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lundi 27 mai 2013

AndiamoJ'ai vu pleurer un homme

C’était il y a peu… Cet homme avait été pêcheur.

Pêcheur, un vrai, un mec qui se lève au gré des marées, qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il vente…

Pêcheur sur une mer pas facile, toujours froide toujours houleuse, avec des courants entre mer du Nord et Manche, du vent, toujours du vent, ce vent glacial que l’on nomme Noroît.

Il faut bien gagner sa croûte, alors tous les jours on désamarre les haussières, on quitte le quai, on emprunte le sas qui vous mettra à niveau avec l’avant-port, un petit bonjour à l’éclusier et on embarque, le patron pécheur et un matelot à bord, pas plus.

Ce sont des petits bateaux, pas des navires usines qui saccagent tout. Ces bateaux-là pratiquent une pêche respectueuse le long de la frange côtière, ramenant selon l’époque de l’année, harengs, coquilles Saint-Jacques, lottes, cabillauds ou tourteaux…

Aussitôt débarqué, le poisson est vendu par leurs épouses sur le quai ! Soles, carrelets, harengs frétillent encore ! D’autres s’en vont pour Rungis où ils seront dispatchés, et enfin quelques-uns alimentent les restaurants de la ville.

Entre les pêcheurs et leur bateau, c’est une histoire d’amour, je n’exagère pas. Quand ils passent plus de vingt ans sur un barlu, ils en connaissent les moindres recoins, ils se souviennent de toutes ses avaries. Ils connaissent ses faiblesses, ses points forts. Parfois ils l’ont poussé dans ses derniers retranchements afin d’affronter une tempête et rentrer sains et saufs au port.

Il faut sauver les hommes mais aussi le bateau, c’est leur vie, leur survie même, c’est le ch’tiot Pierre, la Maryse, l’Etoile du matin, la Fée des mers : tous ces jolis noms qu’ils donnent à leur bateau, le cajolant comme ils le feraient avec une jolie femme.

Et puis, un jour, c’est la catastrophe, pour une raison inconnue se déclare une voie d’eau !

Que s’est-il passé ? Le presse-étoupe de l’arbre d’étambeau qui a lâché ? A-t-on heurté quelque chose qui aurait occasionné une déchirure dans la coque ? On ne le saura jamais.

C’est le naufrage, on jette le « Bombard » à la mer, le patron pêcheur veille avant tout à sauver son matelot, c’est son devoir, il y parvient, le temps de déclencher la balise de détresse, les secours arrivent rapidement.

Les hommes sont saufs, c’est l’essentiel direz-vous ? Bien sûr, mais lorsque le père apprend que le bateau qu’il avait offert à son fils quand il a pris sa retraite est au fond… Il n’a pu retenir ses larmes !

J’ai vu pleurer un homme…

(Ch'tiots crobards Andiamo, photos itou )

mercredi 22 mai 2013

AndiamoGood luck (la suite par BLUTCH)

Préambule : Il y a quelques temps, Blutch m'a fait parvenir une suite à l'histoire que je vous avais contée ici même. L'ayant trouvé fort savoureuse j'ai pensé en accord avec les "Boss" qu'on pourrait la publier.... Voilà c'est fait.



- Non, Francis, on reste là. Ces Messieurs-Dames veulent du gibier, pas des bêtes d’abattoir. Ça ne va pas les intéresser de nous flinguer à bout portant. Ils veulent des sensations fortes, il y a moyen de leur en donner. On va être descendu, c’est certain. Comment pourraient-ils nous remettre dans la nature après ça. Ils auront leurs sensations fortes, mais ce sera selon mes règles du jeu. Messieurs-Dames, on va partir depuis le centre du parc, de façon à ce que vous non plus ne puissiez avoir une assistance, OK ? Maintenant qu’on est loin de tout, je veux au minimum une heure d’avance sur vous, OK ?

Se saisissant d’un fusil par surprise, Aline pose ses conditions :

- Soit, alors pour être certain d’avoir ce laps de temps, je vais démonter vos fusils. Vous êtes chasseurs, vous devriez savoir les remonter, non ? Alors où est le problème ? Francis, tiens le flingue s’il y en a un qui bouge tu tires. Bon, là, j’ai eu peu mélangé les pièces pour mettre un peu plus d’ambiance. Et pour les sensations fortes, je garde le dixième flingue. Un d’entre-vous va aussi caner aujourd’hui. Avouez qu’ainsi, ça met plus de suspens. Ceux qui en réchapperont ne pourront plus se passer de ce petit plus qui fait le sel de la mort… Francis, tu vides leurs sacs, tu bousilles les ravitaillements et les boissons, sauf deux rations qu’on embarque. Maintenant, Messieurs-Dames, que la chasse commence…. Si d’aventure vous envisagez de réclamer de l’assistance technique, vous risquez de trouver ce flingue en face de vous, alors vous vous démerdez en mode survie.

