Blogborygmes

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vendredi 10 octobre 2008

Saoul-FifreBlogboroscope

Faites attention, Béliers, on veut vous tondre la laine sur le dos.

Scorpions, vous vous piquez d'être empoisonnants. Ce n'est pas une qualité.

Capricornes, vous faites ce que vous voulez, mais je vérifierais soigneusement l'emploi du temps de mon conjoint, à votre place.

Surveillez votre facture d'eau, les Verseaux.

Lions, vous croyez courir après les gazelles ? Elles ne feront qu'une bouchée de vous.

Taureaux, un nabot arrogant en costume bling-bling cherche à vous dorer la pilule.

Pour vous Poissons, des problèmes d'ouïe en perspective.

Gémeaux, ne fréquentez pas les bars, les gens vous y voient double.

Relevez la tête, Vierges ! Vous êtes les seuls en mesure de prouver à vos amours que vous leur dites la vérité.

Sagitaires, ça vous semble sage, ITER ?

Vous les Balances, méfiez-vous de vos penchants !

Cancers, vous l'attraperez.

mercredi 8 octobre 2008

AndiamoNelly

"Bonsoir, je m'appelle Nelly". La voix chaude que Francis vient d'entendre, lui parvient au travers des écouteurs de son casque radio, il est animateur de l'émission "la nuit est à vous", sur radio 68 (en référence aux évènements de la même année).

Francis occupe bénévolement ce poste depuis juin 81. Les radios "libres" fleurissent sur les ondes FM, plus ou moins légales, elles ne sont pas moins présentes, et puis le ras-de-marée rose ayant tout balayé, chacun est en droit d'attendre un véritable changement, voire un bouleversement.

Toujours est-il qu'il est présent de 23 heures à 1 heure, un créneau qui réclame beaucoup de tact, de compassion, de psychologie.

"La nuit est à vous" permet à des auditeurs, insomniaques pour la grande majorité, de se confier sous couvert d'un anonymat absolu, un peu comme nos forums, ou nos blogs.

Il y a bien sûr des dérapages, des plaisantins, des noctambules un peu chargés, adorateurs de la dive, mais ces débordements restent assez confidentiels.

La grande majorité des intervenants est dans une véritable détresse. Francis est là pour laisser parler, ni conseils, ni jugements... L'écoute attentive.

La jolie voix est profonde, on y sent une émotion, un très léger tremblement trahissant les larmes toutes proches : "quel Dieu permet autant de solitude" ?

Puis le claquement sec du combiné que l'on raccroche, Francis reste coi, lève les sourcils en regardant Charlot dans son aquarium.

Charlot, c'est le technicien, celui qui est chargé d'envoyer sur les ondes. Cette station, ils l'ont bricolée eux-mêmes, un local dégoté à Aulnay, des matériaux de récup', Charlot travaille à la maison de la radio, deux ou trois copains électroniciens ou mécanos, tous animés du même désir : pouvoir s'exprimer librement, tout en respectant l'étique la plus élémentaire !

Reprenant ses esprits, Francis enchaîne : "un peu de nostalgie".

Sur la platine, Charlot à posé un 45 tours de Léo Ferré de 1952 : "l'île Saint-Louis".


L'île Saint-Louis en ayant marre
D'être à côté de la Cité...


Hors micro, Francis s'adresse à Charlot : "Non mais t'as entendu ça, mon pote ?"

Ouais, quelle détresse, ça me fait tout drôle !

Elle a raccroché très vite, je n'ai même pas eu le temps de dire un mot.

Bah ! De toutes façons, y'avait pas grand'chose à ajouter.


Quand on est une île
On reste tranquille
Au coeur de la ville
C'est ce que l'on dit
Pour les îles sages
Pas de grands voyages
Les livres d'images
Se font à Paris


La chanson terminée, Francis enchaîne l'émission, autres problèmes, autres détresses.

