Blogborygmes

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mercredi 9 avril 2008

BofBouillarbaisse

Aujourd'hui je vais vous la faire courte et instructive.

Tout d'abord, si vous avez comme moi la chance de posséder une boite vivante : laissez définitivement tomber la hotline.

Et au cas où vous passeriez outre, que le mardi vous écoutiez un conseiller lorsqu'il vous demande de flasher la mémoire à l'aide du petit bouton dessous, si ça ne marche toujours pas ensuite, c'est normal, vu que les identifiants et mots de passe ont été effacés. Je le savais pas, et apparemment le conseiller non plus. Du coup, j'ai eu un rendez-vous téléphonique avec super-conseiller, pas disponible avant le vendredi. Super-conseiller qui le vendredi m'a déclaré : après examen de votre ligne en ligne, ça ne marche toujours pas (ce que j'avais remarqué aussi, mais je ne suis pas super-conseiller). Je vous envoie un technicien sur place pour vérification plus complète. Un technicien en chair et en os, j'avais oublié que ça existait.

Le type a bien rigolé quand je lui ai raconté l'affaire : en fait, c'était une défaillance du central qui avait coupé ma ligne une journée, et le premier conseiller, avant de se renseigner là-dessus, m'a fait planter la boiboite vivante avec le flash mémoire. Une minute plus tard et le truc reparamétré, c'était reparti.

J'en ai raté le blogboquizz, je tente de m'en remettre.

Entre temps, on a eu notre premier assaut de touristes, caméra et appareils photos en bandoulières. J'ai rien contre les flashs, faut pas se leurrer, en grande partie ceux qui les actionnent nous font vivre, mais je me demande toujours à quel moment ils vont pas finir par nous jeter des cacahuètes.

- Bonjour, dans votre casserole là, c'est bien ce qu'on appelle la bouillarbaisse ?

- Non madame, c'est du couscous ça.

Alléluia, ils sont revenus.......

lundi 7 avril 2008

AndiamoLe sirop

DING-DONG ! Le carillon de l'entrée sonne. Simone tressaille, surprise, elle coupe la plaque à induction sous la casserole, elle s'essuie hâtivement les mains sur son tablier.

- Qui ça peut être, se demande-t-elle ? Elle se dirige vers l'entrée, aperçoit une silhouette à travers le verre dépoli, déverrouille la porte en PVC blanc de chez "Latriple".

- Ah, bonjour facteur ! Le préposé est là, casquette rejetée en arrière, un "colissimo" à la main.

- Un recommandé, M'dame Ronchard !

Signature, petit pourliche. Avant de rentrer, Simone jette un regard circulaire sur "sa" résidence, cent cinquante maisonnettes identiques, des jolies pelouses arborées (comme ils disent ces cons), un sourire satisfait illumine sa face déjà avachie.

Nous avons réussi, pense-t-elle ! Un croum qu'elle aura fini de rembourser dans dix ans, si tout va bien... A cette seule idée, elle se signe, discrètement, des fois qu'on la remarque.

Quarante-six ans, des fins de mois difficiles, un mari chef comptable dans une petite boîte d'import-export, deux mômes aux visages ingrats, plus préoccupés par leur acné que par les études, dix-neuf ans pour le garçon, deux de moins pour la fille.

Simone se retrouve dans SA cuisine, toute neuve la cuisine, une "Latriple" elle aussi, Robert la lui a offert pour leurs vingt-cinq ans de mariage, elle aime caresser le plan de travail en vrai "faux-marbre" !

Alors elle pose le petit colis jaune, ouvre le tiroir à roulettes, d'un mouvement si doux qu'on dirait une caresse. Simone a vraiment beaucoup de chance, placards à profusion, table à induction, four encastré : haute technologie a assuré le vendeur, température réglable au degré près ! Lave-vaisselle, réfrigérateur américain, avec glaçons et glace pilée à la demande !

