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jeudi 6 novembre 2014

BlutchBlutch, s’il te plaît, dessine-moi une démocratie ! (phase trois)

Pour les ceusses qui ont loupé les premières strophes, c’est par que ça commence, avec une escale bien méritée ici
Et pour les autres qui pourraient trouver l'article longuet, il peut se lire en plusieurs épisodes.

Note de bas de page dans le préambule :
Cette fois, il faudra repasser pour des photos. Le seul truc marrant que j’ai trouvé est un article de la Tribune de Lausanne, qui est à l’opposé de ce que les pisse-copies de la presse française en avait rapporté.


Troisième époque

Nous en étions restés aux élus et à la représentation proportionnelle.
Oui, je sais, en France ça fait tache. « Proportionnelle » ressemble à un gros mot, un truc machiavélique. D’aucuns disent une autoroute pour les fascistes.
En quoi la « Liberté », « l’Égalité » et la « Fraternité » peuvent-elles autoriser qui que ce soit à museler les 16% de Français qui votent FN…
Le scandale ne serait pas de voir 16% de députés FN. Il est dans le fait que les partis sensément démocratiques ne donnent pas d’espoirs au peuple au point de voir 16% des électeurs séduits par le racisme et la xénophobie.
Ceci dit, je ne vois pas de programme politique ni de fonctionnement foncièrement différent entre le FN et l’UMP. Il en faut du self-contrôle pour ne pas aller zigouiller la Morano lorsqu’elle dit (et venant d’elle, c’est sans humour, même à la con) qu’un député doit obéir aux vœux du président. C’est drôle, mais dans ce cas, je peine à entendre le mot « président ». Ça résonne dans ma tête comme « Duce », « Caudillo » ou « Führer ».
Quant aux socialistes…. Au vu de leurs dernières prouesses faut aimer la beaufitude franchouillarde…. Alors s’il fallait émettre des critères moraux, il y a bien peu d’élus qui le resteraient… Entre Collard et Valls, je ne vois pas plus de différences qu’entre Marine Copé et Jean-François le Pen.

La particularité suisse est que le vrai patron, le seul qui puisse dire « JE VEUX », c’est le peuple. Les élus sont des larbins, et plus tu montes dans les rangs, et plus ce sont des larbins.
J’explique :
Les élus dans les législatifs sont là pour pondre des lois qui correspondent à la volonté du peuple.
Les exécutifs, comme leur nom l’indique, sont là pour exécuter les ordres reçus et non pour les donner.
Dans les communes, ces élus élisent le Maire et son équipe.
Dans les cantons (= départements), ils élisent le Conseil d’état. (C'est parfois un vote au suffrage universel)
Sur le plan national, ils élisent le Conseil fédéral (sept ministres).
Ces élus-là sont les larbins des assemblées législatives dont ils sont issus.
Le Président de la Suisse est un des 7 ministres, il est élu pour une année afin de faire plaisir aux Présidents étrangers qui se croient importants sous la tonne de chaînes et de médailles diverses dont ils se sont affublés.

Le décalage est magistral lorsqu’un Napoléon de pacotille rencontre un ancien président de la confédération.

En lisant les comptes rendus du Point et de la Tribune de Lausanne, j’ai furieusement eu l’impression qu’ils ne parlaient pas du même événement. Le garde-à-vous des folliculaires du Point (et je me suis épargné le Figaro) est impressionnant de fauxcuserie.
Le Malfaisant s’est ramassé une gifle par Adolf Ogi en voulant donner une leçon de démocratie à la Suisse, le con...

Il s’est fait moucher comme un sale gamin.
Ce que les médias français (excepté Médiapart) n’ont pas eu les couilles de relater.

Revenons à nos moutons.

L’année du Président de la Suisse commence en décembre deux ans avant son sacre…
Tout se joue lorsqu’il faut choisir le vice-président. Une fois nommé à ce poste, le prochain mois de décembre qui lui tombe dessus le verra automatiquement élu président. Ce mois sera le plus important, puisqu’il va passer de fêtes en consécrations diverses et variées afin de lui rendre les honneurs qui lui sont du. C’est un peu comme des funérailles, mais avec la possibilité de trinquer avec le mort.
Durant l’année de son règne, il va non seulement devoir faire son boulot de ministre, mais en plus inaugurer des chrysanthèmes jusqu’à plus soif… A chaque visite d’État, c’est lui qui se colle la corvée de G.O. de la politique suisse. Inutile de dire que dès le mois de mars, il ne pense plus qu’à Noël et la joie de refiler la patate chaude au suivant...
Donc, à l’inverse de la France, la Suisse garde ses ministres pour toute la législature et plus si affinités, mais elle change de président comme de chemise.

