Blogborygmes

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lundi 23 janvier 2006

Tant-BourrinOn a souvent des petits besoins - pouah ! - chez soi



Sugar Ray Léonard,
Les doigts dans les narines,
A versé son urine
Tout droit dans l'urinoir

Moralité : Ray sait pisser



Dans un coin, la catin,
Sentant un poids en elle,
A largué son crottin
Sans salir ses dentelles.

Moralité : Putain sait chier

dimanche 22 janvier 2006

Saoul-FifreLance tes dés, Google

Bon je traduis d'office, on va pas faire un jeu là-dessus : "Lance tes dégoûts, gueule". Ça veut rien dire, je suis d'accord, on passe tout de suite à la suite, lance le générique, coco...

Je crois qu'on l'a jamais fait, et pourtant j'adore ces petits exercices de style que pond régulièrement Matthieu . Il s'agit de lister les requêtes qu'ont tapé les internautes pour arriver sur votre site. Ce qui me fait tilter et m'esbaudir, c'est vraiment d'imaginer le gars ou la fille en train de taper des trucs pareils dans la fenêtre Google. Ça donne quand même des indications sur les intérêts profonds de la personne. Chez Blogborygmes, le top one des requêtes est sans conteste "Julie la cochonne", et ce, depuis le début, et le billet commence à se faire vieux. Récemment, quelqu'un a tapé "Jeannot la grosse cochonne". Vraiment désolé, mais vous vous êtes trompé de numéro... Allez, go !

Calendrier basketeuses ?
Heu, j'ai mon exemplaire personnel, mais ne comptez pas que je vous le prête. D'ailleurs, il n'est plus vraiment présentable...

Verts véreux ?
Non, eux aussi !?

Georges Marchais et Messershmitt ?
Enfin, voyons, il y a prescription...

Grimper sur Julie ?
Je ne pense pas qu'elle soit d'accord.

Pisse dans ton cul
Oui, mais est-ce que mon périnée est assez court ?

Comment s'enfiler un fruit dans le cul ?
Vraiment aucune idée.

Vidéo saillie étalon ?
Envoie la caméra, tu l'auras par retour du courrier.

Pénis de baleine ?
Vous êtes gentil, mais c'est non.

Feuj cochonne ?
Ça doit exister...

Comment soigner la constipation ?
Appeler Bison Futé ?

Qui donne aux pauvres ?
Surtout les pauvres, paraît-il...

Blog Marcellus 55 ?
Ha, c'est pas là, mais tu brûles !

Bébêtes d'amour ?
Notre hygiène n'est pas à mettre en doute.

Jazzman mort hier.
C'est sympa de nous prévenir.

Porom pom pom ?
Enriiico ! Dans mes bras, mon frêre !

La duplication du cube de nos jours ?
C'est mon pote, lui ! Il est pas obsédé comme tous les autres malades, là...

Billet pour expo Klimt ?
C'est bien ici. Envoyez-moi un mail, que je vous donne l'adresse où il faut l'envoyer.

Je suis un fils de pute
C'est bien de le reconnaître. Le plus grand pas est fait.

Sans sa culotte
Et le rêve ? La place à l'imagination ? Les sentiments ?

samedi 21 janvier 2006

Tant-BourrinNotre grand test : êtes-vous fait pour être chevalier ?

Je vous ai donné à lire, depuis déjà un certain temps, les épiques aventures du Chevalier Hippobert-Canasson de Tant-Bourrin (lecture préalable des chapitres I, II, III, IV, V et VI conseillée), qui, j'en suis convaincu, vous entraînent dans des univers oniriques où vous-même êtes vêtus d'une armure étincelante et habités d'un idéal chevaleresque des plus élevés.

Mais auriez-vous pu réellement être un vrai Chevalier, aussi fort, aussi intègre, aussi flamboyant que le héros de ces aventures ? Auriez-vous pu passer avec succès le casting de ce roman feuilleton désormais universellement connu ?

Je vous propose de vous en assurer en répondant au petit test suivant...Ce test, je le concède, n'est pas vraiment calibré pour nos amies lectrices : il leur faudra donc un petit effort d'imagination pour se figurer en preux chevalier...

