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jeudi 22 janvier 2009

Saoul-FifrePasse-moi le SEL

Non, pas du "NaCL", il paraît qu'on en mange trop , que les industriels nous en rajoutent à tire-larigo, que ça leur fait de la saveur "à pas cher", tout le monde sait qu'une quiche lorraine presque trop salée est délicieuse oui mais voilà, c'est mauvais pour la santé, ça encrasse les corps spongieux et les canaux séminipares et je vous le redirai pas deux fois.

Non, je vous parle des SEL

Le Système d'Échange Local existe depuis très longtemps et nous vient des Etats-Unis. Ça me devient de plus en plus difficile de rester anti-américain primaire, avec Al Gore, Obama, Chomsky...

Le premier SEL que j'ai connu était en Ariège, en 1994, département dont l'annuaire téléphonique a des allures anorexiques mais qui est toujours à la pointe des innovations. Le pouvoir, sentant le danger du truc, passa à l'attaque et exprima des tas d'opinions désagréables comme quoi on lui volait de la TVA, des taxes d'URSSAF, des impots sur le revenu, que c'était pas sympa et qu'on allait voir ce qu'on allait voir.

Ce fut vite vu : la jurisprudence réaffirma la légalité de ce système parallèle à condition qu'il reste dans des limites traditionnelles d'entraide entre amis et voisins. Mais rien n'empêche d'en créer dans tous les villages et de les fédérer et de nous associer entre nous et de foutre en l'air ou au moins de mettre une bonne grosse claque au pouvoir économique dominant. Qui connaitrait une vraie décroissance positive tandis que le développement des SEL surferait à la montée sur des graphes nous rappelant le dynamisme des années 70.

Car les SEL ne sont ni plus ni moins qu'un vrai système économique révolutionnaire avec création de sa propre monnaie : Le grain de sel. Selon le groupe et ses statuts, le grain peut avoir un cours en €, mais la plupart du temps, le grain est une unité de temps, ce qui a l'avantage de l'égalité : la minute de l'informaticien va être rémunérée pareil que la minute du maçon ou de son arpète.

Ça sent son Insurrection qui vient , non ?

En pratique, chaque membre du groupe publie ses compétences ou les objets qu'il propose à l'échange, et aussi ce dont il a besoin, dans un catalogue des offres et des demandes dont tout le monde prend connaissance sur le site de l'association.

Exemple : à la dernière assemblée générale, une petite brunette s'approche de moi, me demande ce que je propose et me parle de son problème : une haie à tailler et un pin dangereux pour sa maison, à tomber. On discute du prix de l'heure, en rajoutant un petit quelque chose pour la fourniture de matériel (tronçonneuse) et je viens lui faire son chantier. Elle marque le nombre de grains de sel dont nous avons convenu, dans la colonne "crédit" de ma feuille, signe et met son numéro d'adhérente. Waw, je suis riche, je lui demande ce qu'elle a à me proposer. Elle me dit qu'elle est coiffeuse, regarde l'approximatif agencement de ma chevelure et éclate de rire. Je lui confirme qu'elle ne doit caresser aucun espoir de m'avoir un jour comme graindeseleur mais que ma fille sera peut-être intéressée, ce qui se confirmera.

Si ce qu'elle propose ne me convient pas, je peux très bien aller craquer mes gains chez autrui, simplement muni de ma feuille de "crédit". Mais même si je suis débiteur, j'ai quand même le droit de dépenser. Le système est très souple et très libéral dans son principe. Certains adhérents ne sachant que offrir doivent apprendre à se laisser "aider", pour dépenser leurs grains qui n'ont une valeur qu'à l'intérieur de l'association, bien sûr. Il y a aussi les "surendettés", comme dans la vraie vie. Et bien, des "sages" de l'assoce viennent faire le point avec eux sur leurs compétences, sur ce qu'ils pourraient "offrir" aux autres pour leur faire plaisir.

Et tout rentre dans l'ordre.

J'ai toujours eu du mal avec les rapports d'argent. Je n'ai jamais su me vendre. Quels qu'étaient les travaux que je faisais pour d'autres, même dans des domaines sophistiqués où je pouvais me targuer de 10 ans d'expérience, je me suis toujours compté au SMIC. C'est plus simple. Ou alors, si je culpabilisais encore, je proposais des échanges. Même avant les SEL, je fonctionnais comme ça. Récemment, un ami m'a fait plaisir en me présentant ainsi à quelqu'un : "Saoulfifre ? Il fait tout le temps du troc !"

D'ailleurs, je dois un litre d'huile d'olive à Nathalie, en échange de son dernier opus . On attend de se rencontrer pour solder les comptes et faire les niveaux.