Malgré (ou à cause) de toutes ses différences, la Suisse est un pays qui fonctionne bien (disons bien moins mal que la France…). La TVA est à 8% et le taux de chômage est en recul, à 3 (trois) %.

Donc je résume :
Tout en haut de la pyramide du pouvoir, il y a : Le peuple
En dessous, les assemblées législatives.
En dessous encore : les organes exécutifs (Maires, Conseils d’Etat, Conseil fédéral (ministres))
Le Président de la Suisse étant le porte-parole du Conseil fédéral, on peut estimer qu’il est à son service…

Dans un pays où une ministre est limogée pour avoir osé réclamer du fric pour faire son boulot, j’admets que ça parait complètement surréaliste. Mais il y a pire dans le meilleur….

Si tu imagines qu’en Suisse n’importe quel illuminé peut arriver avec un papier maculé de graffitis en disant aux dépités : « Eh oh les serpillières, il faut voter ça fissa fissa », tu raccroches illico et tu vas commencer en douceur par une première leçon de démocratie chez les ayatollahs. Le politocard qui fait ça en Suisse déclenche une crise générale d’hilarité. Et faire rire un banquier, ce n’est pas gagné d’avance….

Je commence par la fin pour vous expliquer le pourquoi du comment de la procédure.
Toute loi votée en Suisse, qu’elle soit communale, cantonale ou fédérale est soumise au référendum facultatif. Oui, en Suisse, c’est le peuple qui décide d’un référendum, pas Haroun el Poussah, ni Iznogoud qui peut aller faire la Valls ailleurs et à l’envers.

Donc pour tenter d’éviter de se ramasser une pliée électorale à chaque fois (ce n’est pas que le ridicule tue en politique (t’imagines l’hécatombe qu’il y aurait en France….)), on consulte avant. Tiens, là aussi, je sens comme du mou dans les rotules si tu compares aux "consultations" élyséennes...
Je l’ai déjà dit, les Suisses savent compter et la votation d’un référendum coûte plusieurs millions (en francs suisses, donc pratiquement autant d’Euros), alors on évite si c’est possible.

Pour ça, il y a un processus bien rôdé :
S’il apparaît à un ministre qu’il faut une loi sur la couleur des boutons de braguette dans la fonction publique (Eh, rigole pas, j’ai vu en France des lois encore plus con que ça… et je n’ose même pas évoquer celles des USA), la question de son opportunité va être posée aux deux chambres du parlement fédéral, qui peut refuser d’entrer en matière, prétextant qu’il faut tout de même un espace de liberté pour les fonctionnaires. Auquel cas, la loi ne se fera pas.

S’ils décident que ce sera une liberté surveillée, les juristes vont prioritairement regarder si par le plus grand des hasards, il n’y a pas déjà une loi sur ce sujet. Si oui, elle sera mise en regard de ce que voudrait le ministre et s’il accepte de laisser tomber au vu de la différence infime de couleur que ça amènerait. Tout ça en tenant compte des frais engendrés par les cousettes qui seraient réquisitionnées pour le remplacement des boutons.

Imaginons la totale : La loi se fera…… enfin, c'est seulement peut-être parce que là, il faut la préparer.

1° Les juristes vont établir un projet de loi qui sera une base de travail. Ce projet doit inclure toutes les lois qui devraient être modifiées ou abrogées pour que le droit reste cohérent. (Tu parles de coups de balais à faire dans les lois françaises…. Au premier déblaiement, il faudra y aller au tracto-pelle !)

2° Ce projet va être présenté, en procédure de consultations, à toutes les associations qui seraient concernées, les syndicats, les groupes de députés de chaque chambre, les responsables des administrations, les églises et les partis politiques.

3° Chaque groupe va faire des remarques en stipulant ce qui voudrait et ce qu’il ne pourrait pas admettre.

4° Le projet repart au Conseil fédéral et son troupeau de juristes. Ils vont remodeler le projet pour éviter des refus catégoriques.

5° Retour dans la procédure de consultations.
On peut avoir là un problème de veto opposé.
Imagine que le syndicat des fonctionnaires gays exige des boutons roses et que la conférence des Évêques de Suisse s’y oppose fermement. Y a comme un problème... Chaque groupe pouvant lancer un référendum. Alors on va tenter de raisonner chaque partie, expliquer aux Évêques qu’avec le rabat de tissu, on ne voit presque pas les boutons, on va aussi demander aux fonctionnaires gays s’ils ne pourraient pas se contenter d’avoir des slips roses et de garder les boutons de braguette anthracites. Bref, ça va marchander ferme.

6° Après avoir gommé les plus grosses divergences, le projet va au Conseil national (l’Assemblée nationale). Et là, les députés vont remodeler le projet à leur convenance, en tentant de ne pas provoquer de veto. Admettons qu’ils ont admis que le premier bouton peut être rose, mais pas les autres (oui, le compromis helvétique est une institution sacrée, même s’il n’a rien à voir avec des fiançailles).

