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dimanche 6 juillet 2008

AndiamoLa dilettante

C'est l'été, le climatiseur ronronne doucement, il fait bon dans la maison, ça n'est pas écolo ? Et tous les ceusses qui vont se faire bronzer l'endive aux Seychelles, assis dans un fauteuil de BO-INGE, qui va brûler en gros 400 tonnes de kérosène (aller-retour) c'est écolo ça HEIN ? dis-voir ?

Bon, on s'en fout, faut bien que les économies locales prospèrent (yop la boum) ouais c'est l'été, y'en a des qui VACANCENT à tout va, alors je Vermote un peu...

Mardi 29 juillet c'était mon anniversaire, merci de me l'avoir souhaité, y'en a des, qui ont eu l'outrecuidance de me demander mon âge.

Non mais chu pô né de la dernière canicule qui a sévit sur Ouagadougou, chu pas chochote non plus, je vais vous l'avouer m'n'âge, mais il faudra vous creuser un peu les méninges, incliner fortement la tête, afin que vos deux pauvres neurones entrent ENFIN en contact !

Rassembler vos souvenirs des cours de trigo, ah oui ! On tripotait les genoux de la voisine, au lieu de suivre attentivement les cours de Monsieur Racin'carrée De Quatre, et bien planchez maintenant !

samedi 5 juillet 2008

Saoul-FifreParasites de l'automobile

Je vous ai déjà parlé de Valérie .

Un jour elle me téléphone. Je ne me souviens pas exactement de l'époque, mais elle avait déjà son métier de potière au bout des doigts et elle cherchait à rentabiliser un peu ses connaissances. En fouillant dans les nombreuses revues bio-écolo-politico-je-veux-un-monde-plus-beau des seventies (Actuel, La gueule ouverte, Utovie, Rebrousse-poil, Ecologie et Politique, Le Sauvage...) elle était tombée sur une petite annonce qu'elle a subodoré apte à réamorcer la pompe à phynance.

Le Domaine de la Thomassine, à Manosque, cherchait une animatrice en poterie. Elle avait essayé de savoir ce qu'il en retournait par téléphone, mais il fallait se présenter. Sans doute le genre d'arnaque très répandu à cette époque : en échange d'être nourri (bio et végétarien), logé (dans un cadre idyllique) et blanchi (au ruisseau à 100 m en contrebas), le proprio se trouvait bien bon de ne pas vous faire raquer des sommes folles car nombreux étaient les candidats qui auraient bien aimé être à votre place, à s'essayer au retour aux sources de la plus pure des natures.

Connaissant le caractère de Valérie, j'imaginais d'ici la scène. Elle cherchait un poste de prof de poterie. Les pigeons, c'étaient les élèves, peut-être, mais sûrement pas elle ! Si les clients acceptaient de payer, c'était pour rémunérer son boulot à elle, et donc elle voulait sa part du gâteau, sinon elle allait se mettre à chanter et faire fuir les oiseaux à 3 kms à la ronde.

Sans préjudice d'autres réactions épidermiques, corrections méritées et dégradations de toutes sortes.

Enfin, ça c'était le résultat de nos deux imaginations conjuguées, mais qui s'avérèrent pas si loin que ça de la réalité. Il fallait y aller, de toutes façons.

Bordeaux-Manosque, sans un rond, le stop s'imposait, mais elle toute seule, jeune proie difficile, certes, mais ne tentons pas le diable, si j'acceptais de l'accompagner, elle se sentirait plus en sécurité. Non que je sois taillé comme un garde du corps, à cette époque, j'étais un gringalet maigrichon à tête d'intello, mais l'effet est surtout symbolique chez le dragueur potentiel. Ça fait "couple", le garçon peut monter devant et faire la conversation, si c'est un routier sympa, il y a 3 places à l'avant, il peut faire "tampon" au milieu, etc...

Le fait est, et ça ne date pas d'hier, qu'un mec qui prend une fille seule en stop considère comme tout à fait honnête qu'en échange du service rendu (vous connaissez le prix d'un taxi ?) la petite s'acquitte de son droit de passage en nature. Bien sûr, il ne va pas lui présenter ce deal tel quel avant de la faire monter dans son véhicule, car dans sa tête tout ceci est très flou : il est persuadé que, beau gosse comme il est, il représente une chance inouïe dans la vie sexuelle de cette jeune autostoppeuse. Et de plus, c'est plus fort que lui, sa générosité naturelle le pousse à rendre service à sa prochaine, qui ne pourra mieux faire que de lui témoigner en retour un peu de reconnaissance. L'esprit a priori auto-amnistié de toute culpabilité, il s'attache à interpréter le moindre mot sympa ou sourire comme autant d'appels au viol lancés par cette allumeuse de vraies bell's verges.

L'inverse est possible, bien sûr, mais plus rare. C'est la jolie histoire qui a inspiré "Pour une amourette" à Leny Escudéro. Elle est au milieu du clip mais toute l'interview est adorable.

Très tôt ce matin là, nous prenons la pose sur la bretelle d'accès à l'autoroute A62, sans faire la grossière erreur d'afficher Valérie telle un pub aguicheuse tandis que je ferais semblant de n'être aucunement concerné, un peu plus loin. Non ! Personne n'aime être pris pour un con et il faut que la demande soit claire. Donc, nous avons prévu un gros feutre pour nous faire des cartons indicateurs de direction, au fur et à mesure, et nous ferons le signe magique ensemble, ou à tour de rôle, pour nous reposer, si l'attente se trouve un poil longuette.

