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jeudi 24 décembre 2015

FrançoiseLui j'aurais voulu le cloner.

Bien sûr, je le savais malade et fatigué depuis des années, bien sûr nul n'est éternel, mais il y a des gens que l'on voudrait immortel. Ou au pire les cloner, même quand on est contre le clonage. Jean-Marie Pelt en était, et je ne peux mieux parler de lui qu'avec ce texte écrit en 2007, et simplement mis à l'imparfait, puisque rien n'est parfait ces jours-ci.

« J’ai rencontré Jean- Marie PELT pour la première fois en 1974, à l’Institut Européen d’Ecologie qu’il avait fondé en 1972 à Metz dans l’enceinte d’un cloître franciscain. De là venait sans doute mon habitude de le surnommer révérend PELT. C’était amical.

Ce fervent écologiste avait popularisé auprès d’un large public, la notion de biodiversité (lisez « Les langages secrets de la nature », c’est un plaisir !). Il avait alerté sur les pesticides, les OGM , le réchauffement de la planète, les maladies dues à l’environnement … Il savait que l’écologie est aussi urbaine : adjoint au maire à Metz, pendant 30 ans, il avait empêché des aberrations architecturales, car, disait-il :

« La différence entre les architectes et les médecins, c’est que les seconds enterrent leurs erreurs, tandis que nous subissons pendant des années celles des premiers. »

C'était un merveilleux conteur, capable de passionner l'auditoire grâce à une érudition qui ne se prenait jamais au sérieux, et un humour incroyable, jamais méchant. Il avait aussi consacré beaucoup de ses droits d'auteur à aider des jeunes à grandir, sans en faire étalage.

Sa foi chrétienne (et son âge peut-être) ne le prédisposaient guère au sexe. Pendant des années, alors que nous nous entendions à merveille sur l’écologie, il considérait avec réserve mes écritures érotiques, me traitant de « petite coquine », ce qui reste somme toute affectueux. Jusqu’au jour où, au Festival Sciences-Frontières 2005, il me confia: « Je n’avais pas bien compris ce que vous écriviez. Je l’ai relu et j’ai découvert que ce qui vous anime, c’est avant tout une énergie d’amour ».

J’ai été drôlement émue… et touchée par le fait que cet homme avait pris la peine d'essayer de comprendre au lieu de condamner, comme l'aurait voulu son éducation.

Je ne m'en fais pas pour lui. S'il y a autre chose « après », il y sera bien accueilli. S'il n'y a rien, ce qu'il nous laisse le rend éternel. »

lundi 21 décembre 2015

Oncle DanBonjour l'ambiance (2)

Le jour de la rentrée quelques pions et potaches musclés des classes terminales ho-hissaient valises et cantines au sommet de l'escalier monumental qui menait aux dortoirs. L'ascension des malles aux étages supérieurs dans un établissement qui ne connaissait que l'ascension du Christ, avait de quoi traumatiser Otis et Westinghouse. La méthode utilisée était celle de l'assuré social désirant monter des briques sur son toit. C'est dire combien l'opération était risquée pour les briques et la Sécurité Sociale. Elle était réalisée au moyen d'une poulie, d'une corde, et d'une palette en bois sur laquelle étaient disposés les bagages. Il suffisait de suivre ses valises pour trouver les dortoirs qui occupaient le poulailler du bâtiment central. Quatre rangées de lits, séparés par leurs tables de chevet en bois blanc, s'alignaient parfaite­ment sous les immenses poutres du toit. Les privilégiés disposaient d'un lit dans une alcôve, mais devaient payer le prix de cette intimité supplémentaire en se cognant la tête chaque fois qu'ils se couchaient.

La penderie était collective, et les lavabos étaient avantageusement remplacés par une auge inclinée, que longeait un tuyau, percé à intervalles réguliers de petits robinets d'arrosage. L'eau glacée remplaçait l'eau froide et l'eau chaude, et coulait, soit en un jet minuscule et nerveux qui vous griffait la peau, soit au goutte à goutte, ou pas du tout, selon l'extrémité du tuyau sollicitée et la fréquentation des lieux.

