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vendredi 29 février 2008

BofMontréal

J'aime pas les villes, c'est physique. Ça pique les yeux, ça sent bizarre, les villes c'est plein de gens dedans, et les gens j'en vois trop, alors souvent, j'ai du mal.

Ou plutôt si, j'adore les villes, mais pas y vivre, y passer en coup de vent, visiter son histoire, y chercher l'idée que je m'en étais faite, ne pas la trouver, découvrir autre chose, et rencontrer des humains.

Et y a des villes dont tu tombes amoureux, sitôt tes pieds posés sur son bitume, ça m'est arrivé, une fois.

Où je vis, il fait chaud, même l'hiver. Aujourd'hui, à 5h ce matin, il faisait 10°C, et 17°C l'après-midi, un climat tropical, je vous dis, pour une fin février. Cuit à point tout au long de l'année, quand je pars, je cherche la fraîcheur, me parlez pas des Seychelles, mais une virée sur la banquise, j'en rêve.



Parfois, chez British airways, tu as du bol, et ton voyage classe éco se termine dans un fauteuil première classe, c'est cool, tu manges dans de la porcelaine, champagne et petits fours, t'en oublierais presque ton jean et tes baskets tellement confortables, quoiqu'un un peu décatis.

Mais parfois chez British airways t'as pas de bol, et tu arrives à Dorval, aéroport de Montréal, Québec, Canada, avec juste la moitié des bagages. C'est gênant, vu qu'à Nice au départ il faisait quasiment 20°C, t'as laissé la grosse veste dans la valise bleue, celle ou y avait la trousse de toilette, celle qui stagne quelque part aux environs de Londres.

C'est gênant du fait qu'il fait -20°C, là, en sortant de l'aéroport. Tu voulais la fraîcheur, tu débarques dans un congélateur. Direction Jean Coutu, y racheter une brosse à dent, un shampoing douche, un peigne. Vu notre réputation de réfractaire à la savonnette, surtout pas donner prise à cette légende urbaine. Dire vous, s'entendre dire tu, trouver ça agréable.



Trouver le gîte du passant réservé, se faire encore tutoyer, trouver ça de plus en plus sympa. Premier repas dehors, à peine arrivé, déjà placé, la carte, un sourire, un grand verre d'eau en prime. Vite servi et bien servi. T'es définitivement plus en France. Demander l'addition, faire un savant calcul pour payer le service, arrondir au-dessus pour la réputation nationale, et même ainsi trouver ça plus qu'honnête.

Rentrer se coucher de bonne heure, vu que ton horloge interne, elle dit que t'es déjà au milieu de la nuit, que demain tu veux être en forme pour accueillir ta valise bleue, découvrir l'autochtone, son biotope, et le smoked meat de chez Schwartz.


A demain donc...

mercredi 27 février 2008

AndiamoConte pour grands z'enfants

Ah, mortecouille ! s'écria le Chevalier de Castelniquon, en prenant connaissance du parchemin que lui tendait son Seigneur et maître le Sire de la Morvelle, un ultimatum Messire ? Un ultimatum de ce foiruteux Marquis de l'Aiguillette, ce félon justement empêché de l'aiguillette ! Un rire gras accompagna cette boutade. Comment ce chiasseur ose-t-il menacer sa Seigneurie ? S'attaquer à ses biens ? Forts modestes au demeurant !

Que nenni, je le pourfendrai, l'estoquerai, frappant du plat et de la pointe, l'embrochant comme vulgaire volaille ! Donnez-moi Messire quelques vaillants porte-hallebardes, quelques braves archers, et nous vous ramènerons ce faquin, ce tire-laine, ce pousse-cailloux.

Allons, Chevalier, calmez vos ardeurs, tempéra de la Morvelle, et gardez l'icelles pour guerroyer, ne jetez pas la tronçonneuse après l'escalier (ça ne veut strictement rien dire, et de surcroît : anachronisme)

Si fait, mon Seigneur, je vais de ce pas quérir mes braves, et disposer les chariots en cercle.

