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mercredi 5 mai 2010

AndiamoL'amiral Tortonov

Cette petite histoire, ou plutôt ce monologue m’a été récité deux fois par un copain, il y a fort longtemps.

Je ne pourrai pas vous restituer le texte original, et vous le comprendrez aisément. Toutefois j’en ai retenu l’essentiel et c’est bien ce qui compte n’est-ce-pas ?

Si un de nos lecteurs le connaît dans son intégralité, il peut le faire parvenir à BLOGBO… Merci.


Nous sommes en mai 1919, le Tsar Nicolas II a été exécuté voici dix mois.

Sa cousine Germaine, la Princesse Sonia, fort jolie veuve du colonel Bourbaski, assassiné lui aussi par les troupes Bolchéviques, reçoit, dans son grand salon de l’avenue Malakoff, l’Amiral Tortonov.

L’amiral Tortonov était grand amiral en chef de la flotte impériale de Nicolas II, Tsar de toutes les Russies. Il a miraculeusement échappé au massacre, et comme grand nombre de ses concitoyens il s’est réfugié en France, plus précisément à Paris.

Si il est là aujourd’hui, c’est pour être présenté aux filles de la Princesse Sonia, ceci afin d’en choisir une et l’épouser.

Le grand samovar d’argent encore fumant trône sur un guéridon aux incrustations d’ivoire. Le thé a été servi dans un délicat service de porcelaine aux armes de la famille Romanof.

Alors, pour la première fois de sa vie, la Princesse Sonia frappa dans ses mains.

Apparût une jeune fille aussi douce que belle, qui s’exprima en ces termes :

- Bonjour Amiral ! Amiral bonjour ! J’ai dix-sept ans, je suis vierge, je joue de la canne et du chapeau, je culotte admirablement les pipes, et je possède en outre quelques talents de société dont je vais vous donner la primeur.

S’étant placée face à la porte, puis s’étant reculée de cinq pas, elle se retroussa par devant, et là… D’un jet aussi fin que bien ajusté, elle urina à travers le trou de la serrure et ce… sans en mouiller les bords !

- KARACHO ! KARACHO ! s’écria l’Amiral : jeune fille, vous serez ma femme !

- Du calme Amiral, Amiral du calme : vitesse et précipitation sont souvent sources de déboires et de désillusions.

Alors pour la seconde fois de sa vie, la Princesse Sonia frappa dans ses mains.

Apparût une jeune fille aussi douce que belle, qui s’exprima en ces termes :

- Bonjour Amiral ! Amiral bonjour ! J’ai dix-huit ans, je suis vierge, je joue de la canne et du chapeau, je culotte admirablement les pipes, et je possède en outre quelques talents de société dont je vais vous donner la primeur.

Ayant disposé aux quatre coins du billard quatre bougies allumées, elle se retroussa par derrière, puis s’éloigna de six pas, et là d’un pet aussi magistral que bien ajusté : elle souffla les quatre bougies d’un coup, d’un seul, et ce… sans utiliser les bandes !

- KARACHO ! KARACHO ! s’écria l’Amiral : jeune fille, vous serez ma femme !

- Du calme Amiral, Amiral du calme : vitesse et précipitation sont souvent sources de déboires et de désillusions.

Alors, pour la troisième fois de sa vie, la Princesse Sonia frappa dans ses mains.

Apparût une jeune fille aussi douce que belle qui s’exprima en ces termes :

- Bonjour Amiral ! Amiral bonjour ! J’ai dix-neuf ans, je suis vierge, je joue de la canne et du chapeau, je culotte admirablement les pipes, et je possède en outre quelques talents de société, dont je vais vous donner la primeur.

Ayant saisi dans la grande coupe d’argent une noisette, elle s’allongea sur le dos, après s’être retroussée par devant, puis elle lança le fruit en l’air et le recueillit avec la partie la plus intime de son individu et là, d’un ciseau aussi violent que bien ajusté, elle fendit la coque en deux et ce… sans en esquinter l’amande !

- KARACHO ! KARACHO ! s’écria l’Amiral : jeune fille, vous serez ma femme !

