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mardi 24 novembre 2015

AndiamoSaint-Denis

Saint-Denis.

Saint-Denis, ville des Rois, Basilique dans laquelle reposent les Rois de France, des gisants sculptés dans du marbre blanc... Une splendeur.

Saint-Denis... En quelques heures, ce nom, cette ville, sont devenus signe d'horreur, de terreur, de violence.

Saint-Denis, bien sûr, dans quelques temps on aura oublié, il y aura eu d'autres choses, plus horribles encore !

Saint-Denis... Andiamette y est née il y a... Non je suis galant je ne le dirai pas. L'endroit où elle résidait s'appelait "l'îlot Saint-Léger" , une îlette, un petit bout de terre entre deux rivières : le Rouillon et la Vieille Mère, deux jolies rivières aujourd'hui canalisées, enfermées sous buses des cimenteries "Lambert" ou "Lafarge" (pub gratos).

Andiamette me parle souvent des roseaux qui bordaient sa maison, la pêche aux grenouilles ou aux tétards, les colliers de perles confectionnés avec les perles des couronnes mortuaires, prélevées dans le cimetière tout proche, des jeux interdits bien sûr. (z'avez pas connu les couronnes mortuaires en petites perles ? Moi oui), ce qui faisait hurler sa chère Maman, on s'en doute ! Elle se rendait à l'école de Marville, en sabots l'hiver, car point de route, des chemins boueux ! Les chaussons dans le cartable pour rentrer en classe.

De jolis peupliers italiens ombrageaient l'endroit, l'été les Parigots y venaient pour un pique-nique loin des fumées de la capitale. Pas le déjeuner sur l'herbe certes, ce brave Edouard n'avait point planté son chevalet en cet endroit... Va savoir ? Mais ça y ressemblait beaucoup.

Chez elle, ni eau ni électricité, la flotte ? Un robinet communal situé à 500 ou 600 mètres, ah oui ! Ils s'éclairaient à la lampe à acétylène ! Alors bien sûr ni télé et encore moins de téléphone !

Aujourd'hui, on se plaint ! On chiale avec la bouche pleine, Andiamette et sa sœur ne se plaignent jamais de leur enfance, elles ne se plaignent jamais du reste. Des dures à cuire, les frangines ! Une autre génération sans doute, se plaindre n'était pas de mise. Passé le certif', c'était le boulot à 14 ans, une demi heure à pied afin de rejoindre la gare, le train jusqu'à la Gare du Nord, quelques stations de métro, et encore une bonne balade pour atteindre l'atelier de couture. A 14 ans, c'est pas vieux tout de même !

J'ai vécu à Saint-Denis dans les années 60, une cité ouvrière, populaire mais pas racaille, un monde de besogneux, d'ouvriers, une main d'œuvre hautement qualifiée et recherchée, qui savait travailler, gagnait bien sa croûte, bien sûr foin des 35 heures, c'était 35 heures en trois jours !

J'ai travaillé avec des gens de tous pays et de toutes confessions, jamais il n'y a eu le moindre bémol, ils vivaient comme nous !

J'ai travaillé chez Bourjois (les parfums), beaucoup de femmes Maghrébines, aucune, je dis bien aucune, ne portait le voile ! C'étaient de braves mères de famille qui travaillaient dur, comme toutes ces femmes du reste, le travail à la chaîne, ça n'est pas évident. Toujours souriantes, elles rapportaient parfois des pâtisseries faites maison, quelle gentillesse, que s'est il passé ?

Mes banlieues s'appellent Drancy, Bobigny, Aubervilliers, Saint-Denis. Là où j'habite, je suis à une volée de plombs du stade de France, ils peuvent tirer les barbus, ils peuvent tirer sans crainte ces courageux, je leur tourne le dos.

Aujourd'hui à l'heure où j'écris, il pleut sur Saint-Denis, est-ce que ce sera suffisant pour laver cette horreur ?

(ch'tiot crobard Andiamo)

J'ajoute ceci : une petite vidéo montrant Nasser le président Egyptien, cette vidéo à plus de 50 ans ! Edifiant...

jeudi 19 novembre 2015

Oncle DanBonjour l'ambiance !

L'Institut Notre-Dame de Mont-Roland s'inscrivait dans la "stratégie scolaire" des Jésuites et constituait l'un des maillons de la chaîne de collèges qu'ils avaient créés le long de la frontière de l'Est et du Nord-Est, comme autant de bastions dressés face à la Genève protestante et aux régions luthériennes d'outre-Rhin.

Il empruntait son nom au mont "Roland", joli petit bois à l'écart de la ville dont les sentiers conduisaient tous à une magnifique chapelle de style gothique, ressuscitée en 1843 par les Compagnons de Jésus. Ce lieu de retraite privilégié, serti dans son écrin de verdure, ne représentait qu'une infime parcelle de l'immense fortune immobilière des jésuites qui tirait son origine des donations faites par des particuliers ou par le Roi au cours des siècles et des siècles. Amen.

Avec ses imposants bâtiments et son parc, il n'avait rien à envier aux autres établissements scolaires de la Cité de Pasteur. Ajoutez à cela quelques chapelles supplémentaires au sein du collège, une grotte artificielle et une piscine véri-table, et vous obtiendrez le cadre le plus recherché de la région pour délivrer à votre fils son ticket d'entrée à l'enseignement supérieur dans la plus pure tradition jésuitique.

On accédait à ce vaste domaine protégé de hauts murs, par un concours d'entrée, mais aussi par deux portiques diamétralement opposés, l'un s'ouvrant sur les allées du parc, l'autre sur la Cour d'Honneur, qu'encadraient les principaux corps de bâtiment.