A une heure, Charlot et lui ferment "la boutique", poignée de mains sur le trottoir : "à demain". Puis l'animateur rentre chez lui, la vieille 4L rouge, cabossée, peinture délavée, démarre à la troisième sollicitation.

Le chemin du retour parcouru comme un automate jusqu'à La Courneuve. A cette heure, la circulation est plus que fluide.

Dans la tête de Francis, la même phrase revient en boucle : "quel Dieu permet autant de solitude ?"

Il habite un vieil immeuble, près de la gare, autrefois des maraîchers, aujourd'hui le béton, la brique, le bitume mouillé. Trois étages avalés vite fait, la porte palière bien écaillée, il ouvre.

L'appartement d'un célibataire, ou plutôt d'un divorcé (surtout ELLE qui a voulu divorcer), les chaussettes par terre dans la salle de bains, un reste de boîte de conserves dans la casserolle sur la gazinière. Il craque une allumette, une petite fringale. Il est deux heures, debout dans la cuisine, le cul appuyé contre la machine à laver, il trempe un morceau de pain rassis à même la casserole, et se "délecte" du reste de cassoulet de son dîner du soir.

Il se déshabille, toujours cette phrase qui tourne dans sa tête, couché il ne trouve pas le sommeil... Quel est le...

Enfin, alors que le jour commence à poindre à travers les lames des stores vénitiens, Francis s'endort enfin.

Une courte pause, car à sept heures le grelot du réveil le tire de sa torpeur, il faut aller au boulot.

En dehors de son bénévolat sur "radio 68", il est mécano de piste chez U.T.A. au Bourget. Une douche vite fait, pas le temps d'avaler un café, et le voilà parti, heureusement le boulot n'est pas très loin.

La journée s'écoule : intervention sur un DC 10 ou un Boeing 707, des petites choses, pour les réparations plus importantes, il convient d'immobiliser les appareils.

La journée terminée, Francis rentre chez lui, après avoir bu un demi avec son collègue André, au bar "La Caravelle" face à l'aéroport.

Il est 19 heures 30, il prépare son dîner, vite fait le dîner : une tomate coupée en rondelles, sauce toute prête, boîte de raviolis au goût de ferraille garanti, un morceau de camembert durci par le séjour au frigo, pas bien ragoûtant tout ça !

Il a allumé la télé, un vieux poste Philips en noir et blanc, on y commente encore la victoire du PS : entre ici, François... Ta rose à la main !

Après le JT présenté par Jean-Claude Bourret, Francis va se coucher un peu, il lui faudra se relever à vingt-deux heures pour animer son émission quotidienne.

- Salut Charlot ! Salut mec, alors t'as l'jus ?

- Mmmh, pas trop, tu sais cette Nelly n'a pas arrêtée de me trotter dans la tête !

- Bon, n'y pense plus, si ça s'trouve son mec est rev'nu, elle s'est p'têt envoyée en l'air toute la nuit, elle aura eu un coup d'mou !

- AH ! AH ! AH ! Un coup d'mou, il ne devait pas être mou son mec par contre ! Et il rit de sa boutade.

L'émission reprend avec son lot quotidien de désespoirs, de solitudes, de ras-le-bol, et parfois aussi de coups de gueule.

- Bonsoir, je m'appelle Nelly...

- Oui ? répond Francis qui vient de se redresser, comme propulsé par un ressort. Bon... Bonsoir Nelly, je vous écoute, mais ne raccrochez pas brutalement comme hier soir !

- Quel Dieu permet autant de solitude ?

- Nelly, cela va peut-être vous sembler dérisoire, mais je vous écoute, vous n'êtes plus tout à fait seule.

Dans ses écouteurs, Francis perçoit un profond soupir, puis le claquement sec du combiné.

- Elle a remis ça ! T'as entendu Charlot ? Putain, j'aurais voulu lui parler, quelle détresse, ça m'fout des frissons partout !

- Mets une 'tite laine mon pote, ça va passer...

