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vendredi 4 décembre 2009

AndiamoLes moulins à eau



Après les moulins à vent, j'ai voulu parler des moulins à eau... logique non ?


Qui n’a jamais rencontré, au détour d’un chemin, en longeant une rivière, ou un torrent, un moulin à eau ?

Peu de chance aujourd’hui de les voir fonctionner, comme leurs frères les moulins à vent : il y a belle lurette qu’ils se sont arrêtés de tourner, de moudre ou d’actionner des lames pour les petites scieries ainsi que des martinets, dont le martèlement rythmait la vie des petits hameaux de montagne.

Il subsiste dans le Haut Bréda, en Isère, une vallée qui au XIXème siècle abritait des gisements de minerai de fer, d’une très haute qualité. Ce minerai est encore exploité en petite quantité, il sert à l’élaboration des aimants de haute technologie.

Les moulins à eau actionnaient des martinets, qui ne sont autres que des marteaux pilons, servant à former l’acier, quand celui-ci a été porté au rouge. Ainsi trouve-t-on dans cette vallée, des villages, des hameaux aux noms évocateurs : La Ferrière, petit village proche d’Allevard ; Chinfert, un hameau ; et enfin La Martinière, un autre hameau qui devait héberger, en des temps lointains, un martinet. Et combien de lieux-dits du genre "La Martinette", croisés lors de randonnées dans ces magnifiques régions alpines.

Et pourtant, quel charme ! Ne sont-ils pas mignons et bucoliques à souhait ?

J’ai cherché des photos… Et j’en ai trouvé, je me suis amusé à dessiner ces jolis moulins, notamment ceux qui actionnaient des scieries, et des martinets.

Allez, un petit avant-goût de vacances montagnardes ! Personnellement, c’est à la montagne que je me sens le mieux, loin de la foule et de la "grouillerie".

Quand je pouvais encore pratiquer le ski, je m’offrais deux semaines de sports d’hiver, et l’été c’était les séjours dans le massif de Belledonne, les randonnées sur les sentiers, les cascades, et les lacs d’altitude, les cimes éternellement blanches.

J’aime bien aussi l’Ardèche, un joli compromis entre montagne et Provence, un climat propice aux longues baignades, dont je raffole, et aux descentes en canoë, dans des gorges vertigineuses.



Moulin de Vanneau (Yonne).

C'est un moulin de type "terrier" construit directement sur le cours d'eau. Si le site ne se prêtait pas à la construction, on établissait un canal de dérivation.



moulin de Saint Félix (Haute-Savoie)

Ce moulin actionnait un martinet.



Ancienne scierie Angon sur Talloires (Haute-Savoie)



Moulin des Germenais (Savoie)



Inconnu : I'm very sorry beaucoup ! Mais je l'ai trouvé tellement beau que je n'ai pas résisté à l'envie de le dessiner !



Moulin à La Thuile (Entrenant), Haute-Savoie.



Nettement moins bucoliques, mais redoutablement efficaces : les turbines à eau alimentées par des "conduites forcées". Ces longs tubes d'acier de gros diamètre qui captent l'eau dans des lacs d'altitude, artificiels ou naturels. L'eau ainsi captée arrive à grande vitesse et sous haute pression dans la turbine, la faisant tourner à grande vitesse.

La turbine est elle-même couplée à une génératrice qui fournira l'électricité. Voilà une énergie propre : ça c'est vrai, ça !

P-S : Pour tous ceux qui pensent que les éoliennes sont disgracieuses et bruyantes une solution : ENTERRONS-LES ! comme le dit Laurent Gerra.

(Cht'iots crobards Andiamo pour Blogbo. 2009)

mardi 1 décembre 2009

Saoul-FifrePlus c'est gros, mieux ça passe

Chirac citait cette phrase souvent, et avec un grand sourire, lui-même payé grassement pour savoir sa vérité profonde, mais il l'empruntait à ce bon docteur Goebbels, le ministre de la propagande de Hitler. Chirac ne se vantait guère de cette redoutable filiation, d'ailleurs.

La phrase a un énorme succès chez nos amis politiques. Ils s'en servent d'alibi, de justification, voire d'absolution pour leurs pires forfaits. Le cynisme nazi méprisant a été relooké aux couleurs de la bonne blague des familles. Pourquoi se priver ? Plus c'est gros, mieux ça passe, on vous dit.