En son centre, une statue de la Vierge, entourée d'un parterre de fleurs parfaitement entretenu, s'imposait au premier regard. Posée là au début du siècle, elle avait toujours fière allure, et paraissait capable de porter encore de nombreuses années l'enfant qu'elle avait dans les bras. C'est en tous cas ainsi que l'entendaient ses propriétaires qui avaient fait graver sur son piédestal l'inscription "SERVATUM - SERVABIT". Je m'abstiendrai de tout commentaire grivois à ce stade de mon propos. L'ayant revue récemment, je suis en mesure de vous dire qu'elle servait toujours vaillamment, sans manifester le moindre signe de fatigue. Pas même un petit rictus ne venait trahir une lassitude

bien compréhensible et qu'aurait justifié amplement ce poupard insouciant et décontracté qui ajoutait à sa bonne mine réjouie le poids de sa couronne et de ses habits d'apparat. Sans doute quelqu'un d'important.

Cette vierge avait une santé de bronze.

En perspective, un porche, sous le bâtiment central, laissait apercevoir d'autres cours, de part et d'autre d'une large allée gravillonnée, bordée d'arbres centenaires, qui conduisait au parc.

Tout était calme, silencieux, en ce mois d'août 1958, et ces vieilles pierres, qui avaient connu tant de générations d'écoliers, tant d'Histoire peuplée de Jésuites en soutanes, avaient quelque chose d'envoûtant pour le petit Dan qui découvrait ces lieux.

Le premier habitant de ce nouveau monde, le premier qu'il rencontra, était à la fois capital et insignifiant, inévitable et inexistant pour lui. Pour ses yeux encore tout inondés de la blancheur des graviers de la cour, il se confondait avec l'obscurité de sa loge de concierge.

L'ombre en blouse grise grimaça, - c'était un sourire -, s'informa, puis téléphona. Comme papa et maman Dan désiraient parler au Directeur, ils furent conduits au parloir, salle particulièrement étudiée pour cela. Dan connaissait déjà ces maisons où chaque pièce a sa fonction: le dortoir pour les batailles de polochons, le parloir pour écouter les autres parler, le couloir pour courir etc...

Il devait être assez agréable d'écouter dans ce parloir-ci. Tables et guéridons étaient ornés de bustes qu'il identifiera plus tard comme étant ceux d'Homère, Virgile et Molière. Les murs étaient recouverts de tapisseries et de gravures dont l'une est restée gravée dans ma mémoire. Il s'agissait d'une œuvre de Nicolas Labbé, personnage au nom prédestiné, représentant le siège de Dole en 1636 par le Prince de Condé à la tête de 20000 fantassins et de 8000 cavaliers. A l'horizon, ou si vous préférez dans le coin supérieur droit du tableau, on apercevait un nuage noir s'élevant au dessus du Mont-Roland que les alliés

suédois du prince, et autres hérétiques de tous poils, incendièrent après l'avoir pillé. La pièce était en outre garnie de quelques objets de première nécessité: l'indispensable crucifix, cela va sans dire, mais aussi, le piano, témoin de l'importance du chant et de la musique dans la vie quotidienne du Jésuite.

Assis au bord d'un canapé Louis XV, le petit Dan avait des préoccupations très éloignées des problèmes de rentrée scolaire, ou du moyen de se faire admettre dans cette vénérable institution. Vaguement inquiet de ce qui l'attendait, mais ne se sentant pas immédiatement menacé, ses pensées vagabondaient.

En entrant, le Père Jésuite le fit émerger de ses rêveries. Très digne, en cheveux blancs et chaussures noires. Il engagea immédiatement avec ses parents une conversation courtoise et pleine de grâce, à laquelle le principal intéressé ne prêtait guère attention, tant il était subjugué par le millier de boutons qui fermaient la soutane du prêtre, et qui, pensait-il, l'obligeaient certainement à se lever très tôt le matin pour être à l'heure à la messe.

Isolé de la discussion, dont il ne percevait que quelques bribes à travers l'épaisseur cotonneuse de ses réflexions, il s'efforçait en vain de comprendre les motivations de l'inventeur de ce supplice quotidien. Peut-être, était ce une invita-tion à la prière et à la méditation. Peut-être devaient-ils remplacer avan-tageusement le rosaire, encore qu'il ne parvenait pas à différencier les "Notre Père" dans cette collection de billes noires uniformes.

Il ne suffisait pas d'être déclaré admissible en sixième par un autre établissement scolaire, fût-il lui-même religieux, pour rentrer dans un collège qui avait la réputation d'approcher les cent pour cent de réussite au baccalauréat. Aussi, ce premier entretien n'était-il qu'un prélude, une sorte de "binette", qui devait être suivie, quelques temps plus tard, d'un petit examen éliminatoire... afin de ne pas être éliminé. C'est à cette occasion que le petit Dan fit connaissance pour la première fois avec ses futurs locaux.

La hauteur des salles et la longueur des couloirs confirmèrent son impressionnante impression du premier jour. Mais plus impressionnants encore étaient les escaliers. Il n'en avait jamais vu de semblables, de si monumentaux, de si larges, avec autant de marches, et qui montaient si haut.

On ne se déplaçait, à l'intérieur du collège, qu'en rangs par deux, et la règle ne souffrait pas d'exception. Cette évidence sautait aux yeux et l'avertissait de l'intransigeance de la discipline qui sévissait en ces lieux.

Combien d'années et de millions de pas avait-il fallu pour émousser et creuser à ce point, à leurs deux extrémités, ces marches de granit ? Combien de généra-tions et de milliers de potaches les avaient martelées de leurs semelles cloutées pour les gondoler de la sorte ?

Du haut de ces marches, deux siècles vous contemplent ! L'usure de ces marches le fascinait et l'angoissait tout à la fois, lui laissait une impression désagréable et indéfinissable, un goût amer dans le mental. Oui, une impression

vendredi 13 novembre 2015

BlutchLes enquêtes de l’inspecteur Hippolyte Tayze 2

Hippo Tayze et l’affaire de Caluire et Cuire :

Rapport d’enquête pour la commissaire Genveut.