7° Lorsqu’ils sont parvenus à voter un texte (il faut parfois des années), ce texte passe au Conseil des États (le Sénat, mais, chose bizarre, il est élu par le peuple à raison de deux conseillers par canton).
Si d’aventure ce conseil décide de ne pas autoriser ce bouton rose, le texte repart au Conseil national, et ce jusqu’à ce que les deux Conseils soient d’accords sur le même texte, à la virgule près. Là encore, ça peut prendre des années. Admettons alors qu’ils arrivent à la conclusion que le bouton rose est tolérable, mais après demande écrite motivée.
Le vote de cette loi inclus toute les modifications ou abrogations nécessaires dans la législation en vigueur. Impossible donc, après le vote, de trouver un article qui stipule que les boutons de braguette des fonctionnaires doivent être gris, noir ou bleu.

8° Ce texte, voté par les deux chambres, va entrer dans le délai référendaire de trois mois.
Chaque habitant de la Suisse peut lancer un référendum. Il faut être au bénéfice de ses droits civiques pour le signer.

9° Mettons dans le cas d’espèce que la ligue des droits de l’homme trouve discriminatoire de devoir demander l’autorisation d’avoir un bouton rose à sa braguette. Elle rédige un référendum, dans des termes juridiques qui seront avalisés par le service juridique fédéral. La collecte des signatures peut alors commencer.

10° Si dans ce laps de temps 50 000 Suisses ont signé le référendum, il y aura un vote populaire à la majorité des votes exprimés.

11° Les autorités concernées doivent éditer une brochure explicative avec les textes de lois touchés, le point de vue des autorités et celui des référendaires. (Ce dernier texte est soumis à approbation par les référendaires, il ne peut donc pas être tendancieux).

12° Si le peuple dit non, la loi est enterrée et personne ne va démissionner. Le gouvernement ne sera pas renversé pour autant (je vous rappelle qu’il est élu par le parlement pour une législature complète). Et le Président de la Confédération continuera sereinement à inaugurer des chrysanthèmes…

13° Si le ministre insiste pour avoir son règlement sur les boutons de braguette, il reformera une demande une bonne dizaine d’années plus tard en tenant compte du vote sanction du peuple et en cherchant un autre compromis. Mais comme la durée moyenne de fonction au Conseil Fédéral est de 12 ans, il y a peu de risques de récidive.

En Suisse, il y a des lois qui ont mis 50 ans avant d’être adoptées. Ce fut long, mais ce fut l’expression de la volonté populaire.
Il ne faut pas imaginer que les lobbys restent de marbre, mais si en France il suffit de corrompre quelques personnages influents, en Suisse, il faut tromper plus de la moitié des électeurs. Ils y arrivent parfois bien sûr, et même trop souvent à mon goût… :-).
Exemple avec le refus d’une caisse maladie unique en Suisse.
La lenteur est la principale caractéristique de la politique suisse.
Même si ce sont les ritals qui disent : Chi va piano va sano e chi va sano va lontano…*
(Les mauvaises langues rajoutent : ma non arriva mai** :-D)

* Qui va doucement va sainement et qui va sainement va longtemps. ** Mais n’arrive jamais.

Cette procédure implique de facto que ce sont les citoyens suisses qui votent leurs impôts.
L’impôt sur le revenu, qui est progressif, est la recette fiscale la plus importante.
La TVA est à 8% pour le taux plein. Avec ça, les comptes de la Suisse sont moins pires que ceux de la France. Peut-être est-ce aussi dû au taux de chômage de 3%...
La prospérité de la Suisse et son niveau de vie élevé ne sont pas (quoi que puisse prétendre tous les Sarkopen de la planète) handicapés par le taux de 23,8% de population étrangère en Suisse (selon l’administration fédérale), soit quatre fois plus qu’en France avec ses 5,8% (selon l’INSEE).

Le peuple doit voter très bientôt sur l’abolition des forfaits fiscaux octroyés aux 5600 étrangers qui se sont établis en Suisse pour échapper au fisc. Charles Aznavour tire déjà la gueule (comme une épéclée de sportifs français) et Schumacher le fera dès qu’il retouchera terre, eux qui ont largement abusé de ce système immonde.

Pour la prochaine : l’initiative constitutionnelle, le référendum obligatoire et la façon de voter des Suisses.

Blutch

samedi 1 novembre 2014

FrançoiseÊtes-vous toujours amoureux ?