Il fallait être habitué aux randonnées de scouts, et avoir un sens aigu de la propreté pour prolonger les ablutions matinales. Tout ici était spartiate, sauf les WC qui étaient turcs et où on allait plus par besoin que par envie, tant ils évoquaient la campagne automnale au moment de l'épandage fertilisateur.

En se poursuivant, cette visite en terre sainte ne faisait découvrir que des salles empreintes d'une austérité ascétique. Le réfectoire était à demi enterré, et n'était éclairé que par deux soupiraux. Dix tables alignées le long des murs, et que ne séparait qu'une allée étroite, pouvaient recevoir chacune huit convives.

Les repas étaient avalés dans un silence total qui ne pouvait être rompu que par la lecture du Nouveau Testament depuis un pupitre posé sur une estrade à l'extrémité de la pièce.

Le Collège ne devait pas consacrer un gros budget à notre alimentation. A côté des nourritures spirituelles, importantes au point de n'avoir pas de prix, les nourritures terrestres ne pouvaient être que futiles. Il faut manger...pour vivre, et partager son pain avec ceux qui n'en ont pas. Ainsi sera t'il.

Le menu était souvent composé de jambon gras agrémenté de frites molles, de camembert-plâtre et de biscuits décorés de toiles d'araignées.



Il fallait bénir le ciel de tant de générosité, des progrès substantiels avaient déjà été accomplis. Cela ne faisait pas si longtemps que la soupe du petit déjeuner avait été remplacée par un café au lait à la peau généreuse. Passons à la visite des études et salles de classe.

La salle d'études comptait environ cent vingt bureaux posés sur des tréteaux devant des bancs étroits et rudimentaires, sans dossier. Ces antiquités percées d'un trou, pour recevoir l'encrier en porcelaine de nos grand' pères, s'ouvraient à la façon d'un vieux grimoire, à la couverture noire et épaisse articulée par des charnières. L'opération la plus délicate était d'en extraire un livre ou un cahier, car il fallait déplacer préalablement tout ce qui se trouvait sur le pupitre. En outre, de nombreuses aspérités et des générations de coups de canifs rendaient l'usage du sous-main absolument indispensable.

Les salles de classe étaient les plus austères, les plus inhospitalières et les plus rébarbatives qui soient. Leur mobilier était constitué de planches inclinées à 45 degrés. C'est dans l'une d'elles que j'ai rencontré mon premier professeur. Il marchait comme un gorille dont il avait la morphologie et la couleur, portant invariablement une blouse anthracite que nous constellions de tâches d'encre dès qu'il avait le dos tourné, en nous servant de nos stylos comme de fléchettes. Il ponctuait chacune de ses phrases de grognements borborygmiques incompréhensibles qui accentuaient son expression naturelle de bougon perpétuellement mécontent. Son relief cutané n'y était pas étranger. Le Michel Ange déclaré volontaire pour le sculpter n'avait pas lésiné sur le Chianti. Pour sûr que les rides de son visage caoutchouteux auraient été capables d'évacuer le déluge sans risque d'aquaplaning. Depuis trente ans qu'il exerçait dans cet établissement, notre primate ne faisait qu'ânonner inlassablement "rosa, la rose" pour planter cette fleur latine dans nos cervelles réfractaires. Dur de s'habituer à cette tête simiesque dont l'essentiel de la capillarité broussailleuse surplombait de profondes arcades sourcilières ou émergeait de ses oreilles.

mercredi 16 décembre 2015

BlutchLes enquêtes de l’inspecteur Hippolyte Tayze-3

Que je vous explique: Hippo Tayze a germé dans ma caboche à la suite d'une réflexion du doyen sur un blog concurrent mais sans le nez.... heu nez en moins ami. " la mort de Coluche, c'est comme pour Lady Di, ce sont des accidents prouvés et y a pas à y revenir." (Ce n'est pas dans le texte, mais dans l'esprit). Et comme vous connaissez mon esprit frondeur, je me suis bien évidemment dit: "Et s'il pouvait y avoir une autre explication ?" Et pourquoi que je me poserais pas des questions.... Parce qu'un chauffeur professionnel pour millionnaires qui est à la fois dépressif et bourré, ça me gêne aux entournures, voyez-vous...