Et puisqu'on en parle, je tiens à signaler à l'aimable compagnie que l'année oléicole a été bonne, en quantité comme en qualité, et que, les stocks provencaux étant à leur plus haut niveau, les prix n'ont jamais été aussi bas. Bon, c'est quand même un produit de luxe, l'huileu d'ooooliveu garantie d'ooorigineu prooovençaleu, hein, ne l'oubliez pas ?

Toujours est-il que sur une base de 12 € le litre, en bidon de 5 L (plus le port, à moins que je passe devant chez vous, ou vous devant chez nous), j'attends vos propositions de troc. Ou d'achat bête et méchant, selon l'ancien système monétaire bientôt obsolète.

Et je dis "Banco" à la proposition de Françoise Simpère pour les échanges livres contre huile.

Sans poser aucune condition restrictive quand à l'usage qu'elle pourrait faire du contenu de son bidon q:^)

mardi 20 janvier 2009

Mam'zelle KesskadiePipi caca pet poil

Je suis certaine qu'un de mes vénérés collègues a déjà pris ce titre pour une de leurs édifiantes chroniques, alors, permettez-moi de plagier dans le titre et le sujet.

Dimanche soir ou, plutôt, débutons par le commencement.

Au commencement était une femme rebelle et traditionnelle qui, s'assumant, eut sept enfants d'un homme qui la divorça pour cause de rondeurs non pertinentes.

Zensuite, la progéniture grandissant, elle (la progéniture) se fit plus aléatoire autour du tablier maternel, que dire, de la table dominicale.

Donc, je décidai (vous aviez compris que je parle de moi, n'est-ce pas ?) de réunir mes enfants au moins une fois par semaine et, pour ce, je leur tendis l'appât d'une fondue chinoise, d'une soupe Won Ton et de sushis. Menu disparate dans l'origine première mais compatible dans leur développement américain secondaire.

Ils acceptèrent de me faire plaisir et de venir prendre un repas gratos, ledit gratos étant relatif étant donné le prix du saumon cru, du riz spécialisé, des crevettes et je passe sous silence outragé le prix des feuilles de nori. Heureusement que la majorité est mineure et pas française, j'ai pas acheté de vin, ni de saké.

Ah ! la fierté maternelle de voir ses enfants tous réunis de bon cœur qui se remémorent leurs souvenirs de l'enfance, période bénie ! Je regardais ma marmaille et me sachant privilégiée, telle la marquise d'autrefois qui présidait un festin de ses fidèles et loyaux sujets pendant qu'un ménestrel chantait l'aventure épique de Godefroy de LaBalustrade.

Le présent me ramenit vite dans mon assiette quand j'entendis les premières réminiscences de ma douce fille de 18 ans. "C'était trop laugh (drôle) quand J-F est monté sur la table tout nu et a fait caca pendant que papa servait le repas."

Entrée en matière scabreuse et fort réussie suivie de la non-moins appréciée anecdote de mon fiston (16 ans) qui relata la fois où, dans la piscine familiale, il sentit un courant suspectement chaud lui couler le long du bras, c'était le plus jeune qui lui pissait dessus du haut de l'échelle.

Hilarité consensuelle (vous vous arrangerez avec l'ortografe, moi, je compose avant d'aller travailler, suis encore en retard).

Je fis donc rapidement le deuil de la conversation édifiante et du débat du siècle sur la joie fraternelle et le litige culturel entre les générations. Parce que c'est fou ce dont je ne me souvenais pas et des fois où qui ont marqué leur jeune imagination.

Je me suis toujours demandé à quoi pensait ma mère lorsque nous étions réunis, les enfants, et nous nous racontions la fois où le plus vieux regardant paisiblement la télévision en compagnie de la famille et que le plus jeune est allé s'assoir publiquement sur sa face ? Ou la fois où le plus vieux a sciemment pété sur la galette à la mélasse de son cadet?

Eh bien, j'imagine qu'elle se disait ce qu'elle me dit quand je regarde, ébahie, les excès d'hilarité et l'exubérance de ma marmaille : bah, pendant ce temps-là, ils ne se chicanent pas.

Que donnez-vous comme prédictions d'un livre qui parle de la privation de l'enfant unique de ces discussions fort prisées entre fratrie de bon aloi ? Serait-ce l'argument qui ferait en sorte que le concept de l'enfant unique disparaisse ou fasse la norme ?

Pour le moment, je m'en vais récurer mon chaudron et je me dis que nous n'avons pas encore atteint le stade où ils se racontent leurs exploits sexuels.

En tout cas, pas devant les plus jeunes ni devant la mère.

dimanche 18 janvier 2009

AndiamoLe paradoxe du grand'père

Sylvain est là, bien campé sur ses jambes. Face à lui, l’immense affiche lumineuse en 3 D 4x3 de RETRO-TEMPO, cette même affiche qui quelques années plus tard devait attirer l’œil de Rodolphe Mézières.