Oui mais des fois, ça bloque. Et l'histoire récente du Prince Jean Sarkozy, qui a appris à la France d'en bas la signification du mot "népotisme", en est un bel exemple. D'accord, ils nous la mettent bien profond depuis un moment, c'est vrai, nous nous laissions faire, certains d'entre nous pouvaient même donner l'impression d'aimer ça, mais il arrive un diamètre, un volume au-delà duquel nous crions "Halte au feu, ça brûle, stop, machine arrière toute, n'en faut pus, Maman, c'est du XXL et je taille du deux ans, sans oublier que j'ai toujours été très douillet..."

Le moment est peut-être venu de lancer la nouvelle lapalissade pleine de vérité "Plus c'est gros, plus ça coince". On ne peut pas à la fois se faire élire avec un gros discours démago sur la méritocratie et l'égalité des chances... et pistonner à donf le fissou, cancre authentique qui est en train de tripler sa deuxième année de Droit ! Et que, si cette combinazione avait marché, nous retrouvions président de l'EPAD et du département des Hauts de Seine à 24 ans.

Comme le Prince Jean, le vrai, a trahi son père Henri II d'Angleterre (dont il était le préféré), je vous ai écrit cette comptine, sur l'air hyper connu de l'Empereur, sa femme et le p'tit Prince

Marché d'Neuilly
Nico, Carla et le p'tit Prince
Sont là pour sourire
Et pour serrer des pinces.

Comme c'est un beau quartier
Le prince Jean a fait :
Je suis d'l'UMP
Pour moi, il faut voter !

Au Département
Nico, Carla et le p'tit Prince
Sont là pour sourire
Et pour serrer des pinces.

Comme il est pistonné
Le Princ' Jean a crié :
Je f'rais un parfait
Chef de groupe UMP !

Quartier d'la Défense
Nico, Carla et le p'tit Prince
Sont là pour sourire
Et pour serrer des pinces.

Comme y avait à gratter
Le prince Jean a fait :
Élisez-moi là
Sinon P'pa vous tuera !

Palais d'l'Elysée
Sur le perron, ya le p'tit prince
Il a son grand sourire
Et il serre des pinces.

Le fiston a gagné
Papa, pris sa raclée
Bon sang ne saurait
Mentir dans ce foyer !

samedi 28 novembre 2009

Tant-BourrinBrouillon de culture (5)

Allez, on ne lâche pas l'affaire : voici un nouveau quart d'heure culturel destiné à élever intellectuellement les lecteurs de ce blog. Les petits nouveaux peuvent s'offrir des cours de rattrapage , , et itou...

Voici donc quelques chefs-d'oeuvre de la littérature mondiale, sélectionnés par votre serviteur dans sa bibliothèque, dont je ne saurais que trop vous recommander la lecture...





Le désir de tartare - Dîno Buzzattend

Un roman magistral sur le thème de la fuite du temps. Le héros, Giovanni Drogo, décide un soir d'aller manger au restaurant "chez Bastiani", car il rêve de déguster un steak tartare.

Mais après avoir passé sa commande débute une longue, une très longue attente. Les heures, puis les jours passent. Giovanni Drogo essaie bien de temps à autre de héler un des serveurs. Ceux-ci lui affirment invariablement que ça ne va pas tarder. Alors Giovanni s'enferme peu à peu dans la routine. Avec les autres clients du restaurant, il rêve du jour où son tartare apparaîtra aux confins de la salle du restaurant.

Bien longtemps après, allant un jour aux toilettes, il réalise en voyant le reflet dans la glace qu'il est un vieillard et qu'il n'a rien fait de sa vie, sinon attendre son steak tartare.

Vient enfin le jour où un serveur sans âge sort péniblement, appuyé sur un déambulateur, des cuisines du restaurant en tenant le steak tartare de Giovanni. Il est hélas trop tard pour ce dernier : les médecins urgentistes sont venus le chercher et l'évacuent sur un brancard. A défaut de manger son steak tartare, il bouffera bientôt des pissenlits par la racine.





Adipeux roi - Sophoque

Cette tragédie est un des chefs-d'oeuvre de la graisse antique.

Un oracle prédit un jour au jeune Adipeux qu'il tuerait son père et épouserait sa mère, ce qui lui en touche une sans faire bouger l'autre, vu qu'Adipeux sait bien que tous les oracles sont des charlatans et des escrocs. Des années plus tard, après avoir attiré l'attention des médias en inventant une recette de sphinx aillé aux petits lardons grillé à la broche, Adipeux est sollicité pour animer l'émission culinaire "pour qui chauffe le gras ?", en remplacement de Laïos, le présentateur précédent, jugé trop maigre pour séduire les ménagères de moins de cinquante ans.