Mais surtout LE four à micros-ondes ! Simone en fait un usage intensif, c'est incontestablement la reine des surgelés, elle pensait s'y mettre, avec une cuisine si moderne, mais cette grosse loche a bien vite repris ses habitudes : télé à longueur de journée, et vite fait la décongélation, quand arrive l'heure de la bouffe.

Sans hâte, elle ouvre son colis. A l'intérieur, bien enveloppée dans plusieurs couches de papier, une petite bouteille de Perrier. L'étiquette a été retirée, mais elle est tellement reconnaissable, grâce à sa forme si particulière.

Simone dévisse lentement le bouchon, sent le contenu, perçoit une légère odeur de cannelle, de vanille, et autre chose d'indéfinissable. Elle en verse très peu sur le bout de son doigt. La substance est sirupeuse, d'un joli vert amande, elle la goûte du bout de la langue, c'est sucré, parfumé, la cannelle sans doute : pas mauvais, conclut-elle.

Puis elle retourne à sa casserole abandonnée tout à l'heure, elle se prépare un bol de chocolat, dans lequel elle trempera des tranches de brioche achetées à "l'AUCHCLERCROISEMENT". Depuis bien longtemps, les enfants ne rentrent plus déjeûner, le lycée et la fac sont trop loin, alors cantine ! Ainsi, elle peut tout à loisir se vautrer dans son beau canapé, acheté par correspondance aux "Deux Redoutables Belges", son bol de choco dans une main, les tranches de brioche tartinées Nutella bonne couche à portée de l'autre ! Et surtout, devant son feuilleton préféré : "les feux de l'amour".

Elle ne parvient pas comme à son habitude à se concentrer sur les péripéties amoureuses de ses héros préférés, cela l'agace. Alors elle se lève, en plein milieu de l'épisode, au moment précis où Truc va peut-être, et enfin, rouler une pelle à Machine.

Elle se dirige vers la cuisine : "je vais confectionner un gâteau", dit-elle à haute voix !

Jamais elle n'a fait ça, oh ! Elle ne se lance pas dans une recette très compliquée, elle va préparer un gâteau au chocolat pour sa petite famille, ils vont être heureux, pense-t-elle.

Elle enfile un manteau, et se rend à pieds jusqu'à l'AUCHCLERCROISEMENT tout proche, afin d'y acheter les ingrédients nécessaires : chocolat noir, farine, un sachet de levure, des oeufs.

A peine rentrée, elle confectionne son dessert, dispose la préparation dans un moule à manqué, sans oublier d'y ajouter une cuillérée à café du si joli sirop reçu le matin même. Trente minutes au four, elle sort son chef-d'oeuvre, l'admire, puis le pose sur la paillasse afin qu'il refroidisse.

Waouh ! Tu nous a gâtés, s'esclaffe Robert. Ah oui, reprennent à l'unisson les charmants "boutonneux", c'est vraiment toi qui as tout préparé ?

- Ben oui, répond l'interpellée.

Et puis ce petit goût de je ne sais quoi... Vanille, cannelle, peut-être ? En tout cas, c'est rudement bon, reprennent en choeur les Einstein de la banlieue Nord.

Après le Navarro du soir, quand Simone et Robert se retrouvent, ils font ce qu'ils ont négligé depuis bien des mois.

Le lendemain, Simone est prise de la même frénésie culinaire que la veille, elle se rend dans sa grande surface préférée, et achète de quoi préparer une tarte aux pommes !

Elle confectionne elle-même la pâte brisée, tout lui semble facile, elle épluche les pommes, les coupe en fines lamelles, forme de jolis dessins en disposant les quartiers de "Golden delicious" d'une qualité exceptionnelle, l'indispensable cuillère à café de sirop, HUMMM, ils vont se régaler.

La fête ! Robert complimente abondamment son épouse, les enfants sourient, eux les "adoléchiants", comme se plaît à les appeler leur père, ils sourient !

Le soir, au moment du coucher, Monsieur est encore pris d'une rage de cul, qui fait pleinement le bonheur de Madame !

Toute la semaine, la famille Ronchard a droit à des desserts "maison" : flan, Charlotte aux fraises, et même un Saint-Honoré servi dimanche ! Rien n'arrête Simone pour régaler sa petite famille.