Aline et Francis sont partis d’un pas souple et rapide en direction de la partie haute de l’île.

- Putain, t’y va pas de main morte, mais tant qu’à faire, on aurait pu quitter le parc… Non, là, je crois que j’ai dit une connerie... On pourra jamais repartir de l’île, c’est ça ? Mais je ne sais pas si c’est vraiment mieux que la situation initiale. On a un flingue avec une balle, mais ils en ont encore neuf…

- Ouais, mais neuf flingues non-violents. Les axes des percuteurs sont là. Ils peuvent se douter qu’on va les attendre vers la porte s’ils y retournent, donc ils vont se démerder pour bricoler. Ça risque d’être long… Les mémères n’ont pas forcément les aiguilles à tricoter du bon diamètre. Tu sais qu’on va devoir en tuer un max… tous, ça serait génial, mais faut pas rêver ! En attendant, on prépare un piège.

- Aline, fais comme moi, enlève tes fringues.

- Tu crois que c’est le moment pour la bagatelle ?

- T’as vu les panneaux de signalisation qu’on a sur le dos ? Orange fluo, il ne manque plus que de dessiner la cible… A loilpé et badigeon de boue pour faire couleur locale. J’ai vu un arbre impec, j’y accroche mes fringues et un bâton pour faire croire que je suis en position de tir. J’ai fait de la déco de théâtre, ça devrait faire illusion. Mais explique-moi ce putain de pari que tu as fait.

- Soit : mon père est complètement ravagé du citron, Il était militaire de carrière dans les commandos. Ses dimanches de perm. On les passait à faire du biribi dans les bois. Sa fierté était de pouvoir démonter et remonter son flingue les yeux bandés, alors je t’explique pas les maniements d’armes le soir à la veillée pendant que je rêvais de pouvoir jouer avec mes barbies… Un ravagé pire qu’un beauf ricain. Ça m’a fait acquérir quelques compétences particulières, même si ça va pas nous sauver la mise pour autant, on va tout de même pouvoir s’amuser la moindre. Crever d’accord, puisqu’il semble que ce soit l’heure, mais pas comme des perdreaux d’élevage. Dans l’arène, le taureau a des cornes, même si ce n’est pas souvent lui qui gagne…

Aline se cache dans la faille d’un rocher à proximité de l’arbre où Francis a accroché son mannequin. Avec une liane, il peut l’agiter ou faire tomber une pierre pour attirer l’attention.

Après deux heures d’attente, une femme arrive, attentive, regardant partout. Elle a vu le tireur, elle épaule son fusil et se fait éclater la tête par un vigoureux gourdin. Francis la déshabille rapidement et cache son corps sous des fourrés. Il récupère la balle du fusil en admirant le bricolage sur le percuteur avec une épingle à cheveu.

Le temps pour Aline de s’habiller et des bruits de voix se font entendre. Ils sont deux, marchant de conserve. La femme n’a pas de fusil.

Sans la chute d’une pierre, Ils n’auraient pas vu le tireur embusqué dans son arbre.

Tournant le dos à Aline, l’homme épaule et - PAN ! - sa tête éclate. La femme a juste le temps d’apercevoir un homme de cromagnon nu comme un ver qui lui éclate la tête d’un moulinet avec son gourdin. Il prend les habits de la femme qui sont plus dans son gabarit et il cache aussi son corps. Il laisse l’homme là, bien visible.

- Donne-moi son flingue, que je lui remette l’axe d’origine du percuteur, on sera ainsi armés les deux. Leurs bricolages à la con leur donnait une chance sur dix de toucher l’amorce. On n’a pas grand risque avec leurs pétoires.

Ce premier tir d’Aline avait recentré les recherches dans ce petit secteur. Le premier arrivé, voyant l’homme à terre et la tronche éclatée avait juste eu le temps de dire à mi-voix :

- Bien content que ce ne soit pas moi, maintenant qu’ils ont tiré leur cartouche, la chasse va changer de style.

Un coup de feu a ponctué sa phrase.

A la tombée de la nuit, Aline et Francis en étaient à cinq partout. Plus de chasseurs et encore cinq balles de rab.

- Les dix petits nègres d’Agatha… Je n’imaginais pas la chose possible, notre cote remonte, il ne reste plus qu’une formalité : quitter l’île.

Leur chapeau enfoncé sur la tête, ils ont été résolument vers la porte cadenassée. Au coup de sonnette, un loufiat est venu leur ouvrir, croyant à l’arrivée de deux chasseurs.

- Les autres sont déjà arrivés ? Le directeur est encore là ? Mais qui reste-t-il donc ici ?