Il tombe aussitôt amoureux de Jocaste, la fille de Maïté, qui coanime l'émission tout en rondeurs. A eux deux, ils font vite péter l'audimat et le taux de cholestérol des téléspectateurs.

Ils décident un jour de se marier et vendent l'exclusivité des photos de la cérémonie à Voiça. Un journaliste de Gali, déçu, lui révèle alors que Laïos vient de décéder après avoir préparé chez lui et mangé un "délice de gras de porc à la graisse d'oie", une recette imaginée et présentée par Adipeux lors de l'émission précédente. Le journaliste prend en outre un malin plaisir à lui révéler que le vieux Laïos était son père et que Jocaste était sa mère.

Adipeux tombe des nues : il n'avait pas vu sa mère depuis vingt ans, et il n'avait pas reconnu la frêle jeune femme qu'elle était alors dans la sphère graisseuse quasi-parfaite qu'elle est devenue. Face à la menace du scandale de ces révélations dans Gali, Jocaste se suicide en s'enfermant dans son four et en se faisant cuire pendant 45 min à thermostat 7. Désespéré, Adipeux quitte tout et part en exil sur Arte pour y animer une version existentialiste de la "roue de la fortune".





Don Quichochotte - Miguel de Chercontès

Immense chef-d'oeuvre de la littérature médiévale, ce livre conte les aventures d'un pauvre hidalgo de la Manche, obsédé par les livres de broderie et qui finit lui-même par se prendre pour un grand artiste des travaux d'aiguille.

Aidé par Sancho Pincette, un bouseux stupide du coin auquel il fait miroiter la promesse de 10% sur les ventes de broderies et de canevas, il parcourt toutes les merceries d'Espagne. L'essentiel du livre narre ensuite par le détail les travaux de broderie de Don Quichochotte.

Dans l'un des passages les plus homériques du récit, celui-ci réalise un canevas représentant des moulins à vent. Mais ceux-ci sont peu ressemblants, tant et si bien que Don Quichochotte s'exclame qu'on jurerait des géants.

En résumé, un livre qui tiendra le lecteur en haleine, recommandé par la Faculté de médecine pour le traitement des insomnies.





Buvard et PQ cher - Gustave Flots-verts

Deux hommes font connaissance, un jour d'été, dans les rues de Paris, et découvrent qu'ils exercent le même métier de copiste et ont des centres d'intérêts communs.

Ils décident de s'associer et vont reprendre une ferme dans le Calvados. Mais leur bêtise crasse et leurs choix désastreux vont les amener à la faillite. Ils vont ensuite tenter leur chance dans la médecine, la chimie, la géologie, la politique, mais avec autant d'échec.

Finalement, c'est le renchérissement des matières premières, notamment du papier, qui leur donne l'idée géniale qui va faire leur fortune : ils vendent à prix d'or sur le marché tous les buvards usagés de leur administration en guise de papier-toilette. Mais leur succes-story prends brutalement fin quand certains de leurs clients les traînent devant les tribunaux après s'être aperçu qu'ils avaient des bilans comptables imprimés sur les fesses.

mercredi 25 novembre 2009

AndiamoQuand on chantait

Avant l’arrivée des baladeurs et autres MP3, je me souviens que les gens chantaient. Bien sûr, pas de musique dans nos spartiates autos, et encore moins de télévision ! Ne vous marrez pas : il y en a de plus en plus, paraît-il, et pas seulement à la place des passagers arrières !

Alors nous chantions ! Parfois à tue-tête, il m’arrivait de me prendre pour un ténor quand, en partant le matin sur ma moto, j’entonnais une chanson de Sacha Distel ou de Gilbert Bécaud. Pareil même chose (wouarf) lorsque je me rendais de Villefranche-de-Lauragais à Toulouse pour aller bosser chez l’avionneur Bréguet, le matin de bonne heure, 35 à 40 minutes de trajet. En 1962, pas de radio dans ma deudeuch ! Alors je chantais rien que pour moi des chansons de Léo Ferré ou de Georges Brassens, j’en connaissais beaucoup "par cœur".

Il n’y a pas si longtemps, lors d’une soirée, une amie et moi avons chanté en chœur "comme à Ostende" de ce vieux Léo ! Elle connaît mine de... pas mal de chansons, bien rangées dans sa tête bien faite !

