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mercredi 1 juillet 2015

AndiamoLa Morgan

Avant propos :

Il y a deux jours, Petit Sucre m'a lancé un défi : sur son blog elle a posté la photo d'une "Morgan" en me demandant d'écrire un texte. Je me suis exécuté (je sais mon altruisme me perdra), elle a publié ce texte sur son blog.
Les BOSS bullent à donf, alors je me suis dit : tiens, tiens, ça ferait un p'tit billet... Pourquoi pas ?


Ah, la Morgan ! Elle en rêvait, la petite dactylo, modeste employée de chez GRATT'PLANCHES à La Courneuve !

Elle qui, au cours de ses soirées dans les p'tits guinches populaires de la banlieue parisienne, les sept îles à Montfermeil, ou chez Gègène à Nogent-sur-Marne, n'avait levé que des demi-sels, des marlous à la p'tite semaine, voire des Julots casse-croûtes !

Des michtons qui roulaient leurs caisses dans des similis Gordinis, ou des D.S rafistolées à la ficelle et au fil de fer.

Et puis, ce soir-là, avec sa copine Gigi, elles avaient décidé d'aller au "Royal Lieu", un dancing à rombières et à cousettes, situé sur le boulevard des Italiens.

Ambiance feutrée, roucoulade et patchouli, gomina à trois balles, fausses blondes et vrais maquereaux.

Une fausse brune, la bouche collée au micro qui en avait vu d'autres, sirupait (pas français ? M'en fous !) "ciao, ciao bambino" en tentant vainement d'imiter Dalida.

Nina (de son vrai blase Gilberte, personne n'est parfait) le vit arriver : grand, brun, la banane à la "Elvis Presley", la démarche chaloupée, une Marlboro, la clope des vrais cow-boys, collée à la lèvre supérieure. Au gargouillis qu'elle ressentit au plus profond de son ventre, elle sût qu'elle n'attendrait pas le deuxième soir pour lui dire "oui". Il y a des instants comme ça ou l'on voit en un éclair son avenir immédiat, et l'avenir immédiat de Nina, c'était une position à l'horizontale, dans le meilleur des cas !

Le beau ténébreux s'approcha, un sourire bref fit étinceler ses incisives comme dans les mauvaises pubs pour dentifrices bon marché, genre le mec qui s'éclate après un plongeon de trente mètres dans uns bassine, afin de plaire à une gonzesse qui porte une rose à la con entre ses quenottes.

- V'dansez ? murmura t-il en se penchant légèrement, ce qui lui permis d'admirer le panorama que son décolleté lui offrait.

Nina se leva d'un bond, elle qui d'habitude minaudait toujours un peu, afin de faire languir les mecs un peu trop pressés de vérifier si son décolleté était bidon ou pas !

La fausse brune avaleuse de micros attaqua "pour la dernière fois embrasse-moi", et le mec lui plaqua sa bouche sur la sienne...

Un "car wash", l'éléphant bleu, Karcher, patinage artistique, du grand art, un détartrage académique, les superlatifs s'entrechoquaient dans la pauvre tête de Nina, qui en moins de trente secondes avait ravagé sa petite culotte !

Sans un mot, le mec l'entraîna dehors, elle eût juste le temps de ramasser son manteau en vraie fausse fourrure, puis ils se retrouvèrent dehors dans les lumières vives du boulevard bondé comme tous les samedis soirs, à droite dans l'ombre, la vénérable façade de l'immeuble qui abritait à l'époque le journal "Le MONDE".

Elvis bis faisait tournoyer un petit porte-clés à l'effigie du symbole de l'Irlande : un trèfle à quatre feuilles.

Il s'approcha d'une petite voiture grise très basse, capot démesurément long, sièges en cuir rouges...

Nina ne pût s'empêcher de battre des mains : "une Morgan", s'écria t-elle !

Au sourire satisfait du mec, elle comprit que le "piège" avait fonctionné.