Quand, le lundi matin, Simone se retrouve seule dans sa belle cuisine, elle entreprend de confectionner un sirop.

Tout d'abord quelques emplettes indispensables, dans son incontournable, "AUCHCLERCROISEMENT" : du sucre de canne, une gousse de vanille, de la cannelle, sans oublier le pack de petites bouteilles de Perrier.

Alors, sur sa jolie plaque à induction, elle prépare un sirop, parfumé à la vanille, ainsi qu'à la cannelle, puis incorpore le reste de sirop reçu la semaine précédente, enfin elle ajoute des colorants : E 104, E 131, ils ne servent à rien, mais ils sont si jolis, et leur couleur vert-amande tellement en harmonie avec la teinte verdâtre qui commence à couvrir les mains de la famille Ronchard, ainsi qu'une partie de leur corps.

Simone a versé le sirop dans cinq des petites bouteilles de Perrier, c'est avec un peu de mal, qu'elle termine les petits paquets destinés à ses meilleures amies, les petites membranes qui poussent entre ses doigts la gênent un peu.



dessin Andiamo

samedi 5 avril 2008

Saoul-FifreOasis

Je crève
Ma gourde est restée vide
Tout là-bas sur ta piste
Je rêve
Tu es là devant moi
Mais tu t'envoles en volutes
Et je chute.

Oasis
Je t'attends
Dans les sables
Mourant.

Ton vent
Il m'assoiffe et m'obsède
Et me fait tomber à genoux
Ton vent
Je lui tordrais le cou
Si je n'étais à bout.

Oasis
Je t'attends
Dans les sables
Mourant.

Je t'aime
Comme une fiancée lointaine
Que je n'aurais pas connue
Je t'aime
Tes photos étaient belles
Mais tu n'es pas venue.

Oasis
Dans le vent
Je pense à toi souvent.

jeudi 3 avril 2008

ManouCorée

















mardi 1 avril 2008

Tant-BourrinLe grand blogboquiz

Tiens, me suis-je récemment sussuré au creux de l'oreille, cela fait bien longtemps que je n'ai pas proposé à nos chers lecteurs un de ces petits quiz musicaux qui ont fait naguère la renommée interplanétaire de Blogborygmes. Pourquoi ne pas y remédier dès le prochain billet ?

Bingo, me suis-je autorépondu avec d'autant plus d'empressement que j'étais à la ramasse question inspiration (faire un énième poisson d'avril me paraissait un peu trop facile), je mets ça en route !

Voilà pourquoi je vous propose aujourd'hui un... Un quoi ?... Punaise, y'en a pas un qui suit ! Un petit jeu musical !

Pour les ceusses qui ne connaissent pas le principe, je vous explique en trois mots : le jeu consiste à reconnaître des chansons à partir de leur intro (ou d'un bout de pont musical). C'est tout.

Histoire de donner une dimension supplémentaire au jeu, il y a aujourd'hui 25 morceaux et interprètes à identifier ! Oui, je sais, c'est énorme, mais quand on est généreux comme moi, on ne compte pas !

Ecoutez le fichier ci-dessous, composé donc de 25 intros ou ponts musicaux de chansons enchaînés, essayez d'identifier le maximum de chansons, et envoyez-moi par mail (histoire de laisser tout le monde jouer) vos réponses sous la forme :

1 : nom de l'artiste - titre du morceau
2 : nom de l'artiste - titre du morceau
3 : nom de l'artiste - titre du morceau
etc.

Un titre correct rapporte trois points et le nom de l'interprète rapporte un point supplémentaire (certaines chansons ayant eu plusieurs interprètes différents, je serai assez large sur ce point). Je donnerai dans les commentaires les scores réalisés par les uns et les autres au fur et à mesure de l'arrivée des réponses. Le gagnant sera celui qui atteindra le plus grand score ou qui obtiendra le premier la note parfaite de 100.

