'une idée, alors vous pensez, la tête ? Vous me demanderez l'intérêt d'une telle démarche et vous aurez raison de vous étonner, on le serait à moins. Attendez que j'envoie mon neurone en mission dans le ballot de coton qui me sert momentanément de cerveau. Ai-je peur de me faire engueuler par mes cons d'blogueurs ? Rhhhoooooooo ça se voit que vous ne les connaissez pas. Ils sont si mignons. Ils sont prêts à me remplacer, à prendre mon tour, à me souffler des sujets, et le tout avec le sourire. Il y a peu, j'ai republié un vieux texte de ya 5 ans, Tant-Bourrin a juste un peu toussé et Andiamo a su rester très digne, des gentlemen, je vous dis, non vraiment, c'est un plaisir de glander à côté d'eux, j'en connais qui ronchonneraient comme quoi c'est toujours les mêmes qui se tapent tout le boulot, mais eux non : ils ont fait l'école de Sparte et ils ont pris tous les deux "stoïcisme" en première langue. Non, pas la même année. Ils préfèreraient se faire déchiqueter les viscères par un renardeau plutôt que me faire la moindre remarque sur mon laisser-aller qui ressemble de plus en plus à du foutage de gueule.

Je vous demande à tous à genoux un peu de votre mansuétude. Oui je suis soufrifreux. Souffrançant ? Soufrier ? Souffreteux ? Enfin j'ai mal, quoi ? J'ai mal quand je prends dans la gueule les lanières de talent de notre Désordonnée . Elle est particulièrement en verve en ce moment. Elle m'inerve, si vous me permettez ce clin d'œil facile. Elle a bien fait finalement de nous couper les commentaires sous son verbe vrai. Nos mots sonnaient faux, ne pouvaient plus camoufler leur fêlure, comparés à l'évidente pureté de son scalpel aiguisé nous disséquant l'anatomie de nos hypocrisies.

Je souffre pour ces gosses portant sur leurs frêles épaules le lourd désir de génie inassouvi de leurs parents. Dieu garde, nos trois cancres assument leur moyennitude. Ils se vautrent dans la passion, peaufinent leurs mesquineries et répliquent "je gère" à toutes nos tentatives de les tirer vers l'excellence. Ils iront loin si le kérosène n'atteint pas des tarifs prohibitifs. Quelle fierté de les voir se gourrer eux aussi et mettre leurs pas dans les traces laissées par nos erreurs.

Qu'ils ne se leurrent pas, ni nous : les choix qui nous sont laissés ne sont pas si nombreux. Vas dur, vas mou, tu iras dans le trou. À tous les ages on peut sentir l'étau se resserrer, il suffit que des amis "de la classe" vous tirent leur définitive révérence sous le maigre prétexte d'un congé de mortalité. Et il faut endurer ces biographies sommaires systématiquement élogieuses dites par un mec en robe longue qui ne connait rien de rien de votre pote défunt.

Ah si ! Il semble avoir des certitudes sur la destination de cette âme en allée.

Ce pouvait être pourtant l'occasion d'écrire de bien belles choses

vendredi 4 mars 2011

AndiamoLe rapin (une enquête du commissaire Chauguise)

DRRRIIING ! La sonnerie aigrelette du biniou placé sur le bureau de Crafougnard vient de retentir. Rapide comme un crotale qui vient de jeûner six mois, Julien a saisi le manche noir du combiné.

- Allo ?

- C’est toi, Dugland ? questionne une voix enrouée à l’autre bout du fil.

Julien sait que son patron est au téléphone, non pas qu’il reconnait sa voix, car elle est trop enrouée, mais ce sobriquet « Dugland », il est le seul à le lui donner. Tout autre se ferait renvoyer dans les 22 mètres avec bourre-pif à l’appui !

- Oui patron, c’est moi…

- Bon, prend la quinze et viens me chercher, j’ai trop la crève pour prendre le bus.

- Oui patron j’arrive, mais où est-ce que vous créchez ?

- Au 40 de la rue du Mont Cenis, dans le XVIIIème, deuxième étage, porte droite… Et fait fissa... Understand, Dugland ?