Alors, galant, il lui ouvrit la portière passager, puis s'installa au volant, petit sourire satisfait, premier tour de clé, la vaillant petit quatre cylindres hoquète, second tour de clé, le pot d'échappement émet un claquement sec.

Le faux Elvis se tourne vers Nina, sourire "Ulta Brite" signifiant : "t'inquiète, ça va le faire" !

Troisième tour de clé... TEUF, TEUF, TEUF, BANG !... suivi d'un bruit de métal tombant sur le sol, le mec sort précipitamment de la voiture se penche, se relève, livide...

- Putain le moteur est par terre !

- Et ta soirée aussi, lui murmure Nina, redevenue subitement Gilberte !


La Morgan (photo prise sur le web)

vendredi 26 juin 2015

AndiamoMon pou

Le pou, c'est ainsi que j'avais surnommé ma Fiat 500, la cinquecento. Je l'avais acheté suite à la mort (de profundis) de ma R8 kittée "Abarth". Dans les années 60 on avait coutume de dire : un lièvre ? C'est un lapin qui est passé chez Abarth !

En 1969, j'avais 30 ans ! j'étais parti explorer la France profonde avec une jolie fiancée... Qui a dit que je l'explorais aussi ? Elle ronflait bien, la R8, pas la jolie fiancée, puis à Châlons-sur-Marne, dans une côte, je rétrograde en troisième, je pousse le moteur dans ses derniers retranchements afin de doubler un bahut un peu trop limace à mon goût, et badaboum ! Les bielles, follement éprises d'indépendance, se mettent à cogner vilain, vilain...

Je me suis traîné jusqu'au garage le plus proche, et là, pour une poignée d'images à la tronche Bonapartiste, j'ai abandonné ma fidèle compagne.. La R8 hein, pas la jolie fiancée, nan mais !

Rentré à Paris par le premier train, je me suis mis en demeure de trouver une voiture, j'ai ameuté un peu tout le monde afin de remplacer ma vaillante Renault. Les fonds de tiroirs bien ratissés, j'ai réuni assez de thunes pour acheter une Fiat 500 : MON POU !

Rouge, il était rouge, le dernier des poux rouges ! Une boîte à crabots, c'est à dire que les vitesses n'étaient pas synchronisées, pour rétrograder : double débrayage impératif ! pour monter les vitesses double pédalage recommandé.

Un joli jour d'été, je roulais en ville avec ma jolie fiancée, quand tout à coup deux motards de la police nationale m'encadrent à un feu rouge.

Description de la jolie fiancée : 21 ans, brunette, mini jupette à ras du paradis, dans cette voiture très basse elle avait pratiquement les genoux sous le menton ! Si j'étais vulgaire, je dirais qu'on aurait pu lire le numéro de série du moteur, mais ça n'est pas mon genre, vous me connaissez !

Discrètement, je lui glisse à l'oreille : "ne bouge pas, ne change rien, ils se rincent l'œil, mais ça vaut mieux qu'une contredanse !"

L'un des deux lardus me demande de descendre, j'obtempère... Alors il fait le tour de la bagnole avec moi et déclare froidement :

- Si je voulais je me ferais un fric fou avec cette bagnole : pneus usés, un phare fracassé, un feu rouge nase ! Il se place face à la bagnole, et me dit en me faisant un clin d'œil : "mais j'en connais un qui ne va pas s'emmerder ce soir" !

Je l'ai regardé, on s'est marrés, et il arrêté la circulation afin de me laisser repartir !

L'histoire est vraie, un peu enjolivée par le souvenir, comme quoi moins les jolies Demoiselles ont de tissu sur elles, plus on fait des économies !

Fiat cinquecento, image internet.

samedi 20 juin 2015

AndiamoL'auto pop... L'auto populaire

Dans les années cinquante j'ai vu apparaître les premières voitures "populaires", celles que les ouvriers, les modestes employés, pouvaient enfin rêver d'acquérir. Jusque-là réservées à une élite (de rouge pour faire plaisir à Bof), l'auto c'était : "même pas en rêve" !