Une histoire fabuleuse narrée avec maestria, voir : l'effet papillon

Sylvain vient de fêter ses 49 ans, une allure d’athlète, pratiquant assidu de sports extrêmes, en poche le reçu du virement de 3000 Mondos, la nouvelle monnaie internationale mise en place en 2014.

Cet argent représente le montant d’un heureux placement "à risques" qu’il avait effectué quelques années plus tôt, il vient de tout vendre "au bon moment".

Le bandeau lumineux qui défile débite le slogan un peu ringard de la société qui offre des voyages dans le passé : "De la reine Margot à Mao, rien n’est impossible pour RETRO-TEMPO !"

Sylvain n’a jamais connu sa mère, son père non plus. Enfant de la DASS, on ne lui a jamais donné le nom de celle qui l’avait mis au monde, tout ce qu’on lui a appris c’est qu’il était né le  17 février 1969, à l’hôpital Saint Louis, de père et mère inconnus, et que cette dernière était morte en le mettant au monde. Bien sûr, il avait fait des démarches auprès de l’administration, et ce dès sa majorité. Toujours la même réponse :

-Désolé Monsieur, mais on ne sait rien de plus.

-Il y avait bien une sage-femme, un médecin, une infirmière, pour assister ma mère quand elle a accouché ? avait-il demandé à l’hôpital Saint Louis, et ce à maintes reprises.

-Oui, mais tous ces gens là sont partis, ou bien à la retraite pour certains, et puis vous savez, c’était peu de temps après les évènements de mai 68,  les syndicats étaient très forts alors, et il ne fallait pas trop réclamer quoi que ce soit au personnel !

Mai 68, cette époque a toujours fasciné Sylvain, et pour cause, c’est l’époque à laquelle il avait été conçu, et puis toute cette agitation, cette révolte, cette presque révolution, l’ont toujours passionné.

De nombreuses fois, il est allé à la cinémathèque regarder des docus de l’époque, les reportages au cœur de la tourmente, les barricades, les gaz lacrymos, les cocktails Molotov, les CRS casques noirs sur la tête, boucliers en plexiglass, chargeant les hordes d’étudiants…

Un peu les troupes disciplinées romaines contre les fougueux et tonitruants Gaulois !

Trois mille Mondos tout frais sur mon compte, songe-t-il, pourquoi pas ?

Alors il se rend tranquillement Avenue d’Iéna, à pieds. Il fait beau. Remonter les Champs-Elysées par une pareille journée : un bonheur !

Sylvain pousse la porte vitrée de l’agence. Derrière le bureau de l’accueil, une grande femme brune, corsage en satin blanc immaculé, très largement ouvert, laissant deviner que la dame ne porte ni soutien-trucs, ni redresse-machins.

L’hôtesse lève son regard vers lui, large sourire façon "ultra-brite".

-Vous désirez ?

Sylvain répondrait bien "vous", mais ça ne se fait pas !

-Je désirerais me renseigner sur les voyages temporels.

-Vous avez rendez-vous ?

-Non, je passais, alors…

-Très bien. Monsieur ?

-Caillot, Sylvain Caillot.

-Monsieur Caillot, vous avez beaucoup de chance, Monsieur Dampierre notre directeur est là, je vais l’appeler et je pense qu’il va pouvoir vous recevoir, son rendez-vous s’est décommandé.

Elle décroche son téléphone : Monsieur Dampierre, j’ai là Monsieur Caillot qui désirerait s’entretenir avec vous… Très bien Monsieur Dampierre.

A peine a-t-elle reposé le combiné qu’entre le directeur, un homme d’une quarantaine d’années, souriant, visage halé, la main tendue.

-Bonjour Monsieur Caillot, si vous voulez bien me suivre…

Puis se tournant vers l’hôtesse :

-Merci Marjorie !

Sylvain, bien calé dans un profond fauteuil en cuir, explique :

-Je souhaiterais me rendre dans le quartier latin en mai 68, vous comprenez, tous ces évènements, ça me fascine !

-Je vous comprends parfaitement, effectivement c’est une période "riche" !... Vous connaissez notre devise : "rien n’est impossible pour Retro-Tempo !" Monsieur Caillot, nous allons organiser cela. Toutefois, je dois vous faire les recommandations d’usage, et ce malgré la brochure que nous allons vous remettre : vous ne devez ABSOLUMENT pas interférer sur le passé, vous savez le fameux "effet papillon" et aussi le paradoxe du grand-père.

-Oui, je sais, le moindre évènement peut avoir des conséquences désastreuses, ainsi le battement d’aile d’un papillon au Pérou peut-il provoquer un ras-de-marée au Canada !