Alors, j'ai mis les mains d'Hippo dans le cambouis... Comme avec ce préambule, je fais éclater la limite d'assimilation de Célestoche, les lignes de séparations dans le texte lui permettront de faire des pauses... Blutch.

Hippo Tayze et la mécanique.

- Hippo ! Tu viens dans mon burlingue, j’ai un truc spécial pour toi.

- C’est Genveut-toujours-plus ou Fleur de Cactus qui me convoque ?

- C’est la Commissaire et arrête de faire le con !

(Depuis qu’Hippo Tayze bosse dans le BVFH, seul le parlé vrai est admis. Ce qui peut donner parfois quelques hoquets à un visiteur non averti ou trop engoncé dans la notion hiérarchique. Il avait dit à la Commissaire qu’il est impossible de traquer les falsifications de l’Histoire si on vit des rapports humains falsifiés par un vernis de respectabilité. Elle a admis cette vérité première comme une évidence.)

- Ok, je suis toute ouïe.

- J’ai eu une demande un peu spéciale qui émane de Mohamed al Fayed, un type pété de tunes qui était le père de l’amant de Lady Di. Tu vois le tableau et ce qu’il attend de nous…

- A peu près, mais là, il demande l’impossible, pas question de pouvoir faire parler un agent secret,ni d'obtenir un tuyau d'un service de renseignements. Si tant est que les services secrets soient impliqués, bien sûr.

- Il le sait très bien, ce qu’il veut savoir, c’est s’il était possible d’avoir organisé cet accident. Tu as carte blanche, mais fais vite car je suis invitée à lui rendre ton rapport dans sa propriété en Egypte.

- D’accord, mais je serais du voyage ou je n’enquête pas.

- Ca dépendra de ce que tu trouves…. Une chose encore, s’il a raison, tu es sur une poudrière. Tout a été verrouillé, claquemuré pour coller à la version officielle. Si tu trouves un os, tu n’auras pas les félicitations des instances républicaines et royales. Ce sont des susceptibles, alors fais gaffe et consigne tout au fur et à mesure.

- Pas fou le mec, même toi tu ne sais pas exactement comment j’enquête .




Deux semaines plus tard dans une villa super luxe des environs d’Alexandrie.

- J’espère que vous avez fait bon voyage et que vous êtes bien installés. L’Egypte est magnifique en cette saison et vous n’aurez pas trop de touristes. Vous avez été très sibylline chère commissaire. « Etude terminée, résultat positif » pourquoi si peu de détail ? J’ai hâte de savoir ce que vous avez trouvé.

- Cher Monsieur, je vous remercie pour cette invitation. C’est pour nous une façon bien agréable de remettre un rapport d’enquête. L’inspecteur Hippolyte Tayze vous fera part directement de ses investigations.

Pour mon côté « sibyllin », vous savez que les communications téléphoniques ne peuvent plus être secrètes et je ne voulais pas ameuter tout ce qu’il y a d’agents secrets dans le monde autour de ce rapport. Si ce que vous pensez est vrai, c’est une bombe, et je n’aime pas voir sauter les bombes trop près de moi.

- Certes, j’ai pu me rendre compte qu’il y a un black out officiel total sur cet événement. Tous les gens contactés ont eu le même discours qui se résume ainsi : « Un attentat est rigoureusement impossible dans le déroulé de cet accident. Il ne peut pas y avoir de mains criminelles dans la mort de votre fils. » Je vous confie la mission délicate d’émettre votre propre opinion et en deux semaines vous me dites avoir trouvé. C’est surprenant. Qu’avez-vous trouvé inspecteur ?