J’entendais, sur une station radio, Jean-Marc Thibault qui déclarait connaître plus de 1000 chansons. Je ne sais si c’est vrai, mais assurément il en connaît beaucoup.

Force était de les apprendre, car il n’y avait rien d’autre pour écouter ce que l’on aimait en dehors de chez soi, rien qui puisse vous faire écouter de la musique hormis les 45 tours, assez chers tout de même. On les écoutait sur nos électrophones munis d’un haut-parleur, on était loin de la stéréo-fifi !

Et puis aussi une tradition disparue HELAS ! J’écris hélas car, bien que n’étant pas (trop) nostalgique du passé, je trouvais charmante cette coutume qu’après les repas de famille, de première communion ou de mariage, chacun "pousse" la sienne comme on disait à l’époque.

Chacun avait avait "sa" chanson : ma grand’mère chantait "l’ange rouge", une goualante réaliste, l’ange rouge étant la guerre, celle de 14-18, la grande, la seule, la vraie, comme elle nous le rappelait, elle y avait perdu ses deux frères de 20 et 21 ans, son mari plus tard, mon grand-père mort des suites de cette horrible carnage.

Je me souviens encore des paroles du début :

Regardez-le chevaucher dans l’espace.
Regardez-le : c’est l’ange rouge qui passe.

C’est primesautier, n’est-ce-pas ?

Un oncle nous chantait "les baisers quand ils sont bien donnés"... Quand il attaquait ça, la tante lui jetait un regard courroucé, c’était le signe que tonton en avait un coup dans la huche. S’il peut lire par-dessus mon épaule depuis là-haut, il doit bien se marrer, ce petit bonhomme jovial… Sacré Félix !

A la fin des repas de famille, certains racontaient des histoires à ne pas mettre dans toutes les oreilles. Les "grands" attendaient que les enfants soient partis jouer dans la cour ou dans une autre pièce, alors ils en profitaient pour raconter la dernière... parfois entendue un an auparavant, mais on faisait semblant de la découvrir et on riait, ça mange pas d’pain et puis ça faisait plaisir au conteur.

Lors des mariages (plus que pour les premières communions), les chansons de corps de garde étaient à l’honneur : depuis le "plaisir des Dieux" jusqu’à la "petite Charlotte", en passant par les "trois orfèvres", tout y passait ! Les dames (un peu hypocrites) poussaient des "OH !" d’indignation, tandis que les messieurs jouaient les fiers-à-bras, les "affranchis", les "j’en ai vu d’autres" !

Dans les ateliers de couture, de mécanique, dans les manufactures, les ouvrières, les ouvriers chantaient ou sifflotaient en travaillant. J’ai travaillé un moment chez Bourjois, le parfumeur. A l’époque, l’entreprise était située à Pantin. Sept cents femmes y travaillaient. Je réglais les machines de conditionnement, j’étais célibataire, elles m’en ont parfois fait voir de toutes les couleurs, ça allait de "mécano de mes deux" quand elles n’étaient pas contentes à "viens mon chéri, je vais t’offrir un bonbec" ! Tout ça dépendait de leur humeur, mais bon, ça n’était pas bien méchant et en tout cas sans rancune.

Toutes ces femmes chantaient, souvent très bien. Avec leur star’ac à la con, ils peuvent aller se faire foutre ! J’entendais parfois des voix magnifiques. Avec des cours de chant, je pense sincèrement que certaines auraient pu faire une carrière, mais ça n’était pas bien la mode, et puis elles n’avaient pas l’aplomb nécessaire, venant comme moi de milieux modestes où on ne connaissait pas toutes ces choses. Alors elles chantaient pour leurs collègues, pour leur mettre le cœur à l’ouvrage, emballer des flacons de parfum à longueur de journée, le dos courbé, toujours le même boulot ou presque, il fallait avoir un sacré moral !

Dans d’autres entreprises, j’ai connu d’autres "laborieuses" penchées sur des tours à décolleter, la même pièce à longueur d’année, derrière elles les tonneaux métalliques remplis de pièces en ferraille, tournant pendant des heures pour ébavurer les dites pièces.

Le vacarme : INFERNAL ! Elles ne bronchaient pas, elles chantonnaient même, pour elles bien sûr, car dans ce brouhaha il fallait hurler pour se faire entendre. Je restais le minimum de temps dans ces lieux, le réglage de la machine terminé, je me réfugiais dans des lieux plus calmes… Beaucoup plus calmes !