- Déconne pas, moi elle me bouleverse cette nana.

Le soleil de Nicoletta finit de mourir sur la platine, Francis et Charlot bouclent "la nuit est à vous", un "hasta luego" lancé sur le trottoir, la 4L qui ronronne au second coup de démarreur (un miracle) ! Le trajet retour, le reste de raviolis avalé adossé à la machine à laver, le sommeil qui vient mal.

Toute la journée, Francis n'a cessé de penser à Nelly, vivement ce soir, vivement ce soir... Entendre sa voix.

Nelly ne s'est pas manifestée, rien, aucun appel, il est rentré se coucher un peu triste, un peu inquiet ausssi, même nuit agitée... Une journée banale, la trappe du 727 qui ne se verrouille pas très bien, règlages, essais... Tout est O.K.

"Une lettre pour toi, Francis", crie Charlot en voyant entrer son copain dans le studio, l'enveloppe tenue au-dessus de sa tête. "Donne-la moi, déconne pas", hurle Francis. En se marrant, Charlot tend la lettre à son pote : "ben dis-donc, elle en a mis du temps c'te bafouille avant d'arriver ! elle a dû passer par les égouts ! Gaffe le timbre, c'est un Cérès de Mazelin, il date de 1945 ou 46 !

Mouais, répond un Francis dubitatif, puis il ouvre délicatement l'enveloppe après l'avoir sentie, un léger parfum de lavande imprègne cette dernière, une lettre écrite sur du papier à petits carreaux 5x5, une écriture fine, serrée, appliquée, avec des pleins et des déliés, comme l'écriture d'une petite fille, écrivant avec une "Sergent Major".


Cher Monsieur.

Parler dans un combiné, n'est pas commode, vous semblez tellement à l'écoute de vos auditeurs, que j'aimerais vous rencontrer, si toutefois vos obligations vous le permettent.

Vous voir après votre émission me serait d'un grand secours.

Je sais ce que ma requête a d'incongru, mais je vous en prie : venez !

J'habite au 12 avenue du président Wilson à la plaine Saint Denis, 6ème étage, porte droite.

Nelly.


Emu, interloqué, Francis tend la lettre à Charlot, ce dernier la lit, puis l'air goguenard : "ben dites-donc M'sieur Duss, vous allez conclure !", reprenant la réplique des "bronzés".

Ne dis pas d'conneries, Charlot, elle est complètement paumée cette femme !

Après l'émission et un "au revoir" précipité qui a fait sourire le technicien, l'animateur rejoint l'autoroute A1, sort à la porte de La Chapelle, puis emprunte l'avenue Wilson, ralentit devant le numéro douze, et enfin gare sa vieille 4L un peu plus loin.

L'immeuble est un peu vieillot, semblable à ses voisins, le hall est propre, les escaliers cirés, un immeuble bien entretenu, six étages montés en souplesse, Francis se retrouve face à la porte palière, un bristol épinglé, un seul mot : NELLY. Il frappe...

Le lendemain, Charlot attend vainement Francis, pour se faire pardonner auprès des auditeurs, il a prétexté un malaise passager de l'animateur, il leur passe des disques à la demande. Il a tenté plusieurs fois de le joindre... En vain.

Le lendemain, après avoir téléphoné sans recevoir de réponse, Charlot passe à La Courneuve, nous sommes samedi, il ne travaille pas, coups frappés à la porte : le silence.

Dimanche et lundi matin, idem, alors il se rend au commissariat, y fait une déposition, le jeune inspecteur l'interroge.

- Vous dites qu'il avait rendez-vous avenue Wilson au 12 ?

- Ben oui, il m'a fait lire sa lettre, même que cette Nelly habite au sixième étage.

- Bon écoutez, on va y aller, c'est à côté, vous venez ?

- Oh oui !

Sympa, ce jeune inspecteur, tout au long du trajet il tente de dédramatiser : allez, ils seront restés coincés ! Ne vous en faites pas !