- Le directeur est au bureau, Monsieur Dangleau est déjà reparti car il ne pensait pas que la chasse serait si longue. Il reste encore le personnel de l’hôtel et moi. C’est prévu que je vous ramène avec le bateau dès que les autres seront là.

- Les clefs du bateau sont où ? Discute pas, y a personne qui ressortira de cet enclos, ils sont morts et toi aussi, tiens….

Dans son bureau, le directeur s’est un peu fait prié avant de se montrer coopératif. Une balle dans le genou lui a fait retrouver la combinaison du coffre où il y avait 500 000 dollars, prix de la chasse pour ces 10 hôtes de marque…. Une magnifique navaja incrustée de nacre qui traînait là en guise de coupe-papier se retrouva entre les côtes du directeur de l’hôtel.

- Putain, ça fait du bien de se poser. Sur ce rafiot, j’ai une chanson de Philippe Lavil qui me trotte en tête, t’es pour ?

Deux mois plus tard, au deuxième droite du 16 boulevard Haussmann, un quinquagénaire finit de se vider de son sang, victime de 52 coups de couteau, tous mortels… Une liste de 50 « disparus sans laisser de traces » est en évidence sur le bureau. La feuille est coupée, comme si on avait voulu enlever deux noms.

Ça fait maintenant trois plombes que le commissaire Julien Dugland tourne et retourne les paperasses étalées sur le bureau. L’identité judiciaire est repartie et il est perplexe.

Merde, il aurait fait quoi, beau-papa, avec ça ?

jeudi 16 mai 2013

Tant-BourrinHuit ans et déjà bouffé par les vers

J’aurais pu l’annoncer, il est vrai, en twittant
Plutôt que de fienter quelques strophes verbeuses,
Mais cela n’aurait pas, je le crains, fait le buzz :
En ce laid jour de mai, notre blog a huit ans !

Un tel âge avancé ne doit pas se fêter :
Point ne faut vénérer ce qui est vénérable !
Les années sont un bât qui pèse sur le râble
Et notre corbillard est déjà affrété.

Sur un morne océan, privés d'inspiration,
Sans cesse nous ramons sur notre frêle esquif
Pour tirer au lecteur un maigrelet "je kiffe"
En guise de frichti : quelle maigre ration !

Le cerveau de Saoul-Fifre est déjà tout cramé
Tel un steak oublié dans une poêle à frire,
Et tout donne à penser qu'il ne sait plus écrire :
Il préfère à coup sûr faire du macramé.

L'allant de Tant-Bourrin est tel Chantal Goya :
Il s’avachit à donf. Il faudrait un grand gite
Pour pouvoir y loger sa méga-flemmingite
Et son poil dans la main ressemble au séquoia.

Andiamo reste seul, notre dernier gratteur.
Son visage est flapi, que les rides décorent,
Oui, mais il n'est pas mort car il avance encore,
Même s'il a besoin d'un déambulateur.

Et ainsi va Blogbo dans sa neuvième année :
Ça sent plus le sapin que l'odeur de la rose,
Et si vous désirez lire encor notre prose,
Pour trouver des idées, il faut nous trépaner.

mardi 14 mai 2013

AndiamoGood luck

Francis a répondu à la petite annonce parue dans le très sérieux journal « les Echos » :

Recrutons homme jeune, célibataire (25-35 ans), trilingue : Anglais, Allemand, Français, très bonne présentation, pour accueillir personnes de haut rang.

Lieu de travail Pacifique sud.

De son côté, Aline a lu une annonce similaire dans ce même journal. Bien entendu, il s’agissait de recruter une jeune femme célibataire, sur les mêmes critères.

Ce matin d’avril, un mardi pour être précis, ils sont une cinquantaine, hommes et femmes, à se présenter à l’adresse indiquée. Une grande pièce nue, sans photos ni quoi que ce soit sur les murs et, bizarrement,… aucun siège !

Ils sont là, qui dansant d’un pied sur l’autre, qui arpentant la pièce en d’interminables aller-retour, ou encore d’autres sont appuyés au mur, ne retenant plus leurs bâillements. Certains ont même engagé la conversation et s’esclaffent bruyamment.

Une bonne heure s’est écoulée quand soudain la porte du fond s’ouvre. Un homme, la cinquantaine, apparaît et, du bout du doigt, désigne cinq filles et cinq garçons :

- Vous, suivez-moi… Les autres vous pouvez partir.

A peine « les autres » ont-ils commencé à élever la voix, un claquement sec : la porte se referme.

Un par un, ils ont été reçus par Monsieur Dangleau, un interrogatoire digne d’un commissariat sous l’occupation !

- On vous écrira, a-t-on dit à chacun.