Et puis début des années cinquante, ma rue même pas goudronnée, encaillassée, parsemée de trous énormes, sans tout-à-l’égout, mais un "tout au caniveau", bien ! Sauf que l'été, bonjour la fragrance, ça schmouttait sévère dans les rigoles ! J'en avais tiré un ch'tiot billet d'ailleurs.

Dans cette rue, théâtre de nos jeux de gamins, tantôt grands espaces de l'ouest américain, ou champs de batailles dignes de celle d'Hasting, moi je l'aime bien celle-là, Guillaume le conquérant foutant une torchée aux rosbifs, ça me plaît bien !! Je ne les aime pas ? Ah vous l'aviez remarqué ?

Petit à petit, j'ai vu arriver, non pas des tractions avant 15 chevaux six cylindres comme la caisse de Chauguise, ni des frégates, encore moins des Cadillacs et autres Studebakers, mais bien sûr des quatre bœufs et des deuchs, la voiture du populo, enfin l'automobile se démocratisait, en même temps que commençaient à pousser d'étranges râteaux sur les toits des petits pavillons de MA banlieue.

Mes voisins, dont au sujet desquels j'vous ai déjà causé (j'ai été prof de français dans une autre vie) ont acquis au début années cinquante une quatre bœufs ! L'évènement, tu penses !

Cette famille bien d'chez nous, aurait dit le regretté Jean Nohain (vous n'avez pas connu "Jaboune" l'animateur de 36 chandelles ?), se composait : du père, de la mère, leur fils, un gamin formidable, qui possédait la collection complète de Tintin et Milou, la grand mère (une harengère) et le grand père, tous bien en chair ! Tout ce petit monde (enfin quand je dis petit, hein ?) s'entassait dans ce qui était le fleuron de la régie nationale.

Une galerie vissée sur le pavillon, afin de contenir les indispensables valdingues, biscotte le coffiot à l'avant quand tu y avais logé une brosse à dents, et un paquet de nouilles Rivoire et Carré, et bé il ne restait plus guère de place.

Imaginez-vous qu'à l'époque la quatre chevaux (chevaux fiscaux) ne possédait en fait que 17 chevaux réels ! Aujourd'hui la moindre caisse possède au moins 80 bourrins (j'ai pas dit Tant-Bourrins).

Alors je vous laisse imaginer pareil équipage dès la moindre côte ! Ah putain, fallait lui refroidir un bock à la tire arrivé en haut de la butte ! Elle transpirait sévère autant que la mémé à l'arrière, et mon pauvre petit copain coincé entre les énormes nichons de la mémé, et le fiacre opulent de pépé, oui mais c'est cette dure loi de la vie qui a fait ce que nous sommes aujourd'hui ! NAN j'déconne !

Mon copain Pierrot, un gaillard d'1 mètre 83, 86 kilos à l'époque s'était offert une 4 chevaux, alors : lui et sa femme à l'avant, leur minot à l'arrière, premières vacances : en voiture, direction Allevard les bains, magnifique petit bourg, situé dans le massif de Belledonne en Isère, entre Grenoble et Chambéry, à droite après la Porte d'Italie !

Imaginez la route de l'époque : pas d'autoroutes, traversée de toutes les villes , Sens, Auxerre, Avallon, et... Lyon, les premiers départs, des embouteillages monstrueux dans les grandes villes car pas adaptées du tout à la circulation automobile ! L'arrivée à Allevard après le col de l’Épine au dessus de Chambéry, pas de tunnels inaugurés seulement dans les années 80 ! Pierrot m'a raconté :

- Je suis arrivé, j'ai eu encore le courage de planter la tente, puis je me suis allongé à même le sol et j'ai roupillé !

Vous imaginez cette grande carcasse ? Pour entrer dans la voiture il lui fallait un chausse-pieds et un tube de vaseline, et le reste du tube pour en ressortir !