Bon, soyons franc : le niveau de difficulté est particulièrement relevé et il y a des morceaux que je pense introuvables. Ne vous laissez donc pas décourager et tentez votre chance même si vous n'avez qu'un nombre extrêmement limité de réponses : dites-vous que ce nombre de réponses est juste à votre image.

Et pour vous aider (oui, je sais, je suis trop bon), vous découvrirez vite, en examinant les premiers titres identifiés, qu'il y a un point commun à tous les morceaux compilés : cela devrait utilement orienter vos recherches pour trouver ceux qui vous manquent !

Mais pour éviter que des petits malins (il y en a, j'ai les noms), ayant découvert la thématique d'ensemble, proposent au hasard tous les titres de chansons pouvant s'inscrire dans cette thématique, chaque participant aura un quota de cinq erreurs possibles gratuites : à partir de la sixième mauvaise proposition, ça sera un point de moins par erreur, na ! Et je pressens déjà qu'il y en a qui risquent de finir avec un score largement négatif !

Pour vous aider à vous y retrouver, voilà le minutage des différents morceaux :

01 : 0'00"    06 : 1'23"    11 : 2'18"    16 : 3'11"    21 : 4'25"
02 : 0'27"    07 : 1'32"    12 : 2'37"    17 : 3'30"    22 : 4'33"
03 : 0'38"    08 : 1'46"    13 : 2'47"    18 : 3'38"    23 : 4'40"
04 : 0'52"    09 : 2'02"    14 : 2'57"    19 : 3'55"    24 : 4'59"
05 : 1'04"    10 : 2'09"    15 : 3'02"    20 : 4'06"    25 : 5'07"

Le jeu est ouvert jusqu'au 2 avril à 20h13 précises. Je publierai peu après le palmares définitif ainsi que les bonnes réponses dans les commentaires de ce billet.

Ah oui, au fait, j'oubliais l'essentiel : le vainqueur de ce concours gagnera un cadeau d'une valeur inestimable, à savoir un CD audio réunissant toutes mes prestations musicales sur ce blog depuis sa création !...



Hein ?... Quoi ? Qui a dit "tu parles d'un cadeau" ?... Pffff ! Puisque vous avez une si bonne oreille musicale et de si bons goûts musicaux, il va falloir le prouver en faisant des scores potables, bande d'incultes !

Allez, on y va... A vos marques... Prêts ?... Ecoutez !



Fichier téléchargeable directement ici...

dimanche 30 mars 2008

BofMon coté primaire

Septembre 68, quatre mois avant des pavés avaient volé, et moi dans ma blouse neuve je découvrais le goudron de la cour de l'école. Ma sœur m'avait précédé, j'y retrouvais un copain, c'est pas moi qui aurait chialé comme la Marie-Christine. En fait l'école c'était bien, sauf que fallait se lever tôt, même en section enfantine.

On y allait à pied, un kilomètre et demi, trois grosses côtes à grimper. Le village était petit, l'école pas très remplie, les deux maitresses se répartissaient les six classes. On apprenait des trucs bizarres, comme mettre dans le bon ordre des bouts de papier avec des groupes de lettres dessus. J'avais pas compris le jeu, mais mon voisin si, alors je copiais sur lui. On avait aussi un cahier d'écriture, des pages entières de a ou b à écrire proprement, buvard plumier et encrier, j'étais pas très doué, ça n'a pas beaucoup changé.

Le reste du temps c'était tranquille, on collait des nouilles sur des feuilles de papier en écoutant les plus grands réciter leur table de multiplication, on chantait "colchique dans les près", on découpait des trucs en piquant tout autour, et on en attendait les récrés.



Un matin, une dame en blanc est venue, on s'est tous retrouvé en slip, à défiler devant elle, qu'elle nous colle un timbre sur le torse après nous avoir toisé, pesé et contrôlé les yeux. On l'a gardé deux jours, le timbre, pas la dame, avant de le décoller pour voir ce qu'y avait dessous. Mon voisin, après ça, il est parti pendant quelques années dans une autre campagne, à respirer du bon air dans un sanatorium. J'avais plus personne pour m'aider à ranger les bouts de papier, mais c'était pas grave. Une amie de mon oncle m'avait offert un Akim. Akim, c'était géant, sauf que juste regarder les images, c'était pas suffisant, alors en deux mois j'ai appris à lire avec Akim, Rita, Jim, Kar, Zig et Ming.