La R18 banalisée est garée face au douze, les deux hommes descendent, le jeune inspecteur va pousser la porte de l'immeuble, quand surgit une dame âgée d'une soixantaine d'années, l'inspecteur s'efface, puis l'interpelle.

- Bonjour Madame, inspecteur Brochard, se présente-t-il en montrant sa carte, vous connaissez bien l'immeuble ?

- Ça oui ! J'y suis née en 1920 ! Et je ne l'ai jamais quitté !

- Bien, bien, alors vous devez connaître une locataire qui habite au sixième ?

- Mais il n'y a pas de sixième ! Ou plutôt il n'y en a plus ! Il a été touché par un obus en 1945, au moment des bombardements de "La Chapelle", tout l'étage avait été gravement endommagé. Alors plutôt que de le reconstruire, et refaire une toiture neuve, le proprio de l'époque a préféré faire raser ce qui restait de l'étage, et construire une terrasse, au lieu d'un bon vieux toit en zinc. Il paraît qu'au cinquième, il y a des fuites, ajoute-t-elle à mi-voix.

- Mais dites-voir, Madame, il n'y a pas une femme prénommée Nelly dans cet immeuble ?

La sexagénaire a pâli soudain.

- Ne... Nelly ? J'ai connu une Nelly autrefois, il y a bien longtemps, elle était née dans cet immeuble elle aussi, moi en Mars, elle en Mai de la même année. C'est horrible, elle habitait justement le sixième étage, quand l'obus a explosé. Sa petite fille ainsi que son mari ont été tués sur le coup, il était allé dans la chambre de la petite, car le bruit des bombes avait réveillé la petiote. Nelly s'en est miraculeusement sortie. Vous savez nous avions été élevées ensemble, nous étions vraiment comme deux soeurs, ça n'est pas un vain mot, même école, nous avions fait notre première communion ensemble.

Une larme coule sur la joue de la dame, puis deux, les sanglots l'agitent.

L'inspecteur a gentiment posé sa main sur l'épaule de la vieille dame.

- Remettez-vous Madame, nous comprenons...

- Ça n'est pas tout Monsieur, ça n'est pas tout, on a enterré sa fillette ainsi que son mari, elle avait les yeux secs Monsieur, très digne comme on dit... Le lendemain on a repêché son corps, dans le canal à Saint Denis.



Dessin Andiamo 2008

lundi 6 octobre 2008

Tant-BourrinLa vie souterraine de Pancrace Griffouillous

Tous les soirs de pleine lune, le corps de Pancrace Griffouillous subissait une bien étrange métamorphose : ses membres se repliaient sur eux-même, se ratatinaient jusqu'à disparaître entièrement, ses épaules rentraient en elles-même pendant que son cou s'épaississait, les traits de son visage s'effaçaient pour laisser place à une texture annelée, et tout son corps, au final, se muait en un long cylindre mou.

En une dizaine de minutes, il devenait ver de terre.

Car Pancrace Griffouillous était, chose rare, un lombric-garou.

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samedi 4 octobre 2008

Saoul-FifreLe café du pauvre

Le café du pauvre. Certains d'entre vous sont peut-être comme Monsieur Jourdain : ils y ont déjà goûté sans connaître la signification de cette expression ? Je souhaite qu'ils soient éclairés là dessus à la fin du billet. Je suis bien certain par exemple qu'Andiamo, notre titi parisien de service, sait de quoi je parle. Le préfères-tu "serré", "stretto", al italiano, ou bien capiteux, musqué, volubile, à l'arabica, mon cher ? Le bois-tu cul sec ou fais-tu durer le plaisir en rajoutant sur la fin une petite cuillerée de crème battue en chantilly ?