Ma première voiture a été une deuch. Je le confesse, je l'avoue, j'ai lâchement abandonné la moto, pour un maigre chauffage et des essuie-glaces !

lundi 15 juin 2015

BlutchAvec la Modà, faut marcher droit. Phase deux

Je tiens à m’excuser platement envers Tant-Bourrin et Saoul Fifre pour leur avoir sucré, une fois de plus leur tour de publication. J’espère et j’irai jusqu’à dire que je crois qu’ils comprendront qu’il était impératif de pouvoir ajuster la traduction directement après le texte.

Alors un grand merci à ces deux êtres d’exception qui, pour l’un retarde sa publication d’un billet intitulé « le scato-logique dans la chanson française », et pour l’autre « Avant j’avais un cul-noir, mais depuis j’en ai fait des saucisses ».

Je vois que par la même occasion, je brûle la priorité d'aînesse à Andiamo, mais quelque chose me dit qu'il est normal de se faire doubler un jour de 24 heures du Mans... Scusi cugino ma il rimorchio deve seguire il camion.

Salut c’t’’ami, (bonjour mon cher)

tu viens de dégoter* une modà* (de trouver une dame de bonne présentation). Congratulations t’as tiré un bon numéro. Pour pas t’empêtrer avec ta Louise*(ta femme, utilisé aussi si elle s’appelle Arlette) et qu’elle fasse de l’usage, faut respecter les consignes, comme dans un cours de répèt*. (cours de répétition : période annuelle de 1 à 3 semaines où le citoyen-soldat suisse doit réviser ses acquis militaires)

Ta modà, c’est du chtoff* (du solide), mais y a quand même des trucs qui ont des susceptibilités* (des fragilités), rapport à Jean Rosset* (le Soleil) ou les frimas, alors vas-y molo pour l’espédier au plantage* (mais non Andiamo, c’est pas ça du tout. Le plantage est le lieu de culture pour les besoins de la ferme), quand ça tape trop fort sur la tchoupe* (la tête), tu lui offres un chapeau de paille, et une pèlerine quand ça roille* (pleut) comme vache qui pisse.

Parfois une modà ça dégouline à répétition sous les mirettes. T’y fais pas trop gaffe, parce que ça revient comme le mildiou sur les vignes pas sulfatées, mais en plus souvent. Recta, t’y essuies tout en douceur les quinquets* (les châsses… heu les yeux) avec un moqueux* (mouchoir). NB: la poésie rurale n'est pas, non plus, du Lamartine .

Quand ça dégouline comme la Pissevache*(célèbre cascade à l’entrée du Valais, visible de toute la largeur de la vallée du Rhône), tu prends la panosse* (la ouassingue, la serpillère) et tu lui racontes des gentillesses avant de guinguenatsser* (courtiser avec tellement d’insistance qu’il n’y a qu’une issue possible) pour la consoler. T’as une liste de gentillesses dans la partie interdite pour les bouèbes*. (les enfants)

Dans la modà, t’as des trucs importants à savoir. Ca t’a une mémoire d’éléphant que t’as pas idée. La modà standard n’oubliera jamais le bouquet de chrysanthèmes acheté par mégarde pour sa fête.

Pour pas qu’elle fasse la meule* (seriner, user à longueur de reproches), à la paie du lait, te faut l’inviter à aller manger le bout-de-fat* (spécialité de sauciflard de fort diamètre typiquement payernoise) à Payerne, mais sans ramener une machurée... (là, on entre dans des explications pour expliquer le crescendo d’une ivresse : stade 1 : être pompette. Stade 2 : avoir pris une gonflée. Stade 3 : la machurée. Stade 4 en ramener une fédérale. Il y a encore des sous-groupes, mais ce serait trop long…)

Dans les cas graves, faut-y aller d’un vincande à Moillemargot ou carrément à Villeneuve.

Tu peux aussi faire tout ça sans attendre qu’il y ait du pétard parce qu’elle risque bien de te faire la potte* (faire la gueule, bouder) pendant que tu t’esquintes à lui faire plaisir.