Ah la belle âme, le preux Chevalier, prêt au sacrifice suprême pour l'honneur de son Seigneur ! Qui aujourd'hui serait prêt à offrir sa vie pour son bien-aimé Président ? Levez la main que j'vous compte, attention je n'ai que dix doigts, 1, 2, 3, 4..7, ça va j'aurai assez de doigts, ouf j'ai eu peur !

De Castelniquon recula pour ne point tourner poulaines devant son Seigneur, puis se rendit en salle des gardes.

Quelques gaillards étaient attablés, buvant, à même les pichets, une horrible piquette qui faisait des centenaires à ne plus que savoir en faire, si elle ne leur tournait pas la tête ! Mais où j'ai trouvé ça moi ?

Mordiou, ventre saint-gris, ah ça ! Foin des beuveries, z'allez l'ver vot'cul, et z'allez m'briquer c'te turne, ça r'naude grave, exécution ! Vous voyez, 7 ou 8 siècles plus tard, le langage vernaculaire usité dans les chambrées n'a guère évolué, si ce n'est qu'à la fin de la phrase il s'est enrichi d'un DEDIEU !

A l'heure où blanchit la campagne, ils partirent cinq cents, mais point de prompts renforts, les foireux, les couards, les chie-en-braies, les trembloteux du pourpoint, caltés ! volatilisés ! terrés en quelque obscur vallon !

Quand de Castelniquon arriva en vue de l'austère château du Marquis de l'Aiguillette, il se retourna pour la première fois depuis son départ, stupéfaction ! Ils n'étaient pas trois mille en arrivant à bon port, mais une poignée, cinq hommes en tout !

Rien que des sourds (on dirait aujourd'hui mal-entendants, ça n'améliore pas leur audition hélas, je dis cela car avant une intervention, j'étais myope comme une taupe, mes carreaux auraient pu servir de hublots au commandant Cousteau, j'étais atteint d'une déficience oculaire assez conséquente ! Moi, je disais tout simplement "je vois clair comme un tas d'sable", c'est la même chose et au moins ça fait marrer), aucun d'eux n'avait compris ce qu'on lui demandait, ils avaient suivis, connement.

Que faire se demanda Castelniquon ? Demi-tour ? Fort importun, je ne suis point un couard, un fielleux, un chie-en-chausses, guerroyer certes, à un contre dix passe encore, mais un contre cent ? N'est-ce point trucidement ? TRUCIDEMENT ? Un péché mortel !

Mortel qu'il était le péché, la vache ! Rôtir dans les flammes de l'enfer, se faire sodomiser par des diablotins montés comme des bourricots ! Se faire enfourcher les joyeuses par des incubes en mal de mignardises, émasculé par des trolls sodomites ! Ah foutre non, et pour la première fois de sa vie le Chevalier de Castelniquon se mit à réfléchir.

Soyons rusé, gambergea-t-il, soyons chattemite comme un vieux prélat, entrons dans la place, en douceur, demandons asile, les lois de la Chevalerie obligent à l'hospitalité, un petit rictus de satisfaction lui tordit la bouche sous son heaume... Et puis j'aviserai.

Oh là du pont-levis ! Je suis le Chevalier de Castelniquon, flanqué de quelques-uns de ses preux, baissez le pont-levis, levez la herse, rambutez les merchandeaux, caratez la chandouille, débigoisez les paloins (tout et n'importe quoi).

Dans l'horrible cliquetis des chaînes, la lourde herse se leva, tandis que le pont-levis s'abaissait lourdement.

Suivi de ses soudards, Castelniquon pénétra dans la cour du château, les palefreniers se précipitèrent afin de conduire les montures de nos héros aux écuries. Le Chevalier se rendit aussitôt aux appartements du Marquis, petite courbette : "Marquis, je vous salue bien bas, mon maître le Seigneur de la Morvelle, vous adresse par ma modeste personne son plus profond respect".