Ils se marièrent, le temps passa, l’Amiral Tortonov n’est plus, quant à sa jolie veuve, il lui arrive encore de faire montre de ses talents de société.

Mais ça n’est plus avec une noisette qu’elle se met sur le dos… C’est avec une noix de coco !

dimanche 2 mai 2010

Tant-BourrinSex toy

Ah, mon Dieu, quel émoi au pays des jouets !
Car Mirou vit tantôt son ami le pantin
Se promener gaiement, la culotte trouée,
Qui laissait entrevoir un peu son popotin.

A force de marcher, son accroc s'élargit
Et chacun put mirer ses bijoux de famille.
Quand il s'en aperçut, le pantin en rougit
Et s'en alla quérir du fil et une aiguille.



Moralité :



Oui-Oui, Oui-Oui l'recoud...
Oui-Oui, Oui-Oui l'recoud...

jeudi 29 avril 2010

Saoul-FifreEve-ligne

Mais où est Evelyne ?

Dès qu'elle s'éloigne un peu de lui, il répète cette question "Mais où est passée Evelyne ?". C'est un évelino-dépendant. Quand elle se rapproche, il est rassuré. Elle a une importance énorme dans sa vie. Il s'approprie son travail. Il a besoin de son écoute. Que ferait-il sans aide, sans elle, sans cette femme qu'il veut là, à son côté, disponible, heureuse même, au besoin ?

C'est un nombril énorme, bourré de neurones très intelligents et de compétences raffinées. Mais c'est un enfant, perdu sans sa présence féminine. Sa colonne vertébrale, c'est elle. Sa stature debout, c'est grâce à elle. S'en désincarcerait-elle qu'il se répandrait, liquide, sur le sol.

C'est une responsabilité.

Elle se tracasse du bruit que produirait son envol. Elle a peur d'être désignée comme seule coupable par l'enfant commun. Elle est peut-être émue, aussi, par toute cette fragilité ? Ou solidaire, consœur d'inquiétude ?

Mais qui est Evelyne, hors de ce rôle qu'on lui a tendu ?

Elle est Elle, pleine d'espérance et de génialogies qui n'appartiennent qu'à Elle. Elle est celle, en tout cas, qui a su aligner sur du papier les beaux vers libres qui suivent :

Je remplirai ma vie mon amour étoilé
De cieux qui n'auront pas la couleur de tes yeux
Et de gestes parfaits où tu n'entreras point

J'inventerai pour moi des pays inconnus
Des hommes à me donner de nouvelles images
Des hommes à me rêver un monde sans mémoire

Je ferai de ma vie une belle moisson
Et je partirai seule dans le blé et les fleurs
Et je partirai seule et sans t'imaginer

Les gares porteront d'autres noms que le tien
Les rues ignoreront le bruit même de tes pas
La fontaine jamais n'aura vu ton visage

Je ferai de ma vie un grand jardin sonore
Les oiseaux oublieront ta voix dans leur chanson
Les roses brûleront sans connaître ton rire

L'herbe sera douce sans caresser tes mains
Et l'eau murmurera sans savoir tes paroles
Les allées partiront en voyage loin de toi

Une aurore de mai où le ciel sera vert
Je chanterai pour moi un refrain d'étrangère
Je me reconnaîtrai au miroir des regards

Et j'oublierai ton nom en voyant le soleil

dimanche 25 avril 2010

AndiamoHanami

Avant d'écrire ce petit billet, je veux adresser un grand merci à Cassandre qui m'a fourni quelques renseignements sur les moeurs des Japonais. Ce qui m'a permis d'agrémenter un peu mon récit.


Shirô Nakamura marchait d’un bon pas, il s’agissait de ne pas arriver en retard. Monsieur Tanaka, le professeur d’histoire, ne supportait pas le moindre retard, ni le moindre manquement aux règles élémentaires de la bienséance.

L’air était doux en ce matin d’Avril, les sakuras (cerisiers) commençaient à fleurir. Dans deux jours, ce serait la fête. Kasumi irait avec sa famille pique-niquer, sous les arbres en fleurs.

Parfois et par chance, une brise printanière se levait, faisant voltiger les pétales, ajoutant un nuage virevoltant au bonheur de la journée.