Et bien, la première voiture s'arrête assez vite et nous embarque. Très bon pour le moral, la première voiture. Ça veut dire que la chance est là, que nous pouvons adopter comme prénom du jour "Amadeus". Ça veut dire surtout que nous n'avons pas de gueules de tueurs, que nous avons su sourire, que nous étions bien placés, bien visibles à un endroit où les voitures n'allaient pas trop vite, où les conducteurs pouvaient nous dévisager avant de faire leur choix, où ils avaient de la place pour s'arrêter sans déranger personne... Que l'ampleur de nos bagages ne faisait pas trop peur, que notre saleté n'était pas trop repoussante... Ah c'est un métier, stoppeur. Ça va, je devrais pouvoir passer mon permis de stopper haut la main, j'ai dû faire autant de kilomètres en stop qu'en vélo, ce qui fait beaucoup .

La journée se passe assez bien. D'accord, il arrive que la prise en charge tarde un peu et que l'angoisse commence à monter, mais les voitures et les camions s'arrêtent assez volontiers en général, et puis nous sommes deux, on discute, le temps passe quand même plus vite. Tiens je me rappelle d'un routier particulièrement sympa qui, nous ayant à la bonne, nous a expliqué comment les routiers faisaient eux-mêmes du stop pour rejoindre leur camion tombé en panne ou le siège de leur entreprise. Au lieu de lever le pouce, ils levaient le disque en papier de la boite noire qui enregistre leur vitesse et qu'ils doivent montrer aux keufs. Il nous en a donné une poignée, et ce truc m'a servi plein de fois par la suite. Comme je lui faisais remarquer que j'y connaissais rien en camions et que je me ferais piéger à la 1ère question-piège, il m'a donné un petit cours sur un vieux modèle de camion que personne ne connaîtrait, d'après lui...

La nuit tombe, mais Valérie est pressée et nous continuons à lever le pouce. À partir d'Aix en provence, nous attaquons la cambrousse, avec des conducteurs de plus en plus bizarres mais souvent, conscients de notre position inconfortable, ils n'hésitent pas à faire des détours pour nous mettre dans la bonne direction. Des invitations à dormir commencent à arriver, mais nous tenons notre cap et les refusons. Le jour se lève prudemment. Un vieux pépé en 4L me fait une grosse peur : en bas d'une descente, il y a un stop qu'il n'a visiblement pas vu et il trace, imperturbable, à travers une route nationale qui semble assez importante, mais heureusement peu fréquentée à cette heure matinale. Ce sont les risques du métier. Je l'engueule un peu, pour le principe, mais pas trop, car ce sera lui qui nous laissera au centre de Manosque, entre chiens et loups, à l'heure des journaux gratuits que le livreur jette sans vergogne sur les marches des librairies, bien avant que le patron n'ouvre sa boutique pour les récupérer.

Cocagne, il n'y a pas de voleurs, dans la ville de Giono et de Magnan...

Ces 24 heures de stop non-stop sont derrière nous et nous terminerons les derniers kilomètres jusqu'à la Thomassine à pieds.

jeudi 3 juillet 2008

AndiamoLa Vieille

Octobre 1956, une journée grise, le crachin mouille les vitres du bistro de Plogoff "chez Fanche". Assis à une table, Le Gwen et Kerjean finissent leur bolée de cidre.

Bon, j'y vais, ne les faisons pas attendre ! Le Gwen se lève, serre la main de son beau-frère, relève le col de son ciré puis sort. Une deux-chevaux l'attend, bâche défraîchie, rouillée. Elle hoquète un peu. Au volant, un type, casquette de marin sur sa tignasse noire. Ils roulent en direction de la pointe du Raz.

Ca ira ?

Faut bien !

T'as l'pot, l'vent s'est calmé, l'accostage sera plus facile.

Ouais !

Aujourd'hui c'est la "Velléda", la vedette qui l'emmènera au phare de la Vieille.

La Vieille, les employés des phares et balises l'appellent "l'enfer". Dans la mer d'Iroise, face à la baie des trépassés, le rocher de Gorlebella (la roche la plus éloignée en Breton), haute de ses 27 mètres, la tour carrée surveille le passage du Raz de Sein. Un dicton local dit : "Nul n'a jamais passé le Raz qu'il n'encourut crainte ou trépas" !

Et puis un autre, tout aussi encourageant : "Il ne vient jamais, en douze mois, moins de cadavres qu'il y a de dimanches dans l'année" !

Le Gwen monte à bord, va saluer le capitaine Le Bihan. Le phare n'est pas bien loin, on le voit depuis la côte. A quelques miles, on aperçoit Ar Men, puis celui de l'île de Sein. Aujourd'hui, la mer est plutôt calme, un répit en cette saison, "ça ne va pas durer" pense Le Gwen.

La vedette stoppe à quelques mètres du rocher déchiqueté, puis Coatmeur, l'équipier que Le Gwen va remplacer, lance le filin, le "cartahu" comme on l'appelle ici. Alors la manoeuvre peut commencer : le remplaçant s'amarre à l'aide d'un harnais, puis il est hissé jusqu'à la plate-forme, ensuite ce sera le tour du "remplacé" d'être descendu à bord de la vedette. Ainsi, en cas de pépin, on est assuré qu'il y aura au moins deux hommes, en garde du phare.