Ensuite j'ai eu une voisine, Anne. J'aimais bien Anne, mais je préférais Béatrice qui, elle, ne pensait qu'à Pascal. Toutes les filles d'ailleurs ne pensaient qu'à Pascal, l'enfoiré. Ça va pas toujours comme on veut en section enfantine. Plus tard non plus d'ailleurs, mais on apprend quelques combines.

Aux récrés, on faisait des batailles, les petits montés sur le dos des plus grands. Mon cheval était coriace et j'étais un teigneux, on gagnait presque tout. Sauf qu'un jour le cheval a trébuché, et je me suis niqué une arcade sur le goudron, la maitresse a dit que stop, fini la plaisanterie. Restait plus qu'à jouer à chat perché, avec les filles...

Alléluia, un jour on a eu un ballon, ça tombait bien, dans la cour y avait deux grands portails face à face, deux buts magnifiques, pas exactement la même taille, mais ça le faisait quand même. C'est comme ça qu'on a pu laisser les filles à leur histoire de chat.

Le midi, y avait cantine. Avec la cantinière, tous les jours c'était soupe en premier. Moi, j'aimais bien la soupe, les brocolis, et les carottes râpées, ah non, pas les carottes râpées, et les betteraves non plus. Le boudin, et le ragout, les tomates farcies, le pot au feu, les pommes au four, ça j'adorais. Et les grandes plaques de flan alsa pistache, vanille, ou chocolat, tu faisais une petite entaille dans ta part qu'à la fin ça faisait une grande crevasse. Après, c'était moins drôle, à tour de rôle on faisait la vaisselle, même nous les garçons, pas préparés à ces activités.

Deux trois fois dans l'année, un type passait avec un projecteur, et de grandes boîtes avec des films dedans. On allait voir ça dans la salle des plus grands. Le début toujours c'était chiant, des trucs de volcan, de fonds marins, ou des balades dans des villes qu'on connaissait même pas, remplies de statues ou de monuments bizarres. On nous gardait le meilleur pour la fin : Laurel et Hardy, Charlot mais j'aimais moins, et parfois quelques dessins animés.

Avant chaque départ en vacances, fallait venir avec une feuille de papier de papier de verre, et aussi de la cire. Plus tu pourrissais ton bureau, plus tu frottais longtemps, ça s'appelle la justice immanente.

Mon école, mon père ma mère l'ont fréquentée, mes grands-parents et arrières-grands-parents aussi.

J'y suis repassé l'an passé, de regroupement pédagogique en normes plus aux normes, elle fermera à la fin de l'année.


vendredi 28 mars 2008

AndiamoMon métro à moi

A la demande générale de Pousse-Manette, je vais tenter d'évoquer le temps béni, où lorsque l'on prenait le métro, on se sentait envahi par un immense sentiment de sécurité ! Je ne parle pas de la maintenance qui est, et a toujours été au top.

Incroyable, non ? Et pourtant, que voulez-vous qu'il arrive de fâcheux, dans un endroit où aucune voiture ne risque de faire une embardée, et vienne vous percuter ? Un lieu dans lequel il ne pleut jamais ? Un endroit où la température est constante ? Un moyen de transport dont les conducteurs, nous affirme-t-on, subissent des tests extrêmement rigoureux.

Je prends très souvent le métro avec mes petites-filles, et ça n'est pas dangereux, ni "craignos", quoi qu'en pensent certains.

J'avais quatorze ans, certif en poche, le seul diplôme d'enseignement général que j'ai décroché, plus tard un C.A.P. d'ajusteur, heureux temps où, avec si peu, on pouvait vivre et bien vivre. Bien sûr, beaucoup d'heures en atelier, mais l'atelier ça n'est pas le bagne, je m'y suis parfois bien marré. De plus, j'aimais beaucoup mon boulot.