En préambule et pour commencer, je te dirai que pour une voie de garage aux seules fins de te foutre la paix, c’est un raté de première. Il m’est avis que le bal téléphonique des petits cons va recommencer de plus belle… Tu peux même t'attendre à des menaces, alors enclenche les écoutes et on va bien se marrer...

Ce que j’ai lu à ce jour sur l’affaire de Caluire et Cuire tient de l’enfumage de troufignon. Il fallait donc tout reprendre différemment.

1° J’ai décidé de m’intéresser d’abord aux 11 protagonistes de cette affaire.

2° Ensuite je me suis occupé du bilan de santé de la résistance.

3° Et comme personne n’a cadré cette affaire dans le contexte historique de juin 1943, je l’ai fait, et il me semble que c’est là l’explication de toute cette affaire…

Outre Klaus Barbie qui fait sans état d’âme son boulot de militaire, 11 autres personnes sont concernées.

Je te rappelle la version officielle de l’arrestation de Jean Moulin :

8 résistants se réunissaient pour désigner le nouveau chef d’Etat-major de l’armée secrète. Ils sont arrêtés par Klaus Barbie le 21 juin 1943 dans la maison du docteur Dugoujon à Caluire et Cuire. C’était pas malin d’aller se faire griller dans une ville avec un nom pareil, mais bon…

Le 10e Homme : Le Docteur Dugoujon

qui recevait cette réunion dans sa maison, mais sans y participer.

Le 1er Homme : André Lassagne

adjoint du général Delestraint pour la Zone Sud (rentré de déportation).

Le 2e : Bruno Larat

chef national des opérations de parachutage et d’atterrissage (mort en déportation).

Le 3e :Albert Lacaze

récemment intégré à l’Etat-major de l’Armée secrète, incarcéré puis relâché en juin 1944, en même temps que le docteur Dugoujon.

Le 4e : Henry Aubry chef de cabinet du général Delestraint, incarcéré puis relâché à la fin de l’année 1943.

Le 5e : René Hardy

alias Didot, membre du mouvement Combat (extrême droite), responsable du NAP-Fer, qui coordonnait les sabotages ferroviaires, mandaté par Pierre de Bénouville pour le remplacer à cette réunion alors qu’il n’y était pas convié. Quelques jours avant cette réunion Hardy est arrêté à Chalon-sur-Saône et libéré de façon assez incompréhensible. Il ne fait part de cette arrestation qu’à de Bénouville qui le maintient à le remplacer et qui n’averti pas les autres de cet incident. Il s’évade lors de l’intervention de la Gestapo, les allemands lui tirent dessus à bout portant….. et le ratent. Lors de son procès, Barbie dira textuellement : «Hardy s’est évadé de Caluire avec ma complicité, les menottes étaient truquées… sa trahison a eu une importance considérable pour nous».

Le 6e : Jean Moulin

Le représentant du général de Gaulle, arrivé au rendez-vous sous l’identité de Jacques Martel. Il s’occupait de l’intendance des maquis, en particulier de l’argent qu’il versait équitablement, y compris aux maquis cocos. Il est le chef du tout jeune Conseil National de la Résistance.

Le 7e : Emile Schwarzfeld

chef du mouvement « France d’abord », pressenti par Jean Moulin pour succéder au général Delestraint à la tête de l’Armée secrète (il mourra en déportation).

Le 8e : Raymond Aubrac

Communiste de confession juive, il est chef des groupes paramilitaires du mouvement « Libération », attaché à l’état-major de l’Armée secrète. Il s’évade de prison en octobre grâce à une opération montée par sa femme Lucie. Des rumeurs organisées diront que c’est lui qui avait trahi. Juif et communiste, c’est beaucoup pour ne pas servir de bouc émissaire… et permettre d’acquitter Hardy par la suite au profit du doute.

Tous des grosses pointures de la résistance qui ne peuvent pas avoir, comme le dit la version officielle « organisé cette réunion avec une incroyable légèreté ». Celui qui a rédigé ce commentaire était manifestement aux ordres de celui qui a organisé la trahison.

A ceux là, il faut rajouter :

Le 9e :Pierre Guillain de Bénouville

Militant d’extrême droite, cagoulard, anti-juif. (mort en 2001) qui s’est fait porté pâle et avait envoyé Hardy le remplacer, sans obtenir l’accord des autres présents et sans présenter un mot d’excuse de ses parents pour expliquer son absence.

Le 11e Homme : Charles de Gaulle

Ex militant d’extrême droite, anti-communiste et anti-juif notoire qui cultivait une amitié douteuse avec Franco. Les parcours similaires de de Gaulle et de Bénouville présument qu’ils se connaissait de bien avant la guerre. Mais rien n’en atteste officiellement. Je n’ai pas eu le courage de lire l’intégrale des mémoires de guerre de Charlot…. Et en avait-il parlé…

Un fait méconnu illustrant le personnage : Lorsqu’en 19 il était en Pologne pour participer à la réorganisation de l’armée, il avait écrit à sa famille : «… Et au milieu de tout cela d'innombrables Youpins, détestés à mort de toutes les classes de la société, tous enrichis par la guerre dont ils ont profité sur le dos des Russes, des Boches et des Polonais, et assez disposés à une révolution sociale où ils recueilleraient beaucoup d'argent en échange de quelques mauvais coups. » ( http://www.valeursactuelles.com/tous-gaullistes-sauf-moi-56411 )

Il prouva par la suite que ce n’était pas juste un égarement de jeunesse…

Le bilan de santé de la résistance:

Donc pour ce qui est du contexte interne de la résistance, on a Jean Moulin, chef du tout nouveau Conseil National de la Résistance, donc appelé à avoir un rôle majeur à la libération.