Sous ce titre quelque peu anxiogène, un test proposé aux couples dans « Psychologies » d'octobre. Quatre résultats possibles : « vous êtes toujours amoureux », « l'amour s'est éloigné », « le désir s'est estompé», « vous ronronnez dans la tendresse ». Je m'attends à un résultat tournant autour du désir estompé, remplacé par la tendresse ronronnante, c'est ce que prédisent les magazines quand on se fréquente plus de 20 ans. Eh bien pas du tout ! Comme souvent dans ce genre de tests, j'ai deux colonnes également majoritaires et non pas une seule car je suis un animal complexe. Deux résultats péremptoires et oxymoriques : « vous êtes toujours amoureux » et « l'amour s'est éloigné »... Paradoxal ? Pas du tout !

Le désir, objet de mes réflexions depuis qu'à l'âge de 16 ans j'ai ressenti l'émotion viscérale que peut inspirer une mèche de cheveux sur la nuque d'un garçon, le désir, donc, est au départ de nature très sexuelle. Le sexe est le ciment de l'amour débutant, ciment très mouillé comme il se doit. Mais comme j'aime le dire aux éplorés qui m'écrivent « après X années, ce n'est plus comme au premier jour », pour que l'amour devienne solide, c'est comme pour une maison : le ciment doit sécher. Autrement dit, le sexe cesse de dominer la relation. Pas pour être remplacé par la routine et l'ennui, la tendresse ou les charentaises, mais par un désir nourri des instants partagés, les affinités intellectuelles ô combien importantes, des affinités affectives qui inspirent l'envie de s'embrasser, se toucher, se regarder et se dire des mots doux... de l'admiration que l'on éprouve pour Untel, ou Untel, Unetelle et Autretel(le) si l'on n'est pas exclusif, et enfin de l'énergie très particulière qui fait qu'on ne s'ennuie pas ensemble, énergie de vie constitutive de la libido au sens Freudien du terme et non pas énergie purement sexuelle, truc dans le machin.

« Certes, mais le sexe, c'est bon », rétorqueront certains. Ô que oui ! A condition qu'il soit mû par ce désir multiforme, faute de quoi les gestes deviennent monotones et les rencontres « on dîne, on baise » ennuyeuses. Il existe une routine des amants quand leurs mains s'approchent et qu'on peut prédire à peu près sûrement où elles vont se promener, comment elles soulèveront le pull, retrousseront la jupe, etc... Rien de plus déprimant que de se dire, face à un amant potentiel « j'ai l'impression d'avoir déjà vu le film. » D'où la tentation de s'adonner à des pratiques diverses et variées pour booster le désir, ce qui retarde la fatale échéance mais ne la supprime pas, car on se lasse aussi du plus sophistiqué des vibromasseurs (vibre, ô mon frère!), des cordelettes, masques, gels en tous genres pour tous genres et autres objets du marketing sexuel qui fait ses choux gras de la confusion entre excitation et désir. En revanche, il m'est arrivé -et il vous est sûrement arrivé- d'être à nouveau troublée par quelqu'un sur un geste, un mot ou une attitude dont cette personne n'avait parfois même pas conscience... Sans doute suis-je cérébrale, mais l'organe sexuel le plus important n'est-il pas le cerveau ?

Plus que dans la passion, existe dans l'amitié ce partage d'univers, d'intérêts, d'admiration souvent, de rigolade toujours qui permet de se réjouir ensemble, et si les corps le désirent, de jouir ensemble. D'où ma préférence depuis toujours pour des relations où l'amitié nourrit le désir et le désir embellit l'amitié. L'amour, en couple ou multiple, a besoin de décoller les étiquettes et de voir dans l'autre un amour, un amant, un ami, un camarade de jeux, bien loin de la cristallisation passionnelle chère à Stendhal, qui commence fort mais finit mal... en général. Heureux ceux pour qui la routine devient rituel, faite de « private joke », de lieux privilégiés et d'habitudes complices.

« Ne te trompe pas d'ennemis ma chérie, fit doucement Madeleine. La vie est répétitive par nature. Chaque jour, tu te douches tu manges, tu te couches. Or tu aimes toujours manger, te doucher et t'endormir, ou disons que cela ne te pèse pas. Ce qui pourrait être ennui ou routine est devenu rituel familier. Si quelque chose ou quelqu'un te semble mortellement routinier, cherche ce que signifie cet ennui, sinon tu tourneras en rond et tu te diras que plus rien d'essentiel ne peut t'arriver. » (« Jouer au monde, roman publié en 2012, que j'ai commencé à écrire en 1992, c'est dire si j'y ai réfléchi).