Mais revenons à mes quatorze ans, après le certif, on avait choisi pour moi mon orientation professionnelle : vu que t'es gaulé comme un Ninas mal roulé, tu seras comptable, c'est un boulot pas trop physique, et ça devrait te convenir, alea jacta est !

Un matin, ma mère m'accompagne rue Martel (pour les bouseux, c'est dans le Xème arrondissement de Paris) afin de concourir pour entrer dans ce prestigieux établissement (Hum - Hum) qui formait des comptables à la chaîne, ça n'était pas H.E.C. non plus, loin s'en faut.

Départ à sept heures de Drancy, le bus 151 jusqu'à la porte de Pantin. Les bus qui desservaient la banlieue en 1954 étaient encore des vieux Renault TN 4F, le chauffeur placé à l'avant, dans une petite cabine entièrement fermée, siège enveloppant, un énorme volant en bois, vitesses au plancher.

Tout petit, j'adorais me placer tout à l'avant, juste derrière la cabine, et de là, je pouvais observer le chauffeur, cravate et casquette, veste et pantalon gris. Parfois, les vitesses craquaient, la boîte à crabots sans doute, dont ces antiquités étaient équipées, il fallait impérativement faire un double débrayage pour rétrograder, et un double pédalage pour "monter" les vitesses, pas de synchrones dans ces antiques boîtes.

Ces bus étaient également munis d'une plate-forme, à laquelle immanquablement s'accrochait un flic. Képi vissé sur le crâne, pélerine volant au vent, les deux pieds sur la marche, agrippé aux montants qui soutenaient le toit, presque Superman, avec la pélerine virevoltant autour de lui !

Enfin : le receveur, celui qui, à l'aide d'une grosse boîte en aluminium, en appui sur son ventre, d'un coup de manivelle magistral, oblitérait les tickets, qu'il avait préalablement insérés dans la machine. Plus tard, j'appelais cet engin une "terouette" en référence au bruit qu'elle produisait.

Fabuleuse, cette plate-forme, quel dommage de les avoir supprimées ! Dangereuse ? Pas plus que de laisser des mômes de dix-neuf ans, conduire des voitures de 200 chevaux et plus !

J'avais un copain qui ne pouvait s'empêcher d'invectiver les cyclistes que le bus dépassaient, un jour, on double une femme d'un certain âge qui peinait sur son vélo, Il lui crie :

- Alors mèmère, ça mousse ?

Et la mémé, sans se départir, lui répond :

- Assez pour t'raser les moustaches, p'tit con !

Inutile de préciser que tous les voyageurs présents se sont bien marrés, mais pas mon pote.

Les habitués, qui matin et soir, embarquaient au même endroit, à la même heure, ainsi vers les 17h30 à l'arrêt Cartier Bresson, celui qui desservait l'usine Bourjois : tu sais, le parfumeur ! Une volière, une vingtaine de femmes envahissaient le bus, entraînant dans leur sillage des parfums de : violettes, roses, oeillets, verveine, enfin, tout ce que cette vieille Dame qu'est la société Bourjois met en : parfums, poudres, crêmes et mascaras.

Parfois, le receveur dansait sur la plate-forme avec l'une d'elles, on était loin de ce que l'on appelle aujourd'hui les incivilités (tu verrais la gueule de l'incivilité parfois), mais ne croyez pas que j'enjolive, il est toujours joli, le temps passé, Monsieur Brassens l'a chanté, je sais.

Après vingt ou vingt-cinq minutes de trajet, nous arrivons à la porte de Pantin. A droite, les abattoirs de la Villette. Ils étaient immenses ces abattoirs, reliant la Porte de la Villette à la porte de Pantin. Le matin, on y voyait des maquignons, descendant de leur bétaillère, bâton à la main, blouse noire à mi-cuisses, chapeau de feutre cabossé sur le sommet du crâne, à travers les montants à claire-voie des camions, on apercevait : des moutons, des vaches ou des cochons. Spectacle insolite que ces animaux en plein Paris !

