Blogborygmes

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samedi 26 mai 2012

Tant-BourrinLe Blogbodico (16)

Allez hop ! Il est temps de faire prendre l'air à vos neurones empoussiérés et de reprendre votre infusion de culture ! Voilà une nouvelle fournée du Blogbodico, le beau dico qu'il vous faut !

Pour les petits nouveaux ou pour Andiam ceux dont l'Alzheimer est trop avancé, voici un petit rappel des épisodes précédents, à lire là : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14 et 15...

Après ça, plus personne ne pourra dire que je suis un vocabulleur !



Avortombola : (n.f.) Jeu de hasard consistant à chercher noise aux hommes chétifs, avec le risque de tomber sur un faux maigre ceinture noire de karaté. Synonyme : Ramolloterie

Blaireautomane : (adj.) Qui a des pulsions érotiques outrancières, mais se réveille toujours au matin dans les bras d'un gros lourd. Hélas, je suis blaireautomane : après l'amour, ce n'est jamais "Youpi !", c'est plutôt beauf !

Colosse-copie : (n.f.) Volonté de ressembler aux super-héros musclés des blockbusters américains, au travers d'une pratique assidue du body-building et de la prise d'amphétamines. La colosse-copie, c'est bon pour les trous du cul !

Compaustérité : (n.f.) Politique visant à restreindre la consommation et à laisser la vie d'une frange entière de la population se décomposer dans la misère. Une politique de compaustérité peut conduire à l'émergence de mouvements terreauristes

Contre-acception : (n.f.) Sens ou nuance sémantique prêtés par erreur à un mot, contresens. Il était proche de l'Académie française, mais après une contre-acception commise dans son dernier ouvrage, ça a capoté.

Crottocolère : (adj.) Relatif au courroux, à l'emportement qui s'emparent d'une personne ayant mis le pied par mégarde sur une déjection canine. "Ah bin merde alors !" s'écria-t-il sur un ton crottocolère.

Douanier du culte : (loc.) Vigile qui garde la porte d'une église pendant la messe et veille à ce que les fidèles ne s'éclipsent pas discrètement au moment de la quête. Le douanier du culte avait une coupe au bol.

Galipétarade : (n.f.) Action de rouler sur le sol après avoir posé la tête sur le sol, en lâchant de nombreuses flatulences du fait de la compression intestinale accompagnant le mouvement. Dans certains cas extrêmes, une galipétarade peut se terminer tragiquement en cacabriole.

Gonflérence : (n.m.) Exposé public particulièrement ennuyeux pour l'auditoire. Une gonflérence peut finir par tourner à la ronflérence. (voir ce mot)

Mate-lacet : (n.m.) Petit dispositif mécanique permettant de ne jamais faire de nœud inextricable en faisant ou en défaisant les lacets de ses chaussures. - Avec le mate-lacet, c'est enivrant de ne plus jamais faire de mauvais nœud en défaisant ses lacets ! - Enivrant ? Tu veux dire que le mate-lacet rend bourré ?

Micro-faune : (n.f.) Vermine de très petite taille vivant en parasite sur le corps humain, notamment dans la zone pubienne. Le beau parleur avait une micro-faune.

Occis-temps : (n.m., rég.) Terme désignant un temps mort pendant une rencontre sportive. Le mot occis-temps n'est en usage que dans le sud de la France

Régiscide : (n.m.) Meurtre d'un personne prénommée Régis, dans le but d'améliorer le niveau intellectuel moyen de l'humanité. Le régiscide peut être assimilé à une forme d'eugénisme, pour peu que le second prénom de Régis soit Eugène.

Ronflérence : (n.f.) Exposé public ennuyeux à l'extrême pour l'auditoire. La ronflérence est le stade ultime de la gonflérence. (voir ce mot)

mercredi 23 mai 2012

Scout toujoursLes Perses

Qui se souvient encore de cette colossale fresque grecque exhumée par Jean Prat pour l'ORTF en 1961 ? Cette tragédie d'Eschyle m'était apparue pour la première fois à l'époque où la télévision couleur n'existait pas. Les scènes n'en faisaient que plus vraies. Ces impressionnants personnages à la couleur de pierre étaient si authentiques qu'ils semblaient sortir tout droit des gigantesques bas-reliefs de Persépolis.