- Oui patron, je connais le quartier, j’hab…

- J’m’en fous où tu crèches : rapplique dare-dare !

Toujours aussi aimable le Boss, songe Julien en embrayant un peu brutalement le six cylindres de la quinze chevaux Citroën.

Les deux étages avalés à lure-lure, Julien sonne à la porte palière de droite…

- Oui, répond une voix féminine, en même temps que s’ouvre la porte.

Julien est pétrifié ! Une adorable jeune fille le regarde. Lui reste planté dans l’encadrement.

- Entrez, Julien… Vous êtes bien Julien, n’est-ce pas ?

La jeune fille sourit : dix-huit ou dix-neuf ans, grande, brune, longs cheveux tombant sur ses épaules.

- Oui, balbutie ce dernier, je viens chercher le commissaire Chauguise.

- Papa ! Julien est là ! Vous prendrez bien un café ? Je viens justement d’en faire.

- Merci, avec plaisir.

Chauguise apparait à ce moment-là.

- Pas l’temps ! Allez Dugland, on file ! T’as cours ce matin, Juliette ?

- Oui, Papa.

- Bon, ne sois pas à la bourre… A c’soir

- A ce soir, Papa !

- C’est votre fille, patron ?

- Non ! C’est sœur Catherine Labouré, t’as pas vu la cornette ? Bon autant te mettre au parfum illico : et d’une, c’est pas du mouron pour ton s’rein ! Et deux, elle porte des robes en ardoise, afin que les crapauds dans ton genre ne puissent pas s’accrocher ! Et trois, si tu t’incrustes, on va te retrouver sous le pont au Change, avec les ribouis dans une bassine de béton ! Verstehen ?

- Ben patron, qu’est-ce qui vous prend ? Je suis correct…

- Moi aussi, j’suis correct, mais j’anticipe… Allez drive-nous au trente-six, et basta !

Tout au long du chemin Chauguise tousse et éternue !

- La vache, j’ai chopé une de ces crèves ! Habituellement, j’aime bien venir en bus, respirer la rue, regarder les gens, les p’tits métiers qui parcourent nos avenues, j’adore ça, tu comprends ? Toute cette vie, dans cette ville magnifique !

Putain le vieux devient bucolique, ce doit être la fièvre, songe Crafougnard.

Boulevard Ornano ; puis Barbès ; le Magenta ; le Sébasto… Point de sens interdits ou si peu, début années cinquante !

A fond, Crafougnard passe devant Le Châtelet, un grand calicot reproduisant le portrait de Luis Mariano dans : « le chanteur de Mexico ».

Julien entonne à tue-tête (sans le contre ut toutefois) : MEXI….IIIIIIIICOOOOOO !

- Mets-y un p’tit pain ! Tu vas affoler le bon peuple… Ils vont penser que tu viens de te coincer les joyeuses dans la portière !

Enfin le boulevard du Palais. Un « à droite » et Julien gare la quinze.

Une journée un peu morne…. Dix-sept heures.

- Hé, Dugland ! Tu m’ramènes chez moi, j’suis crevé ! J’vais aller me foutre au pieu avec quelques bons grogs et mon bada au pied du schlaff, quand j’en verrai trois : j’serai guéri… Le Docteur Négrita, y’a qu’ça d’vrai !

Guère de circulation (eh oui !) : vingt minutes plus tard, Julien gare la chignole juste au pied de l’immeuble de son patron.

- Monte, j’ai été un peu dur avec toi ce matin, tu vas boire un coup.

- Merci patron, c’est sympa.

- MMMHH….

Un peu essoufflé Chauguise arrive en tête sur le palier du second. La porte, SA porte est ouverte !

- Nom de Dieu, c’est quoi ce cirque ?

Il se précipite, entre et appelle :

- Juju, t’es là ? Allez, montre-toi !

Nos deux hommes ont fait le tour de l’appartement : une salle à manger, deux chambres, une minuscule cuisine et un cabinet de toilettes. Pas très grand le logement, mais coquet.