Huit jours plus tard, Francis et Aline ont reçu une convocation. La lettre à en-tête portait le nom suivant : PACIFIC GUN CLUB.

Prière de vous présenter le 17 avril à neuf heures précises, 16 Boulevard Haussmann, deuxième étage, porte droite.

A huit heures cinquante, Francis se présente au 16 du boulevard du baron Haussmann. Une volée de noms à droite avec, face à chaque étiquette, un petit bouton. Francis repère celui de la PACIFIC GUN CLUB et sonne.

Un déclic : la porte s’ouvre. Négligeant l’ascenseur, Francis avale les deux étages en un temps record. A droite, la porte est entrebâillée, il entre. Aline est déjà là, elle lui sourit timidement. Il lui rend son sourire, puis s’assied deux sièges plus loin.

Le même Monsieur Dangleau les a fait pénétrer dans son bureau, ils sont là, Francis et Aline, chacun debout, un peu décontenancés.

- Asseyez-vous, a prié Monsieur Dangleau. Autant que vous fassiez connaissance tout de suite, car vous serez appelés à travailler ensemble. Voilà : il s’agit de réceptionner et d’accompagner des « V .I.P ». Le décor ? Une île paradisiaque comme on dit dans les brochures !

Il accompagne cette remarque d’un petit sourire ayant pour effet de détendre l’atmosphère.

- La durée de votre contrat est de un mois. Le salaire : 5000 € pour le mois, tous frais payés. Je pense qu’il est inutile de vous préciser que j’attends de vous le plus grand professionnalisme.

- Bien entendu, ont répondu en chœur Aline et Francis.

Un sourire éclaire la face de nos deux postulants, on serait content à moins quand à vingt-cinq ans on vous propose un job pareil.

Consultant sa montre, Monsieur Dangleau ajoute :

- Nous sommes mercredi. Samedi, vous embarquerez au Bourget, un jet privé vous emmènera. Soyez à l’accueil à 9 heures 30 précises. En attendant, voici une petite avance.

Et il tend à chacun une enveloppe.

Samedi 9 heures, Aline arrive la première, elle est un peu en avance. Dix minutes plus tard, elle aperçoit Francis descendant du bus en provenance de la porte de la Chapelle.

- Bonjour Aline, je peux vous appeler Aline ?

- Bien sûr Francis, on peut même se tutoyer !

- D’accord ! Nous sommes un peu en avance, je vous… Je t’offre un café ?

- Avec plaisir.

Le temps de traverser la route de Flandres, ils sont debout au comptoir savourant un bon café.

- Tu parles d’un coup de pot, décrocher un job pareil, surtout en ce moment !

- Tu as raison, répond Aline, c’est incroyable.

- Dis voir Aline, tu fais du sport sans aucun doute, vue ton allure sportive…

- Oui, course à pied : fond et demi-fond, et toi ?

- Pareil ! Course à pied, mais plutôt 100 et 200 mètres. Bon, c’est pas le tout, mais quand faut y aller…

- Faut y aller ! termine Aline.

A neuf heures trente précises, Monsieur Dangleau se présente à l’accueil et les prie de monter dans sa Velsatis, puis les conduit après avoir montré son laisser-passer au pied de la passerelle du Falcon 7 X, un tri-réacteur Dassault capable de couvrir de très longues distances sans escales.

Après une escale à Buenos Aires, le Falcon a repris son vol, direction : le paradis !

Aline et Francis, se sont approchés des hublots lorsque l’appareil a amorcé sa descente. Un atoll avec son lagon vert émeraude, une île volcanique, comme dans les films « nanan, et tartine de miel » !

La piste apparaît, elle semble minuscule, le pilote est un « as », il pose l’appareil comme une fleur : « un kiss landing » comme on dit dans le jargon aéronautique.

Un peu fatigués par le long voyage nos deux jeunes gens débarquent, accueillis par un petit bonhomme au sourire jovial qui les conduit aussitôt à l’hôtel caché dans la verdure.

Grand luxe, l’hôtel ! A peine installés dans leur chambre respective et après une douche rapide, ils se sont allongés et… rideau !

Quelques heures plus tard, ils se sont retrouvés dans le grand hall, le directeur les y attendait.

- Bien reposés ?

- Oui, merci, ont répondu les nouveaux arrivants, que devons-nous faire ?

- Le groupe arrivera demain matin, vous serez là pour les accueillir, une dizaine de personnes en tout. Il y aura six hommes et quatre femmes, Anglais et Allemands, je sais que ça ne vous pose aucun problèmes, vous maîtrisez ces deux langues parfaitement. En attendant, promenez vous, imprégnez vous des lieux, vous pouvez même profiter du lagon ou de la piscine, évitez la pleine mer because les requins, et je ne dis pas ça pour vous effrayer, ils sont bien réels !

