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lundi 4 juillet 2005

Tant-BourrinLa bêtise au front de taureau

Nous vivons décidément des temps extraordinaires. En témoigne cette brève dépêche de l'AFP, gentiment reprise dans la presse ce week-end.

Voilà, un nouveau pas est franchi dans l'avancée de l'insondable connerie humaine : une femme a vendu son front comme espace publicitaire, sous forme de tatouage, au plus offrant, et ce pour avoir les moyens d'inscrire son fils dans un établissement scolaire privé.

Pris comme ça, à la légère, c'est juste une brève à classer dans la rubrique "insolite", une petite info qui attire l'oeil, fait sourire et alimente les discussions autour de la machine à café le lendemain.

Mais à bien y réfléchir, un léger frisson d'effroi me parcourt l'échine devant ce condensé de la crétinerie rampante.

Trois réflexions me viennent en tête...

Tout d'abord, même si cela peut paraître politiquement incorrect (choeur des vierges : "pauvre femme, réduite à vendre son front pour offrir les meilleures chances à son fils !"), je pense que la mère de famille en question souffre vraisemblablement d'un déficit neuronal dans la zone du cortex cérébral abritant la jugeote, la dignité humaine et l'estime de soi. Eût-elle été réduite aux dernières extrêmités pour nourrir ou loger sa famille, j'aurais pu comprendre (sans l'approuver) la démarche. Mais là... Un front marqué à vie pour payer deux à trois ans d'école privée à son fils, ça me dépasse.

Ensuite, pour qu'une transaction aussi infâme puisse se faire, il faut aussi un acheteur. Cynique. Prêt à tout. Vomitif à souhait. GoldenPalace.com est de cette trempe : quand on se nourrit de l'exploitation de la misère humaine en faisant miroiter des gains rapides par le jeu, on peut tout aussi bien chier sur la tête (ou plus précisément sur le front) des gens. Ce qu'ils ont fait.

Enfin, dernier point : si nos amis de GoldenPalace.com font ça, c'est bien qu'ils espèrent avoir en retour des retombées positives en terme de fréquentation de leur site de merde. Imaginer que quiconque, à l'écoute de cette info ou croisant un être humain tatoué sur le front, puisse être séduit par une telle forme de publicité et avoir envie d'aller jouer du fric en ligne sur RottenPalace me paraît inconcevable. Mais hélas, inconcevable n'est pas moderne...

Alors donc, puisque le futur serait aux panneaux publicitaires humains, allons-y gaiement : que les plus beaux fleurons de l'industrie française se lancent eux aussi dans le créneau !

Et demain peut-être aurez-vous, partageant pour la première fois de tendres moments avec une jeune femme, la surprise de découvrir, tatoué sur son sein : "l'Aréole, parce que je le vaux bien !". Et continuant à parcourir son corps, vous lirez "AirWick, une bonne claque aux mauvaises odeurs" tout au bas de ses reins. Et si c'est avec un monsieur, vous lirez peut-être, lorsqu'il sera en de bonnes dispositions, tatoué sur son membre viril, "quand je fais de la purée Mousseline, je suis sûr que tout le monde en reprend"... Que de bonheur à venir !

Et pourquoi s'arrêter là ? Si la chose devient monnaie courante, les cours du tatouage de pub vont s'effondrer, même l'épicier du coin pourra s'offrir un front. Et peut-être même pire : avec un marché de l'emploi toujours aussi désastreux, pourquoi un employeur n'imposerait-il pas demain à ses employés de prouver leur motivation et leur attachement à l'entreprise en se faisant tatouer le nom de celle-ci sur leur front ?

Je vais certes sûrement un peu vite en besogne, mais qui aurait cru il y a quelques années qu'un jour des mères de famille donneraient, contre rémunération, une marque commerciale comme prénom à leur nouveau-né ? Ou se feraient tatouer ainsi le front ?

Et que se passera-t-il quand, malgré ce sacrifice, l'employé se retrouvera viré comme un malpropre parce que les actionnaires exigent du 10% de rentabilité ?

Une seule chose me console : celui-ci pourra alors toujours se faire tatouer, juste en dessous du nom de son ex-employeur, "...c'est de la merde !"