Fort bien Chevalier, asseyez vous séant à cette table en ma compagnie et celle de Dame Frénégonde, ma Mie, et partagez notre frugal repas.

Ah mordiou, enfer et damnation, la donzelle et néanmoins épouse du Marquis était la plus sublime des créatures que l'on eût vu : la belle jouvencelle, pâle aux yeux clairs sous son haut hennin, ses mains gracieuses posées devant elle, comme deux papillons. Jamais le Chevalier n'avait vu si belle personne.

Ah le porc ! songea le preux, une si belle épouse donnée à pareil pourceau, autant filer une framboise à un âne, de la marmelade aux sangliers, des poulardes aux chacals, et enfin une bien nichonnée à un manchot ! Quel gâchis !

En guise de frugal repas, les hommes s'empiffrèrent comme des gorets, burent comme des éclusiers, rotèrent comme manants en indigestion ! Puis vînt l'heure de se séparer, le Marquis fit donner une chambre au Chevalier, et chacun rentra dans ses appartements, l'invité remarqua que la Marquise faisait chambre à part.

S'étant couché, le Chevalier ne trouva point le sommeil, il songeait à sa mission, et surtout à la belle Dame. Sanguin de nature, les tourments de la chair commençaient à l'assaillir. Il se leva, sortit de sa chambre, longea le froid et obscur corridor (les corridors sont toujours froids et obscurs, z'avez remarqué vous aussi ?), puis s'arrêta devant l'huis de Dame de l'Aiguillette, il gratta doucement le bois de la lourde porte, cette dernière s'ouvrit immédiatement, surprenant l'audacieux.

Une poigne vigoureuse l'attira violemment sans qu'il put se défendre, aussitôt des lèvres se collèrent aux siennes, tudieu quelle fougue que cette donzelle songea l'écornifleur.

Prestement l'impatient ôta ses vêtements, puis flamberge au vent il se jeta sur la fluette Marquise, lui formulant moultes promesses : j'vas t'casser les pattes arrières, te péter la charnière, t'éclater les vergetures, te gamahucher jusqu'à tant que tu louches, fumelle lubrique, j'vas t'curer les douves !

Et l'autre qui bafouillait OOOOOOH voui, mon beau coq de combat, mon taureau fougueux, viens que j'te casse une canne, j'vais t'faire une tabellionnade (aujourd'hui on dirait une cravate de notaire), je vais te ravager l'entresol, te décalcifier l'boutoir, te dégorger le tournebout à grelots, tu ne sauras même plus comment tu t'appelles !

Castelniquon exhibant ses virils attributs lui demandait les yeux exorbités : et dans ton pays, les canards y-z'ont-y un bec comme ça ? J'vais t'accrocher aux tentures, te faire bouffer les bois d'lit, sûr j'vais t'mettre à la tête d'une grosse affaire, comme une carpette que j'vais t'rendre à l'autre empêché du kangourou (ouais, je sais, mais j'anticipe, et puis merde c'est moi qui raconte) ! Tu vas t'en souvenir de mon olifant à crinière, je suis Verseau ascendant recto, et je vais te le prouver séant, j'vas te r'tourner le fondement comme une vieille paire de chausses !

ENCOOOORE, OUIIII je suis ta CHOOOOSE. Ah ! elle avait l'extase explosive la délaissée du calbute !

Au matin, nos deux amants anéantis par leurs nocturnes exploits constatèrent les dégâts. Les bois du lit avaient rendus l'âme, le lourd baldaquin tendu de serge rouge gisait au sol ! La grande tapisserie qui ornait le mur, pendait lamentablement, la déchaînée l'avait arrachée sous les assauts intempestifs et combien titanesques de Castelniquon !