Chauguise d’un geste machinal a relevé son chapeau troué, reliquat d’une interpellation qui avait mal tournée !

Il est effondré… Méconnaissable.

- Il lui est arrivé quelque chose, Julien, je le sens, si je tenais le fumelard…

- Calmez-vous, patron, elle est peut-être sortie faire des courses ?

- Sans fermer la lourde ? Impossible Dugland… Impossible !

Il est là avachi sur une chaise, recroquevillé, lui, le grand Chauguise !

- Ma fillette, tu t’rends compte, Julien ? Je l’ai élevée seul ! Sa pauvre mère est morte après l’avoir mise au monde, j’me suis jamais remarié, je n’ai pas trop confiance en les gonzesses !

Le laissant geindre, Julien inspecte minutieusement les lieux. Dans la cuisine, il trouve un chiffon roulé en boule.

Il ramasse sa trouvaille, défroisse lentement le morceau de tissu qui a dû être blanc et qui maintenant est maculé de taches polychromes.

Regardez patron ! On va le porter à Couilllette… Pardon Monsieur Bourrieux, le responsable du labo. Il nous dira exactement la composition de ces taches, apparemment de peinture, mais faut voir.

- Ouais, t’as raison, Dugland !

D’un bond, Chauguise est debout !

Il va mieux, songe Julien.

- On va le secouer, afin qu’il se mette au turbin illico.

Chauguise a composé de mémoire le numéro de Bourrieux dit « Couillette » : BOTzaris 32 74….

- Couillette ? C’est Chauguise, rapplique tout d’suite au 36, ça urge !

- Mais patron, j’ai fini ma journ…

- Discute pas : il s’agit de MA fille, t’entends ? MA fille !

- Bon j’arrive.

Chemin en sens inverse, les virages sur les chapeaux de roues.

- Tu t’rends compte, Dugland : y’avait même un rapin d’la butte qui voulait qu’elle pose à loilpé pour lui ! Elle l’avait rencontré aux beaux arts : section peinture, là où elle suit des cours, elle veut « faire » dans la décoration.

- Un quoi ? A quoi ?

- Un rapin ! Un peintre, quoi ! Et à loilpé, c’est du louchébem : ça veut dire à poil ! Tu sors d’où ? De Bigounette sur Serpentine ou quoi ?

- Non patron, j’suis d’Limoges !

- Ouais, c’est du kif !

Un quart d’heure plus tard, ils sont quai des orfèvres.

Bourrieux les rejoint dix minutes plus tard. Chauguise lui tend le chiffon :

- Analyse-moi ça, Couillette, j’veux savoir exactement le genre de barbouille dont il s’agit !

Bourrieux a pris le linge, puis est entré dans son labo.

- Tout l’monde dehors ! J’veux personne dans mes mocassins quand j’bosse !

Chauguise et Crafougnard sont assis dans le couloir, le patron a allumé une « Boyard gros module » papier maïs, après avoir tendu le paquet à Julien.

- Non merci, a refusé Julien.

- Chochote, tu sais pas c’qu’est bon !

Une demi–heure et trois Boyards plus tard, « Couillette » sort de son labo, un feuillet à la main.

- Alors ? lâchent en cœur nos duettistes de la Rousse !

- Voilà : peinture « Lefranc-Bourjois », jaune de chrome ; bleu outre-mer ; vert Véronèse ; brun Van Dyck ; blanc de zinc ; et enfin : rouge vermillon ! De la barbouille à l’huile, utilisée généralement par les peintres. Pas les peintres aux balais à chiottes, non, ceux qui font des tableaux… J’peux rentrer m’pieuter, oui ?

- Oui, vas-y… Et merci, Couillette, j’te revaudrai ça !

Un chiftire de peintre ! Ben merde ! Dis donc, Dugland, après ce que je t’ai raconté dans la tire en venant, ça ne te donnerait pas des idées des fois ?