Aline et Francis sont partis explorer leur nouvel environnement. L’île est largement plus grande qu’ils ne le pensaient, six kilomètres de long environ pour trois de large. Après dix minutes de marche, ils se retrouvent face à un très haut grillage aux mailles très résistantes, en longeant cette clôture ils découvrent une porte fermée par une serrure, dite de sécurité.

De retour à l’hôtel, tous deux interrogent le directeur.

- C’est quoi cette clôture que nous avons aperçue ?

- Ah oui ! C’est une sorte d’enclos, une réserve naturelle, extrêmement protégée. Et justement votre travail consistera à accompagner le groupe, afin qu’il puisse examiner la flore protégée de cette île. Il s’agit de savants venus du monde entier. Dans cette mini réserve vivent également une espèce endémique de lézard extrêmement rare et typique, qui a évolué ici à l’abri de prédateurs, sans compter la flore extrêmement riche et variée, que l’on trouve exclusivement à cet endroit.

Le lendemain, après un copieux petit déjeuner, ils sont allés accueillir les arrivants sur le petit aérodrome. Dix personnes : six hommes, quatre femmes, leurs bagages ont été débarqués avec le plus grand soin dans le 4x4 et convoyés jusqu’à l’hôtel. Pour les passagers le minibus a parfaitement rempli son office.

Une journée pour faire connaissance avec les clients, des citoyens américains, anglais et allemands, repas quatre étoiles et tout le monde au lit !

Le lendemain, Aline et Francis sont à pied d’œuvre. Ils ont revêtu des tenues décontractées, à la demande du directeur : short et polo, mini short pour Aline cela va de soi.

Tout le groupe est dans le hall, chacun des clients porte un sac en bandoulière. En colonne, Francis et Aline ouvrent la marche, arrivé devant la porte de l’enclos, le directeur a sorti une clé, ouvert la porte, tout le monde est entré, puis étant resté à l’extérieur, il a refermé l’icelle.

Alors posément, calmement, les dix « savants » ont posé leur sac à terre, en ont sorti un fusil, armé la culasse, puis le plus âgé s’est adressé aux deux jeunes gens :

– Vous êtes le gibier, nous sommes les chasseurs. Bons princes, nous vous laissons dix minutes avant de vous traquer, nous n’avons qu’une seule cartouche par fusil, et point de lunettes de visée… GOOD LUCK !

lundi 6 mai 2013

AndiamoLes contes revus par Andiamo (III)

La série continue vous avez lu le I. Puis avides de connaître la suite vous avez lu le II

Alors soucieux de plaire à notre lectorat voici le : III.

Blanche-Caille et les 7 mains.

On appelait autrefois blanche-caille une blanchisseuse…

Il était une fois dans une laverie un peu sordide, dans une banlieue non moins sordide une blanchisserie… Heu… Je dirais plutôt une laverie, avec une vingtaine de bécanes complètement pourraves, qui transpiraient la rouille par les hublots, ces bécanes avaient noyé plus de morbacks qu’un curé peut en bénir !

Ca schmouttait le renfermé, la moisissure et les culottes mal lavées. Au milieu de ces barbottoires vaquait une douce jeune fille qui s’appelait Pétronille. Tout le monde avait oublié son blase et l’avait surnommée « Blanche-Caille ». Elle était casquée à coups de lance-pierres, tout juste smicarde, elle s’occupait du ménage, de vendre les jetons destinés à alimenter les tirelires des bécanes, et de temps en temps elle ne dédaignait pas un furtif de comptoir afin d’arrondir ses fins de mois.

Elle crêchait chez sa mère et son beau-dabe un gommeux qui s’prenait pour Rudolph Valentino, tellement gominé que même une mouche n’arrivait plus à décoller des ses ronces quand par inadvertance elle avait fait un atterrissage d’urgence sur son crâne.

Il s’appelait Fernand, mais se faisait appeler « Fernando » ça faisait plus Hidalgo avait-il déclaré ! Et plus d’une fois au prétexte de venir lui frotter les endosses au moment des ablutions, il avait essayé de la composter en cachette de Clémenceau !

Un jour la mère de Blanche-Caille qui répondait au doux prénom de Dominique, deux qui la tiennent trois qui…. Les surprit alors que Blanche-Caille se défendait bec et ongles contre les assauts furieux de Fernado, flamberge au vent, tentant de faire subir les derniers outrages à notre héroïne !

-C’est ELLE qui m’a provoqué s’écria Fernand, elle se balade la boutique à l’air, à loilpé ! Le capot grand ouvert, alors forcément ma Bibiche tu m’connais : deux mouches qui copulent déjà que ça m’excite, alors là forcément …

-Salope s’écria Dominique ! Et derechef elle balance une poignée de phalanges dans la tronche de sa fillotte ! Casse-toi, et au lieu de piquer les hommes des autres, trouve-toi un michton qui soit capab’ de te faire reluire ! (c’est peut-être pas exactement ce qu’elle lui a dit, mais je fais court).