Les modàs, t’en a pas deux pareilles, mais t’as un truc où elles se ressemblent toutes : deux trois fois par an, faudra lui changer son costume du dimanche, parce que pour elle, elle ne veux pas du rapietcé* (réparé, reprisé). Avant de te décider, regarde-voir à la Placette*, c’est moins cher que l’Inno* (2 magasins lausannois du genre « Galeries La Fayette ») et y z’ont aussi les éclaffe-beuzes (les souliers) qui vont avec.

Elle t'a vite poussé des siclées*(des rouspétances dont le niveau sonore est sans concurrences) qui peuvent ridiculiser les cloches de la cathé si y a du chnabre* (du pétard) Et y a vite des bringues* (disputes) si une bedoume* (Paris Hilton, en version rurale) bien foutue s’approche de toi. Le dernier avertissement avant la crêpée de chignons, c'est toujours pareil:

- Dis-voir la gueïupe* (femme aux mœurs douteuses), t’arrête de faire les yeux doux à mon mari ou je te file une grulée* (une raclée).

Là, y a plus à pétasser* (discuter), une des deux doit déhotter*(partir).

Ta modà est multifonction, comme le couteau suisse : Moutre* (de l’allemand Mutter. le Pays de Vaud était une possession bernoise, il est resté quelques traces de l’idiome des envahisseurs.) , infirmière, femme de ménage, pasteure, régente* (institutrice), meneuse à la promenade dominicale, couturière, masseuse, organisatrice des fêtes des grillots*(les mômes), et une raquaquée* (quantité) d’autres trucs.

Mais elle a aussi des fonctions délicates dont y faut pas trop abuser, comme « cuisinière » ou « femme de ménage », parce que ça peut tout faire péter dans le ménage, surtout si tu ramènes une fédérale* (stade ultime de la gonflée). Evite alors de dégobiller*(faire une restitution par voie orale) sur la moquette, parce qu’elle aurait raison de bouéler*(de pousser une siclée… de gueuler).

Si tu la prends pas avec des pincettes, ta modà fera bien de l’usage parce que la qualité suisse, c’est pas de la gnognotte* (mauvaise qualité) et tu regretteras pas d’avoir été chez le pétabosson*.(l’officier d’état civil chargé de célébrer les mariages).

NB : Il existe le modèle bourbine* (suisse-allemande), blonde aux yeux bleus, version spécial K3. Ce qui ne veut pas dire qu’elle rupe* (mange) 3 fois des céréales le matin (quoi-que…), mais qu’elle a 3 occupations exclusives: Kinder*, Küche*, Kirche* (enfant, cuisine église), mais certaines ont parfois été bercées trop près du mur, alors ça fait forcément du tort pour causer philosophie.

Alors voilà c’t’ami, à la revoyure*(Alors voilà , au revoir mon cher) et salutations au gouvernement*(à l’épouse).

Blutch.

mercredi 10 juin 2015

BlutchAvec la Modà, faut marcher droit

Malgré une littérature à gogo (j’ai pas dit DE gogo, mais quoi que parfois…), Mars n’ayant toujours pas compris Vénus, j’apporte ma contribution à la pacification des relations entre les sexes. Bien que nul ne soit prophète en son pays, j’offre la primeur de cette leçon de maintien marital aux maris pas marris de ces dames de mon coin de pays.



Salut c’t’ami,
écoute voir c'que je peux te dire.

Tu viens de dégoter une modà*. Congratulations t’as tiré un bon numéro.
Pour pas t’empêtrer avec ta Louise* et qu’elle fasse de l’usage, faut respecter les consignes, comme dans un cours de répèt*.
Ta modà, c’est du chtoff*, mais y a quand même des trucs qui ont des susceptibilités*, rapport à Jean Rosset* ou les frimas, alors vas-y molo pour l’espédier au plantage*. Quand ça tape trop fort sur la tchoupe*, tu lui offres un chapeau de paille, et une pèlerine quand ça roille* comme vache qui pisse.