- Ben si, patron, vous pensez que le mec qui voulait peindre Juliet… votre fille, ce serait lui, qui…

- Exaquette ! Faut que je me creuse la tronche, comment il s’appelait ce connard ? Ah la vache ! Il était venu jusqu’à l’appart’ après avoir suivi Juliette, au prétexte : "je vais vous raccompagner Mademoiselle, on ne sait jamais" !... Elle est magnifique votre fille ! qu’il me disait : je voudrais la peindre Monsieur, laissez-la poser pour moi... Vous pourrez assister aux séances, si vous craignez…

Il était là geignant plus que parlant, il m’a raconté je ne sais trop quoi : son grand-père pompier, un nommé Poissonnier, je crois !

- Mais non, patron ! Excusez-moi, mais ce type a voulu vous dire que son grand-père était un peintre académique, un « pompier » comme on les nomme familièrement ! Et son nom n’est pas « Poissonnier » mais Meissonnier : Jean Louis Ernest Meissonnier !

- Ouais, c’est ça ! Chapeau, Dugland ! A Limoges, on jaspine p’têt pas l’jars, mais question barbouille t’es un costaud ! Allez on va l’retaper ce cinglé et on va l’cueillir !

- A cette heure ? C’est pas légal !

- Rien à s’couer ! Et lui, c’est légal : kidnapper une pauvre enfant ?

Chauguise a appelé Fernand son pote des RG, qui lui a communiqué l’adresse d’un certain Gérard Meissonnier. L’individu s’était fait mettre en salle de dégrisement un an auparavant, après avoir copieusement arrosé ses trente ans, et insulté une hirondelle ! (1)

- Il crèche au 17 rue Azaïs, au pied du Sactos quasiment.

C’est à fond les manivelles, que Chauguise et Crafougnard sont arrivés au pied du modeste immeuble un peu délabré, ils ont monté les trois étages menant à l’atelier de rapin, situé sous une verrière.

Sans ménagement, et d’un seul coup d’épaule, Julien a fait sauter la pauvre serrure de l’appartement. Endormie, droguée sans doute, Juliette est allongée sur un sofa miteux, drapée dans un tissu de velours grenat, et face à elle devant son chevalet : Gérard Meissonnier peignant un pot de géraniums posé sur une cimaise !

- Ah ! C’est vous, commissaire ? C’était pas la peine de défoncer la lourde : elle n’est jamais fermée ! Votre fille est une femme-fleur ! Regardez, je suis en train de la peindre.

Julien s’est précipité vers Juliette, elle dort paisiblement, sans doute le cinglé l’a t-il chloroformée ? Elle est habillée.

Dérangé certes, mais pas pervers le rapin, il ne l’a pas touchée, articule Julien qui lève les yeux vers son patron, au moment ou celui-ci décroche une droite magistrale au peintre qui s’écroule d’un coup !

- Tiens, c’est un acompte avant la douche froide qui t’attend à Charenton (2).




1) Les hirondelles étaient ce que nous appelons aujourd’hui des « ilotiers », ils roulaient sur des bicyclettes de marque « hirondelle » d’où leur surnom.

2) La ville de Charenton abritait à cette époque, un hôpital psychiatrique.

(cht'iot crobard Andiamo 2011)

lundi 28 février 2011

Mam'zelle KesskadieRendez-moi mon innocence !

Non, pas l'innocence de la vierge, ciel qu'avoir su, nous aurions eu tant de plaisirs coquins, mais mon innocence télévisuelle.

Que vaut ce cri déchirant devant la télévision ? Le bâillement de la défaite de la crédulité. Cachez ce tour de scénario que je ne veux pas voir.

Bref, je ne suis plus capable de ne pas être surprise quand le héros passe pour mort cinq minutes avant la fin. Hého, on n'est pas des imbéciles! Il va falloir le ressusciter pour la suite et pour que les produits dérivés soient rentables, c'est mieux de ne pas voir le héros en photo avec les yeux sortis de la tête avec la langue qui pend sur le côté (voir photo des têtes d'orignaux ou de chevreuil que les chasseurs mettent sur le toit de leur jeep. De quoi décourager le plus neurasténique zhumains et de quoi menacer les petits veaux : tu vois ce qui va t'arriver si tu manges trop ?).