Avec d’un côté les maquis juifs et communistes qui ont alors une grande importance et ne sont pas contrôlables politiquement par Londres.

Et de l’autre les nationalistes et l’extrême droite française, incarnée par de Bénouville et dont Charlot ne s’est jamais démarqué. A la libération, il lui avait ouvert son parti et il est mort étant à la fois militant de l’UMP et toujours aussi anti-juifs et anti-cocos...

La date : 21 juin 1943. La date de cette arrestation est très importante, elle ne fut jamais considérée comme élément déterminant de cette affaire. Pourtant, c’est la clef pour comprendre la mort de Jean Moulin.

1) En février 43 la bataille de Stalingrad est perdue par le général Paulus, les Allemands quittent l’URSS la queue basse en ayant perdu la quasi-totalité de la 6e armée. Paulus est fait prisonnier et finira par collaborer à la chute de l’Allemagne nazie.

2) En mai 43 Rommel lève le pied de l’Afrique du Nord, laissant 250'000 prisonniers de guerre italiens et allemands.

3) Le 10 juin 1943 le débarquement allié en Sicile commence.

La défaite de l’Allemagne ne fait plus l’ombre du moindre doute. C’est en France un moment de tension extrême entre les ténors de la résistance pour savoir qui détiendra le Sceptre d’or au moment clef. C’est le fin moment pour prendre son contrôle et la purger des maquis cocos. Dans 6 à 12 mois, elle devra avoir retrouvé tout son mordant et être bien tenue en main par le futur patron.

En juin 43, il y a, pour la résistance un moment de flou. L'essentiel de l'effort allié est fait à l'extérieur de la France, mais pour l'heure, on doit accorder les violons des résistants au gré du chef d'orchestre auto-désigné pour qu'au printemps prochain l'automne puisse déverser ses sanglots longs à la BBC.

Jean Moulin est alors en pole position. Il a pour lui l’aura de l'homme intègre et de celui qui est en première ligne, sur le terrain, là où se récoltent la gloire et les honneurs. Il préside le CNR qui montrera toute son importance après la libération, puisqu’on lui doit (entre-autres) la SECU, l’assurance chômage et la retraite.

Les autres présents à cette réunion n’ont pas la carrure ou l’ambition nécessaire. Pierre de Benouville est un exécutant, pas regardant dans ses haines. Boches, Juifs, Cocos c’est tout dans le même sac. Sans nuances, il ne peut espérer rassembler. En fait, ce qui le différencie de de Gaulle, ce n’est que son manque d’ambition personnelle.

Mais regardons un peu ce qui a changé dans la résistance après ce 21 juin 43 : Il y a 4 chefs qui, durant 6 mois, passent plus de temps à saboter la position 3 des autres que le matériel allemand… Les maquis communistes se voient confier les missions les plus mortelles et se mettent à manquer de logistique. L’hécatombe sera sérieuse. C’est alors le parti qui a le plus d’influence en France et c’est un obstacle majeur aux ambitions du 11e Larron, resté à Londres et qui voudrait bien profiter de l’aspiration pour doubler Jean Moulin avant la dernière ligne droite. La sortie de route de Jean Moulin est trop providentielle pour être accidentelle dans la carrière dictatoriale de Charlot. Si Jean Moulin avait survécu à la guerre, il aurait été à n'en pas douter le premier président du Conseil de l'après-guerre, la France aurait eu une politique foncièrement différente, on ne parlerait plus de Charlot depuis longtemps et la 5e république n’aurait jamais vu le jour.

Partant de ce constat, j’ai cherché comment Hardy fut arrêté à Chalon et pourquoi il fut si vite libéré. J’ai retrouvé à Munich un planton encore vivant de la Kommandantur de Chalon. Je te joins l’enregistrement de l’entretien.



''- Guten tag Herr Ulrich von Glott.

- Bonchour Monsieur Tayze, fous bouvez barler français car ch’aime beaucoup cette langue. Excusez ma mauvaise français, je n’ai plus l’occasion de le barler depuis 20 ans que ma femme est morte, elle était française.

- Monsieur von Glott, vous étiez affecté à la Kommandantur de Chalon-sur-Saône en juin 1943, est-ce exact ?

- Ya, heu oui, c’est exact.

- Vous souvenez-vous de René Hardy de la résistance ?

- C’est bossible pouvez-fous me dire bluss ?

- Il a été arrêté dans le train de Paris, en gare de Chalon et il fut libéré quelques heures plus tard.

- Ach So ! Che me soufiens bien barsque c’était très…. Spézial. Ch’étais la garde à la borte de l’Oberführer de la Kommandantur. Ch’ai fu et ch’ai entendu aussi.

- Pouvez-vous m’expliquer ?

- Un chour l’Oberführer est zorti du pureau en criant les ordres pour aller à la gare arrêter Hardy.

- Il a dit le nom « Hardy » ? Savaient-ils qui il était ?

- Foui, autrement comment j’aurais su le nom ? L’Oberführer savait que c’était un Terroristischer Kapo.

- Des soldats sont donc partis à la gare, ont-ils ramené Hardy ?

- Oui, ils l’ont amené directement dans le bureau de l’Oberführer. Normalement on laisse toujours attendre avant d’interroger, mais pas pour lui.

- Savez-vous comment s’est passé l’interrogatoire ?

- Non pas du tout, mais normalement on entendait les brisonniers crier, pas lui, sauf juste une fois au début.

- Que s’est-il passé par la suite ?