La bouche de métro, une volée de marches descendues à toute vitesse, sur notre gauche, un immense plan du métro, à la verticale, juste dessous à l'horizontale, un immense clavier, truffé de petits boutons.

Quelle direction prendre ? Il suffisait d'appuyer sur le bouton correspondant à la station à laquelle on désirait se rendre, miracle : l'itinéraire s'affichait sur le plan, grâce à des petites lampes qui jalonnaient le parcours, c'était bien, c'était chouette, pourquoi ça s'est fait la mallette ?

Ma mère sort les tickets, petits rectangles de papier d'un jaune pisseux (autrefois, bus et métro n'avaient pas les mêmes tickets), les tend au poinçonneur, assis dans une petite guérite, placée avant le portillon automatique, actionné par un vérin. Cette porte se fermait automatiquement avant l'arrivée d'une rame, combien ont couru pour passer juste avant la fermeture !

Tout d'abord le remugle, propre au métro Parisien, une odeur unique, identifiable entre toutes, indéfinissable...

Les quais goudronnés noirs, avec les huit dessinés à l'eau additionnée d'un désinfectant, les lampes éclairant la station, je les ai vues être remplacées par des néons, sur cette ligne, la 5, je pense en 1954 ou 55. Ces ampoules, les mêmes que dans les voitures, possédaient un filament en "zig-zag" semblable à un profil de filetage.

La faîence blanche sur les murs, les encadrés en faîence marron, destinés à recevoir "les réclames" : les frères Ripolin, coiffés de leurs canotiers, les blouses blanches, le suivant écrivant sur le dos du précédent ; la vache "Monsavon" de Savignac, sous les pis la savonnette ; et puis aussi : "halte là qui vive" ?... Saponite la bonne lessive ! ; le livreur de pinard, fouillasse à l'est, des kils de pinard à la main "Nicolas, fines bouteilles" ; la belle Gitane, dansant dans les volutes de fumée bleue, vantant les cigarettes du même nom...

Et puis aussi la belle affiche du film de Jacques Becker : "touchez pas au grisbi". Enfin, un peu plus tard, en 1955, j'ai vu la très mystérieuse affiche du film de Clouzot : "les diaboliques", sur laquelle il était spécifié que les portes du cinéma seraient fermées, dès le début du film ! Les spectateurs étaient priés de ne pas révéler la fin ! Mystère, mystère...

La rame surgit, une "Sprague-Thomson", il y a un certain moment qu'on l'entendait : crissement des bogies au passage des aiguillages, frottement des patins sur le rail d'alimentation électrique, voitures brinqueballantes, de couleur verte, un vert foncé, les esthètes diront : "vert Véronèse", moi je dirai plutôt : crade. Puis LA voiture rouge, celle des premières classes, sièges en molesquine, contre : lattes de bois pour les secondes, aucune importance, pas de places assises aux heures de pointe !

La fermeture des portes est assurée par des vérins fonctionnant à l'air comprimé, dégueulant d'huile, actionnés grâce à l'intervention d'un préposé, placé dans la voiture de tête. Parfois, pour faire hâter les gens, il actionnait légèrement les vérins. "Tchiss, tchiss", faisait l'air comprimé en s'échappant.

J'aimais beaucoup me placer dans la voiture de tête : ainsi, je pouvais admirer le machiniste, actionnant une manette munie d'une poignée, un potentiomètre sans doute, qui permettait de réguler le moteur électrique, propulsant la motrice. Tout au long du trajet, le bruit est infernal, secoués comme des pruniers, mais bon... Nous avions l'habitude, là aussi des réclames dans les voitures : la petite fille, levant les bras au ciel, alors qu'un toutou noir, se tire avec sa tartine de confitures Bannier.