Vous devez répondre à toutes les questions (en cochant le cercle à gauche de la bonne réponse) et ensuite cliquer sur le bouton "Résultats" en bas de la page...

Allez, c'est parti...

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vendredi 20 janvier 2006

Saoul-FifreCoucou, Chutney !

Je ne vous ai jamais parlé de Track. Je ne vous ai jamais non plus parlé de traque, ni de trac, ni de trackball, ni de trackback, ha si : j'ai jamais compris à quoi ça servait, un trackback, il me semble plus poli de laisser un commentaire sur le billet en question, avec un lien qui renvoie à son propre article qui parle du billet en question. Mais j'ai peut-être pas tout saisi. De toute façon la question n'est pas là. Track est notre lama. Lama-track, vous avez saisi l'astuce ? Allez-y, lâchez vous, je ne vois aucun inconvénient à ce que vous disiez que c'est nul, comme blague : c'est mon fils aîné qui l'a trouvée. Bon, son père s'appelant Nif (vous avez saisi l'ast...), c'était quand même assez facile à trouver, la manif, la matraque, bof... Allez, c'est tout de même sympa, on va tous rigoler un bon coup, ça va lui faire plaisir ! Sa mère s'appelait Nonégra, on voit tout de suite de quel genre d'élevage chelou ils sortent, ces bestiaux-là q:^)

Vous avez raison, l'origine est pas claire : ils sont nés dans la ferme de Guy Gilbert, le curé des loubards. L'alliance de la fourche et du goupillon, vous voyez le style ? Gilbert emmène transhumer ses loubards dans les préalpes. Il est entendu que pour recadrer quelqu'un, lui confier un animal est très efficace. Un animal, c'est un être vivant. S'en occuper donne à la fois de la force à ses propres racines instinctives, et un but, un rôle, une responsabilité. Un animal peut sauver quelqu'un.

Track est un enfant de lamas éducateurs de rues. Il est super sympa. Enfin, il faut pas l'embêter. Quand je suis allé le chercher chez nos amis, ils ont rameuté tous les costauds qu'ils connaissaient, on l'a coincé en force dans une haie de cyprès, on lui a mis un licol, et on l'a presque porté dans mon fourgon. Tout le monde en avait marre, la capture avait été assez éprouvante pour les ravisseurs, l'un d'entre eux a même fait un malaise cardiaque grave (authentique) le lendemain. J'ai donc dit : "C'est bon, on se débrouillera tout seuls pour le sortir". Au revoir et merci. Et je pars avec le Track, en liberté dans le fourgon. Pas content, le Track. Il a jamais voyagé, et si ça ne tenait qu'à lui, il ne voyagera plus jamais. Il serait mieux assis, dans les virages, mais il veut savoir où on va. Il approche sa tête de celle du chauffeur et le chauffeur, c'est moi. Je connais mes Tintin en amérique du sud par cœur et je sais donc que ces bêtes mordent, crachent et n'aiment pas qu'on leur fasse des grimaces. Je me mets donc à lui parler d'une voix douce, lui jure que je ne suis pas le capitaine Haddock, même si je sens le whisky, et que je compte l'emmener dans un paradis où tout le monde va l'aimer à la folie. Quand je sens chez lui des velléités agressives, je donne des coups de volant de droite et de gauche, pour le déstabiliser. Les gens qui me suivent klaxonnent, mais ces neuneus ignorent que je suis titulaire d'un permis spécial transport de lama.