- L’Oberführer est sorti avec Hardy. Il était moitié chantil et moitié méprisant. A la borte, il a tapé sur le dos de Hardy et il lui a dit en français pour que bersonne écoute : Che gompte sur fous. Bersonne savait que ch’ai abbris le français à l’école jésuite…

- Je vous remercie Monsieur Ulrich Von Glott pour ces précisions. Puis-je encore vous demander pourquoi vous avez gardé un souvenir si précis de cette arrestation ?

- Lorsqu’une chose arrife zeulement une fois dans la vie d’un soldat, il se rappelle toute sa vie et che suis content d’avoir pu la dire à vous.''



Je te fais grâce des heures de discussion sur la politique actuelle que j’ai eues avec ce vif esprit de 90 ans. Partant de là et en l’absence d’un autre témoin possible, je conclu :

1° Que Hardy a été informé de cette réunion à laquelle il ne devait pas faire partie.

2° Que les allemands ont été avertis de la présence d’Hardy dans ce train.

3° Que pour sauver sa peau Hardy a parlé de la réunion de Caluire et Cuire.

4° Que de Bénouville s’est défaussé pour lui laisser la place. C’est probablement lui qui a informé Hardy de cette réunion. Tout plaide pour dire qu’il l’a fait sur ordre. Si tel n’était pas le cas, de Bénouville aurait eu à en subir les conséquences, hors il n’en fut rien, au contraire. Il n’a pas eu le cran d’être lui-même sur place, C’est pourquoi il s’est démerdé pour qu’Hardy s’y colle. Il y avait tout de même un risque que les Allemands gardent l’informateur en tôle et le confronte par la suite à ceux qui ont été arrêtés. Une fusillade collective n'était pas exclue non-plus.

5° Que les Allemands ont joué la prudence en laissant Hardy être présent sur place afin d’identifier Jean Moulin. Faut dire aussi que s’il en manquait un, la réunion aurait certainement été reportée et qu’ils ne savaient pas que le vrai délégué était de Bénouville.

6° Que Barbie a remercié Hardy comme il a pu.

7° Que les vrais traîtres ont allumés des contre-feux entre autre contre Aubrac pour que le doute fasse acquitter Hardy lors de l’inévitable procès qui a suivi. de Bénouville n’avait en rien été mis en cause dans ce procès.

Le seul qui avait à la fois la vision globale du contexte militaire, les infos sur la résistance (par Jean Moulin lui-même) et les contacts nécessaires pour mener à bien cette trahison était à Londres… C’était aussi le seul à avoir l’ambition de gouverner la France sans partage, il l’a prouvé par la suite. J’en déduis que Jean Moulin a été le premier mort de la 5e République.

Les chefs mafieux rédigent eux-mêmes l’éloge funèbre de ceux qu’ils ont assassinés pour bien montrer qu’ils sont les vrais patrons. De Gaulle n’a pas échappé à cette règle par la grâce du discours du Sinistre des affaires culturelles André Malraux. Plus grandiloquent que ça, tu meurs…. C'était tellement empesé que ça puait la fausseté.

Ca me rappelle l’assassinat de Jaurès, l’acquittement de son assassin, les éloges unanimes de la classe politique qui ne pouvait pas le saquer et ça me donne des aigreurs d’estomac parce que Jaurès aussi a été assassiné par la droite française et affairiste.

Putain, t’as pas des trucs plus rigolos à me donner, par exemple pourquoi Mickey a des oreilles rondes ou qui a bouché les chiottes du 2e la semaine dernière … J’aime pas voir les salauds triompher et ça fait 70 ans que ça dure.

Hippolyte Tayze

PS : Pour les chiottes du 2e, c’est Chavais-pas (plus connu de la hiérarchie en tant qu’inspecteur adjoint Chavez Pascal) qui s’est dénoncé. Ben oui, il ne Chavais pas que, dans le service, le broyeur à documents se prénomme "les chiottes" et que le bouton de broyage s'appelle la chasse. quand je lui ai dit de mettre toutes les notes de ce rapport dans les chiottes et de tirer la chasse, il a scrupuleusement balancé la paperasse dans les cagoinces.

dimanche 8 novembre 2015

FrançoiseMONOTRÈME, POLYTRÈME OU EXTRÊME ?

En ces temps de débats permanents autour de la monogamie, le polyamour et les extrémistes de tout poils et de toutes plumes remplacées hélas par les touches d'un clavier qui, si on n'y prend garde, vous occasionne non plus la crampe de l'écrivain mais le trouble musculo-squelettique nettement moins romantique et sexy, il me semble indispensable de revenir aux origines, c'est-à-dire au Créateur et à son inépuisable imagination, Créateur écolo de surcroît- je suis en pleine actualité- puisqu'il répugnait au gaspillage et recyclait en animal ses déchets créatifs.

L'histoire commence ainsi:

Le bon Dieu s’énervait dans son atelier… Après avoir fait le ciel, les étoiles et les planètes, les animaux de la création puis l’Homme, puis la Femme, il regarda son soleil et se dit « il est temps de faire la sieste, juste un coup de balai dans l’atelier et je vais piquer un de ces roupillons… » Parole sage du dimanche, jour de repos et non des centres commerciaux…

Une fois le coup de balai donné, se penchant pour voir ce qu’il restait dans sa pelle, Le Créateur, qui n’aimait pas gâcher, se dit que c’était trop bête de ne pas inventer un nouvel animal avec tous ces détritus : un bec, une poignée de poils, des griffes, des palmes, c’était rien que du bazar, mais ça a tout de même donné L’ORNITHORYNQUE, bestiole amphibie que tout joueur de scrabble rêve de placer dans sa grille! Elle nage à toute vitesse mais sait aussi courir- avec des pattes griffues à l’avant, palmées à l’arrière, un corps de belette (ça devait être un reste de belette, à la réflexion), une queue de castor lui servant de gouvernail (encore un qui se laisse diriger par sa queue…) et, bien que pondant des œufs, mammifère allaitant ses petits.