-Je vois que vous connaissez ce paradoxe, donc on ne touche rien, on n’emporte rien, on ne fait rien qui puisse modifier l’avenir.

-D’accord Monsieur Dampierre, mais le paradoxe du grand-père, c’est quoi au juste ?

-Imaginez qu’au cours d’un voyage dans le passé, vous rencontriez celui qui va devenir votre grand-père, le vrai, celui qui est génétiquement le vôtre. Au cours d’une rixe, vous le tuez avant qu’il ait conçu votre père ! Dans ce cas, comment se fait-il que X années plus tard, vous soyez venu pour le tuer, alors que vous n’existez pas ?

-Ben merde ! C’est tout ce que Sylvain trouve à répondre.

-Revenez dans huit jours Monsieur Caillot, le temps que nous préparions votre voyage. Pour les formalités, voyez avec ma secrétaire.

Huit jours plus tard, Sylvain revient, même accueil de la belle Marjorie :

-Suivez-moi, Monsieur Caillot.

Ils se dirigent vers un petit ascenseur, Sylvain est pratiquement collé à la secrétaire. Cela le trouble, elle s’en rend compte et s’en amuse !

Six étages plus bas, la porte s’ouvre sur une salle aux murs couverts d’inox « brossé ». Des rangées d’ordinateurs garnissent la pièce. En son centre, un fauteuil métallique.

Dampierre va au-devant de Sylvain, main tendue : 

-Monsieur Caillot, c’est le grand jour ?

Puis il se tourne vers un autre homme en blouse blanche : 

-Mon assistant.

L’autre opine, puis retourne à son clavier.

-Monsieur Caillot, veuillez passer dans la cabine d’essayage pour vous changer, vous ne portez pas du tout des fringues soixante-huitardes !

Quelques minutes plus tard, Sylvain sort de la cabine : pantalon pat’d’èph’, veste Mao en velours côtelé, chemise cintrée, col à bouffer de la tarte, Clarcks aux pieds, et bien sûr une perruque « afro » sur le crâne !

-Voilà, c’est parfait, manque plus que le mouchoir sur le nez ! s’exclame Dampierre.

-Installez-vous !

Sylvain se cale dans le fauteuil métallique.

-Vous avez bien lu la brochure ? questionne le directeur.

-Oui, oui, bien sûr !

-Donc si vous ratez le premier rendez-vous pour votre retour, vous en avez un second six heures plus tard, attention il n’y en aura pas d’autres, et après on ne connaît pas les conséquences !

-D’accord Monsieur Dampierre, j’ai bien retenu la leçon.

Maintenant Sylvain est seul, Dampierre et son assistant s’affairent autour des ordinateurs, une légère odeur d’ozone flotte dans la pièce, un léger bourdonnement, un petit vertige, sensation d’apesanteur, Sylvain ferme les yeux…

Quand il les rouvre, il est devant une barricade, les gaz lacrymos lui piquent les yeux, sa vue se brouille, il a juste le temps de lire "rue Saint-Jacques" sur la plaque de rue, un type lui gueule : 

-Reviens derrière la barricade, tu vas t’faire massacrer !

Il se retourne et aperçoit, entre deux larmes, un front de CRS, matraques à la main, qui fonce sur lui au pas de charge. Sans réfléchir, il escalade la barricade faite de pavés, de chaises, de vieux matelas, de carcasses de voitures, de branches d’arbres qui ont été coupées à la tronçonneuse. Les CRS sur ses talons, il court, trébuche sur une fille toute vêtue de rouge, visage ensanglanté, sans doute une grenade lacrymo lancée à tir tendu !

Alors sans réfléchir, Sylvain a saisi "le petit chaperon rouge", l'aide à se relever, puis l’entraîne vers des lieux plus cléments.

Course folle entre les voitures qui crament, les poteaux arrachés, et partout ces putains de gaz qui brûlent la gorge et piquent les yeux, l’âcre remugle des voitures qui brûlent. La première à droite, rue des fossés Saint-Jacques. Sur les murs, il a juste le temps de lire quelques affiches : "la chienlit c’est lui" avec une caricature du grand Charles levant les bras au ciel, "CRS = S.S.",  bien sûr "l’imagination au pouvoir" et enfin "interdit d’interdire" !

La cavalcade continue, la fille l’entraîne dans une petite rue sur la gauche, "rue Clotaire" a-t-il le temps de lire, une grande porte grise, elle pousse violemment le battant, tous deux entrent…

Le calme après la tempête, ils semblent à mille lieues de l’enfer. Au-dessus de l’immeuble, on distingue le ciel rougeoyant…

L’embrasement des voitures.

Elle lui tient toujours la main et l’entraîne vers un escalier étroit au fond de la cour, six étages, des marches usées, la peinture écaillée sur les murs.