Blanche-Caille à la rue ! C’était l’hiver, la neige recouvrait de son blanc manteau, la grisaille de cette pauvre banlieue du neuf cube, conférant à l’horreur une virginité éphémère… Putain appelez moi Delly !

Blanche-Caille grelottait, un pauvre sac poubelle à la main contenant tout ce qu’elle possédait… Pas grand’chose en vérité.

Soudain apparut Momo, un p’tit dealer, il refilait de la beuh à des paumés du quartier, pour pas bien cher c’était un gagne petit, un laborieux, un pousse-cailloux. Il devait faire jaffer ses six frelots, biscotte ses vieux s’étaient tirés au bled et n’étaient jamais revenus. Le barlu sur lequel ils s’étaient embarqués, une barcasse, dont le capitaine un pochtron, faisait moyennant une somme modique traverser la mare aux harengs à des locdus sans fric , avait fait naufrage quelque part entre Marseille et Bizerte !

Momo s’arrêta dévisagea la frêle jeune fille..

-Z’y va j’te connais cécolle tu laves les fringues dans la laverie de la téci Maurice Thorez ?

-Oui répondit-elle de sa petite voix tout en claquant des dents.

-T’es trop bonne kès tu fous à zoner ?

-Ma vieille m’a jetée elle croit que je kiffe trop mortel son keum…

-L’est trop relou ta remè ! Z’y va, monte tu vas zoner pour la neuille chez moi !

Un quatre pièces cuisine, des photos de chameaux sur les murs, une autre de la Casbah, et enfin le tapis en vraie fausse laine aux motifs Hispano-Arabes et vachement bien mité, jeté à terre.

Et là au milieu de la pièce les six frangins . .. Âgés de 13 à 19 ans pour Momo.

-C’est qui c’te meuf ? Demandent –ils dans un chœur parfait.

-C’est Blanche-Caille la meuf qui tient le « lav’au poids » de la téci Maurice Thorez ;

-J’te connais toi déclare Mouloud, t’es bonne ! Mes potes y t’appellent la ventouse rapport à tes extras derrière le comptoir !

-Blanche-Caille rosit un peu et bredouille un HEU… Faut bien bouffer !

-Bon allez j’vais ouvrir les boîtes de choucroute..

-Mais y’a du porc Momo ça t’gène pas ? Interroge Blanche-Caille.

-Du porc ? Qui te dit que c’est pas du ch’val ? Hein ? Nous on n’ en a rien à foutre !

Après ce repas et un film insipide à la téloche, Blanche-Caille alla se coucher, Momo la suivit… puis Mouloud, Abdel, Farid et tous les autres…

Ce fut : les sept mercenaires, la charge de la brigade légère, la neuvième porte, le trou Normand, les amants du Pont Neuf, les guichets du Louvre, le trou (film de Jacque Becker) … Sans oublier les gaietés de l’escadron , les grandes manœuvres, et peut-être même les 101 dalmatiens !

Le matin Blanche-Caille alla enfin se rafraîchir le trésor, épuisée mais ravie ! Les jeunes c’est bien connu ça fait n’importe quoi… Mais ça le fait toute la nuit !

Le lendemain elle avait les châsses en capote de fiacre et les paupières bordées de reconnaissance, elle alla à son taf comme d’hab ! Et là au beau milieu de la laverie un mec qui la renouchait depuis bien longtemps, un peu timide, il n’avait jamais osé l’aborder. Ce matin là il s’était fourré de la coke dans les naseaux, il s’était tiré une ligne et avait toutes les audaces, speedé à donf qu’il était, hardi comme un chat maigre, fébrile et tout le toutim !

-Salut je m’appelle Louis Leprince Ringard, j’te kiffe trop mortel j’voudrais qu’on s’mette à la colle ! Et pour l’amadouer il lui offrit deux doses d’héro et une pompe toute neuve !

-Oh y’a pas l’feu l’michton ! J’en ai rien à foutre de ta poudre, j’sniffe pas d’farine et j’me shoote pas, quant à ton bigorneau rabougri, tu t’le carres où tu veux, j’ai sept fois mieux à la baraque !

Ainsi vécurent heureux des petits enfants d’une pauvre banlieue et une douce jeune fille qui au lieu d’accorder sa main à un seul michton, la mit au sevice de sept chevaliers servants….