Un désastre, Pearl-Harbor, Hiroshima, Waterloo, La Motte-Picquet-Grenelle. Ah pute vierge ! S'écria l'ex-flamboyant Chevalier (je dis l'ex, car il n'était plus du tout flamboyant), fini le marteau-piqueur, la perceuse à percussion. Le burineur des esseulées, le fourrageur des basses fosses, ratatiné, recroquevillé le bulot, larvaire qu'il était, pas même un soupçon d'arrogance ! Espongé par la sangsue Marquisienne, vidé comme une outre après quinze jours passés dans le Ténéré !

Reluquant la petite chose toute fripée pendouillant devant elle, Dame Frénégonde éclata de rire, un rire ENORME, apte à réveiller le château tout entier !

Ce qu'il parvint à faire d'ailleurs. On court, on se précipite, on s'interroge, on se bouscule... Tout à coup le Marquis de l'Aiguillette fait irruption dans la chambre de sa Mie !

Ah foutre ! Que faites vous Chevalier, mantule au vent ? Sans vos braies, et devant Dame Frénégonde ma juste épouse ? Ne me dites pas que vous attendez le coche de treize heures !

Certes non, balbutia le coupable, c'est qu'ayant entendu vot'Dame s'esclaffer, je me suis précipité craignant que quelque malmeneur de vertu se soit introduit dans sa chambrette.

Alors le Marquis partit d'un grand rire, imité en cela par son épouse : allons Chevalier, ne vous troublez point, tout ceci n'était que mise en scène, la Marquise comme vous avez pu le constater possède fort bon appétit, et fait grande consommation de jouvenceaux. Toutefois vous méritez un satisfecit : jamais encore pareil tournoi amoureux n'avait retenti dans ces murs. Le sus nommé baissait la tête rouge de confusion.

Euh, pour le baldaquin, Messire, je paierai, j'ai un cousin qui vend de la serge, je le remplacerai, je vous le promets, à moins que vous ne préfériez un bon de cretonne ?

Ne vous excusez pas mon bon : vous êtes une épée de plumard Chevalier, un sabre de pucier, un épieu de traversin, une hallebarde de sommier !

Tout le monde connaît mes faiblesses, aussi voulant conserver Dame Frénégonde près de moi, je vous retiens, vous serez le prisonnier de la Marquise, à ce titre je vous nomme "Grand pourfendeur de conins" !

Oublieux de sa mission, pour les beaux yeux (et le reste) de Dame Frénégonde, de Castelniquon, le pieux Chevalier resta l'invité du Marquis.

La Marquise et le Chevalier ne se marièrent jamais, et pour cause, mais ils eurent beaucoup d'enfants, pour la plus grande joie du Marquis.


"Et dans ton pays, les canards y-z'ont-y un bec comme ça ?"


   Dessin Andiamo 2008

lundi 25 février 2008

Saoul-FifrePhantasma goret-ique

Le succès sur Goût-gueule de notre truie Julie est purement mécanique. La plupart de ceux qui ont tapé cette recherche dans la petite fenêtre sont repartis bredouilles, déçus, la bite sous le bras, désabusés par notre blog d'intellos désincarnés. Ils veulent de la photo humide, de la vidéo chaude, du poil qui dépasse de la lingerie. Même nos "Comptines pour adultes" ou les poèmes mousseux de Manou n'arrivent pas à les fidéliser à Blogborygmes. Trop de texte, trop de mots compliqués...

Nous résignerons-nous à n'avoir que de l'élite asexuée comme lectorat ?

Non, plutôt crever la bouche ouverte (les filles) et le bras tendu (les garçons). Il faut leur trouver quelque chose d'appétent qui les retienne fermement, au moins le temps de lire 2, 3 billets qui leur montreront qu'il n'y a pas que le cul dans la vie. Le cul, oui, mais pas que.

Alors ils en ont marre, les adorateurs de Julie, de n'avoir droit qu'à ça ou ça ! Encore une recherche inutile, encore un célibataire qui ressortira frustré de Blogborygmes. Et ça, je ne le veux plus. Le client est roi et Julie la grosse cochonne doit assumer son appellation et ne plus usurper sa réputation. Arrêter de nous chauffer de braves obsédés innocents en jouant les allumeuses, et les laisser sur le carreau froid avec d'énormes difficultés à se finir tout seul.