Vient enfin le tour du "baluchon", c'est à dire la nourriture pour les jours à venir. La relève se fait tous les six jours (quand la météo le permet), on remplace un équipier sur deux, ce qui fait que chaque homme passe au minimum douze jours dans le phare.

Celui qui est resté, c'est Kerrien, un grand rouquin, il rit tout le temps pour rien, c'est un peu agaçant parfois, mais Le Gwen l'apprécie tout de même : ce grand costaud n'est pas froussard, ni fainéant. Isolés comme ils le sont, ce sont des qualités indispensables.

Pour leur tenir compagnie, un "transistor". Ces petites radios en sont à leur début, alimentées grâce à deux piles de 4,5 volts. Surtout ne pas oublier d'en rapporter, lors de la relève !

En ce moment, il n'est question que de la crise de Suez, Nasser va-t-il oser tenir tête aux Anglais et aux Français ?

Plus de 150 navires de guerre sont engagés ! Anthony Eden, et Guy Mollet, vont-ils perdre la face ? La France, empétrée dans la guerre d'Algérie, y voit déjà une façon d'affirmer son autorité.

Le Gwen a apporté du courrier, Kerrien rit à l'avance en ouvrant la lettre écrite par sa femme. "Tout va bien", dit-il après avoir lu chaque phrase. Puis, ayant terminé sa lecture, il replie soigneusement le papier, le glisse dans l'enveloppe.

J'crois bien que j'vais être papa !

Ben merde, ça t'en fera quatre !

Non cinq, t'oublies les jumeaux, et il éclate de rire !

T'as un sacré coup d'fusil tout de même !

Le Gwen est parti se coucher, Kerrien assure le premier quart, le vent s'est levé. En cette saison, rien d'étonnant, les tempêtes de l'Atlantique se déchaînent, des vagues dont les embruns passent parfois par dessus le phare, des coups de boutoir, qui font trembler les assises de la respectable vieille Dame.

Minuit, la mer est déchaînée, les vagues heurtent violemment le rocher. Tout à l'heure, si le vent forcit, des paquets de mer passeront par-dessus la bâtisse.

Kerrien secoue son équipier : "eh ! La belle au bois dormant, c'est ton tour" ! Toujours la même phrase. Depuis le temps, elle ne fait plus rire que lui.

Le Gwen se lève, se frotte les yeux, se dirige vers la cuisine, après avoir fermé la porte. "J'vais m'faire un p'tit kawa", songe-t-il.

"Dans le poste", il n'est question que de Nasser. "Font chier !" dit-il à haute voix. D'un geste rageur, il coupe le sifflet du journaliste !

Attablé, les deux coudes sur la table, Le Gwen déguste son jus, soudain il perçoit un grand fracas, pas le bruit de la mer se brisant contre le granit, non, autre chose. Il pose sa tasse, enfile un ciré, puis descend la volée de marches conduisant à la porte d'entrée. Il sort, le vent violent lui coupe un instant la respiration, il inspecte les alentours, promenant le pinceau lumineux de la lampe torche.

Soudain, il aperçoit les restes d'un canot, échoué sur le rocher, avec d'infinies précautions, il s'approche, dans ce qui reste de l'embarcation, une forme allongée, une femme, évanouie, l'homme se baisse, délicatement la soulève, puis retourne vers la porte, assurant chacun de ses pas.

Le Gwen est costaud, la femme menue, c'est sans peine qu'il parvient à leur logement, avec douceur, il la dépose sur la table, puis va secouer son compagnon : "oh, Kerrien, lève-toi !"

Quoi déjà ?

Grouille-toi, suis-moi !

Dans la cuisine, incrédule, le rouquin se frotte les yeux.

C'est quoi ça ?

Ca ? C'est une femme, ça s'voit pas ?

Allez, aide-moi, on va la coucher...

Faudrait p'têt' lui mettre des vêtements secs ?

Ben oui, répond Le Gwen gêné.

En détournant les yeux au maximum, Le Gwen retire les vêtements mouillés de la jeune femme, elle respire faiblement, son corps est glacé : faut la réchauffer !

A l'aide d'une serviette, tour à tour, ils lui frottent vigoureusement le corps, puis après lui avoir passé un pyjama, ils la couchent délicatement, rajoutent deux couvertures, s'éloignent sur la pointe des pieds.

Toutes les heures, il faut contrôler le brûleur à vapeur de pétrole de type "Alladin", la puissante lentille de Fresnel, permet une portée de 18 miles ! Par des nuits comme celle-çi, il vaut mieux que tout fonctionne "au p'tit poil" !

Le Gwen a laissé son compagnon se rendormir, il est trop énervé, le sommeil ne serait pas venu, il en est certain, alors...

De temps en temps, il entre dans la chambre dans laquelle dort la jeune femme, sa respiration est calme, puis, posant la main sur sa joue, il sent une douce chaleur. "Tout va bien", murmure-t-il.

Au petit matin, Kerrien déboule dans la cuisine.

Tu m'as laissé roupiller, fallait pas !

Tiens, j'ai fait du café, sers-toi.

La tasse à la main, Kerrien jette un coup d'oeil au dehors, la double fenêtre les protège des montagnes d'écume montant à l'assaut de "la Vieille"

Sac'h kaoc'h, ça ne s'arrange pas, m'étonnerait qu'la relève puisse venir dans cinq jours, c'te saloperie d'temps va bien durer deux s'maines, GAST ! GAST !

Bon, calme-toi, ça sert à rien.