- Dans une enquête, on ne trouve que ce que l’on cherche, et pour savoir quoi et où chercher, il faut d’abord analyser le contexte général. Or ce contexte est fait de plusieurs choses. Je précise que je n’ai recherché que la faisabilité d’un attentat et non s’il y a et quelle est la main criminelle.

a) Il était évident que Lady Di exaspérait la maison royale au plus haut point, mais ça ne devrait tout de même pas être suffisant pour la tuer.

b) Il semble que sa relation avec votre fils a été prise beaucoup plus au sérieux que ses passades précédentes. Lady Di était encore en âge de procréer et l’idée d’envisager un demi-frère du futur roi de confession musulmane semblait être assez insupportable à toute une partie de l’Angleterre. Là encore ça me semblerait un motif de meurtre assez léger, mais on a vu pire.

c) Le jour de l’accident, votre fils et son amie ont été traqués à journée faite par les paparazzi. On peut supposer que leur faculté de tolérance était émoussée au moment du déplacement fatal.

d) Je n’ai obtenu aucune information crédible quant aux raisons de la présence à Paris des deux agents secrets britanniques. Ces gens-là voyagent beaucoup. Le lien est possible avec votre affaire, mais pas certain.

e) Concernant le chauffeur, on a dit tellement tout et n’importe quoi sur son compte que c’en est suspect. Je suppose toutes fois que le Ritz ne confie pas la vie de ses clients à n’importe qui et qu’un chauffeur de Palace doit faire preuve de qualités morales et professionnelles certaines.

f) Le garde du corps survivant a perdu la mémoire…. Peut-être bien que oui, mais il peut aussi avoir peur et simuler.

Venons en aux faits :

La Mercedes a percuté un piler du tunnel de l’Alma en roulant à très vive allure. Pourquoi le chauffeur n’a-t-il pas levé le pied à temps ? Avec un léger ralentissement avant le virage, puis une reprise de l’accélération dans le virage, il pouvait maîtriser la trajectoire. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? J’ai imaginé qu’il ne pouvait peut-être plus ralentir la voiture et je suis parti sur cette hypothèse.



Reprenons au départ du Ritz :

A peine dans la rue la Mercedes est prise en chasse par des motards de la presse, plus une moto que les journalistes ne pourront pas situer dans leur giron. Appelons là la moto X. Les journalistes suivent la voiture. Il leur importe de savoir où vont votre fils et son amie. Par contre, la moto X accélère pour se porter à la hauteur de la voiture, comme pour faire une photo. Mais peut-être n’était-ce pas un appareil de photos que le passager a fait voir aux occupants de la voiture. Ont-ils eus des raisons d’avoir peur, nous ne le saurons jamais.



C’est probablement sur ordre de ses passagers, que le chauffeur a accéléré à fond et c’est à partir de là qu’il ne maîtrise plus rien. Il rentre à trop vive allure dans le tunnel, et il est gêné par une petite voiture blanche. Il perd la maîtrise du véhicule est s’écrase contre le pilier. La moto X passe près de l’épave mais ne s’arrête pas. On ne retrouvera ni la petite voiture blanche, ni la moto X. Peut-être faute d’avoir vraiment cherché. Et personne ne pourra expliquer le retard exceptionnel, en pleine ville de Paris et de nuit, de l’arrivée du SAMU. Il y a dans le déroulé du drame des incohérences, ou tout au moins des bizarreries.

J’ai étudié un modèle de ce type de Mercedes. Un sabotage de la voiture est réalisable en 5 à 10 minutes chrono. Sur ce genre de voiture, il n’y a plus le traditionnel câble des gaz qui relie la pédale de l’accélérateur au papillon d’ouverture du carburateur, loin s’en faut. La commande est semi électrifiée.

De la pédale, une tige rigide gainée passe sous le capot. Cette tige est couplée à un dispositif électrique qui va commander l’ordinateur du moteur pour le faire accélérer (ou décélérer). Il est parfaitement réalisable de fausser cette commande.

a) soit en tordant la tige rigide en un endroit précis qui viendra se coincer dans la gaine lorsque le conducteur écrase la pédale au plancher. Tant et aussi longtemps qu’il roule feutré (disons à moins que ¾ des gaz), il ne se passe rien, la partie tordue restant en dehors de la gaine rigide.

b) Le contact électrique actionné par cette commande peut avoir été remplacé par un autre, trafiqué pour qu’il se bloque lorsqu’il a été mis à fond de course.