Et vous imaginez le talk-show? Alors, mourir, c'était comment pour vous ? Aussi agréable que pour nous ? Ref : le gars qui dit à la fille, alors, chérie, c'était comment ? La première fois. Parce que la troisième, il ne dit rien, il ronfle comme une femme ménopausée en sur-poids.

AH! Voici l'histoire imprévisible de 4 ou 5 parias, le nombre dépend du salaire de chacun, si on n'a pas Bruce Willis qui fait tout à lui tout seul, on engage 5 qui se partageront le salaire et les méchants. J'aimerais savoir comment ils répartissent les fusils. J'imagine les voir se chamailler : c'est à mon tour le AK-47 dit le noir chauve Ben oui, le noir est toujours chauve, il ne peut pas tout avoir ! Il en faut un qui ait la chevelure du prince, un qui ait les lunettes noires, un qui ait le T-shirt déchiré, un beau, un laid, et dépendamment du budget, un déprimé. En général, ils se passent du déprimé, ou ils le font mourir assez tôt. Ça équilibre le scénario, le genre humain et quelle morale : si vous tenez à la vie, tenez bien votre arme ! Si vous n'y tenez pas trop, passez la à gauche ! (NDLR : je travaille en santé mentale avec des gens suicidaires. Svp, ne pas leur montrer mon texte).

Je laisse ici le soin à votre expérience française des stéréotypes de conclure ce que le noir a que les autres n'ont pas, ou en moins.

Il y a toujours un des compagnons qui s'éloigne parce qu'il ne croit plus au projet environ aux trois quarts du film. Ben tin. Il en faut un qui vienne les secourir à la dernière minute, donc, il faut qu'il fiche le camp de l'action, le scénariste va espérer qu'on a oublié qu'il doit revenir et zou, il apparait pour tuer par derrière le Méchant Dr Je-veux-être-Bond-à-la-place-de-Bond.

Des fois, il y a une fille. Des fois, elle est méchante, mais des fois, elle est gentille. En général, le père de la fille est quelqu'un d'important qui a été kidnappé, tué, torturé, je ne sais pas moi, en tout cas, elle a de la grosse peine. Si elle fait partie des méchants, ou elle couchera quand même avec un des bons, ou elle n'est pas vraiment méchante et on n'a pas besoin qu'un des gars sacre le camp en plein milieu de l'action pour tuer par derrière Dr Je-veux-gna-gna, parce que c'est elle qui va le faire. Par contre, si c'est elle qui tire, un des bons va quand même la sauver de quelque chose, en général, le sous-secrétaire jaloux du patron Mr. Je-voudrais-être-Dr-Je-veux-être-bond-à-la-place-de-Bond.

Le scénario se passe l'été. Ben, tsé, se promener les muscles à l'air par moins quarante au Canada, ça gèle un peu l'action. Et se promener avec une doudoune de duvet, on a beau mettre des lunettes de soleil, c'est moins sexy. Ça donne un prétexte pour le torride, la sueur, les bikinis et justifie le fait que les méchants parlent français avec un accent étranger, mais vraiment étranger, pas québécois. Nous, les québécois, on fait de très mauvais méchants, on donne plutôt dans les tarés voir Romaine au Canada.

Il faut aussi un bal. Comme les héros sont fauchés, et comme le bal n'est pas censé être dans leur plan du départ, c'est bien que les héros soient des hommes masculins. Sinon, vous voyez le topo ? Cinq filles qui se cherchent une robe de bal pour un bal qui aura lieu dans trois heures moins cinq minutes ? Remarquez que là, ça serait un vrai film d'action pour filles... par contre, je m'égare, nous en sommes aux stéréotypes.

Donc, il y a le bal. Tous les gars ont des costards (han ? Non mais qui c'est qui fait des progrès en français, han ? Han ?) qui leur vont bien. Pas un qui a la culotte trop courte ou trop longue. Comment ça se fait qu'ils y arrivent à la dernière minute alors que dans les mariages prévus depuis des lunes, les hommes trouvent le moyen d'avoir l'air idiot et mal habillés ? Et il n'y en a pas un qui se plaint de la cravate, en plus ! C'est là qu'on voit que c'est un film.