Dans les tunnels, les affiches rectangulaires : DUBO, DUBON, DUBONNET. Elles ont longtemps persistées. Arrivés gare de l'Est, nous remontons enfin. Descente du boulevard de Strasbourg, nous coupons le boulevard Magenta, puis prenons la rue de la Fidelité à droite. A l'époque, il y avait un cinéma de quartier : le Fidelio, il n'y passait que des films Arabes, existe-t-il toujours aujourd'hui ?

Nous remontons ensuite une partie de la rue de Paradis. Elle regorgeait de boutiques dont la spécialité était, et, est sans doute toujours la cristallerie, la faïence, la porcelaine, mais que du haut de gamme !

A quatorze ans, rien à foutre de la vaisselle, je préférais, un peu plus tard, vers quinze ou seize ans passer dans la rue Jarry toute proche, pour voir les putes. Trop jeune, trop petit, pour qu'elles s'intéressent à moi, mais bon, l'oeil a ses raisons... Avec mes copains de classe, parfois, on y passait, regardant plus les pavés que les filles. Ah, la timidité... J'voudrais ben, mais j'ose point !

Nous arrivons enfin rue Martel : au bout l'école, ma mère me laisse entrer, petit bisou, le "bonne chance" d'usage.

- Je viendrai te chercher ce soir. Tiens, prends tout de même des tickets de métro et de bus, on ne sait jamais...

La journée se passe plutôt bien, j'appris deux semaines plus tard que j'étais reçu au concours d'entrée (grandes vacances sereines en perspective). Le soir, quand je suis sorti, personne ne m'attendait. Je patiente un quart d'heure, puis je commence à remonter lentement en direction de la gare de l'Est.

Pas fier, quatorze ans, petit pour mon âge, j'attends encore un peu devant la bouche de métro, puis ne voyant personne, je m'engage.

Bien sûr, j'avais déjà pris le métro, mais jamais seul, aussi je ne faisais pas trop attention et, tout à coup, je me suis senti "grand", il fallait que je montre que j'en étais capable.

En arrivant à la maison, je demande à ma mère si elle n'avait rien oublié ?

- Non, non je l'ai fait exprès, il faut bien que tu te débrouilles seul. Tu ne penses tout de même pas, que je vais t'accompagner tous les jours à l'école ?

Et bien voilà : petit, pas bien gros, mais une bonne leçon tout de même ! J'ai emprunté cette ligne pendant deux ans, sans la moindre anicroche, ni agression d'aucune sorte, c'était sans doute des années difficiles, j'ai vu que très rarement des gens faire la manche.

Que s'est-il passé depuis ? Nous sommes constamment sollicités, je n'ose pas rentrer par les transports en commun, passé vingt-deux heures, les bus et les rames de métro sont bien plus belles qu'autrefois, mais à tout prendre, je préférais mon tortillard, pas confortable certes, mais oh combien sécurisant.

La rue Martel ? Je me suis fait jeter au bout de deux ans, on refaisait le métro en classe, j'explique : le premier de la rangée se tourne vers le fond de la classe, fait semblant d'appuyer sur un bouton, en faisant PCHITT, PCHITT (l'air comprimé). Toute la rangée imite la fermeture des portes, ça donne : KLANG ! KLONG ! VLAN ! Ensuite, on saute sur place très rapidement en décollant son cul du banc. Important : ne pas omettre d'émettre un WONWONWONWON, imitant au mieux la rame ! Tout ça, avec une main en l'air, comme pour tenir une poignée imaginaire !

Très marrant, mais pas au goût des profs, surtout celui de Français, et en plus il tenait absolument à nous faire jouer une scène du Cid ! Non mais tu me vois déclarant ma flamme à une Chimène adipeuse, boutonneuse, jouée par mon pote Polo, car les classes n'étaient pas mixtes, mon bon Monsieur ! Ah la vache, je pleurais de rire, j'pouvais pas, alors à chaque fois : la lourde. Ils ont fini par me filer mon blot.

La comptabilité n'a pas perdu grand'chose et moi non plus. J'ai préféré me mesurer avec l'acier, les machines-outils, la mécanique de précision, et je ne l'ai jamais regretté.



dessin Andiamo

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