Les scientifiques anglais qui reçurent d’Australie un exemplaire de l’animal empaillé crurent à une blague de leurs collègues. Il y avait de quoi y perdre son latin, faut dire ! Car l'ornithorynque allaite ses petits, c'est donc un mammifère. Mais pour tout savant naturaliste, le mammifère est doté de mamelles. Pas l’ornithorynque, y en avait pas dans la pelle (du 18 joint, fallait être total défoncé pour inventer une bestiole pareille, je suis allée en Australie rien que pour en voir en vrai, ainsi que des koalas). Alors y font comment les petits nornithorynques ? Ils lèchent les poils humides du ventre de leur maman, d’où dégouline du lait. Ça s’appelle « les champs mammaires » qui comme chacun sait sont les chants les plus beaux… Pas très ragoûtant si la maman transpire, mais bon…

L’ornithorynque possède aussi un aiguillon venimeux capable de tuer des petits animaux et de faire très mal aux gros, c’est un des rares mammifères venimeux, mais quand on fait une bête avec des restes, faut pas s’étonner. Sauf qu’une fois la pelle vide, on est bien ennuyé au moment de lui fabriquer un appareil génital, urinaire et excrétoire. C’est prosaïque, certes, mais bigrement important dans l’existence, ces fonctions là! Que croyez-vous que fit le Créateur ? Ne s’est pas cassé la tête. Il a mis au pauvre ornithorynque le même trou pour tout, appelé « cloaque »- ça excite le désir et la copulation, n’est-ce pas? - dans lequel le mâle ornithorynque range son pénis au repos. Cela dénote un tempérament certes ordonné mais donne à réfléchir sur ce qui se passe lorsqu’il a envie de faire pipi ou caca…

Et dans le grand débat « mono » ou « poly » qui agite si souvent la blogbofacebooksphère (le Monopoly n’ayant rien à voir et n’étant aucunement un compromis entre les deux options), avantage une fois de plus au « poly ». Car monotrème (ça veut dire un seul trou) comme elle l’est, au commissaire qui l’interroge: « Mademoiselle, votre agresseur vous a-t-il juste violée, ou également sodomisée? », la femelle ornithorynque ne peut que répondre « Les deux,

Monsieur le commissaire ». Ce qui est, convenons-en, doublement traumatisant.

Et c’est ainsi qu’Allah est grand, concluerait Vialatte l’Auvergnat dont je vais rejoindre de ce pas le pays, la cathédrale de pierre andésite non pas noire mais sombre violet améthyste, le parc des Volcans qui élève l'âme autant que les deltaplanes dans un silence ô combien reposant, et le Gour de Tazenat, lac de début du monde, où l’on s’attend à voir s’ébattre des dinosaures et où l’ornithorynque trouverait, j’en suis sûre, refuge dans ce monotrème volcano-aquatique… (=lac de cratère).

mardi 3 novembre 2015

AndiamoGARAP

Fin 1953... J'ai 14 ans, pas bien grand, pas épais non plus, pourtant chaque matin je prends le 151 à 7 heures et quart, afin de me rendre à la Porte de Pantin, tout au bout de la ligne. De là je chope le métro ligne 5, et 6 stations plus loin "Gare de l'Est", je descends, une petite marche d'un quart d'heure et c'est la rue Martel dans le Xème arrondissement, plus exactement "le commercial Martel", deux ans dans cette école de : ^¨§$ & µ%# ! J'aurais eu mieux fait d'aller repiquer des salades tiens !

Chaque jour j'admire les belles affiches placardées dans le métro, des pubs essentiellement, à l'époque nous n'étions pas encore "gavés" de pubs en tous genres, nous "avalions" tout, des frères Ripolin qui à la queue leu leu écrivaient chacun dans le dos de l'autre, un canotier planté sur le sommet de leurs crânes. Egalement le gros paquet de lessive "Saponite" dont le slogan était, je m'en souviens encore : "Halte là qui vive ?... Saponite la bonne lessive".

Entre les stations, dans les longs couloirs obscurs, le sempiternel DUBO... DUBON... DUBONNET ! Pas con Dubonet, le seul à avoir placardé de la pub dans les tunnels ! Et tout le monde s'en souvient.. Pas les bouseux bien sûr, ni les moins de... Gna gna gna !

Et puis un beau matin d'octobre, (vous avez remarqué c'est toujours un "beau matin" dans les histoires, même si c'est un matin de merde, avec des attentats à la une, 20 centimètres de neige dans les rues de Pantruche, ou un vent à décorner les cocus, et là y'a du boulot !) Donc un beau matin que vois je ? Des affiches signées Savignac, mais oui le papa de la pub "Monsavon" tu sais la savonnette sous les pis d'une vache ! Tu veux un dessin ? Et là en l'au cul rance, un petit bonhomme coiffé d'un chapeau haut de forme, porteur d'un genre de loup noir, gants blancs, et fumant un cigare à la "Churchill" .. Va montrer un mec fumant le cigare aujourd'hui ! Un large bandeau en travers portant le mot "GARAP" !

Sympa L'ancien je vous ai dégotté l'affiche (on dit merci qui les filles) ? *

Voici l'affiche, avouez qu'il y avait de quoi intriguer, d'autant que la France s'est couverte de ces images, durant un mois, les radios, et même la vénérable R.T.F (radio télévision Française, non, non, il n'y avait pas le "O" devant, l'ancêtre ne perd pas ses boulons) diffusait ce GARAP, sans aucune explication.

Les commentaires et autres supputations allaient bon train : une nouvelle marque de pinard ? (les vins GRAP existaient déjà d'où l'amalgame) est ce un nouveau parti ?

En classe quand "Bobosse" le prof de Français ou "Néron" le prof de maths, avaient le dos tourné les "GARAP" fusaient, je me suis fait gauler : 500 fois GARAP à copier, signée des parents la péno, œuf corse !