Dans les deux cas, le résultat est que les gaz restent bloqués à fond et que le chauffeur ne peut plus maitriser la trajectoire en jouant avec les gaz. La voiture devient un bolide fou. Ce cas de figure n’est pas intégré dans la formation des conducteurs ni des chauffeurs professionnels et qu’en tout état de cause, dans un tel cas, l’attention du conducteur est figée sur la trajectoire, il n’y a plus de place pour réfléchir comment s’en sortir. Ou dans tous les cas la réflexion se fait trop lentement et sans les connaissances techniques permettant d’éliminer tout de suite les fausses solution, comme de vouloir glisser le pied sous la pédale afin de forcer le mécanisme à revenir à zéro. Impossible, car la pédale n’est pas solidaire du reste de la commande, elle est posée sur l’extrémité de la tige rigide qui, elle, est équipée du ressort de rappel à zéro. Pendant les deux ou trois secondes où le chauffeur tente ce genre de manœuvre, il laisse la voiture prendre de la vitesse, sans tenter de la limiter en freinant énergiquement.

On a déjà vu ce genre de problème avec des régulateurs automatiques de vitesses qui se bloquaient. Dans aucun cas recensé le conducteur avait pensé à sortir la vitesse engagée et freiner le véhicule, laissant le moteur hurler pour son seul compte. Pas plus que de tourner la clef de contact d’un cran pour couper le moteur sans verrouiller la direction. Ce dernier point est d’ailleurs impossible sur cette Mercedes dont la clef de contact est une carte à puce.

Ce cas de figure a pu arriver à votre chauffeur si son accélérateur a été trafiqué. Après l’accident, le sabotage est indétectable. Il n’en serait pas de même si l’accélération avait été radiocommandée de l’extérieur. On aurait retrouvé le système de réception (si tant est qu’il ait été cherché…)

Je précise encore que combien même il avait tenté de freiner, sortir la vitesse engagée ou coupé le contact, la voiture était déstabilisée pour amorcer le virage avant le tunnel et il y a de fortes chances qu’elle serait sortie de la route. Mais il y aurait certainement eu un moindre choc tout de même.

Un peu trop d’énervement par une journée pourrie par les paparazzi, il est tard, la fatigue fausse le jugement et les réflexes, un motard qui s’approche trop fait monter l’adrénaline des occupants de la voiture d’un cran supplémentaire. Un coup de gaz à fond, c’est l’accélération de trop, la commande se bloque et le bolide devient fou. Trop de stress pour agir vite et sainement et c’est le crash pratiquement garanti. J’évalue à 90-95% le niveau de réussite d’un tel sabotage, si ce sabotage a réellement eu lieu, ce que je ne pourrais jamais prouver.



- Mais personne ne pouvait prévoir l’impact. Je veux bien admettre qu’au moment où l’accélération a été provoquée, le passage dans le tunnel était prévisible, mais la voiture aurait pu percuter un car de touristes, faire des victimes supplémentaires, je ne sais pas….

- Si c’est un attentat, il était dirigé exclusivement contre Lady Di et il était gouvernemental. Avez-vous déjà vu un gouvernement reculer parce que des gens innocents risquaient de mourir ? Il n’y aurait jamais de guerre dans un tel cas… Je veux bien qu’elle ne risquait pas de percuter un camion-citerne d’essence à cette heure de la nuit, mais combien même, cela n’aurait pas été un détail de ce genre qui aurait pu modifier la détermination des éventuels tueurs ou le scénario de l'exécution.

Vous nous avez demandé s’il était possible de saboter la voiture pour provoquer cet accident mortel. Je vous réponds que si la voiture de votre fils a été sabotée de cette façon, c’est un crime parfait. D’autant plus parfait qu’il intègre les réactions des victimes dans son développement.