Quel spectacle grandiose pour l'enfant que j'étais. Plus tard, beaucoup plus tard, en contemplant les murs du palais de Darius, je crus revoir les perses de la frise bouger et se mettre à parler, ressuscitant ainsi les personnages de mon enfance. J'entendais la complainte des vieux gardiens du temple attendant le retour de leur armée vaincue.

Le mysticisme de Zarathoustra m'avait gagné. Aujourd'hui, en revoyant cette extraordinaire reconstitution théâtrale, je reste totalement ébloui. La pièce d'Eschyle n'a absolument pas vieilli et force mon admiration : avec quel respect et quelle empathie les grecs savaient traiter de leurs pires ennemis, quelle leçon pour nous. Tout ceci me plonge dans une inévitable réflexion : que serait devenu l'occident si Darius ou Xerxès avaient triomphé des grecs? Rome n'aurait probablement pas existé et nous non plus, qui sait, le monde aurait-il été meilleur? Rappelons que Bagdad alias Babylone, ancienne colonie Perse, deviendra plus tard le plus grand foyer culturel du monde... Mais qui étaient donc ces perses, imposants guerriers du désert à la barbe bouclée ? C'étaient ni plus ni moins les habitants de l'Iran, ce peuple dont nous ignorons tout mais que nous soupçonnons des pires intentions. Allah a pris la place d'Ahura-Mazda, et Mahommet celle de Zarathoustra. Les minarets ont remplacé les colonnes de Persépolis, mais les iraniens sont toujours perses et fiers de l'être. Alors, aujourd'hui, à l'heure où certains parlent de troisième guerre mondiale, comment ne pas s'interroger : devrons nous affronter à nouveau 25 siècles plus tard, les ennemis d'Athènes, ou aurons nous la sagesse du calife persan Haroun al Rachid* qui dès le huitième siècle, décida d'accepter la culture grecque et de la marier avec la culture orientale pour faire de Bagdad la capitale mondiale du multi-culturalisme ? Les "maisons de la sagesse" fondées par le calife, étaient d'impressionnantes bibliothèques où étaient traduits en arabe la quasi-totalité des ouvrages aussi bien littéraires, philosophiques, mathématiques, astronomiques, médicaux ou historiques, issus des différentes civilisations tant bien grecque que persane, hébraïque, indienne ou chinoise. Les savants venaient de toute part pour les consulter. Ce rayonnement dura plus de 4 siècles. Hélas, tout ceci disparut lors de l'invasion mongole de 1258...



* Le calife Haroun al Rachid, qui correspondait avec Charlemagne, est devenu plus tard un personnage des mille et une nuits (ne pas le confondre avec Haroun el Poussah qui en était un autre)

dimanche 20 mai 2012

AndiamoJe ne sais pas

J’entends, je lis aussi souvent :

C’ETAIT MIEUX AVANT !

Je ne sais pas si c’était mieux ou plus mal, mais ce dont je suis à peu près sûr, c’est que cette vie ne vous plairait sûrement pas !

Imaginez un peu : de la bouffe au compte gouttes, après la guerre tout était rationné.

Pas de télé bien entendu, à la maison la téloche est arrivé quand j’avais seize ans. Mais notre télé on allait la chercher dans la rue avec les copains.

La rue justement, pas de revêtement, de la caillasse, pour le vélo pas terrible ! Le vélo je vais vous en parler : nous n’en avions pas, j’ai donc appris très tard à monter sur un deux roues, celui de p’tit Claude, un copain de quartier. T’aurais vu la gueule du spad ! En guise de pneus, des bouchons mis bout à bout dans la jante. Chaque bouchon tenu à l’aide d’un fil de fer entortillé vaille que vaille autour de la jante !

Pas de freins bien entendu, tu arrêtais l’engin en appuyant ton pied sur la roue avant, gare quand la galoche passait dans les rayons ! Terminus tout l’monde descend, et sur la caillasse… Merci les rotules.

Pas de téléphone, j’ai eu le biniou à la maison en 1973 seulement !

Auparavant quand il fallait téléphoner : direction la poste, un sacré bout de chemin. C’était très rare que l’on téléphone, primo personne ou pas grand monde n’avait cet engin chez lui, et lorsque c’était urgent on envoyait un télégramme.