Après un mois d'affichage, de slogans GARAP radio, et télé diffusés, nous avons enfin découvert le pot aux roses, GARAP n'était qu'un coup médiatique, afin de nous démontrer la toute puissance de la publicité !

Tout ce cirque médiatique avait été orchestré, dans le cadre de la semaine mondiale de la publicité. Les gens réclamaient du "GARAP" sans même savoir de quoi il s'agissait ! La preuve était faite, la force de la publicité démontrée, dans le village le plus reculé de France ... Et en 1953 il y en avait des villages reculés, entendez par là complètement ou quasiment ignorés, et bien dans chaque village on connaissait GARAP ! Même en Limousin, sûr Ségur, mon bon Bof !

  • (Image du net, si réclamation, je retire)

jeudi 29 octobre 2015

BlutchLes enquêtes de l’inspecteur Hippolyte Tayze 1

- Hippo, tu peux venir dans mon burlingue au lieu de te curer le nez béatement…

- Tu sais pertinemment que c’est chez-moi un signe d’intense réflexion et j’en ai vachement besoin pour éventualiser les suites de ma dernière enquête.

- C’est bien pour ça que je te convoque, alors rapplique fissa.



Mais il faut peut-être commencer par présenter la scène. C’était il y a quelques mois de ça…

Lui, c’est l’inspecteur Hippolyte Tayze, dit Hippo mais ça n’a rien à voir avec son physique ; la seule chose monstrueuse qui le caractérise est sa volonté de traquer le mensonge étatisé. Elle, c’est la commissaire Marie-Rose Genveut, parfois surnommée Fleur de cactus parce que si elle ne marque pas dommage pour envoyer des épines, elle n’est pas, malgré son prénom, toujours bien disposée à y mettre les fleurs avec. Ils travaillent dans la BVFH, la Brigade de Vérification des Falsifications Historiques.

- Il me semble, mon cher Hippo que tu as pris quelques libertés dans ton emploi du temps ces dernières semaines. Qu’est-ce qui t’a pris d’aller enquêter sur la mort de Boulin. On se prépare un sacré bouzin avec ça…

- Que veux-tu cheffe, lorsque je vois qu’un ministre se suicide, je suis déjà dubitatif. Un mec qui a une place de rêve, un salaire mirobolant, rien à glander d’autre qu’inaugurer des chrysanthèmes et qui se fait un solde de tous comptes prématuré, ça m’interpelle. Des cas de ce genre dans la 5e, t’as pas besoin de gratter fort pour en trouver plus de 15 et ce n’est pas mon dernier prix…

Lorsque en plus je lis que le type a commencé son suicide par se tabasser lui-même au point de se faire péter les os de la face et en ajoutant la fantaisie d’un solide coup de matraque sur l’occiput. Que ce faisant, il se déboîte une épaule (là, tu me diras que ce n’est pas très ergonomique de se balancer une série de crochets dans la poire et que pour le coup de matraque, ça demande un sérieux déhanchement de l’omoplate qui peut s’expliquer ainsi, mais tout de même) qu’en suite, il avale une dose de valium capable de tuer un cheval et qu’il fini par trouver une mare de 50 cm de profondeur pour s’y noyer. Donc lorsque je vois tout ça en même temps, je me dis que l’art de se foutre de la gueule du monde vient de faire un grand pas en avant.

Le ministre Boulin dérangeait les appétits de Chirac car Giscard voulait le nommer premier sinistre pour emmerder le RPR. C’est à la fois avéré et beaucoup pour un seul homme, alors il fallait le casser.

Selon mes informations, c’est le SAC qui a fait le sale boulot, Pasqua et Foccart se chargeant d’organiser la communication. Je peux te dire qu’ils ne furent pas brillantissimes dans l’art de convaincre, annonçant le décès le soir du 29 octobre 79 alors que ce n’est que le 30 à 8h40 qu’il fut officiellement découvert. Chevènement l’avait dit quelques années plus tard : Un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne. Boulin ne voulait ni l’un ni l’autre, alors « on » lui a trouvé une troisième voie originale.

Il ressort de mon enquête que ses petits copains de parti ont tenté de lui accrocher quelques casseroles aux fesses et il n’avait pas aimé la plaisanterie, mais alors pas du tout. Il pensait s’en sortir en menaçant de dévoiler quelques coups fumeux du RPR, mal lui en a pris, puisqu’il fut menacé de mort. Il avait pris peur et s’était décidé, trop tard pour lui, de planquer des dossiers d’escroqueries et d’extorsions de fonds pour alimenter les caisses du RPR qui pour être électorales n’en étaient pas moins très noires… Peut-être en savait-il trop sur le hold-up de la poste de Strasbourg, qui eu pour épilogue en juillet 1975 l’assassinat du Juge Renaud. Il a disparu le soir où il transportait ces dossiers. Lui fut très rapidement retrouvé dans sa mare au fond d’un bois, mais les dossiers jamais. Ils servent maintenant de moyen de chantage à un élu pour se maintenir en place. Il fut donc retrouvé d’autant plus vite que pour ne pas perdre de temps en circonvolutions inutiles, l’avis de recherche fut donné avant la signalisation de la disparition, et que l’avis de décès précéda celui de la découverte de son corps. Comme un tiers des effectifs du SAC émanait des forces de police de la République, la localisation du cadavre ne fut pas trop longue.