Exaspérer ses victimes pour réduire leurs capacités de réaction et les pousser à la faute, c’est fort. Après, il ne reste plus qu’à transformer un coup d’accélérateur rageur en une voiture devenue folle… C’est techniquement un jeu d’enfant.

- Hippo, s’il y a eu attentat comment les auteurs pouvaient-ils savoir que le couple partirait avec cette Mercedes ?

- Je vous rappelle, Commissaire, qu’il n’y avait ce soir là dans le garage du Ritz, qu’une voiture de disponible. Il est facile de faire louer les véhicules excédentaires dans l’après-midi.

- Mais comment savoir que ce serait celle-là qui resterait ?

- Si je ne m’abuse, elle était moins prisée que les autres car c’était la plus ancienne ou plus modeste de la flotte. C’était forcément elle qui allait rester et que le Ritz ne louerait pas pour pouvoir la mettre à disposition du couple. D'autre part, c'est un sabotage effectuable très rapidement et le garage du Ritz n'est pas surveillé en continu.

Un des mécaniciens que j’ai interrogé m’a montré comment tordre cette tige d’accélérateur, il l’a fait devant moi en 10 minutes, puis il m’a montré le résultat, moteur en marche. En imaginant que ça arrive alors qu’on roule déjà à près de 100 km/h, ça fait vraiment peur. Après sa démonstration, il a remplacé la commande qu’il a trafiquée par une neuve. Voilà celle qu’il a tordue. Il existe d’autres possibilités tout à fait accidentelles. Je ne les ai pas prises en compte puisqu’elles ne correspondaient pas à votre demande.

- Je vous remercie pour vos recherches objectives. Vous savez ce que je pense de cet « accident » mais vous avez voulu rester en dehors de mes passions, c’est très professionnel.

- J’ai enquêté sans mettre de barrage « moraux ». Les « ça ne se fait pas » et autres « mais ce serait horrible » n’étaient pas de mise dans ce cas parce que ni les professionnels du meurtre, ni les gouvernements n’ont ces interdits. Toute fois, je n’ai pas pu rester dans la stricte neutralité. J’ai juste voulu rester objectif et réaliste.

Les motifs de vouloir tuer Lady Di étaient futiles, mais où se situe la limite….. Pour vous dire, dans une enquête que je viens de terminer, un ministre a été assassiné pour la seule raison qu’il était pressenti pour devenir premier ministre à la place du ténor de son parti. Vu ainsi, les motifs d’assassiner Lady Di étaient beaucoup plus « sérieux » que pour ce pauvre ministre.



- Mon secrétaire est à votre disposition pour vous proposer quelques excursions dans l’Egypte ancienne. Prenez votre temps dans le monde enchanté de l’Histoire, avant de retourner dans ce monde violent et hypocrite.



Merci commissaire Genveut, Merci inspecteur Tayze. Je sais que je n’obtiendrai jamais la vérité, mais je sais maintenant que la forfaiture était possible, malgré les garanties sur l’honneur des Ministres français et anglais qu’un acte criminel était totalement impossible. Merci de tout cœur, je peux commencer à faire mon deuil.



- Les déclarations sur l’honneur sont comme les promesses, elles n’engagent que ceux qui les croient. L’inspecteur et moi sommes ravis d’avoir pu vous être utiles.

dimanche 13 décembre 2015

Saoul-FifreOn parle de moi dans Le Canard !

Et oui, dans le dernier Canard Enchainé, un article m'a tiré l'œil. Oui c'était bien moi, "l'électeur inconnu", je me reconnaissais parfaitement, j'étais même super-bien décrit, portrait fidèle ! Allez je vous le recopie car vous pouvez chercher sur internet, Le Canard n'y est pas, Le Canard, faut s'y abonner ou mourir idiot, blague dans le coin-coin ! Disons que c'est un coup de pub et, pitié, ne nous attaquez pas en justice pour cet "emprunt" ?