Ça n'arrangera rien du point de vue esthétique, mais au moins, ça le défoulera !

samedi 2 juillet 2005

Saoul-FifreSociété Protectrice des Rats-nimaux

Petite brève parue dans "La Provence" du 30 Juin 2005.

La Société Protectrice des Zanimaux a porté plainte contre le maire UMP de Nice, Jacques Peyrat, pour cruauté envers les animaux, après que celui-ci a déclaré avoir "écrabouillé un rat gros presque comme un chat", à l'aide d'une pelle, lors d'une visite dans un local à poubelles du vieux Nice. "Je ne supporte pas cet animal", a déclaré le maire, estimant "qu'il y a trois fois plus de rats que d'hommes à Nice". La SPR a déposé plainte pour cruauté envers les animaux avec incitation, assortie d'une constitution de partie civile, dans une lettre au procureur de Nice. "Une grosse opération de dératisation est nécessaire, mais rien ne justifie de partir ainsi en expédition punitive", note-t-elle.

Jacques Peyrat ! Sénateur-maire-crapule-UMP de Nice, bon, sa présence dans un local à poubelles était on ne peut plus logique, mais la question n'est pas là.

De qui se moque la SPR ? Elle reconnaît qu'une grosse opération de dératisation est nécessaire mais elle dénie au maire le droit de couper le ruban rouge de l'inauguration, de sceller, non la première pierre du plan d'attaque, mais le destin d'une de ces pourritures de rats qui grouillaient par là ? Quel est le problème ? Peyrat n'a pas son CAP de dératiseur ? On a le droit de le faire mais pas de le dire ? Pourquoi la SPA n'attaque-t-elle pas tous les vendeurs de pièges, de blé empoisonné, d'articles de chasse ?

GGRRrr... c'est typiquement le type d'évolution de la société qui me met en colère : ce rat (presque gros comme un chat) a eu une vie magnifique, libre, les poubelles des niçois sont abondamment garnies de tas de bonnes choses, le paradis a duré ainsi plusieurs années jusqu'à ce que sa route croise celle de Jack Peyrat au nom prédestiné. Et faut pas emmerder à Jack, c'est un conseil d'ami. Le rat a joué, il a perdu mais il a eu une belle vie et il meurt sans avoir connu les affres de la sénescence et en combattant. Il ira au Walhalla.

La SPR trouve ça pas glop : le sang a giclé et Jack n'a pas respecté le process officiel d'éradication du rongeur. Le vétérinaire désigné par la SPR tire chaque rat au fusil hypodermique, signe le permis d'inhumer et doit leur assurer une sépulture chrétienne qui respecte leur dignité de rat.

Mais ces sans-cœur, ces sans viscères, ces sans aucune sensibilité de membres de la SPR ne bronchent jamais si il s'agit d'attaquer des élevages concentrationnaires !

Là, ils ont en face d'eux des lobbies qui savent se défendre et qui sont en règle avec les lois puisque ce sont les lobbyistes eux-mêmes qui ont tenu la main des députés ou des membres du gouvernement qui rédigeaient les lois et les normes leur permettant de faire du profit...

Là, il ne s'agit plus d'un animal sauvage libre, à la sexualité épanouie et efficace, dont la mise à mort par l'homme, son seul prédateur, quand le rat se reproduit un peu trop, est un acte d'auto-défense naturel...

Là, il s'agit de bêtes qui souffrent depuis leur naissance, entassées, confinées, avec le "confort" minimum calculé scientifiquement pour ne pas qu'elles crèvent (catastrophe économique), nourris avec des aliments médicamenteux (antibiotiques, calmants) en préventif. Les marges sont calculées tellement "juste" pour que le panier de la ménagère ne "s'envole" pas, que si la bande (de poulets, de lapins, de porcs, etc...) n'est pas prête au jour dit, l'éleveur perd son bénéfice...

Contre cette véritable Shoah des animaux, ces conditions dégradantes de vie qu'on leur inflige dans le seul but de les manger à bas prix, La SPR ne s'élève JAMAIS. Là, on touche au sacro-saint intérêt économique. Pan sur les doigts. Votre subvention risquerait de vous être enlevée. Ce serait dommage.