Arrivés au dernier étage, elle se dirige vers le fond du couloir, ouvre une porte, s’efface et proclame à voix haute : 

-Versailles, mon prince est arrivé  ! 

Une chambre de bonne, un lit, des étagères garnies de bouquins, une table, deux chaises.

-Ben dis donc, t’es meublée en "Louis caisse", déclare Sylvain, et tous deux se marrent.

Alors, patiemment, l’homme entreprend de lui nettoyer sa plaie. Le sang a coulé abondamment, heureusement la blessure est superficielle, un gros sparadrap et le bobo est réparé.

Elle lui sourit, lui prend les deux mains, et l’embrasse tendrement, amoureusement.

Ils font l’amour, comme si c’était leur dernière fois, elle a échappé à la mort et veut profiter pleinement de l’instant.

Apaisé, il lui demande : 

-Quel est ton nom ? Moi c’est Sylvain !

Elle le regarde gravement et fait NON de la tête.

-Et bien je t’appellerai "COQUELICOT" car c’est une petite fleur rouge que j’ai ramassé tout à l’heure !

Ils roulent l’un sur l’autre et refont l’amour.

Coquelicot s’est endormie, Sylvain regarde sa montre : 

-Merde, plus que 35 minutes avant le second rendez-vous ! 

Il s’habille à la hâte, un bisou sur le front de la jolie demoiselle, puis retour à son point d’arrivée, le quartier est beaucoup plus calme, les CRS patrouillent encore.

A l’heure pile, il est là, l’odeur d’ozone, le vertige, sensation d’apesanteur…

-Alors Monsieur Caillot, on s’est fait attendre ? Il était temps !

-Oh, vous savez, c’était très agité, j’ai bien failli ne pas pouvoir revenir, mais quel pied (c’est le cas de le dire songe-t-il) !

Sylvain est rentré, les jours ont passés, un peu de tristesse en songeant à son petit coquelicot.

Un samedi matin, Sylvain traîne dans son appartement, il est onze heures, le carillon de la porte d’entrée sonne, il ouvre, une vieille dame est là, petite, les cheveux blancs, un joli sourire sur son visage ridé.

-Bonjour Monsieur, je m’appelle Christiane Legendre, j’étais infirmière à l’hôpital Saint-Louis. Je peux entrer ?

Un peu interloqué, Sylvain s’efface pour laisser passer la vieille dame, puis il lui tend une chaise :

-Un petit café ? interroge-t-il.

-Ca n’est pas de refus. Je ne devrais pas, mais au cours de mes gardes autrefois j’en buvais beaucoup, et maintenant j’y suis un peu "accro", ajoute-t-elle en riant.

Le café servi, Madame Legendre commence :

-Vous êtes passé plusieurs fois à Saint-Louis, afin de demander si quelqu’un se souvenait de votre maman ?

-Oui, oui, c’est bien moi !

-Il se trouve que j’étais de garde le jour où elle est arrivée, emmenée d’urgence par les pompiers, figurez-vous que le "travail" avait commencé alors qu’elle attendait le métro !

-Elle est arrivée dans un fort mauvais état, c’est pour cela que ça m’est resté gravé. Elle était très faible et vous étiez un gros bébé, la pauvre a fait une hémorragie, et malgré tous nos efforts nous n’avons pas pu la sauver !

-Oui, mais son nom ?

-Attendez, j’y viens, elle était très, très faible, elle s’est vue partir vous savez, nous avions tous les larmes aux yeux, si jeune et si belle ! Alors elle nous a murmuré :  

-Mon garçon, je désire qu’il s’appelle Sylvain, comme son Papa.

-Et vous Madame votre nom ? Ai-je demandé.

-Coquelicot, je m’appelle COQUELICOT !




Quelques petites photos prises par votre serviteur en MAI 1968... C'était hier quoi !



La gare Saint-Lazare, il est 17 Heures ! Regardez la pendule, pas un chat sur la place, ça laisse rêveur...



Sous les pavés... LA PLAGE



L'humour ne perd JAMAIS ses droits, lisez bien le panneau jeté à terre. (pour les mirots il est écrit : arbre incliné)



Des barricades faites de pavés, de chaises, de vieux matelas, de carcasses de voitures et de branches d'arbres...



Les rues du quartier latin avaient ét rebaptisées : ici la rue du 11 Mai 1968

vendredi 16 janvier 2009

Tant-BourrinLogomachie

Un peu trop de travail en ce moment pour écrire un billet frais. Alors j'ai exhumé un vieux texte de chanson que j'avais écrit il y a quelques années, jamais mis en musique. Si quelqu'un se sent d'y coller des notes dessus...