Deux mois plus tôt, Shirô avait osé aborder Kasumi. La douce et timide jeune fille l’avait impressionné par la perfection de son visage aux traits si fins. Ses cheveux coupés courts, avec une frange bien délimitée, juste au-dessus de ses yeux à peine bridés, en soulignaient la beauté.

Un soir après les cours, il lui avait proposé de la raccompagner chez elle, afin de lui porter ses livres !

Futile prétexte, arguant que les professeurs perdaient la raison : obliger de frêles jeunes filles à trimballer pareil fardeau !

Kasumi avait souri, elle n’était pas dupe, Shirô lui plaisait bien, il était gai et enjoué, alors elle accepta.

Tout au long du trajet, Shirô se moquait gentiment en voyant les « Teru-Teru Bouzu », ces petites poupées de papier pendues aux fenêtres et censées éloigner la pluie ! Mais le Dieu Suijin, le maître de la pluie, n’en avait cure et agissait à sa guise. Kasumi souriait à chacune de ses moqueries, fort discrètement, pratiquant à merveille l’enryo (la retenue) comme il sied à une jeune fille bien élevée.

Pas question non plus de se tenir par la main, ce serait inconvenant. Il leur arrivait d’aller se promener au bord du fleuve Ota, restant de longues minutes à contempler les vaguelettes, échangeant un regard, un sourire. A ses cotés, il était bien loin le Shirô un peu fanfaron, voulant épater ses copains !

Dimanche serait la fête appelée ici : « Hanami » (regarder les fleurs). Kasumi et Shirô avait mis au point un stratagème afin que leurs familles respectives se rencontrent.

Chacun de leur côté, ils tenteraient de convaincre leurs parents d’aller pique-niquer dans le joli parc, situé près du siège du commerce et de l’industrie : Genbaku dôme.

Le Mercredi, ils s’étaient retrouvés près du fleuve complice de leurs moments de plénitude.

- Ils sont d’accord, Kasumi, tu entends : d’accord !

- Les miens aussi, avait ajouté Kasumi en même temps que ses joues prenaient une jolie teinte rosée.

Alors dans un élan, Shirô avait déposé un baiser sur la joue de la jeune fille. Surprise, sa bouche s’était arrondie, puis la stupeur avait laissée place à un large sourire.

Maintenant Shirô en était sûr : elle l’aimait !

Le lendemain, Kasumi avait préparé les « bentô » (le repas du midi, une collation) pour eux deux, les Kappamaki, ces petits rouleaux de riz remplis de concombres, avec une feuille de Noki autour. Lui signifiant ainsi qu’elle saurait le moment venu bien s’occuper de lui, élever les enfants et tenir une maison : tels étaient les devoirs de l’épouse Japonaise en ces temps.

Bien sûr, le jeune homme l’avait vivement complimenté, en rajoutant même, roulant les yeux de plaisir à chacune des bouchées avalées. Kasumi le gratifiait d’un sourire à chacune de ses facéties.

Le dimanche, Madame et Monsieur Kimura, les parents de Kasumi, s’étaient installés pour le traditionnel pique-nique de Hanami, sous un très joli cerisier en fleurs. Le ciel était radieux et l’ombre qu’il dispensait était la bienvenue.

A peine installés, Shirô arriva, suivit de ses parents ainsi que de son jeune frère. En passant devant Kasumi, il feignit la surprise, s’inclina pour un salut très respectueux.

- C’est un camarade de classe, balbutia Kasumi…

Si vous voulez vous joindre à nous, proposa Monsieur Kimura en s’inclinant également devant Monsieur Nakamura et en désignant la place vacante près de la leur, car je crois qu’il y a beaucoup de monde ici, et que les places sont rares.

- Avec grand plaisir, et ce sera un honneur, répondit Monsieur Nakamura, en se pliant littéralement en deux. Nous partagerons les « dango » (boulettes de riz que l’on partage lors de la fête des cerisiers).

Ainsi, la ruse grossière dont personne n’était dupe fonctionna à merveille.