L'arrivée fut rock'n roll. Je recule le fourgon vers l'entrée du parc, ouverte par Margotte, et là, je regrette un truc, tout d'un coup. Tant que la fine équipe de rugbymen tenait Track, on aurait quand même pu en profiter pour lui enlever complètement le licol ? Là, il pendouille, il risque de se coincer quelque part, enfin de provoquer un accident, il faut lui enlever. J'entrouvre doucement la porte arrière, et, pendant que je tiens la corde et la porte, pour qu'il ne s'échappe pas, Margotte défait la bride. La bête est rien moins que tout sauf contente. Elle ne supportera pas que la séance de toute à l'heure recommence. À peine la lanière défaite, tout va très vite. Se sentant libre, il se jette contre la porte, je me mets sur le côté, mais Margotte qui est pile dans son axe tombe en arrière, et Track lui saute dessus. Tout s'est passé si rapidement qu'on a pas trop compris ce qui s'est passé, mais rien de grave... Sur le moment, on ne le savait pas : l'œil de Margotte a grossi instantanément, et j'ai appris ce jour là qu'un œil pouvait grossir autant. Enfin : l'espace entre la bouche et le sourcil de droite. Et dans les jours qui ont suivi, qu'il pouvait passer par autant de jolies couleurs, différentes et successives. Donc, je prends le temps de fermer la barrière, pour éviter une catastrophe supplémentaire, et nous partons aux urgences, où on nous confirmera qu'il n'y a RIEN d'atteint. Juste impressionnant. Nous aurons juste également à gérer les regards méprisants, dubitatifs ou suspicieux à mon encontre, et ceux plein de commisération vers Margotte.

Aujourd'hui, tout est oublié, tout est pardonné. Track est un garçon adorable, il vient nous manger dans la main, il est très bien éduqué : il ne crache jamais, n'a jamais mordu et n'a pas l'air d'avoir envie de nous quitter. Dans les livres, ils disent que les lamas, sans prendre d'élan, peuvent sauter à pieds joints une hauteur de 1 m 50. Nous étions un peu inquiets car c'est la hauteur du grillage de son très grand parc de 2 hectares. Et ben, il sauterait même pas un tabouret.

C'est une bête fascinante. Il a une démarche suprêmement élégante, le menton toujours à l'horizontale, comme une diva, et une tête très mobile, qui suit tous les mouvements des gens, des autres bêtes, avec beaucoup de vivacité et d'intérêt. Alors que chèvres et moutons ont des comportements de zombies blasés (un peu moins les chèvres), lui est d'une curiosité rare. Son poste de surveillance est l'endroit le plus élevé du parc. De là, il a la vue sur les alpilles, au loin, sur le château de C., sur le plateau de V. Tout ce qu'embrasse son regard est à lui, et le roi n'est pas de sa famille. Il fait partie de ces bêtes évoluées qui, comme les humains, enfin vous, je sais pas, mais moi, oui, font caca toujours au même endroit. Chiens et chats, je pense qu'il faut les dresser pour qu'ils y arrivent. Naturellement, instinctivement, tout simplement parce qu'ils trouvent ça plus propre, je ne vois que le cochon et le lama, pour faire ça. Julie se retient et attend qu'on la sorte, pour faire ses besoins. Quand on lui ouvre, le matin, elle trotte le plus rapidement qu'elle peut, en grognant, et va poser sa crotte dans son petit coin. Tout comme nous. Enfin, vous, je sais pas.

Track, on l'a embauché sur casting pour jouer le rôle du débroussailleur. Et ben, il s'intéresse pas trop aux épineux. Encore un mythe qui s'effondre. Peut-être quand il aura plus que ça à grignoter pour se désennuyer ?

Certains d'entre vous, je le sais, je vous connais aussi bien que si je vous avais fait, auraient préféré que je mette sur le blog une photo de Margotte avec son œil au beurre noir gros comme un œuf de canard, au lieu de celle de track.

Et ben vous pouvez vous mettre le doigt dans l'œil. Ou, par dérogation spéciale, pour celles et ceux qui préfèrent, dans le cul.

jeudi 19 janvier 2006

Tant-BourrinL'homme au tracteur

Cela fait un certain temps que je ne vous ai pas infligé une parodie, hein ? deux ? trois ?

Alors, remédions bien vite à cela... Mais je voudrais en profiter pour faire d'une pierre deux coup : je voudrais rendre en même temps ici un petit hommage à mon agreste co-blogueur avec qui je n'ai pas toujours été très tendre...

J'ai donc concocté des paroles spécialement à lui consacrées sur l'air de "l'homme à la moto", chanté par l'immortelle Edith Piaf.

Pour les incultes qui auraient quelques trous de mémoire, les paroles originales sont .