Cupidon, sale enfant de coeurs
De malice a cordé son arc
Et décochant un trait moqueur
Il m'a entiché d'une énarque

Depuis je maudis le destin
Et sa cruauté sans pareille
Car ses grands discours byzantins
Font le malheur de mes oreilles

Tout son bla-bla est aussi creux
Qu'une vieille fosse d'aisance
Où résonne l'écho foireux
Du clairon de sa suffisance

Et quand mes nerfs, peau de chagrin
En sont réduits à peau de balle
Je lui fredonne ce refrain
Pour calmer ses ardeurs verbales

Logomachie, logomachie
C'est pas rigolo, ma chérie
De subir ta logomachie
Tu logomaches et moi j'en chie

Les savoir-faire sociétaux
Transcendent les technostructures
Par leurs effets fondamentaux
Passe-moi donc la confiture

Tout déploiement applicatif
Doit décliner des paramètres
Hypothético-déductifs
Pourrais-tu fermer la fenêtre ?

Logomachie, logomachie
C'est pas rigolo, ma chérie
De subir ta logomachie
Tu logomaches et moi j'en chie

C'est ainsi du soir au matin
Je pédale dans la choucroute
De son infâme baratin
J'ai la cervelle en banqueroute

Et même au lit, c'est profil bas
Je perds mes moyens, c'est tragique
Car au plus fort de nos ébats
Elle parle de plans stratégiques

Logomachie, logomachie
C'est pas rigolo, ma chérie
De subir ta logomachie
Tu logomaches et moi j'en chie

Logomachie et logorrhée
Sont ses mamelles qui m'attristent
Et pour ne plus boire leur lait
Je me ferais moine trappiste

J'ai tout laissé, je suis parti
Qu'on ne me parle plus d'énarque
Cupidon n'a plus d'appétit
Je lui ai fait bouffer son arc

Logomachie, logomachie
C'est pas rigolo, ma chérie
De subir ta logomachie
Tu logomaches et moi j'en chie

mercredi 14 janvier 2009

Saoul-FifreQu'importe le flocon, pourvu qu'elle soit épaisse

La grande grue immanente a fait descendre une chape de froid sur l'ensemble des régions et même, et même des flocons, en quantité industrielle parfois, dans les Bouches-du-rhône par exemple. Sur notre terrasse nous avons eu 40 centimètres, mesurés par huissier.

De ces cas-là, rares, la DDE n'a pas l'habitude et, tétanisée, a un temps de réaction un peu lent. L'agent voyer angoisse à desserrer ses doigts crispés par le froid sur le manche de sa pelle. La déneigeuse est bien là, à l'abri sous le hangar, mais personne n'a les qualifications requises pour la conduire. La programmation des stages de formation a été régulièrement repoussée, d'une année à sa suivante, comme une chose non urgente et secondaire.

Mais l'ennemi est là et on attend les ordres. L'économie du département est bloquée, à l'image de ses routes. Je propose qu'on en profite pour se destresser un peu. Je sais pas ce que vous en pensez, mais il y a longtemps que Blogborygmes ne vous a pas proposé un de ses célèbres jeux, qui ont tant fait pour sa réputation au delà des mers.

Bon ne comptez pas sur moi pour vous programmer en Pascal++ ou en Fortron de l'air un geek game. Ya pas marqué "Tant-Bourrin", là.

Je vous ai transcrit des vers tirés de chansons. Il va vous falloir trouver le titre de ces chansons.

Bien sûr sans tricher, sans faire de recherches google ou autres

Comme de bien entendu, les extraits on un léger rapport avec les météores actuels. Prenez ça comme une bataille de boules de neige virtuelle et amusez-vous bien ! Les réponses sont à envoyer comme d'hab sur mon mail

1) Dans la neige, ils m'étaient promis

2) Ce n'est pas un chemin, c'est la neige

3) Que l'hiver ou la neige à mon cou

4) Au bras d'une star, l'hiver dans la neige

5) Sous la neige carbonique de l'extincteur d'incendie

6) Ya des étoiles qui courrent
Dans la neige autour
De son chalet de bois

7) Avec cette neige à foison

8) Il a neigé à Port-au-prince

9) Sous la dernière neige, bondissent les ruisseaux

10) La neige étend son manteau blanc

lundi 12 janvier 2009

Mam'zelle KesskadieRien de nouveau sous le soleil, mais vous devriez voir sous le lit

Trois billets en trois jours, je me suis trouvée exceptionnellement inspirée !

Hélas, que je me suis dit, qu'est-ce que je pourrais bien raconter au quatrième ?

Encore une fois, je me suis inquiétée pour rien.

Que je vous rassure aussi, de ce pas, sur mes prodigales aventures.

Le père ramenait les enfants dans une heure.

Bénissant le peu de temps libre qu'il me restait, je me suis étendue telle la Belle au bois Dormant que 100 ans de sommeil parut un jour, espérant qu'une heure m'en paraîtrait autant.