Parfois, une modà, ça dégouline à répétition sous les mirettes.
T’y fais pas trop gaffe, parce que ça revient comme le mildiou sur les vignes pas sulfatées, mais en plus souvent. Recta, t’y essuies tout en douceur les quinquets* avec un moqueux*.
Quand ça dégouline comme la Pissevache*, tu prends la panosse* et tu lui racontes des gentillesses avant de guinguenatsser* pour la consoler. T’as une liste de gentillesses dans la partie interdite pour les bouèbes*.

Dans la modà, t’as des trucs importants à savoir. Ça t’a une mémoire d’éléphant que t’as pas idée. La modà standard n’oubliera jamais le bouquet de chrysanthèmes acheté par mégarde pour sa fête.

Pour pas qu’elle fasse la meule*, à la paie du lait, te faut l’inviter à aller manger le bout-de-fat* à Payerne, mais sans ramener une machurée... Dans les cas graves, faut-y aller d’un vincande à Moillemargot ou carrément à Villeneuve.

Tu peux aussi faire tout ça sans attendre qu’il y ait du pétard parce qu’elle risque bien de te faire la potte* pendant que tu t’esquintes à lui faire plaisir.

Les modàs, t’en a pas deux pareilles, mais t’as un truc où elles se ressemblent toutes : deux trois fois par an, faudra lui changer son costume du dimanche, parce que pour elle, elle ne veux pas du rapietcé*. Avant de te décider, regarde voir à la Placette*, c’est moins cher que l’Inno* et y z’ont aussi les éclaffe-beuzes qui vont avec.

Elle t'a vite poussé des siclées* qui peuvent ridiculiser les cloches de la cathé si y a du chnabre*.
Et y a vite des bringues* si une bedoume* bien foutue s’approche de toi. Le dernier avertissement avant la crêpée de chignons, c'est toujours pareil :

- Dis-voir la gueïupe*, t’arrête de faire les yeux doux à mon mari ou je te file une grulée*.

Là, y a plus à pétasser*, une des deux doit déhotter*.

Ta modà est multifonction, comme le couteau suisse : Moutre*, infirmière, femme de ménage, pasteure, régente*, meneuse à la promenade dominicale, couturière, masseuse, organisatrice des fêtes des grillots*, et une raquaquée* d’autres trucs.

Mais elle a aussi des fonctions délicates dont y faut pas trop abuser, comme « cuisinière » ou « femme de ménage », parce que ça peut tout faire péter dans le ménage, surtout si tu ramènes une fédérale*. Evite alors de dégobiller* sur la moquette, parce qu’elle aurait raison de bouéler*

Si tu la prends pas avec des pincettes, ta modà fera bien de l’usage parce que la qualité suisse, c’est pas de la gnognotte* et tu regretteras pas d’avoir été chez le pétabosson*.

n.b. : Il existe le modèle bourbine*, blonde aux yeux bleus. Mais attends un peu avant de fantasmer... C'est un modèle spécial K3. Ce qui ne veut pas dire qu’elle rupe* trois fois des céréales le matin (quoi-que…), mais qu’elle a trois occupations exclusives: Kinder*, Küche*, Kirche*. Probablement que certaines ont été bercées trop près du mur, alors ça fait forcément du tort pour causer philosophie.

Alors voilà c’t’ami, à la revoyure* et salutations au gouvernement*.

Blutch

vendredi 5 juin 2015

AndiamoMon dentiste

Enfin quand je dis "mon", c'est une image !

J'habitais à l'époque une banlieue vachement rupinos, bobo et tout le toutim, Aubervilliers pour ne pas la nommer. Une banlieue rouge, les maires qui se sont succédés s'appelaient au hasard : Pierre Laval et Jack Ralite (qui n'hésitait pas à vendre l'Huma le dimanche matin). Plus rouge, t'es un coquelicot !

Quand j'y habitais, c'était populaire, des usines, des façonniers, un tas de petits commerces de premier ordre. J'avais un pote "Gègène" que j'avais connu chez Rateau, le constructeur de turbines du même nom, qui vendait l'Huma sur le marché, lui aussi. Quand la simili révolution de 68 a foiré, j'ai cru qu'il allait se couper les loukès avec la faucille figurant en bonne place à la une de l'Huma, mais vu qu'il s'était déjà pris un coup de darak de la même image du dit journal sur la tronche, il en était resté là !