And now, music ! :~D

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mercredi 18 janvier 2006

Saoul-FifreBlond joke

Houlà, ça va pas du tout en ce moment, moi ! Je sais pas ce qui se passe, une distorsion dans l'espace-temps, ou quoi, mais c'est sûr qu'il y a du bug dans le continuum. Bon, si je sors de chez moi et que je marche du pied gauche dans la merde, je vais pas interpréter ça comme un signe de chance, ni accuser d'improbables ennemis de vouloir me faire casser une jambe ? Je vis à la cambrousse et ce genre d'événements fait partie du déroulement normal de mes journées. C'est plutôt si ça ne m'arrive pas que je me pose des questions.

Mais quand je surfe sur Internet ? C'est du virtuel, certes, mais du virtuel répondant à des normes établies par des gens sérieux. Je clique par exemple sur un lien. Ça se passe chez Matthieu pour ne pas le nommer. Avec Matthieu, on travaille en confiance : si il nous promet une blague de blonde inénarrable à se taper le cul par terre, on fonce. Si on se retrouve face au vide, avec la mer 150 m plus bas, on saute, comme Johny Weismuller qui ne veut pas perdre la face devant la jolie sauvageonne qu'il espère bien voir toute mouillée autrement que par le lagon... Enfin, je clique, quoi...? Et je me retrouve chez Elisabeth. Ça, c'est la magie d'Internet. Les tapis volants. La lampe qu'on frotte pour la faire briller. Le génie sans mollir. Et Elisabeth qui tient à toute force à nous raconter son histoire de blonde, hilarante au point que son seul souvenir la relance dans des fous-rires irrépressibles. La même ? Une autre ? Le suspense est trop dense, le ressort du moteur romanesque trop tendu, je re-clique comme un zombie pour vérifier et je me retrouve, non là, je deviens fou : les écossais ont décidé de venger Marie Stuart et ont mis des extas dans leurs whiskies d'exportation ?? Je me retrouve chez Matthieu, au point de départ ! Bon, pourquoi pas, la séquence informatique va peut-être se calmer d'elle-même après quelques tours d'accélérateur de particules ? Je re-re-clique précautionneusement là où ils disent que la ? les ? blond jokes sont stockées, et là, nouveau saut dans l'inconnu, j'avais pourtant appuyé avec beaucoup de douceur sur ma souris : je me retrouve chez... Audalie ! Une blonde foncée qui se moque des blondes claires. Le monde n'est pas complètement à l'envers, mais penche fortement ! La solidarnosc sombre dans l'océano nosc... Et, du coup, les bribes de rationalité qui habillaient de haillons ma nudité scientifique avouée, titaniquèrent également.

Je cliquais dorénavant telle une grenouille dont on a sectionné le rachis, en mouvements déconnectés des centres décisionnels. Les sites défilaient, s'enfilaient, se refilaient des blagues épatantes, inouïes. Des blogueurs se pissaient dessus, sans pouvoir se retenir. Les Dieux buvaient les pleurs, la bave, la sueur des rieurs, dans les crânes vides, léchés, raclés, parfaitement récurés des blondes Walkyries. Des milliards de sarcasmes, en anciens francs, combien cela pouvait-il faire ? s'accumulaient, se renvoyaient des échos, les boules de sourires s'obèsifiaient, déclenchant des avalanches de rires...

Une éternité plus tard, ma main engourdie clique mécaniquement encore une fois. La mâchoire crispée sur un rictus moqueur, les yeux délavés d'avoir pleuré de rire à jet continu, je reconnus le bandeau de couleur "bleu UMP" des analectes.

Cette eau, ces fauteuils de plage,
Si bleus, si calmes...
On croirait que le maître nage,
Masque et palmes...

Je me mis à lire le billet du jour. Enfin, du jour ? Le billet, quoi, le billet si souvent attendu, espéré, quelquefois de longs jours, de trop longs jours... Il n'était plus question de blagues de blondes. Combien de temps avais-je erré dans cette toile onirique inextricable ? Rejetant de mon esprit embrouillé cette question idiote à laquelle je n'aurai sans doute jamais de réponse, je continuai ma lecture. Regard interrogatif vers le bandeau. Regard dubitatif vers le billet. Bandeau. Billet. Bandeau. Putain de billet : il y était question de journal télévisé. Elisabeth qui parle de télé, et en plus, des infos ! Mon peu de lucidité résiduelle me permit d'appréhender au vol une explication réaliste : des extra-terrestres étaient en train de prendre possession de ce qu'il restait de mon cerveau par télépathie. Ils envisageaient d'envahir la Terre et m'avaient choisi comme Bêta-testeur de l'efficacité de leur technique de propagande absolue, par inversion sémantique subliminale, dans les blogs mythiques, ceux lus par la quasi-totalité de la blogosphère.