Et alors ? Et alors ??? Andiamo est arrivé héhé, sans s'presser héhé, le beau Andiamo, le grand Andiamo... Avec ses godets et son gros pinceau...

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samedi 23 février 2008

ManouVoix ferrées (suite) (à la demande générale de Bof)



(Quelques jours de vacances)


Une dame invite le mendiant à boire un verre dans son 2 pièces-cuisine. Ils franchissent la porte d'entrée puis celle du petit salon/salle à manger. L’homme enlève le manteau des épaules de la femme, le pose sur une chaise.

- Vous n’êtes pas trop fatiguée de votre journée ?
- Si, mais vous boirez bien quelque chose ?
- Oui, un peu de vin rouge, s’il vous plaît ...

Assis sur le canapé il dégustent un Graves. Elle pose son verre sur la petite table basse pour s’approcher de lui. D’un geste précis, l’homme prend le visage de la femme entre ses mains. Ils s’embrassent. Le baiser dure un temps suffisant pour que le salon devienne la chambre et que la position allongée, comme le tutoiement, s’imposent.

L’homme parle. La femme en est incapable.

- Ne ferme pas les yeux, je t’en prie, regarde-moi quand je te caresse... Tu aimes ça ?

Elle aime. Elle aime ces mains, cette bouche, cette voix. Les mots la font rougir et l’engagent à chercher plus loin le plaisir. Soie humide, les sexes gonflent. Les bouches y viennent. Tout se résume à l’instant présent, au corps de l’autre qu’il faut manger et satisfaire à la fois. Donner. Partager les goûts, les odeurs, les textures. Une montée de marches, la crête d’une vague.

- Tu veux ? Maintenant ?

Elle n’attend que cela. Il s’allonge sur elle, la pénètre doucement en un seul mouvement, complètement, puis s’arrête.

- Dis-moi que tu en as envie.

A son tour la femme parle. Ses mots impulsent un rythme. Elle parle longtemps, elle demande, supplie, puis remercie tandis que les corps se rejoignent dans la jouissance.

jeudi 21 février 2008

Tant-BourrinMon prochain album (8)

Cela va faire bientôt un an que je vous annonce la sortie imminente de mon prochain album et, je le sens bien, vous commencez à me regarder d'un sale oeil et à vous demander si je ne me foutrais pas un peu de votre gueule. Ce n'est certes pas l'envie qui m'en manquerait, vue la dite gueule, mais soyons clair : je vais de déveine en scoumoune et j'ai dû repartir par six fois de zéro, face aux moues sceptiques que j'ai cru déceler sur vos faces bovines et aux langues de putes médisantes qui font rien qu'à dire que ce que je fais ressemble à des tas d'autres trucs obscurs et inconnus.

Et pourtant...

Pourtant, qu'elle était rock et méchamment couillue, ma première maquette !... Sûrement trop, hélas, pour des neuneus un public lambda comme vous, qui n'apprécie que la soupe tiède et formatée...

Pourtant, qu'elle était puissante et enlevée, ma seconde maquette ! Hélas, sûrement trop puissante pour vos sonotones réglés sur la position "Tino Rossi". Non, ce qu'il vous fallait, c'était du mainstream, du chamallow sonore...

Pourtant, qu'elle était lascive et dansante, ma troisième maquette ! Je pensais tenir là un tube mondial, mais je n'ai recueilli que des bâillements d'hippopotames. Faire danser des hippopotames un public aussi sclérosé que vous, c'est carrément mission impossible : j'aurais plus vite fais d'apprendre à danser à des cailloux !

Pourtant, qu'elle était profonde et émouvante, ma quatrième maquette ! Trop profonde sûrement, hélas ! J'aurais dû me douter que vous n'aviez pas l'âme de spéléologues ! Des paroles aussi finement ciselées pour des oreilles aussi bouchées à la cire que les vôtres, c'était vraiment de la confiture donnée aux cochons...