(ch'tiot crobard Andiamo)

jeudi 2 mai 2013

Tant-BourrinMes disques de légende [2] : David McNeil - "David McNeil"

1972. J'ai dix ans. Attention, là, c'est du sérieux, on attaque les souvenirs musicaux d'enfance, ceux d'un temps où la plasticité des oreilles, du cerveau, du cœur, rend les émotions indélébiles quand le four des années en fait durcir l'argile.

Un jour, un de mes frères aînés rentra à la maison avec un nouveau 33 tours qu'il venait d'acheter. Je n'y prêtai pas trop attention sur le coup : la musique était alors le cadet de mes soucis. Est-ce dès la première écoute que j'ai soudain été captivé ? Je dois avouer que je ne m'en souviens plus trop, peut-être la chose s'est-elle imposée progressivement, comme une perfusion subtile dans mes veines. Quel est le morceau qui a le premier attiré mon attention ? Là aussi, c'est le flou : l'histoire de Cynthia et du centaure ? Celle du capitaine fou qui largue ses bombes H sur une ville ? Celle des deux mille deux-cents cigarettes fumées ? Mystère.

Toujours est-il que ce disque allait vite devenir pour moi essentiel : quarante ans d'écoute et toujours la même émotion aujourd'hui.

Tout d'abord, il y avait cette pochette qui me fascinait.


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dimanche 28 avril 2013

Saoul-FifreLa nostalgie n'est plus squelettée

Dans le billet du dessous nous avons été obligés de supporter le spectacle avilissant de deux vieux chevaux de trait piémontais sur le retour qui aimeraient bien retourner dans l'écurie neuve du temps de leur vingt ans, oui mais voilà, Madame Annie remplit toujours les verres, mais l'orthographe des susdits a changé.

De l'avis de tous les charognards de cimetière, elle restait, même en ayant changé de gastos, la reine de la tortore à travailleurs car ne vous y trompez pas, sous leurs dehors lymphatiques, les vers, iules et autres cloportes ne rechignent pas devant la tache. Le lombric, par exemple, que certains pharisiens (oui, j'ai choisi de rajouter une "H", aujourd'hui) essayent d'humilier par le diminutif de "vermisseau", peut faire transiter 20 à 30 fois son volume en terre par son tube digestif.

Par jour. Gros mangeur, le ver de terre.

Extrapolé à l'échelle de Depardieu, ça fait frémir le fournisseur.

Je taquine mes compagnons mais je suis comme eux. Je me suis pris de colère en tombant là-dessus ! C'est que je m'y suis régalé et léché les doigts des dizaines de fois dans ce temple de la cuisine saine et roborative. Un must ! Une ambiance et un sens de l'accueil extraordinaire, le patron, un petit bonhomme hyperactif qui devait lever les bras pour poser les plats sur les tables, y était pour beaucoup. Et la cuisine était l'antre d'un génie. Pour des clopinettes mais il se rattrapait sur le nombre car c'était toujours bondé. Pourtant, c'est au bout du trou du cul du monde, Réveillon, mais il fallait pas insister longtemps pour nous faire faire le détour.

Alors bon j'aime le Jazz, avec le bon vieux Blues rural c'est même ma musique préférée, mais là, voir LE Réveillon, MON Réveillon racheté par un anglophone qui bourre ses clients avec du décongelé yankee, il me monte une vieille envie de recommencer Trafalgar et, à part la mort de Nelson, la fin ne serait pas du tout la même ! Bullshit !

Combien de ces endroits honnêtes, humains, chaleureux, généreux ont-ils disparu ? Véritables anti-dépresseurs et briseurs de grêves, ils donnaient envie de se lever le matin :

- Ha, on est sur Mortagne-au-perche aujourd'hui, on va pouvoir manger AU Réveillon....

- Chouette !

- Troize !

- Super, ça faisait un bail !

Que sont mes amis devenus ? Que c'est triste, Mortagne... au temps des boudins-pommes... Me voici gai comme un week-end pluvieux sur le lac Rymal et pourtant, pas plus tard que Lundi dernier, on a trouvé par hasard le même genre d'endroit préservé du temps, des modes et des indexations tarifaires.

Je cuvais mon week-end passé avec Françoise et Blutch , conduisant d'instinct, le regard plus qu'à moitié occulté sur cette A75 dont nous aimons la gratuité et les paysages grandioses. Non mais comment peut-on descendre dans le midi par cette horrible A7 ? La nationale , passe encore, à l'époque de Trénet, elle était bordée de platanes, je la lui concède, mais se farcir le monotone canal rhodanien, le tunnel de Fourvière, non merci ou alors les péages seraient là pour me rembourser le désagrément ?

Où en étais-je ? Oui, un peu après Saint Flour, la faim se faisant remarquer, je prends la sortie "Saint Chély d'Apcher", à la frontière entre Aubrac et Margeride, ça sent le terroir profond, vous ne risquez pas d'y croiser Andiamo, une carence en CO ou en SO2 est si vite arrivée, c'est qu'il lui faut sa dose quotidienne et il est pas beau à voir en état de manque, notre Agecanonix !