Ils ne lèvent pas le petit doigt pour améliorer le sort de millions d'animaux se relayant dans les chaînes de la mort industrielle, et ils vont se payer un avocat pour redorer la mémoire d'un vieux rat d'égout ! Ça me dégoûte...

vendredi 1 juillet 2005

Tant-BourrinUne page de pub

Nombreux sont les sites et les blogs, surtout ceux issus des formules clés en main, truffés plus ou moins insidieusement de publicités, elles-mêmes plus ou moins ciblées en fonction des billets. Vous vous documentez sur les Pyrénées ? Paf ! On vous balance une pub pour Canigou ! Vous vous délectez d'un billet comparatif sur les meilleures bières du monde ? Paf ! Une pub pour les Pompes Funèbres Générales ! Vous lisez un billet sur le noble labeur des pêcheurs en haute mer ? Paf ! On vous balance une pub pour le Figaro, c'est-à-dire de quoi emballer le poisson (j'ai obtenu le même résultat en consultant un billet sur les troubles intestinaux, je me demande bien pourquoi ?)...

Alors, puisque tout est publicité, moi j'ai pris la liberté de faire ma propre publicité. Mais contrairement à Jacques Dutronc, ce ne sera pas pour moi-même, mais pour Olivier Marais, un jeune auteur-compositeur-interprète pétri de talent qui vient de sortir un nouvel album autoproduit.



Pour vous mettre tout de suite à l'aise, je tiens à préciser que :

- je ne suis pas le producteur de l'album,

- je n'ai rien composé, ni écrit, ni chanté sur cet album,

- je ne touche pas un centime sur les ventes de l'album,

- je ne touche pas un centime non plus pour cette publicité éhontée,

- Olivier n'est pas mon frère, mon père, mon fils ou mon cousin. Ce n'est pas non plus le fils de mon boss. Ce n'est pas non plus ma soeur, ma mère, ma fille ou ma cousine qui aurait changé de sexe en cours de route,

- bref, cette publicité est avant tout un coup de coeur...

Pour tout vous dire, je connais Olivier depuis 1999, après être tombé par hasard sur son site, avoir écouté trois extraits de chansons enregistrées à l'époque dans des conditions techniques apocalyptiques (son pourri, paroles quasi inaudibles) et avoir malgré tout ressenti une émotion intense : a star was born, pourvu que les little pigs ne le eatent pas en cours de raod !

Depuis, Olivier a continué à travailler ses textes, ses musiques, écrit des dizaines et des dizaines de chansons, sorti un premier disque autoproduit en 2000, encore un peu balbutiant, fait de la scène, beaucoup de scène, et résultat : il a sorti il y a une semaine "Nous les garçons", un nouvel album, son premier chef d'oeuvre absolu !

Que dire ? Olivier est le meilleur pour vous pondre une mélodie qui vous envoie un hameçon dans l'oreille et vous grappe le cerveau et l'âme en moins de deux, le meilleur pour tisser dans ses textes, à partir des petits riens du quotidien, un univers tendre et plein d'humour. Le meilleur, vous dis-je, et il faut vous dépêcher de le découvrir avant qu'il ne remplisse le Stade de France.

Qu'est-ce que vous faites encore sur ce blog ? Allez vite le découvrir, screugneugneu !

mercredi 29 juin 2005

Saoul-FifreRions un peu

Pour ce billet, je vais pas me casser la tête, d'ailleurs pourquoi me casserais-je la tête, c'est kiki veut que je me casse la tête ? C'est bientôt les vacances, merde...?

Je me suis fait aider (je leur ai laissé tout faire, oui !) par les potes à Tant-bourrin rigoler.com Il faut que vous sachiez que Tant-bourrin est resté un temps fou (au moins un an) en tête de leur hit-parade des trucs téléchargés avec un karaoké hilarant qu'il a adapté/traduit d'un pastiche américain. Et il en a plein d'autres, tout aussi drôles, certains peut-être un peu trop cochons pour un blog de haute tenue comme le notre... Lui et Tant-bourrine sont des écumeurs de soirées karaoké, ils arrivent avec leur matos, leurs CD-ROMS et ils vous mettent le feu. Si vous voulez vous taper une sacrée soirée, et aussi leur faire un gros plaisir, vous vous les invitez ! (prévoyez large au niveau bibine)