Pourtant, qu'elle était sauvage et ambiguë, ma cinquième maquette ! Trop sûrement pour de vieux croûtons conformistes un grand public qui ne comprend décidément pas grand chose à l'Art avec un grand "A"...

Pourtant, qu'elle était psychédélique et diététique, ma sixième maquette ! Trop hélas, apparemment, pour des gros lourds dans votre genre qui n'apprécient que la musique fast-food...

Je pensais avoir enfin trouvé la bonne formule avec ma dernière maquette : rock et rauque à la fois, mais suffisamment beauf attitude en même temps pour flatter les couillons acheteurs potentiels de mon prochain CD que vous êtes dans le sens du poil. Hélas, la tiédeur de vos réactions m'ont vite fait comprendre que j'avais encore surévalué vos capacités d'écoute et la hauteur de vos goûts musicaux.

Bref, à cause de vous, le planning de ma carrière artistique prend du retard et je vous exècre.

Mais comme ma plus belle histoire d'amour, c'est vous et les billets de banques que vous allez dépenser pour acheter par millions mon futur CD, je me dois d'affiner mon produit oeuvre jusqu'à ce qu'elle touche des gogos son public.

J'ai donc passé ma dernière maquette à la broyeuse (qui a d'ailleurs explosé, vu qu'elle n'était destinée qu'à broyer du papier) et j'ai décidé de tout reprendre à zéro.

Et puisque vos oreilles ne savent apprécier que de la mélasse sonore, eh bien j'ai décidé de vous faire bouffer sucré jusqu'à satelliser vos tests urinaires : j'ai pris ma plus belle voix (celle des dimanches), j'ai fait un slow langoureux, ajouté des choeurs suaves et, ce coup-ci, je suis sûr que vous aller craquer complètement ! A moi la gloire et les brouzoufs qui vont avec !

Je vous offre le titre-phare de mon prochain album en exclusivité mondiale. Ecoutez-moi ça ! C'est la voix des anges, non ?




Cliquez sur l'image pour voir la pochette en grand


Tant-Bourrin - Au lit, zou !


Au lit, zou ! Il est neuf heures du soir
Au lit, zou ! Il est déjà bien tard
Au lit, zou ! Prends ton doudou
J'te fais un p'tit bisou
Et tu vas faire dodo, mon p'tit bibou

Au lit, zou ! Il est est onze heures du soir
Au lit, zou ! Il est vraiment très tard
Quoi ? Tu veux encore
Un verre d'eau ?
Tu viens d'en boire douze !
Arrête de faire le fou
Bisou et au lit, zou !

Au lit, zou ! Il est deux heures du mat'
Ça me rend fou ! J'vais virer psychopathe !
Tu veux faire pipi
Et lire Oui-Oui ?
Cette fois, je suis à bout !
Va au lit ou
Sinon j'me fais hara-kirikou

Allez au lit, zou !

(Téléchargeable directement ici)


Heu... attendez... on me glisse quelque chose dans l'oreillette... Non ??? Je n'arrive pas à y croire ! Il paraîtrait (j'emploie bien évidemment le conditionnel, vue l'énormité de cette affirmation), selon des sources bien informées qui me veulent du bien (des langues de putes, oui !), qu'il y aurait peut-être une très légère ressemblance avec ceci...

Alors là, moi je dis stop ! Halte à la médisance ! Une telle mauvaise fois, ça me laisse sans voix !

mardi 19 février 2008

BofOpen space

Ayant épuisé mon joker paresse la semaine passée et devant rendre mon devoir avant demain 00h, je suis consterné par l'aridité manifeste de mon paysage neuronal. Aridité qui a d'ailleurs son équivalent dans la région de mes amygdales, et hop, un lagavulin. Ah, j'ai pas la bonne belle mère, une tisane alors...