Donc, pour en revenir à mon dentiste, il créchait à proxénète de chez moi, il filait rembourre à tous ses patients à la même heure, après tu "patientais" une heure voire plus dans la salle d'attente.

Mais bon, même pas grave ! Il me laissait m'installer dans le fauteuil, un "salut môme" (j'avais tout de même 30 balais, comme quoi tout est relatif), puis il se marrait.

- Attends, je vais te faire rire, lâchait-il.

Il se levait assez péniblement, sa large face vermillonne, patient résultat du travail de levage de godets aux Côtes du Rhône garanties grande cuvée, puis se traînait dans l'arrière-boutique, et revenait porteur d'un bouquin des éditions "Fleuve Noir", série "police", auteur : SAN ANTONIO !

Et pendant un quart d'heure, il me lisait des passages qu'il avait relevé, les pages marquées, d'une corne, et c'était le bidonnage à donf : les exploits Béruréens, on ne s'en lasse pas, on s'esclaffait tous les deux comme des mômes.

Ensuite, la séance de bricolage des chailles, l'amalgame enfourné dans le chicot avec le pouce ou l'index, pourquoi prendre une spatule hein ? On se demande ? Après faut faire la vaisselle.

Mais ce qu'il préférait en connaisseur, c'était recevoir les jolies Dames et Demoiselles. C'était entre 1968 et 1972, les mini-jupes fleurissaient, et le garenne se rinçait l'œil ! Bah, il a eu raison d'en profiter, il n'a pas survécu longtemps à la mode des ras-la-touffe.

Quant à moi, j'ai connu nombre de dentistes depuis, aucun je le jure ne m'a fait autant marrer, ni lu du San Antonio, et pourtant le rire atténue la douleur !

(ch'tiot crobard délicat : Andiamo pour Blogbo)

lundi 1 juin 2015

FrançoiseFoutu anniversaire !

Ce 8 décembre 2020, Guy Kaddict s'apprêtait à fêter ses 40 ans. Le temps avait passé depuis sa rencontre avec Clochette. Il se souvenait parfois avec émotion de cette fille au nom de fée qui l'avait accueilli lorsqu'il déprimait. Il lui arrivait de sourire en évoquant la façon sans façons, tendre et désinvolte, dont elle l'avait aimé sans rien demander en échange. Le temps passant, il avait espacé ses coups de fil, puis cessé tout contact. La vie l'attendait, propice.

Guy Kaddict s'était lancé à corps perdu dans la finance et ça lui avait réussi. Il était riche. Évidemment hostile à toute augmentation d'impôts qui aurait nui un tant soit peu à l'état de son compte en banque. Révolté par toute ingérence de l’État dans sa vie et farouche partisan du libéralisme, seul système à ses yeux capable de créer de la richesse et du bien-être. En 2013, il avait vécu un temps aux USA et constaté avec soulagement que malgré ses intentions socialisantes, le président Obama ne pouvait pas aller trop loin dans ses projets de santé pour tous et de valorisation des populations noires et hispaniques. Trop d'intérêts s'y opposaient.

De retour en France, Guy Kaddict était décidé à défendre son pré carré avec la bonne conscience de celui qui pense être arrivé par ses propres mérites et considère les moins chanceux comme des assistés ou des loosers. Ces prétendus artistes payés à ne rien faire une bonne partie de l'année, ces enseignants râleurs accrochés à leurs privilèges, ces postiers s'enrichissant à Noël en vendant des calendriers hideux décorés de chiens-chiens ridicules. Il avait applaudi le président français qui avait imposé une drastique politique de réduction des prestations sociales pour aider les entreprises à redevenir compétitives et à créer des emplois... qui n'étaient d'ailleurs pas venus et pour cause : que ce soit en France ou ailleurs, les biens ne se vendaient plus faute d'acheteurs, faute d'argent.