Et la seconde réponse du test : « L'amour s'est éloigné » ? Comment expliques-tu ça, après cette longue dithyrambe sur l'amour solide ? Justement, par l'éloignement. Le nez collé sur un tableau, même magnifique, on finit par ne plus le voir, on a les yeux flous et les larmes qui picotent à force de fixer le même endroit. Mais il suffit de prendre du recul pour que l'image se fasse à nouveau nette et qu'on redécouvre l'intérêt du tableau et même parfois de nouveaux angles insoupçonnés, simplement parce qu'on aura modifié l'éclairage. L'amour qui s'éloigne, au profit de l'individu, permet à chacun de reconquérir un territoire personnel sans lequel il n'a plus tout à fait l'impression d'exister. « La grande escroquerie du couple, c'est de ne pas révéler qu'en s'unissant, chacun s'est amputé d'une part de lui-même et n'aura de cesse de la retrouver.... Tout être humain n'a qu'une obsession : se sentir exister, l'ego est mille fois plus puissant que l'amour. » (« Ce qui trouble Lola », même dans mes écrits érotiques, je philosophe!)

Ainsi, l'éloignement de l'amour est paradoxalement un gage de sa durabilité, et c'est dans ce subtil équilibre entre énergie du désir et autonomie individuelle que se cimentent l'amour ou les amours.


lundi 27 octobre 2014

AndiamoCe que Veulent les Roses

La côte d'Albâtre... Je vous en ai souvent parlé, nommée ainsi grâce à ses falaises de craie blanche, la mer tantôt turquoise, ocre ou indigo, vient s'y fracasser les usant lentement mais sûrement.

C'est la Manche, une mer magnifique. Il y a peu j'y suis (encore) retourné : c'était au mois de septembre, il faisait un temps superbe, je me suis assis dans l'herbe, Félicie aussi.. mais qu'est-ce que j'déconne ? Je fume de la bonne, ce doit être ça !

Mais non, je suis allé à Veules-les-Roses avec Andiamette.

Veules, c'est une petite ville balnéaire entre Dieppe et Fécamp. Elle est traversée par le plus petit fleuve de France : "La Veule", 1100 mètres de longueur seulement, le plus grand fleuve de France étant le Beaujolais, comme chacun le sait, avec ses affluents : le Morgon, le Juliénas, le Chiroubles, sans oublier le Moulin à vent, Fleurie, bien sûr le Saint-Amour, et d'autres encore.

J'ai voulu vous faire partager cette journée, un temps splendide, l'été un peu en retard, une terrasse, un déjeuner fort agréable, ne boudons pas notre plaisir.



A l'infini les jolies falaises de la côte d'Albâtre...




Ça, un ru ? Un ruisseau ? Une rivière ?
Que nenni : UN FLEUVE !



L'église Saint Martin de Veules les Roses, la tour est du XIIIème siècle, le reste de l'église fut reconstruit entre le XVIème et le XVIIème siècle.



Sympas les petites rues de Veules...


Mon humble chaumière vous sied ? Je vous invite !

(Daguerréotypes Andiamo)

mercredi 22 octobre 2014

BlutchBlutch, s’il te plaît, dessine-moi une démocratie ! (phase deux)

Pour les retardataires, la phase 1 se trouve ici.


Deuxième époque

Pour remettre les choses dans leur contexte, en 1291 :

- Les Templiers remballent leurs cartons de Saint-Jean d'Acre, vaincus par des bachi-bouzouks qui ne comprenaient pas l'utilité de transférer en occident l'argent et les trésors dont ils ne faisaient rien et qui rendaient de si grands services à Philippe le Bel.

- Deux décennies plus tard, Phiphi IV, qui ne tenait pas son surnom de sa grandeur d'âme, fait massacrer ses créanciers pour solde de tous compte.

- Les femmes de la noblesse peuvent, encore pour deux siècles, gérer leur propre patrimoine.

- Les curetons intégristes doivent encore attendre 250 ans avant le triomphe de l'obscurantisme crétin.

- Ceux qui deviendront les Suisses ne sont, à conditions sociales identiques, ni plus futés, ni plus instruits que la moyenne de leurs contemporains. Tout au plus sont-ils moins manipulables par un clergé qui peine à grimper à pédibus dans les montagnes escarpées.



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Si tu envisages d'aller sermonner le curé dans les hauts de la commune de Bagnes, c’en est un sacré ; d'autant plus que c'est hasardeux de vouloir se désaltérer au Fendant.

Il faut donc voir la participation politique des habitants comme un phénomène progressif et sans s'illusionner sur les taux de participation non plus. Les habitants de chaque hameau devaient déjà s'organiser entre eux pour entretenir les chemins et les sources. Tous les chemins menant ailleurs, ils ont du aussi le faire par village, par vallée, puis par groupe de vallées. Ce qui est remarquable c'est que les élites n'ont pas pu ou voulu (tracer la mention inutile) spolier le pouvoir du peuple.