J'ai bien quelques bribes d'idées en tête : un reportage sur la fabrication de la glace au siècle dernier, l'école primaire qui m'a permis de déchiffrer San Antonio dans le texte, la réintroduction de l'ours dans les Pyrénées, la dure évolution de l'espèce qui permet aux enfants de vous foutre d'abord la pâtée aux jeux vidéos, puis de vous doubler ensuite sur la piste de karting, ce dernier fait étant totalement scandaleux. Le dernier livre lu : "chaud brûlant", ou le "no country for old men" que j'ai vraiment envie de voir au ciné. Pour l'autre film qui me tentait, je crois que je vais faire l'impasse, collègue du samedi m'a dit en parlant de ce film "ah oui il est génial, c'est celui où le gars il meurt à la fin.................... euh, désolée !" Vous noterez que je tais le titre du film hein, pas vous casser la baraque comme elle me l'a démolie. Karine si tu me lis, je te hais. Et Catherine, si tu lis aussi, faudrait voir à remettre ton devoir sur les fromages au lait cru.

Déjà tout un chapitre pour dire ce que je vais pas dire, je suis sur la bonne voie. Me reste plus qu'à trouver ce que je vais vraiment pouvoir dire, et ça c'est pas encore gagné, si on parlait boulot ?

Sur le chemin du boulot, pas de métro. Je croise sanglier, renard ou blaireau. Un peu trop près le sanglier l'autre matin, cet enfoiré s'est tiré avec un enjoliveur, j'espère qu'il court encore. Au boulot, tous ces jours, on voit défiler plein de types en cravates qui veulent serrer le maximum de mains, le sourire aux lèvres et des prospectus plein les doigts. Pasqua m'avait eu par surprise, depuis je suis méfiant. Ça me rend confiant pour l'avenir de notre profession, comment feraient-ils si l'on n'existait pas pour draguer l'électeur potentiel ? Pas sûr que le slalom entre les caddies soit plus propice à l'exercice. Une photo du bureau pour clore le chapitre boulot ?

Le dimanche matin. "Open space", c'est le terme à la mode quand on parle bureau ?


dimanche 17 février 2008

AndiamoCherchez l'appât

Tsssi, tsssi, tsssi,... Sous le soleil, les cigales entamèrent leur chant lancinant. L'Ubaye coulait, paisible en ce matin de Juin. La journée sera encore bien chaude, songea Pierre en entrant dans l'eau.

Ses cuissardes le protégeaient car, malgré la chaleur, l'eau était toujours fraîche, et au bout d'un moment franchement glacée, surtout quand il restait des heures les pieds et jambes dans la rivière à taquiner la truite.

Enfoncé sur ses cheveux noirs, un "bob", kaki autrefois mais bien pâli par le soleil, et, épinglées tout autour, SES mouches, fabrication "maison" : soies de sanglier, plumes soigneusement choisies, crins, et autres ingrédients tenus jalousement secrets !

Il avait déjà changé deux fois de mouche. D'un geste souple du poignet, Pierre envoyait l'appât juste sous les racines d'un arbre mort bordant la rive. Elle aurait dû se trouver là, "sa Princesse", comme il se plaisait à l'appeler, une jolie truite dans les trente-cinq centimètres, avait-il estimé.

Deux jours auparavant, il avait failli la choper. Il faut croire que l'hameçon n'avait pas fait son office : surprise, elle s'était laissée remonter en partie puis, quand à moitié sortie de l'eau elle s'était rendue compte de ce qui se passait, un vigoureux coup de queue et la belle argentée avait replongée.

Si elle n'avait pas été blessée, Pierre avait toutes ses chances. Par contre, si l'hameçon avait écorché sa bouche, ce serait peine perdue : on ne les trompait pas deux fois, ces animaux-là !

Alors qu'il remplaçait son leurre pour la troisième fois, il vit, à quelques mètres de la grosse souche, émerger une tête de femme. L'eau ruisselait de sa chevelure blond platine, un large sourire malicieux lui éclairait le visage. Elle sortit les bras de l'eau, puis les éleva au-dessus de sa tête.