Quand le télégraphiste t’apportait un de ces petits plis bleu, tu n’en menais pas large, car onze fois sur dix : c’était une mauvaise nouvelle.

L’école…Le grand folklore, j’y suis allé en 1945, juste à la libération, directement en C.P, car à l’époque il n’y avait pas de maternelle dans ma pauvre banlieue. Des classes surchargées, 45 mômes par classe, j’aime autant te dire que ça ne mouftait pas ! Bras croisés, tête droite, lever la main pour poser une question, et ne répondre que lorsqu’on t’interrogeait.

Et puis une chose qui me turlupine : comment se fait-il que nous allions à l’école 5 jours par semaine, samedi toute la journée, repos le jeudi. La classe commençait à 9 heures, et se terminait à 16 heures 30 avec 1 heure ½ pour déjeûner. Et pas plus de vacances qu’aujourd’hui, les grandes vacances commençaient aux alentours du 13 juillet, et la rentrée sa faisait aux environs du premier octobre.

Souvent on nous faisait déchausser afin de voir si on avait les pieds propres ! Mais oui ne faites pas votre bouche en cul de poule, c’était comme ça ! Et de plus passage des cheveux au peigne fin, pour la détection des poux, les totos comme nous les appelions. Avec mes cheveux frisés comme un Rital, le peigne fin... AÏE, AÏE, AÏE...

Le soir nous écoutions la radio avant d’aller coucher. J’aimais bien la radio, les émissions présentées par Zappy Max ou Marcel Fort, sans oublier « Jaboune » Monsieur Jean Nohain.

Une émission que nous aimions particulièrement : 100 francs (des anciens) par seconde,

Un concurrent devait répondre à des questions, chaque seconde écoulée lui rapportait 100 francs, quand il chutait, le jeu s’arrêtait, et de plus ce que l’on appelait l’évènement extérieur, pouvait interrompre le jeu à tout moment.

Cet évènement pouvait être par exemple : l’arrivée d’un train voie numéro sept à la gare d’Austerlitz, ou bien le départ d’un bateau-mouche de son quai d’embarquement.

C’est à ce jeu je crois que l’abbé Pierre avait gagné une somme rondelette pour l’époque, au début des années cinquante !

En ce qui concerne le logement, nous étions privilégiés, mes parents louaient un pavillon. Ils avaient leur chambre, mon frère et moi partagions la seconde à l’étage, et ma sœur dormait en bas dans le salon transformé en piaule pour elle.

J’avais des copains qui s’entassaient à cinq dans un logement comportant une chambre et une cuisine !

Vous vous doutez bien qu’il n’y avait pas de voitures, pas une bagnole dans les rues, le panard pour les mômes. Aujourd’hui il m’arrive d’y repasser dans cette rue, plus une place le long du trottoir ! A tel point c’est qu’ils ont été obligés de les mettre en sens unique, car les autos ne pouvaient plus se croiser ! Et ce en soixante ans, soixante ans seulement !

Je ne vais pas refaire le monde bien sûr, mais enfin, tout se méritait, ainsi tu allais en sixième sur concours, aujourd’hui on monte à l’ancienneté.

Quand j’ai voulu entrer en école de comptabilité, concours également afin d’accéder à l’école de la rue Martel dans le Xème arrondisement. Plus tard comme la compta me gavait , ou bien c’est plutôt elle que je gavais, je suis entré dans une école afin d’y apprendre le noble métier (ne rigole pas) d’ajusteur, et bien re-concours !

Et oui tout se méritait ! Les dictées 5 fautes = O, les accents ½ point ! Le roi de la bulle c’était mécolle !!! A ce train j’ai été poursuivi par les études : ah ! Que n’ai-je étudié !

Et les fringues…Alors là vite fait, je l’ai déjà écrit je portais la marque : « de mon frère »

Les culottes courtes de mon frère

Les pulls de mon frère

Plus tard le vélo de mon frère, et comme je l’ai déjà dit : pas ses copines hélas !

Alors un jour je me suis offert une moto…Il n’en avait jamais eu !

Quant à l'adolescence... Les adoléchiants ne l'étaient pas longtemps. Pour beaucoup après le certif' : le boulot à quatorze ans, tu ne faisais pas le mariole quand tu étais plongé dans le monde du travail, au milieu d'adultes pères de familles, et même grand'pères pour certains.