Ensuite, l'action.

Pourquoi, diantre, les policiers crient toujours le nom du suspect quand ils sont hors de portée, ce qui fait que le suspect se met à courir et eux doivent détaler après ? Parce que c'est un show de lapins ! (mouhaaaaaaaahahahhaaha !)

Je regardais justement un des lapins courir dans une ruelle (c'est fou ce que les grandes villes ont de ruelles quand on se fait courir après par un poulet à qui on veut poser un lapin ! Mouuahahahahaha, je pense qu'il est temps que cette chronique achève). Et je me demandais pourquoi la scénariste avait laissé traîner une cannette de Coca-cola par terre.

Rép : Parce que c'est un produit "placé". Coke a payé trois mille dollars par seconde où on voit une cannette de coke. Pas une ligne, une canette. Spèces de voyous que vous êtes. Et qu'ensuite, ça fait une marque naturelle pour le lapin qui court pour bifurquer avant d'entrer en collision avec la caméra. Tu vois mon chou ? Lui a dit la scénariste : tu détalles, svp, ne tire pas la langue, et quand tu vois la cannette, tu tournes à droite. Pourquoi pas à gauche ? Aucune idée. Faudrait voir si la droite du coureur correspond à la droite du décor par rapport à la gauche du caméraman et si le monteur ne déplace pas l'action en faisant tourner le lapin policier du côté opposé à l'angle droit de l'hypothénuse.

Je m'égare. Moi, voyez-vous, la droite, la gauche, je suis toujours un peu perdue géographiquement, mais pas dans le scénario, je suis et je devance !

Je me demande aussi pourquoi le policier ne part pas à courir avant d'interpeller ? C'est vrai que ça ferait moins glamour : Monsieur pffp pfff Dupont! Pff pfff Police! Pfff pfff. Ne déguerpissez pas pff pfff je suis déjà en train de courir pff pfff.

Tiens, ça serait bien. Et Dupont l'attend et quand il arrive en courant , lui fait un croc-en-jambe avec son soulier Nike, l'assomme avec son Ipad, sort son Iphone et tweette à ses potes (autre mot français placé, ciel, je suis prête pour un retour à Paris !).

Faites gaffe, le scénario a des changements.

jeudi 24 février 2011

Tant-BourrinLes Blogbobandes dessinées (4)

Ça faisait longtemps que je n'avais pas publié ici mes petits miquets (cf. les livraisons 1, 2 et 3).

Et puis, tout d'un coup, ça m'a démangé d'aller refaire un tour sur , le site qui aide les gros nuls en dessins comme moi à se la péter !

Blogbobander, ça vient comme une envie de pisser ! :~)




Tant-Bourrin : caca bouddha


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Mam'zelle Kesskadie : laisse-moi devenir l'ombre de ton chien


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Saoul-Fifre : mutants modernes


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Andiamo : la soupe à la grime-âge


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Tant-Bourrin : myope, la boum !


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Mam'zelle Kesskadie : complètement pommée


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Saoul-Fifre : comme une boisson dans son bocage


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Andiamo : elle avait des faux-cils


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dimanche 20 février 2011

Saoul-FifreBon Anniv' Olivier

Je vous ai déjà parlé de mon débarquement dans cette Provence accueillante comme un digicode plein de vomi. L'accent chantant et le sourire plein de dents, c'est la vaseline pour faire passer l'esprit de lucre et la détestation de l'étranger. Je m'y sentais comme un poisson des tropiques paumé au milieu d'un banc de sardines au large de la Laponie.

Et avec le recul, en y ayant réfléchi longuement et calmement, la petite lueur boréale qui me fut promesse d'un peu de chaleur humaine se nommait Olivier.

Nous étions collègues, embauchés presque en même temps dans cette petite boite de monteurs en téléphonie. Le patron était raide, je n'avais jamais rencontré un salaud pareil, un vrai rat, il avait d'ailleurs une gueule de fouine. Le boulot était dur, on était poussé au cul, il fallait lui construire des installations impecs, sans malfaçons, le pire étant de retourner sur un chantier et de se farcir le sourire sardonique de l'abonné qui s'était plaint "à qui de droit" de billevesées.