Enfin, je me gare entre 3 restos et l'instinct, toujours lui, que j'ai re-aiguisé toute ma vie en le frottant à celui des bêtes, me fait choisir le plus minable d'aspect. Je passe devant les 2 autres en crachant sur leur paillasson, ne me demandez pas pourquoi, je ne les sentais pas. On pousse la porte de la gargotte élue, la petite salle est pleine, 2 longues tables remplies d'habitués, que des hommes d'un chantier d'à côté sans doute, et merde, on est en retard, les prolos se mettent à table à midi dix, l'heure du pastis, d'ailleurs, tout à l'heure, quand ils se lèveront pour retourner au turbin, les plaisanteries ne manqueront pas d'être lancées vers nous : "ah yen a qui ont de la chance d'être en vacances !" ou "Venez avec nous, on vous embauche...". On s'était fait remarquer.

La patronne est un peu apeurée à l'idée de recevoir de la clientèle de passage. Des citadins ? Pire : des parisiens, peut-être ? Est-ce que je sais ce que ça mange, ces bêtes-là ? Elle nous montre quand même du menton (elle est en train d'essuyer des verres, au fond du café) une table dressée pour deux personnes, okazou. Okazou mon œil, nous étions bel et bien attendus ! Je sais reconnaitre les signes, mézigue. On s'assoit, impressionnés d'avoir été admis dans ce club sélectif. Elle s'approche, nous demande d'un air dubitatif :

- Vous ne voulez pas de potage ?

- Si si ! Avec plaisir !

Du coup elle revient, un peu rassérénée mais c'est pas encore le top et elle dépose devant nous une grosse gamelle, qu'elle nous laisse. Et puis elle essaye à nouveau :

- Et du vin, vous en voulez ?

- Ben oui, un peu, quoi...

Je me penche, je hume, putain le fumet ! On se sert largement, on goûte, c'est une soupe de patates (pour l'onctueux) avec plein d'herbes, je reconnais du pissenlit à la forme des feuilles mais ya aussi de l'ortie et peut-être de l'oseille (c'est la saison), en tout cas, ça appelle le rab'. J'empile nos deux assiettes et leurs cuillères en bout de table, comme à la cantine et elle rapplique avec un saladier de lentilles / tomates / oignons / vinaigrette. C'est frais, c'est sain, bon, quand ça sera la saison des tomates, ce sera encore meilleur, mais ne boudons pas notre plaisir, les lentilles sont vertes et viennent sans doute d'un voisin du Puy. Elle remballe nos assiettes à nouveau bien rangées au bout d...(voir plus haut) et elle rapplique avec une grosse et oblongue jatte en terre remplie d'endives braisées au jus de viande, plus 2 grosses côtelettes de porc grillées. Comment a-t-elle su que c'était mon plat préféré ? En plus elle sont parfaites, fondantes, colorées, ça c'est du mijoté au coin de la cuisinière ou je n'y connais rien. Là nous commençons à être bien calés. Le vin a un petit côté râpeux qui me ravit et qui s'harmonise parfaitement avec l'esthétique du lieu. Oui car quelqu'un de la famille est un adepte du puzzle et s'est occupé de la déco en suspendant ses œuvres au mur du bar. C'est totalement injuste mais j'ai déjà vu des enquêteurs du Michelin refuser une étoile pour moins que ça.

Le fromage arrive, non : "les" car elle nous laisse le plateau et repart, cela semble une règle intangible de la maison, tout est à volonté et elle file se cacher pour nous épargner la honte d'être regardés nous goinfrant. Cette élégance discrète dans le service, aucun grand chef primé ne la possède puisqu'ils nous flanquent de loufiats indiscrets zieutant le moindre de nos écarts de régime. Les frometons sont d'origine correcte, malheureusement le turn-over de l'endroit est tel qu'elle n'a pas le temps de les laisser vieillir autant qu'il le faudrait. Dommage, son Saint-Nectaire, son Cantal et son bleu venaient aussi de voisins sérieux. Le dessert suit, et de gros éclairs au café, à l'ancienne, arrivent dans notre assiette, loin de cette mode qui consiste à vendre plus cher ce qui pèse moins, avec une étiquette "gâteaux de soirée", "petits fours", "mini-bouchées" etc...

On demande la note : 12 € TTC par personne et tout compris.

Ça mérite bien une petite pub, non ?

Voilà, c'est ici

Vous demandez Ginette, de la part de Saoul-Fifre et de Margotte, Ginette risque de vous regarder bizarrement, mais elle vous servira comme elle nous a servis, comme des rois.

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