Stupéfait Pierre constata qu'elle était nue, mais, ce qui le stupéfia davantage, ce fut de constater qu'elle brandissait "sa" Princesse encore frétillante. C'est ça que vous essayiez d'attraper ? lui dit-elle avec un petit accent dans la voix.

Curieux, je ne l'ai pas vu arriver, trop occupé par mon lancer, songea-t-il.

Elle s'avança, portant toujours la truite. Elle ondulait gracieusement du bassin, prenant son temps, tâtant chaque pierre du bout du pied, cherchant des appuis sûrs pour ne pas glisser. Petit à petit, Pierre la vit émerger de l'eau. Quand celle-ci lui arriva aux cuisses, il vit qu'elle était complètement nue !

Un peu gêné, il détourna la tête. Cela la fit sourire. Elle s'avança encore, se plaça face à lui, s'inclina respectueusement : voici pour vous, mon Seigneur, et elle partit d'un grand rire.

Pierre lui enleva le poisson des mains, c'était vraiment une belle prise, une truite "fario", elles devenaient rares, surtout les pièces de cet acabit. Comment avez-vous fait ? La belle sirène nullement gênée par sa tenue (en l'occurrence surtout son manque de tenue !), lui répondit avec un petit sourire : laissez-moi sortir, l'eau n'est pas très chaude...

Comment j'ai fait ? lui répondit-elle après être sortie de l'eau et s'être assise sur un gros rocher, je l'ai aperçue, je me suis penchée, puis je l'ai attrapée, avec les petites mains que voilà lui dit-elle en les agitant devant le nez de Pierre.

Il lui sourit à son tour, puis s'installa à son côté tout en regardant loin devant lui, visiblement troublé par la jeune femme, pas timide notre pêcheur, mais la situation le dépassait un peu.

Je m'appelle Nora, articula la jolie sirène avec son drôle d'accent. Pie... Pierre, balbutia-t-il, je voudrais vous remercier, quoique ça me gêne un peu, j'aurais aimé la sortir moi-même de l'eau "ma Princesse".

Votre "Princesse" ? Pierre lui expliqua sa précédente mésaventure, ce qui la fit rire. J'ai faim, déclara-t-elle tout de go, je casserais bien une petite croûte ! C'est bien comme ça que vous dîtes ? Oui, bravo, mais vous êtes de quelle origine ? Oh ! je suis originaire de l'ex-Yougoslavie, un petit village des Karpathes, je suis une vraie montagnarde.

Alors Pierre déballa de son sac à dos une belle boule de pain, du saucisson sec de campagne, amoureusement préparé par un paysan de la région qui tuait encore le cochon, du jambon de pays de la même provenance, et, pour arroser le tout, il sortit de l'eau, calée entre deux gros cailloux, une bouteille de Tavel "Seigneur de Vaucrose".

Le soleil avait complètement séché la peau de la jeune femme, Pierre en admirait le grain joliment satiné, je vous plaîs lui lâcha-t-elle en le regardant droit dans les yeux ? Euh... Ben... Pierre bredouilla quelque chose d'incompréhensible, tandis qu'une jolie couleur pourpre colorait ses joues. Nora lui sourit, puis lui passa le bras autour du cou, elle se pencha vers lui, ses lèvres se posèrent sur les siennes, tous les campaniles de Provence tintèrent dans la tête de Pierre.

Le lendemain quand on retrouva notre pêcheur, il était très pâle, exsangue, près de lui desséchée, couverte de mouches vertes, la truite gisait, recroquevillée, la queue touchant presque la tête, l'ardeur du soleil sans doute.

Le cadavre de Pierre fut conduit à la morgue pour y subir l'autopsie d'usage en pareil cas. Le légiste dans son rapport conclut à une mort par exsanguination.

Mais enfin, qui, au vingt-et-unième siècle, croyait encore aux vampires ?


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