J’admirais et j’admire toujours ces femmes, bosseuses, appliquées, toujours souriantes… Eh oui ! Elles ont fait les trente glorieuses… Glorieuses pour qui ?

Quand elles sortaient le soir de leur usine ou de leur manufacture, ça n’étaient plus les mêmes : envolés les fichus, disparus les longs tabliers blancs, les chaussures informes et graisseuses remplacées par de jolis escarpins ! Ouvrières mais coquettes, seules les trahissaient leurs mains aux coupures multiples dues aux copeaux de métal ou, pour les petites ouvrières de chez Bourjois, l’entêtant - car en trop forte quantité - N°5 de Chanel (mis en flacons et élaboré à Pantin à l’époque).

Dans le bus qui les ramenait chez elles, c’étaient des plaisanteries avec le receveur (disparus aujourd’hui, les receveurs). J’en ai vu chanter et danser - mais oui ! - avec le préposé au compostage des billets sur la plate-forme des antiques Renault TN 4F. Elles bossaient dur, ces jeunes filles, ces jeunes femmes, ces jeunes mères et ces grand-mères, mais je n'ai jamais entendu l’une d’elles se plaindre du boulot ni de l’ambiance !

J’ai bossé dur parfois, mais bon c’était comme ça, j’ai connu bien sûr des chefaillons à la con comme tout le monde, mais je ne me suis jamais plaint de l’ambiance avec mes collègues. Il y en avait qu’on laissait un peu de côté car ils n’étaient pas "faciles", mais ce qui est sûr c’est que l’ambiance était excellente, les copains chantaient dans les ateliers ! Aujourd’hui encore, nous sommes pas mal à nous fréquenter, à nous retrouver pour une bonne bouffe.

Incroyable mais vrai, j’ai interrompu un moment l’écriture car un copain de boulot, que je n’ai pas revu en "vrai" depuis longtemps, mais que grâce au net j’ai retrouvé, est venu bavarder et m’offrir son sourire par caméra interposée, au moment où je parlais de mes anciens collègues… Coïncidence ?

Plus tard, vers 1985, quand j’ai dû changer de boîte biscotte le chomdu, j’ai travaillé dans pas mal d’entreprises, et il est vrai que si le boulot me plaisait beaucoup, car très intéressant, l’ambiance n’y était pas, ou plutôt n’y était plus, et je crois bien que j’étais le seul à chanter en travaillant.

dimanche 22 novembre 2009

Saoul-FifreLa grande goélette noire

Je ne sais pas du tout pourquoi cette fille m'a de suite donné envie de m'embarquer sur elle. Ni pourquoi son corps m'a évoqué une coque, ni pourquoi ses vêtements, quand elle dansait sur la piste de cette boite de nuit, me semblaient des voiles claquant au vent et ses bras, des mâts et ses yeux, des lanternes... Il faisait sombre, c'est vrai, mais j'avais plus surement sans doute besoin qu'elle me prenne, qu'elle m'enlève et me séquestre loin, dans quelque île de forbans où elle m'initierait à des plaisirs interlopes.

Ce qu'elle fit en quelque sorte (moins les plaisirs interlopes) puisqu'elle me ramena chez moi dans sa deux-chevaux tandis que mes amis rentraient de leur côté. Nous devînmes amis et, de la mieux connaitre, mon désir grandit de fouler son pont et de la visiter de la quille au poste de vigie.

Un jour je pris mon courage à deux mains et, en guise de déclaration d'Amour, je lui tendis ce texte, écrit pour elle.

- "Tiens, regarde ce que tu m'as inspiré". Avec de multiples précautions oratoires, car elle était gentille, elle me fit comprendre qu'elle ne désirait pas pousser plus avant notre relation ni me prendre à son bord.

J'ai été amoureux d'une grande goélette noire
Qui dansait au bruit du vent du large
Dans la lumière des îles
Ou bien qui se taisait, tranquille
Avant les abordages.

Dans la grande nuit des solstices
Sur la route des quarantièmes
Du haut des grandes lames, comme une reine
Elle dominait le précipice
Oubliant un instant qu'à la fin
Elle rejoindrait les âmes en peine
Mortes, des marins.

J'ai gardé dans mes oreilles la tempête de ses voiles
Dans mes yeux, son fanal sous les étoiles
Son sillage à la mousse aux enzimes
Que rejetait le commis de cuisine
Boites de conserve, arêtes de poissons
Épluchures, repas vomi depuis l'entrepont.