La phrase à peine terminée, la porte de la chambre s'ouvre, la jeune femme est là, hésitante : "Bon... Bonjour", leur dit-elle d'une toute petite voix.

Entrez, entrez, Madame, répond Le Gwen en se levant précipitamment, il se dirige vers elle, lui prend gentiment l'avant-bras et l'aide à s'installer.

Le pyjama trop grand flotte un peu, ses cheveux noirs lui couvrent le visage. D'un revers de la main, elle rejette les mêches rebelles, dévoilant ses grands yeux bleus.

Tenez, un grand bol de café, ça va finir de vous réchauffer.

Merci, je m'appelle Françoise, c'est tout ce dont je me souviens. Moi, c'est Le Gwen, Armel Le Gwen. Et moi, c'est Maryvon, déclare Kerrien, pur Breton, tête de cochon, et il se marre, la jeune femme aussi. C'est de bon appétit qu'elle termine sa deuxième tranche de gros pain de campagne, tartinée au beurre salé.

Le Gwen lui a expliqué où elle était, son sauvetage, il a un peu rougi quand il a fallu expliquer le pyjama, en remplacement des vêtements mouillés, elle a souri...

Ils l'ont affublé d'un pantalon en velours côtelé, bien défraîchi, un pull marin kaki. Elle a dû retrousser les manches du pull ainsi que les jambes du pantalon, pour les mettre à sa taille.

En la voyant ainsi, Kerrien l'appelle "spontailh". A nouveau, il se marre, Françoise lui demande : "c'est quoi pontaille" ?

Mais non, spontailh, ça signifie...

"Epouvantail !", répond Le Gwen. Ah ! T'es malin toi !

Mais si, je trouve cela très drôle, et voilà la jeune femme prise d'un fou rire, qui lui arrache des larmes. En écho, Kerrien se tient les côtes.

Ils ne lui posent pas de questions, l'isolement fait que chacun se confie un peu, ainsi Françoise apprend que Armel est veuf, et que son beau-frère, viendra bientôt prendre la relève de Kerrien, si toutefois la météo le permet.

Quant à Maryvon, il lui montre la lettre de son épouse, après avoir insisté afin qu'elle la lise, ainsi apprend-elle qu'il va être à nouveau papa !

Bravo, jolie famille ! Le cinquième, dites-vous ? Son regard s'assombrit, moi je ne sais même pas si je suis mariée, si j'ai des enfants, rien, je ne sais plus rien...

Les jours suivants, Kerrien lui montre le brûleur, la façon de l'entretenir, bien faire attention au gicleur, nettoyer le filtre, bien laver la lentille de Fresnel, si elle est couverte de suie explique-t-il, elle renverra moins bien la lumière.

Françoise écoute, lui sourit. Alors il lui raconte des histoires, la fait rire, elle ne le quitte pratiquement pas, préférant sa compagnie à celle de Le Gwen, le taciturne, le timide. Parfois, il observe la jeune femme à la dérobée. A peine les yeux de cette dernière croisent-ils les siens qu'il détourne la tête.

La tempête fait toujours rage, il semble même que le vent ait encore forci, des montagnes de mer submergent le vieux phare, la Vieille résiste... L'enfer, c'est véritablement L'ENFER. Il faut crier pour se faire entendre, tant le fracas des vagues couvre tout.

Dans la tête et dans le coeur de Le Gwen, c'est aussi la tempête. Il ne veut pas se l'avouer, mais il est tombé amoureux de "sa" naufragée, tous ces regards, ces frôlements, cette promiscuité, ce huis-clos...

Et ce gros abruti de Kerrien qui lui fait des ronds de jambe, et elle, si délicate, qui ne cesse de glousser à chacune de ses blagues vaseuses ! Et puis, cette putain de tempête... Quand va-t-elle cesser ?

Huitième soir, Kerrien a prit le premier quart, lui et Françoise sont restés attablés, ils jouent aux dominos, et se marrent comme deux mômes.

Le Gwen ne trouve pas le sommeil, les hurlements de la tempête, le fracas des vagues, les coups de boutoir titanesques, de l'océan déchaîné, l'enfer... Françoise qui tourne dans sa tête... Il se lève, entre brusquement dans la cuisine, Françoise est dans les bras de Maryvon, ils s'embrassent.

Armel voit rouge, il sépare brutalement les amoureux : dégueulasse, lâche-t-il, et Maelann, hein ? Tu as pensé à Maelann ? Et tes mômes ? Cinq gosses bientôt, qu'est-ce-que tu vas en faire ?

Ça t'regarde pas, gronde Kerrien, c'est pas tes oignons, j'fais c'que j'veux, tu peux tout raconter en rentrant à terre, j'en ai rien à foutre !

Le poing de Le Gwen est parti. Malgré sa forte corpulence, Kerrien a basculé en arrière, il perd l'équilibre, chute lourdement, sa tête heurte le coin du bahut, dans lequel les hommes rangent la vaisselle, et les provisions, il reste là, allongé, inerte, un filet de sang coule de sa tempe...

Françoise se penche. Maryvon ! Maryvon ! Les bras ballants, Le Gwen regarde la scène, il ne comprend pas, lui si calme d'ordinaire, qu'est-ce-qu'il lui a pris ?

Au douzième jour, le calme est à peu près revenu, la Velléda a pu enfin prendre la mer. A son bord, le capitaine Le Bihan, un mousse, et Kerjean, le beau-frère de Le Gwen, il remplacera Kerrien.