Personnellement j'ai commencé à travailler à dix-huit ans, pour cette époque j'étais assez privilégié. Mes oncles me racontaient qu'à treize ans ils avaient été placés chez un boucher afin d'y apprendre UN METIER. Tu parles le louchébem les faisait gratter comme des malades oui. Les halles à trois heures du mat', quand tu as treize ans c'est dur, très dur !

Mais bon nous n’étions pas malheureux, tout le monde était logé à la même enseigne. La rue, les p’tits cinoches de quartier à trois francs six sous la place le jeudi après-midi, faisaient notre bonheur. La mare aux grenouilles, les hannetons, les tritons, que nous martirisions, on ne parlait pas d’écologie alors. Les lance-pierres et les cerfs volants de papier, occupaient sans doute bien mieux nos jeudis que la téloche fut-elle plate en z’en couleurs !

(Ma p'tite école 41 élèves sur la photo, forcément il y a des absents. Par contre votre serviteur est présent !)

jeudi 17 mai 2012

Saoul-FifreSept ans

Sept ans de réflexion, comme a dit Tant-Bourrin... Il est certain que les blogbo-members n'ont pas pu abattre un tel boulot sans réfléchir un tant soit peu quoique Tant-Bourrin, en me faisant cette suggestion, "réfléchissait" surtout à la scène où Marilyn Monroe se rafraichit la touffe sur une bouche ... d'aération.

On dit sept ans de malheur , aussi, et c'est vrai qu'on a bien contribué à "casser la glace" entre nous et plein de commentateurs, mais le malheur en résultant, je vois pas. Encore une superstition sans fondements.

Sept ans ! C'est embarrassant, pour rester dans une tonalité polie !

Dont cinq de sarkozisme, je tiens à le souligner !

Sept ans, c'est aussi "l'age de raison" et là-dessus j'abonde : je pense que nous avons été raisonnables en nous débarrassant de Pisse-Partout. D'ailleurs, nos pôtes allemands ont émis des velléités de virer Merkel aussi, dans la foulée. On va peut-être finalement réussir à supprimer les dispositions dévastatrices du traité de Maastricht, ainsi que la loi "Pompidou" dont parlait le scout , remettre en route la planche à billets et cesser d'engraisser les banquiers avec nos sous ?

Bon on aurait pu aussi vous déclamer Les poètes de sept ans mais ça aurait pu faire croire qu'on se la pète alors que vraiment, la main sur le cœur et la bouche en cul de poule, ça ne nous ressemble pas du tout !

Un peu Andiamo, peut-être, mais juste un poil, alors.... Non l'ancien, pas taper, pas taper !

Vous avez vu Sept ans au Tibet , bien sûr ? Un bien beau film mais trop froid pour nous. Je vous jure que sept ans au Teebee, c'est nettement plus chaleureux !

Bon ben voilà : après avoir patienté pendant sept ans, Blogborygmes va enfin connaitre un vrai succès, avec des abonnés en veux-tu, en voilà, des fans, des addictifs. La gloire, quoi !

Comme Tintin et Milou.

Ben oui : Blogborygmes va plaire aux jeunes qui aiment les blogs de 7 à 77 ans !

On a plus qu'à tenir le coup.

Je vous le dis : c'est pas gagné....

mercredi 16 mai 2012

Tant-BourrinBlogbo a sept ans !

Ça se fête !

dimanche 13 mai 2012

Tant-BourrinRadio Blogbo

Heu... Coucou ? Vous me reconnaissez ?

Oui, j'avoue, cela fait un certain temps que j'ai délaissé ce blog (mais moins que le Souf' quand même !) en laissant le soin à Andiamo d'en assurer l'animation. Ouais, je sais, faire bosser les vieux, c'est dégueulasse, mais lui a la flamme, et moi j'ai la flemme ! :~)

Bref, je vais tenter tout doucettement de m'y remettre et, pour me faire pardonner, je reviens avec un chtit cadeau dans les mains : une vraie radio sur ce blog, Radio Blogbo !

Comme vous pouvez le constater si votre regard, à l'instar d'un sarkoziste de base, porte sur l'extrême-droite (de l'écran) : il y a un petit pavé nouveau dans la colonne de droite, un truc qui ressemble à cela...