Bon, tout ça pour dire que la blague de Rigoler.com d'aujourd'hui m'a bien plu, et que c'est pas tous les jours, et que la voilà :

Comme vous le savez tous, mes chers amis, Socrate était un philosophe grec réputé pour sa sagesse. Un jour qu'il se promenait sur l'agora, il fut abordé par un quidam qui l'interpella ainsi :
- Socrate ! Tu sais ce que je viens juste d'apprendre à propos d'un de tes élèves ?
- Attention, lui dit Socrate, avant de dire quoi que ce soit, il faut que tu passes un certain test. Je l'appelle le test du triple filtre...
- Triple filtre ?
- Oui. Avant que tu ne me parles d'un de mes élèves, ce serait bien que tu filtres ce que tu vas dire ... Le premier filtre est le filtre VÉRITÉ. Es-tu absolument certain que ce que tu vas me dire est vrai ?
- Euh ... C'est à dire ... Non. Je l'ai juste entendu dire ...
- Bien, tu n'es donc pas certain que ce que tu vas dire est la vérité. Le second filtre est la BONTÉ. Ce que tu as à me dire est-il bon pour mon élève ?
- Ben ... pas exactement ...
- Donc, tu veux me dire quelque chose de désagréable pour mon élève sans être sûr que ce soit vrai. Essayons le troisième filtre, si tu veux bien. Il s'agit du filtre de l'UTILITÉ. Ce que tu veux me dire est-il utile pour moi ?
- C'est difficile à dire, plutôt non, en réalité ...
- Tu m'accorderas donc que tu souhaites me confier quelque chose de désagréable sur mon élève, qui ne me sera d'aucune utilité et dont tu n'es pas sûr. Ne crois-tu pas qu'il vaut mieux, dans ce cas, te taire ?
- Si, Socrate, je vois bien que tu as raison. Je me tairai donc.

C'est par ce genre de raisonnement que Socrate est passé à la postérité comme un grand sage.

C'est aussi du fait de ce genre d'attitude qu'il n'a jamais su que Platon baisait sa femme...

Et aussi, en "bonus-track", une perle du bac 2004 :

"le cerveau des femmes s'appelle la cervelle"

Moi, j'aurais mis une bonne note à cet(te) élève car je trouve qu'il faudrait 2 mots différents pour parler de 2 choses différentes. Et je ne parle pas de supériorité ni de rien de vexant ni d'agressif, mais bien de DIFFÉRENCE.

mardi 28 juin 2005

Tant-BourrinLa banane dans tous ses états

"Qu'est-ce que je vais bien pouvoir raconter sur le blog ?"

Voilà ce que je me demandais encore ce matin au petit déj', désespéré de ne pas mener une vie aussi trépidante que celle de Saoul-Fifre...

Et puis, tout à coup, mon regard se porta sur le fruit que j'avais en main et que j'avais commencé à engloutir négligemment. Une banane ! Voilà, je le tiens mon sujet : je vais faire une causerie sur la banane ! La banane, sa vie, son oeuvre ! Et en voiture Simone !

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dimanche 26 juin 2005

Saoul-FifrePierre, feuille, ciseaux...

Hier, on s'est tapé un délire avec mon second fils (16 ans) : on jouait à "pierre, feuille, ciseaux". Le jeu de pauvre par excellence, le jeu qu'on peut jouer à poils sur une île déserte, le jeu qui ne rapporte pas un centime aux boîtes internationales de vidéo games, le jeu "plus politiquement correct, tu meurs", puisque peuvent y jouer les sourds, les muets, les aveugles (si si), les culs-de-jatte et les manchots (il suffit d'une main). Ostracisme, où es-tu ? Avec "pierre, feuille, ciseaux", personne n'est laissé sur le bas-côté de l'autoroute de la joie. Et que celui qui ne sait pas y jouer change de blog immédiatement : t'entends, Gates Junior-Junior ? Casse-toi d'ici ! J'aime bien aussi le côté "intuition prémonitoire" du jeu car même après 7 ans de hautes études en biologie micromoléculaire, il est très dur de s'empêcher d'essayer de "deviner" ce que l'autre va sortir...