Aujourd'hui, on parlerait de harcèlement mais à l'époque, on baissait la tête et on serrait les dents. De toute façon, dans une petite entreprise de moins de 10 salariés, on savait qu'on avait droit à rien et que la moindre plainte ne nous obtiendrait qu'un doigt nous montrant la porte. Dans cette ambiance glauque, et si on y ajoute mon statut d'immigré de frais, and a long way from home, avoir un bon copain était une chance extraordinaire.

Olivier connaissait bien le secteur, l'emplacement des centraux, des sous-répartiteurs. Ça n'a l'air de rien, mais ce genre de connaissances valait de l'or en barre. On était lâchés dans la nature, sans aide. Le listing avec adresses précises existait bien mais était jalousement gardé par les gars de France Télécom. Et merde. Le boulot était suffisamment dur comme ça pour que l'on ne perde pas 2 heures à chercher tout au fond d'un lotissement ou d'une cave l'armoire bien cachée où nous devions tirer nos "ficelles"?

On nous donnait trop de travail, bien sûr sans primes de rendement ni heures supplémentaires. Nous étions "mensualisés" et je rentrais souvent à la maison à la nuit, n'ayant même pas pu tout faire. C'est Olivier qui m'a "déniaisé", m'indiquant la rentabilité correcte d'une journée, celle qui ne me ferait pas engueuler le lendemain. C'est lui qui m'a appris à rendre des dossiers "abonné absent", pas vu pas pris, en m'approchant à quatre pattes des boites aux lettres pour y glisser un "avis de passage". Des installations que nous n'avions absolument pas le temps matériel de terminer.

Un imbécile a fait chanter un jour à un surexcité "La solitude, ça n'existe pas". Oui mais quand on s'expatrie, c'est un peu dur au début quand même. C'est encore Olivier qui m'a refilé les premiers éléments de ce qui devait devenir un réseau d'amitié en béton précontraint, fidèle, généreux, sur qui nous pouvons toujours compter vingt-cinq ans plus tard.

Grâce à la gestion pointue de cette bestiasse de patron, la boite fit faillite, je m'orientai vers l'agriculture mais Olivier resta dans le milieu de la téléphonie. Il en gravit les degrés, technicien, chef d'équipe, de chantier, de secteur pour finir par monter sa propre boite, récemment. Un vrai gars du combiné. Nous n'avions pas encore de portable , ni nous ni nos enfants, qu'Olivier jonglait déjà avec deux ou trois de ces engins, à usage privé ou professionnel. Ils sonnaient à tout bout de champ, en plein milieu du repas... On ne mouftait pas, c'était normal, c'était Olivier.

Là il a le dernier et l'avant-dernier I-phone. Avec sa clef G3, son mur Facebook et ses nombreuses applications, on dirait un gros bébé pourri-gâté au pied d'un sapin de Noël. Mais c'était son anniversaire, là. Quel cadeau offrir à quelqu'un qui a tout ? À un vrai gars du téléphone qui a, comme moi, commencé sa carrière en bas de l'échelle, à planter des poteaux à la barre à mine ?

La qualité du matériel PTT n'est plus à démontrer. En galvanisé massif, ça ne bronche pas sous les intempéries, ça résiste à tout. Olivier m'ayant toujours aimablement fourni ces diverses pièces désormais cultes, pour mes bricolages à la ferme, je décidai de le remercier par une œuvre faite avec ces boulons, ces tire-fonds, ces tendeurs, ces plaques de serrages, ces cornières à trous que nous avons tellement utilisés quotidiennement que, même écartelés, démembrés, tordus, soudés, sciés, j'étais bien certain qu'il les reconnaitrait comme frères au premier coup d'œil.

C'est une fille qui danse. C'est un peu le symbole de la femme idéale qu'il cherche avec constance et acharnement depuis qu'il est né. Il en a essayé suffisamment depuis mais, jouant de malchance, ce n'était jamais la bonne.

Celle-ci est solide. Mon souhait est qu'elle lui fasse de l'usage.

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