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mardi 8 décembre 2015

FrançoiseContre le bourdon qui menace...

Alors que la France semble envahie par le bourdon, une bourgade résiste encore : Clamecy, dans la Nièvre. Sa magnifique collégiale surmontée d'un drapeau tricolore rappelle qu'en 1851 les habitants se révoltèrent contre le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte. Pour marquer leur attachement à la IIème République, ils plantèrent au sommet de l’église un bonnet phrygien, qui y resta un certain temps avant d'être remplacé par le drapeau républicain. La révolte fut écrasée dans le sang par les troupes de Napoléon III, mais resta dans le cœur des Clamecyquois. Au point qu'ils ont concocté, municipalité et associations réunies, un "Festival Résistance" du 10 octobre au 6 décembre 2015.



Explorateurs des lieux qui bougent, mon co-blogueur Blutch et sa complice, plus mon complice et moi-même sommes allés rencontrer quelques-uns de ses résistants, non sans avoir auparavant dégusté une fondue Suisse vaillamment concoctée par Blutch dans son bus-camping (en français : camping-car) et passé la nuit dans ledit bus. Au matin, Claude Girod, maraichère et membre de la Confédération paysanne, nous a offert un remarquable tour d'horizon de la situation agricole sans s'apitoyer sur le sort des "pauv' paysans", mais en la replaçant dans le contexte plus général d'un système économique, qui ruine de la même façon l'industrie et bientôt d'autres secteurs d'activité. La faute à beaucoup de monde et d'absurdités : emprise des banques, fermes démesurées, lobbying des marchands de pesticides, contraintes réglementaires souvent iniques, comme l'interdiction de replanter ses propres semences, ou l'obligation de traiter chimiquement. S'y ajoutent la pression de la grande distribution et l'exigence déraisonnable du consommateur de payer le moins cher possible ce qu'il mange : 13% seulement du budget des français est consacré à la nourriture, d'où l'essor de la malbouffe qui ruine la santé et l'environnement.

Après, chacun a raconté comment il résiste. A sa façon. L'un plante des espèces naturellement résistantes aux insectes et à la sécheresse et ne traite pas ("j'achète le produit pour montrer la facture si j'ai un contrôle, mais je ne l'utilise pas. Parfois, il faut désobéir si on veut avancer"). Le propriétaire d'une exploitation de 450 hectares raconte comment, à 40 ans, réfléchissant sur le sens de sa vie, il a décidé avec son frère de passer en bio, "pour montrer aux collègues que c'est possible, même si on a une grosse ferme, que ce n'est pas un truc pour les petits ou les utopistes". Un quarantenaire fraîchement arrivé de région parisienne avec sa compagne veut faire un potager pour devenir auto-suffisant et maîtriser la qualité de ce qu'il mange, puis vendre les éventuels surplus sur les marchés. Il s’inquiète : "Je voudrais savoir comment vous prenez ma venue, si cela vous gêne ?" Vu les applaudissements, la nouvelle recrue semble bienvenue. Le problème est plus la disparition des paysans que leur nombre ! Un jovial moustachu, instituteur rural pendant dix ans parce qu'il aimait la campagne, s'est reconverti en viticulteur et vit heureux entre ses vignes (il vinifie du Pouilly, c'est pas rien !) et ses potes, car "décider de faire ce qu'on veut, comme on le sent, et faire la fête, ça rend heureux". Un autre insiste sur la formation agricole à revoir entièrement. Pensez qu'on forme aujourd'hui des jeunes en "management et gestion agricole" sans leur donner de notions de ce qu'est un sol "vivant". Étudier la compta ou le dédale des subventions plutôt que la terre !