Vous l'avez deviné : c'est Radio Blogbo, qui diffuse tout ce que l'on a pu couiner en ces lieux depuis les débuts du blog, il y a bientôt sept ans !

Le problème, si vous voulez surfer en écoutant notre radio, est que tout changement de page va immanquablement couper la diffusion.

Qu'à cela ne tienne : les deux liens en dessous de la radio vous permettent de l'ouvrir (en grand format) dans une nouvelle fenêtre ou un nouvel onglet, que vous pourrez tranquillement laisser ouvert pendant que vous surferez ailleurs en musique. L'un des liens diffuse les morceaux en version aléatoire, l'autre les diffuse dans l'ordre (à savoir : ordre alphabétique de l'interprète, puis ordre chronologique de mise en ligne). Les dates entre parenthèses au bout du titre des morceaux sont celles du billet correspondant : vous pourrez donc vous rafraichir la mémoire si une chanson vous interpelle !

Alors, elle est pas belle, la vie ?

Merci qui ?

Merci Blogbo !

PS : à la réécoute de la plupart de mes "œuvres", je me dis que le Printemps n'a pas fini d'être pluvieux !
PPS : notre Blanche/Calune reste plus que jamais présente dans nos cœurs, et c'est dur de la réentendre sans qu'un rideau humide s'abatte sur les yeux...

jeudi 10 mai 2012

Scout toujoursMes 400 coups

L'esprit carabin, je crois bien être tombé dedans étant tout petit. Dès mon plus jeune âge, j'utilisais déjà mes qualités artistiques pour imiter des billets de 10 Francs et les laisser trainer dans la rue accrochés à un fil. Quelle rigolade, pour mon frère et moi, du haut du balcon paternel, de voir les passants courir après cet argent sans pouvoir l'attraper. Un gag vieux comme le monde, certes, mais utilisé encore de nos jours dans les caméras cachées... En fait c'est plus tard que tout a vraiment commencé, lorsque je fis connaissance avec le Finos'Club.

Comme son nom l'indique, le Finos'Club était une bande joyeux drilles pas toujours très fins, habitant la banlieue bordelaise. L'un d'eux était étudiant comme moi et m'avait raconté les exploits de ses compères dans les rues de Bordeaux. Le soir même, j'étais invité à participer à une de leurs folles patrouilles. Avant de partir, je pris le soin d'emmener quelques munitions, on sait jamais : une grenade à plâtre et un fumigène récupérés par mon frère à l'armée, et me voila embringué dans leur folle équipée. Pierrot, un rital hirsute à la voix tonitruante, avait pour spécialité de jaillir hors de sa voiture tel un diable de sa boîte, en hurlant après les passants. Sa voix était si résonnante et tellement puissante que l'effet en était hilarant. De temps à autre, quand l'envie lui en prenait, il n'hésitait pas à s'arrêter en plein milieu d'une rue pour ouvrir son capot, simulant une panne, et provoquant ainsi un immense embouteillage. Un autre prénommé Daniel, de petite taille, avait pour habitude de profiter des encombrements pour escalader toute la file des voitures les unes après les autres, comme on fait un parcours de haies. Il le faisait avec une telle agilité que c'en était désopilant pour tout le monde sauf pour les conducteurs. Daniel avait un sacré palmarès : il avait réussi entre autres, à se faire éjecter de l'armée après avoir totalement détruit dans un accident, 2 chars AMX30. Excusez du peu... Pour en revenir à la patrouille, nous arrivons place Gambetta, dans la Simca 1000 vert-pommme de Joël, et je décide d'utiliser mes munitions. Une grenade à plâtre abandonnée juste en face de la terrasse d'un grand café, une énorme détonation, et le résultat : tous les consommateurs transformés en arbres de Noël. Ouuaaarf, la rigolaade ! Nous refaisons le tour de la place pour mieux profiter du spectacle et narguer nos victimes, puis nous passons sous le pont de Meriadeck. Là, je lâche le fumigène. Ici aussi, nous faisons sensation : devant la fumée, tous les véhicules s'arrêtent, certains automobilistes font même demi-tour impressionnés par le nuage. Les pompiers arrivent, on en demandait pas tant !