J'ai encore en mémoire sa figure de proue
La haute stature et les coups de fouet du gabelou
La générosité naturelle au marin
Qui le faisait déféquer chaque matin
Un long boudin nauséabond
En guise de nourriture aux poissons.

Je garderai toujours en moi les chansons douces sous la lune
Qui parlaient de putains, blondes ou brunes
Quand le marin revient enfin au port
Sa femme, sur le quai, s'inquiète de son sort
Mais lui n'a qu'une idée en tête :
Ça va être sa fête !

J'ai été amoureux d'une grande goélette noire
Qui donnait du froid, du vent, des larmes
À des esclaves dociles
Ou bien qui les jetait, tranquille
Par le bastingage ...

À la relecture de ce vieux texte, des années plus tard, à cœur reposé, je n'hésite pas à reconnaitre que je comprends parfaitement sa réponse négative. J'avoue que dans ma quête d'un peu de chaleur humaine et féminine, je plaçais la barre assez haut et que peu d'élues parvenaient à la franchir.

Mon système de sélection était rude, je l'admets volontiers. Mais, tout grave psychopathe que je semblais être, je souhaitais tout simplement découvrir l'être rare et fou capable de m'aimer pour le pire et l'un peu moins pire.

J'ai fini par le trouver, à l'aide d'un piège à filles du même acabit, à l'entrée quasi inaccessible, avec un de ces appâts à l'efficacité des plus improbables.

jeudi 19 novembre 2009

Tant-BourrinInstinct de survie

Zacharie Dantère n'avait jamais eu de chance dans la vie.

D'abord parce que, dès la naissance, ses parents avait eu la riche idée de lui donner un prénom qui, accolé à son nom, provoqua la joie de ses camarades de classe. Combien de fois avait-il eu droit à des "tu aimes jouer à la roulette ?", des "ramène pas ta fraise" ou des "t'es vraiment gâté" ironiques ?

Et puis, plus tard, après des études sans éclat, il trouva un poste d'expert-comptable dans un groupe industriel spécialisé dans les confiseries (ce qui ne fit que relancer la vague de quolibets sur son nom), groupe dans lequel sa carrière fut barrée par les pistonnés, les manipulateurs et autres jeunes loups aux dents longues.

Comme sa vie privée n'avait rien de plus reluisant - un mariage, suivi quelques années après d'un divorce, et puis le grand vide -, on comprend aisément que Zacharie ne présentait pas, à quarante-cinq ans, le profil de l'homme épanoui.

Mais voilà : la vie, parfois, alors qu'elle ne semble être qu'un morne ruisseau charriant des tombereaux de jours d'ennui en pleine décomposition, se transforme soudainement en chutes du Niagara. Et tout bascule alors.

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lundi 16 novembre 2009

AndiamoDessins salés

Ce billet aurait pu s’appeler : "aux hommes et aux femmes de la mer"…

La mer, je la respecte trop pour en parler, je ne dirais que des conneries ! Alors j’ai préféré faire des ch’tiots crobards, vous en connaissez certains, d’autres sont nouveaux.

J’ai demandé à Tant-Bourrin de m’aider pour faire le montage, quand je dis m’aider… Il a tout fait, oui ! Parce que je suis nul pour ce boulot.

La mer, c’est comme la montagne, impardonnable, la nature n’aime pas les cons et le leur rappelle à chaque fois qu’on ne l’aborde pas avec humilité et un profond respect.

Mais la montagne comme la mer vous offrent parfois des moments bénis, des instants uniques, qu’il faut savoir prendre et considérer comme un cadeau et non comme un dû… Un peu comme avec les femmes, Messieurs !

Aux hommes et femmes de la mer, aux conquérants de l’inutile, aux fous rêveurs, mais le rêve est-il inutile ?

A tous ceux qui ont cru aux Eldorados, aux horizons infinis, aux paradis lointains, à tous ceux qui pensent qu’ailleurs l’herbe est plus verte…

Eric TABARLY, Florence ARTAUD, Sir CHICHESTER, Isabelle AUTISSIER, Olivier De KERSAUSON , Ellen Mc ARTHUR, Sir Peter BLAKE, Alain COLAS, Maud FONTENOY, Bruno PEYRON, Catherine CHABAU, Michel DESJOYEAUX…Sans oublier : Bernard MOITESSIER Et bien d’autres...


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