Le ciel est dégagé, la mer encore houleuse, mais plus rien à voir avec le sale temps des jours derniers, la vedette approche du Gorlebella, l'oeil perçant de Kerjean, distingue une forme se balançant le long du mur de granit de "la Vieille". Au fur et à mesure que la vedette avance, l'angoisse s'installe.

Quand la Velléda n'est plus qu'à une encablure de la vénérable gardienne, le doute n'est plus permis, c'est bien un corps, qui se balance au bout d'une corde !

Il faudra plusieurs heures aux hommes de la vedette, avant de pouvoir accoster, quand ils pénètreront dans le phare, ils trouveront une jeune femme inconnue, hébétée, couchée en travers du corps de Kerrien. Tout ce qu'ils purent savoir de cette femme tenait en deux mots : Maryvon, Françoise.



Le phare de "LA VIEILLE" (FINISTERE)

Dessin mine grasse : Andiamo 2008

mardi 1 juillet 2008

ManouThe gimmick method - key





- Où sont vos mains ? Sur mes jambes.
- Where are your hands ? On my legs.

- Mon patron n'est pas un flic non plus.
- My boss isn’t a cop either.

- Je suis en train de me déshabiller. Et vous ?
- I’m getting undressed. What about you ?

- Nous sommes en train de manger, mais ces trucs sont mauvais.
- We’re eating, but these things are bad.

- L'homme qui est en train de boire à cette table est un salaud.
- The man whos’s drinking at that table is a bastard.

- Est-ce que tu te bats souvent avec ton mec ?
- Do you often fight with your guy ?

- Il est beau mais bête.
- He’s hansome but dumb.

- Nous ne dormirons pas ensemble cette nuit ... Je plaisante bien sûr !
- We won’t sleep together tonight…. I’m kidding of course !

- Est-ce que vous iriez voir avec lui ce film dégueulasse ?
- Will you go with him to see this lousy movie ?

- Je partirai avec toi bien que tu sois une salope !
- I’ll go with you though you’re a bitch !

- Ce mec ennuyeux viendra manger à la maison dans une semaine de toute façon.
- This boring guy will come and have dinner at home in a week in any case.

- Même si j'étudie l'anglais pendant 20 ans, je n'y comprendrai rien.
- Even if i study english for twenty years, I won’t understand anything.

- Heureusement que j'ai de l'argent pour envoyer ma belle-mère à la campagne.
- Fortunetely, I have money to send my mother in law to the country.

- Tu devrais avoir un violon d'Ingres moins moche.
- You should have a less crummy hobby.

- J'ai lu ce roman qui parle d'une fille paresseuse comme vous.
- I read that novel which speak of a lazy girl like you.

- Je te dis que tu n'es pas obligé de m'aimer.
- I tell you you don’t have to love me.

- S'il portait les mêmes vêtements, je le reconnaîtrai sans doute.
- If he wore the same clothes, I’d probably recognize him.

- Etiez-vous en train de tricher pendant que le prof ne regardait pas ?
- Were you cheating while the teacher wasn’t looking ?

- Avez-vous déjà battu votre chien ?
- Have you even beaten your dog ?

- J'en ai ras le bol de ces grèves!
- I’m fed up with those strikes!

- Tu n'étais pas obligé de m'épouser.
- You didn’t have to marry me.

- Arrête de râler.
- Stop kicking.

- Le meurtrier a vachement couru.
- The murderer ran like crazy.

- A mon idée, il est si borné qu'il ne peut comprendre.
- In my opinion, he is so stubborn, he can’t understand.

- Je t'ai dit qu'il avait toujours été une bonne poire.
- I told you he had always been a sucker.

- Je n'en ai rien à foutre.
- I don’t give a damn.

- Ferme-la! ça fait deux heures que tu parles.
- Shut up ! You’ve been talking for two hours.

- Tu m'emmerdes!
- Screw you!

- Pendant que tu étais en voyage, je baisais ta femme.
- While you were taking trip I was fucking your wife.

- Tu es très con.
- You’re an ass.




samedi 28 juin 2008

Tant-BourrinSlow motion

Un immense sourire sur le visage radieux d'un gamin de cinq ans, les yeux tournés vers l'objectif et vers son père caché derrière et dont la joie de vivre crevait les années évanouies. Et dessus, une fine couche de poussière et de crasse mêlées, pollution des villes et du temps qui passe.

Radegond Crépignard, qui connaissait pourtant cette photo par coeur, sentit cette fois-ci comme une saignée d'émotion lui couler au fond de la gorge. Ce gamin, sur la photo, c'était lui quarante ans plus tôt. Son photographe de père était mort une dizaine d'années plus tard. Et voici qu'il revenait pour la première fois dans la maison familiale depuis qu'il avait enterré sa mère, trois mois auparavant.

Tout dans la maison lui avait paru silencieux et lugubre, l'espace des pièces semblait empli d'une morne désespérance qui amplifiait les échos des joies et des douleurs passées dans son crâne. Et puis ses yeux étaient tombés sur la photo, dans son cadre de bois défraîchi, accrochée au même clou, sur le mur du salon, depuis des décennies.

Et les larmes lui étaient venus subitement, lui qui ne pleurait plus depuis si longtemps.