Je secouai vigoureusement la tête, et par là-même, l'emprise hypnotique de ce peuple que je subodorais laid et dépourvu d'humour. Je venais de repousser l'attaque la plus dangereuse du siècle, qui, sans moi, aurait bien failli finir juste après avoir commencé.

Les deux pieds à nouveau fermement ancrés dans le réel, je réexaminai attentivement mon écran. Euréka-bon-sang-mais-c'est-bien-sûr ! Le sujet, le style, ce billet était dû à la plume de Matthieu.

Mais avec le bandeau des Analectes.

Pfou, je suis crevé, moi. Je sens que je vais pas tarder à aller faire dormir les yeux.

mardi 17 janvier 2006

Tant-BourrinLa vie de Jean Benquet

Il est émouvant parfois de se plonger dans le miroir des ans et d'imaginer la vie de nos aïeux. De sentir à quel point tout a pu basculer, être bousculé en une poignée de générations.

Jean Benquet est un de mes ancêtres. Plus précisément le père de la mère de la mère de ma mère, ce qui en fait mon arrière-arrière grand-père. Cinq générations à peine, et pourtant...

Et pourtant, vous prononcez son nom avec votre langue abâtardie, affadie, modelée par la télé où le parler sans accent prime sur la mémoire des mots qui chantaient. Jean Benquet ne se serait même pas retourné si vous l'aviez appelé "Jean Binqué".

Non, il était natif de Saint-Julien d'Armagnac, natif de cette terre landaise où les mots sont plus rugueux que l'écorce des pins. Si vous vouliez qu'il se reconnaisse lorsque vous le nommiez, il fallait prendre l'accent du cru et prononcer "Binquétt", avec un accent aigu et en faisant bien sonner le "t" à la fin.

Mais de toute façon, vous auriez sûrement eu du mal à faire grande causette avec lui : il se sentait sûrement plus à l'aise dans le patois local que dans le français, ce patois local que l'on a parlé jusqu'avant-guerre et même encore un peu après, que je me régalais d'écouter quand ma mère, ma tante et ma grand-mère l'utilisait entre elles encore dans les années 60, ce patois mélodieux aujourd'hui mort à jamais.

Jean Benquet est donc né à Saint-Julien le 27 décembre 1845, dans une famille de modestes paysans, comme l'étaient tous les paysans de ce bout de terre. Quelle a pu être sa vie durant les vingt premières années ? Mystère. Sûrement a-t-il eu la vie banale de ceux qui grattaient la terre pour s'en nourrir, une vie simple, laborieuse, dure.

Et puis il eut un jour vingt ans, et la Nation vint le chercher, comme elle venait chercher tous les hommes de son âge, pour qu'il aille la servir pendant sept ans. Sept ans de service militaire, le tarif normal à cette époque, sauf si votre père était bien placé et fortuné et pouvait vous acheter un bon numéro, qui exemptait de ces obligations.

Le père de Jean Benquet n'était pas riche. Il partit donc faire son service militaire dans la marine. Ce fut, sans doute, le seul vrai voyage qu'il fit de toute sa vie, en ces temps où l'on était chevillé à la terre que l'on labourait.

Il partit donc en 1866, alors que l'expédition mexicaine de Napoléon III touchait bientôt à sa fin.

Il écrivit avant d'embarquer cette lettre à ses parents, cette lettre qui est depuis devenue une précieuse relique familiale.

   
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L'écriture est maladroite et difficile à déchiffrer. Je me suis risqué à essayer d'en transcrire le contenu, sans en modifier la mauvaise orthographe. J'ai simplement ajouté un peu de ponctuation pour rendre le texte plus lisible.