C'est à ce moment que le téléphone sonna. D'accord, c'est du prévu, mais on me connait, j'ai la foi envers et contre toutes communications.

Deux fois. Il insistait le bougre.

Eh bien, c'était ma bougresse de fille aînée qui m'annonça que, pour le temps que son père serait en dehors de la ville, elle revenait au foyer maternel.

Je vous demande la question suivante : que cherchez-vous en premier quand il faut reloger une sixième enfant dans une maison de quatre chambres où il y a déjà cinq enfants et leur maman ?

A) un lit disponible ?
B) une pièce fermée disponible ?
C) une boîte de papier mouchoir disponible ?
D) un aller simple pour le premier avion disponible dans la première destination disponible ?

Toutes ces réponses sauf D parce que je n'ai plus de disponibilité sur ma carte de crédit.

Crucifix rebondisis semper, comme dirait ma meilleure chumme. Filia semper, Mater en calvaire.

Bon, toujours est-il que je cherchais une motivation pour faire le ménage de la chambre de lavage. Mais non, je ne mettrai pas ma fille à coucher sur la sécheuse, elle a passé l'âge d'y dormir, c'est un autre usage qu'elle fera de son dessus avec un autre homme que son père, mais n'entrons pas dans les usages parallèles des électro-ménagers et gardons le focus sur le déblayage de la seule pièce à porte fermée disponible dans la maison.

Sachez, c'est le principe des vases communicants, sauf que ce sont des pièces d'une maison. On commence par vider la chambre à lavage pour la remplir de stock afin de remplir d'un lit la seule pièce disponible, etc, etc, etc..... Donc, dans la poubelle extérieure sont remisés les balais Swiffer, Mr Net et inconnu, qui n'ont servi qu'une fois chacun depuis quatre ans, sont congédiés. Ensuite, la boîte des cadeaux glanés pour les bas de Noël que je voulais descendre restera dans ma chambre. Voyons voir ce qui reste de place dans mon garde-robe, dans le fond, voyons voir ce qui peut se replacer sous le lit, ça tombe bien, y a de la place laissée par les moutons que j'ai balayés ce matin.

Mon coffre à outils et toutes les vis, clous et autres ferrailleries que je garde au-cas-où que cette fois ça ferait (non, je ne jette pas, c'est tout du neuf acheté mais qui ne s'est pas avéré être l'article qu'il aurait fallu qu'il soit). Où ? Ah oui, la chambre froide. Qu'y a t il dans la chambre froide ? Les bottes d'hiver. Que ça tombe bien, il va en falloir bientôt, exit de l'étagère, certaines à la poubelle,de vieilles pantoufles, mais à qui ont-elles pu appartenir, je n'ai quand même pas eu autant de pantoufles à mettre sous mon lit... bof, poubelle. Rien de rien, je ne regrette riennnnnnnnnnnn...

Fifille arrive. Elle a décidé qu'elle viendrait me donner un coup de main dans ma situation de femme monoparentale ! C'est si gentil....

Donc, parce que j'ai passé le PM à préparer sa chambre avec son aide, merci, je n'avais pas le temps de faire le souper. J'ai donc acheté de la pizza toute faite. Oups, il faut attendre 25 minutes qu'elle soit prête. Pas de problèmes, que je me dis, ça fait longtemps que je voulais remplacer l'autre phare avant de mon Echo qui s'est éteint depuis un mois. Je promène son remplaçant dans le coffre depuis trois semaines, c'est ce qui s'appelle, une intégration graduelle. J'ai laissé le temps à la pauvre ampoule de se faire à sa nouvelle famille, et moi, à l'idée que j'allais répéter l'exploit de remplacer un phare avant.

Parce que je l'ai déjà fait avec succès, vous saurez.

Donc, en attendant ladite pizza, je me mets en train de changer la défunte pour la nouvelle. Il fait un peu sombre dans le stationnement, mais de toute façon, on ne voit jamais rien de ce qu'on fabrique quand on fouille dans un moteur, c'est bien connu. Et même si je le voyais, je ne saurais pas plus de quoi il retourne, alors...

Or, j'ai sous-estimé l'inconscient universel du Soi global de l'homme et de sa génétique programmée à la mécanique.

J'avais pas commencé depuis trois minutes, que v'là t-y pas un type à casquette qui vient s'enquérir du motif qui me poussa à relever le capot plutôt que le bas de ma jupe.

"Ben, qu'il dit, il faut commencer par dévisser ça."

"T'es malade, je lui répond, j'ai changé l'autre et j'ai pas touché à rien" (de ce qu'il me montrait).

Il m'a cru. Mais comme l'ampoule était réticente à sortir de son orbite, tel un œil qui refuse obstinément de quitter son crâne natal, il a voulu y mettre la patte.