Le film des ans en accéléré. Quinze ans de rires et de jeux entre un père et une mère aimants. Mais même le magnétisme des aimants ne résiste pas aux métastases : fondu enchaîné sur le visage blême et émacié de son père, dans la lueur blafarde du funérarium, et sur le bras de sa mère, en larmes, passé sur son épaule adolescente. Un nouveau couple, un nouveau noyau, une fusion cardiaque pour trouver la force de repartir de l'avant. Et le mercurochrome des mois qui passent. La vie malgré tout, les études, le premier job, le premier amour sérieux, la première rupture. Et puis, le bon, le vrai, le "c'est pour la vie". Et puis, non, finalement, nouvelle rupture, nouvel échec. Et les bras maternels toujours accueillants pour consoler les peines. Et le film qui s'emballe : des années semblables à des secondes. Des jours passés à la photocopieuse. Et soudain, la pellicule se rompt en même temps que le coeur de sa mère.

Radegond émergea de ses pensées et accommoda de nouveau son regard sur la photo en noir et blanc, sur cet enfant rieur et sur le jardin fleuri à l'arrière-plan. Il se souvenait parfaitement du jour d'été où elle avait été prise. La vie lui paraissait alors immense et ses parents des rocs inamovibles.

Mais disparus les rocs, disparues les fleurs du jardin, à l'abandon depuis des mois, disparu le sourire sur sa face déjà ridée. Disparu tout. Il n'avait plus que cette maison, dont il avait hérité, et des souvenirs pour compagnie. Il alla se coucher, tâchant de se convaincre qu'avec le temps, il s'habituerait au silence.

Le lendemain, repassant devant la photo, il discerna comme une petite tâche sombre sur l'arrière-plan. Radegond fut surpris, car il n'avait rien remarqué la veille. Un défaut sur la photo ? Une tâche de moisissure ? Non, cela semblait réellement faire partie du décor, là-bas, au fond du jardin, un peu flou, bien sûr, puisque la focale avait été réglée sur son visage. Radegond en fut un peu contrarié, car il tenait énormément à cette photo, mais il avait tant à penser qu'il oublia bien vite ce détail.

Le jour suivant, il eut un sursaut alors qu'il passait de nouveau devant le cadre au mur du salon : la tâche sombre avait légèrement grossi. Oui, pas de doute : elle faisait bien quatre ou cinq millimètres de diamètre. Il voulut en avoir le coeur net, dépoussiéra le cadre, le démonta pour en sortir la photo. La pulpe de ses doigts, passée à la surface, fut formelle : il ne sentait rien, aucune granulosité différente, tout était lisse, la tâche faisait bien parti intégrante de la photo.

Autant dire que la curiosité de Radegond fut piquée au vif, il ne se passa plus une heure sans que son regard ne vint se porter de nouveau sur la photo, pour guetter toute évolution de l'étrange phénomène.

La tâche grossissait peu à peu, il en était sûr : il avait tracé des repères sur le verre. Son expansion était lente, imperceptible à l'oeil nu, mais bien réelle. C'était surtout le matin, au réveil, que celle-ci était flagrante.

Au bout de quelques jours, la forme de la tâche sembla se préciser : son contour, de plus en plus net, était anguleux, à peu près rectangulaire. On eût juré qu'il s'agissait d'un objet arrivant du fond du jardin et s'approchant peu à peu du premier plan.

Radegond ressentit un malaise profond : outre cette tâche, il avait le sentiment qu'autre chose avait changé sur la photo. Oui, pour la connaître par coeur, il avait la quasi-certitude que son visage d'enfant avait imperceptiblement changé d'expression, ses yeux ne suivaient plus tout à fait le même axe que sur la photographie d'origine, la commissure de ses lèvres était légèrement retombée. Il lui semblait également que le visage s'était très légèrement tourné vers la droite du cadre.

La photo bougeait ! Insensiblement, à un rythme quasi végétal, mais il n'y avait plus aucun doute, elle bougeait !

Radegond ressentit comme un vertige, comme si un gouffre s'était brutalement ouvert sous ses pieds.

Autant dire que ses pensées, durant les jours qui suivirent, eurent du mal à s'écarter de la photographie : il revenait sans cesse devant le mur du salon, guettant toute trace d'évolution, se relevait même parfois la nuit.

La forme avait fini par révéler son secret : ses contours étaient maintenant parfaitement nets, elle paraissait beaucoup plus proche, il s'agissait indubitablement d'un poids lourd.

Que pouvait bien faire là un poids lourd, à surgir ainsi du fond du jardin ? Le film paraissait totalement surréaliste. Son visage enfantin avait désormais dans le vieux cadre une toute autre expression : le sourire s'était presque entièrement effacé et le visage était maintenant de trois quarts, comme s'il était en train de se tourner vers l'endroit d'où surgissait le camion.

Le temps qui passa encore ne fit que confirmer ce que Radegond pressentait avec grand malaise : le poids lourd sur la photo s'approchait, s'approchait, et l'enfant - ou plutôt lui enfant - se retournait pour découvrir ce qui semblait foncer droit sur lui.

Radegond ne savait que penser de tout cela : cette scène, qui se déroulait jour après jour devant ses yeux n'avait jamais eu lieu. Il frissonna. Son esprit ne se posait plus la question du "pourquoi" mais juste celle du "comment cela va-t-il finir".

La réponse ne fit que se préciser jour après jour : mal.

Mal, car le camion finit par occuper tout l'arrière-plan de la photo, occultant les fleurs du jardin. Un arrière-plan qui n'en était plus un, d'ailleurs : le camion paraissait désormais extrêmement proche de l'enfant, dont la tête était maintenant entièrement tournée vers celui-ci. A vue de nez, il ne devait plus rester qu'une dizaine de mètres entre la masse de fer. Le Radegond enfantin de la photo semblait hurler d'effroi. Le choc était inévitable.