Au XIXème, il n'y avait pas de télé, pas de disques, pas de SACEM, pas de MIDEM à Cannes, pas de starac, mais, vous allez en tomber sur le cul, les gens de tous milieux adoraient chanter à tue-tête et s'amuser. Les artistes, les chansonniers en étaient réduits à se produire le soir dans les cafés, et si leur chanson plaisait, le bouche à oreille fonctionnait et leur chanson devenait un tube ... sans leur rapporter autre chose que la reconnaissance appuyée du peuple. Alors ils vendaient leurs chansons : une feuille pliée en deux avec un dessin rococco, la partition de la mélodie et les paroles...

On chantait sur tout, tout le temps. Les comiques écrivaient des pamphlets politiques sur des musiques existantes. J'ai par exemple acheté chez un bouquiniste du Quartier Latin "La clef du Caveau", un épais volume relié contenant des partitions de mélodies connues à l'époque, un peu comme un psautier laïque. Les clients du Caveau n'avaient rien des spectateurs amorphes de la Staracadémie. Ils savaient lire une partition. Le chansonnier arrivait avec le texte qu'il venait d'écrire dans la journée sur un fait d'actualité et disait : "Prenez votre clef, je vais vous interpréter "Faire une pipe à Louis-Philippe" sur la musique n°213". Et les gens reprenaient en chœur le refrain, toujours facilement mémorisable à la première écoute. Si la chanson tapait dans l'œil, ou plutôt dans l'oreille, elle était bissée, trissée puis les gens achetaient le feuillet.

Et bien là je voudrais vous dire : "Prenez la mélodie du Piano du pauvre ", superbement écrite par Léo Ferré. Non, ne blêmissez pas, cette fois je ne vais pas vous imposer ma voix de casserole et mon absence de sens du rythme, je sais, la petite Calunette va m'en vouloir, mais elle va vite se consoler quand elle entendra la voix habitée déposée sur la parodie que je vous ai écrite. Car oui, après Patachou, Catherine Sauvage, Germaine Montero et bien d'autres, c'est La poule qui s'y colle. Et qui supporte haut la main la comparaison.

Un œuf de toute beauté, à mon humble avis. Une interprétation fraîche (oui, c'était un vrai challenge q;-) et réjouissante. Merci encore, et vraiment bravo.

Waw, La poule m'envoie une version encore meilleure, d'accord, il est entendu dans les hautes sphères philosophiques que la perfection n'est pas de ce monde, mais La poule n'en a que faire et elle envoie bouler les obstacles. C'est un morceau d'anthologie et je le rajoute, que chacun se fasse son opinion.

Le café du pauvre
Nos deux regards filous
Avant qu'on n'se sauve
Gagner nos pauvres sous
Fusion inouïe
Salade de fruits
Si dure et si douce
Qui met nos dessous
Sans dessus-dessous
Qui les éclabousse

Le café du pauvre
Le pouls qui devient fou
Pas besoin d'alcôve
Les voyeurs on s'en fout
On s'arrach' nos frocs
La pomme on y croque
D'une dent sauvage
On se prend debout
Et on se secoue
Le cœur à l'ouvrage

Le café du pauvre
Tango dans les remous
Un boa qui s'love
Dans un grand feu qui bout
Tous les diablotins
Nous goualent, mutins
Leurs chansons friponnes
Et nous reprenons
Les refrains cochons
Ah c'qu'on s'époumone

Le café du pauvre
Un fort coup de grisou
Des odeurs de fauves
Des zigouigouis partout
Pas d'nez délicat
Mais du robusta
Qui se mouch' du coude
Mais de la nitro
Du guerillero
Sentant bon la poudre.

Le café du pauvre
Ne coûte rien du tout
De plus il innove :
Il excite, il rend saoul
La tête enfumée
Dans la cheminée
Les tempes qui cognent
On se cramponnait
Devant le buffet
Comme deux ivrognes

Le café du pauvre
Du mou dans les genoux
Guiboles en guimauve
Les quinquets dans le flou
On cherche à tâtons
Soutif et cal'çons
Dans tout' la cuisine
Et on s' pass' un gant
Avant d' foutr' le camp
Rejoindre l'usine

jeudi 2 octobre 2008

AndiamoLa mer

J'ai une vieille rame pour l'écriture en ce moment, alors je dessine.