Pendant qu'on discute, des bénévoles préparent le repas dégusté en commun et en plein air : soupe, bourguignon de charolais et pommes vapeur, ou tarte aux légumes "pour ceux qui n'aiment pas la viande" et tarte aux pommes. Le tout arrosé de vin bio. Voilà qui appelle la balade digestive au Musée de Clamecy où Edmond Beaudouin, dessinateur portraitisé dans le film de Laetitia Carton, expose des portraits de Clamecyquois à qui il a demandé, en échange de leur portrait, ce qui les rendrait heureux. La même expérience avait été faite il y a un an à Vitry. Les gens répondaient à 90% des choses perso : "Le bonheur, c'est la santé, un travail, de beaux enfants, des amis..." Mais à Clamecy -histoire oblige- les réponses sont résolument engagées : le bonheur, c'est accepter les étrangers, réduire les inégalités, arrêter de ne penser qu'à l'argent, ne plus consommer de choses qui abîment la planète, agir tous ensemble, etc.

L'après-midi, place aux lanceurs d'alerte : Emmanuel Giboulot, condamné -puis relaxé en appel- pour avoir refusé de traiter ses vignes avec un insecticide, Florence Hartmann auteur d'un livre sur les lanceurs d'alerte, et l'ADRET Morvan qui a lutté pendant trois ans contre l'installation d'un incinérateur polluant. On parle aussi d'Irène Frachon qui a alerté sur les dangers du Mediator, et d'Edward Snowden, qui a perdu son boulot, son pays et toute relation avec sa famille pour avoir dénoncé la surveillance généralisée des citoyens par la NSA, l'agence de surveillance américaine. Edward Snowden que nous retrouvons le soir-même dans le documentaire de Laura Poitras "Citizenfour" (Oscar du meilleur film documentaire). Sachez-le, utilisateurs du passe Navigo que j'ai toujours refusé pour ne pas être pistée : vos coordonnées bancaires et votre carte de métro suffisent pour tout savoir de vous, de vos déplacements, de vos fréquentations, de vos centres d'intérêt en fonction de ce que vous achetez, etc. Ne dites pas que vous n'avez rien à vous reprocher, la majorité des gens n'ont rien à se reprocher et il n'y a aucune raison de les surveiller, mais c'est cela qui est fait, au nom de la lutte contre le terrorisme.

A Clamecy, il y a aussi un bouquiniste aussi charmant que cultivé chez qui j'ai déniché à prix étudiant des livres dont je parlerai ici, une "Maison citoyenne" regroupant une épicerie bio, des produits locaux, une bibliothèque, une base de données sur des alternatives en matière de consommation, construction, modes de vie, et surtout de joyeux membres pour organiser des manifestations diverses. Sans oublier la chambre et le gîte tenu par un couple d'anciens Franciliens, elle infirmière, lui en télétravail, qui sont tombés amoureux de Clamecy où ils projettent d'élever leurs deux enfants, écrire des livres et monter un café associatif musical et poétique. "On a été très bien accueillis, disent-ils. C'est une ville dynamique où les gens sont tellement gentils que depuis un an et demi, on a l'impression de vivre chez les Bisounours, et ça fait un bien fou."

vendredi 4 décembre 2015

AndiamoMassacrons la mythologie (2)

Dans une précédente édition, je vous avais déjà présenté : PROMETHEE, alors vu que ça roupille un peu sur ce blog, les "BOSS" sont définitivement H.S.. plutôt en roue libre, le "BLUTCH" fond de l'emmenthal parmi les clochettes du troupeau, Célestoche depuis qu'elle s'est mise sur "pause" se fait dorer la couenne, Françoise a tout de même pondu un billet, merci Princesse ! Ah oui j'oubliais, Tonton Dan t'es où ? (ça va gueuler c'est sûr, vous verrez). Alors le Doyen, le vieux, l'ancien, l'ancêtre, s'y colle encore (ils auront ma peau, c'est sûr).

Dans la série : "massacrons la mythologie" voici : "LES CYCLOPES"

(Ch'tiot crobard Andiamo)

dimanche 29 novembre 2015

AndiamoLa colombe

La colombe a du plomb dans l'aile...

L'aile de la colombe a t-elle du plomb ?

Du plomb dans l'aile la colombe ?

Napo qui n'était pas un con a dit : "un cht'iot crobard vaut mieux qu'un long discours..."

(Cht'iots crobards Andiamo pour Blogbo)

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