Dès lors, j'étais adopté, j'avais réussi mon examen de passage et pouvais intégrer ma nouvelle bande de copains. L'un d'eux, un camionneur nommé Joël, eut vite fait de remarquer ma 4L beige qui ressemblait à s'y méprendre à celle des gendarmes. L'idée fut lancée aussitôt, et dès le lendemain vêtus de chemises bleues, d'un sifflet et d'un képi, nous voilà tous transformés en pandores, arrêtant et poursuivant les gens dans les rues. Le plus gros gag fut lorsque de vrais policiers nous contrôlèrent à leur tour peu après une de nos frasques. Je n'oublierai jamais le regard éberlué que nous lança notre dernière victime en passant devant nous : "des flics arrêtant des flics", il avait dû croire assister à la guerre des polices... Mais nous avons eu notre revanche plus tard, lors des manifs étudiantes de mai 83. Après avoir dépavé quelques rues, nous avions renversé une voiture de police et nous étions approprié son appareil radio que nous avions adapté sur la voiture de Joël : l'appareil fonctionnait très bien et nous entendions distinctement les pandores annoncer qu'ils venaient de retrouver un véhicule volé. Nous décidâmes d'aller voir sur place, mais Joël préféra attendre notre retour dans sa voiture en écoutant le radio émetteur. Quelle ne fut pas sa surprise et son hilarité quelques intants plus tard, lorsqu'il entendit dans le poste une voix annonçant que 5 individus louches roulant dans une 4L beige aux pneus lisses et au pot d'échappement bruyant venaient d'être verbalisés ! (1) Toujours pendant les grèves, nos victimes suivantes furent les cheminots de la SNCF : nous avions installé des fils métalliques entre les 2 rails des voies ferrées, provoquant ainsi le passage au rouge de tous les feux de signalisation, et immobilisant par là-même tous les trains de la région. Nous avons eu les honneurs des journaux nationaux, ce jour là, certains s'en souviennent peut-être ! Des gags de rue, on peut dire qu'on en aura fait : je passerai sur les pétard dans les boîtes aux lettres à 4 heures du matin, par contre, le flacon de Mir dans une fontaine publique, essayez et vous verrez ; pour les amateurs de mousse, je garantis le résultat... Nos franches rigolades nous arrivaient aussi auprès de la gent féminine, comme ce jour où en longeant la plage, nous avions repéré 3 naïades en bikini qui nous observaient en souriant. Aussitôt les "coucou" fusent avec de grands signes de la main, nous marchons en les regardant et tout à coup, nous empalons chacun dans un réverbère sous les éclats de rire de nos spectatrices !

Mais j'avançais en âge ; désormais, j'étais "interne des zôpitôô" . J'intégrai l'internat de Périgueux. A cette époque, dans un amphithéâtre de 750 carabins, dire que l'ambiance était Rabelaisienne eût été un euphémisme. Chacun apportait sa note d'humour et de burlesque pour ponctuer les cours de nos profs. Mais cette année là, il faut croire que la crème des crèmes de notre faculté s'était donné rendez-vous à Périgueux. Quelle équipe, mes amis, et quelle ambiance ! Nous étions jeunes, inventifs, pleins d'initiatives, et parfaitement décidés à bien nous amuser. Certains internes étant trop sérieux à notre goût, nous nous étions mis en tête pour les dérider, de leur préparer une bouffonnerie pour chaque soir, et nous avons tenu parole. Je passerai sur la première soirée qui dégénéra en bataille d'extincteurs à eau, d'oeufs et de fromages blancs qui atterrissaient presque toujours sur les mûrs (difficile de viser au delà de 2 grammes). Mais je n'oublierai jamais la bouille de notre ami Jean-Marie, lorsqu'un matin, il découvrit ahuri, sa 2-chevaux garée en plein milieu de la salle à manger de l'internat. On peut dire qu'on s'était appliqué ce jour là : il nous avait fallu non seulement démonter les ailes avant du véhicule, mais ses 4 roues, et le faire glisser en le faisant pivoter sur les charriots à roulette des femmes de ménage, pour lui faire traverser les étroites portes de la salle à manger, quel chantier!

Un autre soir, une étudiante un peu pimbêche, qui répondait au surnom de Totoche, eut la drôle de surprise en regagnant son lit, de sentir frétiller entre ses jambes, une dizaine de grenouilles que nous avions gentiment disposée sous ses draps. "Totoche on la lève fastoche" avions-nous même écrit sur le mur de la salle à manger.