Nous sommes revenus de vacances, la mer vous manque ? A moi aussi !

Alors j'ai fait une petite série de dessins pour illustrer les paroles de jolies chansons, ou de poêmes que j'aime beaucoup...

Et puis il fallait une petite pause, arrêter un moment la gaudriole, vous laisser souffler (moi aussi), reprendre haleine et des vitamines par la même occasion, après tous ces plagiats libidineux (non, non, pas que li bi di noeud, il a tout mis) !

Un peu de douceur dans ce monde qui en a bien besoin.




Les ports c'est con
Dans les bistrots
Et le folklore
Des matelots
Et la putain
De la marée
Qui va qui vient
Sans rien donner.

(Leo Ferré)




La mer, au ciel d'été, confond ses blancs moutons
Avec les anges si purs, la mer
Bergère d'azur infinie.

(Charles Trénet)




Il la caressa
D'abord en douceur
Puis se déchaîna
D'une passion brûlante
La mer en émoi
Lui donna son coeur.

(Yves Simon)




Avec la mer du Nord, comme dernier terrain vague
Et des vagues de dunes, pour arrêter les vagues
Et de vagues rochers, que les marées dépassent
Et qui ont à jamais, le coeur à marée basse.

(Jacques Brel)




J'ai fait l'amour avec la mer
J'ai fait l'amour avec la mer
Moi qui ne savais pas m'endormir loin de toi
Là, sur un lit de sable, j'ai rêvé ton sommeil.

(Pierre Bachelet)




Ou, penchés à l'avant des blanches caravelles
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l'océan, des étoiles nouvelles.

(José Maria De Hérédia)



Bons rêves à toutes et à tous...

mardi 30 septembre 2008

Tant-BourrinLe blogbodico (8)

C'est décidé : après des tomes 1, 2, 3, 4, 5, 6 et 7 aux allures de grand n'importe quoi, le tome 8 que voici sera thématique !

Toutes des définitions du jour, spécialement concoctées pour vous par mézigue, ont plus ou moins directement trait aux moyens de transport, sous toutes leurs formes.

Et maintenant, laissez-vous transporter, dico dico par-ci, dico dico par-là ! :~)




Autobuse : (n.m.) Véhicule dédié au transport en commun de personnes stupides. Le jour où tu voyageras en autobuse, y'a pas de risque que ce soit toi le chauffeur !


Autoquard : (n.m.) Véhicule destiné au transport en commun de mauvais chevaux de course. Si ce canasson perd encore une fois, c'est l'autoquard, direction la boucherie chevaline !


Axel-orateur : (n.m.) Personne qui parle en public en faisant des sauts avec rotation du corps, histoire de détourner l'attention du public du contenu de son discours. Nicolas S. agrémenta son discours de politique générale d'un magnifique triple axel qui lui valut une salve d'applaudissements nourris. Assurément un grand axel-orateur que rien ne freine !


Bigiclette : (n.f.) Confrontation bilatérale destinée à savoir celui qui pisse le plus loin. - Eh, Kevin, je te prends à la bigiclette ! - Ouais, okay, mais y'a Steevy qui veut aussi me défier, on n'a qu'à faire du trigicle !


Froufrou de secours : (n.m.) Pièce de vêtement typiquement féminine destinée à pallier une panne typiquement masculine. - Hier, au lit, mon Roger était complètement à plat, j'ai dû sortir mon froufrou de secours pour l'aider à repartir. - T'as de la chance : moi, mon Raymond, il n'a jamais voulu se remettre en route, à croire qu'il aurait aimé faire appel à une dépanneuse !