Dans mon rapport, je te narre la chronologie de mes trouvailles. En fait, tout est dans les rapports officiels, il suffisait de remettre les éléments dans l’ordre chronologique en gommant les absurdités que ces rapports contiennent. J’ai pu noter que tous les éléments de preuve possible ont malencontreusement disparus par des moyens divers : Ordre donné de passer des éléments à la casse pour faire de la place, des éléments ont été perdus, un juge avait mis des prélèvements d’organes de Boulin sous scellés dans un congélo cadenassé, celui-ci fut retrouvé fracturé et vide. C’est con, mais il contenait les poumons du ministre et la preuve qu’il était déjà mort au moment de faire trempette. Comme il est assez rare de voir un mort aller se noyer dans une mare, ça faisait un peu bordélique ces poumons sans la moindre trace de flotte. Il me reste une incertitude : Combien ont touchés les divers juges et procureurs pour déclarer que Boulin s’est suicidé, parce que dans cette affaire, c’est certainement eux qui ont fait preuve de la plus grande inventivité. A moins qu’il ne s’agisse pour eux de sauver leur peau, une phrase suffisait : Tu te souviens du juge François Renaud ?

- J’ai transmis ton dossier à la veuve, elle devrait obtenir la réouverture de l’enquête…. Si ses assassins ne reviennent pas au pouvoir.

Maintenant tu te fais un peu oublier de la politique actuelle, tu pars enquêter comment Klaus Barbie avait pu arrêter Jean Moulin. Là au moins je n’aurais pas à subir un tir de barrage des politocards actuels. Parce que putain c’est une levée massive de boucliers. La moitié des héritiers à de Gaulle a sorti les crocs.

- Ben tiens ! Faudrait que je m’étonne ? Par contre, ça me troue le cul de voir que même le Canard enchaîné persiste dans sa théorie du suicide, sans pouvoir expliquer le coup de matraque derrière la tête, la mâchoire fracturée et l’os du nez cassé, les lettres caviardées, les preuves qui disparaissent, etc. Il se fait vieux le volatile, je l’ai connu plus futé que ça…

Giscard prônait la continuité dans le changement (ou était-ce l’inverse ?) C’est un slogan qui cadre avec le gaullisme… Après chaque gros scandale le parti de de Gaulle change de nom pour se payer un nouveau pucelage : - 1947 le Rassemblement du Peuple Français - après le coup d’état de 1958, ça devient l’Union pour la Nouvelle République. - Puis c’est l’Union des Démocrates pour la Ve République - Ca suit avec l’UDR, le RPR, l’UMP et les Répus. Mais le métier de putes politiques est indélébile et tu retrouves toujours les mêmes aux manettes des magouilles.

- Il y a eu du changement tout de même !

- C’est vrai que Foccart et Pasqua ont une bonne excuse pour avoir déserté, mais ce sont des Phénix, les méthodes et les fichiers ont juste changé de mains…

- Toujours est-il que ce n’est pas le moment de remuer la merde, Tu t’occupes de Barbie et tu me lâches la grappe. Je viens de passer 22 heures en continu à rembarrer sèchement la valetaille des Raies pues parce que depuis Paul Bismuth, les boss n’osent plus faire certains téléphones eux-mêmes. J’en a raz le bol des menaces de ces minables… Eh là, pourquoi tu te fends pareillement la pipe ?

- J’imagine le tableau ….Tu n’as pas usurpé ton gentil surnom…. Je visualise ces petits connards se faire agrafer par Fleur de Cactus et en ramasser une deuxième couche par leurs patrons pour n’avoir pas su te faire peur….

Ceci dit, je te trouve bien optimiste à propos de Barbie, mais je prends le challenge avec plaisir parce que c’est pas pour dire, mais là aussi j’ai quelques petits doutes…

Hippolyte Tayze

Pour ceux qui veulent la version sérieuse : https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Robert_Boulin

samedi 24 octobre 2015

Oncle DanUne liqueur de caractère

La pièce était calme, trop calme pour engager une conversation ou développer une pensée. Le silence était brûlant et épicé comme un cataplasme à la moutarde.

C’était l’habitude des pièces que le Président Franz-Hubert Fandenschtrüükensheim des spiritueux Fandenschtrüükensheim et Fandenschtrüükensheim venait de quitter. Ses colères étaient toujours suivies d’une tempête de calme.

Il y avait de l’électricité dans l’air mais cette énergie ne semblait pas suffisante pour permettre à l’un d’entre nous de parler.

Moi-même, à part un ou deux ricanements affectés, je n’avais pas émis un seul son. Ah ! Si j’avais pu trouver quelque chose à dire, ils m’auraient entendu.

Et le responsable des ressources humaines qui restait planté là, comme un bénédictin aphasique ayant fait vœux de silence !

Il n’est pas facile d’enchainer derrière « Merde alors ! » et une porte qui claque. Personnellement, je ne trouvais rien de consistant malgré une intense réflexion. Peut-être une idée me serait-elle venue si j’avais pu faire quelques pas dans le corridor ou tourner autour de la table, la tête plongée dans les mains, mais les circonstances ne s’y prêtaient pas.

Toute cette gêne et ce mutisme risquaient fort, si l’on n’y prenait garde, de se transformer bientôt en chiendefaïencerie.

Alors, je fis « heu » pour débloquer la situation, mais le responsable des ventes fit également « heu » au même moment. Nos deux « heu » se heurtèrent avec un bruit sec avant de se briser par terre, et ce qui aurait pu être le début d’une phrase, s’évanouit dans l’atmosphère.

C’est alors que Georges, le Directeur financier, prit le verre de dégustation, l’assécha, et après avoir montré tous les signes d’un homme frappé par un éclair, dit « Aaaah ! ».

Celui qui n’était l’instant d’avant qu’une larve gluante d’excuses et transpirant par tous les pores était devenu une force de la nature et ressemblait à un gorille qui aurait eu un ulcère à l’estomac, si les gorilles ayant un ulcère à l’estomac sont bien ce que je pense.

Fandenschtrüükensheim avait raison : La commercialisation de cette liqueur aurait pu couler

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