Un autre étudiant, qui passait des nuits entières à bûcher son internat, reçut la juste punition de se réveiller complètement muré dans sa chambre. Oui, nous étions aussi maçons à nos heures. Le cas de cet étudiant était grave, car en construisant ce mur,nous nous étions livrés à une véritable bataille de plâtre juste devant sa porte sans qu'il ne réagisse, trop absorbé qu'il était par ses chères études. Ah nous étions mignons ce soir là, tout recouverts d'enduit de la tête aux pieds, tels les statues de Pompéi. A propos de plâtre, il arriva qu'un collègue pneumologue fut invité à un bal costumé dont le thème était "l'Antiquité". Le malheureux eut la malencontreuse idée de se déguiser en momie égyptienne et d'aller préparer ses bandages aux urgences de l'hôpital. Pour ce qui est de bander, nous l'avons bandé, de la tête aux pieds. Mais ce qu'il n'avait pas vu, c'est qu'une bassine d'eau trônait au milieu de la pièce. Chacun trempa en même temps sa bande plâtrée dans l'eau; nous étions 6, et en moins de 20 secondes, Toutankhamon se retrouva transformé en statue de plâtre que nous chargeâmes sur un brancard et conduisîmes illico sur les lieux de sa soirée costumée. Le plus comique fut que la nuit étant très froide, le plâtre encore humide fumait, et un automobiliste fut tellement ahuri de nous voir décharger cette statue humaine fumante, qu' il en perdit le contrôle de son véhicule et alla s'encastrer dans la voiture d'en face. Il n'y eut que de la tôle froissée, je vous rassure. Chanteurs, nous l'étions aussi, les paillardes étaient de toutes nos soirées. Nous étions aussi musiciens et avons eu notre heure de gloire, avec notre photo en première page dans "La Dordogne Libre" lors de la première fête de la musique. Même si notre fanfare jouait aussi faux que possible, elle jouait très fort et surtout très souvent. Des concerts étaient improvisés à des heures indues, au grand dam de nos colocataires, et même des malades de l'hôpital dont une, qui était prof de musique, avait même déposé plainte auprès du directeur de l'hôpital. Sa lettre était assez hilarante, elle avait reconnu tous nos instrument : trompettes, saxo, trombone, grosse caisse, fifre, j'étais clairon à cette époque.

Inutile de dire que certaines de nos soirées étaient absolument phénoménales, j'en garderai un souvenir impérissable. D'autres soirée dégénéraient en batailles de seaux d'eau. Je me rappelle même qu'au matin d'une rude nuit d'hiver, la gigantesque mare d'eau que nous avions laissée avait gelé pendant la nuit transformant notre salle à manger en véritable patinoire. La gouaille joyeuse et l'argot incomparable de notre fine équipe n'avait vraiment rien à envier aux dialogues d'Audiard. Et seules les scènes de Pagnol étaient comparables à nos parties de belote. Nos spécialistes de l'humour pince-sans-rire, n'étaient jamais à court de jeux de mots. Ils savaient plaisanter sur tout, transformant nos journées de travail en agréables divertissements. Heureuse époque... Mais que sont donc devenus nos amuseurs d'antan?

L'esprit carabin ne m'a jamais vraiment abandonné. Tout récemment encore, quand j'exerçais en cabinet de groupe, il arrivait de temps en temps, que grâce à un haut-parleur bien placé et branché sur mon ordinateur, les consultations de mes collègues soient brusquement interrompues par le cri de Tarzan dans la jungle ou la barrissement d'un éléphant. L'effet en est irrésistible, pour le praticien comme pour le client. Le grognement du cochon qu'on égorge, que j'imite à la perfection, fait aussi son petit effet, sans parler du célèbre "Ha oui c'est vraiii ça" de la mère Denis. Mes collègues ne s'en sont jamais plaint, car eux sont bien placés pour le savoir, le rire est bon pour la santé !

(1) Ce radio-émetteur a été rendu à son propriétaire. J'ai su plus tard que notre larcin avait failli lui coûter sa carrière, mais nous n'en étions pas conscients. Tout ce que nous faisions était fait sur le ton de la farce.

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