Gyrofard : (n.m.) Produit de maquillage particulièrement voyant, permettant de traverser les foules à pleine vitesse sans être importunée. - Oh, punaise, mate celle qui arrive, elle est maquillée comme une voiture volée ! Vite, écarte-toi ! - T'as raison, elle a même mis son gyrofard pour faire croire qu'elle a la peau lisse !


Misèrati : (n.f.) Véhicule automobile peu reluisant destiné aux classes populaires les plus démunies. - Moi, depuis que je suis au RMI, je roule en Misèrati, et toi ? - Moi, je roule en Rouille Royce...


Mobile-homme : (n.m.) Homme volage dont la fidélité n'est pas le point fort. Partir en vacances avec un mobile-homme, ce n'est pas une sinécure. L'an prochain, je partirai plutôt avec ma tante !


Motte-au-cycle : (n.f.) Organes génitaux féminin en phase de cycle menstruel - Pas mal, la meuf ! Je te parie que je couche avec elle dès ce soir ! - Tu peux toujours courir, elle a sa motte-au-cycle !


Randomée : (n.f., dérivé de l'anglais random) Promenade assez longue sous la conduite d'un guide manquant cruellement de sens de l'orientation. - Dis donc, j'ai l'impression qu'on tourne en rond depuis trois heures et que notre treck se transforme en randomée. Qu'est-ce que c'est que ce foutu guide ? - D'après ce que je sais, c'est un ancien chef de gare à Saint-le-Hasard... (voir ce mot)


Saint-le-Hasard : (n.propre) Gare parisienne dans laquelle les départs et arrivées de trains décrivent un processus stochastique. L'autre jour, à la gare Saint-le-Hasard, mon train a été annulé au dernier moment et le contrôleur a été infoutu de me dire l'heure et le quai du train suivant. Résultat : j'ai pris un train au hasard et, pas de bol, je suis allé à Thouars.


Taxi d'érémiste : (n.m.) Véhicule automobile destiné au transport payant de personnes bénéficiaires du Revenu Minimum d'Insertion. Les taxis d'érémistes, c'est bon pour ceux qui sont sur la paille !


Transpire en commun : (n.m.) Mode de transport collectif particulièrement bondé qui provoque de nombreuses suées. L'autre soir, je me suis fait traité de vieux pore dans les transpire en commun !


Véhicule biliaire : (n.m.) Engin de transport motorisé dont l'usage génère fréquemment des humeurs noires. Hier, j'ai insulté une mémère qui n'arrivait pas à faire son créneau et me barrait la route, et idem avec une pétasse trois cent mètres plus loin ! Bref, j'ai piqué ma crise deux fois dans mon véhicule biliaire !

dimanche 28 septembre 2008

Saoul-FifreSiné Hebdo

Je le dis en préambule, Siné n'est pas ma tasse de thé. Le côté grande gueule qui préfère la formule en forme de coup de poing à l'argumentation, une légère touche de stalinisme, une tendance à avoir choisi son camp au berceau et ne plus s'être posé de questions depuis, tout un melting-pot de mauvaise foi me faisait me saisir de son œuvre avec des pincettes, bien que son coup de crayon reconnaissable à trente mètres sans lunettes soit excessivement jouissif à l'œil.

Son anticléricalisme systématique fleure bon le siècle dernier, je l'imagine très bien faire croaaa croaaa au passage des bonnes sœurs, comme un ado atardé qu'il est resté (80 ans, quand même !). Il se dit anarchiste. Je pense surtout qu'il s'est engueulé avec toutes les tendances de gauche et, aux dernières nouvelles, même avec le Fédération Anarchiste, qui par définition, ne peut réclamer le monopole des idées anars, par respect de la liberté d'expression.

Toujours est-il qu'une boule énorme, obèse, d'articles, de témoignages divers, d'alliances, de rancunes, de vengeances, de solidarités, de podcasts s'est cristallisée autour de la sanglante affaire Val/Siné, depuis Juillet.