Les deux jeunes gens se virent de plus en plus fréquemment. Les présentations avaient été faites, les parents de Shirô s’étaient rendus chez ceux de Kasumi.

En guise de présent, quelques oranges soigneusement emballées. Au pays du soleil levant, ces quelques fruits étaient hors de prix et représentaient une marque d’attention exceptionnelle.

Près de quatre mois s’étaient écoulés depuis que Shirô avait raccompagné la douce Kasumi pour la première fois. Le mois d’Août commençait. La chaleur n’était pas trop accablante sur l’île de Honshû, baignée par la mer intérieure. Leurs longues promenades le long du grand fleuve Ota, leur apportait fraîcheur et détente à l’ombre des vieux saules.

Loin des regards, ils s’étaient embrassés, prenant garde à ce que personne ne les voient !

Ce lundi d’août, Shiro avait donné rendez-vous à Kasumi, ainsi qu’à une bande d’amis. C’étaient les vacances, le soleil radieux commençait à chauffer malgré l’heure matinale, ils devaient se retrouver dans le parc dans lequel ils avaient pique-niqués quelques temps auparavant.

Shirô arriva le premier, il était huit heures. Quelques minutes plus tard, ce fut Kasumi. Il la vit de loin avec son corsage blanc et sa jupe plissée bleu marine, de fines sandales aux pieds, elle courait en agitant les bras, insouciante des regards qu’on aurait pu lui porter, elle ne voyait à cet instant que son amour, elle entendit à peine le vrombissement de l’avion très haut dans le ciel radieux.

Tous deux ne levèrent pas les yeux, habitués de voir passer depuis quelques années, de nombreux bombardiers.

Celui-ci était pourtant différent : il s’appelait Enola Gay, il portait dans ses flancs un « little boy » couvert d’injures à leur encontre, et lui-même portait dans son ventre les mille soleils d’Hiroshima.



PS : Je serai absent une partie de la semaine, et je me ferai un plaisir de répondre aux commentaires... Si toutefois vous en laissez !

jeudi 22 avril 2010

Tant-BourrinBrouillon de culture (8)

A peine sept numéros de "Brouillon de culture" (que l'on peut visionner ici : 1, 2, 3, 4, 5, 6 et 7) et voilà que notre émission est déjà devenue une véritable institution, le phare de la culture au milieu de la tempête de la médiocrité ambiante, le must du bon goût pour toute l'intelligentsia parisienne.

Autant dire que ce huitième numéro, consacré aujourd'hui aux séries télévisées, ne devrait qu'enfoncer le clou...

Voici donc quelques chefs-d'oeuvre télévisuels que je suis allé exhumer rien que pour vous de ma vidéothèque. Non, ne me remerciez pas, c'est un apostolat pour moi que de laver la crasse des masses ignorantes...





L'homme duplique, hardi

Ce feuilleton mythique de la télévision française narre l'histoire de Joseph Durtol, un batelier un peu bourru et dont toute l'ambition dans la vie se résume à faire du transport de marchandises diverses à bord de la péniche. Hélas, les conditions de la batellerie sont très difficiles dans les années 60 : Durtol et sa famille en sont réduits à vivre d'expédients, tant et si bien que sa fille Yvette n'entend pas mener le même genre de vie que son père, au grand dam de celui-ci.

C'est alors que Joseph Durtol a une idée de génie : plutôt que de transporter des céréales ou de la houille pour des tarifs de misère, il décide de se livrer à un trafic de DVD piratés, qu'il duplique lui-même hardiment en série sur son ordinateur de bord. Hélas pour lui, être en avance sur son temps peut s'avérer désastreux : les lecteurs de DVD n'existent pas à cette époque et Durtol garde son stock sur les bras, ce qui entraîne au final sa faillite et la vente forcée de sa péniche.





La petite prison dans la mairie

Cette série raconte l'histoire d'une famille de fermiers, les Ingallshiev, venus clandestinement d'Azerbaïdjan pour tenter sa chance en France, à Plume-Crique, non loin d'un village nommé Houalneute-Grove. Ils y mènent pendant une dizaine d'années une vie tout aussi miséreuse que celle qu'ils ont quittée, sous le joug de patrons peu scrupuleux qui les exploitent. Hélas, tout se gâte le jour où Karl Ingallshiev, croyant naïvement à de vagues promesses de régularisation de sans-papiers, se rend avec toute sa famille à la mairie de Houalneute-Grove pour se faire connaître des services administratifs. Toute la famille finit alors derrière les barreaux, dans l'attente d'un charter vers Bakou.