Nous en étions donc restés en 1291 et à ces trois cantons (Uri, Schwyz et Unterwald) qui formèrent la Suisse primitive autour du lac des quatre cantons.

Bien justement, le quatrième ne va pas tarder à rappliquer. En 1332, Luzern (qui n’a rien à voir avec l’herbe à vache) se radine : « Salut les potes, il parait qu’on s’éclate un max par chez vous, que le bailli Gessler s’est fait la malle à cause de Guillaume Tell et que même c’est notre héros préféré…. On peut entrer ? »

Le physionomiste a du lui trouver une bonne tête car ce fut le premier lac entièrement suisse. Tu sais ce que c’est, plus il y a de monde, plus on rit, et plus ça attire des nouveaux.
Avant même que les Habsbourg reconnaisse la supériorité des Waldstättens sur ce qui deviendra bien plus tard la race ariano-autrichienne, ils se retrouvent à huit à taper sur tout ce qui bouge autour d’eux et faire ripaille avec l’argent de la dîme aux Habsbourg qu’ils ne paient plus…
Les soldats suisses étaient si réputés (et les débouchés économiques en Suisse si minces) qu’il y avait des mercenaires suisses dans toutes les armées. Dans le même temps, la Suisse guerroyait pour son compte un peu partout autour de ses frontières, volant, entre-autres, le Pays de Vaud au Comte de Savoie qui fut obligé de quitter son fief de Chillon.



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La transhumance estivale vers le sud les avait amenés à porter la bonne parole rheum... à annexer des territoires en Italie du nord, avec de jolis succès.
Puis ce fut le clash, énorme, gigantesque, grotesque même :

Marignan…

François 1er, alliés aux Vénitiens, envoie ses mercenaires suisses combattre les armées du même bois, de son côté il résista héroïquement à une furieuse envie de gloire posthume en se coltant directement avec les brutes helvètes. En bon stratège, il s'était occupé de l'intendance pour l'état-major et des relations avec la presse. (Ce qui me fait penser qu'en 40 de Gaulle devait bien connaître cette période historique...)
Marignan ne fut pas la victoire de François 1er, mais la défaite de la Suisse contre des Suisses. Bref, une guerre fratricide. Donc pas de quoi se hausser le col par dessus la fraise...
Il restera donc à François 1er la gloire d'avoir rapporté la Joconde en France, dans les valises de son créateur. Et pour les Suisses, une interdiction du mercenariat à l'exception de la garde papale et de celle du roi de France. (Pour cette dernière, la prise de Versailles par la révolution marqua son point d'orgue, puisqu'elle y fut massacrée jusqu'au dernier soldat plutôt que de se rendre.)

Ces digressions historiques étant là pour expliquer que tant et aussi longtemps que les cantons suisses restaient de petites unités, on pouvait continuer d’aller sur la place pour voter, le bras droit levé et la main gauche sur le pommeau de l’épée. Comme ce ne fut plus toujours le cas, il fallut de nouvelles solutions.

Des petits malins décidèrent qu’on pourrait élire un représentant pour tout un groupe de votants. Mais méfiants, les citoyens ont rétorqué que c’est bien beau c’t’histoire, mais comment je fais si tu ne votes pas ce que tu as dit que tu ferais et que je suis pas content ? Je prends mon épée et je te coupe en deux ? (Je te rappelle qu’on en était resté aux fiers soldats invincibles (sauf par eux-mêmes)).
Déjà à l’époque la Suisse était un pays de compromis (que ne ferait-on pour sauver son intégrité corporelle). Il fut donc décidé que si une loi ne convenait pas à la population, celle-ci pourrait s’y opposer dans une votation populaire. Ainsi est née l'idée de référendum.
Oui, parce qu’en Suisse, « référendum » ça ne veut pas dire « plébiscite ».
Ce n’est pas non plus le gouvernement qui décide qu’il y aura un référendum, car ça n’a aucun sens et aucun effet réel sur la vie politique, hormis de vexer à mort le vacher de la France ( Ben oui, n'avait-il pas dit « Tous des veaux?...)
Dans cette perspective et dans le royaume électif de la France post-gaullienne, le sort final du référendum sur le traité européen est une gifle cinglante pour le mot démocratie et une insulte faite au peuple.
Ben tu vois, l’ex-fier-guerrier-suisse n’admettrait jamais qu’un politocard se foute pareillement de sa gueule... Et il ne le pourrait pas.

La naissance particulière de cette nation fait que son organisation politique est inverse à la France. En Suisse, le chef suprême est le citoyen et l’unité politique est la Commune. Par soucis d’efficacité et de cohérence, elle délègue une partie de son pouvoir aux cantons, qui eux, en délèguent aussi une partie à la Confédération pour les mêmes raisons.