Non, ce n'est pas possible que vous n'en ayez pas entendu parler. L'affaire démarre avec une rumeur (une info ?) que lance le président de la Licra Patrick Gaubert :

"le fils de Nicolas Sarkozy, Jean, vient de se fiancer avec une juive, héritière des fondateurs de Darty, et envisagerait de se convertir au judaïsme pour l’épouser. «Dans cette famille, on se souvient finalement d’où l’on vient"

Philippe Val se fend d'un édito où il descend en flèche Denis Robert, le courageux journaliste free-lance qui a osé s'attaquer, tel un Don Quichotte couillu, à Clearstream, la puissante nébuleuse capitaliste. Quelle mouche a piqué Val ? On apprendra plus tard que l'avocat de Charlie-Hebdo est aussi celui de Clearstream. Fâcheux (fachos ?) mélange de genres.

La semaine suivante, Siné, furax que Val tire sur l'ambulance Denis Robert déjà exsangue financièrement, ruiné par les contre-poursuites judiciaires, envoie au journal un "Siné sème sa zone" un peu particulier : un bandeau "auto-censuré" barre une partie de sa prose (celle concernant Denis Robert) et dessous il reprend l'info Gaubert en y ajoutant son célèbre coup de griffe félin :

"Jean Sarkozy, digne fils de son paternel et déjà conseiller général de l’UMP, est sorti presque sous les applaudissements de son procès en correctionnelle pour délit de fuite en scooter. Le Parquet a même demandé sa relaxe ! Il faut dire que le plaignant est arabe ! Ce n’est pas tout : il (JS) vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d’épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit ! "

Le grand scandale commence : c'est Claude Askolovitch qui tire la première salve et prononce le mot magique "antisémitisme", sans doute sur ordre de Val qui, avec sa lâcheté coutumière dira "je n'ai pas lu la chronique de Siné avant publication". Je veux pas médire, mais ce gars-là vole son salaire de rédacteur en chef ? Au sujet de sa capacité à affronter les problèmes avec courage et droit dans les yeux, on se souviendra de son "on se connaissait très peu, nous n'avons jamais mangé ensemble" lors de la condamnation de son ami Patrick Font qui a été son compagnon de scène pendant 17 ans, à sillonner la France en tous sens !

Et chaque camp de compter ses supporters, de tirer à boulets rouges sur le camp adverse. Val regroupe autour de son nombril une vingtaine de belles âmes attachées à la pérennité du système, de beaux contempteurs du souffle libertaire. Les autres portent Siné en triomphe, comme un dyonisos priapique qui serait le dernier rempart contre une épidémie galopante de politicus correctus.

Même les "traîtres" qui sont restés à Charlie-Hebdo à ménager la chèvre et le chou (ils se reconnaîtront), les cavanna, les charb, les wolinski l'on dit et répété : Siné n'est pas antisémite. Anti-sioniste oui, pro-palestinien à donf depuis toujours, oui, mais opposé à tous les racismes. Alors on ressort une vieille condamnation en 1985, pour des propos de mecs bourrés sur une radio libre. Siné s'était excusé, la Licra avait retiré sa plainte, mais l'avocat d'une tendance plus dure avait maintenu la sienne.

Mais on ne parle pas de la signature du même Siné en 1992, pour demander que la France reconnaisse sa responsabilité dans la Shoah ? On oublie que la maison de Siné a toujours été ouverte à tous, sans condition de confession, que dans les 10 000 signatures de soutien recueillies, il y a celles de nombreux amis juifs, que son ex-épouse était juive etc...

Hurler contre "l'antisémitisme" de Siné, c'est prendre le risque de voir se répéter l'histoire de Guillou et le loup. Quand les vrais loups montreront le bout de leurs crocs , personne ne réagira plus, lassés de ces polémiques entre apparatchiks sans réel fondement.

Il restera quand même un point commun entre Siné et Val : ils ont tous deux une passion pour les chats.

Mais ne vous trompez pas de chat : achetez Siné-Hebdo ! (et méfiez-vous des imitations)

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