Alors ya mon grand dadais qui sort une pierre (poing fermé) de derrière son dos. Moi aussi. En principe, ya "bataille", et on recommence. Ben, là, histoire de pimenter les règles et de renouveler un peu un truc ringard qui a dû être inventé par les chasseurs de mammouths des grottes des Eyzies pour se désennuyer un peu durant un hiver particulièrement longuet, que fais-je ? Je dis :

- << tracto-pelle ! Le tracto charge la pierre et j'ai gagné et on ne répond pas à son père ! >>

Mon fils, qui a oublié d'être lent de la comprenette, gamberge 3 secondes et dit, en faisant une conque avec sa main :

- << Bon, alors moi, je dis "ravin", le tracto tombe dans le ravin et j'ai gagné...! >>

Et le copain de mon fils, qui nous regardait, il met sa main bien à plat, paume vers le bas, et il dit :

- << Moi je dis "pont", le pont permet de traverser le ravin mais peut être démoli par le tracto, et j'ai gagné !!!

On s'est mis à rigoler comme des bossus (qui, eux aussi, ont le droit de jouer à ce jeu décidément très "open minded") et on a continué à jouer à "tracto, ravin, pont" pendant toute l'après-midi comme des débiles profonds, sans se soucier des risques épileptiques (voir notice ci-jointe).

Je vous quitte pour vite aller le déposer à la Propriété Industrielle. Va y avoir du procès dans l'air !!

mardi 21 juin 2005

Saoul-FifreLa Mort ? C'est la Vie...

S'il y a une chose qui m'a toujours paru zarbi chez un bon pourcentage de mes contemporains, c'est l'image négative qu'ils ont de la mort. La trouille bête et méchante à la simple idée de la mort, devant une représentation de la mort, l'angoisse durant une conversation sur la mort... Pourquoi ? La permanence de la mort, l'évidence, la certitude, l'égalité de tous devant elle, une des rares qui nous rende cette justice, d'ailleurs, c'est sécurisant, la mort, c'est du solide, du ciment précontraint, on peut compter sur elle à toute heure et en tous lieux, encore mieux qu'un épicier arabe...

Brel nous a légué plein de belles choses, et entres autres : "Mourir, la belle affaire ! Mais vieillir ?..." Là oui, je le suis. Il y a des tas de craintes logiques, raisonnables, humaines, réfléchies et je me méfierais d'un gars qui ne les a pas fortement implantées : la peur de souffrir, de déchoir, la rébellion contre la maladie (inverse de l'hypocondrie), la prudence, l'instinct de survie... On prend conscience du risque, du danger et on fait ce qu'il faut, ce qu'on peut, contre, et s'il n'y a plus rien à faire, on a les chocottes, c'est normal.

La mort, c'est elle qui est normale. Elle fait partie du cycle : nous mourrons, aussi vrai que nous sommes né. Elle est même belle, nécessaire, indispensable. Si la mort n'était pas là pour réduire les effectifs et rajeunir les cadres, le monde serait un wagon de métro à une heure de pointe et ce, sur plusieurs épaisseurs : une gigantesque boîte de sardines. Nous n'en arriverions pas là, d'ailleurs, morts de faim, de soif, de manque d'oxygène, de promiscuité, tués par nos frères humains pour un peu d'espace. C'est d'ailleurs l'avenir que nous promettent quasiment tous les avenirologues. La bombe P (comme population) va nous exploser à la gueule. Et que font nos dirigeants pour désamorcer cet explosif ? Rien. Ils se congratulent mutuellement, ils se frappent sur l'épaule, s'embrassent, se serrent les mains, se félicitent des dernières statistiques : les avancées dans le progrès médical font rendre gorge à la mort et l'espérance de vie augmente ! Ouaih ! On vit plus vieux, certes, mais c'est justement notre problème, bien vu, l'aveugle. Et dans quel état ? Avec quelle qualité de vie ? Et dans un monde ou il y a encore des enfants qui meurent de faim, n'y a t'il pas d'autres combats plus urgents à mener ?