Si, par exemple, tu prends l’école :



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Physiquement, rien ne peut distinguer un collège suisse d'un français, et pourtant, rien n'est pareil.

Elle est communale jusqu’au bout du pupitre. C’est la commune qui paie ses instituteurs. Par soucis de cohérence, elle a délégué à son canton l’organisation des programmes scolaires, mais c’est la commission scolaire communale qui les avalise, qui choisit le matériel scolaire, qui choisit et engage son personnel et qui décide des dates des vacances. (Actuellement une pure formalité, puisqu’elles sont coordonnées sur le plan cantonal.)

Les programmes scolaires sont toujours cantonaux, même si la conférence des chefs de l'instruction publique tente de les harmoniser. Organisée ainsi, l’école publique n’est pas un enjeu politique possible (et j’en connais beaucoup qui aimeraient bien voir ça en France….).

- La commission scolaire, c’est quoi ça ?
- Bonne question, merci de l’avoir posée comme disait l’autre.

La commission scolaire primaire (par exemple) gère la ou les écoles des cinq premiers degrés (autre particularité de l'école suisse, elle est évolutive jusque dans la numérotation des degrés qui commence par le commencement. Un élève de première commence sa scolarité au lieu de la terminer.. difficile à croire, hein!).
Elle est élue par le législatif communal et elle est formée d’adultes quelles que soient leurs nationalités. C’est elle qui gère l’école et qui engage les instits.
Voila pourquoi, en Suisse, l’école ne peut pas être l’otage de la politique. Même le maire ne peut aller à l’encontre de la commission scolaire…

L’élaboration d’une loi est chose complexe en Suisse et fera l’objet d’un prochain billet, car il faut peut-être commencer par la représentativité des élus….
Dans ses péchés de jeunesse, la Suisse est aussi passée par le scrutin majoritaire. Il en reste encore des traces. Progressivement, des citoyens ont pris conscience qu’il y avait un os. Un problème mathématique.

Faut dire que les Suisses savent compter….
Quelle est la légitimité d’un élu au scrutin majoritaire dans un pays qui a 20% de population étrangère, dont seuls les hommes adultes (env. 35% de la population) votent avec une abstention de 50% et que le mieux placé des élus n’obtient que 40 % des voix ?

Toutes les réponses sont permises si elles se situent entre « Inexistante » et « Nulle à chier ».

Traduite dans les chiffres, ça donne : 100 x 0,8 x 0,35 x 0,5 x 0,4 = 5,6% Avec le vote de femmes, un peu moins de 12%.

Comment faire pour augmenter cette représentativité ?

1° le vote des étrangers. Ce droit est acquis dans pas mal de cantons et de communes, mais il concerne les scrutins locaux, cette disposition n'est donc pas uniforme, car elle dépend du taux d’arriération des populations indigènes.

2° Le vote des femmes, acquis tardivement par des votations populaires faites dans la douleur, parce que l’ex-fier-guerrier helvète est assez long à la détente…. En plus que de Gaulle n'ayant jamais eu droit au Chapitre en Suisse, les femmes n'eurent pas le droit de vote pour couper les ailes du PCF...

3° Certains cantons avaient introduits le vote obligatoire. Largement abandonné depuis, puisque la perception des amendes coûtait plus cher que les recettes. (Ben oui, je t’ai dit que les Suisses savent compter…)

4° Avec le scrutin à la proportionnelle intégrale. Un parti qui obtient 30% des votes exprimés obtient 30% des sièges, point à la ligne. Hormis dans quelques cantons ultraconservateurs, aucun parti ne peut gouverner seul.

Par soucis de ne pas déconnecter les politiciens de la vie civile, communes, cantons ou confédération, aucun élu d’un quelconque législatif ne peut être professionnel. Seuls les exécutifs peuvent l'être.

Ce qui nous amènera à étudier la culture du compromis avec l’élaboration d’une loi.


A suivre.

vendredi 17 octobre 2014

Tant-BourrinCes petits détails qui pourrissent des chefs-d'œuvre

Il en faut parfois bien peu pour gâcher une œuvre : un infime grain de sable peut suffire à gripper les rouages de l'émotion et à faire descendre de quelques degrés le plaisir ressenti. Un mauvais coup de pinceau du peintre qui, sous un certain éclairage, donne à penser que le sublime modèle avait une verrue sur le nez, et l'on ne voit plus que cela sur la toile, qui occulte la beauté d'ensemble du tableau.

Il en va hélas de même dans les chansons : j'en ai fait à maintes reprises la douloureuse expérience. Oui, douloureuse, car il a suffi que je remarque un jour un détail insignifiant dans des chansons que j'adorais pour me les rendre quasiment insupportables : quoi que je fasse, je n'entends désormais plus que ce détail.