Il n'y mis pas que la patte, il y mit aussi l'ampoule et me dit : est-ce ce qu'on appelle le travail au noir ?

J'ai bien ri, et avant qu'il songe à rebrancher, je lui tendis le caoutchouc qu'il ignorait.

Nous fûmes une équipe du tonnerre.

Cependant, je me demande. Est-ce mon charme féminin ou le charme de la machine qui attira l'inconnu ?

Probablement celui de mon Echo, parce qu'il disparut aussitôt que la lumière fut.

C'est ce qui me fait soupirer devant la perspective de ma quarante-neuvième année.... Y aura-t-il encore des pantoufles d'hommes à mettre sous mon lit ?

Je vous jure que je suis capable de trouver de la place pour les ranger, sans problème.

vendredi 9 janvier 2009

AndiamoLa dernière séance

On ne voulait pas ça, TANT-BOURRIN et votre serviteur, (un peu tout de même) faire chialer dans les chaumières…

On a réussi à arracher une larmichette, grâce ou à cause de notre petit billet "un peu de nostalgie" à certains (trop fiers pour l'avouer) et à certaines, qui nous ont confessé qu'elles avaient inondé leur clavier. Merci à elles de cet aveu.  

Il y avait autrefois à Drancy, la ville dans laquelle j'ai grandi, pas moins de six cinémas. Je vous ai parlé déjà de celui-ci : le moulin rouge, il fut l'objet du PREMIER billet que j'ai publié !

Les cinq autres portaient des noms ronflants : le PRADO, le REX, le TRIANON, le KURSAAL (que nous appelions : le cul sale bien sûr), et enfin le JAURES PALACE, situé près de la petite école communale dans laquelle je me rendais chaque jour, pas à reculons, mais presque !

T'aurais vu la gueule du "PALACE", le père Carlton et le père Négresco en seraient crevés de jalousie !

Ces petits cinoches de quartier, essentiellement fréquentés par les mômes grâce au prix des tickets vraiment bon marché, m'ont permis de découvrir John Wayne, Ava Gardner, Gary Cooper, Johnny Weissmuller, le seul et vrai Tarzan digne de ce nom, Maureen O' Sullivan, sa compagne... Qu'elle était belle !

Je n'oublie pas non plus la rousse Maureen O'Hara, Errol Flynn, Rita Hayworth, la fabuleuse Gilda...

Nous nous sommes bien marrés aussi avec Laurel et Hardy, j'en étais fan. Ados, avec un copain, nous allions souvent au  Studio universel, un cinoche situé avenue de l'Opéra (si ma mémoire est bonne). Dans cette salle fort modeste passaient des festivals Laurel et Hardy, des Tex Avery et son loup libidineux. J'y ai vu "graine de violence", avec Glenn Ford et la musique de Bill Haley, "Rock around the clock". Le rock, n'en déplaise aux jeunots, c'était NOTRE musique quand nous avions 17 ans ! (il y a plus de cinquante balais... déjà)

Eddy Mitchell, que j'aimais et aime beaucoup, de qui je suivais les déplacements autrefois - bien autrefois ! - a merveilleusement chanté ce temps béni des p'tits cinoches.

Ces endroits magiques, l'antre où tout est possible, ils sentaient un peu le renfermé, la pisse pour certains, les cacahuètes à décortiquer (ne cherchez pas, z'avez pas connu) qui étaient vendues à l'entr'acte, le petit sachet à un prix très abordable. On prenait un paquet pour quatre et nous partagions. Le boulot de l'ouvreuse pour balayer toutes ces coques vides !

Alors j'ai voulu illustrer toute cette magie. J'ai demandé (encore une fois) de l'aide à TANT-BOURRIN (la majuscule est une politesse calligraphiée) qui a accepté de faire le montage des petits crobards qui suivent. Si vous ne les reconnaissez pas, c'est que le dessin est maladroit (c'est que vous êtes des gros(ses) nazes ouais !).

Certain(e)s heureusement sont toujours là, les autres sont dans la cabine du projectionniste (il n'y en a même plus aujourd'hui) et ils nous regardent, un petit sourire aux coins des lèvres.

Alors, modestement, j'ai voulu leur rendre un petit hommage. Bien sûr, toutes et tous ne figurent pas, mais vous imaginez ? Il aurait fallu éxécuter (c'est toujours le terme qui convient) des dizaines de dessins, alors il y aura peut-être une suite...

Un grand merci à TANT-BOURRIN.

On clique : la musique crachotante d'un vieux soixante-dix-huit tours qui diffuse des chansons d'André Claveau, Luis Mariano, Edith Piaf ou autre, s'arrête dans un dernier craquement, la boîte à souvenirs s'ouvre, en même temps que se lève le rideau défraîchi des petites salles de mon quartier.

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