Delanhoé

Cette superbe série télévisée conte les aventures du célèbre chevalier justicier Delanhoé sous le règne de l'infâme Prince Nicolas, dit Nicolas le petit. Aidé par les hommes de Dany des bois, Delanhoé chevauche les rues sur son fidèle Vélib et boute, lors de joutes mémorables, les automobilistes parisiens hors de la voirie, tout en oeuvrant pour le retour d'un prince socialiste (lui-même si possible) sur le trône de France.





Belle fait gore

Ce feuilleton télévisuel, hélas trop méconnu, aurait dû constituer la suite de "Belle et Sébastien".

Sébastien, grisé par le succès de ses premières aventures, devient un gamin déluré, capricieux et violent, y compris envers Belle, la grande chienne blanche avec laquelle il a pourtant vécu de si belles aventures. Un jour, dans un accès de violence incontrôlée, Sébastien se saisit d'une hache et fracasse le crâne de Belle. Celle-ci, blessée, parvient toutefois à s'enfuir. Affectée psychologiquement par les séquelles de son agression, elle devient un monstre sanguinaire qui attaque et égorge les villageois isolés.

Le tournage du feuilleton ne put toutefois être mené à terme : la scène du coup de hache ayant dû être tournée plus d'une cinquantaine de fois avant d'atteindre un résultat satisfaisant, le budget "chiens" mit les comptes de la production dans le rouge.





Le manège désenchanté

Cette série animée met en scène le manège du Père Pivoine sur lequel s'amuse la petite Margotte. Zarkobulon, un petit personnage monté sur ressort, la transporte au pays du Gagner plus grâce à une formule magique : "Travaillepôvqui, travaillepôvcon" ! Hélas, à l'instar de tous ses amis, Pollux le chien, Azalée la vache, Ambroise l’escargot, Flappy le lapin et le Bonhomme Jouvence, elle comprend vite que derrière l'agitation frénétique de Zarkobulon, il n'y a que du vent et que la vie ne cesse d'être de plus en plus dure pour elle. Le désenchantement se révèle terrible pour ceux qui ont cru trop vite au flot ininterrompu de promesses... Une série essentielle pour l'édification des jeunes générations !

lundi 19 avril 2010

Saoul-FifreVite, chie, c'est l'intestin !

Ô funérailles ! J'ai raté mon tour de billet ! Qu'est-ce que je vais prendre comme savon par Tant-Bourrin ! Ouillouillouille mes fesses, rien que d'y penser, le soufflet de la forge s'y met et la braise y rougeoie méchamment. J'ai honte ô oui j'implore ton pardon ô Grand-Bourrin et puis je m'excuse moi-même, même si je sais que ce n'est pas poli mais je n'ai pas le temps d'attendre ta réponse.

Je ne vois qu'une solution pour me racheter à tes yeux : je m'engage solennellement ici même à rédiger trois billets consécutifs en manière de pénitence. C'est-y pas honnête, comme proposition ? Si si, c'est excessivement honnête et d'ailleurs trop honnête pour être vrai, en fait. C'est dommage, je le reconnais, mais il s'agissait encore une fois et malheureusement pour vous, d'une mauvaise plaisanterie, du genre de celles dont je suis coutumier et auxquelles je vous ai habitué. Vous êtes mithridatisés en quelque sorte, et je vous inocule dorénavant mes toxiques à sec, sans remords ni voix intérieure courroucée.

Non, sans dèc', vous y avez cru ? Ça va pas dans tête à vous ? Trois billets à la suite, mais comment y arriverais-je, mes braves grognards, fidèles lecteurs, spectateurs attentifs de ma sénescence ? Sans vous commander, je souhaiterais que vous visualisiez bien ceci : ma cervelle est en phase de liquéfaction, vous pouvez entendre le doux clapotis du petit lait qui s'échappe par les fentes de la faisselle. Mes idées adoptent une forme fluide, fuyante, on en aperçoit le fond, ou pas, c'est selon, sa transparence ressemble de plus en plus à de la vacuité et des reflets glissent d'une façon aléatoire à sa surface.