Je vais ici vous en donner trois exemples...

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dimanche 12 octobre 2014

FrançoiseLa beauté du geste

Un jour de 2008, Killian et Thierry ont fermé leur porte et sont partis à pied vers l'Est, avec l'idée de faire le tour du monde sans dépenser plus de deux euros par jour. Six ans plus tard, ils ont marché 17 000 km, sont arrivés en Malaisie et ont l'intention de poursuivre leur périple. Entre bivouacs en plein air, couch surfing et hébergements de fortune, ils respectent leur budget, en s'accordant de temps à autre une folie : dépenser 30 euros en une journée, somme dont ils disent : « avec 30 euros, on peut se faire plaisir n'importe où dans le monde. »

Des récits de voyage pas chers, loin, et surtout non polluants, à base de marche, vélo, cheval, voile…, c'est la « ligne éditoriale » du magazine  Carnets d'aventure. On y croise de jeunes parents qui prennent un congé sabbatique et partent en vélo tandem sur la cordillère des Andes avec leur gamin de deux ans, des potes qui parcourent les îles de la Baltique en canoë-kayak, ou sillonnent la Nouvelle-Zélande à pied pendant trois ans. Mieux que des militants écolos sur le thème de la sobriété heureuse, ces voyageurs donnent envie de consommer peu et de profiter de chaque instant. Ils font rêver parce qu'ils sont réalistes : ils l'ont fait et en sont heureux.

Parmi les animateurs de ce magazine qui booste l'optimisme, il y a Alexis Loireau. Je ne le connais pas, je l'ai découvert avec un petit livre intitulé : « La grâce de l'escalade, petites considérations sur la verticalité et l'élévation de l'homme » (Boréal). J'ai commencé l'escalade il y a un an et demi, sans autre désir que de grimper avec fluidité et si possible élégance. Justesse du geste plutôt que performance. Hélas, les manuels que je trouvais ne parlaient que de matériel et de technique avec en filigrane l'incitation à un esprit de compétition qui n'est pas mien. D'où la divine surprise de ce bouquin poétique qui faisait écho à mon désir d'harmonie.


Alexis Loireau ; crédit photo : France Inter


Un drôle de type, Alexis Loireau. Bon élève, ingénieur sorti d'une grande école puis rentré dans une grosse entreprise qui l'a conduit à bosser en Bolivie, Australie et au Brésil. Où l'appel des hauteurs a été le plus fort. Il a peu à peu glissé du boulot/boulot au boulot plaisir en quittant sa boîte pour créer avec un brésilien la plus grande salle d'escalade du pays. Sans oublier d'aller à la rencontre de falaises et de rochers du monde entier qui ravissent son goût du détail, son amour de la couleur des roches, de la nature, du dénuement et du silence. Il illustre à merveille l'idée qu'en se libérant peu à peu du vacarme ambiant et des images artificielles, on accède à une sorte de plénitude qui ressemble au bonheur. J'ai expérimenté cette sensation il y a quinze ans, lors d'un séjour solitaire de quatre mois en Grèce. Les premiers jours, je m'installais face à la mer avec un livre et de la musique en fond. Puis j'ai arrêté la musique. Enfin, j'ai posé mon livre et goûté un bonheur quasi parfait à simplement contempler la mer pendant des heures. Un voyage immobile, où la peur d'être seule avait fait place au plaisir de la solitude.

Les voyages lointains fascinent, mais ce que j'aime par-dessus tout dans ceux de ces aventuriers économes, c'est l'absence de peur. Ils ne cherchent pas à tout baliser, partent sans gilet jaune fluo ou casque de protection et pensent que les inconnus qu'ils vont côtoyer seront bienveillants, pensée vérifiée dans l'immense majorité des cas. Cette absence de peur n'exclut nullement la lucidité et la prudence, mais change agréablement de la parano quotidienne. Je n'ai jamais rencontré Alexis Loireau et je le regrette car il a une bonne tête, à l'extérieur comme à l'intérieur. (Non, les Blogbos, je ne drague pas! Cessez de croire que l'admiration que j'exprime pour quelqu'un dissimule forcément des turpitudes...)


La grâce de l'escalade

mardi 7 octobre 2014

AndiamoMassacrons la mythologie

HEP ! DRRRRIIING ! ça va peut-être les réveiller mes coblogueurs ? Sait-on jamais ? C'est la fumette ou le gardénal qui les rend léthargiques ?...

Alors je m'y suis collé un ch'tiot crobard en rapport avec la bitologie... Pardon la mythologie, quoique très souvent l'une rejoint l'autre, pas faignasses les Circé, Calypso, Aphrodite, et autres sirènes en rut ! Une jolie source d'inspiration... Tiens tiens.

(ch'tiot crobard Andiamo)

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