Il fallut une semaine encore pour que la calendre du poids lourd s'approche jusqu'à paraître toucher le gamin. Il scruta des heures durant la photo, essayant de discerner quelque forme de mouvement, comme quand, enfant, il avait un jour essayé, en vain, de discerner la croissance d'une plante verte de sa mère. Epuisé, il se coucha, une boule d'angoisse dans l'estomac. Quel spectacle trouverait-il à son réveil dans le vieux cadre ?

Mais il n'y eut pas de lendemain.


- Joli pavillon en meulière, un bon potentiel de vente. Je vais affiner le chiffrage, mais je pense que vous pouvez en demander environ 150000 euros. Bon, évidemment, ça aurait mérité d'être rafraîchi un peu... Vous pensez faire débarasser les meubles bientôt ?
- Oui, oui, dès jeudi prochain. Là, vous pensez, avec tous les papiers qu'il a fallu régler pour la succession de ma pauvre tante, je n'ai pas eu le temps de m'en occuper jusque-là. Ce sont les gens d'Emmaüs qui vont venir.
- Parfait. Si vous en êtes d'accord, nous pourrons le mettre en vente dès vendredi, pour peu que vous passiez jeudi soir nous remettre un jeu de clés pour les visites.
- Je peux vous en laisser un tout de suite, ça ne pose aucun problème !
- Très bien. Si vous le permettez, je vais juste y mettre un porte-clé et y marquer votre nom, histoire de ne pas me tromper. Vous pouvez m'épeler ?
- Oui, bien sûr : Crépignard, C, R, E accent aigu, P, I, G, N, A, R, D... C'est le même nom que celui de ma pauvre tante : elle était l'épouse du frère de mon père.
- Cré... pi... gnard, voilà, c'est noté. Ça devrait se vendre sans problème en quelques semaines, ce genre de produit est très recherché. Votre tante vous a laissé un beau cadeau après sa mort. Je suppose qu'elle n'avait pas d'enfant, puisque vous êtes son héritière ?
- Non... Enfin, si, elle en avait eu un. Vous voyez cet enfant, là, sur la photo, dans le cadre, qui sourit dans le jardin ? C'était son fils, mon cousin donc, mais il est mort quelque temps après que cette photo a été prise. Ma tante en a été folle de chagrin et n'a jamais pu avoir d'autre enfant ensuite. Et puis mon oncle est décédé lui aussi une dizaine d'années plus tard, le pauvre.
- Très jolie photo ! Votre cousin était un bien bel enfant. Pauvre gamin, c'est quand même triste...
- Oui, renversé par un poids lourd, tué sur le coup... Enfin, bon, tout ça s'est passé il y a quarante ans, c'est une vieille histoire maintenant... Mais, c'est vrai que la photo est belle, je la garderai peut-être en souvenir...

jeudi 26 juin 2008

Saoul-FifrePréférer Prévert

Allez, un petit zinzin de rien du tout sur un grand poème de Jacques Prévert. J'ai découvert ce grand bonhomme grâce à l'éducation nationale également. Pour faire le portrait d'un oiseau m'avait laissé sur le cul. C'était dingue comme ça foutait la banane, ça faisait exploser les limites, ça nous donnait les autorisations de transgresser.

C'était décomplexifiant au possible. N'importe qui (croyions-nous) pouvait être poète. Prévert c'était ça : il voulait rendre la poésie au peuple et il a réussi son coup, le bougre ! Il nous a fracturé les portes du cénacle élitiste, il a arraché les barbelés du ghetto, nous n'avons eu qu'à nous engouffrer dans la brèche de son verbe libre.

Bon, ça SEMBLAIT simple. Il nous a fallu déchanter.

Voili voilou c'est pour occuper calune et guérir sa calunette alitée.

Oui je soigne les écrouelles, également.

Le tendre et dangereux
visage de l'amour
m'est apparu un soir
après un trop long jour
C'était peut-être un archer
avec son arc
ou bien un musicien
avec sa harpe
Je ne sais plus
Je ne sais rien
Tout ce que je sais
c'est qu'il m'a blessé
peut-être avec une flèche
peut-être avec une chanson
Tout ce que je sais
c'est qu'il m'a blessé
blessé au cœur
et pour toujours
Brûlante trop brûlante
blessure de l'amour.

Jacques Prévert

lundi 23 juin 2008

AndiamoRapa Nui

Rapa Nui (la grande lointaine), Mata Ki Te Rangi (les yeux tournés vers les étoiles) ou encore Te Peto O Te Henua (le nombril du monde) sont les noms Pascuans de l'île de Pâques.

Imaginez ce caillou de 117 km², un triangle de 23 km de base, et 11 km environ de haut, pas plus.

Terre perdue au milieu de l'océan Pacifique, à 3700 km des côtes du Chili (auquel elle appartient) et à 4000 km de Tahiti, un îlot battu en permanence par les vents, deux plages seulement, pour le reste, des falaises, quelques moutons et des chevaux sauvages se disputent l'herbe rare.

Peu d'arbres, quelques palmiers, dans ce qu'on appelle "des jardins", creux abrités du vent, ce vent qui après des milliers de kilomètres sans obstacles, vient se fracasser sur cette terre du bout du monde, cet îlot de nulle part.