On y plonge, on y coule, on s'y noie. Il suffit d'ouvrir la bouche pour y perdre la vie. De humer, de respirer, d'espérer quelques bulles. Je ne souhaite à personne de sombrer dans mon bocal à réflexions. Il y règne un univers glauque, moite, poisseux. Les mots y moisissent du désespoir de devenir un jour des phrases. Enfers et putréfactions. Seule issue de secours : rajouter de l'alcool à ce pot-au-noir chaud et humide pour en endiguer la fermentation. Halte. Douane zoll. Oui vous les bactéries anxiogènes, on ne passe plus ! Le seuil de tolérance est atteint, vous me resservirez un peu de ce délicieux Saint-Pourçain blanc, malgré son arrière-gorge diplomatiquement sulfureux. Calune me conseille de lâcher la poire pour reprendre la plume ??? Comme si l'une empêchait l'autre, non mais je rêve, ça fait bien six mois qu'elle saute son tour, entre autres, alors est-elle en position, si j'ose dire, de me faire la morale ? Sur le fond, je suis d'accord pour lâcher la poire qu'on a porté l'autre jour avec Bof à l'alambic. Un léger dérapage acétique l'a rendue impropre à la consommation humaine mais elle reste apte à la désinfection des plaies de l'âme.

La gourmandise doit céder le pas devant l'urgence à noyer les microbes.

vendredi 16 avril 2010

AndiamoL'usine, ça n'est pas le bagne

J’ai travaillé quarante ans dans des usines : des très grandes, des moyennes, chez des artisans aussi. J’ai travaillé assez dur, cinquante ou soixante heures par semaine, parfois des dimanches quand la situation le réclamait, toujours sur la base du volontariat et fort bien rémunéré !

C’était l’époque où les professionnels n’avaient pas droit au port de l’épée, ni de pénétrer dans les ateliers à cheval certes, mais nous avions droit à un certain respect.

La loi de l’offre et de la demande… Toujours elle ! Des montagnes de boulot et pas assez de pros.

Généralement, l’embauche se faisait à sept heures. En conséquence, le lever s’établissait aux environs de cinq heures quarante-cinq. Très souvent, à l’époque, les gens n’habitaient pas très loin de leur lieu de travail.

Quand vous avez déjeûné à six plombes du mat’, le travail physique aidant, sur les coups de neuf heures, vous avez un petit creux ! C’est le sacro-saint moment du casse-croûte : pain frais, saucisson, pâté et rosé du matin… Entrain ! Et bien sûr la clope après tout ça, de la gauldo pure et dure, sans filtre, mais pas plus dangereuse que les LIGHTS ! Car, pour avoir sa dose, on doit aspirer comme un cachalot qui reprend son souffle. Tandis qu’avec la gauldo nature, une tite taf et t’as fait le plein de nicotine, au passage t’as respiré moins de goudrons !

A Paris et dans sa banlieue, j’ai croisé dans ces usines quelques phénomènes, des vrais titis, des comme on n'en fait plus !

Je vais changer les noms, bien sûr, mais je vous assure que ces individus ont réellement existé!

Commençons par Nénesse : un p’tit bonhomme, 1 mètre cinquante-cinq debout sur une brique, épais comme une tige de frein, la casquette années trente, droite derrière la nuque, la vraie fouillasse des Julots casse-croûte.

La première fois que je l’ai vu, c’était dans son « casino », c’est ainsi qu’il nommait le petit atelier qu’il tenait en dehors de ses heures de boulot. Il venait bosser là afin que sa « gerboise » et ses « rongeurs » lui lâchent la grappe ! Du taf au black, ça va de soi ! Il retapait des mobs et des pétoires. Justement, mon copain cherchait une 125, pas trop chère.