Surfant sur votre peur, tous les menteurs, griffe dans la griffe, essayent de vous refiler le même produit pourrave. Tous les dealers d'opium du peuple, pour vous injecter leur camelote frelatée, ont le même cadeau Bonux : ils vous parlent de la vie éternelle.. Super Concept. Ça fait des millénaires que ça marche. Vous êtes dans la merde aujourd'hui, mais filez moi la dîme, la quête, les offrandes, le denier du culte, faites bien tout ce que je vous dis et là-haut, vous verrez, ça sera vraiment le Paradis, comme on dit : pour vous messieurs, vierges perpétuelles (brevet déposé) pour vous mesdames, un choix de princes charmants au romantisme échevelé (BHL est très demandé)... Tous les prophètes l'ont dit :" Donnez-moi un levier et j'enculerai tout le monde". Ça marche car ils tablent sur la peur du "rien après la mort", du "c'est fini, F.I.N.I.". Quoi, mon bel égo, dégonflé, envolé ? Je n'y peux point croire... Comment la terre tournerait elle sans moi ? On a sûrement droit à un 2ième essai ?

Il n'y a pas de webcam au Paradis. On peut l'imaginer à sa guise, toutes les options sont cochables. Si l'enfer c'est les autres, le Paradis, ça doit être soi. Le vieux rêve magico-enfantin du Pouvoir Absolu.

Les politiques ne nous disent pas autre chose. Ils essayent juste de nous faire croire que le Paradis est sur terre et que ce sont eux qui nous le construisent avec leurs petits doigts. Regardez comme vous êtes heureux : vous vivez plus longtemps ! Et encore, vous n'êtes pas sérieux, si vous arrêtiez de fumer, de boire, de vous droguer, de rouler trop vite, Jeanne Calment serait une jeunette à côté de vous ! Chiche qu'on le fasse, juste pour voir ? Et chiche qu'on s'aperçoive que les chiffres de cancers, de sidas, de suicides, de vieux morts de soif, de maladies nosocomiales, virales, génétiques, mutantes, dégénérescentes, continuent de grimper QUAND MÊME car vous nous concoctez un monde de merde, pollué jusqu'à l'os, qui monte en chaleur et qui sent les métaux lourds irradiés et antibiotiqués ??? Car maladie est de la même famille que malheur.

Parmi les grands trouillards de la mort, on trouve de bien belles têtes pensantes, le roi étant bien évidemment notre cher Cavanna, qui a commis "Stop-crève", en 1976, un recueil involontairement hilarant qui demande des sous au gouvernement pour "la recherche sur l'immortalité". Un must qui pue la peur par tous les pores. Il est talonné de très près par le grand Frédéric Dard qui nous avouait :"Mourir m'angoisse pour ceux que je laisserai derrière moi". Il disait aussi, et c'était chouette de sa part, car un bon rire vaut un steak :"Je n'ai pas la foi..., mais je suis disposé à admettre l'existence d'un être supérieur, agissant sur notre vie...". Brassens, a contrario, regardait la mort dans les yeux, les lui faisant même baisser. "Les quat'z'arts", la chanson qu'il a écrite après la mort de son père, est un acte d'Amour fabuleux : on rend hommage à ses morts en restant aussi vivants qu'ils auraient aimé qu'on le soit. Ça n'empêche pas la mémoire.

Pouvoir parler ainsi de la mort est une chance et je dois en remercier une foule de gens. D'abord les peuples méditerranéens, qui ont une relation à la mort saine et naturelle, très "inchallah". Notre voisine, mamma juive de bédé, appelait ainsi mon copain pour le repas de midi : "Daviiiiiid ! Monte tout de suite ou je te glisse dans la tombe...". On employait des expressions comme "la mort de tes os", "con comme la mort", "le cimetière de Bône ? Envie de mourir, il te donne...". Enfant de chœur est une fonction bénévole. Mais, après les messes d'enterrement, sans doute pour atténuer le côté bien gonflant de la chose (supporter tous ces gens en pleurs, ne pas rigoler...) mon curé nous laissait nous partager la quête. Mes premières années sur cette terre sont des années de guerre. La mort était un sujet de conversation quotidien et elle a frappé des proches. Les coups de feu, les "stroungas" (explosions de bombes) formaient notre fond sonore.

J'ai fait ami-ami, j'ai tutoyé la mort à l'époque des culottes courtes. Quand on va se revoir, on se racontera nos souvenirs de la communale et j'espère, que par fidélité au bon vieux temps, elle me fera bénéficier d'un sursis... avec un motif définitif ! d;~)

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