Le 2 décembre 1866

Mes cherparen

Je vous fait des nouvelle pour vous faire savoir que je suis en barqué en mexique le dis de se moi prochain et je sui tré conten de partir. J’en sui tré bien conten. Je sui en bone santé et je désire que la votre se trouve de même. Je sui tré conten.

Je sui bien nourri et bien habillé. J’ai 4 chemises de coton, deu vèste, deux chapeau et 4 tricots, deux sout (?), deux bas et 4 claleson (?) et deux blouse en laine et en toille et deux bonets et écharpes et jen sui tré conten de partir. Suis avec des camarade du pays et vous feriéz de nouvelle a mes parce que je parte et vous paires et mères, frès et seurs aiyé du couraje. Moi j’ensui tré conten. Biens des complimens à tous les maison (?). A dieu paires et meres, ne me fase pas des reponce jeus qua que soijé rendu en france. Je sui tré conten.

Adieu pour la vie

Bénqet Jean

Je sui tré bien portan et jai darjan encore. J’ai encore 40 franc. Je gagne 6 franc le moi pour la poche.

Adieu



Bien sûr, il serait facile, du haut de notre morgue d'enfants privilégiés que la vie a choyés, de sourire avec condescendance devant tant de maladresses d'écriture et de petites préoccupations matérielles. Mais je me sens au contraire étrangement ému à cette lecture, ému par ces mots simples, ces mots des pauvres gens, comme le chantait Ferré, ému par cette volonté manifeste de rassurer ses parents, derrière laquelle on devine un attachement informulé.

La joie du partir, si souvent répétée dans la lettre, était-elle authentique ? Sûrement : il n'avait jamais quitté sa terre et un tel voyage était une aventure inespérée pour lui. Il n'y a qu'à voir la fierté avec laquelle il pose à cette époque devant l'objectif du photographe dans son uniforme.

Mais les liens familiaux, les liens avec la terre devaient aussi souffrir de l'éloignement. La peur de ne jamais revenir ou de ne jamais revoir les siens.

Qu'advint-il par la suite ? Difficile de le savoir en détail.

L'expédition mexicaine fut sûrement très courte pour lui, puisque la France retira ses dernières troupes du Mexique en mars 1867. Il dut donc continuer à servir la marine sous d'autres cieux.

Et puis il y eut la guerre de 1870. Sans doute dut-il y participer. Et puis la guerre fit long feu, s'acheva en déroute en janvier 1871. Beaucoup de soldats regagnèrent leurs foyers, favorisant ainsi la propagation de nombreuses épidémies, dont la variole, parmi une population souffrant déjà, dans certaines régions, de famine.

Jean Benquet ne fut peut-être pas de ceux qui revinrent cette année-là, puisqu'il était encore conscrit jusqu'en 1873. Mais sans doute l'épidémie passa-t-elle par la terre qu'il aimait tant : sa mère, Catherine, mourut le 4 avril 1871, et son père, Jean, fit de même trois jours plus tard.

Adieu paires et meres.

Adieu pour la vie.

Quelle fut sa vie ensuite ?

Je ne connais que très peu de choses sur ce qu'il vécu. Il se maria le 18 février 1879 avec Jeanne Dalies. L'acte de mariage n'est pas signé par lui : une mention marginale indique qu'il ne pouvait pas le faire. Sans doute ne savait-il donc pas écrire, comme nombre de gamins des campagnes nés bien avant que Jules Ferry n'oeuvre pour l'éducation de tous. La lettre ne doit donc pas pas être de sa main, mais écrite sous la dictée par un camarade de troupe.

Ensuite eut-il sans doute la vie des petites gens, des travailleurs de la terre, avec ses joies, ses peines, et ses jours de labeur routiniers.

Une vie longue.

En 1930, il pose devant l'objectif de l'appareil photo avec une petite fille de deux ans sur les genoux : son arrière-petite fille, ma mère.

Lui qui était né sous le règne de Louis-Philippe, avait connu l'expédition napoléonienne du Mexique, connu la guerre de 1870, la guerre de 14-18, allait mourir à 90 ans, en 1936, dans les échos du front populaire.

Adieu l'aïeul.

Adieu Pépé.

Pour la vie.

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