Je l’emmène chez Nénesse. On arrive : c’était l’hiver un soir de semaine, il faisait déjà nuit, présentations…

- Tu viens chercher ta pétoire, môme ?

- Ouais, rétorque mon copain.

- J’en ai une laga, mais j’te préviens, renouche bien l’article, j’te la vends pas dans un sac, faudra pas v’nir chialer : j’rends pas les pions, surtout que j’te la fourgue pas lerchem’ !

Eh bien la moto fonctionnait, mon pote est rentré avec, comme quoi !

Par le plus grand des hasards, je me suis retrouvé à travailler avec ce Nénesse dans une usine.

Il était soudeur et possédait un poste à arc, un engin énorme type rotatif, qui faisait un foin…

Il l’appelait : « mon carillon », belle image !

Un jour, il alpague le chef d’atelier, mon gigale, comme il le nommait.

- Eh ! M’sieur P… Venez voir, regardez-moi ça, mon carillon on dirait l’homme orchestre ! Vous entendez le raffut ? Comment voulez-vous que j’écoute Mozart dans de pareilles conditions ?

Le père P…. était plié en deux, mdr comme on écrit aujourd’hui. D’ailleurs, il nous avait avoué que les jours où il n’avait pas le moral, il venait le voir, l’écoutait, et repartait gonflé à bloc !

Atteint de la maladie de Dupuytren, il avait fallu l’amputer de deux doigts à la main droite, l’annulaire et l’auriculaire. Un jour, il me montre sa pogne et me déclare :

- Tu vois, môme, avec ma patte de poulet, j’peux même plus alpaguer un jacquot ! (un jacquot étant un litre de rouge). Et il est vrai qu’avec les trois doigts restant, sa pogne ressemblait à une patte de poulet !

Cerise sur le gâteau : la visite du cirque de Gavarnie, un poème, pas la chanson de Roland certes, mais plus folklo assurément !

Nénesse raconte (pour le suivre il fallait avoir fait argot en seconde langue) et encore vous n’avez pas l’accent !

On déboule, y’a l’gus qu’a voulu me louer un gail ! Tu me r’nouches sur une bique ? Déjà que sur ma meule j’ai la chopotte qui traîne dans l’caniveau, et pis sur ces bestiaux là y’a pas d’frein à main. Non j’vais vous attend’ au rade, c’est aussi un gastos, on cassera la dalle quand vous serez revenus !

La smala revient, je pense qu’il avait dû lichtronner un peu, en attendant le retour de la caravane.

Il raconte :

- Ah la la ! C’était l’gastos de la tab’ qui r’cule ! Le loufiat nous sert de la ragougnasse de tétons d’négresses en entrée, des rognures à l’échalote comme plat de résistance, j’ai pas attendu l’claquos, ni la tarte aux nouilles ! On s’est levés et on a renaudés vilain, en menaçant l’taulier d’aller porter l'pet chez les kébours !

Je ne me souviens plus comment s’est terminée l’histoire, je pense que je pleurais de rire, et que j’étais incapable de suivre, car il fallait le voir gesticuler… Inénarrable !

Un autre tout aussi folklo, on va l’appeler le piaf.

Le piaf avait récupéré, après la débâcle des doryphores, un casque, il s’était fabriqué une paire de béquilles, puis coiffé de son casque allemand, une béquille sous chaque bras il arpentait l’allée centrale du grand atelier, en marmonnant : grooosss malheur la guerre ! Grooosss malheur ! Quel spectacle : à pleurer de rire !

Sur la porte de son vestiaire, il avait fixé de ces petites plaques métalliques que l’on apposait autrefois sur les pierres tombales. Elles étaient en aluminium, avec des inscriptions en relief, un peu le même système que les plaques minéralogiques.

On pouvait lire :

- A mon époux regretté.

- A notre chère Papa.

- De la part des voisins.

- Les anciens combattants.

Etc….

C’était autrefois, avant 1983, date à laquelle cette magnifique entreprise a fermée. Je n’ai jamais retrouvé une telle ambiance. C’est fini je crois et bien fini, hélas pour vous les jeunes, car lorsque je lis vos billets, je m'aperçois que l'ambiance dans les boîtes, ça n'est plus ça !

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