C'est bien sûr une île volcanique, trois volcans, dont l'un, le Rano-Raraku, qui a servi pour tailler les Moaïs, ces grandes statues faites de lave et de sang, celui des Pascuans.

Parfois regroupées sur de grands socles de pierre appelés "Ahus", toutes ont le regard tourné vers l'intérieur de l'île.

Ces Moaïs sont là pour protéger, pour veiller sur ces survivants, venus sans doute des archipels polynésiens, à bord de grandes pirogues à double balancier.

Ils ont plus que survécus, puisque l'île a compté jusqu'à vingt mille habitants ! Elle était fertile, comme toutes les îles volcaniques, et comptait beaucoup plus d'arbres, et peut-être même des forêts !

Que s'est-il passé ? Est-ce qu'il fallu abattre beaucoup d'arbres, afin de pouvoir acheminer les statues de plus en plus colossales ? L'une d'elles, inachevée, et présente sur les flancs du Rano-Raraku (éteint aujourd'hui), prête à être détachée, mesure dix-huit mètres et pèse deux cents tonnes !

On dénombre pas moins de 887 statues, dont 288 ont été transportées.

Le plus imposant Moaï érigé mesure près de dix mètres et pèse soixante-quinze tonnes !

Quels moyens devrait-on employer aujourd'hui pour transporter pareille masse, sur des kilomètres, puis l'ériger ? Les Rapa-Nui l'ont fait !

En 1831, sous Charles X, il aura fallu un mois et demi à des Français pour faire parcourir les quatre cents mètres qui séparaient Louxor du bateau devant rapporter l'obélisque à Paris.

Cet obélisque, il est vrai, pèse deux cent trente tonnes, mais enfin, les moyens n'étaient pas les mêmes, et que dire des techniques ? Sûrement beaucoup plus sophistiquées elles aussi.

Enfin ces isolés ont mis au point une écriture appelée "Rongo-Rongo" qui donne encore pas mal de fil à retordre à nos plus éminents linguistes et décrypteurs de tout poils !

Et puis, sans savoir pourquoi, cette très brillante civilisation, s'est achevée, les Moaïs ont été jetés à terre, d'autres quasiment terminés, sont restés accrochés aux pentes du volcan, beaucoup enfin, en cours d'acheminement, sont restés face regardant le ciel : Mata Ki Te Rangi... Les yeux tournés vers les étoiles, l'eau de pluie stagnant dans leurs orbites, le ciel s'y reflétant, leur donne vie.

Certaines études récentes privilégient la thèse de deux années de sécheresse consécutives, pour étayer cette hypothèse : les courbes de croissance de restes d'arbres, retrouvés sur place.

On imagine la famine, certains diraient "disette", le mot est plus gai (Gilbert Cesbron), on parle même de cannibalisme ! Les conflits, les révoltes, ce travail inhumain requit par les religieux, à savoir la fabrication, l'acheminement, et enfin l'érection de ces statues de plus en plus colossales, au fur et à mesure des années qui passent.

Rapa-Nui n'est-elle pas une projection, un avertissement en miniature, de ce que pourrait devenir notre planète ?

Rien qu'un tout petit gravier paumé dans l'immensité de l'univers, parmi des milliards de galaxies, comptant elles-mêmes des milliards de systêmes solaires !

Un magnifique vaisseau spatial, avec l'air, l'eau, la lumière, la bouffe, tout ceci se renouvelle, se recycle, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, merci Monsieur Lavoisier !

Seulement, seulement... Petit hic, un tout petit ennui, une broutille, le grand Barbu, n'a pas prévu les éboueurs ! On ne peut pas tirer la chasse non plus ! Et à force de faire grossir notre tas d'excréments de toutes sortes, notre bonne vieille planète a envie de dégueuler... Mais où ?

Où répendra-t-elle sa gerbe magnifique ? Avec, en vrac, nos boutanches plastiques, nos déchets radios z'actifs, nos pesticouilles, nos OGM, nos gaz z'à effet de serre, nos partiCULes, émanant de nos moteurs z'à combustion interne.

Et enfin, quand nous déciderons-nous à boucher le trou du cul des vaches et des bouffeurs de cassoulet, tripous, choux, Andalous, et autres engendreurs de flatulences intempestives, qui nous méthanisent notre belle atmosphère... Atmosphère, atmosphère, est-ce que j'ai .....

Une solution qui en séduirait plus d'un, serait la "TERRAFORMATION" de la planète Mars, afin de la rendre habitable pour les Terriens, les plus fortunés bien sûr, ou alors pour les heureux bénéficiaires d'un jeu télévisé "gagnez votre voyage Terre-Mars, aller".

J'avais déjà essayé dans un précédent billet : "ma p'tite école", de vous faire gagner un voyage "Terre-Lune aller", les gagnants n'ont jamais retiré leur lot... Comme quoi !

Et puis sur la planète Mars, une belle boule toute neuve, on pourrait recommencer nos conneries : plastisation, atomisation, merdarisation, etc. La liste n'est pas exhaustive, vous pouvez la compléter : à l'aide d'un feutre écrivez sur votre écran tout ce que vous souhaitez ajouter, je laisse un espace à cet effet.














Voilà j'espère avoir laissé suffisamment de place !

Un peu pessimiste... Non beaucoup, mais c'est mon droit.



Un AHU :


Et puis un autre, crayonné vite fait, je n'ai pas résisté !

    Dessins Andiamo

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