Seuls résistaient les biens de luxe et les loisirs que s'offraient les 10% de la population qui en a les moyens, dont Guy Kaddict. Il était heureux, sa start-up avait grandi grâce au travail forcené de jeunes diplômés embauchés à bas prix et néanmoins enthousiastes à l'idée que s'ils bossaient dur, ils en toucheraient un jour les dividendes. Guy souriait de leur naïveté. Pourquoi leur donnerait-il davantage, puisqu'ils acceptaient de vivre avec si peu ? Pourquoi se priverait-il de cet argent qui lui permettait de gâter sa famille? La famille, c'est tout de même la priorité, se disait-il, les pauvres n'ont qu'à se débrouiller, l’État n'est pas une nounou.

Ce 8 décembre 2020, il reçut moult souhaits d'anniversaire via Fesse-bouc, mais fut déçu de ne trouver dans sa boîte aucune carte ni lettre comme celles qu'il recevait quand il était petit. Faute de postiers, le courrier n'était plus distribué que deux fois par semaine.

Il appela la Comédie Française pour réserver trois places: un répondeur l'avertit que le théâtre national était fermé depuis un mois faute de subventions pour boucler son budget. Il se souvint qu'il avait applaudi à la réduction du budget de la Culture au profit de l'aide aux entreprises : « Enfin, on s'occupe des vraies priorités ! » Néanmoins, il fut contrarié de voir sa soirée compromise.

Qu'à cela ne tienne, ils iraient à l'Opéra. Même message : faute d'argent pour assurer les salaires du corps de ballet, l'Opéra avait fermé ses portes pour une durée non précisée.

Guy Kaddict descendit acheter un journal. La liste des nouveaux spectacles et des nouveaux films était incroyablement réduite. La quasi suppression du statut des intermittents avait décimé les rangs des comédiens dont beaucoup avaient quitté la capitale pour vivre sous d'autres cieux où la vie serait moins chère. Du coup, peu de spectacles nouveaux se montaient. De riches amateurs d'art s'insurgeaient contre cette misère culturelle : « On ne vit pas que de brioche et de foie gras, disait l'un, l'humain a besoin de nourriture spirituelle, intellectuelle... Ou alors nous devenons des animaux. » Guy Kaddict se souvint que c'était l'argument des intermittents lors d'une de leurs grèves, plusieurs années auparavant : « La culture est vitale ». Ça l'avait fait rire : « Vitale ? Mais c'est l'industrie, les nouvelles technologies qui sont vitales ! »

Son téléphone vibra, c'était son fils :
« - Impossible de venir pour ton anniv', je dois garder ma fille.
- Elle n'est pas à la crèche ?
- La crèche a fermé, la municipalité n'a plus les moyens de la financer. De toutes façons, il neige, l'autoroute est impraticable.
- L’Équipement ne déneige pas ?
- Papa, ce n'est plus l’Équipement, les autoroutes sont privées depuis des années, et on ne déneige pas les tronçons non rentables.
- Prends le train !
- Impossible, la gare près de chez moi a été supprimée, la plus proche est à dix kilomètres ».

En rentrant chez lui, Guy Kaddict aperçut un attroupement. De la fumée sortait par une fenêtre. Il demanda si les pompiers avaient été appelés. On lui répondit avec aigreur qu'il n'y avait plus de service public du feu depuis fin 2016, le service était désormais privé et les tarifs doubles le week-end. "Qui va payer ? demanda quelqu'un. L'appartement qui brûle est inoccupé, c'est un court-circuit dans les communs ou une malveillance qui a mis le feu, les occupants de l'immeuble sont en train de se disputer pour décider s'ils acceptent de prendre ou non en charge l'intervention".

Guy Kaddict se souvient de l'adage : une seconde pour éteindre un feu naissant, une minute après une minute d'incendie, au-delà on ne garantit rien. Il regarda les flammes s'élever dans le ciel, entendit le craquement sinistre des vitres de son appartement. Foutu anniversaire !



(cette chanson n'a de rapport avec le texte que l'instinct destructeur de l'homme. Et puis j'adore Nougaro)

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